JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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1680 ASSEMBLEE NATIONALE — 1« SEANCE ' DU 22 MARS 1949M, Ouezzin Coulibaly. C'est possible»mais vous venez de dire qu'il falait venirimmédiatement pour saisir l'Assemblée.M. Louis-Paul Aujoulat. J'ai dit qu'il yaurait eu intérêt à saisir l'Assemblée nationaleplus tôt.M. Ouezzin Coulibaly. En tout cas, enAfrique noire, la situation est telle que jeviens de l'exposer. Toutes vos contestationssont vaines. Placés en face de cettesituation, il vous appartient de prendrevos responsabilités.Dans le cercle de Ouagadougou, sur30.615 inscrits, il y a eu 22.916 votants,soit 74 p. 100 de votants.Dans le cercle de Ouahigouya, sur 26.761inscrits, il y a eu 22.652 votants, soit84 p. 100 de votants.Dans le cercle de Kaya, sur 8.057 inscrits,il y a eu 5.087 votants, soit 63 p. 100de votants.Dans le cercle de Koudougou, sur'13.880 inscrits, il y a eu 11.414 votants,soit 82 p. 100 de votants.Voilà pour les quatre grands cerclesmossis. En établissant un pourcentage générai,on constate que les Mossis ont votédans la proportion de 75 p. 100.Maintenant, je vais comparer ce résultatsdes pays Mossi à ceux des pays BoboIl y a quatre cercles non Mossi.Dans le cercle de Bobo-Dioulasso où ily avait 16.985 inscrits, on n'a fait voterque 6.654 électeurs, soit 33 p. 100 des inscrits;dans le cercle de Gaoua, qui comprenait6.434 inscrits, il y a eu 2.476 volants,soit 38; p. 100 des inscrits ; dans lecerçle de Tougan, sur 12.668 inscrits, ily a eu 4.422 votants, soit 34 p. 100 desinscrits, dans le cercle de Dori, sur 5.121inscrits, il y a eu 868 votants, soit 16 pour¡cent des inscrits.Si l'on se réfère à ces pourcentages, onconstate que les quatre cercles non Mossiont voté dans une proportion de 30 p. 100,alors que les cercles Mossi ont voté à75 p. 100.On ne peut, je crois, que s'étonner depareils résultats. Un même territoire estdivisé en deux parties : dans l'une, on voteà 75 p. 100, dans l'autre, à 30 ç. 100!Il est clair, d'une part, que si, commele prouve l'entretien du gouverneur Mouraguesavec M. Larbat, on n'avait pas fixéles élections au moment de la saison despluies, il n'aurait pas été possible de réduirele pourcentage de cette façon»Les non Mossi, tout le monde le sait,dans notre territoire, sont plus ouvertsaux questions politiques que les Mossi.Ils seraient venus en masse et la manœuvrede diversion aurait échoué.A la lumière de cette manœuvre, rendueseulement possible grâce à la situationoccupée par M. Mouragues dans lecabinet de M. le ministre Coste-Floret,nous pouvons déplorer qu3 les bureauxdu ministre de la France d'outre-mer nesoient plus qu'un cabinet d'affaires.En second lieu, si le même pourcentagede votants — soit 75 p. 100 — avait étéobtenu partout, la liste du rassemblementdémocratique africain aurait recueilli38.787 suffrages au lieu de 15.000. C'étaitpossible.La liste voltaïque, avec ces 71.304 voix,aurait alors remporté le premier siège,le second, serait revenu à la liste du rassemblementdémocratique africain, dontles 38.000 voix auraient a la prépondérancesur les 35.000 de la liste voltaïque.Si, au contraire, les deux parties du territoireavaient voté comme les cercles nonMossi, c'est-à-dire dans ,1a proportion de30 p. 100.