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enseignement post universitaire de l'association - Cardiologie ...

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ENSEIGNEMENT POST UNIVERSITAIRE DE L'ASSOCIATIONFRANCO LIBANAISE <strong>de</strong> CARDIOLOGIE,Le <strong>post</strong>-infarctusProf. V. LEGRANDCHU <strong>de</strong> LiègeBelgiqueA. ADAPTATION PHYSIOPATHOLOGIQUE APRES INFARCTUS1. Artères coronairesL'infarctus du myocar<strong>de</strong> est généralement secondaire à une privation aigue et prolongée <strong>de</strong>la perfusion coronarienne. Cette situation est elle-même consécutive à l’occlusion d'unvaisseau épicardique dans la majorité <strong>de</strong>s cas. L'occlusion. d'une artère coronaire s’intègredans la physiopathologie <strong>de</strong>s syndromes coronariens aigus.Le syndrome coronarien aigu est caractérisé par la présence d'une plaque d’athérosclérosedont la composition et la structure favorisent une rupture <strong>de</strong> la barrière endothéliale avecparticipation d'une thrombose plus ou moins occlusive. On ne dispose pas actuellement <strong>de</strong>marqueurs angiographiques ou cliniques spécifiques permettant d'i<strong>de</strong>ntifier les lésionscoronariennes instables. Des observations récentes montrent toutefois que l’occlusioncoronarienne thrombotique responsable d'un infarctus aigu survient fréquemment à partir <strong>de</strong>lésions d'athérosclérose initialement modérées et peu obstructives et sont souvent associées à<strong>de</strong>s phénomènes inflammatoires avec libération <strong>de</strong> cytokine, entraînant une .légère élévation<strong>de</strong>s marqueurs inflammatoires systémiques (C.RP).L'évolution <strong>de</strong> cette lésion coronarienne après infarctus est variable. Elle se caractérise parune thrombolyse du caillot intraluminal et est spontanée dans plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s cas avecrestauration du vaisseau à nouveau perméable. On assiste à la cicatrisation plus ou moinsrapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dissection endothéliale et à une " passivation " <strong>de</strong> la lésion avec régression <strong>de</strong>ssignes inflammatoires dans certains cas et amélioration <strong>de</strong> la fonction endothéliale.L'athérome lui-même peut progresser en volume, rarement une régression peut s’observer,enfin ces modifications surviennent au sein d'un vaisseau qui peut lui-même se dilater si celan’a pas encore été le cas (adaptation compensatrice).Ces différents phénomènes intriqués expliquent la variabilité <strong>de</strong>s observationsangiographiques observées après un infarctus.


2. Adaptation du ventriculeL’infarctus du myocar<strong>de</strong> aura <strong>de</strong>s conséquences variables sur le plan hémodynamique etanatomique selon étendue et sa localisation. Lorsque l’infarctus est transmural, unremo<strong>de</strong>lage ventriculaire survient, Le remo<strong>de</strong>lage ventriculaire comprend <strong>de</strong>ux mécanismes.Le premier est l’expansion <strong>de</strong> l’infarctus qui survient dans les heures et jours après lanécrose. Il s'agit d'une dilatation et d’un amincissement <strong>de</strong> la zone infarcie.L’expansion <strong>de</strong> l’infarctus surviendra davantage dans les endroits où la paroi myocardiqueest mince, comme par ex. à l'apex. Cette expansion explique le développement d'unanévrisme et perturbe essentiellement. la fonction systolique, L'autre mécanisme impliquédans le remo<strong>de</strong>lage est la dilatation ventriculaire. Ce processus survient après plusieurs jours,voire plusieurs mois, et coïnci<strong>de</strong> à un mécanisme hémodynamiquement adaptatif àl’augmentation <strong>de</strong> pression diastolique afin <strong>de</strong> maintenir un ren<strong>de</strong>ment ventriculairesatisfaisant, le ventricule se dilate conformément aux mécanismes mémoynamiques connus(déplacement <strong>de</strong> la courbe pression/volume vers la droite).Cette dilatation ventriculaire entraîne fréquemment une hypertrophie compensatrice <strong>de</strong>ssegments myocardiques restés sains afin <strong>de</strong> normaliser la pression pariétale. A long termetoutefois, l’hypertrophie peut à son tour favoriser un trouble <strong>de</strong> compliance et entraîner uncercle vicieux conduisent vers une cardiomyopathie dilatée.Les facteurs déterminant le remo<strong>de</strong>lage ventriculaire sont bien connus. Il s'agit :<strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> l'infarctus transmural<strong>de</strong> la p ré et <strong>post</strong> charge