Inauguration de la restauration de la galerie des Glaces du ... - Vinci

Lundi 25 juin 2007Inauguration de la restaurationde la galerie des Glacesdu château de VersaillesL’aboutissement d’un mécénat inédit .................................................................................. 1Les trésors de la galerie des Glaces redécouverts ............................................................ 2Quatre années d’un chantier exceptionnel .......................................................................... 6Le soutien du Conseil scientifique ....................................................................................... 9Les différentes campagnes de restauration ..................................................................... 10Autour de la restauration .................................................................................................... 11Extraits du dernier Conseil scientifique ............................................................................ 12Développé de la voûte avant et après restauration (poster)

La restauration de la galerie des Glaces est la plus importante opération de mécénat culturel jamais réalisée en France. D’un montant de 12 millionsd’euros et réalisés dans le cadre innovant d’un mécénat de compétences, les travaux ont entièrement été pris en charge par VINCI, à qui la maîtrised’ouvrage de ce chantier avait été confiée.L’aboutissementd’un mécénat inéditLa restauration de la galerie des Glaces s’est inscrite dansle cadre d’un mécénat de compétences : un partenariat detype nouveau qui engage le mécène au-delà de l’aspectfinancier. VINCI a mis au service de l’établissement publicde Versailles son expertise de management de projet etson expérience dans la restauration, la conservation et lamise en valeur du patrimoine.Plusieurs filiales du Groupe ont mis leurs compétencesau service du projet : Socra (filiale de VINCI Construction)pour les marbres et les bronzes, Degaine (filialede VINCI Construction) pour les travaux de maçonnerie,Sdel Artec (filiale de VINCI Energies) pour les travauxd’électricité et de mise en valeur par la lumière de lagalerie. Les installations de chantier et la coordinationsécurité-prévention-santé relevaient également descompétences du Groupe. Comme pour tous les lots,leur attribution a été soumise à la décision du Comitéde pilotage, entité mixte composée de représentantsde l’établissement public de Versailles, de l’Inspectiongénérale des monuments historiques et de VINCI.Mettre à disposition les compétences du groupe VINCIdans le cadre de cette restauration a donné au projet unedimension supplémentaire, au-delà d’un simple apportfinancier, impliquant le groupe VINCI et ses salariés,concrétisant une nouvelle forme de partenariat publicprivé et déplaçant les frontières du mécénat.Un mécénat innovantUne convention-cadre entre l’établissement public deVersailles et VINCI a défini les modalités de ce nouveaupartenariat entre le domaine public et l’entreprise.Par le biais d’une autorisation d’occupation temporaire(AOT), le ministère de la Culture et de la Communicationa confié à VINCI la maîtrise d’ouvrage du projet derestauration.1

Dans le cadredu mécénatde compétences,la restaurationdes marbreset des bronzesa été confiée à Socra,filiale de VINCI.Les travaux demaçonnerie (Degaine)et d’électricité (SdelArtec) ont égalementété assuréspar des entreprisesdu Groupe.Les installationsde chantieret la ventilationont égalementété confiéesà des entreprisesde VINCI,respectivementDumez Ile-de-France et Lefort-Francheteau.C’est la première fois en France qu’une mission de cetteampleur est confiée à une entreprise privée. En faisantce choix, l’établissement public de Versailles a fait celuide l’innovation et d’une implication maximale du mécènedans la gestion du chantier et le respect des délais,puisque, en accordant la maîtrise d’ouvrage du projet àVINCI, la responsabilité de ce dernier était engagée surtoute la durée de l’opération. Il s’agissait du premier projetde mécénat de compétences de cette dimension et decette portée.VINCI était donc responsable de la bonne gestion de ceprojet pendant toute la durée des travaux, même si lesmissions de contrôle et de surveillance relevaient desinstitutions du ministère de la Culture, dans le respectde la loi de 1913 sur les monuments historiques. Lamaîtrise d’œuvre est naturellement revenue à l’architecteen chef des monuments historiques en charge duchâteau de Versailles, Frédéric Didier. Ce dernier étaitassisté d’un comité de suivi composé de représentantsde la Direction de l’architecture et du patrimoine et de laDirection des Musées de France.Et pour que cette restauration soit incontestable, unconseil scientifique, composé d’experts de la peintureet de l’architecture du XVII e siècle reconnus mondialement,a validé toutes les méthodologies et interventionsde cette opération.La restauration de la galerie des Glaces montre que, ens’attachant à définir dans un cadre contractuel précisles missions et prérogatives de chacune des parties, lemécénat d’entreprise peut se transformer en un véritablepartenariat au service de la collectivité. ■

Retrouverla tonalitédu pigmentde lapis-lazulidans les cieuxa été unedes plus grandessurprisesde ce chantier.Une des décisionsmajeuresdu Conseil scientifiqueinternationala été de restitueraux cartouches leursinscriptions en bleu desmalt sur fond or.Les trésors de la galerie des GlacesredécouvertsLes découvertes réalisées au coursde la restaurationUn bleu unique et précieuxAu début du chantier, en septembre 2004, lors de la réalisationdes premiers tests de nettoyage, la découvertede la couleur d’origine des cieux a été une très grandesurprise. Il s’agissait d’un bleu très particulier et trèslumineux qui avait bien résisté au temps, le bleu lapislazuli,qui tient son nom d’un pigment de grande valeurextrait de la pierre de lapis-lazuli broyée. L’ensemble dela voûte est aujourd’hui illuminé de cette nuance retrouvéeet chère à Le Brun.Le nettoyage des peintures a également permis de révélerl’éclaircissement des toiles au fur et à mesure quel’on se déplace vers le sud de la galerie. Cet effet voulupar Le Brun sur les peintures va de pair avec les scènesqu’elles représentent et la résolution des conflits menéspar Louis XIV. En effet, du nord au sud de la galerie, lespeintures de Le Brun accompagnent le peuple françaisde la guerre à la paix, d’où cette progression très régulièrede l’éclaircissement et de la pureté du bleu. Intentionque l’on retrouve au travers d’un autre bleu présentdans les peintures de la voûte. Il s’agit du bleu de smaltplus largement utilisé car moins onéreux, il a été utilisédans les médaillons octogonaux pour peindre les personnagesqui apparaissent de plus en plus clairs vers le sudde la galerie. C’est le résultat d’un changement volontaireet toujours symbolique de la technique utilisée par Le Brunpar l’ajout de blanc et de lapis-lazuli au bleu de smalt.La véritable couleur des cartouchesCette première restauration intégrale de la galerie desGlaces a permis de révéler des états historiques demeuréscachés jusqu’alors.Un des exemples les plus intéressants est la redécouvertede la véritable couleur de fond des cartouches portantles inscriptions qui légendent les diverses scènesde l’histoire du roi. Ces derniers avaient en effet subi unchangement d’option chromatique par rapport à leur2

