Se doutent-ils, par exemple, quel’école, telle qu’ils la connaissent(<strong>et</strong> que, souvent, ils n’apprécientguère…) pourraitdisparaître au profit d’institutionsvirtuelles?… Que cela estdéjà amorcé dans différentspays? Que seulement aux États-Unis, par exemple, il y a près<strong>de</strong> 200 <strong>de</strong> ces écoles virtuellesau primaire <strong>et</strong> plus <strong>de</strong> 400 ausecondaire?Mais n’anticipons pas trop… <strong>et</strong>voyons ce qu’ils avaient à dire concernantla façon dont elles <strong>et</strong> ils s’ysont pris pour apprivoiser les TIC.OÙ ETCOMMENT AVEZ-VOUSAPPRIS À VOUS SERVIRDES TIC?L’apprentissage <strong>de</strong>s TIC s’est effectuépour ces jeunes à peu près égalemententre la maison <strong>et</strong> l’école,avec une légère dominance pourc<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière (au moins <strong>de</strong>ux outrois d’entre eux n’ont pas d’ordinateurà la maison). Mais, saufpour <strong>de</strong>ux élèves, que cela se soitpassé à la maison ou à l’école, laprésence d’un a<strong>du</strong>lte aidant a étédéterminante. Que c<strong>et</strong> a<strong>du</strong>lte aitété le père ou la mère, un oncle ouun enseignant, son action a servi<strong>de</strong> catalyseur <strong>et</strong>, dans bien <strong>de</strong>s cas,l’émule s’est empressé <strong>de</strong> dépasserJEAN-SIMON GOUDREAUPhoto : Denis Garonle maître qui, maintenant, a recoursà son ancien élève pour se m<strong>et</strong>tre àjour… Scénario connu.D’autres, un peu moins nombreux,ont profité <strong>de</strong>s connaissances en lamatière <strong>de</strong> leurs amis <strong>et</strong> quelquesunsont largement bénéficié <strong>du</strong> coursInitiation à la science informatiquequ’ils ont pu suivre à l’école.Ces <strong>de</strong>rniers sont d’ailleurs parmicelles <strong>et</strong> ceux pour qui les TICsemblent avoir une gran<strong>de</strong> importance.Toutes <strong>et</strong> tous, ou presque, adm<strong>et</strong>tentque le « tâtonnement expérimental »(ou le « gossage »…) <strong>et</strong> l’observation<strong>de</strong> ceux ou celles « qui savaient »ont été abondamment exploités, soità <strong>de</strong>ux ou trois, soit à l’occasiond’un cours particulier ou d’un proj<strong>et</strong>scolaire faisant appel aux TIC.Il est même arrivé à certains d’entreeux <strong>de</strong> « forcer la main », quelquepeu, à leur enseignant ou enseignantequi hésitait <strong>et</strong> qui a finalementcédé <strong>de</strong> bonne grâce à leurspressions. Autre scénario connu <strong>du</strong>milieu scolaire.MAÎTRISEZ-VOUS TRÈS BIENUN ORDI OU AVEZ-VOUSL’IMPRESSION D’AVOIR ENCOREBEAUCOUP DE CHOSESÀ APPRENDRE?Ici, nous avons eu droit à notre<strong>de</strong>uxième surprise… encore unefois, pour certains d’entre nous <strong>du</strong>moins. Car les réponses donnéesont varié d’un : « Je ne ressens pasle besoin d’en apprendre davantage…», à : « J’aimerais enapprendre un peu plus… pousserun peu plus loin pour avoir plus<strong>de</strong> plaisir à utiliser tout ce quec<strong>et</strong>te technologie offre; si j’en ail’occasion, je suivrai <strong>de</strong>s cours… »Ce qui, d’un côté, reflète une certainenaïv<strong>et</strong>é <strong>et</strong>, <strong>de</strong> l’autre, c<strong>et</strong>te tendanc<strong>et</strong>rès n<strong>et</strong>te à la consommation« pure <strong>et</strong> <strong>du</strong>re » répan<strong>du</strong>e dansnotre société <strong>et</strong> chez les ados particulièrement.Il est ressorti assezclairement, en eff<strong>et</strong>, que pour lamajorité <strong>de</strong> ces jeunes, les TIC <strong>et</strong> cequ’ils offrent constituent davantageGUILLAUME HURTUBISEun bien <strong>de</strong> consommation courantequ’un outil perm<strong>et</strong>tant, notamment,<strong>de</strong> donner libre cours à son imagination<strong>et</strong> d’exploiter ses facultéscréatrices.Pour au moins <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ces élèves,apprendre la programmation constitueun besoin, une obligationmême : « J’aimerais en savoirbeaucoup plus : on <strong>de</strong>vait avoir<strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> perfectionnement enprogrammation <strong>et</strong> on n’en a paseu : ça m’a beaucoup déçu… »Cela est intrigant dans la mesureoù, les plus âgés d’entre nous s’ensouviendront, c’est souvent par <strong>de</strong>scours <strong>de</strong> programmation « 101 »que s’est faite notre initiation à l’ordinateurdans les années… loin,loin… <strong>et</strong> que nous étions doncheureux d’en sortir lorsque lesappareils sont <strong>de</strong>venus plus