— c'est celle qui fut enregistréedans, le cercle .de Bobo— la liste desMossis aurait recueilli 28.536 yoix.Cette liste — en face de la nôtre recueillant15.515 voix — aurait remporté,là encore, le premier siège. Le secondnous serait revenu, le troisième allant ànos adversaires.La répartition des sièges, vous le voyez,aurait été différente. C'était là le refletde l'opinion des populations qui peuplentla Haute-Voîta.Mais, puisqu'une partie de la populationa été frustrée de sa représentation, puisquel'occasion nous est donnée de dénoncerune forme d'oppression que personnene voudra soutenir à cette tribune, pasmême ceux qui en ont usé, il n'y a pasde mots assez rudes, assez durs, pour qualifierces hommes qui profitent de leursituation administrative et des prérogativesqu'elle comporte pour influencer lesmasses africaines afin de les détourner deleurs aspirations profondes, de leur fairedire le contraire de ce qu'elles veulentdire.Tous ceux qui ont assisté à ces électionsn'ont pas caché leur indignationdevant les moyens employés. Et, avec ensemble,nous avons répété que la Francevenait d'être trahie en Haute-Volta.J'ai accusé et j'accuse M. Mouraguesd'avoir trahi sa mission, qui était de représenterla France, de n'être que l'arbitredans cette lutte politiqueIl a mis l'appareil de l'Etat en action, etje voudrais apporter d'autres affirmationsqui ne sont pas les nôtres.Voici ce qu écrit un journaliste, auparavantattaché parlementaire auprès del'Assemblée nationale, lorsque M. MariusMoutet était ministre de la France d'outremer...M. Jean Félix-Tchicaya. Comment s'appelle-t-il?M. Ouezzin Coulibaly. Paul Seligmann.Voici un extrait de son article :« Le dimanche 27 juin est arrivé. Grâceà Mouragues, qui a bien mérité die la rueOudinot, Maniglier a retiré sa liste. Sesvoix iront grossir celles de la liste officielle.Ainsi est réalisé un front communcontre le pauvre parti R. D. A., le partipaysan.« Il ne reste plus qu'à placer dans lesbureaux de vote les hommes de confianceet à réaliser les dernières intimidations.€c Que s'est-il passé dans certains bureauxde vote ? Ceux qui ont vu affirmentque les électeurs, transportés pai camions,ont voté dans plusieurs bureaux différents ;que dies fausses cartes ont été distribuées ;que des électeurs régulièrement inscritsn'ont pu avoir de carte ; que des intimidationsont été pratiquées à l'intérieur mêmedes bureaux de vote.« Soucieux d'impartialité, je n'écriraique ce que j'ai vu.« J'ai vu au bureau de vote installé aucercle de Ouagadougou, au mépris de laloi, un agent de police, exécutant les consignesreçues, stationnant à l'intérieur dubureau de vote, arracher à un militairele bulletin die vote au nom de Ali Barraudet lui mettre dans la main le bulletin officiel,en lui disant : « C'est celui-ci lebon ».« J'ai vu le commissaire de police deOuagadougou, le sieur Boutillon, prendreun bulletin de vote de la liste Guissou, lemettre dans une enveloppe et la remettre àuno femme qui l'accompagnait.« Au délégué du R. D. A. qui protestaitet qui demandait au président diu bureaude vote de consigner ce fait au procèsverbal,j'ai entendu ce commissaire, tournévers le président, l'index pointé à la Mussolini,s'écrier : « Ecrivez aussi que c'estle commissaire de police qui a fait cela, »Comme si le fait d'être i mmissaire de po*lice donnait droit d'enfreindire la loi.« Ces deux faits sont symptomatiques efsuffisent à eux seuls pour affirmer queles opérations électorales de Haute-Volts*ont été dirigées par l'administration.« C'était le but de cet article. »A Dakar, parait un journal, Les Echmafricains, dont le directeur est R. P. F. etn'a, par conséquent, aucune relation politiqueni avec M. Paul Seligmann, qui ¿técrit le précédent article, ni avec nous, quinous référons à son journal parce que,pour une fois, il a dit franchement ce qu'ilpensait, L'article que je vais citer dsM. Voisina Voilà la dépense française! Les élee*tions truquées ! L'administration ment !cc I or c q :e l'administration prétend quelles eiecxions, en Afrique, sont libres, l'ad*ministration ment.« Lorsque des gouverneurs, voire mêmele gouverneur général, affirment que l'administrationn'intervient jamais dans lesvotes, ces gouverneurs, voirer même legouverneur général, mentent.« Nous prétendons, nous, après d'autresjournaux, d'autres journaux qui n'ont pasdu tout nos opinions, que les élections duNiger et e~ Haut« Volt eut été truquéesaprès cdkr de Gu née, de Dakar, de' Sunt Loui", etc.« Nou° action l'pdm st tma d'avoir•fore la main au^ ma* e illett~ées pourque celles ci mettent dans l'urne des bulletinsde voie permettant la nomination descandidats gouvernementaux.« C'est une honte ! Au nom de la démocratie,nous protestons violemment. Nousautres Français, nous n'admettrons jamaisque la