Après restauration, l’usuredu bleu a été atténuéeet le repentir de Mercurea complètement disparu.Lors desopérationsde nettoyage,la couchepicturale,parfois usée,a laissé entrevoirce qu’on appelledes repentirs :élémentsde la toile queLe Brun a luimêmedécidéde déplacerou d’effacer.état d’origine : ornés d’inscriptions en bleu de smalt surfond or lors de l’édification de la galerie, leurs inscriptionsavaient été effacées pendant la Révolution, pouranéantir toute expression du pouvoir royal. La dorure àla feuille d’or qui donnait la couleur de fond avait ainsiété recouverte de bronzine. Mais l’évolution de ces deuxmatériaux n’est pas la même, et le fond des cartouchesa progressivement verdi à cause de l’oxydation de labronzine. Ainsi lors de la campagne de restauration dudébut du XIX e siècle, cette nouvelle teinte avait été interprétéecomme étant la couleur d’origine, et avait ainsiété renforcée sur l’ensemble des cartouches de la voûte.Ce n’est qu’au cours de la dernière restauration queleur véritable couleur d’origine a été révélée, grâce auxsondages pratiqués par les restaurateurs et aux étudesstratigraphiques du centre de recherche et de restaurationdes musées de France.Le Conseil scientifique international a voté à la majoritédes voix pour un retour à des fonds dorés, optant ainsipour un retour à un état XVII e siècle en cohérence avecl’ensemble des décors.Le repentir de MercureLors des opérations de nettoyage, la couche picturale originale,parfois usée, a laissé entrevoir ce qu’on appelle desrepentirs : des éléments ou des personnages que Le Brunlui-même avait décidé de déplacer ou d’effacer. La couchepicturale qui avait servi à masquer ces élémentsdevenant plus ou moins transparente avec le tempspeut entraîner la réapparition des premières esquissesdu peintre. Des analyses stratigraphiques sont réaliséessur des micro-particules de peintures pour identifier lesdifférentes couches de peinture superposées et les daterafin de confirmer ou non la présence d’un repentir.Plusieurs repentirs ont été découverts sur les peinturesde la voûte, reflets des hésitations de Le Brun face à unecomposition si complexe ; ils sont le témoignage du travailaccompli pour harmoniser entre elles ces grandestoiles peintes au sol avant d’être marouflées à la voûte.Le repentir de Mercure, placé sur la toile centrale représentantd’un côté la France et de l’autre ses puissancesennemies, est révélateur de ce travail d’harmonisation etde recomposition. C’est suite au nettoyage du ciel, qui apermis d’enlever les repeints et autres couches de vernis,qu’un autre Mercure est apparu, beaucoup plus décentré.Cette découverte a révélé le placement initial du personnageque Le Brun avait modifié par la suite pour lerecentrer.

En parallèledes premiers testsde nettoyage,des consolidationsd’urgenceont été pratiquéessur certainestoiles comme icisur Mesuresdes Espagnolsrompues parla prise de Gand,1678.Des lacunes importantesdues à l’usure ou auxdéposes successivesperturbaient la lisibilitéde certaines toiles(photo de gauche).Après la réintégration,ces lacunes ont étécomblées et les toilesont retrouvé leur étatd’origine voulupar Le Brun(photo de droite).Les volets de la restaurationLa restauration des peintures, des dorureset des sculpturesLES PEINTURESŒuvres du premier peintre du roi, Charles Le Brun, cesdécors sont avant tout au service de la politique royale.Ils relatent les grandes victoires de Louis XIV ainsi queses actions de politique intérieure (arrêt des duels, réformationde la justice, etc.). Pour la première fois dans cetype de décor, la personne du roi est mise en situationalors que les règles de l’époque voulaient que ce soientdes sujets mythologiques qui se fassent l’interprète desvaleurs royales.Le roi était d’abord peint sur chevalet, par respect de sapersonne. Le tableau était ensuite réintroduit dans lesdifférentes toiles de la voûte. Lors des précédentes restaurations,ces peintures ont été déposées et abîmées.Des fragments se sont détachés et n’ont pas toujoursété réintroduits correctement. Les restaurateurs ontainsi découvert un formidable puzzle dont les piècesavaient parfois été remarouflées au mauvais endroit.La restauration de ces peintures a représenté un travaillong et délicat sur lequel se sont attelés en permanenceune quarantaine de restaurateurs. La gageure résidaitLes principales étapes• Dépoussiérage par aspiration(après repérage et préconsolidationdes zones fragiles)• Consolidation, refi xageet recollage des enduitset des peintures• Décrassage des peintures• Allègement des vernisde restauration appliquésau XX e siècle• Purifi cation des repeints issusdes restaurations antérieures• Réintégration picturale• Protection fi naledans la volonté de redonner au plafond toutes les nuanceschromatiques des peintures originales de CharlesLe Brun qui avaient été dénaturées par les campagnesde restauration des XIX e et XX e siècles. L’intervention dugroupement de restaurateurs a permis de se rapprocherdu premier état voulu par le peintre du roi lors de laconception de la galerie des Glaces.3

Outre le nettoyage, qui devait rester très mesuré, les restaurateursont repris les dorures selon les techniques de l’époque.Les principales étapes• Dépoussiérage au pinceau et àl’aspirateur (après isolation des zonesfragiles)• Prérefi xage et consolidation des partiescassées et mobiles• Reconstitution par moulage des partiesmanquantes• Nettoyage des dorures anciennes• Réintégrations ponctuelles de dorureà l’eau• Harmonisation des doruresLes éléments fissurés ou cassés ont été recollés et remaillés tandis queles parties lacunaires ont été complétées.LES SCULPTURES ET LES DORURESLes nombreuses compositions en stuc - trophées,cartouches, guirlandes - propres à magnifier la voûtede la galerie ont fait l’objet d’un nettoyage et d’unereprise particulièrement soignés. Les éléments fissurésou cassés ont été recollés et remaillés tandis queles parties lacunaires ont été complétées. L’équipe derestauration a adapté ses méthodes selon l’état dessculptures : par injection, par imprégnation ou encoreau goutte-à-goutte. À l’instar des peintures, la lisibilitédes dorures avait été brouillée par les restaurationssuccessives, et souvent excessives, qui ont nécessitéun travail d’observation, de sondage et d’analyse afinde rétablir l’harmonie générale de l’ensemble. Outrele nettoyage, extrêmement mesuré, les restaurateursont réalisé des dorures neuves selon les techniques del’époque afin qu’elles se fondent dans les anciennes.

Le miroitier Vincent Guerre a remplacé 40 miroirs de facture trop récenteou cassés par d’anciens miroirs au mercure.Les principales étapesLa restauration des miroirs de la galerie des Glacesa été réalisée en quatre phases :• Dépose des glaces et vérifi cation du support• Remplacement des glaces à l’argenturepar des glaces au mercure• Traitement des piqûres et des altérations du tain• Nettoyage fi nalLes 357 miroirs de la galerie reflètent les différents éléments du décor,comme ici les girandoles.La restauration du décor architectural :miroirs, bronzes d’art et marbresLa renommée de la galerie des Glaces provient toutautant de ses imposants lambris de marbres polychromesque de ses 357 miroirs au mercure. La restaurationde ce décor architectural unique, qui a démarré en janvier2005, a été organisée en trois lots distincts.LES MIROIRSLes miroirs ont été déposés tandis que les parquets deglaces ont été vérifiés et confortés. Les glaces endommagéesont été remplacées par des glaces au mercurequi étaient auparavant stockées dans les magasins duSénat. Elles ont été biseautées à l’identique.À l’origine, le chantier de fourniture et de pose des glacesde la galerie est intervenu à la phase d’achèvementdu projet entre 1683 et 1684. Cet ultime embellissementporte à la perfection le décor qui a nécessité de pousserles techniques de l’époque à leurs extrêmes limites. Uneprouesse architecturale d’abord, car, sur chacune des17 arcades qui font face aux portes-fenêtres, 21 glacesreflètent les somptueux jardins de Le Nôtre, faisant dela galerie un espace presque sans limite et encore inéditdans les palais européens du XVII e siècle.Une prouesse technique ensuite, car la fabrication deces glaces, dites « au mercure », nécessitait d’appliquerune décoction d’étain et de mercure mélangés à chaudsur une plaque de verre. L’étain collait à la surface duverre, alors que le mercure s’écoulait laissant une coucheargentée, appelée l’étamage. Ce procédé était trèstoxique à cause des vapeurs de mercure, il a empoisonnéde nombreux ouvriers jusqu’à ce qu’un nouveaumode de fabrication des glaces soit inventé en 1837 :4

Détail d’un trophéede Ladoireau en bronze.Les embases de pilastre ont été déposées pour être nettoyéeset ponctuellement redorées.Différents pigments ont été utilisés pour traiter les usureset les lacunes des marbres au cas par cas.l’argenture. Les glaces au mercure seront interdites en1850 par l’État.Cette technique était apparue à la fin du XV e siècle en Italieà Murano, une île de la lagune de Venise. À l’époquede la construction du château de Versailles, la productionde ces glaces se faisait à une échelle semi-industrielleet les secrets de fabrication étaient jalousement gardéspar la République de Venise. C’était compter sansColbert et son dévouement aux plus grandes ambitionsroyales. Des ouvriers vénitiens auraient été débauchés,voir, kidnappés, et seraient ainsi venus travailler de forceà la manufacture de Tourlaville dans le Cotentin (devenueManufacture royale de la glacerie), qui fonctionnerade 1667 à 1834. Mais la chute du monopole de Venisene fut pas sans conséquences, de nombreux ouvriersfurent assassinés pour avoir trahi la Sérénissime.LES BRONZESCe lot de travaux comprenait la restauration d’élémentsornementaux multiples et variés - trophées, chutes,bases de pilastres et de colonnes, pare-closes de glaces,targettes, verrous, boutons de tirage, espagnolettes,tringlerie - façonnés dans des matériaux différents- bronze coulé, fer forgé, laiton, etc. Les parties manquantesont été restituées à partir de moulages sur lesoriginaux. Les éléments les plus abîmés ont été déposéspour être nettoyés ou remplacés lorsque cela étaitnécessaire, la priorité étant de conserver les élémentsanciens.Les différents types de marbredans la galerie des GlacesLe célèbre marbreblanc de CarrareSon origineitaliennene contribuepas à fairede la galerieune vitrinede la France.Son emploi,comme le marbrecalacatta, seradonc limitéaux frises,moulures et autresencadrementsdes marbresde couleurpermettantde mettreen valeurces derniers.Le marbre rouge,Rance de BelgiqueUtilisé pourles pilastreset les colonnesrythmant le décorarchitectural,il était exploitédans une province,alors française,dont la carrières’appelle encoreaujourd’huile « troude Versailles »,tant sonexploitationpour le châteaua été importante.Le Vert Campan,le Campangrand mélangeet rubané et leSarrancolin IlhetCes marbresproviennentdes Pyrénéeset leuracheminementétait onéreuxet compliqué.Mais il fallaitabsolumentdu marbre françaispour orner lagalerie des Glaces.Cette contrainten’avait pas de prixpour Louis XIVet Colbert.

Après un nettoyage adapté aux différentes couleurs de marbre, lesrestaurateurs procèdent au ragréage des épaufrures, usures et autres lacunes.Les principales étapesPour réaliser les ragréages, les restaurateurs mélangent de la chauxou du plâtre et de la poudre de marbre teintée de pigments naturels.La restaurationa consisté à remettreen valeur l’ensembledes marbres polychromes(lambris verticaux,voussures, embrasures,tapis d’ébrasements, etc.)provenant de France,d’Italie et de Belgique.Les étapes ont étéles suivantes :• Dépoussiérage généralet nettoyage doux• Reprise des usures,lacunes et épaufrurespar des ragréages à basede chaux, de plâtreet de poudre de marbreteintés de pigmentsnaturels adaptésà chacune des sixvariétés de marbresprésents dans la galerie• Reprise des jointsau plâtre• Pose de bouchonsde marbre si les lacunessont importantes• Application d’une ciremicrocristallineen traitementde fi nition et lustrageLES MARBRESLes travaux comprenaient la remise en valeur de l’ensembledes marbres polychromes situés sur les lambrisverticaux, les voussures, les embrasures, le tapis d’ébrasementet la frise périphérique : un travail délicat qui aconsisté à traiter les usures et les lacunes au cas par cas.Les marbres ont ensuite fait l’objet d’un traitement definition afin de restituer leur éclat sans pour autant ôterla patine ancienne. Jules Hardouin-Mansart a conçupour la galerie des Glaces un impressionnant et subtildécor architectural d’environ 1100 m 2 de lambris et dedallages en marbres polychromes, provenant de différentesrégions européennes. Six sortes de marbres sontainsi savamment assemblés autour des portes-fenêtreset des portes-glaces. Le choix des marbres utilisésdans la construction de la galerie est particulièrementrévélateur de la volonté du Roi Soleil de faire de cettedernière, en plus d’un instrument politique au servicede ses ambitions, une véritable vitrine des richesses etdes savoir-faire français au XVII e siècle.5

