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Le théâtre - Bibliothèque et Archives nationales du Québec

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ePtunedossierune PreMIÈrepar Philippe <strong>Le</strong>gault, bibliothécaire, Direction dela Collection nationale <strong>et</strong> des services spécialisésC’est en Acadie, deux ans avant la fondation de Québec,que le « rideau se lève » sur la première pièce d<strong>et</strong>héâtre jouée en Nouvelle-France. <strong>Le</strong> 14 novembre1606, <strong>Le</strong> théâtre de Neptune en la Nouvelle-France,écrit <strong>et</strong> mis en scène par Marc <strong>Le</strong>scarbot, est jouéà Port-Royal. Il s’agit d’un spectacle dramatiqueen trois actes : l’un sur l’eau, l’autre sur le rivage <strong>et</strong> l<strong>et</strong>roisième à la porte <strong>du</strong> fort de la colonie naissante.C<strong>et</strong>te unique représentation déployée en plein airrend hommage à Jean de Biencourt, sieur de Poutrincourt,commandant <strong>du</strong> premier établissementpermanent fondé en Acadie, ainsi qu’à Samuel deChamplain <strong>et</strong> à son équipage, de r<strong>et</strong>our d’une expéditionsur mer chez les Armouchiquois, aujourd’huiles Micmacs de la Nouvelle-Angl<strong>et</strong>erre.Neptune, le dieu des mers <strong>et</strong> des océans, entouréde sa cour de six tritons <strong>et</strong> de quatre Amérindiens,tous sur des embarcations, déclament tour à tourles 243 vers qui constituent ce poème théâtral àune audience surprise de c<strong>et</strong> accueil inusité. S’ilest possible encore aujourd’hui de préciser cesdétails sur c<strong>et</strong>te fête nautique, c’est que <strong>Le</strong>scarbota bien pris soin de consigner le texte <strong>et</strong> de décrirela représentation de sa pièce dans son ouvragephare, Histoire de la Nouvelle France, publié en1609 <strong>et</strong> aujourd’hui disponible en ligne à partir uv Marc <strong>Le</strong>scarbot, <strong>Le</strong>s musesde la Nouvelle France, Paris,Jean Millot, 1609, p. 10-11.À rayons ouverts 5 printemps-été 2012 n o 89


dossierproposent en 1866 Histoire de la Nouvelle-France –Suivie des Muses de la Nouvelle-France. <strong>Le</strong>s éditions<strong>Le</strong>s Herbes rouges de Montréal publieront le titre en1998. En 2004, les éditions L’Harmattan de Parisemboîtent le pas avec <strong>Le</strong>s muses de la Nouvelle-France de Marc <strong>Le</strong>scarbot – Premier recueil de poèmeseuropéens écrits en Amérique <strong>du</strong> Nord.Deux versions anglaises ont été publiées, l’uneen 1927 <strong>et</strong> l’autre, bilingue, en 2006 : The Theatre ofNeptune in New France <strong>et</strong> Spectacle of Empire – Marc<strong>Le</strong>scarbot’s Theatre of Neptune in New France. En2007, une édition critique signée Marie-ChristinePioff<strong>et</strong> s’attarde au personnage <strong>Le</strong>scarbot <strong>et</strong> à sonœuvre dans Voyages en Acadie (1604-1607).MArc <strong>Le</strong>scArBOT, diTes-vOus?<strong>Le</strong> poème théâtral de <strong>Le</strong>scarbot aura surmontél’épreuve <strong>du</strong> temps, <strong>du</strong> xVii e au xxi e siècle, plutôtgrâce à ses récits de voyage, semble-t-il. Mais qui estdonc ce Marc <strong>Le</strong>scarbot ?<strong>Le</strong> Dictionnaire biographique <strong>du</strong> Canada le décritcomme avocat, voyageur <strong>et</strong> écrivain. Il est aussi souventcité comme le premier historien de la Nouvelle-France 1 . Désillusionné <strong>du</strong> droit, il quitte La Rochelle uv The First Play in Canada,dessin sur carton réalisé àla plume <strong>et</strong> à l’encre noire tiréde Charles William Jefferys,dans Canada’s Past inPictures, Toronto, The RyersonPress, 1934, p. 19.À rayons ouverts 7 printemps-été 2012 n o 89


Durant son séjour en Nouvelle-France, <strong>Le</strong>scarbot côtoie,outre Champlain <strong>et</strong> Poutrincourt, d’autres personnages importantsde l’histoire de la colonie, tel Pierre Du Gua De Monts, fondateur de l’Acadie,<strong>et</strong> Louis Hébert, premier colon <strong>et</strong> premier apothicaire de Québec.dossierw Charles William Jefferys,<strong>Le</strong>scarbot lisant <strong>Le</strong> théâtrede Neptune…, dessin surcarton réalisé à la plume <strong>et</strong>à l’encre noire tiré de Marc<strong>Le</strong>scarbot, dans <strong>Le</strong>s muses dela Nouvelle-France, Montréal,<strong>Le</strong>s Herbes rouges, coll.« Five O’Clock », 1998, p. 92.le 13 mai 1606 pour l’Acadie, où il demeure uneseule année, toute la population de la colonie devantr<strong>et</strong>ourner en France à la suite de la révocation<strong>du</strong> monopole <strong>du</strong> commerce des fourrures.Durant son séjour en Nouvelle-France, <strong>Le</strong>scarbotcôtoie, outre Champlain <strong>et</strong> Poutrincourt,d’autres personnages importants de l’histoire dela colonie, tels Pierre Du Gua De Monts, fondateurde l’Acadie, <strong>et</strong> Louis Hébert, premier colon <strong>et</strong> premierapothicaire de Québec.L’Ordre de BO n TeM psLouis Hébert, Marc <strong>Le</strong>scarbot <strong>et</strong> Samuel de Champlaincréent dès l’hiver 1606 l’Ordre de Bon Temps.Considéré comme le premier club social en Amérique,celui-ci a pour raison d’être de maintenir lemoral <strong>et</strong> la bonne humeur dans la population dela colonie en organisant des soirées gastronomiquesoù l’on sert des m<strong>et</strong>s préparés à partir desressources <strong>du</strong> pays : gibiers, légumes <strong>et</strong> fruits.Outre les plaisirs de la table, l’Ordre de Bon Tempsprocure des distractions à la compagnie. Dansc<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite société sans femmes, ces soirées auxallures de fête carnavalesque égrènent chansons<strong>et</strong> p<strong>et</strong>ites pièces de théâtre qui font rire <strong>et</strong> sourire.<strong>Le</strong> peintre illustrateur Charles William Jefferys(1869-1951), reconnu pour ses représentationshistoriques, en a imaginé <strong>et</strong> immortalisé l’atmosphèredans une aquarelle simplement intituléeL’Ordre de Bon Temps, 1606.Il faudra attendre jusqu’en 1640 pour trouverdans les Relations des Jésuites 2 la mention d’unedeuxième pièce de théâtre en Nouvelle-France, un<strong>et</strong>ragicomédie en l’honneur de la naissance <strong>du</strong> dauphin(Louis XIV) présentée au Collège des Jésuitesà Québec. <strong>Le</strong> titre en est inconnu compte tenu de lapauvr<strong>et</strong>é des informations dans les documentsd’époque.La pratique théâtrale au Québec a considérablementcheminé depuis <strong>Le</strong>scarbot : depuis les 11 premierscomédiens en 1606, plus de 2200 comédiensquébécois poursuivent toujours la tradition de lascène 400 ans plus tard.1. Dictionnaire biographique <strong>du</strong> Canada, vol. I : De l’an 1000 à 1700,Québec, Presses de l’Université Laval, 1967, p. 480.2. Relations des Jésuites – Contenant ce qui s’est passé de plusremarquable dans les missions des pères de la Compagnie de Jésusdans la Nouvelle-France, Québec, Augustin Coté, 1858, 3 vol. Disponibleégalement en version électronique à partir <strong>du</strong> catalogue Iris :collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2022751.À rayons ouverts 8 printemps-été 2012 n o 89


Irlande 1691,Montréal 1843hIstoIre d’un draMe héroïquedossierw Robert Ashton, The Battleof Aughrim – Or, the Fall ofMonsieur St. Ruth, Montréal,John Corcoran, 1843, 48 p.par Isabelle Robitaille, bibliothécaire spécialistede la collection patrimoniale d’imprimés anciens,Direction de la recherche <strong>et</strong> de l’éditionACT II. Scene I.SCENE, The Plain of Aughrim at five in theMorning. The Iriſh Camp and the Ca∫tle ofAughrim appearing at a Di∫tance 1 .Ainsi commence le deuxième actede la pièce de théâtre The Battle ofAughrim – Or, the Fall of MonsieurSt. Ruth, écrite par Robert Ashtonen 1728 à Dublin. Bien que le Québecse trouve à des milliers dekilomètres de l’Irlande, c<strong>et</strong>tehistoire racontant la journée<strong>du</strong> 12 juill<strong>et</strong> 1691 connut deséchos au sein de la populationquébécoise par l’entremisede l’imprimerieen 1843 <strong>et</strong>, peut-être, parcelle de la représentationthéâtrale.L’édiTiOnquéBécOised’un drAMe hérOÏqueL’édition publiée à Montréal en 1843existe vraisemblablement en deux exemplairesdans le monde. Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong><strong>du</strong> Québec (BAnQ) possède un de ces exemplaires.Arrivé à BAnQ par l’entremise de l’ancienne collectionde la Bibliothèque centrale de Montréal, ilaurait appartenu au bibliophile Victor Morin(1865-1960), selon l’étiqu<strong>et</strong>te apposée sur la pagede titre. Dépourvu de couverture <strong>et</strong> de reliure,c<strong>et</strong> exemplaire a subi la gourmandise d’un p<strong>et</strong>itrongeur – on y voit encore les marques de minusculesdents... Peut-être n’aimait-il pas ce genre delittérature ?L’imprimeur de c<strong>et</strong>te pièce, John Corcoran, dela rue De Bleury, à Montréal, est peu connu. Probablementd’origine irlandaise, il semble avoir publié16 titres entre 1839 <strong>et</strong> 1844, incluant The Battle ofAughrim. Bien qu’elle soit la seule pièce de théâtrede c<strong>et</strong> imprimeur, son thème – que nous verronsplus loin – semble rejoindre lesautres publications deCorcoran. La <strong>du</strong>alitéentre le protestantisme<strong>et</strong> le catholicisme anglaissemble être latrame de fond des ouvragesde c<strong>et</strong> imprimeur.Il défend ardemment lesprincipes de l’Église catholiqueen publiant, entreautres, des catéchismes anglophonespour le diocèsede Québec (1839 <strong>et</strong> 1841) <strong>et</strong>les doctrines de la religion catholique(1840, 1842 <strong>et</strong> 1844).Il se proclame « catholic bookprinter »sur certaines des pagesde titre de ces livres.The Battle of Aughrim estvraisemblablement une des cinqpièces de théâtre imprimées au Québec avant 1850<strong>et</strong> probablement la seule de langue anglaise.L’auteur Robert Ashton (né en 1706 ?) en a fait imprimerla première édition chez Sylvester Powell àDublin en 1728. Publiée une deuxième fois en 1756,elle a connu une nouvelle actualité à partir desannées 1770 avec la montée <strong>du</strong> nationalismeprotestant irlandais. Plus de 25 éditions ont été uÀ rayons ouverts 9 printemps-été 2012 n o 89


Héroïsme, traîtrise, amour, patriotisme, guerre de religion,torture <strong>et</strong> apparition spectrale sontles principaux thèmes abordés dans la pièce d’Ashton.dossiercatholiques. Ce fut d’ailleurs son réel danger : aumoment fort de la pièce, les spectateurs protestants<strong>et</strong> catholiques sortaient leurs épées pourse battre ! Elle fut donc interdite de pro<strong>du</strong>ctionpendant plusieurs années.Est-ce que les réactions furent aussi violentes àMontréal lors de la publication de la pièce en 1843 ?Il est difficile de le dire sans consulter les journauxanglophones <strong>du</strong> milieu <strong>du</strong> xix e siècle. Mais est-ceque la pièce a réellement été jouée ? Au Québec,le théâtre est encore à ses débuts dans la premièremoitié <strong>du</strong> xix e siècle. On y offre plutôt <strong>du</strong> théâtreamateur. Puisqu’il n’existe que de p<strong>et</strong>ites classesd’enseignement catholiques anglophones àl’époque, il est donc peu probable que la pièceait été jouée dans le milieu scolaire. On se tournealors vers le théâtre amateur de garnison. À partirde 1825, ce théâtre est davantage lié au théâtre professionnelqui a vu le jour à Montréal grâce à lacréation <strong>du</strong> premier théâtre permanent, le ThéâtreRoyal, financé par John Molson (illustration 3). <strong>Le</strong>stroupes de théâtre amateur jouent sur les mêmesplanches que les troupes professionnelles lorsqueces dernières sont en tournée.C’est peut-être dans ce contexte que The Battleof Aughrim a été jouée à Montréal. Ou peut-être a-telleété seulement imprimée sans offrir la chanceaux Montréalais de revivre un drame héroïque ?1. La scène représente la plaine d’Aughrim à cinq heures <strong>du</strong> matin.<strong>Le</strong> camp des Irlandais <strong>et</strong> le château d’Aughrim sont visibles au loin.(Nous tra<strong>du</strong>isons.)2. Christopher J. Wheatley, « Heroic Palimpsest – Robert Ashton’s“The Battle of Aughrim” », Eighteenth-Century Ireland / Iris an dáchultúr, vol. 11, 1996, p. 56.3. Ibid., p. 54.v James Duncan, ThéâtreRoyal, illustration tirée deNewton Bosworth, dansHochelaga Depicta – The EarlyHistory and Present State ofthe City and Island of Montreal,Montréal, William Greig, 1839,p. 151.À rayons ouverts 11 printemps-été 2012 n o 89


dossier


L’histoire <strong>du</strong> théâtre en abitibi-témiscaminguede l’art en barre !dossierpar Sébastien Tessier, archiviste-coordonnateur, Centred’archives de l’Abitibi-Témiscamingue <strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-QuébecBien qu’à une certaine époque l’Abitibi-Témiscamingueait regorgé de salles de théâtre (la ville deRouyn-Noranda à elle seule en comptait six <strong>du</strong>rantles années 1950), il ne faut pas croire pour autantque c<strong>et</strong>te région ait été la Mecque <strong>du</strong> théâtre auQuébec. Dans les faits, ces salles servaient principalementau visionnement de films populaires.En eff<strong>et</strong>, en raison de la proximité de l’Ontario <strong>et</strong>de la forte concentration d’anglophones dans lesvilles minières de l’Abitibi, les francophones appelaientà tort les salles de cinéma des théâtres. C<strong>et</strong>anglicisme, <strong>du</strong> mot theaters, est encore d’usagecourant dans plusieurs régions <strong>du</strong> Québec.Dès la fondation de la ville de Rouyn en 1926,des troupes anglophones viennent d’aussi loinque des États-Unis pour donner des spectacles auRegal Theater, situé rue Perreault. C’est le cas de lacompagnie The Six Blackbottom Stars, qui jouela pièce The Boy With the Rubber <strong>Le</strong>gs en 1927. Àcompter <strong>du</strong> milieu des années 1940, la communautéanglophone de Noranda se dote de sa proprecompagnie de théâtre, la Noranda Players’ Guild.Son répertoire est constitué de pièces de grandsauteurs anglo-saxons tels Shakespeare, GeorgeBernard Shaw <strong>et</strong> Robert Frost.À l’origine, les pièces jouées dans la communautéfrancophone se caractérisent par leur caractèrereligieux : pensons aux pageants qui se déroulent àla grotte de Ville-Marie au tournant des années1950 1 . À c<strong>et</strong>te époque, les établissements scolairessont les principaux artisans <strong>du</strong> théâtre en région.Que ce soit le pensionnat Sainte-Marie d’Amos, lecollège classique Saint-Louis de Rouyn ou le séminaireSaint-Michel, tous intègrent le théâtre religieuxà leur enseignement.Avec les changements qui surviennent dans lasociété québécoise <strong>du</strong>rant les années 1960, le répertoirechange. En 1966, <strong>Le</strong> temps sauvage d’AnneHébert présenté par le Théâtre <strong>du</strong> Nouveau Mondedevient la première pièce québécoise à être jouéeau collège classique de Rouyn-Noranda. La construction<strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> Cuivre en 1968 <strong>et</strong> la création<strong>du</strong> Centre dramatique de Rouyn en 1971 donnentun nouvel élan au théâtre professionnel de larégion.<strong>Le</strong>s documents contenus dans les fonds deCol<strong>et</strong>te Côté, <strong>du</strong> Théâtre de Coppe <strong>et</strong> des Zybridesfont découvrir le cheminement particulier d<strong>et</strong>roupes de théâtre amateur ou professionnelles,tandis que le fonds Groupe de recherche sur l<strong>et</strong>héâtre en Abitibi-Témiscamingue perm<strong>et</strong> defaire un tour d’horizon de l’histoire <strong>du</strong> théâtre dansc<strong>et</strong>te région. Tous ces fonds sont conservés auCentre d’archives de l’Abitibi-Témiscamingue <strong>et</strong><strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec de Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong><strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ).<strong>Le</strong>s 3 ALLé LuiA s renO uveL<strong>Le</strong>nTDès la fondation de la villede Rouyn en 1926,des troupes anglophonesviennent d’aussi loin que desÉtats-Unis pour donner desspectacles au Regal Theater.une fO r M u <strong>Le</strong> A ncienneFondée par Col<strong>et</strong>te Côté, la compagnie de théâtre<strong>Le</strong>s 3 Alléluias perpétue la tradition des pièces uv Comédiens de la troupeThe Six Blackbottom Starsdevant le Regal Theater,Rouyn, 1927. Centre d’archivesde l’Abitibi-Témiscamingue<strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec,fonds Xstrata Cuivre Canada,Fonderie Horne (P123, S1,P202).Photo : Studio Vavasour & Dick.À rayons ouverts 13 printemps-été 2012 n o 89


