JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

4e.republique.jo.an.fr
from 4e.republique.jo.an.fr More from this publisher
12.07.2015 Views

1686 ASSEMBLEE NATIONALE — 2* SEANCE DU 22 MARS im«Al p * LÉGISLATURESESSION DE 1949 — COMPTE RENDU IN EXTENSO — 59 eSÉANCE2 e Séance du Mardi 22 Mars 1949*it — Pnocès-verbaiSOMMAIRE2. —Vérification des pouvoirs (suite}.Territoire de la Haute-Volta.Suite'de la discussion des conclusionsd'un rapport.MM Aujoulat, Guiguen, Mokht&ri, Coulibaly, Moisan, rapporteur.Motion préjudicielle de M. Couiibaly tendantà la nomination d'uned'enquête.commissionDécision, au scrutin, de renvoyer lescrutin public à la tribune en tête de l'ordredu jour de la séance du 29 mars aprèsmidi.3./— Repartition de l'abattement global opéréisux le budget du travail et de la sécuritésociale.Discussion d'un projet de loi.M. Barangé, rapporteur général., Discussion générale : MM. Frédéric-Dupont,Patinaud, Garet, Daniel Mayer, ministredu travail et de la sécurité sociale; lerapporteur général. — Clôture.Article unique.Chap. 114, 309, 310, 312, 315. — Adoption4es abattements.Chap. 318,Amendement de M. Viatte tendant h introduireun abattement: MM. Viatte, le ministredu travail et de la sécurité sociale,Patinaud. — RetraitChap 401.MM. Besset, le ministre du travail et dela sécurité sociale, Patinaud. — Adoption,au scrutin, de la demande du Gouvernementtendant à supprimer l'abattement auchapitre.Chap. 406 et 411. — Adoption des abattements.Chap. 506.MM. Patinaud, le ministre du travail etde la sécurité sociale, Tourtaud, Béxié, lerapporteur général.Adoption, au scrutin, de la suppression dala réduction indicative.Adoption de l'article unique modifié,4. — Répartition de l'abattement global opérésur le budget des anciens combattants etvictimes de la guerre.Demande de retrait provisoire- de Tordredu jour d'un projet de loi.MM. Barangé, rapporteur général; Devemy,Touchard, Bétolaud, ministre desanciens combattants et victimes de laguerre; Chambeiron. — Décision, au scrutin,de retirer provisoirement le projet del'ordre du jour.5. — Demande de modification de l'ordre dujour.MM. Jacques Duclos, Robert Schuman,ministre des affaires étrangères. — Rejet,au scrutin, de la demande de modificationde l'ordre du jour.6. -- Règlement de l'ordre du jour,.PRESIDENC E DE M, AU DRE LE TROQUER,vice-président,La séance est ouverte à quinze heures etdemie,PROCES-VERBALM. le président. Le procès-verbal de lapremière séance de ce jour a été affiché etdistribué.Il n'y a pas d'observation ?..,Le procès-verbal est adopté.— 2VERIFICATION DES POUV08RS{Suite.)TERRITOIRE BE LA HAUTE-VOLTAM. le président. L'ordre du jour appellela suite de la discussion des conclusionsdu rapport du 10 e bureau sur les opérationsélectorales du territoire de la Haute-Volta«Dans la suite de la discussion générale,la parole est à M, Aujoulat,il» Louis-Paul! Aujoulat. Noire Assembléea déjà consacré la plus grande partie de saséance de ce matin à la discussion des conclusionsdu rapport sur les opérationsélectorales de la Haute-Volta, et je ne voudraispas, cet après-midi, abuser de sa pa*tience.C'est pourquoi, plutôt que d'apporter iciun volumineux dossier, je me contentera!de reprendre quelques-uns des argumentsinvoqués à cette tribune par notre collègueM. Ouezzin Couiibaly pour demanderl'invalidation de nos collègues de la Haute-Volta.Je précise tout de suite que si nos collèguesMM, Guissou, Oucdraogo Marnadou etNazi Boni ne sont pas ici, c'est qu'ils or%été appelés dans leur territoire par la sessionprintanière du conseil généraiIls m'ont cependant remis des dossierslargement suffisants pour qu'ils me soitpermis de contester les arguments apportésici ce matin.Nous pouvions nous attendre â ce qu§notre collègue M. Ouezzin Couiibaly» par«lant au nom du rassemblement démocratiqueafricain, apporte ici des accusations,d'une part ? . contre l'administration de laHaute-Volta, et notamment contre son gouverneurgénéral, M. Mouragues, et, d'autrepart, contre les élus de l'Union voltaique.J'ai suivi ce matin, avec beaucoup d'attention,l'argumentation de notre collègue.Il m'est apparu que les seules accusationsà retenir étaient celles portées contre l'administrationdu tërritoire de la Haute-Volta,Je ne suis pas chargé de défendre' icicette administration, ni même le gouverneurgénérai de la Haute-Volta. Je croispouvoir dire cependant que le nombre des. voix obtenues par nos trois collègues quiont été déclarés élus est suffisant pourpermettre de pense? que MM. Guissou»Ouedraogo Mamadou et Nazi Boni méritaientvraiment d'être choisis par la populationde la Haute-Volta.Ils ont été élus, en effet, à une major¡«.