La restaurationdes bronzess’est aussiportée surde multiplesélémentsde serrurerie :targettes, verrous,boutonsde tirage,espagnolettes,tringlerie,et comme iciles pomelles.Les portes-fenêtres ont été redorées selon la technique de l’époque,avec une dorure à la mixtion.Les pare-closes et les cabochons des portes-glaces ont tous été nettoyéset parfois redorés.La restauration des éléments menuisésLes travaux ont consisté à vérifier les parquets des portes -glaces et à reprendre les éléments de menuiserie abîmés.Des trappes et des placards ont également étéaménagés dans les locaux techniques. Au préalable,les 770 m 2 de parquet de la galerie des Glaces ont étéentièrement refaits à neuf selon le modèle de Roubo deMazerolles, durant la phase de travaux préliminaires demars à mai 2004, sans jamais limiter l’accès du public àla galerie.LES PORTES-FENÊTRESUne fois les menuiseries et les éléments de serrurerierestaurés, les portes-fenêtres ont été redorées. Cettenouvelle dorure est la restitution d’un état qui a perduréjusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Des traces de dorureà la mixtion ont été mises en évidence sur les impostesdes portes-fenêtres grâce à des investigations menéesen cours de chantier.Les tiges d’espagnolette ont également été redorées.À l’origine, elles étaient en bronze doré au mercure.Changées en 1814 par Feuchère, elles avaient alors étépeintes avec un vernis noir qui a été conservé et resteaujourd’hui protégé sous la dorure. ■

Vue générale de la galerie des Glaces, entièrement restaurée.Quatre années d’un chantierexceptionnelDu projet au chantierLe mécénat de la restauration de la galerie des Glacesdevait permettre d’étudier et de mieux connaître lessavoir-faire qui ont contribué à l’édification de la galeriedes Glaces et d’approfondir la connaissance historique dumonument en faisant appel aux meilleurs spécialistes decette période. Dans l’idée de transmettre aux générationsfutures un monument entièrement restauré au plus prochede son état d’origine, cette restauration a été définie àpartir d’études historiques et scientifiques. Pour atteindreces objectifs ambitieux, VINCI et l’établissement public deVersailles ont mis en place une organisation et une logistiquesans précédent, à la hauteur du chantier à mener.Du diagnostic à l’installation du chantierPour engager un chantier de cette ampleur, une étudepréalable a été menée sous la conduite de l’architecteen chef des monuments historiques afin de définir précisémentle programme des travaux à engager pour larestauration de la galerie des Glaces.La galerie des Glaces a ainsi été minutieusement auscultéependant les quatre premiers mois de l’année 2003.Au total, une cinquantaine d’experts s’y sont succédéspour réaliser l’étude préalable aux travaux de restaurationlancés en 2004. Plusieurs équipes de restaurateursont effectué des relevés et des analyses,traquant les moindres fissures, micro-organismes etdécollements de toile sur les peintures, et ont réalisédes prélèvements pour déterminer la compositiondes différents matériaux (peinture, liant, colle, supports,etc.). Grâce à deux procédés photographiques,l’un à rayons ultraviolets, l’autre à lumière rasante,ils ont décelé les inscriptions et les tracés recouvertslors des restaurations antérieures. Parallèlement,des tests holographiques ont aussi été réalisés pourtenter de mieux connaître l’état de la voûte. Cet examende la galerie a également permis de procéder àun relevé photogrammétrique afin d’établir un documenten trois dimensions, précis au millimètre près,de l’état de la galerie avant et après les travaux (voirposter joint).Une visite de la galerie des Glaces en 3D est visible sur lessites : www.vinci.com/mecenat, dans la rubrique Multimédiaainsi que sur le site www.gvn.chateauversailles.fr.6

Au coursdes travauxpréliminaires,les 770 m 2de parquetde la galerieont étéremplacésen moinsde trois mois.Les différents lots de travauxUn éclairage modulable composé de 220 nouvelles sources lumineuses a étéspécialement conçu pour la galerie des Glaces par Sdel Artec, de manièreà révéler les moindres détails du décor restauré.Une organisation concertéeDès mars 2004, le chantier a véritablement commencépar les travaux de remise à neuf du parquet et le montaged’un échafaudage sur la moitié nord de la galerie. La miseen place de la « logistique » du chantier a été menée enconcertation avec plusieurs intervenants : les services del’établissement public comme utilisateurs et contrôleursainsi que les ouvriers et artisans. L’échafaudage a étéconçu en étroite liaison avec les restaurateurs pour êtremodifié selon leurs besoins. Une importante installationde ventilation du chantier fut mise en place pour limiterla gêne procurée par l’utilisation de solvants pour nettoyerles décors, et réguler la température sous la voûte ; celapermit aux équipes de travailler dans de meilleures conditionssur une plate-forme de 460 m 2 qui offrait presque lemême confort qu’un atelier de restauration.Lors de ces opérations, une conduite du chantier méthodiquea permis de mener à bien les travaux dans des conditionsremarquables d’efficacité et de respect des délais.Pour ce faire, les calendriers de travaux préparés par lamaîtrise d’œuvre se devaient d’être extrêmement précis.• Lot 1 : installations de chantier – protections :DUMEZ Ile-de-France (fi liale de VINCI Construction),Entrepose échafaudages, SARL Bruno et Nicole Martin• Lot 1bis : ventilation du chantier :Lefort-Francheteau (fi liale de VINCI Energies)• Lot 2 : maçonnerie – plâtrerie :Degaine (fi liale de VINCI Construction)• Lot 3 : restauration des marbres :Socra (fi liale de VINCI Construction) et DBPM• Lot 4 : menuiserie bois – charpente bois :Ateliers Saint-Jacques, les Parquets Briatte• Lot 5 et 6 : restauration des peintures, sculptureset dorures :Les Restaurateurs Associés – Cinzia Pasquali,Véronique Sorano, Alain Roche, Maria-GabriellaDe Monte, Lucien et Nicolas Mariotti• Lot 7 : restauration des bronzes d’art :Socra (filiale de VINCI Construction) et Antoine Amarger• Lot 8 : miroiterie :Vincent Guerre• Lot 9 : peinture :SN Martial Lacour• Lot 10 : électricité :Sdel-Artec (fi liale de VINCI Energies)Il fallait souvent caler des interventions à certaines heuresde la journée (en raison de la présence du public) pourassurer une parfaite synchronisation entre les entreprises(électriciens et parqueteurs, par exemple). C’est le mêmesouci de rigueur et d’efficacité qui a conduit à la mise enplace des règles de sécurité et de prévention santé ainsiqu’à la réalisation d’installations de chantier spécialementadaptées au travail des restaurateurs.

