Norlha Rinpoché et Denys Rinpoché1T r a n s m i s s i o nDans l’inspirationde Vajradhara Kalu Rangjung Künchab2losum chosumLe Convent Général de la Communauté <strong>Rimay</strong> s’est tenu les 28 et 29 maiderniers en Avalon, réunissant autour de Rinpoché le Collège des ancienset le Collège des délégués des sangha lokas. Nous résumons ici quelquesextraits du mot de Denys Rinpoché devant la rencontre préparatoire duCollège des anciens qui s’était réuni la veille.Une communauté adulte et un programme detransmission completTout d’abord, je crois que l’on peut se réjouir et seféliciter : l’état général de la communauté est bon et,personnellement j’en suis très heureux. Je suis content devoir que la communauté – c’est-à-dire principalement lespratiquants dans leur maturation – se développe bien. Il y ade bons signes, une bonne inspiration, de bonnes initiativeset je dirais que la communauté a atteint un âge adulte, mûr.Ce qui fait cette maturité est d’avoir maintenant en son seinune dynamique de transmission intégrale ; c’est-à-dire quel’ensemble de la transmission traditionnelle puisse êtrevéritablement transmis dans un programme progressifavec ses volets d’étude et de pratique. Il demeure bien sûrbeaucoup de choses à améliorer et il faut donc continueravec énergie, mais maintenant le programme central existe.La transmission dans l’étude et la pratiqueC’est d’abord un premier cycle d’étude avec la réédition de LaVoie du Bouddha en manuel d’étude et le programme associé.C’est ensuite le shédra avec ses neuf modules actuels et unLes sangha lokas en Russie et en IndeJe souhaitais aussi évoquer les développements du sanghadans des contrées lointaines, qui ouvrent des réflexionsessentielles sur la transmission.J’étais passé en Russie il y a quinze ans lors de trois voyages.Récemment des contacts ont été repris autour de Batyr, unétudiant et ami kalmouke qui avait reçu transmissions etenseignements lors de ces premières visites. Il nous a faitpart de son souhait que nous amenions en Russie ce que nousavons développé en France, exprimant son appréciation pourl’approche de la Communauté <strong>Rimay</strong> dans son authenticité,sa profondeur et son organisation.Il y a aussi de bons développements du sangha en Inde oùlama Mingyur continue d’aller régulièrement. À en croireses prévisions il y aura bientôt plus de membres du sanghaen Inde qu’en France…Pour servir le développement à l’international, nous envisageonsaussi l’achat d’un terrain agrandissant le site d’Avalonqui permettrait d’établir un autre centre de retraite detrois ans, international, avec le tibétain et l’anglais commelangues internationales, et des traductions en chacune deslangues des pratiquants.Norlha Rinpoché, l’aîné des héritiers spirituelsde Kalu Rangjung Künchab, qui fonda plusieurscentres de retraite de trois ans en Inde et auxÉtats-Unis, exprima son appréciation de l’œuvreaccomplie par Denys Rinpoché lors de sa visite àDashang Nigu Ling en 2010 :« Je voudrais partager avec vous le fait que je penseque vous avez énormément de chance et de bonnefortune d’être dans cet endroit, qui est pour moila manifestation de la vision et de l’intention deVajradhara Kalu Rangjung Künchab.En créant ce centre du Dharma dans ce magnifiqueenvironnement, avec son programme de pratiqueet d’étude, avec ses centres de retraite de trois anspour des retraites de courte, moyenne et longuedurée, Lama Denys Rinpoché a tout simplementréalisé les souhaits de Vajradhara Kalu RangjungKünchab.C’est merveilleux pour moi de pouvoir voir toutcela et je me réjouis de cette grande vertu. »Assemblée générale 2011troisième cycle d’étude approfondie en cours de constitutionavec la traduction puis la transmission de L’Encyclopédiedes connaissances, qui est notre référence traditionnelle etqui fait autorité.En termes de pratique, c’est la progression des retraitestransmissions : l’entraînement spirituel, la pratique deChenrézi comme cœur d’une pratique vajrayâna, puis lesinstructions Mahâmudrâ-Dzogchen dans une transmissionrimay. Ces retraites transmissions peuvent être complétéesde retraites SaVi, de dathüns et de retraites individuelles.Tout le