Mais il n'en resté pas moins que noscollègues accusent l'administration nonseulement d'avoir troublé les élections,mais aussi d'avoir réussi à fausser le jeudes scrutins»J'ai sous les yeux des documents qui indiquent dans quelle atmosphère se sont engagéesles opérations électorales de laHaute-Volta. L'Assemblée me permettra dene pas insister à ce sujet.J'en arrive aux accusations principales,dont la première est la suivante.Des véhicules auraient été octroyés parl'administration aux candidats de l'Unionvoltaïque, alors que, dans le même temps,les véhicùles étaient refusés aux candidatsde la liste du Rassemblement démocratiqueafricain.Or, il semble que tous les candidats aientbénéficié, à cet égard, des mêmes avantages.. .L'argument le plus important qui ait étéapporté ce matin est celui qui concernele nombre de suffrages obtenus dans certainsbureaux de vote par la liste d'Unionvoltaïque.Nous ne nierons pas que, de fait, ilsemble bien que dans certains bureaux devote les bulletins n'aient pas été distribuésà temps et qu'il y ait eu de nombreusesabstentions, dans les régions que l'administrationa appelées « non-MossiS:».Ces abstentions ne proviennent pasd'une omission volontaire de distributiondes cartes d'électeurs.. Il semble, en effet,qu'en Haute-Volta, comme en beaucoupd'autres territoires, chacun des candidatsait eu la charge de déposer personnellementses bulletins dans tous les bureauxde vote.Il semble aussi que les candidats del'Union voltaïque se soient astreints à faireen sorte que tous les bureaux de votesoient approvisionnés en temps utile enbulletins nécessaires.Par contre, les candidats du Rassemblementdémocratique africain ne paraissentpas avoir pris là précaution de répartirleurs bulletins dans tous les bureaux.Sans 'doute, appartiendrait-il normalementà l'administration d'assurer cette ré-Î)artition. Mais on sait qu'en Afrique oùes circonscriptions sont extrêmementétendues, il lui est, la plupart du temps,impossible de/s'en charger. Elle a l'habitudede laisser ce soin aux candidats..Ôr, les élus de l'Union voltaïque ont eule sentiment que leurs adversaires, sentantvenir l'échec, n'ont pas pris toutesles précautions et ont, en tous cas, ajournévolontairement le dépôt de leurs bulletins.dans certains bureaux.J'ajoute que le Rassemblement démocratiqueafricain n'a même pas pris la peined'envoyer des mandataires dans quarantebureaux du secteur d'Ouahigouya.- Pourquoi une si grande négligence, sivraiment le Rassemblement démocratiqueafricain s'attendait à recueillir dans cesdifférents bureaux un grand nombre devoix ?- En somme, l'argument qui nous a étéprésenté ce matin comme essentiel estcelui de la non-distribution des bulletins.Nous voulons bien admettre que le faitde n'avoir pas garni tous les bureaux devote des bulletins nécessaires ait pu, dansune certaine mesure, fausser les résultats,mais pas au point de justifier l'annulationdes élections.. Nous constatons en effet que, dans l'ensemble,la majorité dont a bénéficié laliste, d'Union voltaïque était écrasante,même dans les bureaux où les. bulletinsont été distribués normalement.Nous constatons qu'en ce qui concernela distribution des véhicules automobiles,ASSEMBLEE NATIONALE 2® SEANCE DU 22 MARS 1949 im7l'argument qui avait été présenté au 10®bureau ne nous a plus été apporté ce matinqu'avec certaines atténuations.Quant à l'intimidation à laquelle l'administrationa pu procéder, nous savons tousque dans la plupart des territoires africains— et je veux espérer que la Haute-Volta ne fait pas exception — le fait pourl'administration...M. Jean Félîx-Tchicaya. Vous admettezle fait, par conséquent ?M. Louis-Paul Aujoulat. .. .de soutenirun candidat, loin de le favoriser, ne faitque