Si la conception <strong>de</strong> l’article à fabriquerrelève surtout <strong>de</strong> l’enseignant,les étapes <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction proprementdite sont <strong>du</strong> ressort <strong>de</strong>s élèves.Le contrôle <strong>de</strong> la qualité est principalementfondé sur la responsabilitépersonnelle <strong>de</strong> chaque artisan,invité à parfaire un pro<strong>du</strong>it que luimêmeserait désireux d’acquérir.Les exigences <strong>de</strong> la mise en marchéincitent en eff<strong>et</strong> l’élève à surveillerla bonne qualité <strong>de</strong> son œuvre. Lachaîne <strong>de</strong> travail nécessite évi<strong>de</strong>mmentun minimum <strong>de</strong> supervisionobjective <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s enseignants,mais aussi, à l’occasion, <strong>de</strong> quelquesélèves à qui on a confié <strong>de</strong>s responsabilitésà diverses étapes.C<strong>et</strong>te pro<strong>du</strong>ction fait souvent l’obj<strong>et</strong><strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s à l’avance. Le prix <strong>de</strong>vente est calculé à partir <strong>du</strong> coût <strong>du</strong>matériel auquel on ajoute 10 p. 100.Le profit éventuel sert au financement<strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> fin d’année<strong>de</strong>s élèves.PREMIER BILANDE L’OPÉRATIONEn juin 2003, on procéda à l’évaluation<strong>de</strong> la première année d’activité.On distribua un questionnairedans lequel chacun <strong>de</strong>s élèves participantsa pu exprimer ses commentaires,positifs ou négatifs, <strong>et</strong>ses suggestions pour la suite <strong>du</strong>chantier. À l’occasion d’un r<strong>et</strong>ouren groupe sur les résultats compilés<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te consultation, on engagea<strong>de</strong>s échanges <strong>et</strong> <strong>de</strong>s discussions.Enfin, c<strong>et</strong>te démarche collective futcomplétée par une rencontre personnelleavec chacun <strong>et</strong> chacune,afin <strong>de</strong> prendre en considérationles réactions indivi<strong>du</strong>elles à c<strong>et</strong>teexpérience communautaire.Le bilan général <strong>de</strong> l’opérations’avère n<strong>et</strong>tement positif, tout enm<strong>et</strong>tant au jour la nécessité <strong>de</strong>quelques correctifs, adaptations <strong>et</strong>améliorations :•L’intérêt <strong>de</strong>s élèves, plutôt faibleau début <strong>de</strong> l’année, s’est ensuiteraffermi à la suite d’un contactdirect avec la réaction <strong>du</strong> public<strong>de</strong>vant le résultat <strong>de</strong> leurs efforts.La reconnaissance officielle <strong>de</strong>leurs réalisations a gran<strong>de</strong>mentcontribué à leur revalorisationpersonnelle. Désormais, on comptem<strong>et</strong>tre un effort particulier surla publicité <strong>et</strong> la promotion <strong>de</strong>spro<strong>du</strong>its;• La visibilité <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong>s70 élèves <strong>de</strong>s CPT se trouve enforte hausse, à l’école même <strong>et</strong>parmi la population. On fait maintenantappel à eux pour diversesformes <strong>de</strong> contribution dans ledomaine <strong>de</strong> leur spécialité. Ils entirent un légitime motif <strong>de</strong> fierté <strong>et</strong>se montrent <strong>de</strong> plus en plus solidaires<strong>de</strong> leur activité collective;• La collaboration entre les enseignantss’est révélée excellente,bien qu’ils déplorent le manque<strong>de</strong> temps pour une meilleureconcertation courante <strong>de</strong> leursinterventions. Ce proj<strong>et</strong> a souventdébordé l’horaire officiel <strong>de</strong>travail;•L’appui <strong>de</strong> la direction ne s’estjamais démenti, en particulier parune ouverture à l’égard <strong>de</strong>s<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s répétées en provenance<strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> <strong>de</strong>s enseignants.Tous les frais liés au proj<strong>et</strong> ont étéremboursés à même le budg<strong>et</strong>courant <strong>de</strong> l’école, sans recours à<strong>de</strong>s allocations supplémentaires,subventions spéciales ou programmesparticuliers;• La contribution <strong>de</strong> la coopérative<strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> <strong>de</strong> la caisse scolaire,gérées par <strong>de</strong>s enseignantes <strong>et</strong><strong>de</strong>s enseignants r<strong>et</strong>raités, fut précieusesur le plan technique(recherches, achats <strong>de</strong> matériel,<strong>et</strong>c.);• La Commission scolaire <strong>de</strong>L’Amiante a aussi prêté son concourspour l’organisation <strong>de</strong> laconférence <strong>de</strong> presse, à l’automne2002.PREMIÈRE BOUTIQUEDU GENRE AU QUÉBECSous la forme qui la distingue,il semble que la boutique « LesTrésors d’Albert » n’ait point d’équivalentdans d’autres écoles <strong>du</strong>Québec. C<strong>et</strong>te expérience à caractèreunique manifeste le dynamismed’une région – autrefois repliée envase clos autour <strong>de</strong> ses puits <strong>de</strong>Photo : Denis Garonmine – qui, à titre d’agent principal,assume le défi <strong>de</strong> son développementéconomique <strong>et</strong> convie sesjeunes à entrer dans ce mouvement<strong>de</strong> responsabilisation.L’expérience témoigne aussi <strong>de</strong> lamarge <strong>de</strong> manœuvre dont peut disposerune équipe d’enseignants,créative <strong>et</strong> solidaire, quand elle estanimée <strong>et</strong> soutenue par une directionouverte. Elle confirme, dansune certaine mesure, la viabilité <strong>de</strong>sorientations <strong>de</strong> la réforme scolaireà l’école secondaire.Soulignons enfin que le succès <strong>de</strong>ce proj<strong>et</strong> s’explique essentiellementpar la mise en interrelation d’ungroupe d’enseignants au profil particulièrementimaginatif, dynamique<strong>et</strong> engagé. Ghyslain Cliche, parexemple, illustre dans sa démarcheprofessionnelle les caractéristiquesqui se trouvent aussi chez ses collèguesimmédiats, selon diversesnuances :• la qualité <strong>de</strong> sa longue expérienceen formation professionnelle <strong>et</strong>technique;•la créativité qu’il manifeste dansla conception <strong>de</strong> ses scénariosd’apprentissage;Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004• son engagement personnel dansle milieu socioéconomique (il adéjà occupé la fonction <strong>de</strong> promairedans la municipalité);• un sens aigu <strong>de</strong>s réalités pratiquesqui ne paralyse pas sonélan; <strong>et</strong>, surtout,• un profond souci d’ouvrir uneperspective d’avenir à tous cesjeunes dont il se considère commeresponsable à titre d’é<strong>du</strong>cateur.Deux prix d’excellence ont déjàsouligné le mérite <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te initiativeexceptionnelle : le Prix d’excellence<strong>du</strong> jury <strong>du</strong> Concours québécois enentrepreneuriat local <strong>et</strong> une mentionspéciale pour une innovationpédagogique <strong>de</strong> la Fédération <strong>de</strong>scommissions scolaires <strong>du</strong> Québec –section Chaudière-Appalaches.S’il ne vous est pas loisible d’allerfaire <strong>du</strong> lèche-vitrines à Th<strong>et</strong>fordMines, vous pouvez <strong>du</strong> moins consulterle site Web <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te boutique :www.csamiante.qc.ca/albert-carrier(voir « Trésors d’Albert »).M. Paul Francœur est consultanten é<strong>du</strong>cation.PