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Aspergillose pulmonaire aiguë invasive et pathologies ... - SPLF

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F. Ader <strong>et</strong> coll.des épisodes infectieux bronchiques semble inéluctable. Ceprocessus est d’origine multifactorielle : 1) l’augmentationquantitative des effecteurs de l’inflammation n’implique pas,à long terme, le maintien d’une phagocytose optimale. Eneff<strong>et</strong>, pour la BPCO, il a été démontré une corrélation entrele nombre croissant de macrophages dans les voies aériennesdistales <strong>et</strong> la progression de la maladie [16]. En revanche, lafonction phagocytaire de ces effecteurs ne suffit plus à contrôlerla pullulation microbienne <strong>et</strong> les épisodes infectieux respiratoiresitératifs ; 2) le stress oxydatif bronchique chroniquegénère des remaniements architecturaux hétérogènes où lespathogènes peuvent subsister dans des « niches » peu accessiblesau système immunitaire <strong>et</strong> aux anti-infectieux (biofilm).3) Les glucocorticoïdes altèrent significativement la fonctionphagocytaire des macrophages [17] <strong>et</strong> l’activation des polynucléairesneutrophiles (PNN) [18]. 4) Les cures d’antibiothérapiesuccessives exercent une pression de sélection sur la florebactérienne aboutissant à l’émergence de mutants résistantsencourageant le cercle vicieux de la séquence colonisationinfection.5) Les infections virales des voies aériennes supérieures(rhinovirus, adénovirus) font le lit de la colonisation <strong>et</strong>des infections par les pathogènes bactériens <strong>et</strong> fongiquesopportunistes [19].DénutritionLa dénutrition des patients atteints de pathologie <strong>pulmonaire</strong>chronique (en particulier de BPCO <strong>et</strong> de mucoviscidose)est responsable d’une surmortalité [20]. La dénutrition accroîtla susceptibilité aux infections, en particulier par les mycobactéries<strong>et</strong> les pathogènes opportunistes tels qu’Aspergillus.AlcoolismeDans les études récentes, la cirrhose post-éthylique sedémarque comme une catégorie à risque à part entière. Eneff<strong>et</strong>, l’étude de Meersseman recense parmi les patients sanspathologie maligne six patients cirrhotiques Child C sur untotal de 89 patients décédant d’une aspergillose <strong>pulmonaire</strong>aiguë <strong>invasive</strong> [11]. L’étude de Vandewoude en compte huitsur 83 patients indemnes de pathologie maligne [13].• Dans les <strong>pathologies</strong> inflammatoires chroniquesdu poumon, l’augmentation quantitative des effecteursde l’inflammation ne signifie pas améliorationde la phagocytose mais plutôt une perte fonctionnellequalitative.• Le stress oxydatif bronchique chroniquegénère des remaniements architecturauxhétérogènes, avec formation de « niches »peu accessibles au système immunitaire<strong>et</strong> aux anti-infectieux.• La dénutrition <strong>et</strong> la cirrhose alcoolique sontdes facteurs de risque de l’infectionaiguë aspergillaire.• Les infections virales saisonnières font le litdes surinfections par d’autres pathogènesopportunistes notamment fongiques.De la colonisation à l’infectionAspergillus fumigatus, principal agent causal des aspergilloses,est un micromycète présent dans l’environnementqui se dissémine par ses spores ou conidies de 2 à 3 µm, trèsrésistantes. Ces spores sont inhalées en permanence par l’arbr<strong>et</strong>rachéobronchique (2000 à 3 000 souches environnementalespar mois) [21]. L’élimination des spores fongiques passe parune étape préalable de reconnaissance par les macrophages <strong>et</strong>les cellules dendritiques présentatrices d’antigènes qui ont undouble rôle de fongicidie <strong>et</strong> d’activation de la réponse immunitaire.Concernant la fongicidie, c<strong>et</strong>te reconnaissance sembleêtre sous la dépendance de certains facteurs du complément(notamment C3) <strong>et</strong> de récepteurs lectiniques pour le mannose<strong>et</strong> le fucose [22]. Une altération du tapis mucociliaire(tabagisme, mucoviscidose) facilite la colonisation en profondeurde l’arbre trachéobronchique <strong>et</strong> augmente le pouvoird’adhérence des spores. Après la reconnaissance <strong>et</strong> l’adhérenceconidienne, fait suite l’internalisation active par le macrophagequi est un prérequis à la fongicidie [23]. Leur éliminationest donc assurée en permanence par les macrophages, cequi explique qu’en dépit d’une inhalation continuelle, la clairanceconidienne assurée par la première barrière de défensedu système immunitaire inné empêche le passage à une forme<strong>invasive</strong>. Concernant l’activation du système immunitaire, laprésence d’Aspergillus active électivement les récepteurs TLR2 <strong>et</strong> 4 à la surface des macrophages <strong>et</strong> des cellules dendritiques,ce qui aboutit à la production de cytokines telles que l<strong>et</strong>umor necrosis factor α (TNF- α) <strong>et</strong> l’interleukine 1- β(IL-1 β)qui amplifient la réponse inflammatoire [24]. S’il y a anomaliede la phagocytose, les spores subissent un processus de germinationqui donne naissance à des filaments mycéliens ouhyphes, de taille volumineuse, qui possèdent le pouvoir invasifpathogène. Ce sont les PNN qui assurent la fongicidie desformes filamenteuses aspergillaires, appuyés par les plaqu<strong>et</strong>tesactivées <strong>et</strong> l’immunité adaptative qui déploie les effecteurslymphocytaires cellulaires <strong>et</strong> humoraux. Chez le suj<strong>et</strong> sain, onne doit donc pas r<strong>et</strong>rouver de colonisation aspergillaire puisquel’éradication des spores est un processus continu <strong>et</strong> entemps réel, stérilisant la germination. On comprend dès lorsque toute inhibition fonctionnelle médullaire importante <strong>et</strong>durable comprom<strong>et</strong> la capacité à contrôler la germination desspores <strong>et</strong> que la neutropénie aura pour conséquence la proliférationde formes filamenteuses constituant le principal déterminantdu développement de la maladie <strong>invasive</strong>.Dans la hiérarchisation des troubles immunitaires, l’altérationdu tapis mucociliaire accroît la pénétration <strong>et</strong> l’adhérencedes spores, le déficit macrophagique perm<strong>et</strong> lacolonisation par les formes filamenteuses qui doit être étroitementrégulée par les PNN <strong>et</strong> les lymphocytes. Tout déficit6S14Rev Mal Respir 2006 ; 23 : 6S11-6S20

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