conviviauxd’une part <strong>et</strong> que, d’autrepart, nous nous sommes ren<strong>du</strong>compte que c’est ce que les ordinateursnous perm<strong>et</strong>taient <strong>de</strong> fairequ’il était utile <strong>et</strong> intéressant d’apprendre<strong>et</strong> non comment la magies’opérait… Il est vrai que ce qu’onentend par « programmation »aujourd’hui <strong>et</strong> qui attire ces jeunesn’a plus rien à voir avec ce qu’onnous présentait alors, mais il<strong>de</strong>meure que d’aller « voir ce qui sepasse dans la machine » – plutôtque <strong>de</strong> perfectionner sa compé-Photo : Denis GaronVie pédagogique 132, septembre-octobr<strong>et</strong>ence à l’utiliser – est aussi différentque <strong>de</strong> démonter une bicycl<strong>et</strong>te pouren connaître le fonctionnement <strong>et</strong>les rouages au lieu <strong>de</strong> perfectionnersa technique dans les côtes ouailleurs.Pour au moins un élève, cependant,les TIC constituent <strong>de</strong>s outils puissants<strong>et</strong> leur utilisation suscite chezlui un enthousiasme comparable àcelui découlant <strong>de</strong> la lecture d’unbon livre : « (…) t’apprends <strong>de</strong>schoses, mais tu veux aller plusloin, en savoir davantage… »Et quand, en sous-question, on leur<strong>de</strong>man<strong>de</strong> :« L’école vous a-t-ellesuffisamment aidés dans votreapprentissage <strong>de</strong>s TIC? », lesréponses, cela va <strong>de</strong> soi, sont àl’image <strong>de</strong> leur intérêt pour lachose : si on « aime » les TIC,l’école aurait pu en faire davantage;mais si elles ne sont pas perçuescomme essentielles, alors l’école aété à la hauteur <strong>de</strong>s attentes.STÉFANY LACROIXCe qui, par ailleurs, est ressorticlairement, c’est que plusieurs <strong>de</strong>ces jeunes préfèrent que les TICsoient intégrées aux cours <strong>et</strong> nonqu’elles fassent l’obj<strong>et</strong> d’un apprentissageen soi; ils apprécient qu’ellessoient associées à <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s, à <strong>de</strong>sactivités.Ainsi, une jeune fille a qualifié <strong>de</strong>« génial » le fait que <strong>de</strong>s enseignantsPÉDAGOGIQUE92004Photo : Denis Garon<strong>DOSSIER</strong>
<strong>DOSSIER</strong>leur aient permis, dans <strong>de</strong>s coursoptionnels, <strong>de</strong> choisir <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>squi les aidaient à cheminer dansl’apprentissage <strong>de</strong> la discipline concerné<strong>et</strong>out en s’initiant à l’utilisation<strong>de</strong>s TIC. Tous les proj<strong>et</strong>s<strong>de</strong>vaient être réalisés en ayantCÉCILE LAUZONrecours aux TIC <strong>et</strong> l’évaluation <strong>du</strong>travail <strong>de</strong>s élèves tenait compte <strong>de</strong>c<strong>et</strong>te exigence. L’élève en question abeaucoup apprécié que l’entrai<strong>de</strong> <strong>et</strong>la collaboration entre les élèvesaient été à l’ordre <strong>du</strong> jour. Certainsont créé <strong>de</strong>s pages Web, d’autres ontrédigé un roman, d’autres encoreont tracé un portrait mondial <strong>du</strong>domaine abordé. Les travaux qu’ilsont faits ont été consignés dans leurportfolio personnel.Un autre élève nous a fait part d’uneexpérience semblable. <strong>Dans</strong> uncours <strong>de</strong> sciences, un enseignant a<strong>de</strong>mandé à ses élèves <strong>de</strong> choisir unsuj<strong>et</strong> parmi la <strong>de</strong>mi-douzaine qu’ilavait proposés <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’y investir toutau cours d’un semestre. Ici aussi,le recours aux TIC était fortementencouragé. Cela a donné lieu à <strong>de</strong>sréalisations intéressantes <strong>et</strong> certains<strong>de</strong> leurs auteurs ont connu la consécrationlorsque leurs œuvres ontfait partie <strong>de</strong> l’expo-sciences <strong>de</strong> find’année.Photo : Denis GaronUTILISEZ-VOUS LES TICPOUR EFFECTUER VOSTRAVAUX SCOLAIRES?L’accès à un ordinateur ne leurétant pas toujours possible, certainsont répon<strong>du</strong> par la négative.D’autres ne le font que lorsque lestravaux <strong>de</strong>mandés exigent beaucoupd’écriture. Ils ont alors recoursau traitement <strong>de</strong> texte : « C’est pluspropre, plus présentable… »,«…<strong>et</strong> plus lisible pour le prof… ».Ici, on a vite compris qu’il ne s’agissaitpas tant <strong>de</strong> faciliter la tâche àl’enseignant que <strong>de</strong> l’inciter à êtregénéreux dans son évaluation <strong>du</strong>travail remis…Qu’arrive-t-il si l’enseignante oul’enseignant exige un