ventriculaire<strong>de</strong> la perméabilité <strong>de</strong> l’artère responsableComme nous le verrons plus loin, les traitements médicamenteux visant à réduire la <strong>post</strong>charge ventriculaire peuvent prévenir la dilatation cardiaque et le remo<strong>de</strong>lage.Récemment, on a également montré que la perméabilité <strong>de</strong> l’artère responsable <strong>de</strong> l’infarctusétait un élément déterminant pour prévenir la dilatation ventriculaire.D’autres mécanismes physiopathologiques surviennent dans le décours <strong>de</strong> l’infarctus, ilssont liés en présence <strong>de</strong> myocar<strong>de</strong> reprefusé mais non encore fonctionnels (myocar<strong>de</strong>balisé), à l’existence <strong>de</strong> zones myocardiques viables mais non fonctionnelles et nonperfusées (myocar<strong>de</strong> hibernant) et à la persistance <strong>de</strong> zones d’ischémie avec dysfonctionmyocardique transitoire lors d’épiso<strong>de</strong>s d’hypofusion relative.L’intrication <strong>de</strong> ces mécanismes est complexe et dynamique. Ces différentes situationsphysiopathologiques s'observent plus fréquemment après utilisation d'agents fibrinolytiques.Il est important d'i<strong>de</strong>ntifier les zones myocardiques potentiellement récupérables oufonctionnelles afin d'optimaliser l'attitu<strong>de</strong> thérapeutique ultérieure.Lorsque la nécrose myocardique est non transmurale, le remo<strong>de</strong>lage ventriculaire est moinsimportant car les phénomènes d’expansion <strong>de</strong> l’infarctus sont quasi inexistants.Toutefois, l’évolution vers une dilatation ventriculaire n’est pas impossible en cas <strong>de</strong>dysfonction diastolique majeure.3. Les autres organes


D’autres remaniements physiopathologiques peuvent survenir au niveau <strong>de</strong>s organesextracardiaques, ils dépen<strong>de</strong>nt essentiellement <strong>de</strong> la dysfonction hémodynamique. Au niveaupulmonaire, on peut observer une congestion pulmonaire entraînant une réduction <strong>de</strong>scapacités ventilatoires et d’oxygénation. Le pancréas peut voir sa sécrétion d’insulinediminuer et donc un diabète se déstabiliser en cas <strong>de</strong> diminution du débit cardiaque. Uneaugmentation <strong>de</strong> la libération <strong>de</strong>s catécholamines peut s’observer en cas <strong>de</strong> diminution dudébit cardiaque et une activation du système rénine/angiotensine avec augmentation <strong>de</strong> lalibération d’angiotensine se manifeste si le débit rénal est diminué.Sur le plan hématologique, on observe fréquemment une hypercoagulabilité durant les jourset semaines qui suivent une nécrose myocardique, cette hypercoagulabilité va <strong>de</strong> pair avecune activation <strong>de</strong> la fonction plaquettaire.B. ESTIMATION DU PRONOSTIC ET EXPLORATION DU POST-INFARCTUSL’objectif <strong>de</strong>s investigations et <strong>de</strong>s explorations à effectuer après un infarctus est d’apprécier le risque <strong>de</strong>mortalité et <strong>de</strong> morbidité du patient et par là d’en prévenir la survenue. On connaît <strong>de</strong>puis longtempsl’importance <strong>de</strong> la fonction ventriculaire gauche systolique (fraction d’éjection) et l’on porte beaucoupd’intérêt à déterminer la présence d’une ischémie résiduelle et d’une arythmie ventriculaire maligne dontle pronostic et l’évolution peuvent être favorablement influencées par les thérapeutiques actuelles.1. Données cliniquesL’anamnèse et les données cliniques recueillies en phase aiguë <strong>de</strong> l’infarctus sont très utilespour déterminer le risque et le pronostic du patient, cela même lorsque les agentsthrombolytiques ont été utilisés. La mortalité précoce après un infarctus est étroitement liée àla présence <strong>de</strong> signes <strong>de</strong> congestion pulmonaire ; à un âge avancé, à la survenue d’unefibrillation auriculaire ou d’une hypotension avec tachycardie. Les patients diabétiques <strong>de</strong>sexe féminin et ceux qui ont <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts d’infarctus présentent un risque accru, il va <strong>de</strong>même en cas d’infarctus <strong>de</strong> topographie antérieure.2. Evaluation <strong>de</strong> la fonction systolique globaleIl existe une relation étroite logarithmique entre la fraction d’éjection et la mortalitécardiaque. La mesure <strong>de</strong> la fraction d’éjection, qu’elle soit effectuée par angiographieisotopique ou par échographie, constitue donc un élément primordial.3. Evaluation <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> l’infarctus par scintigraphieElle permet également une approche pronostique intéressante. En particulier, lorsque la tailled’un infarctus est inférieure à 12 % du ventricule gauche, le pronostic est très favorable. Lataille <strong>de</strong> l’infarctus peut également être appréciée indirectement par échographie et sur base<strong>de</strong>s mesures enzymatiques effectuées en phase aiguë.4. Exploration d’une ischémie <strong>de</strong> la viabilité myocardiqueConsidérant les possibilités actuelles <strong>de</strong> revascularisation et la participation <strong>de</strong> phénomènesd’hibernation ou <strong>de</strong> sidération myocardique dans la dysfonction ventriculaire gauche, ilpourrait paraître logique d’envisager d’emblée la réalisation d’une coronarographie pourdéterminer immédiatement le pronostic et le traitement optimal. Cette approche négligetoutefois le fait que l’angiographie n’offre qu’une évaluation anatomique et non pasphysiologique <strong>de</strong> la pathologie coronarienne et qu’elle ne tient pas compte <strong>de</strong>s donnéesphysiopathologiques décrites plus haut, à savoir que bon nombre <strong>de</strong> lésions coronariennes


modérées sont finalement responsables <strong>de</strong>s syndromes ischémiques instables susceptibles <strong>de</strong>survenir plus tard. Il est dès lors recommandé <strong>de</strong> n’envisager une mise au pointangiographique qu’après recherche préalable d’une viabilité ou d’une ischémie myocardique.L’évaluation <strong>de</strong> la viabilité myocardique peut s’effectuer par scintigraphie à émission <strong>de</strong>positons par scintigraphie <strong>de</strong> perfusion (thallium) avec acquisition tardive répétée ou plussimplement par échographie après administration <strong>de</strong> faibles doses <strong>de</strong> Dobutamine.La scintigraphie à émission <strong>de</strong> positons peut montrer une fixation myocardique <strong>de</strong> glucosemarqué en l’absence <strong>de</strong> perfusion adéquate. Cette discordance en phase aiguë d’infarctustraduit une ischémie sévère. En phase subaiguë après quatre à huit semaines, elle correspondgénéralement à du myocar<strong>de</strong> hibernant.L’analyse <strong>de</strong> la contractilité régionale par échographie permet également <strong>de</strong> déterminer laviabilité myocardique. En phase aiguë ou subaiguë d’un infarctus du myocar<strong>de</strong>, sil’administration <strong>de</strong> faibles doses <strong>de</strong> Dobutamine entraîne une amélioration <strong>de</strong> la contractilitéet <strong>de</strong> l’épaississement myocardique dans la zone akinétique, on peut en conclure une forteprobabilité <strong>de</strong> myocar<strong>de</strong> viable.Plusieurs étu<strong>de</strong>s ont montré une bonne concordance entre les résultats <strong>de</strong> la scintigraphie àpositons et les résultats obtenus par l’échographie après perfusion <strong>de</strong> faibles doses <strong>de</strong>Dobutamine. On peut également montrer que la reperfusion <strong>de</strong>s zones myocardiques viabless’accompagne d’une amélioration <strong>de</strong> la fonction systolique régionale et du pronostic.La persistance d’une ischémie résiduelle est associée avec un risque accru <strong>de</strong> complications,elle doit donc être recherchée systématiquement. Ceci peut s’effectuer aisément par laréalisation <strong>de</strong> tests fonctionnels. Le plus simple est le test d’effort sur cycloergomètre outapis roulant avec surveillance continue <strong>de</strong> l’électrocardiogramme. Ce simple test permet <strong>de</strong>définir les patients à risque d’acci<strong>de</strong>nts coronariens ultérieurs sur base <strong>de</strong> la survenue d’uneischémie lors <strong>de</strong> l’effort ou encore en cas <strong>de</strong> performance fonctionnelle médiocre.Le couplage d’une scintigraphie ou d’une échographie avec un test d’effort permetd’améliorer la sensibilité et la spécificité <strong>de</strong> l’électrocardiogramme seul. Enfin, chez lespatients incapables <strong>de</strong> fournir un effort physique, le recours à <strong>de</strong>s tests pharmacologiquesutilisant le Dipiridamol, l’Adénosine ou la Dobutamine peut être réalisé avec la précisiondiagnostique comparable.5. Exploration d’arythmieL’évaluation <strong>de</strong> l’instabilité électrique, la prédiction d’une arythmie ventriculaire maligne oud’une mort subite à partir <strong>de</strong> l’électrocardiogramme ou <strong>de</strong>s tests d’évaluationélectrophysiologique s’est révélée dans l’ensemble décevante. S’il apparaît que la