ASSEMBLEE NATIONALE — 2» SEANCE M! 22 MARS 1949 ieer>cc Les masses africaines n'ont pas voté,on les a fait voter. Ce n'est pas la République,c'est une dictature, et c'est grave. »C'est signé : Maurice Voisin.M. Jean Félix-Tchicaya. Voulez-vous mepermettre de vous interrompre ?M f Ouezzin Coulibaly. Je vous en prie.M. Jean Félix-Tchicaya. L'avertissementest assez grave pour qu'on en tienne leplus grand compte.11 s'agit de savoir si les élections dansles territoires d'outre-mer doivent toujoursêtre dirigées par l'administration,si, à la faveur de ces élections, les fonctionnairescoloniaux doivent pouvoir espérerun avancement.Je ne pense pas que tel soit l'esprit dela Constitution, qui a reconnu des droitsaux populations d'outre-mer et leur a offertdes possibilités par la création de l'Unionfrançaise.Notre qualité de membre d'une assembléesouveraine nous oblige dans ce casd'espèce à faire abstraction de nos intérêtsde parti pour ne voir que l'intérêt généralqui est l'intérêt de la République et del'Union française. C'est pourquoi nous devonsnous rallier aux conclusions de notrecollègue. Ouezzin Coulibaly.M. Ouezzin Coulibaly. Si M. Mouragues aagi de cette façon, je crois qu'il n'a étéque l'outil dont s'est servi l'ouvrier. Etl'ouvrier, ce fut certainement M. Coste-Floret, ministre de la France d'outre-mer.Nous avons suivi cette machination,qui serait une comédie si elle n'avait étéune source de souffrances ¡pour les populationsvoltaiques.M. Mouragues ne pouvait devenir gouverneurqu'à partir d'un certain gradedans la hiérarchie administrative. Unavancement lui fut accordé pour pouvoirle nommer, immédiatement après, gouverneurde la Haqte-Volta. Lorsqu'il rejoignitson poste, tout se passa avec une rapiditételle qu'on peut penser qu'il est arrivé làliasayant en mains les ordres qu'il avaità exécuter.Si M. le ministre de la France d'outremeravait été présent sur ces bancs, j'auraispu lui citer des attestations émanantd'administrateurs que nous avons pu voirpendant la campagne électorale. Il auraitpu demander confirmation pour y répondre,lé cas échéant.Lorsque des administrateurs déclarentque le ministre est au courant de leursagissements et que le fait de lui écrire nechangera rien à l'affairé, je crois quec'est grave, car si de tels procédés électorauxdevaient se perpétuer dans ces territoires,nous en arriverions à des extrémitésque vous ne soupçonnez pas.Des désordres survenant dans les territoiresde l'Afrique noire peuvent aller assezloin, le mécontentement peut devenirtel,que l'on risque d'assister à ce que l'onvolt en Indochine, à des incidents aussigraves que ceux qui se produisirent àMadagascar.Ces désordres auront été provoqués parceux-là mêmes qui ont été chargés par laFrance d'administrer les territoires.Dès la création du territoire de la Haute-Volta, M. le haut commissaire Béchard prononçades paroles qui inspirèrent confianceà la population et purent nous fairecroire qu'il allait administrer le territoireavec l'impartialité désirable. Malheureusement,dès qu'il fût quèstion d'élections,on le vit se rendre à Ouagadougou,dans un avion frété tout exprès, poury dresser la liste des candidats. Jedis bien tout exprès, puisque M. le hautcommissaire est arrivé à Ouagadougou le29 mai et que les élections au conseil généralétaient prévues pour le 30. Passantoutre aux traditions, il s'était d'ailleurs. fait accompagner du Moro Nafba de Ouadadougouet il tint conférence avec le MoroNaba d'Ouahigouva