programme des pratiques, dans sa complétude, estfinalement résumé dans le cycle des transmissions PaldenDashang <strong>Rimay</strong> conféré au moment de la retraite de troisans et pendant celle-ci.L’ensemble de ces volets d’étude et de pratique constitue unetransmission complète. Elle est support nécessaire à une« réalisation complète », dont il ne faut pas se départir etqu’il convient de développer.Les centres de retraite au cœur de la transmissionLa création et le dynamisme des centres de retraite nousparaissent en effet essentiels. La transmission de la voiedu Bouddha est la transmission d’une expérience, et pourtransmettre cette expérience la pratique est le vecteur,celle-ci se développe au quotidien mais aussi profondémenten retraite. Les centres de retraite, qui sont l’occasion d’entrerdans le cœur et dans l’essence de la pratique, sont ainsifondamentaux. C’est en leur sein que la lignée Shangpa futtransmise et la création de centres de retraite fut une activitéprioritaire de Kalu Rangjung Künchab, et nous faisons demême à sa suite. La constitution de centres de retraite, avec lesadaptations qui peuvent être nécessaires contextuellement,est la façon par excellence pour éveiller et former de bonnespersonnes qui peuvent à leur tour aider d’autres personnes.C’est dans cette direction que nous souhaitons aller et avancer,elle nous semble être la meilleure façon de transmettre leDharma et d’aider tout un chacun et tous les vivants le plusprofondément et directement possible.L’Institut Karma Ling : un centre de retraite ouvertDans ce programme de transmission intégrale, l’InstitutKarma Ling continue d’entrer dans le rythme et les modalitésd’un « centre de retraite ouvert », niché dans l’écrin de l’écositesacré d’Avalon qui lui-même participe pleinement d’unepratique profonde et essentielle du Dharma.La pratique du Dharma vise à réaliser la nature de son esprit.L’état naturel est l’état « de nature ». Le propos d’une écologieprofonde est d’entrer en résonnance avec « notre nature ». Danscet esprit, le développement de l’écosite se rapprochera demodèles anciens où il y avait, aussi bien en termes énergétiquesqu’en termes alimentaires, une autosubsistance de proximité.Nous espérons ainsi pouvoir agrandir Avalon, acquérir desterrains, certains en fermage, pour développer une agriculturede moyenne montagne, à l’ancienne, et finalement amenerlocalement un mode de vie dans le bonheur d’une simplicitéchoisie, la richesse d’une simplicité bienheureuse avec, commele dit Pierre Rabhi, « la modération comme performance ».
...Suite de la p. 1aujourd’hui, est le plus grand centre kagyü du Tibet.C’est là que Kalu Rangjung Künchab (1904-1989)fit sa retraite de trois ans et reçut la totalité destransmissions Palden Shangpa de son lama sourceDrupwang Norbu Töndrup (1880-1954), un maîtreparfaitement accompli qui réalisa le corps d’arc-enciel.Ensuite, après des pérégrinations érémitiquesen yogi solitaire, Kalu Rangjung Künchab, à lademande de son lama source, devint à son tour ledrupön, maître des retraites, de Tsadra RinchenDra, pendant une douzaine d’années. Son renomde yogi réalisé le fit inviter dans le Tibet centralet hors de celui-ci. Il inspira au Bhoutan, en Indepuis dans le monde entier des centres de retraitedont la fondation fut au cœur de son activité. C’estainsi qu’il fut reconnu comme une émanation del’activité éveillée de Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé.Denys Rinpoché fut pendant vingt ans le discipledirect et un assistant personnel de Kalu RangjungKünchab qui le désigna finalement comme l’unde ses héritiers spirituels et successeurs dansla transmission de sa lignée. En Inde au débutdes années 70, dans l’inspiration de son lamasource, Denys Rinpoché demanda à VajradharaKalu Rangjung Künchab d'instaurer la traditionde la retraite de trois ans en Occident. C’est ainsiqu’allaient naître quelque temps après les premierscentres de retraite occidentaux à Dashang KagyüLing. Denys Rinpoché y accomplit en 1976 laretraite de trois ans sous la direction directe deKalu Rangjung Künchab, avec l’accompagnementde Drupön Rinpoché, Lama Tenpa Gyamtso, l’un desprincipaux