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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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1683 ASSEMBLEE NATIONALE — 1« SEANCE ' DU 22 MARS 1949En 'effet, aucun dps élus n'a pris publiquement<strong>la</strong> parole seul. Tout a été orchestré-par l'administration.La seule fois que j'ai rencontré M, Guissou— je le lui ai dit <strong>de</strong>puis — «'étaitdans un vil<strong>la</strong>ge où il avait <strong>de</strong> l'argent àdistribuer. Le chef <strong>de</strong> canton m'a montré<strong>la</strong> somme <strong>de</strong> 2.500 francs qu'il venait <strong>de</strong>recevoir <strong>de</strong> lui pour payer à boire auxélecteurs. C'est <strong>la</strong> seule fois que j'ai vuH. Guissou.l'ai également rencontré M. Nazi Boniavec l'administrateur Garai Ils se promenaientdans, une .camionnette, et Garat par<strong>la</strong>itofficiellement <strong>de</strong>s élections.Le gouverneur a pu faire ce<strong>la</strong>. Le hautcommissaire a été mis au courant. Le mi-Bistre a également été mis au courant.Or, aucune protestation n'a été élevée,aucun rappel â* l'ordre n'a été adressé. Legouverneur se croit tout permis, et il araison.Il ambitionne d'annihiler complètementle R. D, A., mais il ne s'imagine pas qued'autres Font essayé avant lui et n'y sontpas parvenus, car il n'est pas possibled'étouffer un mouvement tel que celui-là.Il est trop petit pour ce<strong>la</strong>. La seule choseâ <strong>la</strong>quelle il arrive/ c'est d'amenuiser <strong>de</strong>plus en plus l'affection que les Africainsportent à <strong>la</strong> France.Quand, en décembre, nous avons voulutenir le congrès du R. D 0 A. à Bobo-Diou<strong>la</strong>sso,il est intervenu illégalement — j 1dis'bien: illégalement — et arbitrairementpour que ce congrès ne puisse se tenrdans le territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta,Vous voyez donc que ce gouverneur agitcomme un véritable proconsul dans sonterritoire et que, quand il déci<strong>de</strong> qu'uneréunion .privée ne peut Se tenir en Haut*Volta, aucune autre autorité n'interviertpour rétablir <strong>la</strong> légalité. Où sont donc <strong>la</strong>liberté, <strong>la</strong> justice et <strong>la</strong> France ? -En outre, non seulement il interdit notrecongrès, mais il fait arrêter <strong>de</strong>s conseillersgénéraux et tous ceux qui font <strong>de</strong> <strong>la</strong> propagan<strong>de</strong>pour le mouvement,Et quand nous intervenons auprès duministre, alors que celui-ci sait parfaitementqu'à Ouahabou, par exemple, il y aeu <strong>de</strong>s blessés et <strong>de</strong>s morts, il manœuvrepour qu'on ne puisse en faire état <strong>de</strong>vantl'Assemblée. Vous ne vous étonnerez pas,alors, si d'autres événements surviennent,plus graves encore que ceux que je viens<strong>de</strong> vous citer.On nous a donc interdit <strong>de</strong> tenir notreeongrès en Haute-Volta, et nous sommesallés en Côte d'Ivoire.Le gouverneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Côte d'Ivoirem'a dit que <strong>la</strong> tenue <strong>de</strong> notre congrès surson territoire le prenait au dépourvu, caril estimait que s'il était interdit en Haute-Volta il n'y avait pas <strong>de</strong> raison pour qu'ilne le soit pas également sur son territoire.C'est le développement normal d'unecertaine politique, car le gouverneur qui,par surprise, n'a pu empêcher notre congrès<strong>de</strong> se tenir s'est certainement vu rappeléà l'ordre ipour n'avoir pas essayé ael'empêcher.Qu'a-t-il fait, alors ? Pour se réhabiliter,il a provoqué les inci<strong>de</strong>nts que voussavez. Tout cte<strong>la</strong> se tient. C'est <strong>la</strong> politique<strong>de</strong> (provocation pratiquée dans les territoiresd'outre-mer qui a conduit aux événementsdu 6 février à Abidjan, à ceux,ensuite, du 28 février, où le gouverneu~a ordonné à un détachement <strong>de</strong> tirailleurs<strong>de</strong> tirer sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d'un vil<strong>la</strong>geIl n'était même pas question alors du rassemblementdémocratique