et avec M. Mouragues.A l'issue de cette conférence, on appritque le candidat mossi avait été écarté parM. Mouragues, au bénéfice de M. Guissou,dont la candidature avait été suggérée, aupied levé, ¡par Mgr Thevenoud, évêqued'Ouagadougou, auprès de' qui M. Mouraguesse rend tous les matins pour prendreles ordres.Quoi qu'il en soit, il est certain que laliste des candidats aux élections législativesa été dressée par le haut commissaireet par le gouverneur, ce qui explique quel'administration tout entière se soit mobiliséepour conduire cette liste à la victoire.Pour appuyer cette affirmation, je rappelleque M. Béchard, parti d'Ouagadougou,s'est rendu à Niamey où il forma un partipolitique dit « U. N. I. S, > dont il présidala première réunion.Je suis donc en droit de déclarer que lesgouverneurs et les administrateurs obéissentaux ordres donnés par le ministre dela France d'outre-mer, ce qui consacrel'ingérence officielle de l'administrationdans les affaires électorales. .M. Coste-Floret n'est pas là, je ne le chargeraipas davantage, mais j'aurais pu porterà son actif d'autres faits au sujet desquelsje lui aurais demandé des explications.Je constate d'ailleurs malheureusement,que le Gouvernement est toujours absentlorsqu'on parle de l'Union française.M. Fernand Grenier. Il se désintéresse del'Union française !Mme la présidente. Le Gouvernementn'a pas à se faire représenter dans undébat portant sur la validation d'opérationsélectorales.M. Yves Fagon. Il est de coutume que leGouvernement ne participe pas à de telsdébats.M. Fernand Grenier, En réalité, on faitsemblant de donner un bulletin de voteaux populations d'outre-mer, mais onprend toutes les précautions pour que lesintérêts des colonialistes qui font « suerle burnous » n'en souffrent paslOn sait où cela peut conduire. Aux événementsde Madagascar, hier, à la guerreau Vieî Nam aujourd'hui, et peut être demainaurez-vous l'Afrique noire sur .laconscience, si vous continuez à traiter lespopulations de ce pays en êtres inférieurs.D'ailleurs les faits parlent d'eux-mêmes :des bureaux de vote où tous les électeurs,sans exception, votent pour la liste del'administration, qui peut croire que celan'est pas truaué ? (Exclamations aucentre.)M. Yves Fagon. Mais, monsieur Grenier,c'est pourtant bien ce qui s'était passépour la liste communiste à l'île de laRéunion. J'ai demandé l'annulation (lecette élection. Vous vous y êtes refusé cependant.Quand il s'agit de candidats communistessans doute n'y a-t-il aucun motif des'étonner ?M. le rapporteur. On fait beaucoupmieux du côté de l'Oural, monsieur Grenier.>M. Fernand Grenier. Sans le pays del'Oural vous lie seriez pas aujourd'hui hvotre banc, monsieur Moisan ; notre paysserait encore sous le joug hitlérien.Mme la présidente. Veuillez garder lesilence, messieurs et permettre à l'orateurde poursuivre son exposé.M. Ouezzin Coulibaly. Des ordres ontdonc été donnés; certains présentent uncaractère coniidentiel. Je tiens à citer notammentle télégramme chiffré suivant,adressé par le Gouvernement à tous lescercles de sa juridiction, deux jourspeine avant les élections.Voici ce télégramme :« A tous cercles, le 25 juin 1948:« 148 c 32916 11731 16384 74959 3448701438 59333 60992 61640 06234 40468 6183005083 17093 01071 58653 16062 62743 0135912610 03150 57622 37643 46368 02937 6535401272 06847 Mouragues.