dossierprofessionnelles de la région à privilégier les pro<strong>du</strong>ctionsd’auteurs locaux. Elle remporte un succèspopulaire en présentant la pièce Un reel ben beauben triste de l’auteur Jeanne-Mance Delisle. Bienque peu volumineux, le fonds d’archives de c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>roupe nous perm<strong>et</strong> de découvrir des documentstémoignant de ses principales pro<strong>du</strong>ctions.r Un reel ben beau ben triste,photolithographie, 1978.Centre d’archives del’Abitibi-Témiscamingue <strong>et</strong><strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec, fondsThéâtre de Coppe (P159, P1).bibliques présentées dans les années 1940 <strong>et</strong> 1950.Artiste aux talents multiples, Col<strong>et</strong>te Côté écrit les22 pièces jouées par la troupe, fait la mise en scène<strong>et</strong> en compose la musique. Son fonds d’archivescomprend, entre autres, les textes, les partitions,les affiches, les photographies <strong>et</strong> les vidéos des pro<strong>du</strong>ctionsde c<strong>et</strong>te troupe de théâtre.<strong>Le</strong> ThéâT re de cOppe, un précurseurdA ns LA réG i O nAvec la dissolution <strong>du</strong> Centre dramatique de Rouynnaît la compagnie <strong>du</strong> Théâtre de Coppe en 1977.Il s’agit de l’une des premières troupes de théâtreeT ç A se pO ursuiT Avec <strong>Le</strong>s ZyB ridesEn 1988, trois comédiennes <strong>du</strong> Théâtre de Coppefondent la troupe de théâtre <strong>Le</strong>s Zybrides. Puisqu’ellesvoient c<strong>et</strong>te troupe comme un prolongement<strong>du</strong> Théâtre de Coppe, leur première piècesera un remake d’une pro<strong>du</strong>ction de celui-ci,La grande cadence. D’ailleurs, la plupart de leurspremiers spectacles sont des œuvres de Jeanne-Mance Delisle. Avec le temps, ceux-ci évoluent versle théâtre forum, une nouvelle démarche artistiquequi fait appel à l’intervention <strong>du</strong> public <strong>et</strong> qui a unevocation sociale. Tout comme le Théâtre de Coppe,<strong>Le</strong>s Zybrides privilégient les textes d’auteurs de larégion <strong>et</strong> la création collective. <strong>Le</strong> fonds de c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>roupe comprend des documents portant autantsur le fonctionnement <strong>et</strong> sur le rayonnement dela troupe que sur la gestion <strong>du</strong> P<strong>et</strong>it Théâtre <strong>du</strong>Vieux Noranda, qui lui appartient depuis 2001.u n G r O upe de recherche pA ssiO nnéÀ la fin des années 1980, un groupe de rechercheconstitué de trois professeurs <strong>du</strong> Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue se donne comme objectif de« décrire l’histoire <strong>du</strong> théâtre régional [non pas]uniquement pour savoir ce qui s’est fait, maissurtout pour comprendre le phénomène théâtralrégional dans sa complexité, dans les relationsmultiples qui le fondent <strong>et</strong> l’établissent dans larégion, qui le font exister en marge des réseaux institués2 ». <strong>Le</strong> mandat de ce groupe est de pro<strong>du</strong>ireÀ rayons ouverts 14 printemps-été 2012 n o 89


Tout comme le Théâtre de Coppe,<strong>Le</strong>s Zybrides privilégient les textes d’auteursde la région <strong>et</strong> la création collective.dossierv Troupe locale de théâtresur scène, Rouyn, entre 1926<strong>et</strong> 1935. Centre d’archivesde l’Abitibi-Témiscamingue<strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec,fonds Xstrata Cuivre Canada,Fonderie Horne (P123,S1, P199).Photo : Studio Vavasour & Dick.une banque de données informatisées qui compteplus de 3000 fiches descriptives sur autant de spectaclesprésentés en région depuis 1926. Chaquefiche contient des informations sur l’auteur de lapièce, sur les comédiens <strong>et</strong> comédiennes, sur lanature <strong>du</strong> spectacle <strong>et</strong> sur les lieux des représentations,de même que la bibliographie des critiquesparues, le nombre de spectateurs, <strong>et</strong>c. Ce travailcolossal constitue l’essentiel des documentscontenus dans le fonds Groupe de recherche sur l<strong>et</strong>héâtre en Abitibi-Témiscamingue.Si vous avez envie d’en apprendre plus surl’histoire <strong>du</strong> théâtre en Abitibi-Témiscamingue,n’hésitez pas à vous rendre au Centre d’archivesde l’Abitibi-Témiscamingue <strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec,situé à Rouyn-Noranda. Un univers théâtral vousy attend.1. Créés par les pères oblats, les pageants étaient desreprésentations des scènes de la passion <strong>du</strong> Christ qui attiraientdes foules nombreuses. On allait même jusqu’à les diffuser surles ondes de la radio locale.2. Claude Lizé, Présentation <strong>du</strong> Groupe de recherche sur le théâtreen Abitibi-Témiscamingue, 2001. Centre d'archives de l'Abitibi-Témiscamingue <strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec, fonds Groupe de recherchesur le théâtre en Abitibi-Témiscamingue (P238, 08-Y).À rayons ouverts 15 printemps-été 2012 n o 89


Ires d’une nudossierw <strong>Le</strong> Théâtre La Fenière,1978. Centre d’archives deQuébec, fonds Théâtre LaFenière (P933).Photo : Kedl.ww La première grange <strong>du</strong>Théâtre La Fenière, vers 1958.Centre d’archives de Québec,fonds Théâtre La Fenière(P933).Photographe non identifié.de boulevard, le vaudeville <strong>et</strong> le burlesque, l<strong>et</strong>héâtre présenté en période estivale se caractérisepar une approche de pur divertissement.Snobé <strong>et</strong> boudé par certains publics, le théâtred’été se fait reprocher par ses détracteurs d’êtrefacile, un peu bas, voire carica-tural 1 , point devue partagé par une partie de la communautéartistique, qui hésite à s’associer à ces pro<strong>du</strong>cparChristian Drol<strong>et</strong>, archiviste-coordonnateur,Centre d’archives de QuébecAmuser <strong>et</strong> divertir tout en proposant une facturemoins formelle que celle présentée dans lesgrandes salles de théâtre en périodes automnale<strong>et</strong> hivernale, voilà la raison d’être <strong>du</strong> théâtred’été. Partageant des liens étroits avec le théâtreÀ rayons ouverts 16 printemps-été 2012 n o 89


It d’étédossiertions estivales. Pour ses partisans, le théâtred’été perm<strong>et</strong> au public ne fréquentant pas lesthéâtres traditionnels de s’initier à c<strong>et</strong>te formed’art. Inspirées de la vie quotidienne <strong>et</strong> adoptantun propos universel, les pièces sont souventécrites par des auteurs québécois proposant desdialogues issus <strong>du</strong> langage populaire <strong>et</strong> des événementsou des mises en situation proches dela réalité <strong>du</strong> public.Souvent localisés dans des granges ou desfermes désaffectées au milieu de lieux champêtres,voire bucoliques, les théâtres d’été québécoisnaissent au mitan des années 1950 grâce à descomédiens <strong>et</strong> à des m<strong>et</strong>teurs en scène comme PaulHébert, Georges Delisle <strong>et</strong> Marjolaine Hébert,désireux de trouver un gagne-pain pour la saisonestivale. Paul Hébert fait figure de pionnier enfondant le Théâtre <strong>Le</strong> Chanteclerc à Sainte-Adèle,dans les Laurentides, en 1956 2 . En 1958, GeorgesDelisle crée pour sa part le Théâtre La Fenièreà L’Ancienne-Lor<strong>et</strong>te, en banlieue de Québec. En1960, c’est au tour de Marjolaine Hébert de former,avec d’autres comédiens,le ThéâtreLa Marjolaine à Eastman,dans les Cantons-del’Est.<strong>Le</strong> travail acharné de ces troispionniers trouve écho partout auQuébec : pas moins de 25 théâtres d’été sonten activité en 1976. Entre 1977 <strong>et</strong> 1985, onassiste à une véritable explosion de leurnombre, qui passe à 110. Ce véritable âged’or confirme que le théâtre d’été estdevenu une activité bien ancrée dans leshabitudes culturelles des Québécois 3 .De 1986 à 1992, on dénombre encoreune centaine d’établissements. Moteuréconomique important pour le développementrégional, les théâtres d’été attirent,entre autres, un public de vacanciers <strong>et</strong> contribuentainsi à augmenter l’offre touristique desrégions. Toutefois, on assiste depuis quelquesannées à la ferm<strong>et</strong>ure de plusieurs de cesthéâtres. Un public vieillissant, une clientèlequi ne se renouvelle pas, la concurrence provoquéepar les nombreux spectacles d’humoristes<strong>et</strong> la multiplication des festivals d’été d<strong>et</strong>outes sortes expliquent en partie ce phénomène.<strong>Le</strong> fOnds d’<strong>Archives</strong> <strong>du</strong> ThéâTre LA feniÈre<strong>Le</strong> Théâtre La Fenière témoigne bien des différentesphases évolutives de nos théâtres d’été. Samission première consiste à pro<strong>du</strong>ire <strong>et</strong> à diffuserdes pièces de théâtre professionnelles de répertoirecomique majoritairement écrites par desauteurs québécois <strong>et</strong> dont la pro<strong>du</strong>ction estassurée par des artistes <strong>et</strong> artisans de Québec.Au fil des ans, le Théâtre La Fenière perm<strong>et</strong>à toute une jeune génération de comédiens uÀ rayons ouverts 17 printemps-été 2012 n o 89


« Cache ce que je suis, <strong>et</strong> aide-moi à trouver<strong>Le</strong> déguisement susceptible de convenirÀ la forme de mon proj<strong>et</strong>. »– Viola parlant au capitaine, La nuit des rois, acte I, scène 2par Danielle Léger, bibliothécaire spécialiste des collections patrimoniales d’affiches<strong>et</strong> de programmes de spectacles, Direction de la recherche <strong>et</strong> de l’éditionAlfred Pellan, scénographer Sérigraphie d’Alfred Pellanen première <strong>et</strong> quatrième decouverture <strong>du</strong> programmede la pièce <strong>Le</strong> soir des rois,30 cm, Montréal, Compagnonsde Saint-Laurent, 1946, 32 p.© Succession Alfred Pellan /SODRAC (2012).Fin mars 1946, sur la scène <strong>du</strong> Gesù, le père Émile <strong>Le</strong>gault <strong>et</strong> lesCompagnons de Saint-Laurent montent <strong>Le</strong> soir des rois de Shakespeare(Twelfth Night, 1601). <strong>Le</strong>s personnages de c<strong>et</strong>te comédie doubléed’un drame amoureux – mieux connue en français comme La nuitdes rois – sont inspirés de la commedia dell’arte.C<strong>et</strong>te pro<strong>du</strong>ction propose un « véritable poèmeplastique en mouvement 1 » où « chaque personnageprend l’aspect d’un tableau surréaliste » <strong>et</strong> oùles composantes scénographiques « recréentcontinuellement la symphonie visuelle 2 ». L’artistevisuel Alfred Pellan (1906-1988) est l’auteurdes décors, des costumes <strong>et</strong> des maquillagesde ce spectacle, conférant une ampleur inéditeau concept de « tableau vivant » <strong>et</strong> suscitant ledébat autour de la création scénographique.Dans une pal<strong>et</strong>te plus restreinte <strong>et</strong> fortementcontrastée, Pellan signe aussi la percutantecouverture sérigraphiée <strong>du</strong> programme de soiréequi figure dans la collection patrimoniale deprogrammes de spectacles de BAnQ. Exécutéed’après une gouache sur carton de 1946 intitulée<strong>Le</strong> comédien, la composition symétrique s’inspiredes procédés cubistes <strong>et</strong> surréalistes. La figurestylisée <strong>du</strong> comédien y apparaît en fond de scène.<strong>Le</strong>s visages qui bordent le plateau évoquent àla fois les pendrillons, ces rideaux étroits donnant accès aux coulisses,<strong>et</strong> les spectateurs. Outre la distribution (toujours anonyme chezles Compagnons) <strong>et</strong> les nombreuses publicités (de Dupuis Frères aumanufacturier d’oreillers Plume Canada), le programme contient uncourt préambule <strong>du</strong> père <strong>Le</strong>gault <strong>et</strong> un long texte où Félix Sauvagedocumente l’origine de c<strong>et</strong>te pièce fantaisiste oscillant entre féerie<strong>et</strong> réalisme. Une présentation signée par un ancien élève de Pellan,Éloi de Grandmont (1921-1970), fait l’éloge <strong>du</strong> théâtre comme d’un artvisuel où le scénographe est plus qu’un simple décorateur.Quelques jours après la fin des représentations <strong>du</strong> spectacle desCompagnons paraît l’ouvrage <strong>Le</strong> voyage d’Arlequin dans lequel six dessinsde Pellan, proches de l’univers visuel <strong>du</strong> Soir des rois, répondent auxpoèmes de Grandmont. En 1968, avec le concours de Pellan, Jean-LouisRoux (1923- ) recrée La nuit des rois au Théâtre <strong>du</strong> Nouveau Monde.Costumes <strong>et</strong> décors sont toujours aussi avant-gardistes, gagnantune pertinence renouvelée avec le psychédélisme ambiant 3 .dossier1. Germain <strong>Le</strong>febvre, « <strong>Le</strong>s costumes de théâtre », Pellan, Montréal, Musée des beaux-artsde Montréal, 1972, n. p.2. Germain <strong>Le</strong>febvre, « Pellan <strong>et</strong> La nuit des rois », Jeu, n° 47, 1988, p. 25-39, id.erudit.org/iderudit/28068ac (consulté le 23 avril 2012).3. Pour en savoir davantage : Roxanne Martin, « L’ambiguïté <strong>du</strong> travestissement – La scénographied’Alfred Pellan pour la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> Soir des rois », dans Pierre Kapitaniak <strong>et</strong> Jean-Michel Déprats(dir.), Costume <strong>et</strong> déguisement dans le théâtre de Shakespeare <strong>et</strong> de ses contemporains, actes decongrès, Vitry-sur-Seine, Société française Shakespeare, 2008, soci<strong>et</strong>efrancaiseshakespeare.org/document.php?id=1458 (consulté le 23 avril 2012).À rayons ouverts 19 printemps-été 2012 n o 89


dossierle rIdeau Vert,PIlIer depar Marielle Lavertu, archiviste, Centre d’archivesde MontréalC’est le 17 février 1949 que le rideau se lève sur cequi deviendra le plus ancien théâtre professionnelfrancophone en Amérique <strong>du</strong> Nord : le Théâtre <strong>du</strong>Rideau Vert. L’étude de l’histoire de c<strong>et</strong>te institutionserait bien incomplète si on ne m<strong>et</strong>tait pas enlumière le rôle d’Yv<strong>et</strong>te Brind’Amour, l’une desfigures de proue <strong>du</strong> théâtre au Québec. En eff<strong>et</strong>,leurs destinées s’entremêlent inextricablement surplus de quatre décennies. Pour revivre les saisons<strong>du</strong> Rideau Vert <strong>et</strong> pour connaître la vie de c<strong>et</strong>tefemme d’exception, les lecteurs pourront consulterles fonds Yv<strong>et</strong>te Brind’Amour (P857) <strong>et</strong> Théâtre <strong>du</strong>Rideau Vert (P831), deux fonds complémentairesconservés au Centre d’archives de Montréal deBibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec(BAnQ).À la barre <strong>du</strong> Rideau Vert de 1948 à 1992, Yv<strong>et</strong>teBrind’Amour en est la grande inspiratrice. <strong>Le</strong> jourde ses 30 ans, le 30 novembre 1948, elle fonde avecMercedes Palomino le Théâtre <strong>du</strong> Rideau Vert,première troupe professionnelle permanente auQuébec. <strong>Le</strong> choix de c<strong>et</strong>te dénomination n’est certespas anodin : pour ses fondatrices, il évoque un idéald’éternel renouveau.En sa qualité de directrice artistique, Yv<strong>et</strong>teBrind’Amour définit la mission de la jeune compagnie: présenter un théâtre universel avec une visioncontemporaine. Elle impose d’emblée un style dejeu plus actuel <strong>et</strong> expérimenté au sein de L’Équipede Dagenais. Elle privilégie ainsi une approcheéclectique en présentant un large éventail d’œuvresoù alternent drames, comédies, œuvres classiques,théâtre contemporain international uw Comédiens de la pièceUne maison, un jour écritepar Françoise Loranger <strong>et</strong>mise en scène par GeorgesGroulx, 15 février 1965.Centre d’archives de Montréal,fonds Théâtre <strong>du</strong> Rideau Vert(P831, S3, D326).Photo : Guy Dubois.À rayons ouverts 20 printemps-été 2012 n o 89