Composé d’experts de la peinture et de l’architecture du XVII e siècle, le Conseil scientifique international s’est réuni une douzaine de fois aux étapes clésdu chantier, afin de veiller aux orientations déontologiques et techniques de la restauration.La conduite des opérationsDès le début du projet, quatre entités ont été créées pourassister la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre dansleurs missions. Ces différents comités, qui ont mobiliséune quarantaine de personnes, étaient indispensables àla réussite de l’opération. Leurs contrôles et la transparenceinduite par leur présence régulière ont permis degarantir le sérieux et l’exemplarité du chantier.Parallèlement à cet encadrement scientifique et technique,un circuit de décisions court et réactif a été instauréentre VINCI et l’établissement public de Versailles, permettantainsi de faciliter la collaboration entre les entitéset de renforcer le partenariat.Les différents comitésLE COMITÉ DE DIRECTIONUn comité de direction, constitué de la présidente del’établissement public de Versailles et du directeurgénéral de VINCI, était chargé de valider l’attributionfinale des lots.LE COMITÉ DE PILOTAGELe Comité de pilotage, composé du directeur général etdu directeur du patrimoine de l’établissement public dumusée et du domaine national de Versailles, de l’inspecteurgénéral des Monuments historiques, du directeurde projet et d’un représentant de VINCI, a tranché sur lesquestions d’ordre administratif et budgétaire. Il a suivil’exécution financière des programmes et a pris les décisionsrelatives à la désignation des entreprises des différentscorps de métier. Le Comité de pilotage s’est réunitous les deux mois pendant toute la durée des travaux.LE COMITÉ DE SUIVIUn comité de suivi a été créé pour encadrer et suivreau plus près le travail des différentes équipes de restaurateurs.Il s’est prononcé tous les mois sur les choixméthodologiques des restaurateurs des peintures et dessculptures. Le Comité de suivi était constitué des membresdu comité de pilotage ainsi que de représentants :• de la direction et de la conservation de l’établissementpublic du musée et du domaine national de Versailles ;• de l’Inspection générale de l’architecture et du patrimoine;• du centre de recherche et de restauration des muséesde France ;• du laboratoire de recherche des Monuments historiques.Il a suivi les travaux de restauration des peintures, dessculptures et des dorures et s’est réuni tous les moispendant toute la durée des travaux.7

Les tests ont permisde mesurer l’importancede chacune des étapesdu nettoyage.Les membres du Conseil scientifiqueinternationalCi-dessus, un des tests soumis au Conseil scientifique international afinde valider le niveau de nettoyage de la toile.LE CONSEIL SCIENTIFIQUE INTERNATIONALLe Conseil scientifique international, constitué d’unevingtaine de spécialistes de la peinture et de l’architecturedu XVII e siècle, des responsables des services desmonuments historiques et des musées de France, éruditset historiens de l’art, avait pour mission de veilleraux orientations déontologiques et techniques de larestauration. Cette instance était la caution historique,scientifique, esthétique et technique indispensable auchantier. Il s’est réunit une douzaine de fois aux étapesclés du chantier pour valider le processus de restaurationet décider des grandes orientations de l’opération.• Jean-Pierre Babelon, membre de l’Académied’architecture, de l’Académie de Versailles et de l’Institut.• Lydia Beauvais, spécialiste de Charles Le Brun.• Michel Bourbon, spécialiste des stucs.• Geneviève Bresc-Bautier, conservateur généralaux sculptures, musée du Louvre.• Jean-Pierre Cuzin, conservateur général des peintures,musée du Louvre.• Michel Goutal, architecte en chef des Monumentshistoriques, inspecteur général des Monumentshistoriques.• Arnaud d’Hauterives, secrétaire général perpétuelde l’Académie des beaux-arts.• Pierre Laurens, professeur émérite à l’Institutd’études latines, université Paris IV.• Denis Lavalle, inspecteur principal des Monumentshistoriques.• François Macé de Lépinay, inspecteur généraldes Monuments historiques.• Alain Merot, historien de l’art du XVII e siècle,université de Paris IV-Sorbonne.• Christiane Naffah, directrice C2RMF, Directiondes musées de France.• Jennifer Montagu, spécialiste de Charles Le Brun,Courtauld Institute, Londres.• Isabelle Pallot-Frossart, directrice du laboratoirede recherche des Monuments historiques.• Antonio Paolucci, surintendant des musées de Florence.• Alain-Charles Perrot, inspecteur généraldes Monuments historiques.• Pierre Rosenberg, historien de l’art des XVII eet XVIII e siècles, ancien directeur du musée du Louvre.• Jacques Thuillier, historien de l’art du XVII e siècle,Collège de France.• Rosalia Varoli-Piazza, International Centre for the studyof the Preservation and Restoration of Cultural Property.

Le dispositif scénographique a permis de masquer l’échafaudage pendant toute la durée des travaux, permettant aux visiteurs de continuer à circuler dans la galerie.Une attention particulièreportée au public pendant le chantierLa mise en place d’une scénographie :des conditions de visite préservéesdans le souci du publicTout au long du chantier de restauration, le souhaitde préserver les conditions de visite de la galerie desGlaces a été une priorité constante pour les équipes deVINCI et de l’établissement public de Versailles. Ce quia permis aux restaurateurs et techniciens de travaillerdans de meilleures conditions, isolés du bruit et de lapoussière.Malgré l’importance des travaux entrepris, la galeriedes Glaces est restée ouverte au public pendant toutela durée des travaux, grâce à la mise en place d’unescénographie éphémère. Un peu moins de la moitiéen était visible à chaque phase de la restauration. Pourpréserver l’accès du public à la galerie, un corridor decinq mètres de large et de haut a été aménagé sousl’échafaudage, permettant de ne pas contrarier le circuitdes visites du château de Versailles. Les touristespouvaient donc toujours aller des Grands Appartementsdu Roi au Grand Appartement de la Reine, entraversant la galerie sans interruption. Au cœur ducorridor, une reproduction du Bal des Ifs donné pourle mariage de Louis le dauphin (fils de Louis XV etpère de Louis XVI) faisait face à un mur de miroirs,permettant aux visiteurs de s’imaginer ce qu’était lagalerie à l’époque des grands bals. Les lustres avaientégalement été replacés dans la trame centrale sousl’échafaudage, assurant une continuité avec ceux dela partie non échafaudée. Enfin, une musique avait étéspécialement conçue pour accompagner le public toutau long de sa visite.Par ailleurs, dès son arrivée dans le salon de la Guerre,le public était informé de la nature des travaux par desécrans vidéos montrant les des décors et les gestesde restauration appliqués. Enfin, des tables pédagogiquesavaient été installées dans la galerie pour présenterl’historique de la galerie ainsi qu’un descriptifdes différents éléments du décor.8

6 000 visiteurs ont été accueillis sur le chantier de restauration de la galerie des Glaces, dont près de 1 000 jeunes.De nombreuses visites de chantierPar ailleurs, de très nombreuses visites de chantier ontété organisées durant les travaux afin de faire connaîtreau plus grand nombre les métiers de la restauration dupatrimoine et les coulisses du chantier. Lycéens, étudiantsen arts, experts en peinture et sculpture, collaborateurset clients de VINCI, ce sont, au total, près de6 000 personnes qui ont pu monter sur l’échafaudage, àquelques mètres des toiles de Le Brun pour assister àla renaissance de la galerie. C’est dans ce cadre qu’unpartenariat avec l’académie de Versailles avait été établi,permettant à près de 1 000 jeunes de découvrir dessavoir-faire souvent peu méconnus mais passionnants !La rénovation a donc constitué une extraordinaire opportunitépour mieux faire connaître la galerie et les métiersdu patrimoine. Les équipes de VINCI et de l’établissementpublic de Versailles ont centré leurs efforts sur ledéploiement d’une communication pédagogique visantà expliquer la nature et l’ampleur des travaux de restauration,notamment auprès des jeunes.Un CD-Rom, présentant la première vue en 3D de lagalerie, a ainsi été réalisé pour permettre aux collégienset lycéens de se familiariser avec les métiers de la restaurationdu patrimoine.De nombreuses visites ont également été organisées pourles journalistes, permettant à près de 250 d’entre eux demonter sur l’échafaudage pour découvrir les « coulisses » duchantier. Une journée par mois leur était consacrée, afin qu’ilspuissent observer et suivre le déroulement des travaux. ■

Lors de ses choix fondamentaux, le Conseil scientifique a toujours suivi la même démarche : envisager la pensée du grand décor au traversde la puissance de l’ensemble.Le soutien du Conseil scientifiqueAu cours du chantier, le Conseil scientifique internationala opté pour des choix fondamentaux. Voici quelques-unesdes grandes décisions prises par ce comité d’experts dela peinture et de l’architecture du XVII e siècle.Retrouver l’œuvre de Le BrunLe point essentiel de la restauration de la voûte de LeBrun est l’intervention réalisée sur les peintures sur toilesmarouflées qui constituent l’élément majeur de ce décor.Aucune intervention n’a été réalisée sur ces œuvressans avoir été soumise à l’approbation du Conseil scientifique.Ainsi dès juillet 2003, lors de la présentation del’étude préalable, le Conseil a choisi de ne pas en resteraux repeints de la campagne de restauration de1950. Puis, en novembre 2004, lors de la présentationdes tests de nettoyage, pratiqués par les restauratricesCinzia Pasquali et Véronique Sorano, qui laissaient alorsentrevoir une peinture originale en bon état, le Conseil aaffirmé sa volonté de retrouver la palette de Le Brun etd’aller plus avant dans la purification des repeints issusdes précédentes campagnes de restauration. C’est ainsique les peintures ont retrouvé de merveilleuses tonalitésà la fois intenses et subtilement nuancées, une lisibilitéperdue depuis des décennies, et que tout le décor de lavoûte a pu retrouver sa cohérence initiale.Revenir à une graphie sombrepour les inscriptions des cartouchesAyant opté pour un retour à la version dorée pour le fonddes cartouches, le Conseil scientifique devait orienterla reprise des inscriptions qui y figuraient. Il s’agissaitlà d’une question fondamentale, car leur graphie étaitliée au choix entre formules latines ou formules françaisesqui avait débouché sur l’exécution « moderne »d’inscriptions en langue française proposées par Boileau.À partir d’un certain nombre de traces anciennes,le Conseil a finalement jugé qu’il bénéficiait d’élémentssûrs et il a décidé d’en revenir à une graphie de couleursombre (à la manière du smalt usé), reprenant quelques-unesdes lettres existantes dans plusieurs descompositions peintes. Lors de cette décision, il s’agissaitpour le Conseil de répondre d’abord à un principed’unité visuelle. La certitude des fonds d’or pour lescartouches a été jugée si décisive qu’elle a entraîné leprincipe d’un travail nouveau sur les inscriptions.9

Le Conseil scientifique a optépour un retour au fond dorédes cartouches, tel qu’à l’origine.L’une des décisions du Conseil scientifiquea été de rétablir le faux marbre de l’entablement.Détail de la toile Le roi gouverne par lui-même, 1661. Après nettoyage, les lacunes de peinture ont réapparu (photo du haut à droite).Après réintégration, la couche picturale a retrouvé sa lisibilité plus proche de son aspect original (photo ci-dessus).Rétablir le décor en faux marbrede l’entablementLorsqu’il a fallu juger de l’état de couleur du largeentablement terminant la corniche, les restaurateursse sont aperçus que les couches anciennes de sondécor n’existaient plus, détruites probablement lorsdes épisodes révolutionnaires, il n’y avait donc aucunetrace scientifiquement valable, permettant d’orienterle choix du Conseil. On pouvait alors soit imaginer quel’entablement marquait à l’époque une frontière assezdécisive entre les murs et la voûte de la galerie, et qu’ilétait de couleur blanche, soit estimer à l’inverse quel’effet des marbres sur les parois murales se retrouvaitdans les parties ornementales de la voûte, en particulierdans un grand nombre d’éléments architecturauxfeints et traités justement en faux marbre clair, commeil a été représenté sur des gravures anciennes. Il fallaitalors rétablir le faux marbre.Le conseil a voté à bulletin secret pour choisir l’une deces deux options et a opté, à la majorité (huit voix surdouze), pour la mise en place d’une peinture décorativeen faux marbre blanc veiné sur toutes les partiesunies et lisses pour assurer une transition esthétiqueentre la partie inférieure du décor et la naissance dela voûte. ■

Lors de précédentes campagnes de restauration, des opérations lourdes ont été pratiquées sur les décors peints, tels que des travaux de démarouflagequi ont entraîné des déchirures de la toile. Ci-dessus : Fastes des puissances voisines de la France.Les différentes campagnesde restaurationLa faible pente des toits, le gel, les intempéries, les différencesde température et d’humidité entre l’intradoset l’extrados de la voûte, la condensation à l’intérieurmême de la galerie, due à la foule nombreuse des courtisans,l’encrassement dû à l’utilisation continuelle etintense des bougies : telles sont quelques-unes descauses qui entraînèrent, tôt, la fragilité et la dégradationde cette pièce : les restaurations partielles commencentdès 1698, quinze ans seulement après l’achèvement dela galerie !Par trois fois en deux siècles – de 1750 à 1950 – de profondesrestaurations de l’ensemble ont été effectuées. Entre1752 et 1768, le Sieur Colin et la Veuve Godefroy doiventrefixer plusieurs toiles qui se sont détachées de la voûte,à cause de leur poids, de leur taille, du vieillissement dela colle, des infiltrations, etc. Si les projets de Napoléon I er ,pour Versailles, se concrétisent essentiellement dansla restauration des bâtiments et des opérations de grosœuvre à travers le domaine, il revient à Louis XVIII depoursuivre cette tâche à l’intérieur. Une équipe de peintresla prend en charge dès 1814 (Ducis, Blondel, Heim,Paulin-Guérin). Mais c’est en 1821-1822 qu’est établi unrapport intégral sur l’état de l’ensemble.La campagne de travaux dure jusqu’à la fin du règne deCharles X et consiste en une série d’opérations lourdes :dépose des toiles, consolidation, remplacement des manques.Pour la suite du XIX e siècle et le début du XX e siècle,seules des interventions ponctuelles d’urgence sont effectuées.Les sommes apportées par la Fondation Rockefellerpermettant de mettre le château hors d’eau, une troisièmegrande campagne de remise en état est engagéeaprès la Seconde Guerre mondiale : renforcement de lastructure de la voûte, reprise partielle des peintures fissurées,fendues, clouées, décollées, pulvérulentes, couvertespar endroit de chancis.La galerie des Glaces transformée en ambulance militaire prussienneen 1870-1871.10

Glossaire• Toile maroufléeLe décor peint de la voûte est fait de peinturessur enduit et de peintures sur toiles. Ces toiles,qui étaient peintes à même le sol, étaient ensuitemaroufl ées à la voûte, c’est-à-dire colléesavec une maroufl e, sorte de colle applicable au pinceau.• VoussureLes contours des portes-fenêtres de la galeriesont soulignés par un ensemble d’ornementsqu’on appelle « archivolte ». Une voussure est l’arcd’encadrement de l’archivolte.• LacunesLes lacunes de peinture sont des zones de la toileou de l’enduit où la couche picturale a disparu.La dépose de certaines toiles lors des restaurationsprécédentes a contribué à l’apparition de lacunes.• ÉpaufruresLes épaufrures correspondent à un éclatement accidentelde la surface du marbre engendrant parfois la chutede fragments.Entrée des convives lors de la visite du Shah de Perse en 1873.Une nouvelle restaurationdevenue indispensableUn demi-siècle a passé, les techniques de la restaurationet les exigences scientifiques de ses responsables,soucieux de conservation et de réversibilité des opérationseffectuées, ont permis de penser à entreprendreau plus tôt une restauration de ce chef-d’œuvre monumentalinscrit sur la liste du patrimoine mondial del’Unesco. Les quatre millions de visiteurs par an qui parcourentVersailles étaient en droit d’attendre la remiseen état de l’une des pièces fondamentales de l’art européen.Il y allait même de la santé d’un ensemble quiavait mal vieilli et devenu méconnaissable : il n’étaitmême plus possible de reconnaître la main de CharlesLe Brun dans ce qui fut admiré de l’Europe entière jusqu’àdevenir, en soi, le symbole du pouvoir. On retrouvaitles mêmes dégradations que celles rencontréesau XIX e siècle. Une restauration complète des décorspeints et sculptés ainsi que des décors d’architectures’imposait donc. ■• TargetteLa targette est un verrou à pêne plat ou cylindrique,qui se manipule par simple translation. Il est présentsur les portes-glaces de la galerie.• EspagnoletteDispositif de fermeture des portes-fenêtres de la galerieconstitué d’une tige verticale pivotante et d’une poignée.• EntablementL’entablement est un élément architectural composéde haut en bas par la corniche, la frise et l’architrave.Il délimite le décor architectural du décor peintet sculpté de la voûte.• Parquet de glacesLe parquet de glaces est le support en bois sur lequelreposent les miroirs des portes-glaces. Au coursde la restauration, tous les parquets de glaces ont étévérifi és et éventuellement confortés.

Autour de la restaurationDes livresEn partenariat avec différents éditeurs, trois ouvrages ont été réalisés dans le but de mieux faire connaîtrela galerie et d’expliquer l’histoire de cette restauration exceptionnelle.Un ouvragepour les enfantsVersailles – La galerie des Glacesà la loupe64 pages, éditions du SeuilLe Funambule, 23 €.Explorant la galerie des Glacesdans ses détails, ce livre plongele lecteur dans un exposé ludiqueet pédagogique des peinturesde Le Brun et explique les gestesde ce mécénat exceptionnel,tout en le resituant dans l’histoiredu château de Versailles.Un ouvragepour tousLa galerie des GlacesChef-d’œuvre retrouvé128 pages, éditions Gallimard,collection DécouvertesGallimard, 12,30 €.Écrit par Jacques Thuillier,professeur honoraire au Collègede France et spécialiste de Le Brun,ce livre présente la redécouvertedes peintures de Le Brun, rendantun véritable hommage au peintre.La restauration y est largementexpliquée dans la partieTémoignages et Documents.Un livre d’artLa galerie des GlacesHistoire et restauration400 pages,éditions Faton, 138 €.Cet ouvrage donne la parole auxconservateurs et aux intervenantsayant participé à ce projet inéditde restauration. Par le biaisde textes très approfondiset d’illustrations exceptionnelles,ce livre transporte le lecteurdans l’histoire de la galerie,à travers sa constructionet sa restauration.Des expositionsExposition juin à septembre 2007Les coulisses du chantierLieu : galerie des Glaces du château de VersaillesL’exposition témoigne des savoir-faire, des techniques et des coulissesde cette première restauration intégrale.Suite à l’expérience exceptionnelle qu’a été le chantierde restauration de la galerie des Glaces, cette expositionvise à mettre en scène ce mécénat si particulier, l’expertiseet les métiers qui sont au service du patrimoine.Elle révèle les différents aspects du mécénat de compétencesassuré par VINCI et témoigne des savoir-faire,des techniques et des coulisses de cette première restaurationintégrale. Un bon moyen pour les personnesqui n’ont pas eu l’occasion de « visiter » le chantier de seplonger dans ses coulisses.11

Exposition septembre 2007 à janvier 2008La galerie des Glaces : Le Brun, maître d’œuvreLieu : château de Versailles (galerie des Glaces, salledes Gardes du Roi, appartement de Madame de Maintenon)Commissaires : Nicolas Milovanovic et Alexandre MaralCarton préparatoire de Le Brun à la pierre noire et craie (marouflésur toile) représentant le médaillon La Fureur des duels arrêtés, 1662.À l’occasion de la fin de la restauration et de la réouverturede la galerie des Glaces, le château de Versaillesrend hommage au concepteur du décor de cette galerie,Charles Le Brun. Quelques cartons préparatoires réaliséspar Le Brun à l’échelle des compositions peintes, quiont servi à l’élaboration du décor de la voûte de la galeriedes Glaces, seront présentés au public. L’expositionest l’occasion de jeter un regard neuf sur le peintre, quiapparaît comme un véritable maître d’œuvre.Un site webwww.vinci.com/mecenatUn site Internet a été spécialement conçu pour permettre aupublic de suivre en ligne cette première restauration intégrale.Des brèves sur l’actualité des travaux ont permis d’informer lesinternautes sur les grandes étapes du chantier, ainsi que surles événements particuliers. Des portraits des différents intervenantsdu chantier, un calendrier des travaux retraçant l’évolutionde cette restauration, ainsi que des images à télécharger,une visite en 3D et de nombreuses informations sur le mécénatde compétences étaient également disponibles, faisant dece site la vitrine de cette première restauration intégrale.Des filmsUn film documentaireLa galerie des Glaces mise à nu,de Michel QuinejureUne coproduction Les Films d’Ici- France 5 ÉditionsCe film documentaire retrace l’histoirede la restauration de la galerie desGlaces et tous ses secrets historiques.On y découvre les acteurs de la restaurationdans leur travail et les gestes deces métiers d’art.Prix de vente : 19,99 €.Un film documentaireVersailles VINCI Visions,de Frédéric CompainUne coproduction Les Films d’Ici- VINCICe film documentaire présente l’innovationcontractuelle qu’a consti tuéela convention de mécénat de compétencespassée entre l’établis sementpublic de Versailles et VINCI pour la restaurationde la galerie des Glaces. Donnantla parole aux différents acteursdu projet, ce film permet les enjeuxd’une telle innovation dans le domainedu patrimoine.Un docu-fictionVersailles, le rêve d’un roi,de Thierry BinistiUne coproduction Les Films d’Ici- France 2 - Château de Versailles- NHK - NDRInspiré par le chantier de la restaurationde la galerie des Glaces qui opèrecomme une extraordinaire machineà remonter le temps, le documentaire-fictionpart d’un palais achevé,d’un rêve abouti, pour nous faire revivrel’époque d’un Versailles en trainde naître. En créant de toutes pièces« un avant goût du Paradis sur Terre »,en y organisant des fêtes somptueuses,Louis XIV donne à la noblessele goût de venir à Versailles… Il vaalors en faire une magnifique prisondorée dans laquelle elle va se trouverenchaînée et entièrement soumiseà son contrôle. Le film retrace l’histoired’un jeune roi visionnaire dontla détermination ne faiblira jamais etqui, quelles que soient les vicissitudespolitiques, financières, personnelles,de son règne, reste le maître d’œuvreunique de son palais.Diffusé prochainement sur France 2.

Extraits du dernier Conseil scientifique(30 avril 2007)La restauration des décors peints et sculptés de la voûtea été présentée par le groupement des Restaurateursassociés :Cinzia Pasquali, chef d’équipe peinture et responsabledu groupementVéronique Sorano, chef d’équipe peinture, couche picturaleAlain Roche, chef d’équipe peinture, supportMaria-Gabriella De Monte, chef d’équipe sculptureLucien et Nicolas Mariotti, chefs d’équipe dorureMonsieur Pierre Arizzoli-Clémentel invite les membresdu Conseil scientifique à parcourir la galerie une premièrefois sans que l’éclairage ne soit activé puis uneseconde fois, alors que tous les équipements d’éclairagesont allumés, ce pour mieux juger de l’apport de cetéclairage. Il précise que l’inauguration est prévue pour le26 juin et qu’une exposition présentant les coulisses duchantier sera consécutivement installée dans la galerie,complétée par une exposition des cartons préparatoiresde Le Brun […].Le Conseil est ensuite invité à donner son avis sur la restaurationdes décors maintenant achevée.Monsieur Denis Lavalle juge cette restauration remarquabledans son ensemble. Il est même surpris du peu de retouchesnécessaires après le démontage de l’échafaudage. Et,finalement, il considère que la première travée décorative auNord s’harmonise correctement avec le reste de la voûte etqu’il en est de même pour le repeint de Mercure sur la toilecentrale. Cette restauration lui inspire le plus grand satisfecitqu’on puisse donner. Madame Nathalie Volle remercieles restaurateurs pour ce formidable chantier, elle estimequ’il faut continuer à travailler ainsi avec une véritable complémentaritéentre les équipes.C’est un travail qu’il faut poursuivre sur d’autres décors.Monsieur Alain Merot est heureux de « retrouver Le Brun »,et indique qu’il a eu un grand plaisir à suivre ce chantier. Lavoûte est remarquablement mise en valeur par cet éclairagetrès étudié. Il souhaite qu’un traitement comparablepuisse être offert à la galerie d’Hercule à l’hôtel Lambertavec la même équipe de restaurateurs. C’est pour lui unegrande leçon sur l’art de Le Brun. Madame Cinzia Pasqualisouhaite adresser un formidable merci à tous lesmembres du Conseil scientifique pour leur soutien et leuraccompagnement. Madame Véronique Sorano souligneleur bonheur d’avoir retrouvé Le Brun dans la continuité deprécédents chantiers. Monsieur Frédéric Didier souhaiteremercier tous les intervenants, c’est une opération globalequi permet de rendre à la galerie toute son intelligenceet sa lisibilité. C’est une voix tracée pour la restaurationd’autres décors de ce type. Il tient à saluer VINCI et particulièrementla qualité de l’exercice de sa mission de maîtrised’ouvrage, qui a su faire oublier les inquiétudes du débutpar une écoute et une déférence remarquable à l’égarddes différents comités. C’est une opération d’une qualitéexemplaire qu’il faut pouvoir multiplier. Enfin, il tient à soulignerla qualité de l’accompagnement du public pendantce chantier, estimant que cela n’a été possible que grâceà la volonté du mécène. Monsieur Jean-Pierre Babelonconfirme que c’est un mécénat remarquable et soulignela qualité du travail accompli. Monsieur François MaceDelepiney partage tous ces éloges. VINCI remercie tous lesmembres du Conseil scientifique pour leur indispensablesoutien à cette restauration et confirme les avoir écoutésavec intérêt et admiration. La direction du projet remercieet salue aussi avec admiration les équipes de restaurationainsi que celle en charge de l’éclairage. Le groupe VINCIest heureux d’avoir partagé cette formidable aventure etremercie chaleureusement tous les intervenants de ceprojet.Conclusions• Satisfecit général et unanime du Conseil scientifi quepour cette première restauration intégrale de la galeriedes Glaces.• Le Conseil scientifi que félicite les équipes de restauration,des applaudissements nourris viennentappuyer ces félicitations.12