« Sûreté Bobo:« 149 cab/c 64616 16772 .70287 16382 1714774978 08715 01272 12699 Mouragues. »M. Maurice Lucas. Alors ?M. Ouezzin Coulibaly. Alors, ceux quipourront se faire traduire ce télégramme,chiffré d'après le code administratif, comprendrontqu'il ordonne expressément auxadministrateurs d'intervenir dans les élections.Si j'ai tenu à en faire connaître la teneurc'est, d'une part, pour que le gouverneurqui l'a signé et qui sait que ledébat sur les opérations électorales de iaHaute-Volta a lieu aujourd'hui à l'Assemblée,et d'autre ¡part, les autres gouverneurset les administrateurs qui possèdentle code de déchiffrement, sachent quenous avons percé à jour ces manœuvres.11 faut qu'on sache que le gouverneur amanqué A sa mission de »représentantofficiel de la France pour n'être plus qu'unhomme politique.M. le rapporteur. Ce n'est pas le gouverneurqui a fait inscrire ce débat àl'ordre du jour de l'Assemblée, mais laconférence des présidents.M. Ouezzin Coulibaly. Certes, mais lesélections ont été truquées en Haute-Voltapar le gouverneur, qui s'est conduitcomme un chef de file ipolitique menantcampagne au heu de se cantonner dansson rôle administratif.M. Jean Félix-Tchicaya. Ce gouverneuraurait été plus loyal en faisant personnellementacte de candidature.M. Fernand Grenier. Cela aurait étémoins hypocrite.M. Ouezzin Coulibaly. Je vous apportecette affirmation parce que je fiais

1680 ASSEMBLEE NATIONALE — 1« SEANCE ' DU 22 MARS 1949M, Ouezzin Coulibaly. C'est possible»mais vous venez <strong>de</strong> dire qu'il fa<strong>la</strong>it venirimmédiatement pour saisir l'Assemblée.M. Louis-Paul Aujou<strong>la</strong>t. J'ai dit qu'il yaurait eu intérêt à saisir l'Assemblée nationaleplus tôt.M. Ouezzin Coulibaly. En tout cas, enAfrique noire, <strong>la</strong> situation est telle que jeviens <strong>de</strong> l'exposer. Toutes vos contestationssont vaines. P<strong>la</strong>cés en face <strong>de</strong> cettesituation, il vous appartient <strong>de</strong> prendrevos responsabilités.Dans le cercle <strong>de</strong> Ouagadougou, sur30.615 inscrits, il y a eu 22.916 votants,soit 74 p. 100 <strong>de</strong> votants.Dans le cercle <strong>de</strong> Ouahigouya, sur 26.761inscrits, il y a eu 22.652 votants, soit84 p. 100 <strong>de</strong> votants.Dans le cercle <strong>de</strong> Kaya, sur 8.057 inscrits,il y a eu 5.087 votants, soit 63 p. 100<strong>de</strong> votants.Dans le cercle <strong>de</strong> Koudougou, sur'13.880 inscrits, il y a eu 11.414 votants,soit 82 p. 100 <strong>de</strong> votants.Voilà pour les quatre grands cerclesmossis. En établissant un pourcentage générai,on constate que les Mossis ont votédans <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> 75 p. 100.Maintenant, je vais comparer ce résultats<strong>de</strong>s pays Mossi à ceux <strong>de</strong>s pays BoboIl y a quatre cercles non Mossi.Dans le cercle <strong>de</strong> Bobo-Diou<strong>la</strong>sso où ily avait 16.985 inscrits, on n'a fait voterque 6.654 électeurs, soit 33 p. 100 <strong>de</strong>s inscrits;dans le cercle <strong>de</strong> Gaoua, qui comprenait6.434 inscrits, il y a eu 2.476 vo<strong>la</strong>nts,soit 38; p. 100 <strong>de</strong>s inscrits ; dans lecerçle <strong>de</strong> Tougan, sur 12.668 inscrits, ily a eu 4.422 votants, soit 34 p. 100 <strong>de</strong>sinscrits, dans le cercle <strong>de</strong> Dori, sur 5.121inscrits, il y a eu 868 votants, soit 16 pour¡cent <strong>de</strong>s inscrits.Si l'on se réfère à ces pourcentages, onconstate que les quatre cercles non Mossiont voté dans une proportion <strong>de</strong> 30 p. 100,alors que les cercles Mossi ont voté à75 p. 100.On ne peut, je crois, que s'étonner <strong>de</strong>pareils résultats. Un même territoire estdivisé en <strong>de</strong>ux parties : dans l'une, on voteà 75 p. 100, dans l'autre, à 30 ç. 100!Il est c<strong>la</strong>ir, d'une part, que si, commele prouve l'entretien du gouverneur Mouraguesavec M. Larbat, on n'avait pas fixéles élections au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> saison <strong>de</strong>spluies, il n'aurait pas été possible <strong>de</strong> réduirele pourcentage <strong>de</strong> cette façon»Les non Mossi, tout le mon<strong>de</strong> le sait,dans notre territoire, sont plus ouvertsaux