africain ; c'étaitsimplement une querelle <strong>de</strong> famille qnSupposait les membres d'une même tribu.Le gouverneur lyant ordonné à une seclion<strong>de</strong> tirailleurs <strong>de</strong> tirer pour rétablirl'ordre, l'opération s'est soldée par seizemorts et une quantité <strong>de</strong> blessés.M. Jean Félix-Tchikaya. C'est assez bonmarché.M. Ouezzin Coulibaly. Ces faits se sontpassés le 28 février.Lorsque je suis allé en parler au ministre,il m'a dit n'être pas au courant.Qui donc est le gardien <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>notre territoire, sinon lui, et commentpeut-il ne pas être tenu au courant <strong>de</strong>semb<strong>la</strong>bles événémcnts ? Je lui ai dit: Sivous ignorez ces faits, prenez <strong>la</strong> copie <strong>de</strong>nos télégrammes.Et <strong>de</strong>puis, le silence continue.J'estime que l'Assemblée ne peutadmettre que le gouverneur d'un territoireordonne <strong>de</strong> pareils massacres et tolérer,par son attitu<strong>de</strong> une semb<strong>la</strong>ble politique.Tout ce<strong>la</strong> date du jour où M. le ministre<strong>de</strong> <strong>la</strong> France d'outre-mer, M. Coste-Floret,a pris l'engagement <strong>de</strong> faire une politiquequ'il estime profitable à son parti, alorsqu'elle est contraire aux intérêts et auxtraditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> France. Si les popu<strong>la</strong>tions<strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta éprouvent envers lsfont une politique contraire à celle quipeut construire l'Union française. Un jour,<strong>de</strong>s événements tels que ceux qui s'y sontproduits, et qui ne sont pas dénoncés à <strong>la</strong>tribune <strong>de</strong> l'Assemblée parce qu'on nousFrance <strong>de</strong>s sentiments <strong>de</strong> loyauté, c'estparce qu'il s'est trouvé dans ces territoires<strong>de</strong>s Français qui leur ont inspiré <strong>la</strong> confianceen <strong>la</strong> France et qui ont représentévéritablement leur pays. Lorsque cesFonçais sont remp<strong>la</strong>cés par <strong>de</strong>s hommes"iïime M. Mouragues, comme M. Tobi etcomme tant (¡D'autres, ce n'est pas poury défendre <strong>de</strong>s intérêts nationaux puisq1s sont <strong>de</strong>s représentants du commerce,<strong>de</strong> <strong>la</strong> banque et <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntations, maispour y pratiquer une politique <strong>de</strong> colons.Ils défen<strong>de</strong>nt les intérêts <strong>de</strong>s colons eten refuse l'occasion, un jour ce événementsporteront les Africains à <strong>de</strong>s extrémitésfunestes, et on les qualifiera alors <strong>de</strong>séparatistes.Or les séparatistes sont ceux qui pratiquentdès maintenant cette politique <strong>de</strong>livision. {App<strong>la</strong>udissements à Vextrêmegauche.)M. Jean Félix-Tchîcaya. Très bien!M. Ouezzin Coulibaly. A l'occasion <strong>de</strong> cesélections , légis<strong>la</strong>tives, le gouverneur atrouvé le moyer <strong>de</strong> mécontenter une partie<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Dans les territoiresnon Mossi, M. le ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Franced'outre-mer lui-même a constaté un changementil a observé que l'accueil y a étéplus froid! qu'à Dakar.Ce changement d'attitu<strong>de</strong> s'explique paria politique <strong>de</strong> désunion, par <strong>la</strong> politique<strong>de</strong> dislocation <strong>de</strong> l'Union française, parceque certains noirs qui comprennent n'approuventpas une telle politique, et ceuxqui ne comprennent pas n'approuvent pas<strong>la</strong> France, car eux rejettent le tort sur <strong>la</strong>France.Les faits que j'ai rapportés sont véricliqueset toutes les personnes que j'ai citéessont encore en Haute-Volta, On peutdonc leur en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r confirmation.C'est pour qui je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'Assembléenationale <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r un supplément d'enquêtequi