notre théâtredossierC’est le 17 février 1949que le rideau se lèvesur ce qui deviendrale plus ancien théâtreprofessionnel francophoneen Amérique <strong>du</strong> Nord :le Théâtre <strong>du</strong> Rideau Vert.À rayons ouverts 21 hiver 2012 n o 88


dossierLieu de prédilection pour l’éclosion de notre dramaturgie, le Rideau Vertest la première institution à ouvrir ses portes aux auteurs québécois.r Comédiennes de la pièce<strong>Le</strong>s belles-sœurs écrite parMichel Tremblay <strong>et</strong> mise enscène par André Brassard,28 août 1968. Centred’archives de Montréal,fonds Théâtre <strong>du</strong> Rideau Vert(P831, S3, D214).Photo : Guy Dubois.<strong>et</strong> créations québécoises. <strong>Le</strong> fonds Théâtre <strong>du</strong>Rideau Vert, qui comprend les dossiers de près de340 pro<strong>du</strong>ctions théâtrales, nous invite d’ailleursà redécouvrir l’histoire de c<strong>et</strong>te institution phareen examinant les grandes orientations de sonrépertoire.TrA diT i O n eT MOderniT éSans véritable port d’attache au cours de sapremière décennie, le Rideau Vert se pro<strong>du</strong>it surplusieurs scènes montréalaises : salle <strong>du</strong> Théâtredes Compagnons de Saint-Laurent, Anjou, Gesù,Monument-National, Théâtre Saint-Denis. Yv<strong>et</strong>teBrind’Amour signe alors une douzaine de misesen scène, dont celles de trois créations québé-coises, parmi lesquelles Sonnez les matines de Félix<strong>Le</strong>clerc. À l’automne 1960, grâce à l’appui <strong>du</strong> maireJean Drapeau, le Rideau Vert élit domicile dansl’ancien Théâtre Stella. Il joue à c<strong>et</strong>te époque unrôle d’é<strong>du</strong>cation auprès d’un public néophyte. C’estle premier théâtre à faire découvrir aux Montréalaisla dramaturgie moderne avec des auteurs telsAnouilh, Lorca, Camus, Sartre, Sagan, Cocteau,Brecht <strong>et</strong> Ionesco. Dès 1960, on y présente de 7 à10 pro<strong>du</strong>ctions par saison. C’est aussi l’une despremières compagnies professionnelles à offrir,de 1967 à 1978, une programmation régulière destinéeau jeune public, entre autres des spectaclesde marionn<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> des créations de Roland <strong>Le</strong>page,de Marcel Sabourin <strong>et</strong> d’André Cailloux. Dans lesouci de joindre un large public, on y m<strong>et</strong> à l’honneurla comédie ainsi que la tradition des revues <strong>et</strong><strong>du</strong> théâtre musical. Rappelons à ce titre le succèsde la reprise des Fridolinades de Gratien Gélinas.Lieu de prédilection pour l’éclosion de notredramaturgie, le Rideau Vert est la première institutionà ouvrir ses portes aux auteurs québécois,notamment Félix <strong>Le</strong>clerc, Carl Dubuc, ClaireMartin, Françoise Loranger, Marcel Dubé <strong>et</strong> Marie-Claire Blais. Nous lui devons la première mouturedes Belles-sœurs de Michel Tremblay 1 en août 1968,événement qui a révolutionné notre univers théâtral.À compter de 1972, une vingtaine de piècesd’Antonine Maill<strong>et</strong> y prennent l’affiche aux côtésd’œuvres de Pierre Perrault, de Michel Garneau <strong>et</strong>de Simon Fortin.Très tôt, le Rideau Vert acquiert ses l<strong>et</strong>tres denoblesse sur la scène internationale avec des tournéeseuropéennes en France, en Belgique, en Suisse,en Italie <strong>et</strong> en Union soviétique. La troupe accueillerégulièrement des compagnies, des auteurs <strong>et</strong>des artistes étrangers, entre autres la compagnieRenaud-Barrault.À rayons ouverts 22 printemps-été 2012 n o 89


dossier<strong>Le</strong> <strong>Le</strong>Gs d’une visiO nnA ireAu cours de sa longue carrière, Yv<strong>et</strong>te Brind’Amoursigne une cinquantaine de mises en scène. Toutcomme elle sait miser sur le talent de nos auteurs,elle sait m<strong>et</strong>tre à profit celui de nos costumiers,décorateurs <strong>et</strong> m<strong>et</strong>teurs en scène, par exempleFrançois Barbeau 2 , Robert Prévost, Guy Hoffman,Georges Groulx, François Cartier, Jean Faucher,André Brassard, Danièle J. Suissa, Guillermo deAndrea, René Richard Cyr <strong>et</strong> Alice Ronfard. L’immeublede la rue Saint-Denis fait peau neuve avecune salle totalement métamorphosée en 1990-1991, peu avant le décès d’Yv<strong>et</strong>te Brind’Amour, enavril 1992.Mercedes Palomino reprend le flambeau <strong>et</strong>maintient le cap avec, à ses côtés, Guillermo deAndrea à la direction artistique (1992-2004). SergeTurgeon, qui se joint à l’équipe comme directeurgénéral adjoint en 1997, innove en lançant la formuledes lundis culturels consacrés à des débatsconférencessur les représentations de l’heure.Denise Filiatrault, qui s’est illustrée au RideauVert depuis les années 1960 à la fois comme comédienne<strong>et</strong> comme m<strong>et</strong>teur en scène, prend la relèveen 2004 à titre de directrice artistique.Avec plus de 60 saisons à son actif, le Théâtre<strong>du</strong> Rideau Vert demeure un acteur essentiel de ladramaturgie québécoise <strong>et</strong> continue d’apporterune touche toujours aussi verte dans le paysageculturel montréalais.1. D’autres œuvres majeures de Michel Tremblay furent créées surles planches <strong>du</strong> Rideau Vert dans les années 1980-1990 : Albertineen cinq temps, <strong>Le</strong> vrai monde?, Encore une fois, si vous perm<strong>et</strong>tez.2. <strong>Le</strong> costumier François Barbeau fut de toutes les pro<strong>du</strong>ctions <strong>du</strong>Rideau Vert jusqu’à aujourd’hui. Son volumineux fonds d’archives(MSS450) est conservé au Centre d’archives de Montréal de BAnQ.r Comédiens de la pièce <strong>Le</strong>s Fridolinades 1 écrite par Gratien Gélinas <strong>et</strong> mise en scène par Denise Filiatrault,30 septembre 1987. Centre d’archives de Montréal, fonds Théâtre <strong>du</strong> Rideau Vert (P831, S3, D231). Photo : Guy Dubois.À rayons ouverts 23 printemps-été 2012 n o 89


<strong>Le</strong> théâtre de la Bibliothèquele rIche Parcours ddossierw Marivaudages,programme, 27 x 21 cm,Montréal, Théâtrede l’Opsis, 1994, 8 p.ww Comédie russe dePierre-Yves <strong>Le</strong>mieuxd’après Tchékhov,mise en scène deSerge Denoncourt,affiche, 81 x 61 cm,Montréal, Théâtre del’Opsis, 1993.les collections <strong>et</strong> d’ach<strong>et</strong>er le mobilier, ce muséeouvert au grand public expose, dans sa grandesalle entourée de galeries aux planchers vitrés, deséchantillons de divers pro<strong>du</strong>its <strong>et</strong> des modèlesré<strong>du</strong>its dotés de mécanismes que les visiteurspeuvent actionner. <strong>Le</strong>s échantillons de matièrespremières <strong>du</strong> musée servent aussi de supportpédagogique aux cours <strong>du</strong> vol<strong>et</strong> pratique donnésaux HEC. Pendant quatre décennies, le Muséecommercial <strong>et</strong> in<strong>du</strong>striel de Montréal présenteplusieurs expositions destinées à promouvoirles activités commerciales <strong>et</strong> in<strong>du</strong>strielles <strong>du</strong>Québec <strong>et</strong> d’ailleurs 2 .En 1956, se trouvant trop à l’étroit, les HECferment leur musée <strong>et</strong> y installent leur biblioparDanielle Léger, bibliothécaire spécialiste descollections patrimoniales d’affiches <strong>et</strong> de programmesde spectacles, Direction de la recherche <strong>et</strong> de l’édition,<strong>et</strong> Marthe Léger, archiviste, Centre d'archives de MontréalAu fil des ans, la salle de lecture <strong>du</strong> Centre d’archivesde Montréal de Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong><strong>du</strong> Québec (BAnQ) a tour à tour été un musée, unthéâtre <strong>et</strong> une bibliothèque 1 .Construit en 1910, le Musée commercial <strong>et</strong>in<strong>du</strong>striel de Montréal occupe toute une aile del’École des hautes études commerciales (HEC),un édifice de style Beaux-Arts des architectesGauthier <strong>et</strong> Daoust. Inauguré officiellement en1916, après qu’on eut pris le temps de constituerÀ rayons ouverts 24 printemps-été 2012 n o 89


’un lIeu de MéMoIredossierthèque jusqu’au déménagement de l’école sur l’avenueDecelles, en 1970. C<strong>et</strong>te salle est alors récupéréepour loger la bibliothèque <strong>du</strong> Collège Dawson,établissement d’enseignement qui occupe l’édificejusqu’en 1988.<strong>Le</strong> ThéâTre de LA BiBLiOThÈqueUn épisode trépidant de la vie théâtrale montréalaiseanime la bibliothèque désaffectée de 1993 à1997. Pendant ces cinq années, l’édifice sis au 535 del’avenue Viger sert de port d’attache <strong>du</strong> Théâtre del’Opsis, à la fois siège administratif de la troupe <strong>et</strong>lieu de création <strong>et</strong> de présentation de sept de ses pro<strong>du</strong>ctions.L’Opsis donne le nom de Théâtre de laBibliothèque à « c<strong>et</strong> espace magique <strong>et</strong> théâtral afind’en faire un lieu unique de création », à c<strong>et</strong>te « sallequi est déjà, en elle-même, un décor 3 ».Fondé en 1984 par sept finissants de l’optionthéâtre <strong>du</strong> Collège Lionel-Groulx, l’Opsis porte « unregard neuf sur les textes classiques <strong>et</strong> sur ladramaturgie contemporaine étrangère » 4 . Animénotamment par Serge Denoncourt, Pierre-Yves<strong>Le</strong>mieux <strong>et</strong> Luce Pell<strong>et</strong>ier, ce théâtre de recherche<strong>et</strong> d’exploration favorise la parole d’auteurs <strong>et</strong> ladirection d’acteurs, pratiquant collage de textes,ateliers de mise en scène, cycles de création <strong>et</strong>tournées. De l’aveu de sa directrice artistique,Luce Pell<strong>et</strong>ier, le Théâtre de la Bibliothèque, dotéd’une « âme », a eu une grande résonance dansl’histoire de l’Opsis.un espAce de créATiOn<strong>Le</strong> lieu était ouvert à d’autres troupes, notammentThéâtre Pluriel, OpenAire Théâtre <strong>et</strong> Zeitgeist.L’Opsis invitait ces compagnies ; les revenus de labill<strong>et</strong>terie étaient partagés afin de couvrir les coûtsde location. En 1994, l’espace ouvert, haut de troisétages <strong>et</strong> entouré de mezzanines, sert bien ThéâtreActe 3, qui y monte en première nord-américaineMariage de Witold Gombrowicz, spectacle austyle déconstruit, à l’esprit shakespearien. Privilégiantdes lieux urbains « radicaux » pour créer desévénements théâtraux, Momentum y présente en1994-1995 un mémorable Helter Skelter, un « realityshow post-cyber-punk » sur le cauchemar américain.Mis en scène par Jean-Frédéric Messier, cespectacle m<strong>et</strong> à contribution 10 comédiens, dontCéline Bonnier, James Hyndman, Sylvie Moreau<strong>et</strong> François Papineau. Dans une captation vidéo 5 ,des comédiennes survolent littéralement les spectateurs.On reconnaît balustrades en fer forgé,colonnes, galeries en mezzanine, ancien escalier<strong>et</strong> carrelage de céramique. ur Helter Skelter, pièceprésentée par Momentum auThéâtre de la Bibliothèque,1994-1995.Photo : Marc <strong>Le</strong>myre.À rayons ouverts 25 printemps-été 2012 n o 89


<strong>Le</strong> théâtre y résonne encore non seulement au souvenir de l’épisode<strong>du</strong> Théâtre de la Bibliothèque mais aussi grâce à une centaine de fondsd’archives québécois en arts <strong>du</strong> spectacle.dossierr Helter Skelter, pièceprésentée par Momentum auThéâtre de la Bibliothèque,1994-1995.Photo : Marc <strong>Le</strong>myre.w Aménagement actuel dela salle de lecture <strong>du</strong> Centred’archives de Montréal.Comme bien des organismes culturels en quêted’un lieu de diffusion permanent, l’Opsis a dû plierbagage en 1997, redevenant une troupe sans sallefixe, changeant de lieu de création d’une pro<strong>du</strong>ctionà l’autre.LA sAL<strong>Le</strong> de <strong>Le</strong>cTure<strong>Le</strong>s travaux de rénovation <strong>et</strong> d’agrandissement entreprisen 1998 pour héberger le Centre d’archivesde Montréal ont peu modifié l’architecture <strong>du</strong> musée,devenu bibliothèque puis théâtre. <strong>Le</strong>s tuilespro<strong>du</strong>ites dans le village français de Paray-le-Monial, qui couvrent toujours le sol <strong>du</strong> rez-dechaussée<strong>et</strong> les trois galeries au plancher de verredépoli <strong>et</strong> aux rampes de fer forgé soutenues par dedélicates colonnes de fonte, confèrent un cach<strong>et</strong>unique à la salle. Pour couronner le tout, l’intégrationd’un escalier en colimaçon lors de l’aménagementde l’espace ajoute à l’attrait <strong>du</strong> lieu.Depuis l’an 2000, les chercheurs qui vont auCentre d’archives de Montréal ont accès à unesalle de lecture qui a <strong>du</strong> panache <strong>et</strong> une histoire. <strong>Le</strong>théâtre y résonne encore non seulement au souvenirde l’épisode <strong>du</strong> Théâtre de la Bibliothèquemais aussi grâce à une centaine de fonds d’archivesquébécois en arts <strong>du</strong> spectacle, accessibles depuis2006 dans ce lieu symbolique.1. Nous remercions Luce Pell<strong>et</strong>ier, directrice générale <strong>et</strong> artistique<strong>du</strong> Théâtre de l’Opsis, qui a généreusement répon<strong>du</strong> à nos questionspour mieux éclairer l’histoire <strong>du</strong> Théâtre de la Bibliothèque.2. L’histoire <strong>du</strong> Musée commercial <strong>et</strong> in<strong>du</strong>striel de Montréal estracontée aux niveaux 2 <strong>et</strong> 3 de la salle de lecture <strong>du</strong> Centred’archives de Montréal dans le cadre de l’exposition École deshautes études commerciales de Montréal – Vocation d’origine<strong>du</strong> Centre d’archives de Montréal.3. Tiré d’un texte de Luce Pell<strong>et</strong>ier, directrice générale <strong>et</strong> artistique,publié dans le programme de la saison 1995-1996.4. www.theatreopsis.org/le_theatre.html (consulté le 24 avril 2012).5. www.youtube.com/watch?v=VC6YL7L2DNc (consulté le 24 avril2012).À rayons ouverts 26 printemps-été 2012 n o 89


