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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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1696(guis contenté <strong>de</strong> souligner <strong>de</strong>vant l'Assèmbléenationale les difficultés extrêmesque nous rencontrons.Car, il ne faut pas tomber dans le panneauque nous ten<strong>de</strong>nt un certain nombred'organisations ou <strong>de</strong> partis politiquesét, à travers <strong>de</strong>s rectifications, qui ne <strong>de</strong>vraientêtre que <strong>de</strong>s rectifications <strong>de</strong> détail,modifier complètement <strong>la</strong> politique économiquedu Gouvernement, à un moment oùle moins qu'on puisse dire est qu'ellecommence à porter ses fruits.Si j'ai convaincu M. Viatte. il retireraspontanément son amen<strong>de</strong>ment. Dans <strong>la</strong>négative, c'est moi qui lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai <strong>de</strong>vouloir bien le retirer.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M.ViatteM. Charles Viatte. Monsieur le ministre,je vous avais annoncé, au début <strong>de</strong> marapi<strong>de</strong> intervention, que je savais à peuprès ce que vous me répondriez et quevous alliez expliquer <strong>la</strong> façon dont leschoses se sont passées.Je pense qu'il est i téressant que vosparoles soient connues du public, afinque certaines équivoques soient dissipées.Cependant, je dois vous faire remarquerque vous m'avez adressé <strong>de</strong>s complimentsquelque peu ironiques, que jene mérite pas.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Ils n'étaient pas du tout ironiques.M. Charles Viatte. Je revendique unseul mérite — mais vous ne m'avez pasfait <strong>de</strong> compliment, à ce sujet — c estcelui <strong>de</strong> <strong>la</strong> précision. Ce<strong>la</strong> tient à ma déformationprofessionnelle, car je suis unmathématicien.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> fa sécuritésociale. J'en ai été souvent <strong>la</strong> victime.(Sourires.)M. Charles Viatte. Je vou<strong>la</strong>is essentiellementvous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r d'étudier d'une façonprécise <strong>de</strong>s cas absolument précis et<strong>de</strong> me répondre d'une façon précise.La petite controverse qui m'a effectivementopposé à mon collègue M. Joubertne tient pas à ce qu'il est député duDoubs, alors que je suis député du Jura;elle tient au contraire à ce que, étant originairedu Doubs, je connais encore mieuxles questions du Doubs que celles duJura. *Ce<strong>la</strong> n'a d'ailleurs pas d'importance.Mais il est profondément choquant qu'il yait dans un département <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssificationsarbitraires tout à fait injustifiables. Jem'excuse <strong>de</strong> vous citer un cas très précisqui concerne le chef-lieu <strong>de</strong> mon département,Lons-Ie-Saunier. Lons-Ie-Saunierest située, ainsi que les localités voisines,dans <strong>la</strong> zone d'abattement à 15 p. 100;une localité un peu plus éloignée, étaitjusqu'ici à 25 p. 100 et se trouve <strong>de</strong>puistrois jours à 20 p. 100. V r oici une anomalieinjustifiable, monsieur le ministre.Le prix du <strong>la</strong>it, qui intéresse au premierchef les familles nombreuses, est <strong>de</strong>38 francs à Lons-Ie-Saunier et <strong>de</strong> 32 francsà Perrignv, localités situées toutes <strong>de</strong>uxdans <strong>la</strong> zone d'abattement <strong>de</strong> 15 p. 100. Ilest <strong>de</strong> 38 francs à Conliège, localité quiétait comprise jusqu'à ces <strong>de</strong>rniers joursdans <strong>la</strong> zone d'abattement <strong>de</strong> 25 p. 100.Or, dans toutes nos agglomérations, lesouvriers qui travaillent au chef-lieu logenten banlieue. Vous les punissez donc sansaucune justification.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> me donner <strong>de</strong>sjustifications. Si je les avais obtenues, jen'aurais môme pas évoqué <strong>la</strong> question. Jene suis pas difficile. Je suis, vous le savez,ASSEMBLEE NATIONALE — 2» SEANCE M! 22 MARS 1949 ieer>un fidèle soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité gouvernementale.Je vote pour le Gouvernement,même lorsque je ne suis pas totalementd'accord avec lui.Je ne vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> chosesextraordinaires.Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> nous donner <strong>de</strong>sjustifications sur <strong>de</strong>s points précis, à propos<strong>de</strong> différences qui choquent tout lemon<strong>de</strong>, car il est infiniment difficile <strong>de</strong>pastiller les décisions que vous prenez.C'est là le seul motif <strong>de</strong> mon amen<strong>de</strong>ment.Vous me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z <strong>de</strong> le retirer. Je n'aipas, aujourd'hui plus qu'un autre jour,l'intention d'embarrasser le Gouvernement,vous le savez bien.J'ai écrit différentes lettres à votre ministère.J'ai même téléphoné à votre directeur<strong>de</strong> cabinet. Invariablement, on m'arépondu: « Soyez tranquille! Dans quelquesjours, vous aurez satisfaction ».La même réponse a été faite aux délégations qui sont allées trouver vos services,mais elles n'ont pas eu <strong>de</strong> nouvelles<strong>de</strong>puis.Je pense, monsieur le ministre, qiue yousallez me promettre que les réponses serontadressées et que les justifications <strong>de</strong>smesures prises seront données.Il est possible que, <strong>de</strong>puis le mois d'octobre,certaines <strong>de</strong> mes lettres se soientégarées. Mais je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comme unservice personnel <strong>de</strong> donner <strong>la</strong> justification<strong>de</strong>s décisions prises, dans un nombretrès limité <strong>de</strong> cas, certes, mais qui sontparticulièrement scandaleux.Vous ferez sans doute <strong>la</strong> même promesseà <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> nos collègues. Il ne s'agitd'ailleurs pas d'une question personnelle.mi'3 d'une question d'ordre général.On éviterait bien <strong>de</strong>s difficultés au Gouvernement si l'on prenait soin <strong>de</strong> mieuxéc<strong>la</strong>irer l'opinion publique.vous prenez l'engagement que je vous<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, monsieur le ministre, je retireraimon amen<strong>de</strong>ment ; sinon, je serai auregret <strong>de</strong> le maintenir.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Patinaud,contre l'amen<strong>de</strong>ment.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Pour le soutenir! (Sourires.)M. Marius Patinaud, Mesdames, messieurs,il n'est pas question <strong>de</strong> soutenirl'amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> M. Viatte pour <strong>la</strong> bonneraison que cette discussion n'aurait paseu lieu si, à <strong>la</strong> commission du travail enparticulier et <strong>de</strong>vant l'Assemblée en général,ies propositions du groupe communisteavaient été retenues en ce qui concerne<strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s abattements <strong>de</strong>zones <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires.M. Charles Viatte. Grâce à ma v.oix, hé<strong>la</strong>smonsieur Patinaud.M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Quel aveu!M. Marius Patinaud. J'ai d'ailleurs l'impressionque l'effort fait dans notre senspar M. Viatte puise son origine dans quelquepréoccupation d'ordre plus ou moinsélectjral.Je veux rappeler, par<strong>la</strong>nt contre l'amen<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> M. Viatte, que le groupe parlementairecommuniste avait <strong>de</strong>mandé <strong>la</strong>suppression <strong>de</strong>s abattements <strong>de</strong> zones <strong>de</strong>sa<strong>la</strong>ires.A l'origine, ces abattements avaient étéfixés en tenant compte <strong>de</strong>s différencesréelles du coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie entre Paris priscomme base et les régions ou localitésconsidérées. Le c<strong>la</strong>ssement était déjà souventarbitraire. Les zones n'existaient parfoisque dans les dossiers administratifset le coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie était uniforme dans <strong>de</strong>szones d'abattement différentes.Cette constatation est toujours va<strong>la</strong>ble.Mais, d'autre part, les industriels qui possè<strong>de</strong>nt<strong>de</strong>s usinés dans <strong>de</strong>s zones auxabattements