plupart<strong>de</strong>s patients chez qui on peut induire une arythmie ventriculaire maligne sont à risque <strong>de</strong>développer ce genre d’arythmie plus tard, il existe par contre un très grand nombre <strong>de</strong>résultats faussement positifs qui limitent la valeur clinique <strong>de</strong> ces évaluations. Il en est <strong>de</strong>même pour l’évaluation <strong>de</strong>s potentiels électriques tardifs dont la valeur prédictive d’acci<strong>de</strong>ntclinique ultérieur est assez faible.La prévalence et la signification pronostiques d’arythmie ventriculaire après infarctus dumyocar<strong>de</strong> évalué par l’enregistrement Holter offre par contre une prédiction intéressante dupronostic, en particulier lorsque les extrasystoles surviennent à une fréquence supérieur à10 batt systoliques/heure. De même, la survenue <strong>de</strong> tachycardie ventriculaire ou lafibrillation ventriculaire en phase subaiguë d’un infarctus représente un élément pronostiquetrès péjoratif, en particulier lorsqu’il existe une dysfonction ventriculaire gauche.


C. THERAPEUTIQUE EN POST-INFARCTUSLe traitement après infarctus comprend <strong>de</strong>ux volets. Le premier, préventif, concerne la prévention <strong>de</strong>scomplications liées à la nécrose d’une part, et la stabilisation voire la régression <strong>de</strong> la maladiecoronarienne d’autre part, le second, curatif, comprend le traitement spécifique <strong>de</strong>s complications liées àl’infarctus.1. Stratégie <strong>de</strong> prévention secondaireDeux aspects doivent être envisagés dans la prévention secondaire :a) Adaptation <strong>de</strong> l’hygiène <strong>de</strong> vieIl est important <strong>de</strong> comprendre que l’infarctus résulte d’une maladie coronarienne dansun très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas. Cela implique qu’il convient <strong>de</strong> traiter prioritairementcette affection et mettre en œuvre <strong>de</strong>s mesures visant à en ralentir la progression.Parmi celles-ci, il y a <strong>de</strong>s mesures hygiéno-diététiques qu’il convient d’imposer auxpatients :le tabagisme doit être interrompu chez les fumeurs, ce qui permet <strong>de</strong> réduire le risque <strong>de</strong>complications <strong>de</strong> 40 à 50 %,les habitu<strong>de</strong>s diététiques qui favorisent un régime végétarien hypocalorique pauvre engraisses et éventuellement enrichi <strong>de</strong> vitamines du groupe B ou du groupe E sont conseilléescar elles permettent <strong>de</strong> réduire les complications cardiovasculaires ultérieures <strong>de</strong> 10 à 72 %en fonction <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s alimentaires initiales,la pratique régulière d’activités physiques, visant à améliorer l’endurance dont l’effet sur letonus adrénergique se révèle également favorable à long terme et permet <strong>de</strong> réduire le risquecardiovasculaire <strong>de</strong> 25 % environ,l’environnement psychologique du patient doit être évalué et l’on veillera à réduire lessituations génératrices d’un état <strong>de</strong> stress ainsi que traiter les états dépressifs éventuels.b) Intervention pharmacologiqueCertaines thérapeutiques médicamenteuses ont prouvé leur efficacité pour réduire lescomplications après infarctus.Le traitement antithrombotique est essentiellement assuré par la prise d’Aspirine à uneposologie <strong>de</strong> 100 à 160 mg/jour, il permet <strong>de</strong> réduire le risque cardiovasculaire, enparticulier le risque <strong>de</strong> récidive d’infarctus d’environ 25 %. Le recours <strong>de</strong>s agentsantiplaquettaires plus puissants, tels que le Clopidogrel ou les inhibiteurs <strong>de</strong>s récepteurs IIbIII a pris par voie orale ne semble pas offrir un avantage supplémentaire considérablejustifiant leur usage en lieu et place <strong>de</strong> l’Aspirine, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s situations où ce médicamentest contre-indiqué. Par ailleurs, on peut également démontrer que l’usage d’anticoagulantsoraux offre un avantage équivalent à celui <strong>de</strong>s antiagrégants plaquettaires. Ce <strong>de</strong>rniertraitement est toutefois plus difficile à gérer et comporte un risque d’effets secondaires plusimportants, aussi n’est-il pas recommandé a priori en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s situations où un traitementanticoagulant est indiqué, comme par ex. en présence d’un anévrisme du ventricule gauche,d’une arythmie supraventriculaire ou ventriculaire fréquente avec dilatation <strong>de</strong>s cavitéscardiaques.