théâtre à lIrepour le théâtre <strong>et</strong> le plaisir de la lecturedossierComment se construit un texte de théâtre ? Quellesinfluences, quels courants sont à l’œuvre lors del’élaboration d’un texte dramatique ? Commentle dramaturge imagine-t-il sa pièce sur scène ?Depuis la présentation de la pièce <strong>Le</strong> théâtre deNeptune de Marc <strong>Le</strong>scarbot en Nouvelle-Franceen 1606, plus de 2300 pièces de théâtre ont étépubliées au Québec. C’est dire la richesse <strong>du</strong>répertoire théâtral d’ici. En mariant le plaisir de lalecture à la découverte <strong>du</strong> théâtre, la série Théâtreà lire propose au public un véritable voyage aucœur de l’écriture dramatique.Depuis sa création au printemps2008, ce mariage <strong>du</strong> théâtre <strong>et</strong> de lalecture a permis à Bibliothèque <strong>et</strong><strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ)d’accueillir 17 auteurs dramatiquesqui ont parlé de leurs parcours <strong>et</strong> faitentendre quelques-unes de leurs plusbelles pages. Élaborée en partenariatavec le Centre des auteurs dramatiques(CEAD), qui travaille depuis bientôt50 ans à la diffusion <strong>et</strong> au rayonnementde la dramaturgie francophone <strong>du</strong>Québec <strong>et</strong> <strong>du</strong> Canada, c<strong>et</strong>te série vise àfaire connaître le travail, l’univers <strong>et</strong>l’œuvre des auteurs dramatiques d’aujourd’hui.<strong>Le</strong>s auteurs qui sont montés surles planches de l’Auditorium de laGrande Bibliothèque diffèrent autantpar leur écriture que par leur approche<strong>du</strong> théâtre. Aux dialogues de LouiseBombardier, qui flirtent avec le fantastique<strong>et</strong> parfois avec l’horreur, ont sucwDe haut en bas :Alexis Martin.Photo : Julie Perrault.Carole Fréch<strong>et</strong>te.Photo : Claude Dolbec.Louise Bombardier.Photo : Marc Dussault.Michel Marc Bouchard.Photo : Mario St-Jean.Jasmine Dubé.Photo : Louise <strong>Le</strong>blanc.par Jocelyne Dazé, chargée de proj<strong>et</strong> aux événements,Direction de la programmation culturellecédé la théâtralisation de l’expérience homosexuellequi est au cœur de l’œuvre de Michel MarcBouchard, puis le défilé des mots, des idées <strong>et</strong>des émotions de l’auteur des téléséries Aveux <strong>et</strong>Apparences, Serge Boucher. Normand Chaur<strong>et</strong>tea interrogé les limites <strong>du</strong> langage, Evelyne de laChenelière, la fragilité des relations humaines,<strong>et</strong> Lise Vaillancourt, l’humour <strong>et</strong> les angoisses.Des auteurs de théâtre jeune public (Suzanne<strong>Le</strong>beau, Jasmine Dubé <strong>et</strong> Louis-Dominique Lavigne)ont également fait un tour de piste. Et nousn’avons rien dit <strong>du</strong> passage d’Alexis Martin, deCarole Fréch<strong>et</strong>te, d’Yvan Bienvenue, de FrançoisArchambault <strong>et</strong> de tant d’autres encore.Sous la direction <strong>du</strong> m<strong>et</strong>teur en scène PhilippeLambert, des comédiens qui bien souventont déjà travaillé avec le dramaturgeinvité ont ponctué le récit de celuicid’extraits de ses œuvres théâtrales.C<strong>et</strong>te évidente complicité a donné lieuà de beaux échanges portés par lesvoix de Daniel Brière, Sophie Cadieux,Sophie Clément, Pierre <strong>Le</strong>beau, BenoîtMcGinnis, Pascale Montp<strong>et</strong>it, ClaudePoissant <strong>et</strong> Marie-Hélène Thibault, pourne nommer que celles-là.<strong>Le</strong> but ultime de c<strong>et</strong>te série est defavoriser la lecture de textes de théâtre.Il nous rappelle le bonheur que procurele fait d’entendre ou de réentendreles textes marquants de notre dramaturgie.Ainsi, lors de la soirée consacréeà Jasmine Dubé, une spectatricea confié au micro sa surprise <strong>et</strong> sa joied’avoir reconnu dans un extrait deP<strong>et</strong>it monstre une pièce qu’elle avait vu<strong>et</strong>oute jeune <strong>et</strong> dont elle n’avait pas saisitout le sens.À rayons ouverts 27 printemps-été 2012 n o 89


une Mosaïque Pourcélébrer les aMateursdossierf i G ures cO nnues <strong>du</strong> T héâT re quéB écO is<strong>Le</strong> registre supérieur de c<strong>et</strong>te image compositeregroupe donateurs <strong>et</strong> protecteurs. Viennent ensuiteles administrateurs, les directeurs, les techniciens<strong>et</strong> les comédiens. <strong>Le</strong> mécène de la troupe,le docteur J.-A. Saint-Denis, figure au somm<strong>et</strong> dela composition, flanqué de quatre membres honorairesqui ont tous connu un parcours exemplairedans l’histoire <strong>du</strong> théâtre au Québec. Ils fontfigure de mentors dans un contexte où la professionnalisationdes artistes de la scène est encoreun processus fragile. Palmieri débute au théâtreen 1896 au Collège de Saint-Laurent. Il connaîtraune carrière professionnelle comme acteur, régisseur<strong>et</strong> directeur à Montréal (Théâtre National,Chanteclerc, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> à Québec (Théâtre populairede la Place Jacques-Cartier <strong>et</strong> Théâtre Impérial).L’homme d’affaire Georges Gauvreau (1863-1949) est depuis 1900 propriétaire <strong>du</strong> prestigieuxThéâtre National 4 , pierre angulaire <strong>du</strong> théâtre professionnelfrancophone à Montréal, où travaillentMM. Godeau <strong>et</strong> Cazeneuve, tous deux d’originefrançaise, salués comme les premiers m<strong>et</strong>teurs enscène québécois. Ingénieur de formation, AntoineGodeau (Anthony Bailly, 1870-1946) œuvrera pendant17 années comme acteur, régisseur général<strong>et</strong> m<strong>et</strong>teur en scène au Théâtre National. Pèrede la comédienne Marthe Thiéry, il contribueraà la formation de plusieurs acteurs canadiensfrançais.Paul Cazeneuve (1871-1925) amorce sacarrière théâtrale aux États-Unis dès 1889. AuThéâtre National, il devient en 1900 actor-manager,soit à la fois comédien-ved<strong>et</strong>te <strong>et</strong> directeur artistique.Il transpose l’esthétique théâtrale à granddéploiement de Broadway sur les scènes franco-upar Danielle Léger, bibliothécaire spécialiste descollections patrimoniales d’affiches <strong>et</strong> de programmesde spectacles, Direction de la recherche <strong>et</strong> de l’éditionIls sont 27, le regard tourné vers l’objectif <strong>du</strong> photographedans le studio montréalais de LactanceGiroux, vers 1904. Ce collage sur carton de portraitsen buste des membres de l’Association dramatiquede Montréal fait plus d’un mètre de haut. Il s’agitd’une maqu<strong>et</strong>te rehaussée <strong>et</strong> légendée à l’encre sépia<strong>et</strong> à la gouache blanche, destinée à être rephotographiéepuis tirée selon divers formats, de la cartepostale au tableau mural encadré.Masques, dagues <strong>et</strong> lyres ornent c<strong>et</strong>te compositionsymétrique <strong>et</strong> ordonnée. Au bas de l’image,les l<strong>et</strong>tres U, F <strong>et</strong> C font référence à la devise <strong>du</strong>groupe : « Union, fraternité, concorde ». Fondée en1901 par Palmieri (Joseph-Sergius Archambault,1871-1950), l’Association dramatique de Montréalest un des quelque 120 cercles dramatiques francophonesqui voient le jour au tournant <strong>du</strong> siècle dernier1 . À la faveur <strong>du</strong> renouveau <strong>du</strong> théâtre français<strong>et</strong> <strong>du</strong> grand répertoire à Montréal, ces troupesd’amateurs sont habituellement appelées à jouerau Monument-National <strong>et</strong> en tournée dans les paroissesde Montréal. Elles atteignent un large public<strong>et</strong> favoriseront l’émergence d’un théâtre professionnelau Québec 2 .La naissance de l’Association dramatique deMontréal s’inscrit parmi les multiples pratiques associativesqui ont balisé le mouvement nationalistecanadien-français à la toute fin <strong>du</strong> xix e <strong>et</strong> au début<strong>du</strong> xx e siècle. En vertu de la constitution <strong>et</strong> des loisqui la régissent 3 , la troupe est composée d’hommesa<strong>du</strong>ltes, canadiens-français, catholiques <strong>et</strong> dotésd’une bonne réputation. Ses activités se déroulentselon un code à la fois rigoureux <strong>et</strong> moral, sous labienveillante protection de saint Louis de Gon-zague. Lors de leurs sorties publiques, les membressont tenus d’arborer l’insigne de leur association.v Lactance Giroux,Association dramatiquede Montréal, photomontage,102 x 76 cm, Montréal,s. é., vers 1904.À rayons ouverts 29 printemps-été 2012 n o 89


Masques, dagues <strong>et</strong> lyres ornent c<strong>et</strong>te composition symétrique <strong>et</strong> ordonnée.Au bas de l’image, les l<strong>et</strong>tres U, F <strong>et</strong> C font référence à la devise <strong>du</strong> groupe :« Union, fraternité, concorde ».dossierquébécoises <strong>et</strong> encourage le développement d’unedramaturgie nationale.Parmi les membres actifs de la troupe, quelquesfigures se distinguent également. <strong>Le</strong> directeur artistiqueRaoul <strong>Le</strong>blanc choisit les pièces <strong>et</strong> composela distribution : commis de son état, il est doté d’un« pouvoir absolu de la scène 5 ». Il est assisté par lerégisseur Conrad J. Gauthier (1885-1964), comédienamateur doué, qui écrit des pièces pour la troupe<strong>et</strong> deviendra un animateur influent <strong>du</strong> folklorequébécois. <strong>Le</strong> directeur de la scène, Charles AlfredVallerand (1889-1970), coordonne les travaux del’accessoiriste <strong>et</strong> des machinistes. À compter de1917, il sera de l’aventure <strong>du</strong> Cercle Lapierre avecGauthier, puis associé à l’avant-garde théâtrale avecles Compagnons de la P<strong>et</strong>ite Scène.iMAGes de synThÈseLactance Giroux (1869-1942) signe c<strong>et</strong>te compositiondécorative, proche des tableaux classificatoiresde la science moderne, qui fait aujourd’huipartie de la collection patrimoniale d’affiches deBibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec(BAnQ). Engagé dans le tournage de films d’actualitésaux côtés de Léo-Ernest Ouim<strong>et</strong> vers 1907,Giroux établit l’année suivante son studio rue Sainte-Catherine, à quelques rues <strong>du</strong> Théâtre National, <strong>et</strong>sera photographe en chef pour la Ville de Montréal<strong>du</strong> début des années 1920 à 1940. Il exposera sesphotographies aux Tuileries en 1922 <strong>et</strong> tisserades liens nombreux avec les milieux artistique <strong>et</strong>théâtral. Il est le père des réputées comédiennesAntoin<strong>et</strong>te <strong>et</strong> Germaine Giroux.La technique des photographies compositesde portraits en médaillon est ingénieuse, peucomplexe <strong>et</strong>… très rentable. Dérivé commercial <strong>du</strong>photomontage, elle connaîtra au Québec unevogue fulgurante des années 1890 jusqu’à la Révolutiontranquille.1. Jacques M. Clairoux, « Georges-Henry Robert <strong>et</strong> L’Annuair<strong>et</strong>héâtral de 1908 », L’Annuaire théâtral, n° 19-20, 1996, p. 210,id.erudit.org/iderudit/041298ar (consulté le 15 mars 2012).2. Lucie Robert, « Chronique de la vie théâtrale », dans MichelineCambron (dir.), La vie culturelle à Montréal vers 1900, Montréal,Fides / Bibliothèque nationale <strong>du</strong> Québec, 2005, p. 77-78.3. Association dramatique de Montréal, Constitution <strong>et</strong> lois del’Association dramatique de Montréal, Montréal, vers 1904, 23 p.4. L’édifice est toujours situé au 1220, rue Sainte-Catherine Est,près de la rue Beaudry. Après plusieurs changements depropriétaires (notamment Rose Ouell<strong>et</strong>te, surnommée La Poune)<strong>et</strong> de vocation, le National présente aujourd’hui des concertsde musique rock <strong>et</strong> de chanson francophone.5. Association dramatique de Montréal, op. cit., p. 15 <strong>et</strong> 25.v LactanceGiroux,Associationdramatiquede Montréal,photomontage,102 x 76 cm,Montréal, s. é.,vers 1904.Détail.À rayons ouverts 30 printemps-été 2012 n o 89


La maison théâtre <strong>et</strong> la Grande Bibliothèqueun PartenarIatgagnantdossierpar Louise Fortin <strong>et</strong> Jennifer Ricard, bibliothécairesà l’Espace Jeunes, Direction de la référence <strong>et</strong> <strong>du</strong> prêtQu’ont en commun la Maison Théâtre <strong>et</strong> la GrandeBibliothèque ? Bien enten<strong>du</strong>, un public de beauxenfants qui fréquentent ces deux édifices en trèsgrand nombre <strong>et</strong> aussi une proximité physiqueentre la rue Ontario <strong>et</strong> le boulevard De Maisonneuve,à Montréal. Côté jardin, on trouve un espacepour l’imaginaire ; côté cour, un lieu pour toutesles lectures. Il n’en fallait pas davantage pour qu’en2010, ces deux établissements se concertent <strong>et</strong>forment un partenariat gagnant afin de promouvoirleurs trésors les plus précieux.côTé jA rdin : LA M A isO n ThéâT reLieu unique où l’on célèbre le théâtre destiné aujeune public, depuis 28 saisons, la Maison Théâtreoffre de fabuleux spectacles reconnus pour leurqualité <strong>et</strong> pour leur diversité. Elle diffuse <strong>du</strong> théâtreprofessionnel pour jeune public en puisant dans lerépertoire national <strong>et</strong> international. Sa programmationde grande qualité est composée d’une variétéde pro<strong>du</strong>ctions théâtrales s’adressant à tousles groupes d’âge. Porte ouverte sur la culture, laMaison Théâtre est un fabuleux carrefour artistiquepour l’enfance <strong>et</strong> pour la jeunesse.côTé cO ur : L’ e spAce j eunes eT LA secT i O ndesT inée Aux A d O<strong>Le</strong>scenT sLa Grande Bibliothèque abrite un joyau que les enfantsprennent toujours plaisir à fréquenter : l’EspaceJeunes. Il faut dire que ses collections feraientrougir Ali Baba ! Plus de 100 000 livres <strong>et</strong>documents sur tous supports font la joiedes jeunes. C<strong>et</strong> espace appartenant auxjeunes offre aussi une gamme d’activitésen accord avec les intérêts des enfants<strong>et</strong> des plus grands : ateliers-découvertes, Heures<strong>du</strong> conte, activités d’éveil à la lecture pour les toutp<strong>et</strong>its,ateliers de formation <strong>et</strong> d’information en littératurejeunesse destinés aux a<strong>du</strong>ltes. Porte ouvertesur la lecture, l’Espace Jeunes est une remarquablebibliothèque pour l’enfance <strong>et</strong> pour la jeunesse.Quant aux adolescents, ils trouvent à la GrandeBibliothèque une collection comprenant plus de5000 romans, BD <strong>et</strong> mangas.p r OLOn G e Z <strong>Le</strong> pLAisir <strong>du</strong> specTAc <strong>Le</strong>Chaque nouvelle saison de la Maison Théâtre apporteson lot de suggestions de lecture. Une rencontre estorganisée entre la coordonnatrice de la médiationthéâtrale de la Maison Théâtre <strong>et</strong> les bibliothécairesdes sections destinées aux jeunes <strong>et</strong> aux adolescentsà la Grande Bibliothèque. À partir <strong>du</strong> programm<strong>et</strong>héâtral de la saison à venir, les bibliothécaires choisissenttrois pro<strong>du</strong>ctions. Elles sélectionnent les meilleurstitres ayant trait aux thématiques abordées lorsdes spectacles <strong>et</strong> rédigent des bibliographies. Remisaux enseignants lors des visites scolaires ainsi qu’augrand public, ces documents d’accompagnementsont aussi accessibles sur les portails respectifsde la Maison Théâtre <strong>et</strong> de Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong><strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec.une jOurnée finiT TOujOurs pAr un BOn LivreAprès avoir été éblouis par un magnifique spectacleà la Maison Théâtre ou enchantés par une inoubliablevisite à la Grande Bibliothèque, les enfants ont toujoursle même désir : prolonger le plaisir de ces mémorablessorties. Comment ? En rentrant à la maisonavec leur livre préféré au fondde leur baluchon.banq.qc.ca/portail_jeunes/livre.jspmaisontheatre.comÀ rayons ouverts 31 printemps-été 2012 n o 8 9