travail manuscritpour éviter que l’élève se serve<strong>de</strong>s logiciels <strong>de</strong> correction pourprésenter « un beau travail à peuprès sans fautes »? Qu’à cela n<strong>et</strong>ienne, certains n’hésitent pas àtaper le texte à l’ordi, à le soum<strong>et</strong>treà la correction <strong>et</strong> à le transcrire à lamain ensuite…AMINE MAHMOUDIMis à part le traitement <strong>de</strong> texte,le recours aux TIC pour effectuer<strong>de</strong>s travaux scolaires semble selimiter à quelques utilisations <strong>de</strong>« PowerPoint », lesquelles étonnentparfois le personnel enseignant :Photo : Denis Garon« Mon prof n’avait jamais vu un<strong>et</strong>elle présentation. »À ce suj<strong>et</strong>, d’ailleurs, plusieursélèves connaissent déjà la règle <strong>de</strong>base qui veut qu’on ne surchargepas chacune <strong>de</strong>s plages d’une telleprésentation (ce qu’ignorent beaucoupd’a<strong>du</strong>ltes qui ont recours àce logiciel connu). En outre, lesplus hardis vont jusqu’à effectuerquelques démonstrations virtuellesen sciences.Quand l’un <strong>de</strong>s a<strong>du</strong>ltes présentsleur a <strong>de</strong>mandé, en corollaire àc<strong>et</strong>te question, si le recours aux TICleur perm<strong>et</strong>tait, parfois, <strong>de</strong> réfléchirdifféremment, <strong>de</strong> planifier un travail,on a senti un certain flottement…Manifestement, ils n’ensont pas encore là dans l’utilisation<strong>de</strong> ces outils. Une question semblableayant trait à la possibilité,non seulement <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s donnéesd’Intern<strong>et</strong>, mais d’ajouter à la cagnotte,n’a pas non plus suscitébeaucoup d’interventions.De la même manière, quand on leura <strong>de</strong>mandé : « Comment les TICont-elles influencé votre façond’apprendre? », c<strong>et</strong>te question, <strong>de</strong>nature un peu plus épistémologiqueou « méta-cognitive », a été suivie<strong>de</strong> quelques silences… De touteévi<strong>de</strong>nce, cela semble être davantageune préoccupation d’a<strong>du</strong>ltesqui ont <strong>de</strong>s responsabilités é<strong>du</strong>catives.Pour eux, l’aspect fonctionnel<strong>de</strong>s TIC a beaucoup plus d’importanceque la valeur intrinsèque <strong>de</strong>celles-ci. Ils sont « tombés <strong>de</strong>dansquand ils étaient p<strong>et</strong>its » <strong>et</strong> leur<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r en quoi cela a changéquelque chose à leur vie (ou, ici,à leur façon d’apprendre), revient,à la limite, à leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoiils sont nés à la fin <strong>du</strong> 20 e siècleplutôt qu’avant…On a quand même pu constater quela recherche dans Intern<strong>et</strong> constitue,pour plusieurs d’entre eux, unmo<strong>de</strong> d’apprentissage différent,plus rapi<strong>de</strong> <strong>et</strong> plus efficace (l’un<strong>de</strong>s élèves présents avait même suivi<strong>de</strong>ux cours spécifiquement consacrésà la recherche dans Intern<strong>et</strong>).Ils ont également développé certaineshabil<strong>et</strong>és à départager lesbonnes <strong>et</strong> les mauvaises référencesou données recueillies dans Intern<strong>et</strong> :« Ça se voit tout <strong>de</strong> suite si c’estun amateur qui a déposé un textedans Intern<strong>et</strong>… », « (…) justepar les fautes d’orthographe, <strong>de</strong>sfois, on voit bien… ».Une autre élève voit dans Intern<strong>et</strong> <strong>de</strong>soccasions <strong>de</strong> peaufiner ses apprentissagesen chimie, par exemple, en ydénichant <strong>de</strong>s exercices appropriés.MAXIME PERREAULTET LE« COPIER-COLLER »,LA HANTISE DES PROFS…Certains enseignants exigent qu<strong>et</strong>out travail effectué à l’ai<strong>de</strong> d’Intern<strong>et</strong>comprenne une bibliographieexhaustive; d’autres « (…) apprennentvite quel est le “ style ”<strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> leurs élèves… », <strong>de</strong>telle sorte qu’ils discernent aisémentles « vrais » travaux <strong>du</strong> plagiat.INTERNET, ÇA RECÈLE AUSSIQUELQUES DANGERS, NON?La plupart <strong>de</strong>s élèves présents ontdonné l’impression qu’ils étaienteffectivement conscients <strong>de</strong> certainsrisques liés à une utilisation inadéquated’Intern<strong>et</strong> : les « mauvaises »rencontres par le clavardage, laqualité <strong>du</strong> français menacée par lesPhoto : Denis GaronVIE 10 Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004
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