Un traitement hypolipémiant par statines a également montré son efficacité en préventionsecondaire, cela quel que soit le taux <strong>de</strong> cholestérol. La réduction du LDL-cholestérol parces médicaments et les effets <strong>de</strong>s statines sur les mécanismes inflammatoires, sur la fonctionendothéliale et la thrombogénèse expliquent que leur usage permet <strong>de</strong> réduire <strong>de</strong> 25 à 40 %le risque <strong>de</strong> complication après infarctus.Le traitement par bêtabloquants, réduisant l’activité orthosympathique, diminue le risque <strong>de</strong>mort subite et l’évolution vers une cardiopathie congestive, ce qui permet d’améliorer lepronostic <strong>de</strong>s patients <strong>de</strong> 20 à 25 %.L’usage <strong>de</strong>s inhibiteurs d’enzymes <strong>de</strong> conversion a également confirmé l’intérêt <strong>de</strong> cetteclasse thérapeutique dans le décours d’un infarctus en réduisant la morbidité cardiaque <strong>de</strong>40 % environ chez les patients ayant une fonction ventriculaire gauche altérée (fractiond’éjection < 40 %). L’efficacité <strong>de</strong> ces substances étant moins évi<strong>de</strong>nte (réduction du risque<strong>de</strong> 10 à 15 %) lorsqu’elles sont utilisées systématiquement.Le traitement <strong>de</strong> l’hypertension artérielle est également primordial et un contrôle adéquat<strong>de</strong>s chiffres tensionnels permet <strong>de</strong> diminuer le risque <strong>de</strong> complication cardiovasculaire <strong>de</strong> 15à 25 %.Il est par contre difficile d’objectiver l’impact du traitement du diabète, qu’il soit <strong>de</strong> type Iou <strong>de</strong> type II. Plusieurs étu<strong>de</strong>s démontrent toutefois une tendance <strong>de</strong> la signification enfaveur <strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong> diabète <strong>de</strong> type II chez qui une correction satisfaisante <strong>de</strong> laglycémie est obtenue.L’adjonction systématique d’antagonistes calciques ou <strong>de</strong> dérivés nitrés après infarctusn’apporte aucun bénéfice particulier, ces médicaments ne doivent donc pas être prescrits àtitre systématique.De même, chez la femme, le traitement hormonal substitutif instauré après l’infarctus n’offreaucun avantage, bien au contraire, on observe une augmentation <strong>de</strong>s complicationsthromboemboliques dans les <strong>de</strong>ux années qui suivent l’instauration d’un tel traitement chezles patientes qui n’étaient pas traitées au préalable.Diverses étu<strong>de</strong>s sont actuellement en cours qui évaluent l’intérêt <strong>de</strong> traitement parantioxydants ou antibiotiques. Les premiers résultats concernant l’usage <strong>de</strong> vitamines et nesemblent pas très efficaces.2. Traitement <strong>de</strong>s complications liées à l’infarctusa) Traitement <strong>de</strong> l’insuffisance cardiaqueComme nous l’avons mentionné dans les processus physiopathologiques liés àl’infarctus, la nécrose myocardique entraîne assez rapi<strong>de</strong>ment une anomalie <strong>de</strong> lafonction diastolique pouvant conduire, à terme, vers la dilatation ventriculaire gauche.Il est donc important d’i<strong>de</strong>ntifier les signes <strong>de</strong> dysfonction diastolique et <strong>de</strong> traitercelle-ci par <strong>de</strong>s médicaments qui réduisent la précharge ventriculaire (diurétiques etdérivés nitrés retard) et/ou <strong>de</strong>s médicaments qui réduisent la <strong>post</strong>charge ventriculaire(inhibiteurs <strong>de</strong> l’enzyme <strong>de</strong> conversion). La place <strong>de</strong>s antagonistes aux récepteurs <strong>de</strong>l'angiotensine II n'est pas encore clairement établie. A l'heure actuelle on doitconsidérer ces substances comme étant <strong>de</strong>s produits alternatifs aux inhibiteurs <strong>de</strong>senzymes <strong>de</strong> conversion lorsque ces <strong>de</strong>rniers entraînent <strong>de</strong>s effets secondaires. Lerecours aux alphabloquants peut également être envisagé comme alternative auxinhibiteurs d'enzyme <strong>de</strong> conversion.