Entrevue avecLorraine PintaldossierGB QUEL EST VOTRE RAPPORT AUX ARCHIVES DANSVOTRE PRATIQUE THÉÂTRALE ET DANS LA GESTION DUTHÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE (TNM) ? EST-CE QUE VOUSVOUS Y RÉFÉREZ ? EST-CE QUE VOUS Y RETOURNEZ ?LP Avant mon arrivée au TNM, la tenue des archivesn’était pas une priorité. Je pense que c’est l’époquequi voulait ça, en raison d’un manque de ressources<strong>et</strong> d’argent. Il y a eu un incendie, rue Papineau, <strong>et</strong>beaucoup de documents ont été détruits. J’ai eula chance de célébrer les 50 ans <strong>et</strong> les 60 ans de c<strong>et</strong>héâtre, ce qui nous a permis de m<strong>et</strong>tre de l’ordredans les archives, particulièrement en ce qui conwYvan Adam, Brecht auTNM... Jeanne Dark... miseen scène de Lorraine Pintal,affiche, 92 x 69 cm, Montréal,Théâtre <strong>du</strong> Nouveau Monde /Hydro-Québec, 1994.Photo : Pierre Longtin.par Guy Berthiaume, président-directeur général de BAnQGB LORRAINE PINTAL, NE POURRAIT-ON PAS DIREQUE LES MEILLEURS DÉFINISSEURS DE NOS SOCIÉTÉS,CE SONT LES AUTEURS DE THÉÂTRE ? QUAND ON VEUTDÉFINIR L’ANGLETERRE, LE NOM DE SHAKESPEARES’IMPOSE. POUR LA FRANCE, ON PENSE À MOLIÈRE,POUR LE QUÉBEC, ON PENSE À TREMBLAY...LP Je serais portée à répondre que ce sont les écrivainsen général.J’ai une anecdote à ce propos. J’ai eu l’occasion deme rendre à Dublin à quelques reprises, <strong>et</strong> j’ai étéagréablement surprise de constater qu’à l’aéroport,ce sont les photos de Samuel Beck<strong>et</strong>t <strong>et</strong> de JamesJoyce, deux auteurs <strong>du</strong>blinois, qui nous accueillentà notre descente d’avion. Je pense qu’on devraits’inspirer de l’initiative de Dublin pour faire la promotionde notre ville, de notre société distincte...<strong>Le</strong> théâtre occupe effectivement une place importantedans une société. C’est Claude Corbo,dans sa pièce Passion <strong>et</strong> désenchantement <strong>du</strong> ministreLapalme, qui fait dire à ce dernier que ce donton se rappellera plus tard lorsqu’il sera question dece qui a été marquant pour le Québec, ce ne serontpas ses mines, ses infrastructures, sa situation économique.Il sera plutôt question de ses artistes, desa littérature.cerne les pro<strong>du</strong>ctions artistiques, les photos, lesbandes sonores, les cahiers de régie, les vidéos despectacles, <strong>et</strong>c. Il y a aussi les archives concernantl’administration. Marie-Sylvie Hébert, adjointe auxdirections successives <strong>du</strong> TNM, est responsable desarchives.Pour le 50 e anniversaire, nous avons été aidéspar l’Université <strong>du</strong> Québec à Montréal. <strong>Le</strong> recteur,M. Corbo, a mis à notre disposition une personneressourcequi a contribué à instaurer une méthodede préservation de nos archives. Nous avons unep<strong>et</strong>ite salle qui est consacrée à leur conservation.Nos archives nous servent à étoffer la conceptiondes programmes, des éditions spéciales pourles anniversaires, ou à documenter la réalisationd’événements marquants. Nos archives sont aussiouvertes aux personnes de l’extérieur, par exemplele milieu de l’é<strong>du</strong>cation.GB IMAGINONS QUE VOUS ME CONFIEZ LE MANDAT DEFAIRE LA MISE EN SCÈNE DU BOURGEOIS GENTILHOMME.EST-CE QUE JE VEUX VOIR CE QUE LES AUTRES ONT FAITAVANT MOI OU SI, AU CONTRAIRE, JE NE VEUX PAS ENENTENDRE PARLER ?LP Il est très rare que lem<strong>et</strong>teur en scène nousdemande de voir soit lavidéo d’une pro<strong>du</strong>ction,soit les photos, ou encoreles cahiers de régie. Maisil y a des exceptions, parexemple Dominic Champagnequi vient de m<strong>et</strong>treen scène Ha ha !... deRéjean Ducharme. Il yavait eu deux mises enscène de c<strong>et</strong>te pièce précédemment,soit celle deJean-Pierre Ronfard <strong>et</strong>À rayons ouverts 32 printemps-été 2012 n o 89


« Nos archives <strong>et</strong> celles que vous conservez à Bibliothèque <strong>et</strong><strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec, dans le fonds <strong>du</strong> TNM,servent davantage aux chercheurs en théâtre, aux étudiants<strong>et</strong> au public en général qu’aux créateurs proprement dits. »dossiercelle que j’ai montée. Dominic s’est montré très intéressépar ce qui s’était fait avant lui. Il a donc puconsulter les photos, les notes <strong>et</strong> le programme.Nos m<strong>et</strong>teurs en scène démontrent souvent plus decuriosité pour les pro<strong>du</strong>ctions qui ont été montéesà l’étranger, à l’Odéon, à la Comédie-Française ouailleurs. Il semble que ce qui est étranger les interpelleou les inspire davantage, sans doute parcrainte de ne pas être influencés par ce qui a déjàété accompli par leurs pairs. Nos archives <strong>et</strong> cellesque vous conservez à Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong><strong>du</strong> Québec (BAnQ), dans le fonds <strong>du</strong> TNM,servent donc davantage aux chercheurs en théâtre,aux étudiants <strong>et</strong> au public en général qu’aux créateursproprement dits.GB BANQ REÇOIT, EN DÉPÔT LÉGAL, LES AFFICHESET LES PROGRAMMES DE SPECTACLES DE VOTRE THÉÂTRE 1 .DEPUIS LA CRÉATION DU TNM, EN 1951, LA FAÇON DECONCEVOIR ET DE PRODUIRE AFFICHES ET PROGRAMMESDE SPECTACLES EST-ELLE RESTÉE CONSTANTE ?A-T-ELLE ÉVOLUÉ AU FIL DU TEMPS ?LP Il y a eu une grande évolution. Si on regarde les40 premières années, c’était assez minimaliste surle plan visuel. L’information y occupait une placeprépondérante. Vers la fin des années 1970-1980,on a donné plus de place à l’auteur, puis le m<strong>et</strong>teuren scène a eu ses l<strong>et</strong>tres de noblesse vers le milieudes années 1980. Depuis plus d’une quinzained’années, le comédien occupe une place centrale,<strong>et</strong> nous sommes entrés dans l’ère <strong>du</strong> graphisme :le concepteur graphique joue un rôle central danstout ce qui s’appelle matériel promotionnel. <strong>Le</strong>saffiches sont devenues de véritables œuvres d’art<strong>et</strong> les concepteurs graphiques sont maintenantun maillon indispensable <strong>du</strong> processus de créationau TNM.L’image d’une institution est très importante<strong>et</strong> doit être en accord avec sa mission. Même sile TNM a toujours été plutôt avant-gardiste – qu’onpense aux créations de ClaudeGauvreau, de Normand Chaur<strong>et</strong>te,de Réjean Ducharme,de Robert <strong>Le</strong>page, aux pro<strong>du</strong>ctionsde la compagnie 4D Art<strong>et</strong> aux relectures des grandsclassiques –, force est de constaterque les progrès technologiquesont eu un très grosimpact sur tout ce qui toucheà la promotion. Nous avonsune signature assez reconnaissableavec notre logo <strong>et</strong>les couleurs qui nous caractérisent(noir, blanc, rouge). Il y a eu toutes sortes d<strong>et</strong>entatives au fil des ans. On a essayé d’aller versl’impressionnisme ou d’emprunter la voie <strong>du</strong> symbolisme; ce n’était pas toujours concluant. Il y a euaussi des campagnes plus osées qui ont provoquédes ondes de choc. Une chose est certaine, c’estqu’on ne s’éloigne jamais de l’artiste-interprètepour le visuel de nos pro<strong>du</strong>ctions.Malgré la venue des autres médias (télé, Intern<strong>et</strong>,<strong>et</strong>c.), nous n’avons pas envie de délaisser l’affichepour le moment. Bien sûr, avec notre politique dedéveloppement <strong>du</strong>rable, nous tendons vers une utilisationré<strong>du</strong>ite <strong>du</strong> papier, mais l’affiche a encoreun impact très important. <strong>Le</strong>s illustrateurs, lesphotographes, les graphistes sont de véritablesartistes qui font partie intrinsèquement <strong>du</strong> processusde création. Cependant, nos invitations sontmaintenant acheminées électroniquement. <strong>Le</strong> votedes prix Gascon se fait également de façon virtuelle<strong>et</strong> notre programme est sur notre site Intern<strong>et</strong>.GB ET POUR LES PROGRAMMES, EST-CE QU’ON CONSTATEUNE ÉVOLUTION SEMBLABLE ?LP J’aimerais souligner ici une initiative d’Annier La vie est plus belle authéâtre, affiche, 87 x 60 cm,Montréal, Théâtre <strong>du</strong> NouveauMonde, 1995.À rayons ouverts 33 printemps-été 2012 n o 89


dossier<strong>Le</strong> fondsd’archives<strong>du</strong> TnM<strong>Le</strong> fonds d’archives <strong>du</strong> tnm (mss3) queconserve BanQ a été créé en 1971 ; trois ajoutsl’ont enrichi depuis, en 1984, 2000 <strong>et</strong> 2007.il comprend 38,13 mètres linéaires de documentstextuels <strong>et</strong> 331 photographies. soncontenu touche l’administration <strong>du</strong> théâtre(correspondance, campagnes d’abonnement,publicité, ressources humaines, états fi nanciers)<strong>et</strong> ses pro<strong>du</strong>ctions (cahiers de régie, plansde décors, maqu<strong>et</strong>tes de costumes en deuxdimensions). il comprend aussi des documentsrelatifs aux activités des Jeunes Comédiens<strong>du</strong> tnm. un instrument de recherche de228 pages est disponible pour les usagersde BanQ dans la salle de consultation<strong>du</strong> Centre d’archives de montréal.v Normand Hudon, Chacunsa vérité de Pirandello, affiche,66 x 51 cm, Montréal, Théâtre<strong>du</strong> Nouveau Monde, 1961.Gascon, notre directrice des communications,qui a lancé c<strong>et</strong>te belle idée de concevoir un programmeannuel sous forme d’un p<strong>et</strong>it livre depoche, L’emporte-pièces, qui est gratuit pour nosabonnés. <strong>Le</strong> grand public peut également se leprocurer s’il désire l’ach<strong>et</strong>er. Il s’agit d’une sourcede documentation vraiment complète sur nos spectacles: la démarche des auteurs <strong>et</strong> des m<strong>et</strong>teurs enscène, l’historique, le contexte sociopolitique, <strong>et</strong>c.Il est magnifiquement illustré par des photos <strong>et</strong>des dessins. On l’utilise également comme outilpédagogique, ce qui est très apprécié de la part desenseignants. Toutes ces initiatives s’inscriventdans l’exercice de notre mission.GB ON A PU VOIR DANS LE HALL DE LA GRANDEBIBLIOTHÈQUE, À L’AUTOMNE 2011, UNE EXPOSITIONPORTANT SUR LE TNM. UN TEL PARTENARIAT VOUSAPPARAISSAIT IMPORTANT ?LP L’exposition Passeur de personnages : les 60 ans<strong>du</strong> TNM était une collaboration vraiment intéressante.Il faut souligner particulièrement la qualitéde la conception signée par Philippe <strong>Le</strong>gris <strong>et</strong> Paul<strong>Le</strong>fèbvre. Il est difficile de mesurer l’impact réel surle public mais il y avait une circulation constante.J’ai moi-même pu observer à quelques reprises que,sans nécessairement s’installer dans les p<strong>et</strong>ites cabines,les visiteurs circulaient autour de celles-cipour regarder les photos. Votre hall est un lieuidéal pour ce genre d’exposition étant donné sonarchitecture vaste <strong>et</strong> ouverte, qui facilite la circulationdes visiteurs.GB SOUHAITONS QUE BANQ PUISSE MAINTENIRENCORE LONGTEMPS SA COLLABORATION AVEC LE TNMET AVEC SA FORMIDABLE DIRECTRICE !1. Trois cent deux programmes de spectacles <strong>et</strong> 287 affiches (dont223 en version numérisée) sont répertoriés dans le catalogue Iris.À rayons ouverts 34 printemps-été 2012 n o 89


BAnQ avec une collection initialede 3000 titres qui s’enrichit chaquesemaine depuis lors. <strong>Le</strong> succès dePrêt numérique a été instantané : aprèsun peu plus de deux mois d’activité,les usagers de BAnQ y avaient déjàfait 10 000 emprunts !Des livres numériques québécoisdans les bibliothèques <strong>du</strong> Québecpar Christine Durant, bibliothécaire, Direction des acquisitions<strong>et</strong> <strong>du</strong> traitement documentaire de la Collection universelleLa disponibilité de livres numériquesquébécois dans les bibliothèquespubliques québécoises était, jusqu’àtout récemment, presque inexistante.L’arrivée de Prêt numérique, plateformede prêt de livres numériques aux usagersdes bibliothèques québécoises, vientrépondre à ce besoin. Sa mise en œuvrea nécessité la participation de tous lesintervenants de la chaîne <strong>du</strong> livre, soitles éditeurs, les distributeurs <strong>et</strong> leslibraires, avec la participation financière<strong>du</strong> ministère de la Culture, desCommunications <strong>et</strong> de la Conditionféminine <strong>du</strong> Québec. <strong>Le</strong> lancement de laplateforme Prêt numérique s’inscrit dansl’esprit de la Loi sur le développementdes entreprises québécoises dansle domaine <strong>du</strong> livre, qui précise queles bibliothèques publiques sont tenuesd’acquérir les livres imprimés auprèsdes librairies agréées de leur région.Quelques bibliothèques publiquesainsi que Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong><strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ) ontparticipé à un proj<strong>et</strong>-pilote visant àexpérimenter l’acquisition, la diffusion<strong>et</strong> l’emprunt de livres numériques parla plateforme de prêt conçue <strong>et</strong> réaliséepar la firme québécoise De Marque,bien connue dans le milieu de l’édition.<strong>Le</strong> 15 décembre 2011 a eu lieu lamise en service de la plateforme Prêtnumérique pour les usagers del’acQuisition des liVres<strong>Le</strong>s bibliothèques sélectionnent<strong>et</strong> acquièrent les livres numériquesgrâce à un site Web transactionnel(ruedeslibraires.com) réalisé à l’initiativedes Librairies indépendantes <strong>du</strong> Québec.Mentionnons toutefois que ce systèmeest conçu pour s’adapter à n’importequel site de librairie agréée offrantdes services en ligne. <strong>Le</strong>s livres ainsiacquis sont ren<strong>du</strong>s disponibles sur Prêtnumérique de façon quasi instantanéegrâce aux services Web implantésentre le site transactionnel, l’entrepôtnumérique où sont déposés les fichiersdes éditeurs <strong>et</strong> la plateforme Prêtnumérique de la bibliothèque. Chaqueexemplaire acquis par une bibliothèquedonne droit à un prêt simultané,soit un prêt de trois semaines pourun emprunteur à la fois.l’emprunt de liVresPour emprunter un livre numériquesur Prêt numérique, l’usager de BAnQ,peu importe où il se trouve au Québec,n’a qu’à se rendre sur le portail deBAnQ (banq.qc.ca), section « Livresnumériques », à choisir la plateformePrêt numérique <strong>et</strong> à s’authentifier avecson identifiant <strong>et</strong> son mot de passe.Après avoir inscrit son adresse courriel,il reçoit un lien d’activation <strong>du</strong> prêt quilui octroie un droit de prêt d’une <strong>du</strong>réelimitée. Un logiciel compatible avecles verrous numériques d’Adobe estnécessaire pour lire le livre empruntésur un ordinateur, une liseuse (ex. : SonyReader) ou une tabl<strong>et</strong>te multifonction(ex. : iPad). Une fois la <strong>du</strong>rée de prêtexpirée, le livre n’est plus accessiblepour l’emprunteur <strong>et</strong> redevient disponiblepour d’autres usagers. Et commele r<strong>et</strong>our est automatique, l’usagern’a jamais à payer de frais de r<strong>et</strong>ard !lA Vie de BANQÀ rayons ouverts 35 printemps-été 2012 n o 89


lA Vie de BANQPrendre la mesurede sa bibliothèquepar Linda Clermont, bibliothécaire, Direction des services aux milieux documentairesr Pierre-Yves Renard.w Guy Berthiaume.À l’invitation de Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong><strong>du</strong> Québec (BAnQ), une journée d’échanges surl’évaluation des services en bibliothèque s’esttenue le 9 mars dernier à la Grande Bibliothèque.C<strong>et</strong>te rencontre, la cinquième organisée par laDirection des services aux milieux documentaires,a réuni plus de 130 représentants des bibliothèquespubliques québécoises.Guy Berthiaume, président-directeur généralde BAnQ, a souligné d’entrée de jeu l’importance<strong>du</strong> thème de c<strong>et</strong>te année, « Prendre la mesurede sa bibliothèque » : « Par des sondages <strong>et</strong> desévaluations de toutes sortes, nouscherchons constamment à développerune offre de services qui soit audiapason des besoins de nos usagers. »Plus largement, des enjeux sociaux,économiques <strong>et</strong> politiques de taillese profilent, notamment la nécessairedémonstration de l’utilité des lieuxphysiques que sont les bibliothèquespour leurs usagers <strong>et</strong> pour la société.La conférence d’ouverture a étéprononcée par Pierre-Yves Renard,expert reconnu dans les domainesdes normes relatives aux statistiques<strong>et</strong> de l’évaluation des bibliothèques. <strong>Le</strong>s mots-clésde son intervention ? Définir, mesurer, démontrer,communiquer, <strong>et</strong>c., pour faire face aux enjeuxactuels, en ces temps de concurrence avecd’autres services où la légitimité de la bibliothèqueest parfois mise en cause, <strong>et</strong> pour redéfinir lesperspectives. Quels espaces pour quels services ?Quelle sera la place de la bibliothèque dans leprocessus d’apprentissage ? Comment mesureronsnousles eff<strong>et</strong>s sociaux des bibliothèques <strong>et</strong>quels impacts auront les services numériques ?Ces questions passionnantes ont fortementintéressé les participants.<strong>Le</strong> ministère de la Culture, des Communications<strong>et</strong> de la Condition féminine <strong>du</strong> Québec, BAnQ <strong>et</strong>l’Observatoire de la culture <strong>et</strong> des communicationsont fait la démonstration d’un réseau en constanteévolution dans une présentation sur les statistiquesdes bibliothèques publiques québécoises. On y aappris notamment que la proportion de Québécoisservie par une bibliothèque publique est passéedepuis 50 ans de 45 % à 95 %.Danielle Chagnon, directrice de la référence <strong>et</strong><strong>du</strong> prêt à BAnQ, <strong>et</strong> Carole Laguë, de la Bibliothèquemunicipale de Gatineau, ont partagé l’expertisede leur institution dans une communication intituléeÊtre à l’écoute de ses usagers – Un moteur dechangement pour la bibliothèque. Don Mills, dela bibliothèque publique de Mississauga, a partagésa riche expérience en matière d’utilisation desstatistiques à des fins stratégiques.En conclusion, Jean Payeur, de l’Institut canadiende Québec, <strong>et</strong> Hélène Roussel, directrice généralede la diffusion à BAnQ, ont présenté un documentfort atten<strong>du</strong>, Lignes directrices pour les bibliothèquespubliques <strong>du</strong> Québec, qui est d’ores <strong>et</strong> déjà un outilincontournable pour la planification <strong>et</strong> l’évaluationdes services de bibliothèques.La Direction des services aux milieux documentairesorganise des journées d’échanges depuisquatre ans déjà. À la suite de ces succès, d’autresjournées favoriseront assurément le partage del’expertise <strong>et</strong> des compétences au sein <strong>du</strong> réseaudocumentaire québécois.À rayons ouverts 36 printemps-été 2012 n o 89