questions politiques que les Mossi.Ils seraient venus en masse et <strong>la</strong> manœuvre<strong>de</strong> diversion aurait échoué.A <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> cette manœuvre, rendueseulement possible grâce à <strong>la</strong> situationoccupée par M. Mouragues dans lecabinet <strong>de</strong> M. le ministre Coste-Floret,nous pouvons déplorer qu3 les bureauxdu ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> France d'outre-mer nesoient plus qu'un cabinet d'affaires.En second lieu, si le même pourcentage<strong>de</strong> votants — soit 75 p. 100 — avait étéobtenu partout, <strong>la</strong> liste du rassemblementdémocratique africain aurait recueilli38.787 suffrages au lieu <strong>de</strong> 15.000. C'étaitpossible.La liste voltaïque, avec ces 71.304 voix,aurait alors remporté le premier siège,le second, serait revenu à <strong>la</strong> liste du rassemblementdémocratique africain, dontles 38.000 voix auraient a <strong>la</strong> prépondérancesur les 35.000 <strong>de</strong> <strong>la</strong> liste voltaïque.Si, au contraire, les <strong>de</strong>ux parties du territoireavaient voté comme les cercles nonMossi, c'est-à-dire dans ,1a proportion <strong>de</strong>30 p. 100.— c'est celle qui fut enregistréedans, le cercle .<strong>de</strong> Bobo— <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>sMossis aurait recueilli 28.536 yoix.Cette liste — en face <strong>de</strong> <strong>la</strong> nôtre recueil<strong>la</strong>nt15.515 voix — aurait remporté,là encore, le premier siège. Le secondnous serait revenu, le troisième al<strong>la</strong>nt ànos adversaires.La répartition <strong>de</strong>s sièges, vous le voyez,aurait été différente. C'était là le reflet<strong>de</strong> l'opinion <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions qui peuplent<strong>la</strong> Haute-Voîta.Mais, puisqu'une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tiona été frustrée <strong>de</strong> sa représentation, puisquel'occasion nous est donnée <strong>de</strong> dénoncerune forme d'oppression que personnene voudra soutenir à cette tribune, pasmême ceux qui en ont usé, il n'y a pas<strong>de</strong> mots assez ru<strong>de</strong>s, assez durs, pour qualifierces hommes qui profitent <strong>de</strong> leursituation administrative et <strong>de</strong>s prérogativesqu'elle comporte pour influencer lesmasses africaines afin <strong>de</strong> les détourner <strong>de</strong>leurs aspirations profon<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> leur fairedire le contraire <strong>de</strong> ce qu'elles veulentdire.Tous ceux qui ont assisté à ces électionsn'ont pas caché leur indignation<strong>de</strong>vant les moyens employés. Et, avec ensemble,nous avons répété que <strong>la</strong> Francevenait d'être trahie en Haute-Volta.J'ai accusé et j'accuse M. Mouraguesd'avoir trahi sa mission, qui était <strong>de</strong> représenter<strong>la</strong> France, <strong>de</strong> n'être que l'arbitredans cette lutte politiqueIl a mis l'appareil <strong>de</strong> l'Etat en action, etje voudrais apporter d'autres affirmationsqui ne sont pas les nôtres.Voici ce qu écrit un journaliste, auparavantattaché parlementaire auprès <strong>de</strong>l'Assemblée nationale, lorsque M. MariusMoutet était ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> France d'outremer...M. Jean Félix-Tchicaya. Comment s'appelle-t-il?M. Ouezzin Coulibaly. Paul Seligmann.Voici un extrait <strong>de</strong> son article :« Le dimanche 27 juin est arrivé. Grâceà Mouragues, qui a bien mérité die <strong>la</strong> rueOudinot, Maniglier a retiré sa liste. Sesvoix iront grossir celles <strong>de</strong> <strong>la</strong> liste officielle.Ainsi est réalisé un front communcontre le pauvre parti R. D. A., le partipaysan.