viendra renforcer mes observationspar une documentation plus compile.Si vous m <strong>la</strong> faites pas, les non Mossi<strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta continueront â croirequ'ils ne sont pas représentés dans cetteSemblée, alors qu'ils ont droit à an député.Je vous parle en connaissance <strong>de</strong> cause.En effet, je n'étais pas candidat dans cesterritoires, mais j'ai faii <strong>la</strong> campagne életorale et fai vu.Cette popu<strong>la</strong>tion n'est pas représentée 9l'Assemblée nationale et elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> &l'être. Je pense que c'est son droit le plusstrict et, au surplus, un droit constitutionnel.Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que soit décidé le complémentd'enquête qui édifierait l'Assembléesur <strong>la</strong> véritable physionomie <strong>de</strong>s élections<strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-Volta, et provoquerait <strong>de</strong> nouvellesélections.Si, comme l'a dit M. Moisan, on est sisûr qu'une nouvelle consultation aboutiraitau même résultat, pourquoi s'oppose«rait-on à ce qu'elle ait lieu ?Si donc l'on croit que le résultat en serale même, ri l'on ne veut pas entériner purementet simplement <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> électorale;et donner une piètre idée <strong>de</strong> notre Assemblée,admettre l'ingérence <strong>de</strong> l'administrationdans les élections, les procédés cyniquesqui ont été employés dans ces territoires,il est nécessaire d'ordonner cecomplément d'enquête à <strong>la</strong> lumière duquell'Assemblée déci<strong>de</strong>rait <strong>de</strong> nouvellesélections.En conséquence, et parce que mes collèguesne sont pas présents aujourd'hui,je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> q ie ce complément d'enquêtesoit ordonné. Je répète que si vous interrogezles hommes que j'ai cités, ils vousconfirmeront mes déc<strong>la</strong>rations et vousédifieront exactement sur ce qui s'estpassé dans ce coin <strong>de</strong> terre qu'on auraittort d'abandonner à ceux qui torpillentl'Union française. {App<strong>la</strong>udissements âl'extrême gauche.)Mme <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nte. L'Assemblée voudrasans doute renvoyer à cet après-midi <strong>la</strong>suite du ébat ? (Assentiment.)H 'en est ainsi décidé.— ? —DEMANDES EN AUTORISATIONDE POURSUITESInscription d'office à l'ordre du jour<strong>de</strong> trois rapports.Mme <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nte. J'informe l'Assem*blée qu'en application <strong>de</strong> l'article 3, alinéa4, <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution du 22 février 1949,les trois rapports n 08 6780, 6804 et 6806,faits par les commissions chargées d'examinerles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s en autorisation <strong>de</strong>poursuites n 08 5271, 5633, 4156, 4984, 5027,5859, 6055 et 6540, contre trois membres<strong>de</strong> l'Assemblée, ayant été mis en distributionaujourd'hui; seront inscritsd'office,en tête <strong>de</strong> l'ordre du jour du prochainjour <strong>de</strong> séance,REGLEMENT DE L'ORDRE DU JOURMme <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nte. Aujourd'hui, àquinze heures et <strong>de</strong>mie, 2 e séance publique:Suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong>s conclusionsdu rapport du 10° bureau sur les opérationsélectorales du territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute-; Volta (M. Moisan, rapporteur) ;I Discussion du projet <strong>de</strong> loi portant réfv <strong>la</strong>rtiiion <strong>de</strong> l'abattement global opéré sur„ e budget du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sofcialepar <strong>la</strong> loi n° 48-1992 du 31 décembre|948 (n os 6177. 6521. — M. Charles Bajangé,rapporteur général. — RapporteurIpécial : M. Rainette) ;Discussion du projet <strong>de</strong> loi portant répartition<strong>de</strong> l'abattement global opéré sur lebudget <strong>de</strong>s anciens combattants et vio

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