Nouvelles archives des xvii e <strong>et</strong>xviii e siècles accessibles en lignepar Sylvain de Champlain, archiviste, Centre d’archives de MontréallA Vie de BANQr Tutelle des enfants mineursde défunte Marie JosèpheChartier <strong>et</strong> de Jean BaptisteMartineau, 20 juin 1794.Centre d’archives de Montréal,fonds Tutelles <strong>et</strong> curatelles,district judiciaire de Montréal,Cour supérieure <strong>et</strong> anciennesjuridictions (CC601, S1, SS2,D600, P2).w Registre des tutelles,curatelles <strong>et</strong> autres...,1760-1761. Centre d’archivesde Montréal, fondsProcé<strong>du</strong>res en matièresnon contentieuses, districtjudiciaire de Montréal,chambres des milices(CP601, S4).La base de données Pistardde Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong><strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ)s’est tout récemment enrichied’une dizaine de milliers denouvelles notices descriptivesdonnant accès, directement en ligne, à près de 30 000 images de documentsd’archives civiles pro<strong>du</strong>its dans la région de Montréal de la fondation de la villeà la fin <strong>du</strong>xviii e siècle.C<strong>et</strong> important ajout porte non seulement sur lesdossiers de tutelle <strong>et</strong> decuratelle mais aussi sur certaines autres procé<strong>du</strong>res juridiques ayant traitaux successions, aux dons <strong>et</strong> aux biens immobiliers. De par leur nature <strong>et</strong> leurcontenu, ces dossiers constituent une source utile de renseignements pour leschercheurs amateurs <strong>et</strong> professionnels, les <strong>et</strong>hnologues, les généalogistes <strong>et</strong>les historiens. <strong>Le</strong>s documents qu’ils contiennent fournissent des informationscapitales, par exemple les noms <strong>et</strong> lieux de résidence d’indivi<strong>du</strong>s, les mariages,les dates approximatives de décès ou de disparition de certaines personnes ainsique les noms des conjoints survivants, les noms <strong>et</strong> l’âge de leurs enfants, les liensentre indivi<strong>du</strong>s dans les conseils de famille <strong>et</strong> la nature des biens qu’ils possèdent.<strong>Le</strong>s dossiers de tutelle <strong>et</strong> de curatelle témoignent de la nomination de tuteurspour des personnes mineures lors <strong>du</strong> décès d’au moins un des parents ainsi quede celle de curateurs pour des personnes majeures incapables de gérer leursaffaires, le plus souvent en raison d’une déficience mentale ou dans le cas de successions laisséesvacantes par renonciation ou par absence d’héritier. Généralement élus lors d’assemblées de parents<strong>et</strong> d’amis des personnes concernées, les tuteurs <strong>et</strong> curateurs doivent par la suite voir à l’inventaire, àla protection, à l’administration ou à l’aliénation par vente aux enchères de leurs biens avec l’accord desmagistrats. Variablement selon le type de procé<strong>du</strong>re, les époques <strong>et</strong> les pratiques, nous trouvons dansces dossiers des requêtes de citoyens auprès des magistrats <strong>et</strong> des procès-verbaux pour l’homologationdes nominations, des déclarations de clôture d’inventaire, des rapports des tuteurs ou curateurs,des interdictions de personnes inaptes à gérer leurs affaires, des autorisations de vendre des biens,des évaluations d’experts pour les maisons, les bâtiments de ferme <strong>et</strong> les terrains, des publicités pour lesventes aux enchères ainsi que des adjudications. À l’occasion, les dossiers concernent l’affranchissementde la tutelle lorsque la personne mineure a atteint sa majorité ou celui de la curatelle lorsque la personneinterdite a recouvré ses capacités.Classées dans les fonds Tutelles <strong>et</strong> curatelles (CC601, S1) <strong>et</strong> Procé<strong>du</strong>res en matières non contentieuses(CP601, S4 <strong>et</strong> S5), ces archives ont été pro<strong>du</strong>ites sous l’autorité <strong>du</strong> Bailliage de Montréal (1658-1693),de la Juridiction royale de Montréal (1693-1760), des chambres d’audience des milices <strong>du</strong> gouvernementmilitaire de l’Après-Conquête (1760-1764), de la Cour des prérogatives (1765-1792) <strong>et</strong> de la Cour desplaidoyers communs (1792-1794) <strong>du</strong> district de Montréal, qui incluait à ces époques les régions de Saint-Hyacinthe, de Richelieu, d’Iberville, de Joli<strong>et</strong>te, de Terrebonne, de Beauharnois, de Longueuil <strong>et</strong> de Laval.À rayons ouverts 37 printemps-été 2012 n o 89


La littérature jeunesse québécoisese fait voir en Francepar Pascale Grenier, bibliothécaire à l’Espace Jeunes <strong>et</strong> responsable <strong>du</strong> Centre québécois de ressourcesen littérature pour la jeunesse, Direction de la référence <strong>et</strong> <strong>du</strong> prêtlA Vie de BANQVingt-trois titresquébécois fontpartie de la plusrécente sélectionannuelle de Larevue des livrespour enfants,une publicationde la Bibliothèquenationale deFrance (plus précisément <strong>du</strong> Centrenational <strong>du</strong> livre jeunesse – La joie parles livres). C<strong>et</strong>te sélection a été réaliséegrâce à un partenariat entre Bibliothèque<strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec <strong>et</strong>la Bibliothèque nationale de France.On prévoit déjà recon<strong>du</strong>ire ce proj<strong>et</strong> decollaboration afin que d’autres titresquébécois parmi la pro<strong>du</strong>ction jeunessela plus récente soient recensés dans lasélection 2012 de c<strong>et</strong>te publication.Voilà une belle vitrine outre-mer pour lescréateurs <strong>et</strong> les éditeurs jeunesse d’ici !Parmi c<strong>et</strong>te sélection, on relèvesept albums <strong>et</strong> 16 romans québécois« fort intéressants, qui peuvent êtr<strong>et</strong>eintés de particularismes linguistiques<strong>et</strong> culturels savoureux pour lesjeunes lecteurs français ou bien traiterde problématiques universelles »(extrait <strong>du</strong> texte de présentation d’AnnickLorant-Jolly, rédactrice en chef).Pour lire les critiques de ces livres,un exemplaire de c<strong>et</strong>te livraison deLa revue des livres pour enfants estdisponible pour consultation sur placeau niveau M de la Grande Bibliothèque.<strong>Le</strong>s titres sont disponibles pour le prêtdans la collection de l’Espace Jeunesou en consultation sur place au Centrequébécois de ressources en littératurepour la jeunesse. Parmi les créateursprésents dans c<strong>et</strong>te sélection, notonsLynda Amiot, Alain M. Bergeron,Hervé Bouchard <strong>et</strong> Geneviève Côté.Une bibliothèque pour tousUn guide à l’intention <strong>du</strong> personnel des bibliothèques <strong>du</strong> Québecpar André Vincent, chef des services adaptés, Direction de la Collection nationale <strong>et</strong> des services spécialisésToujours soucieuse d’agir comme chef de file en matièred’accès au savoir <strong>et</strong> à la culture pour les citoyens ayant desbesoins spéciaux, Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong>Québec (BAnQ) propose un guide à l’intention <strong>du</strong> personneldes bibliothèques <strong>du</strong> Québec afin de favoriser l’inclusion desusagers ayant des incapacités. Conçu par l’équipe des servicesadaptés de BAnQ, ce guide intitulé Une bibliothèque pour tousconstitue un outil de référence en vue de faciliter l’accèsdes personnes ayant des incapacités aux collections <strong>et</strong>aux services offerts par leur bibliothèque.<strong>Le</strong>s gestionnaires <strong>et</strong> le personnel des bibliothèquestrouveront dans ce guide des informations précieuses surles divers types de handicaps : déficience auditive, motrice,visuelle ou intellectuelle, troubles de la parole <strong>et</strong> <strong>du</strong> langage,troubles d’apprentissage <strong>et</strong> incapacités psychologiques.Ils y puiseront surtout les connaissances indispensables surles bonnes pratiques <strong>et</strong> les mesures à prendre pour faire deleur bibliothèque un lieu inclusif où les usagers handicapésse sentiront les bienvenus <strong>et</strong> souhaiteront r<strong>et</strong>ourner. Enfin,ce guide fournit une liste de ressources dans le domaine deshandicaps, un glossaire, des statistiques sur les handicapés auQuébec ainsi qu’une fiche perm<strong>et</strong>tant d’évaluer l’accessibilitéd’une bibliothèque.En 2012, les personnes ayant une incapacité représententenviron 15 % de la population <strong>du</strong> Québec en incluant lespersonnes en perte d’autonomie, pourcentage qui ira croissantavec une population vieillissante.À rayons ouverts 38 printemps-été 2012 n o 89


Nouvelles collections, nouveaux services, offre bonifiée : BAnQ n’a pas ménagéses efforts au cours des derniers mois afin d’en offrir encore plus à ses usagers.Voici quelques-uns des changements les plus récents.Encore <strong>du</strong> nouveaupour les usagers de BAnQ !plus de documents, plusde prÊts, plus de plaisir…Depuis février dernier, des changementsau Règlement d’abonnement <strong>et</strong> de prêtperm<strong>et</strong>tent aux usagers d’emprunter unplus grand nombre de films, de disquescompacts musicaux, de logiciels <strong>et</strong> deméthodes d’apprentissage de langues.Pour chacune de ces catégories de documents, le nombre maximum de prêts passede trois à cinq. <strong>Le</strong> nombre maximum de réservations passe également de trois à cinq.par Danielle Chagnon, directrice de la référence <strong>et</strong> <strong>du</strong> prêtDe plus, en distinguant le film documentaire <strong>et</strong> le film de fiction (comédie, drame,séries télévisées, <strong>et</strong>c.) dans le système de prêt, il estmaintenant possible d’emprunter un maximum de cinq filmsdans chacune de ces deux catégories.D’autres bonnes nouvelles : nos jeunes usagerspeuvent dorénavant renouveler leurs emprunts de filmsde l’Espace Jeunes alors que les usagers a<strong>du</strong>ltespeuvent emprunter pour 21 jours, plutôt que sept joursauparavant, des films de longue <strong>du</strong>rée.lA Vie de BANQde nouVelles collections…Une nouvelle collection de films en format Blu-raya été lancée en décembre 2011. Plus de 2200 filmssont ainsi offerts aux usagers, qui en profitentpleinement, comme le démontrent les quelque7000 prêts enregistrés tous les mois. Du plaisirhaute définition !À la fin de mars, les jeux vidéo ont fait une entrée remarquée à l’EspaceJeunes. Au départ, on y trouvait quelque 500 exemplaires de jeux pour les consolesWii, Xbox <strong>et</strong> PlayStation dont plusieurs ont été gracieusement offerts par WarnerBros. Games Montréal <strong>et</strong> Ubisoft dans le cadre d’une entente de partenariat. À celase sont ajoutés des dizaines de titres tous les mois. Et bien sûr, histoire de rassurerles plus grands <strong>et</strong> de combler les attentes des plus p<strong>et</strong>its, une attention particulièreest portée à la qualité des jeux offerts.<strong>Le</strong> guide est disponible en ligne à l’adressesuivante : banq.qc.ca/services/services_professionnels/milieux_doc/ressources/services_adaptes.… <strong>et</strong> de nouVeauX serVicesSoucieux de ne laisser aucun usager dansle doute ou sans réponse, les bibliothécairesdes niveaux 1, 2 <strong>et</strong> 3 ainsi que de la Collectionnationale parcourent maintenant la GrandeBibliothèque afin de partager avec eux leurexpertise <strong>et</strong> leur connaissance des collectionsoffertes. Munis d’un appareil sans fil qui leurperm<strong>et</strong> de chercher <strong>et</strong> de trouver réponseaux questions, les bibliothécaires vont ainsiau-devant des usagers plutôt que l’inverse.Ce service de référence dit mobile rejointdonc des usagers qui, pour diverses raisons,ne se présentent pas aux comptoirs deservice. La référence mobile est offerteà différentes périodes <strong>du</strong>rant les heuresd’ouverture de la Grande Bibliothèque.À rayons ouverts 39 printemps-été 2012 n o 89


Colloque sur la littérature jeunesse<strong>et</strong> l’enfant philosopheLire pour mieux se comprendre <strong>et</strong> pour mieuxcomprendre le mondepar Pascale Grenier, bibliothécaire à l’Espace Jeunes <strong>et</strong> responsable <strong>du</strong> Centrequébécois de ressources en littérature pour la jeunesse, Direction de la référence <strong>et</strong> <strong>du</strong> prêt,<strong>et</strong> Marie-Christine Beaudry, professeure au Département de didactique des langues del’Université <strong>du</strong> Québec à MontréallA Vie de BANQv De gauche à droite : Michel Sasseville,Christian Poslaniec, Pascale Grenier,Marie-Christine Beaudry <strong>et</strong> Guy Berthiaume.Comment amener l’enfant, par lalecture, à être un lecteur « philosophe »,c’est-à-dire un être capable de se penserpar lui-même <strong>et</strong> de se penser dans lemonde ? Que ce soit à la bibliothèqueou dans la classe, quelles démarchespeut-on proposer pour contribuer le pluspossible au développement de l’enfantlecteur ? À c<strong>et</strong>te époque de grandschangements dans le domaine del’information, amenés notamment parle Web 2.0 <strong>et</strong> par les différents sitesde microblogage, comment définirune é<strong>du</strong>cation à l’information pour leslecteurs nés à l’ère numérique ? C’està ces questions, ainsi qu’à plusieursautres, que le colloque Autour del’a<strong>du</strong>lte de demain – Développer l’enfantphilosophe <strong>et</strong> critique par la littératurejeunesse dans la société <strong>du</strong> savoir aproposé de réfléchir – <strong>et</strong>, si possible,de répondre – les 2 <strong>et</strong> 3 avril derniers.Durant ces deux journées, plus de200 personnes d’horizons diverstravaillant pour <strong>et</strong> avec les enfantsd’aujourd’hui se sont donc réunies àla Grande Bibliothèque. Ce fut un francsuccès, puisque le colloque a affichécompl<strong>et</strong>.Résultat d’une collaboration étroiteentre Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong><strong>du</strong> Québec (BAnQ) <strong>et</strong> l’Université <strong>du</strong>Québec à Montréal, le colloque proposait18 conférences. Parmi celles-ci,mentionnons les deux conférencesprincipales : La philosophie pourles enfants : fi nalités, pédagogie <strong>et</strong>outils littéraires par Michel Sasseville,professeur de philosophie <strong>et</strong> responsabledes programmes de formation enphilosophie pour les enfants àl’Université Laval, ainsi que Lire pourconstruire sa « machinerie » interprétativepar Christian Poslaniec, anciennementprofesseur <strong>et</strong> chercheur, aujourd’huiprésident de la commission de choixdes livres pour la jeunesse <strong>du</strong> ministèrede l’É<strong>du</strong>cation nationale français.<strong>Le</strong> colloque avait pour principalobjectif le partage de connaissances,d’expériences <strong>et</strong> de réflexions entrechercheurs en é<strong>du</strong>cation <strong>et</strong> enbibliothéconomie, bibliothécaires,enseignants, intervenants, étudiants<strong>et</strong> créateurs provenant de différentspays sur le développement de l’enfant<strong>et</strong> de l’adolescent en tant que lecteurcritique. Il avait aussi pour but decréer des ponts entre les milieuxde recherche en é<strong>du</strong>cation <strong>et</strong> enbibliothéconomie, les milieuxd’intervention (bibliothèques scolaires<strong>et</strong> municipales, écoles) <strong>et</strong> les milieuxde création, ainsi qu’entre les pays.Parmi les perspectives énoncéeslors de la séance plénière par lesmaîtres de conférence, soit NathalieLacelle, professeure à l’Université <strong>du</strong>Québec à Trois-Rivières, Olivia Marleau,bibliothécaire jeunesse à Ville-Mont-Royal, <strong>et</strong> Chantal Vaillancourt, éditriceconseil,la complémentarité entre l’universlittéraire <strong>et</strong> l’univers numérique sera sansaucun doute la nouvelle variable à prendreen compte pour les personnes qui étudient<strong>et</strong> travaillent avec les a<strong>du</strong>ltes de demain.<strong>Le</strong>s actes <strong>du</strong> colloque seront publiésen version électronique sur le portailde BAnQ à la fin de 2012.À rayons ouverts 40 printemps-été 2012 n o 89


