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Analyse d'une séquence de Reservoir Dogs ... - Ecole des images

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Nous l'appellerons le « spectateur-typique », celui <strong>de</strong>s films d'action dans les salles grand- public.Sans doute un effet du gobelet, il ne lui manque que le pop-corn …Retour au champ (croquis 10) : éberlués, les <strong>de</strong>ux acteurs stoppent leur bagarre, s'éloignentl'un <strong>de</strong> l'autre. La conversation s'engage, un échange semble soudain possible entre eux et cespectateur, entre l'espace <strong>de</strong> l'écriture et celui <strong>de</strong> la lecture du film. (croquis 11)Gros plan sur le « spectateur-typique » : insistance <strong>de</strong> Tarantino sur la fonction du regard,avec le jeu sur les lunettes qu'il enlève finalement pour révéler son vrai regard. (croquis 12-13et 14)Retour au champ : un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux acteurs s'énerve après notre « spectateur-typique » qui resteimpassible, malgré l'échange verbal. (croquis 15)Contre-champ : la caméra a reculé plaçant notre spectateur dans une position inconfortable :il va être incorporé progressivement dans l'espace <strong>de</strong> la fiction. Le risque <strong>de</strong>vient grand pourlui, il accepte <strong>de</strong> discuter : « bon, parlons ». (croquis 16)Champ puis contre-champ avec travelling arrière : s'opère alors un rééquilibrage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux espaces: celui <strong>de</strong> la scène et celui du spectateur. Comme par hasard, la mesure <strong>de</strong> ce rééquilibrageest donnée par une échelle opportunément placée là (échelle <strong>de</strong> plans ?) dans les <strong>de</strong>uxespaces : le champ comme le contre-champ (croquis 17-18 et 19)La mise en danger du spectateur :Champ : Mr. White s'élance violemment vers la caméra : comme dans Sherlock Junior ( BusterKeaton) ou La rose Pourpre du Caire (Woody Allen), par exemple, les <strong>de</strong>ux espaces, habituellementdisjoints, <strong>de</strong> l'espace filmique et <strong>de</strong> la réception du film vont <strong>de</strong>voir co-habiter unmoment. (croquis 20)Le point <strong>de</strong> jonction <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux espaces (quand Mr. White entre dans le même plan que notrespectateur) se joue autour <strong>de</strong> la pénétration du revolver du gangster dans l'espace du « spectateur-typique», comme s'il y avait mise en danger réelle, physique, <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. (croquis 21), © CRDP <strong>de</strong> Paris.


qui le pousse sans cesse à voir plus <strong>de</strong> violence, dans le confort et la sécurité <strong>de</strong> la salle obscuredu cinéma. Par ailleurs, il insiste (par <strong>de</strong>ux fois dans cette <strong>séquence</strong>) sur le fait qu'il fautparler pour désamorcer la violence.En matière d'enseignement, il me semble que le questionnement que nous propose Tarantinoest particulièrement pertinent, pour les jeunes <strong>de</strong> lycée.En effet, ceux-ci sont <strong>de</strong> plus en plus souvent en situation <strong>de</strong> voir, seuls, ce genre <strong>de</strong> cinémasans forcément ensuite être placés en situation <strong>de</strong> résoudre la violence symbolique qui filtreau travers du dispositif cinématographique.L'ambition <strong>de</strong> cette analyse est <strong>de</strong> présenter un moyen d'abor<strong>de</strong>r, à partir du langage cinématographiquelui-même, une question aussi fondamentale que celle <strong>de</strong> la violence pour <strong>de</strong>s jeunesen pleine construction <strong>de</strong> leurs représentations. Doit on les laisser se réfugier dans l'imaginaireou au contraire les ai<strong>de</strong>r à se construire au travers <strong>de</strong> véritables représentations symboliques? That is the question …<strong>Analyse</strong> proposée par Marcel Rodriguez (réalisateur) et Marc Holfeltz (CRDP <strong>de</strong> Paris)., © CRDP <strong>de</strong> Paris. Auteurs : M. Holfeltz, M. Rodriguez. Croquis A.Houtteman

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