différents établissent leursprix <strong>de</strong> revient, et par conséauent leursprix <strong>de</strong> vente, d'après celles où les sa<strong>la</strong>iressont les plus élevés.Ainsi, en aucun cas, le consommateurne (bénéficie <strong>de</strong>s abattements <strong>de</strong> zones-Ceux-ci ne servent qu'à grossir les superbénéfices<strong>de</strong>s grands capitalistes.Voici comment le journal Mun<strong>de</strong> ouvneten fait maintenant <strong>la</strong> démonstration:« Les chaussures Rousset, à Blois (quitravaillent pour Paris et l'exportation) ; leschaussures Leroux (chaussures <strong>de</strong> dames) ;les chaussures Mallier (enfants) ; les chaussuresSerreau (<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ge et d'été) ; <strong>la</strong>maison <strong>de</strong> confection Brumeau, ne facturentcertainement pas leurs articles dif-.féremment pour Paris que pour <strong>la</strong> provinceet leuis articles sont vendus aumême prix que ceux fabriqués à Paris. »On objectera peut-être qu'il en va dif-,féremment <strong>de</strong>s produits alimentaires. Voici<strong>de</strong>s chiffres pris dans huit localités aussi,différentes que S.uresnes, le Havre, <strong>la</strong> Rochelle,le Creusot, Saint-Memmie, Héricourt,Laval, Langres, dont les abattementss'échelonnent jusqu'à 20 p. 100., Les prix relevés en boutiques fin octobre1948 pour les 34 articles qu'utilisentles pouvoirs publics pour l'établissement<strong>de</strong> l'indice <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> détail s'établissentainsi: Suresnes, 6.248; le Havre, 6.088; <strong>la</strong>Rochelle, 6.560; le Creusot, 6.557; Saint-Memmie (Marne), 6.752; Héricourt, 6.407:Laval, 6.638; Langres, 6.868.Ces chiffres sont probants et illustrent,une fois <strong>de</strong> plus, cette vérité que les abattements<strong>de</strong> zones <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires sont injusteset inhumains. ,Ils sont en effet pratiqués trop souventsur <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires inférieurs au minimumvital. Exemple : les sa<strong>la</strong>ires perçus par lesouvriers <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> duralumin à Rive<strong>de</strong>-Gierss'établissent ainsi pour <strong>la</strong> premièrequinzaine <strong>de</strong> janvier: 3.200 francspour un manœuvre et 5.500 francs pour unprofessionnel <strong>de</strong> première catégorie.Que dire alors <strong>de</strong> <strong>la</strong> retraite <strong>de</strong>s vieuxqui supporte, elle aussi, <strong>de</strong>s abattements<strong>de</strong> zones ? 37.000 francs pour <strong>la</strong> région parisienne,soit 101 francs par jour, 34.000francs pour les villes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5.000habitants, soit 93 francs par jour et 31.000francs pour les autres localités, soit 84francs par jour.84 francs par jour pour vivre, quand lekilo <strong>de</strong> pain vaut 39 francs!Ne trouvez-vous pas que les abattements<strong>de</strong> zones appliqués aux hommes et auxfemmes qui ne perçoivent même pas leminimum vital doivent être suppriméesC'est pourquoi je saisis cette occasionpour rappeler que le problème actuellementposé ne consiste pas à aménager,dans l'intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne électorale<strong>de</strong> tel ou tel parlementaire, les zones <strong>de</strong>sa<strong>la</strong>ires, mais à appliquer ce que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nttoutes les organisations syndicales,c'est-à-dire <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s abattements<strong>de</strong> zones. (App<strong>la</strong>udissements à Veadrêmegauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. leministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité ao«ciale.M, le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale. Je pense que M. Patinaud mesaura gré <strong>de</strong> ne pas avoir répondu AM. Viatte avant qu'il ne puisse lui-mêmedévelopper sa bril<strong>la</strong>nte improvisationcontre l'amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.En effet, si j'avais parlé avant lui,l'aurais fait non pas dans <strong>la</strong> crainte ael'espèce <strong>de</strong> menace amicale formulée pag

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