Dans l’atelier de restaurationComment réparerles déchirures <strong>du</strong> papier ?resTAurATioNpar Marie-Claude Rioux, restauratrice, Direction des acquisitions <strong>et</strong>de la préservation des collections patrimonialesUne manipulation maladroite <strong>du</strong> papier peut causer des déchirures. Pour éviterque les déchirures s’étendent <strong>et</strong> causent des pertes d’information, il est importantde les réparer avec des outils appropriés <strong>et</strong> des techniques précises.Dans un premier temps, le restaurateur n<strong>et</strong>toie le recto <strong>et</strong> le verso <strong>du</strong> papier à l’aided’une gomme à effacer. C<strong>et</strong>te étape est importante, puisque l’utilisation de la colle intro<strong>du</strong>itde l’humidité autour de la surface à réparer. Si la surface n’est pas préalablementn<strong>et</strong>toyée, toute la sal<strong>et</strong>é s’intro<strong>du</strong>ira à l’intérieur <strong>du</strong> papier <strong>et</strong> sera difficilement délogeable.En raison de ses qualités adhésives, de sa stabilité <strong>et</strong> de sa réversibilité, la colled’amidon de blé est souvent utilisée pour réparer les déchirures en restauration.Elle est d’abord appliquée sur une bande de papier japonais, matériau choisi poursa résistance <strong>et</strong> pour sa stabilité. Il existe plusieurs types de papier japonais dedifférents grammages <strong>et</strong> de teintes variées allant <strong>du</strong> blanc à une couleur plusjaunâtre. <strong>Le</strong> choix <strong>du</strong> type de papier japonais est fait en fonction <strong>du</strong> documentà réparer. Si le document abîmé est mince <strong>et</strong> d’une teinte jaunâtre, on choisira unpapier japonais plus mince pour ne pas ajouter de poids sur la section réparée <strong>et</strong>d’une teinte qui se marie bien à celle <strong>du</strong> document. La bande de papier japonaisn’est pas coupée avec des ciseaux. Avec un pinceau trempé dans l’eau, on traceune ligne droite sur le papier japonais à l’aide d’une règle. On déchire ensuite lepapier japonais en suivant la ligne mouillée par le pinceau. Ainsi, les fibres <strong>du</strong> papierne sont pas brisées <strong>et</strong>, jouant le rôle de p<strong>et</strong>its bras, s’accrocheront de chaque côtéde la déchirure pour rendre la réparation plus solide.Afin de s’assurer que la bande de papier japonais adhère bien au verso <strong>du</strong>document réparé, on place un poids dessus. Mais auparavant, pour bien absorberl’humidité <strong>et</strong> assurer le séchage à plat <strong>du</strong> document, la section réparée est inséréeentre deux non-tissés (qui font en sorte que le buvard ne colle pas au document)<strong>et</strong> deux buvards. On enlève les poids de trois à cinq jours plus tard.Mais que faire lorsqu’une même mésaventure nous arrive à la maison <strong>et</strong> qu’unlivre ou un document auquel nous tenons se déchire ? On peut bien sûr faire appelà un restaurateur privé. Une chose est certaine : il faut éviter de m<strong>et</strong>tre des adhésifsde type ruban-cache, ruban adhésif ou colles dont le pH n’est pas neutre. Ces outilsde réparation causeront rapidement plus de dommages que la déchirure elle-même,par exemple le jaunissement, le vieillissement <strong>et</strong> la fragilisation <strong>du</strong> papier.À rayons ouverts 41 printemps-été 2012 n o 89


<strong>Le</strong> cabin<strong>et</strong> des curiositésUn exemplaire très particulierde Maria Chapdelainew Louis Hémon, MariaChapdelaine – Récit <strong>du</strong>Canada français, illustrationsde Suzor-Côté, Montréal,J.-A. <strong>Le</strong>Febvre, 1916.Vue de la « reliure <strong>du</strong> terroircanadien » de l’exemplairede Victor Morin.par Daniel Chouinard, bibliothécaire, Direction des acquisitions<strong>et</strong> de la préservation des collections patrimonialescuriosiTÉsNouVelleruBriQue<strong>Le</strong> roman Maria Chapdelainejouit au Québec d’une telle notoriétéque beaucoup ont l’impressionde connaître le livre de Louishémon sans même l’avoir lu.publié d’abord sous forme defeuill<strong>et</strong>on dans le journal français<strong>Le</strong> Temps en 1914 – soit quelquesmois après la mort accidentellede l’auteur –, il paraît ensuite sousforme de livre à montréal en 1916,puis à paris en 1921. en France,ce sera l’un des livres les plusven<strong>du</strong>s de la première moitié<strong>du</strong> XX e siècle, puis il tombera peuà peu dans l’oubli. au Québec,il demeure un classique qui ainauguré le genre <strong>du</strong> roman dela terre <strong>et</strong> exercé une infl uenceconsidérable sur bon nombrede romanciers.L’édition parue à montréal en 1916 chez J.-a. <strong>Le</strong>febvre est considérée comme lapremière <strong>et</strong>, à ce titre, est recherchée par les collectionneurs. elle est relativement raresans toutefois être introuvable. Bibliothèque <strong>et</strong> archives <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec a ainsieu l’occasion récente d’acquérir un exemplaire très particulier de c<strong>et</strong>te édition grâceà la générosité de l’écrivain Louis Gauthier, qui lui a fait don d’une cinquantaine de livresprovenant de la bibliothèque de son grand-père, victor morin (1865-1960). Ce dernierfut notamment notaire, professeur de droit à l’université de montréal, président de lasociété historique de montréal, auteur féru d’histoire <strong>et</strong> éminent bibliophile.C<strong>et</strong> exemplaire comporte un bel ex-libris de victor morin <strong>et</strong> une reliure qualifi ée parcelui-ci de « reliure <strong>du</strong> terroir canadien » en peau de suède avec dessin de catalogne.il est dédicacé à victor morin par éva Bouchard – qui signe « maria Chapdelaine » –,c<strong>et</strong>te institutrice de péribonka qui aurait inspiré Louis hémon. en regard de l’ex-librisest collée une l<strong>et</strong>tre datée de 1933 sur papier à en-tête de l’entreprise <strong>Le</strong>wis Brothersdans laquelle un certain ralph Lawson explique à morin que Maria Chapdelaine a étédactylographié dans les bureaux de l’entreprise alors que hémon y travaillait commesténographe, un fait connu des spécialistes. enfi n, c<strong>et</strong> exemplaire abritait également trois l<strong>et</strong>tres manuscrites adressées àvictor morin en 1925 par marie hémon, la sœur de Louis. entre autres choses, marie hémon écrit : « nous vous remercionsune fois de plus, ma mère <strong>et</strong> moi, de tout ce que vous avez fait pour la mémoire de mon frère. »on en conviendra, voilà un exemplaire exceptionnel d’un roman qui ne l’est pas moins.À rayons ouverts 42 printemps-été 2012 n o 89


Comptes ren<strong>du</strong>s de lecturespar Isabelle Crépeau, Simon Mayer <strong>et</strong> Isabelle Morriss<strong>et</strong>te, bibliothécaires, Direction généralede la diffusionMARCEL BROQUETlaissez-moi vous raconter…53 ans dans le monde <strong>du</strong> livre – Récit autobiographiqueSaint-Sauveur, Marcel Broqu<strong>et</strong>, La Nouvelle Édition, 2011ISBN : 9782923860275Libraire, éditeur, distributeur, Marcel Broqu<strong>et</strong> a touché à plusieursmétiers <strong>du</strong> livre. Dans son autobiographie, il présente sonparcours professionnel en prenant soin de rendre hommageaux gens qui ont éveillé son intérêt pour les livres <strong>et</strong> auxpersonnes que ceux-ci l’ont amené à rencontrer. Avant deprésenter la première librairie qu’il a ouverte à Ver<strong>du</strong>n <strong>et</strong> deconfier les motivations qui l’ont mené à publier, l’auteur discute longuement de lap<strong>et</strong>ite <strong>et</strong> de la grande histoire de sa famille ainsi que de ses Alpes natales. Suivrel’astucieux libraire <strong>et</strong> éditeur québécois Marcel Broqu<strong>et</strong> dans ses souvenirs, c’estl’aventure que nous propose Laissez-moi vous raconter..., un livre qui plaira autantaux passionnés <strong>du</strong> livre <strong>et</strong> de l’édition qu’aux amoureux d’histoire européenne. SMlecTureDOMINIQUE CHARNAY (ÉD.)cher monsieur Queneau – dans l’antichambredes recalés de l’écritureParis, Denoël, 2011 · ISBN : 9782207110591La scolarisation massive <strong>et</strong> la démocratisation de la littératureont amené des milliers de Français à rêver d’être édités,chez Gallimard de surcroît. C’est au membre <strong>du</strong> Collège depataphysique, au fondateur de l’OuLiPo <strong>et</strong> à l’ancien surréalisteauteur des aventures de la p<strong>et</strong>ite Zazie, Raymond Queneau,qu’ont été envoyées les l<strong>et</strong>tres d’intention choisies dans ce livre.<strong>Le</strong>s missives originales anonymes d’« écriverons » jamais publiés présentées donnentun aperçu <strong>du</strong> travail colossal <strong>du</strong> chef <strong>du</strong> comité de lecture de la prestigieuse maison.Souvent touchantes, parfois rigolotes, ces l<strong>et</strong>tres non seulement nous donnent accèsaux espoirs déçus d’auteurs qui auraient voulu y croire mais, surtout, nous montrentà quel point Raymond Queneau, « monsieur myope », était un homme apprécié,respecté <strong>et</strong> bon. « Monsieur Queneau, aurez-vous le courage que j’ai eu de merelire jusqu’au bout ? » IMFRÉDÉRIC ROUVILLOISune histoire des best-sellersParis, Flammarion, 2011 · ISBN : 9782081227262r Louis Hémon, Maria Chapdelaine – Récit <strong>du</strong>Canada français, illustrations de Suzor-Côté,Montréal, J.-A. <strong>Le</strong>Febvre, 1916. Vue de l’ex-librisde Victor Morin <strong>et</strong> de la l<strong>et</strong>tre de Ralph Lawson.Il existe dans votre tête une bibliothèque plus impressionnanteque vous ne le croyez. Elle contient surtout des succès littérairesdont plusieurs ont été portés à l’écran. Par exemple, <strong>Le</strong> docteurJivago, Bonjour tristesse, Maria Chapdelaine <strong>et</strong>, plus récemment,Millénium ou Harry Potter. La liste pourrait être longue !Une histoire des best-sellers explore ce phénomène littéraire<strong>du</strong> point de vue <strong>du</strong> livre, de l’auteur <strong>et</strong> <strong>du</strong> lecteur. Alors que lesuccès était autrefois lié au génie de l’écrivain <strong>et</strong> à la valeur del’œuvre, on pourrait croire qu’il est maintenant dû à une stratégiemark<strong>et</strong>ing bien planifiée. Pourtant, Gaston Gallimard avouait que le succès de librairiecomportait une part de mystère. Pour Jean d’Ormesson, il échapperait à l’explicationrationnelle <strong>et</strong> serait imprévisible. Ce livre répond à la question que nous nous posons :comment un livre devient-il un best-seller ? ICÀ rayons ouverts 43 printemps-été 2012 n o 89


Défis <strong>et</strong> enjeux technologiques<strong>Le</strong> cœur technologiquede BAnQpar Jean-François Gauvin, directeur des services WebTecHNoloGiesNouVelleruBriQuer Cabin<strong>et</strong>s de serveursinformatiques de BAnQ.Invisible pour les usagers comme pour laplupart des employés de l’institution, elle s<strong>et</strong>rouve au cœur des activités de Bibliothèque<strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec (BAnQ).Sans elle, plus rien ne fonctionnerait, oupresque… L’informatique est devenue unoutil sur lequel l’institution a pu construireune gamme de services qui lui perm<strong>et</strong>tentde remplir ses missions, <strong>et</strong> bien plus encore.Nous vous proposons, dans c<strong>et</strong>te premièrelivraison de notre nouvelle rubrique sur les défisliés aux technologies de l’information, de j<strong>et</strong>erun coup d’œil sur des aspects peu visibles desactivités informatiques <strong>et</strong> technologiques à BAnQ.un eXemple asseZ uniQueÀ l’instar de l’institution, la salle des serveurs <strong>et</strong> des télécommunicationsde BAnQ est un bel exemple d’évolution, de changement, de systèmeshétérogènes qui sont à fois communs à la plupart des organisationssimilaires en taille <strong>et</strong> très spécifiques aux besoins liés aux activités<strong>et</strong> à l’évolution de BAnQ. Personne ne s’attendait à ce que le succès dela Grande Bibliothèque entraîne un achalandage équivalent au doubledes prévisions initiales. Il a fallu agir en conséquence, <strong>et</strong> il en va de mêmepour l’infrastructure technologique, que nous avons dû adapter rapidementpour soutenir la croissance de l’institution.La salle des serveurs compte environ 740 composantes différentescomprenant des équipements de télécommunications <strong>et</strong> de stockagede données ainsi que des serveurs. Au chapitre des télécommunications,notons principalement des commutateurs téléphoniques <strong>et</strong> réseau,1000 km de câblage ainsi qu’une pièce maîtresse par laquelle toutle trafic Intern<strong>et</strong> passe : le coupe-feu. Il y a trois unités principales destockage de données, d’une capacité totale d’environ 300 téraoct<strong>et</strong>s.Du côté des serveurs, le parc informatique est divisé en deux lotsprincipaux composés de 162 serveurs physiques <strong>et</strong> de 217 serveursvirtuels de type VMWare. De ce nombre, on doit répartir par famillede serveurs (Unix à 20 % <strong>et</strong> Windows à 80 %), <strong>et</strong> chacune des famillesse subdivise en différentes versions. À titre d’exemple, la famille Unixcomprend des éléments Solaris, RedHat <strong>et</strong> CentOS. Pourquoi autantde versions différentes ? La réponse vient simplement <strong>du</strong> fait quecertaines applications, commerciales ou non, nécessitent des versionsparticulières. <strong>Le</strong> logiciel Portfolio, pour ne nommer que celui-là, requiertun serveur Sun-Solaris à lui seul.Ces chiffres peuvent paraître énormes mais ce nombre d’appareils està peine suffisant pour répondre à la demande. Un des grands défis deBAnQ en matière de technologies de l’information sera de continuer àsoutenir son développement tout en faisant évoluer son parc informatiqueen le modernisant <strong>et</strong> en augmentant ses capacités.À rayons ouverts 44 printemps-été 2012 n o 89


Coup d’œilsur les acquisitions patrimonialespar Daniel Chouinard, bibliothécaire, Direction des acquisitions <strong>et</strong> de la préservation des collections patrimoniales,<strong>et</strong> Hélène Fortier, archiviste-coordonnatrice, Centre d’archives de Montréal, avec la collaboration de Christian Drol<strong>et</strong>,archiviste-coordonnateur, Centre d’archives de Québec, de Sophie Morel, archiviste-coordonnatrice, Centre d’archivesde la Mauricie <strong>et</strong> <strong>du</strong> Centre-<strong>du</strong>-Québec, de Sébastien Tessier, archiviste-coordonnateur, Centre d’archives de l’Abitibi-Témiscamingue <strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec, de Jean-François Palomino, cartothécaire, Direction de la recherche <strong>et</strong> de l’édition,ainsi que de Danielle Léger <strong>et</strong> d’Élise Lassonde, bibliothécaires spécialistes de collections, Direction de la recherche<strong>et</strong> de l’éditioncoup d’Œilw Sous le Cap Stre<strong>et</strong>,Quebec, carte postale,Montréal / Toronto, TheValentine & Sons’ PublishingCo., vers 1910.s St. Joseph Stre<strong>et</strong>, Quebec,carte postale, Québec,E. P. Charlton & Coy, entre1905 <strong>et</strong> 1915.images multiples <strong>et</strong> contrastéesde la ville de québecBibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec(BAnQ) se réjouit de l’acquisition récente, auprès<strong>du</strong> collectionneur Yves Beauregard, d’un lot de plusde 700 cartes postales de la ville de Québec <strong>et</strong> deses environs. Venant compléter un corpus déjàrelativement riche, ces cartes parues pour la plupartentre 1904 <strong>et</strong> 1945 témoignent d’un intérêtmarqué pour la ville <strong>et</strong> pour ses monuments.<strong>Le</strong> Château Frontenac, la terrasse Dufferin, labasilique Notre-Dame, la citadelle, le funiculaire,la maison Montcalm, le palais archiépiscopal, lesportes Kent, Saint-Louis <strong>et</strong> Saint-Jean, le manègemilitaire (aujourd’hui disparu), le marché Champlain<strong>et</strong> l’escalier Casse-Cou sont autant de lieuxemblématiques dont les amateurs de cartes postalesne se lassent pas, à en juger par la quantité uÀ rayons ouverts 45 printemps-été 2012 n o 89