Lorsque la nécrose myocardique est très importante et s'accompagne d'une altération<strong>de</strong> la fonction systolique (réduction <strong>de</strong> la fraction d'éjection en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 35 %, lesmesures thérapeutiques décrites pour améliorer la fonction diastolique doivent êtrerenforcées et optimalisées. Le recours à <strong>de</strong>s agents inotropes fut envisagé mais il s'estrapi<strong>de</strong>ment avéré que l’usage <strong>de</strong> ces médicaments augmentait la mortalité.Eventuellement, <strong>de</strong> la Digitaline. ou <strong>de</strong> la Digoxine peuvent être administrées enparticulier si le patient souffre <strong>de</strong> fibrillation auriculaire. Chez les patients présentantdysfonction ventriculaire gauche importante,, les mesures visant à moduler lesréponses neurohormonales doivent être prises. L'activation du systèmerénine/angiotensine doit être bloquée par <strong>l'association</strong>. d'Aldosterone et d'inhibiteursd'enzymes <strong>de</strong> conversion et l'hyperadrénergisme modulé par l'usage <strong>de</strong> bêtabloquantsdont la posologie sera adaptée individuellement, une transplantation cardiaque doitêtre envisagée chez les patients qui sous traitement médicamenteux <strong>de</strong>meurent austa<strong>de</strong> III ou IV avec une consommation maximale d'oxygène inférieure à 15 ml/min.b) Traitement <strong>de</strong> l’anévrisme ventriculaireLorsque l’anévrisme ventriculaire est responsable d'une dysfonction ventriculairegauche, sa résection peut être envisagée pour autant que les données échographiquesou scintigraphiques suggèrent le maintien d'une activité ventriculaire résiduellesuffisante. Le traitement par anticoagulants sera également instauré chez ces patientsdurant une pério<strong>de</strong> minimale <strong>de</strong> trois mois.C) Revascularisation après infarctusLorsque une ischémie ou une viabilité est obiectivée après un infarctus, <strong>de</strong>s mesures<strong>de</strong> revascularisation doivent être envisagées, en fonction <strong>de</strong>s résultats d'unecoronarographie. La technique d'angioplastie et <strong>de</strong> chirurgie offre globalement <strong>de</strong>srésultats équivalents à moyen et long terme pour autant que la revascularisation soitcomplète par l'une ou l’autre métho<strong>de</strong>.Lorsque les trois réseaux coronariens sont atteints et doivent être revascularisés, lafaveur sera laissée à la chirurgie. Par contre, si seul un vaisseau coronarien doit êtrerevascularisé, l'angioplastie est le traitement <strong>de</strong> choix, à l'exception <strong>de</strong>s lésionsentreprenant le tronc commun coronaire gauche ou la partie ostiale <strong>de</strong> l’artèreinterventriculaire antérieure.La décision urgente ou programmée <strong>de</strong> la revascularisation est prise en fonction <strong>de</strong>sdonnées cliniques (angor stable ou instable) et <strong>de</strong> la situation anatomique (sténose dutronc commun par exemple).d) Défibrillateur et pace makerLe traitement médicamenteux <strong>de</strong>s arythmies après infarctus s'est montré décevant. Laprise systématique d'antiarythmiques n'a montré aucun bénéfice que du contraire.Seuls les bêtabloquants et dans une certaine mesure l’amiodarone ont montré leurefficacité pour réduire les complications rythmiques, en l'occurrence la mort subite.L'attitu<strong>de</strong> actuelle est dès lors <strong>de</strong> conseiller la mise en place d'un défibrillateurcardiaque lorsque le risque <strong>de</strong> troubles rythmiques malins risquait d'entraîner unefibrillation ventriculaire mortelle est majeur. Ces situations se rencontrent chez lespatients qui ont. récupéré d'une " mort subite " ainsi que chez ceux développant <strong>de</strong>stachycardies ventriculaires symptomatiques plus <strong>de</strong> 72 heures après un infarctus.