héritiers spirituels tibétains de KaluRangjung Künchab.Ensuite, Kalu Rangjung Künchab ayant demandéà Denys Rinpoché de développer à Dashang KarmaLing un centre d’étude et de pratique, il souhaita dèsque ce fut possible y établir des centres de retraitesde trois ans. C’est ainsi qu’en 1984 les centres deretraite de Naro Ling et Nigu Ling furent construitsdans les hauteurs de Karma Ling et que la premièreretraite de trois ans débuta en 1985. C’est à cetteépoque que Vajradhara Kalu Rangjung Künchabinvestit Denys Rinpoché comme Vajracharyadétenteur de la lignée Palden Shangpa et de toutesses transmissions, et qu’il lui confia l’instructionparticulière de progressivement en transmettre lalignée dans l’expérience de l’union du Mahâmudrâet du Dzogchen.À partir de 1985 les retraites vont s’y succéder sansinterruption dans un cycle qui, incluant les préretraites,dure environ quatre années.Les retraitants de la première retraite (1985-1988)reçurent le Shangpa Chatsang, le cycle completPalden Shangpa Kagyü, de Kalu Rangjung Künchablui-même, au centre Dashang Kagyü Dzong à Paris.Les retraitants de la deuxième retraite (1989-1992)le reçurent à Dashang Kagyü Ling, au Temple desMille Bouddhas, de Kyabjé Bokar Rinpoché. Lors dela troisième (1993-1997) et de la quatrième retraite(1997-2001), Denys Rinpoché donna lui-même lestransmissions dans les centres de retraite au fur età mesure des pratiques. Pour la cinquième retraite(2001-2006), Denys Rinpoché souhaita, pourrenforcer le lien spirituel avec celui-ci, que KyabjéBokar Rinpoché donne à nouveau lui-même lestransmissions. Un grand pèlerinage fut organiséen Inde avec plus de 35 retraitants pour recevoir lePalden Shangpa Chatsang à Mirik. C’était en 2001et ce fut la dernière fois que celui-ci les donna avantson parinirvâna en 2004.En 2006, Denys Rinpoché conféra le cycle complet duPalden Shangpa Chatsang dans sa version Dashang<strong>Rimay</strong>, Mahâmudrâ-Dzogchen, aux retraitants dela sixième retraite (2006-2010) ; et aussi, pourla première fois, à tous les pratiquants anciensqui souhaitaient s’engager dans le programmemodulaire de la retraite de trois ans. En 2010, lemême cycle fut de nouveau transmis à l’occasiondes préparations de la septième retraite de trois ansqui a commencé en mai dernier. Durant les deuxdernières retraites Denys Rinpoché fut aidé dansla transmission des instructions par son disciplelama Chödrup qui a œuvré comme drupön assistant.En tout, Denys Rinpoché a ainsi enseigné et guidésix retraites de trois ans ; suivant ses instructions,l’ensemble des textes et commentaires de la retraiteont été traduits en français, certains ayant étéversifiés dans une traduction chantable suivant lesairs traditionnels. Ce travail est toujours en courset s’affine de retraite en retraite.Ainsi depuis plus de 25 ans ont été formés denombreux yogis occidentaux qui, pour ceux quiont reçu l’accréditation de leur lama source, sontdevenus lamas enseignants.C’est ainsi que la tradition yogique des PaldenShangpa Kagyü a pris naissance de façon autonomeen Occident, suivant sa lignée Dashang qui procèdede Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé et Kalu RangjungKünchab, et sa branche <strong>Rimay</strong> à la suite de DenysRinpoché.Texte rédigé par le comité de rédaction de <strong>Garuda</strong>le chemin versune retraitelosum ChosumAssistant à la sortie de la sixième retraite,Philippe s’interroge sur le choix d’entrer en retraitede trois ans. Il décide d’y consacrer unfilm en suivant les pré-retraitants durant leurpréparation.30 mars 2010, sortie de la 6 e retraite - Moi qui ne feraijamais cette retraite pour plein de bonnes raisons, familialeset sociales, j’ai soudain envie d’aller plus loin dansce mystère. Moi qui suis claustrophobe, il me faut racontercette retraite, découvrir pourquoi on s’enferme trois ansde sa vie. Comment peut-on laisser une famille à la ported’une aventure si longue ? Quel parcours de vie amèneà un tel choix ? À quel moment reconnaît-on cette voiecomme la sienne ? Qui sont les prochains ? Comment sepréparent-ils ? Quelles sont leurs motivations ?Fin août 2010 - Je pose ma caméra devant la Maison