coup d’Œilmontrent essentiellement une population bourgeoisedevant des commerces tels que la boutique<strong>du</strong> photographe Livernois ou celle <strong>du</strong> libraireéditeurJ.-P. Garneau.À l’opposé, la rue Champlain <strong>et</strong> la rue Sousle-Capdépeignent un cadre de vie ouvrier habituellementlaissé pour compte par les éditeurs. Cedécalage (voire c<strong>et</strong> exotisme) social eut l’heur deplaire aux plus fortunés puisque les variantessont nombreuses, en couleur ou en noir <strong>et</strong> blanc,les unes montrant une marmaille nombreuse <strong>et</strong>déchaussée foulant un sol non pavé, les autresm<strong>et</strong>tant en évidence l’étroitesse des rues <strong>et</strong> l’habil<strong>et</strong>édes charr<strong>et</strong>iers à con<strong>du</strong>ire dans un tel dédale.Complétées par une corde à linge, une traverse ouune échelle, les compositions sont parfaites, assurantune diffusion massive des images.Toutes ces cartes postales seront numérisées <strong>et</strong>accessibles dans la nouvelle interface Images, qu’onpeut consulter sur le portail Intern<strong>et</strong> de BAnQ àl’adresse suivante : banq.qc.ca/collections/images.r Gatien Lapointe,s. d. Centre d’archivesde la Mauricie <strong>et</strong> <strong>du</strong>Centre-<strong>du</strong>-Québec, fondsGatien Lapointe (P136).Photographe non identifié.de représentations dont ils font l’obj<strong>et</strong>. D’autrescartes montrent des endroits ou des activitésmoins souvent représentés, par exemple le théâtre<strong>du</strong> Palais-Royal, situé rue Saint-Joseph (rebaptiséerue Garneau depuis lors), l’hôtel Clarendon ou lepont de glace entre Québec <strong>et</strong> Lévis.<strong>Le</strong>s scènes de rue des principales artères – ruede la Fabrique, rue Saint-Jean, rue Saint-Joseph –des archivesde la « capitale de poésie 1 »Au cours des derniers mois, le Centre d’archivesde la Mauricie <strong>et</strong> <strong>du</strong> Centre-<strong>du</strong>-Québec a eu le plaisird’acquérir trois fonds significatifs dans le domainede la poésie.<strong>Le</strong> premier est le fonds de l’écrivain, poète <strong>et</strong>universitaire Gatien Lapointe (1931-1983). Lapointeest entre autres l’auteur d’Ode au Saint-Laurent(1963), qui lui a valu le prix <strong>du</strong> Gouverneur général,le prix <strong>du</strong> Maurier <strong>et</strong> le prix de la province de Québec.Ce fonds se compose notamment de manuscrits,de tapuscrits, de publications, de correspondancepersonnelle <strong>et</strong> administrative, de contrats,d’un journal intime, de photographies, de documentssonores <strong>et</strong> de films.<strong>Le</strong> deuxième est celui de la maison d’édition <strong>Le</strong>sÉcrits des Forges, qui se consacre exclusivementà la poésie. C<strong>et</strong>te société d’édition a été fondée àTrois-Rivières en 1971 par Gatien Lapointe, quiÀ rayons ouverts 46 printemps-été 2012 n o 89


v Photographie <strong>du</strong> roiGeorge VI <strong>et</strong> de la reineElizab<strong>et</strong>h (la reine mère)en compagnie <strong>du</strong> premierministre Maurice Duplessisdédicacée par ce dernier àl’épouse d’Onésime Gagnon,17 mai 1939. Centre d’archivesde Québec, fonds OnésimeGagnon (P926).Photo : Héroux enrg.coup d’Œilen a d’ailleurs été le premier directeur général.<strong>Le</strong> fonds témoigne des activités administratives<strong>et</strong> littéraires de la maison <strong>du</strong>rant les 20 premièresannées de son existence.<strong>Le</strong> troisième fonds acquis est celui de la Fondation<strong>Le</strong>s Forges, un acteur important de la scèneculturelle trifluvienne depuis plus de 25 ans puisqu’ilest à l’origine <strong>du</strong> fameux Festival internationalde la poésie de Trois-Rivières. L’un des prixde ce festival, qui a eu lieu pour la toute premièrefois en 1985, porte le nom de Gatien Lapointe. Cefonds d’archives est principalement constitué deprocès-verbaux, de correspondance <strong>et</strong> de dossiersde presse.« restons traditionnels <strong>et</strong>progressifs » – Onésime GagnonFigure marquante <strong>du</strong> gouvernement de MauriceDuplessis, Onésime Gagnon (1888-1961) a joué unrôle majeur sur la scène politique québécoise pendantplus de 30 ans. Conservé au Centre d’archivesde Québec de BAnQ, son fonds d’archives perm<strong>et</strong>traaux chercheurs d’avoir accès à des documentsillustrant les différents aspects de la vie privée,professionnelle, militante <strong>et</strong> politique de ce natifde Saint-Léon-de-Standon, dans la région deChaudière-Appalaches.Des archives textuelles, photographiques <strong>et</strong>audiovisuelles relatent entre autres le passaged’Onésime Gagnon à l’université d’Oxford enAngl<strong>et</strong>erre, sa carrière de professeur à l’UniversitéLaval <strong>et</strong> surtout sa fructueuse carrière politiquepar l’entremise de discours, de mémoires <strong>et</strong> d’uneriche correspondance avec les principaux acteursde l’époque, par exemple Maurice Duplessis, AdélardGodbout, John Diefenbaker <strong>et</strong> Georges Vanier.Celui que Maurice Duplessis considérait commeson « vieil <strong>et</strong> loyal ami » demeure l’un des piliersde l’Union nationale <strong>du</strong> milieu des années 1930jusqu’à la fin des années 1950. <strong>Le</strong> fonds OnésimeGagnon perm<strong>et</strong> de suivre la carrière politique de uÀ rayons ouverts 47 printemps-été 2012 n o 89


coup d’Œilw Reliure d’art réalisée parLouise Mauger en 2008.Révérendes mèresJeanne-Françoise Juchereaude St-Ignace <strong>et</strong> Marie-AndréeDuplessis de Ste-Hélène, <strong>Le</strong>sannales de l’Hôtel-Dieu deQuébec 1636-1716, Québec,Hôtel-Dieu de Québec /Montréal, Garden City, 1939.ce dernier depuis ses débuts comme candidat<strong>du</strong> Parti conservateur sur la scène fédéraleen 1930, de même que ses activités sur lascène provinciale lorsqu’il tente de remporterla course à la direction <strong>du</strong> Parti conservateur<strong>du</strong> Québec. C’est finalement MauriceDuplessis qui gagne c<strong>et</strong>te course en 1933.Gagnon se rallie à Duplessis, qui le nommeau comité chargé de négocier la fusion entrele Parti conservateur <strong>du</strong> Québec <strong>et</strong> l’Actionlibérale nationale de Paul Gouin, fusion quidonne naissance à l’Union nationale en 1935.Ce parti accède au pouvoir dès 1936 <strong>et</strong> MauriceDuplessis nomme Onésime Gagnon ministredes Mines, de la Chasse <strong>et</strong> des Pêcheries. En1939, l’Union nationale perd le pouvoir maisGagnon parvient à garder sa circonscription <strong>et</strong>demeure un député unioniste influent. Il agitd’ailleurs comme chef de l’opposition <strong>et</strong> chefintérimaire lorsque Duplessis tombe maladeen 1941. En 1944, l’Union nationale revient aupouvoir <strong>et</strong> Duplessis nomme Gagnon au postede trésorier provincial, titre changé en celui deministre des Finances en 1951. Plusieurs rapports,allocutions <strong>et</strong> mémoires témoignent <strong>du</strong>mandat de Gagnon dans c<strong>et</strong>te fonction. En 1958,il est nommé lieutenant-gouverneur de la provincede Québec par le premier ministre <strong>du</strong>Canada, John Diefenbaker. De très belles photographiesainsi que des films témoignent de c<strong>et</strong>teultime période de la féconde carrière d’OnésimeGagnon.<strong>du</strong> côté des reliures d’artGrâce au programme annuel d’acquisition dereliures d’art de BAnQ <strong>et</strong> au concours des membresexternes <strong>du</strong> jury qui ont évalué les propositionsdes relieurs, la collection de reliures d’art de l’institutions’est récemment enrichie de huit nouvellesœuvres remarquables.En 2011, l’association ARA Canada a présenté àQuébec puis à Montréal une exposition de reliuresqui exploraient l<strong>et</strong>itre imposé, Diresérotiques, haïkus de Pierr<strong>et</strong>tePell<strong>et</strong>ier. Parmi les œuvres exposées<strong>et</strong> proposées à BAnQ, cinq ontété acquises, dont celle d’Aline Mauger, unétonnant mannequin, entre sculpture <strong>et</strong> reliure,qui dissimule un minuscule livre. Soulignons parailleurs la reliure de papiers décorés de Lis<strong>et</strong>teGaucher, dont la structure à la chinoise offreÀ rayons ouverts 48 printemps-été 2012 n o 89


détails de galuchat <strong>et</strong> de cuir de grenouille.Sur un autre exemplaire, SylvieRichard a réalisé une sobre reliure noire<strong>et</strong> rouge qui juxtapose les cuirs de buffle<strong>et</strong> de poisson, ornés de dentelle noire.C<strong>et</strong>te œuvre est la première de c<strong>et</strong>te artisteà être acquise par BAnQ. De même,le jury a r<strong>et</strong>enu la reliure de Cécile Côté,qui présente un décor mosaïqué épuréfaisant écho aux gravures comprises dansc<strong>et</strong>te édition limitée.La collection de reliures d’art de BAnQs’est également enrichie d’un exemplairedes Voyages transparentsde Claude Haef-fely relié par Lise Dubois de cuir de buffle <strong>et</strong>de serpent d’eau. <strong>Le</strong>s formes géométriquesen étain qui en ornent les plats <strong>et</strong> les pagesde garde reprennent des motifs des œuvresd’Antoine Pentsch présentes dans l’ouvrage.On compte aussi une reliure à mors ouvertde Louise Mauger sur une édition de 1939 desAnnales de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716.La texture <strong>et</strong> les coloris de la mosaïque decuir de poissons offrent un tonique contrasteavec le chèvre oasis noir de la couvrure. Enfin,BAnQ a acquis une reliure de JonathanTremblay sur l’ouvrageThe World Was Sung<strong>du</strong> compositeur estonien Veljo Tormis quia été primée par l’Estonian Association ofDesigner Bookbinders.coup d’Œilune perspectivefragmentée d’uneœuvre à l’encre <strong>et</strong> au pigmentd’Éliane Quinn. En 2010, larelieure Cécile Côté a publié une éditionlimitée des Dires érotiques avec des pointessèches de Suzie Pilon, édition qui a eu les faveursde plusieurs relieurs. Jonathan Tremblay est deceux-ci : son élégante reliure de buffle noir présentedes fentes dans les plats qui laissent voir desvittorio, l’art <strong>du</strong> punchEn matière d’affiches, l’acquisition la plus imposantedes derniers mois provient de la successiond’une des figures majeures de l’affiche au Québec.On reconnaît dans c<strong>et</strong> ensemble tout le génie visuelde Vittorio 2 , sa prédilection pour la sérigraphie, samaîtrise de la couleur, de la ligne <strong>et</strong> de l’ellipse, sonstyle direct <strong>et</strong> synthétique, son goût de l’image percutante,son humour, sa polyvalence <strong>et</strong> son audace.Parmi les 159 affiches acquises, on en recense 78dont BAnQ ne possédait aucun exemplaire. uÀ rayons ouverts 49 printemps-été 2012 n o 89


coup d’Œilw Vittorio Fiorucci, La dansede mort, affiche, 105 x 85 cm,Montréal, Théâtre <strong>du</strong> NouveauMonde, 1964.<strong>Le</strong> lot comprend plusieurs affiches de films,de concerts, de pièces de théâtre <strong>et</strong> d’expositions.La plus ancienne affiche est La danse de mort,pro<strong>du</strong>ite pour le Théâtre <strong>du</strong> Nouveau Monde en1964. Il s’agit de l’une des premières œuvres deVittorio réalisées avec la technique des papiersdéchirés. Une autre affiche, créée en 1966 pourla Semaine <strong>du</strong> cinéma suédois, témoigne de l’habil<strong>et</strong>éde l’artiste à magnifier les qualités graphiquesde la photo pour composer une affichevibrante <strong>et</strong> expressive.<strong>Le</strong> bonhomme fétiche de Vittorio apparaît dèsla fin des années 1960 sur les affiches de la Place<strong>du</strong> soul, « temple <strong>du</strong> soul <strong>et</strong> <strong>du</strong> rhythm and blues »à Montréal, puis au début des années 1970 pourle vol<strong>et</strong> « <strong>Le</strong> cinéma canadien montre ses dents »présenté à Cannes. Indice de la renommée <strong>du</strong>créateur, Vittorio’s Vittorios exhibe une impression-À rayons ouverts 50 printemps-été 2012 n o 89


nante mosaïque de 125 affiches présentées lorsd’une exposition solo à la Vancouver Art Gallery en1978. Sont également représentés divers exemplesde pro<strong>du</strong>ctions publicitaires réalisées pour des entreprises,notamment les magasins <strong>Le</strong> Château,Sogramcan <strong>et</strong> la Banque Nationale.<strong>Le</strong> lot comprend aussi plusieurs proj<strong>et</strong>s personnelsde Vittorio, tel Visitez le nouveau Québec,à la fois commentaire social <strong>et</strong> clin d’œil touristiqueà Expo 67, dans la foulée d’une Révolutiontranquille qui a contesté le pouvoir des autoritésreligieuses. Œuvre plus tardive, Cent fois LéaRoback (2003) rend un élégant <strong>et</strong> sympathiquehommage de l’artiste-citoyen à c<strong>et</strong>te militantequébécoise.C<strong>et</strong>te acquisition porte à 249 le nombre d’œuvresde Vittorio rassemblées par BAnQ, sur unepro<strong>du</strong>ction estimée à plus de 300 créations. Plus de150 des œuvres acquises peuvent être consultéesdans la nouvelle interface Images.de cycliste à homme politique<strong>Le</strong> Centre d’archives de l’Abitibi-Témiscamingue<strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec de BAnQ a acquis récemmentles archives de Marc <strong>Le</strong>may, avocat <strong>et</strong> homme politiquequébécois originaire d’Amos. Avant d’œuvreren politique, Marc <strong>Le</strong>may s’est notamment illustrédans le domaine <strong>du</strong> cyclisme aux niveaux régional,national <strong>et</strong> international. Après avoir participé àquelques compétitions dans sa jeunesse, il a entreautres siégé au conseil d’administration <strong>du</strong> Comitéolympique canadien de 1982 à 1992. Sur la scènepolitique, il a représenté la circonscription d’Abitibi-Témiscamingue à la Chambre des communes sousles couleurs <strong>du</strong> Bloc québécois entre 2004 <strong>et</strong> 2011.<strong>Le</strong> fonds d’archives de Marc <strong>Le</strong>may contient0,22 mètre de documents textuels, 2723 photographies,trois affiches, 19 documents audiovisuels<strong>et</strong> neuf DVD. Dans le domaine politique, les documentstraitent des activités de député de M. <strong>Le</strong>mayainsi que des campagnes électorales auxquellesil a pris part. On y trouve aussi de la correspondanceavec des citoyens de sa circonscription <strong>et</strong> desdocuments promotionnels. <strong>Le</strong> fonds contient égalementun DVD comprenant une cinquantaine dephotographies <strong>et</strong> d’articles de revues spécialiséesqui relatent la carrière de Marc <strong>Le</strong>may dans le domaine<strong>du</strong> cyclisme.1. Titre donné à Trois-Rivières par Félix <strong>Le</strong>clerc lors <strong>du</strong> premierFestival international de la poésie.2. Pseudonyme de Vittorio Fiorucci, 1932-2008.v Marc <strong>Le</strong>may en compagnie<strong>du</strong> député François Gendronlors d’un match d’improvisationopposant le Partiquébécois au Bloc québécois,Rouyn-Noranda, 2010.Centre d’archives del’Abitibi-Témiscamingue<strong>et</strong> <strong>du</strong> Nord-<strong>du</strong>-Québec,fonds Marc <strong>Le</strong>may (P270).Photo : Cyclopes.coup d’Œil<strong>Le</strong>s activités culturelles de BAnQBibliothèque <strong>et</strong> archives <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec (BanQ) constitue un lieu unique de notre mémoire collective. par sa mission, l’institutionrassemble tous les savoirs, dont la diffusion est assurée par les nombreuses actions qu’elle entreprend <strong>et</strong> poursuit. La programmationculturelle y joue un rôle essentiel en matière de démocratisation <strong>et</strong> de médiation culturelle. elle contribue au rayonnement institutionnelen offrant à chaque saison des activités diversifi ées m<strong>et</strong>tant en valeur les collections de BanQ (expositions, conférences, clubs d’écoute,<strong>et</strong>c.), en plus de participer à la promotion des arts, de la culture <strong>et</strong> des savoirs sous diverses formes.pour le détail de la programmation, consultez le Calendrier des activités culturelles de BanQ disponible sur support papier dans tousles édifi ces de l’institution <strong>et</strong> dans de nombreux lieux culturels ainsi qu’en version pDF sur le portail de BanQ (banq.qc.ca).Pour tout renseignement · Région de Montréal : 514 873-1100 · Sans frais, d’ailleurs au Québec : 1 800 363-9028


les trésors DE BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBECMark Negin, plan de décor pour la pièce L’escalier de Charles Dyer présentée au Théâtre <strong>du</strong> Nouveau Monde <strong>et</strong> mise en scène par Jean-Louis Roux, 1970.Centre d’archives de Montréal, fonds Théâtre <strong>du</strong> Nouveau Monde (MSS3, 2006-10-001 / 9199).

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