lui nuire aux yeux des électeurs.M. Jean Félîx-Tchicaya. Pas toujours. Envoilà la preuve.M. Louis-Paul Aujoulat. Nous constatons,au contraire, que, dans beaucoup de territoires,le candidat a d'autant plus de chan-. ces d'être élu que l'administration manifesteostensiblement son hostilité à sonégard.M. Jean Félîx-Tchicaya. Ce n'est pasexact.M. Louis-Paul Aujoulat. Nous l'avonsconstaté bien souvent.Au surplus, si nos collègues de la Haute-Volta considéraient vraiment les faitsqu'ils nous ont relatés ce matin commetellement graves, il est vraiment dommagequ'ils n'aient pas tout fait pour permettreque ce débat vienne beaucoup plus tôt,alors qu'il a fallu attendre près d'un anaprès la date des élections. (Très bien! trèsbien! au centre.)Je tiens, en effet, à faire connaître àl'Assemblée que si la vérification des opérationsélectorales de la Haute-Volta n'estpas venue plus tôt en discussion, ce n'esten rien la faute des élus de la Haute-Volta.M. Jean Félix-Tchicaya. En tout cas, ilsse sont arrangés pour n'être pas là aujourd'hui.M. Louis-Paul Aujoulat. Ce sont, au contraire,certains collègues protestataires quiont demandé à plusieurs reprises d'ajournerla réunion du 10 e bureau où la questiondevait être examinée.Et nous avons eu l'impression — nouspouvons évidemment nous tromper —d'une manœuvre tendant à retarder le pluspossible la validation de ces élections.Nous estimons, en tout cas, que le momentest venu pour l'Assemblée de se pro-.noncer nettement, et nous pensons que,devant la fragilité des arguments opposés,elle se prononcera sans hésiter.J'ajoute que, dans un certain nombre deterritoires africains, on considère que lorsqu'unepalabre est mauvaise, il est nécessairede la défendre avec des argumentsabondants, de manière à noyer ìe problèmesous un flot d'arguments. Au contraire,lorsqu'une palabre est bonne, onestime que cinq minutes d'argumentationsuffisent.Je pense, par conséquent, ne pas avoirà en dire davantage, pour permettre àl'Assemblée de se prononcer en touteconnaissance de cause. (Applaudissementssur certains bancs à gauche et au centre.)M. le président. La parole est à M. Guiguen.M. Louis Guiguen. Mesdames, messieurs, ,on a beaucoup parlé du retard appurté à la |discussion du rapport sur les élections de ;la Haute-Volta, M. Moisan, notamment, l'a 1souligné ce matin.Je tiens à faire une mise au point.En effet, il était nécessaire d'entendreles intéressés, et MM. Ouezzin Coulibaly et ,Guissou étaient, à l'époque, en liante- 1Volta»jA leur retour, ce fut le 10® bureau luimêmequi fixa une date. Et à la date qu'ilavait prévue, c'est-à-dire le 4 février dernier,le rapport fut déiposé.M. Aujoulat, également, se plaint duretard. Mais, en réalité, ce retard ne changerie a au problème qui nous intéresse, fintout cas, s'il y a retard, il n'est jamaistrop tard pour bien faire.Quant à la position de M. Aujoulat, qu'iy ait retard ou non, je suis persuadéqu'elle restera la même. 'M. Moisan, dans son rapport suce urt epartial, nous dit que les faits signalés pajM Ouezzin Coulibaly sont exagérés. Maisimmédiatement, il se contredit en demandantau Gouvernement de prendre des mesures ¡pour éviter le retour de tels faitsC'est net.Le rapporteur reconnaît donc lui-u - M €qu'il y a eu des pressions et des irrégularités.D'ailleurs, tous ceux qui ont prisconnaissance de cette affaire reconnaissentces irrégularités, et tous les membres du10° bureau les ont reconnues.M. Liyry-Level, membre du 10 e bureau,nous a déclaré qu'il y avait, en effet, deschiffres anormaux et des anomalies indiscutables.Cela ne l'a d'ailleurs pas empêché de seprononcer pour la validation, ainsi que les13 autres membres du 10 e bureau.M. Moisan ne se montre pas impartiallorsqu'il prétend