« Il ne reste plus qu'à p<strong>la</strong>cer dans lesbureaux <strong>de</strong> vote les hommes <strong>de</strong> confianceet à réaliser les <strong>de</strong>rnières intimidations.€c Que s'est-il passé dans certains bureaux<strong>de</strong> vote ? Ceux qui ont vu affirmentque les électeurs, transportés pai camions,ont voté dans plusieurs bureaux différents ;que dies fausses cartes ont été distribuées ;que <strong>de</strong>s électeurs régulièrement inscritsn'ont pu avoir <strong>de</strong> carte ; que <strong>de</strong>s intimidationsont été pratiquées à l'intérieur même<strong>de</strong>s bureaux <strong>de</strong> vote.« Soucieux d'impartialité, je n'écriraique ce que j'ai vu.« J'ai vu au bureau <strong>de</strong> vote installé aucercle <strong>de</strong> Ouagadougou, au mépris <strong>de</strong> <strong>la</strong>loi, un agent <strong>de</strong> police, exécutant les consignesreçues, stationnant à l'intérieur dubureau <strong>de</strong> vote, arracher à un militairele bulletin die vote au nom <strong>de</strong> Ali Barrau<strong>de</strong>t lui mettre dans <strong>la</strong> main le bulletin officiel,en lui disant : « C'est celui-ci lebon ».« J'ai vu le commissaire <strong>de</strong> police <strong>de</strong>Ouagadougou, le sieur Boutillon, prendreun bulletin <strong>de</strong> vote <strong>de</strong> <strong>la</strong> liste Guissou, lemettre dans une enveloppe et <strong>la</strong> remettre àuno femme qui l'accompagnait.« Au délégué du R. D. A. qui protestaitet qui <strong>de</strong>mandait au prési<strong>de</strong>nt diu bureau<strong>de</strong> vote <strong>de</strong> consigner ce fait au procèsverbal,j'ai entendu ce commissaire, tournévers le prési<strong>de</strong>nt, l'in<strong>de</strong>x pointé à <strong>la</strong> Mussolini,s'écrier : « Ecrivez aussi que c'estle commissaire <strong>de</strong> police qui a fait ce<strong>la</strong>, »Comme si le fait d'être i mmissaire <strong>de</strong> po*lice donnait droit d'enfreindire <strong>la</strong> loi.« Ces <strong>de</strong>ux faits sont symptomatiques efsuffisent à eux seuls pour affirmer queles opérations électorales <strong>de</strong> Haute-Volts*ont été dirigées par l'administration.« C'était le but <strong>de</strong> cet article. »A Dakar, parait un journal, Les Echmafricains, dont le directeur est R. P. F. etn'a, par conséquent, aucune re<strong>la</strong>tion politiqueni avec M. Paul Seligmann, qui ¿técrit le précé<strong>de</strong>nt article, ni avec nous, quinous référons à son journal parce que,pour une fois, il a dit franchement ce qu'ilpensait, L'article que je vais citer dsM. Voisina Voilà <strong>la</strong> dépense française! Les élee*tions truquées ! L'administration ment !cc I or c q :e l'administration prétend quelles eiecxions, en Afrique, sont libres, l'ad*ministration ment.« Lorsque <strong>de</strong>s gouverneurs, voire mêmele gouverneur général, affirment que l'administrationn'intervient jamais dans lesvotes, ces gouverneurs, voirer même legouverneur général, mentent.« Nous prétendons, nous, après d'autresjournaux, d'autres journaux qui n'ont pasdu tout nos opinions, que les élections duNiger et e~ Haut« Volt eut été truquéesaprès cdkr <strong>de</strong> Gu née, <strong>de</strong> Dakar, <strong>de</strong>' Sunt Loui", etc.« Nou° action l'pdm st tma d'avoir•fore <strong>la</strong> main au^ ma* e illett~ées pourque celles ci mettent dans l'urne <strong>de</strong>s bulletins<strong>de</strong> voie permettant <strong>la</strong> nomination <strong>de</strong>scandidats gouvernementaux.« C'est une honte ! Au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie,nous protestons violemment. Nousautres Français, nous n'admettrons jamaisque <strong>la</strong>

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