Les troubles conductifs responsables d’un bloc auriculoventriculaire symptomatiqueou objectivés par enregistrement électrocardiographique <strong>de</strong> Holter survenant plus <strong>de</strong>six semaines après un infarctus sont considérés comme étant une indication <strong>de</strong> mise enplace d'un pace maker. Un stimulateur cardiaque doit également être envisagé et serasouvent recommandé si le patient présente un bloc trifasiculaire (blocauriculoventriculaire du 1 er <strong>de</strong>gré, bloc segmentaire antérieur gauche et bloc <strong>de</strong>branche droit complet), surtout en présence d'un infarctus antérieur.e) PéricarditeDans les semaines qui suivent un infarctus transmural, il arrive occasionnellementqu'une réaction auto-immune se développe et conduise au développement d'unepéricardite (syndrome <strong>de</strong> Dressler). Cette réaction inflammatoire peut être traitée dansla moitié <strong>de</strong>s cas par anti-inflammatoires non stéroïdiens (Indometacine par ex. ouAspirine à fortes doses - 2 à 3 g/jour). Toutefois si. après une semaine lasymptomatologie persiste ou s amplifie, le recours aux corticoï<strong>de</strong>s s'avère nécessaire.Un traitement minimum <strong>de</strong> trois semaines doit alors être instauré.Ces péricardites <strong>post</strong> infarctus sont parfois récidivantes. Diverses approchesthérapeutiques ont été tentées avec <strong>de</strong>s succès variables, Certains préconisent larépétition <strong>de</strong> cure <strong>de</strong> cortisone, d'autres l'emploi <strong>de</strong> Colchicine ou encore la créationd'une fenêtre pleuropéricardique.f) Dysfonction valvulaire.Une dysfonction valvulaire s'observe parfois après un infarctus. Il s'agit souvent d'uneinsuffisance mitrale. Celle-ci peut être fonctionnelle, liée à une dilatation <strong>de</strong> l'anneaumitral n’apparaissant parfois qu'à l'effort lorsque ce <strong>de</strong>rnier entraîne une élévation <strong>de</strong>spressions télédiastoliques et une dilatation ventriculaire gauche ou une ischémie d'unpilier valvulaire. La dysfonction peut être organique, résulter d'une nécrose partielled'un pilier mitral ou d'une rupture d'un. cordage. Cette situation est à distinguer <strong>de</strong>l'insuffisance mitrale aiguë survenant dans les suites précoces d'un infarctus qui elleest consécutive, le plus souvent, à la rupture d'un pilier mitral nécrosé.Les insuffisances mitrales modérées ou persistant après un infarctus relèvent d'untraitement chirurgical par plastie lorsqu’elles <strong>de</strong>viennent symptomatiques (dyspnéed'effort précoce avec insuffisance mitrale objectivée par échographie d'effort) ou sielles sont. sévères (dilatation du volume systolique ventriculaire gauche supérieure à55 ml ou dilatation <strong>de</strong> l'oreillette gauche supérieure à 60 mm).L'insuffisance valvulaire tricuspidienne peut survenir dans les suites d’un infarctusventriculaire droit. Cette situation est généralement bien tolérée et peut s’équilibrer enréduisant la précharge ventriculaire gauche. Cette fuite valvulaire peut cependant êtreresponsable d'une désaturation artérielle lorsque le patient présente un foramen ovalperméable.CONCLUSIONLes patients convalescents d'un infarctus du myocar<strong>de</strong> doivent donc bénéficier d'une prise en charge dontl’objectif premier sera d’estimer le pronostic et les répercussions fonctionnelles <strong>de</strong> la nécrose. Et fonction<strong>de</strong> ces évaluations, la thérapeutique sera ajustée en visant d’une part à prévenir la récidive d'un acci<strong>de</strong>ntcoronarien ou d'une complication liée à l'infarctus et d'autre part à traiter les éventuelles complicationsdues à la nécrose

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