dans son rapport queM. Ouezzin Coulibaly aurait reconnu quede nouvelles élections ne changeraientrien au succès de la liste d'Union pour ladéfense des intérêts de la Haute-Volta.M. Coulibaly a déclaré à la première audition,comme à la seconde, que la listed'Union pour la défense des intérêts de laHaute-Volta, en cas d'élections régulières,aurait des élus, mais pas dans la mêmeproportion.D'ailleurs, M. Aujoulat vient de déclareia instant qu'il s'agit de deux sièges soitrois,. Or, les .irrégularités .ont fait attribuertrois sièges, sur trois à pourvoir, à laliste d'Union pour la défense des intérêt«de la Haute-Volta, et aucun à la liste duRassemblement démocratique africain.Nous avons entendu ce matin l'exposé deOuezzin Coulibaly, qui a mentionné desfaits précis.'Il nous a apporté des prêtes11 a également montré des photographiesprouvant les sévices subis par des partisansdu Rassemblement démocratique africain.Par contre, nous aurions aimé entendreM. Guissou que nous avons écouté au10 e bureau, et qui n'a rien réfuté, au contraire.Il a, lui aussi, reconnu, qu'il y a\aiteu des irrégularités. Mais, a-t-il dit, enCote d Ivoire, il y a également eu des irrégularitésaux dernières élections de 1946.Pour l'instant, il n'est pas question dela . Cote d'Ivoire. Si, en 1946 il y a eudes irrégularités dans ce territoire, 0fallait contester les élections à cetteepoque.M. Guissou a reconnu que des gens porteursde fausses cartes d'électeur ont votéIl a reconnu aussi q ï des mandataires dela liste -Barraud ont été arrêtés. Il nousa dit: Ces mandataires se présentaient avecune telle autorité !H a reconnu encore qu'il n'y avait pasde bulletins de vote dans le cercle deOuagadougou. D'ailleurs, les résultats leprouvent. Dans ce cercle, il v avait* 30,615inscrits et 22.652 votants ; le nombre dessuffrages exprimés a été de 22.644.Déjà, le rapprochement de ces deuxderniers, chiffres nous montre qu'il,y aeu seulement 8 bulletins nuls.. Ce n'est'pasbeaucoup. C'est même un peu suspect.La liste Guissou a obtenu 20.5*5 voixet la lis-le Barraud 2.001 voixr *

Mais il n'en resté pas moins que noscollègues accusent l'administration nonseulement d'avoir troublé les élections,mais aussi d'avoir réussi à fausser le jeu<strong>de</strong>s scrutins»J'ai sous les yeux <strong>de</strong>s documents qui indiquent dans quelle atmosphère se sont engagéesles opérations électorales <strong>de</strong> <strong>la</strong>Haute-Volta. L'Assemblée me permettra <strong>de</strong>ne pas insister à ce sujet.J'en arrive aux accusations principales,dont <strong>la</strong> première est <strong>la</strong> suivante.Des véhicules auraient été octroyés parl'administration aux candidats <strong>de</strong> l'Unionvoltaïque, alors que, dans le même temps,les véhicùles étaient refusés aux candidats<strong>de</strong> <strong>la</strong> liste du Rassemblement démocratiqueafricain.Or, il semble que tous les candidats aientbénéficié, à cet égard, <strong>de</strong>s mêmes avantages.. .L'argument le plus important qui ait étéapporté ce matin est celui qui concernele nombre <strong>de</strong> suffrages obtenus dans certainsbureaux <strong>de</strong> vote par <strong>la</strong> liste d'Unionvoltaïque.Nous ne nierons pas que, <strong>de</strong> fait, ilsemble bien que dans certains bureaux <strong>de</strong>vote les bulletins n'aient pas été distribuésà temps et qu'il y ait eu <strong>de</strong> nombreusesabstentions, dans les régions que l'administrationa appelées « non-MossiS:».Ces abstentions ne proviennent pasd'une omission volontaire <strong>de</strong> distribution<strong>de</strong>s cartes d'électeurs.. Il semble, en effet,qu'en Haute-Volta, comme en beaucoupd'autres territoires, chacun <strong>de</strong>s candidatsait eu <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> déposer personnellementses bulletins dans tous les bureaux<strong>de</strong> vote.Il semble aussi que les candidats <strong>de</strong>l'Union voltaïque se soient astreints à faireen sorte que tous les bureaux <strong>de</strong> votesoient approvisionnés en temps utile enbulletins nécessaires.Par contre, les candidats du Rassemblementdémocratique africain ne paraissentpas avoir pris là précaution <strong>de</strong> répartirleurs bulletins dans tous les bureaux.Sans 'doute, appartiendrait-il normalementà l'administration d'assurer cette ré-Î)artition. Mais on sait qu'en Afrique oùes circonscriptions sont extrêmementétendues, il lui est, <strong>la</strong> plupart du temps,impossible <strong>de</strong>/s'en charger. Elle a l'habitu<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong>isser ce soin aux candidats..Ôr, les élus <strong>de</strong> l'Union voltaïque ont eule sentiment que leurs adversaires, sentantvenir l'échec, n'ont pas pris toutesles précautions et ont, en tous cas, ajournévolontairement le dépôt <strong>de</strong> leurs bulletins.dans certains bureaux.J'ajoute que le Rassemblement démocratiqueafricain n'a même pas pris <strong>la</strong> peined'envoyer <strong>de</strong>s mandataires dans quarantebureaux du secteur d'Ouahigouya.- Pourquoi une si gran<strong>de</strong> négligence, sivraiment le Rassemblement démocratiqueafricain s'attendait à recueillir dans cesdifférents bureaux un grand nombre <strong>de</strong>voix ?- En somme, l'argument qui nous a étéprésenté ce matin comme essentiel estcelui <strong>de</strong> <strong>la</strong> non-distribution <strong>de</strong>s bulletins.Nous voulons bien admettre que le fait<strong>de</strong> n'avoir pas garni tous les bureaux <strong>de</strong>vote <strong>de</strong>s bulletins nécessaires ait pu, dansune certaine mesure, fausser les résultats,mais pas au point <strong>de</strong> justifier l'annu<strong>la</strong>tion<strong>de</strong>s élections.. Nous constatons en effet que, dans l'ensemble,<strong>la</strong> majorité dont a bénéficié <strong>la</strong>liste, d'Union voltaïque était écrasante,même dans les bureaux où les. bulletinsont été distribués normalement.Nous constatons qu'en ce qui concerne<strong>la</strong> distribution <strong>de</strong>s véhicules automobiles,ASSEMBLEE NATIONALE 2® SEANCE DU 22 MARS 1949 im7l'argument qui avait été présenté au 10®bureau ne nous a plus été apporté ce matinqu'avec certaines atténuations.Quant à l'intimidation à <strong>la</strong>quelle l'administrationa pu procé<strong>de</strong>r, nous savons tousque dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s territoires africains— et je veux espérer que <strong>la</strong> Haute-Volta ne fait pas exception — le fait pourl'administration...M. Jean Félîx-Tchicaya. Vous admettezle fait, par conséquent ?M. Louis-Paul Aujou<strong>la</strong>t. .. .<strong>de</strong> soutenirun candidat, loin <strong>de</strong> le favoriser, ne faitque lui nuire aux yeux <strong>de</strong>s électeurs.M. Jean Félîx-Tchicaya. Pas toujours. Envoilà <strong>la</strong> preuve.M. Louis-Paul Aujou<strong>la</strong>t. Nous constatons,au contraire, que, dans beaucoup <strong>de</strong> territoires,le candidat a d'autant plus <strong>de</strong> chan-. ces d'être élu que l'administration manifesteostensiblement son hostilité à sonégard.M. Jean Félîx-Tchicaya. Ce n'est pasexact.M. Louis-Paul Aujou<strong>la</strong>t. Nous l'avonsconstaté bien souvent.Au surplus, si nos collègues <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta considéraient vraiment les faitsqu'ils nous ont re<strong>la</strong>tés