dela Sagesse. Les futurs retraitants sont tous là pour recevoirde Rinpoché l’ensemble des transmissions shangpas.Je me présente et présente mon projet. Mal à l’aise, je medemande si je ne viens pas voler un peu de leur intimité,perturber leur histoire, parasiter leur préparation. Mespremières interviews sont encourageantes. Je découvredes personnalités riches, vivantes, ouvertes et confiantes.15 mai 2011, entrée de la 7 e retraite - Devant les portesmaintenant closes des centres de retraite, ce sont mes dernièresimages. Pour les retraitants, l’aventure commence.Pour moi, c’est la fin du partage, de ce temps de préparationque j’ai pu vivre à leurs côtés, témoin assidu, toujoursà l’écoute et souvent invité au cœur de la vie du groupe.Ce plan sera le premier et le dernier de mon film. Il ouvrela question de la retraite et la referme sur le mystère decette aventure. Seuls les retraitants peuvent la vivre et enfaire la profonde expérience.Merci à Rinpoché, qui m’a ouvert toutes les portes de l’Institutet du Dharma. Merci à lama Chödrup, qui m’a guidé.Merci à chacun des retraitants de m’avoir si bien acceptéet aidé. Fort de cette confiance, il me reste à relever le défidu montage de ces moments d’harmonie et de questionnement.Un film de cinquante deux minutes sera réaliséavec la participation d’un musicien du sangha. Une sociétéde production qui croit au projet aidera à l’aboutissement,la distribution et la diffusion d’un DVD.Philippe VernereyMotivation, doutes et aspiration…Quelques extraits des entretiens de Philippe avectrois des futurs retraitants.- Pourquoi fais-tu cette retraite ?-Heïke : ...ça c’est une bonne question ! J’ai déjà essayé dela formuler mais c’est très difficile pour moi de mettredes mots dessus. Je n’ai pas la motivation de « m’éveillerpour tous les vivants », ça me semble très artificiel ; maisen même temps quelque chose me pousse et me dit : c’estla chose à faire, là où je suis. On m’a souvent donné unconseil : regarder la situation pour voir si on va regretterde ne pas la faire. Du coup la question de la motivation sepose moins. La question est plutôt : lorsque j’aurai trente,quarante ou cinquante ans, ne vais-je pas regretter den'avoir pas saisi cette chance qui ne se reproduira peutêtre plus.- As-tu encore des doutes ?- Thibaut : Bien sûr ! On a toujours des doutes, tous lesjours on se dit : est- ce bien là qu’il faut que j’aille ? Etpuis je quitte beaucoup de choses. Avec ma compagne,nous allons mettre toute notre histoire en pause sanssavoir si on va se retrouver après. Mais il y a quelquechose qui est beaucoup plus fort que ça, c’est un peuindescriptible. C’est de sentir, certains appellent cela lapetite voix intérieure, un élan vers quelque chose de plusgrand, de plus fort que le reste. Ces doutes, il convient deles analyser, d’y répondre autant que possible, mais on nepourra pas s’empêcher d’en avoir au moment de rentrer etd’en avoir longtemps encore, peut être jusqu’à la fin de laretraite. Doucement, ne surtout pas les refouler, mais lescomprendre et voir que cette motivation qui nous entraîneles balaie. Il faut essayer, se lancer, sauter du plongeoir.- Quelle est ton aspiration ?- Juri : Celle de bien pratiquer. Le but est de s’approcherd’un état d’éveil et donc de liberté, de sagesse, d’amour etd’empathie. J’aimais bien ma vie d'avant, je n'ai pas fuiquelque chose qui ne me plaisait pas. Mais je me suisaperçu que j’étais trop dispersé, que je n’arrivais pas àdonner suffisamment de temps, d’énergie, d’attention à lapratique du Dharma. J’ai donc décidé d’y consacrer toutmon temps en faisant cette retraite de trois ans. J’aigrandi dans un milieu catholique qui m’a donné de bonsrepères. Puis j’ai pratiqué le yoga et les traditionsorientales, l’hindouisme et le taoïsme. Mais quand j’airencontré le Dharma, j’ai découvert une qualitéd’enseignement, une profondeur et surtout une santé queje n’avais jamais rencontrées auparavant. Par santé, jeveux dire une démarche attentive à tout type de déviation.Au fil des ans j’ai apprécié de plus en plus la pratique duDharma et je me suis dit qu’il valait la peine de s’yengager plus profondément.3losum Chosum