ce matin commetellement graves, il est vraiment dommagequ'ils n'aient pas tout fait pour permettreque ce débat vienne beaucoup plus tôt,alors qu'il a fallu attendre près d'un anaprès <strong>la</strong> date <strong>de</strong>s élections. (Très bien! trèsbien! au centre.)Je tiens, en effet, à faire connaître àl'Assemblée que si <strong>la</strong> vérification <strong>de</strong>s opérationsélectorales <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta n'estpas venue plus tôt en discussion, ce n'esten rien <strong>la</strong> faute <strong>de</strong>s élus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta.M. Jean Félix-Tchicaya. En tout cas, ilsse sont arrangés pour n'être pas là aujourd'hui.M. Louis-Paul Aujou<strong>la</strong>t. Ce sont, au contraire,certains collègues protestataires quiont <strong>de</strong>mandé à plusieurs reprises d'ajourner<strong>la</strong> réunion du 10 e bureau où <strong>la</strong> question<strong>de</strong>vait être examinée.Et nous avons eu l'impression — nouspouvons évi<strong>de</strong>mment nous tromper —d'une manœuvre tendant à retar<strong>de</strong>r le pluspossible <strong>la</strong> validation <strong>de</strong> ces élections.Nous estimons, en tout cas, que le momentest venu pour l'Assemblée <strong>de</strong> se pro-.noncer nettement, et nous pensons que,<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> fragilité <strong>de</strong>s arguments opposés,elle se prononcera sans hésiter.J'ajoute que, dans un certain nombre <strong>de</strong>territoires africains, on considère que lorsqu'unepa<strong>la</strong>bre est mauvaise, il est nécessaire<strong>de</strong> <strong>la</strong> défendre avec <strong>de</strong>s argumentsabondants, <strong>de</strong> manière à noyer ìe problèmesous un flot d'arguments. Au contraire,lorsqu'une pa<strong>la</strong>bre est bonne, onestime que cinq minutes d'argumentationsuffisent.Je pense, par conséquent, ne pas avoirà en dire davantage, pour permettre àl'Assemblée <strong>de</strong> se prononcer en touteconnaissance <strong>de</strong> cause. (App<strong>la</strong>udissementssur certains bancs à gauche et au centre.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Guiguen.M. Louis Guiguen. Mesdames, messieurs, ,on a beaucoup parlé du retard appurté à <strong>la</strong> |discussion du rapport sur les élections <strong>de</strong> ;<strong>la</strong> Haute-Volta, M. Moisan, notamment, l'a 1souligné ce matin.Je tiens à faire une mise au point.En effet, il était nécessaire d'entendreles intéressés, et MM. Ouezzin Coulibaly et ,Guissou étaient, à l'époque, en liante- 1Volta»jA leur retour, ce fut le 10® bureau luimêmequi fixa une date. Et à <strong>la</strong> date qu'i<strong>la</strong>vait prévue, c'est-à-dire le 4 février <strong>de</strong>rnier,le rapport fut déiposé.M. Aujou<strong>la</strong>t, également, se p<strong>la</strong>int duretard. Mais, en réalité, ce retard ne changerie a au problème qui nous intéresse, fintout cas, s'il y a retard, il n'est jamaistrop tard pour bien faire.Quant à <strong>la</strong> position <strong>de</strong> M. Aujou<strong>la</strong>t, qu'iy ait retard ou non, je suis persuadéqu'elle restera <strong>la</strong> même. 'M. Moisan, dans son rapport suce urt epartial, nous dit que les faits signalés pajM Ouezzin Coulibaly sont exagérés. Maisimmédiatement, il se contredit en <strong>de</strong>mandantau Gouvernement <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s mesures ¡pour éviter le retour <strong>de</strong> tels faitsC'est net.Le rapporteur reconnaît donc lui-u - M €qu'il y a eu <strong>de</strong>s pressions et <strong>de</strong>s irrégu<strong>la</strong>rités.D'ailleurs, tous ceux qui ont prisconnaissance <strong>de</strong> cette affaire reconnaissentces irrégu<strong>la</strong>rités, et tous les membres du10° bureau les ont reconnues.M. Liyry-Level, membre du 10 e bureau,nous a déc<strong>la</strong>ré qu'il y avait, en effet, <strong>de</strong>schiffres anormaux et <strong>de</strong>s anomalies indiscutables.Ce<strong>la</strong> ne l'a d'ailleurs pas empêché <strong>de</strong> seprononcer pour <strong>la</strong> validation, ainsi que les13 autres membres du 10 e bureau.M. Moisan ne se montre pas impartiallorsqu'il prétend dans son rapport queM. Ouezzin Coulibaly aurait reconnu que<strong>de</strong> nouvelles élections ne changeraientrien au succès <strong>de</strong> <strong>la</strong> liste d'Union pour <strong>la</strong>défense <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta.M. Coulibaly a déc<strong>la</strong>ré à <strong>la</strong> première audition,comme à <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, que <strong>la</strong> listed'Union pour <strong>la</strong> défense <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong>Haute-Volta, en cas d'élections régulières,aurait <strong>de</strong>s élus, mais pas dans <strong>la</strong> mêmeproportion.D'ailleurs, M. Aujou<strong>la</strong>t vient <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>reia instant qu'il s'agit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sièges soitrois,. Or, les .irrégu<strong>la</strong>rités .ont fait attribuertrois sièges, sur trois à pourvoir, à <strong>la</strong>liste d'Union pour <strong>la</strong> défense <strong>de</strong>s intérêt«<strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta, et aucun à <strong>la</strong> liste duRassemblement démocratique africain.Nous avons entendu ce matin l'exposé <strong>de</strong>Ouezzin Coulibaly, qui a mentionné <strong>de</strong>sfaits précis.'Il nous a apporté <strong>de</strong>s prêtes11 a également montré <strong>de</strong>s photographiesprouvant les sévices subis par <strong>de</strong>s partisansdu Rassemblement démocratique africain.Par contre, nous aurions aimé entendreM. Guissou que nous avons écouté au10 e bureau, et qui n'a rien réfuté, au contraire.Il a, lui aussi, reconnu, qu'il y a\aiteu <strong>de</strong>s irrégu<strong>la</strong>rités. Mais, a-t-il dit, enCote d Ivoire, il y a également eu <strong>de</strong>s irrégu<strong>la</strong>ritésaux <strong>de</strong>rnières élections <strong>de</strong> 1946.Pour l'instant, il n'est pas question <strong>de</strong><strong>la</strong> . Cote d'Ivoire. Si, en 1946 il y a eu<strong>de</strong>s irrégu<strong>la</strong>rités dans ce territoire, 0fal<strong>la</strong>it contester les élections à cetteepoque.M. Guissou a reconnu que <strong>de</strong>s gens porteurs<strong>de</strong> fausses cartes d'électeur ont votéIl a reconnu aussi q ï <strong>de</strong>s mandataires <strong>de</strong><strong>la</strong> liste -Barraud ont été arrêtés. Il nousa dit: Ces mandataires se présentaient avecune telle autorité !H a reconnu encore qu'il n'y avait pas<strong>de</strong> bulletins <strong>de</strong> vote dans le cercle <strong>de</strong>Ouagadougou. D'ailleurs, les résultats leprouvent. Dans ce cercle, il v avait* 30,615inscrits et 22.652 votants ; le nombre <strong>de</strong>ssuffrages exprimés a été <strong>de</strong> 22.644.Déjà, le rapprochement <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>rniers, chiffres nous montre qu'il,y aeu seulement 8 bulletins nuls.. Ce n'est'pasbeaucoup. C'est même un peu suspect.La liste Guissou a obtenu 20.5*5 voixet <strong>la</strong> lis-le Barraud 2.001 voixr *

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!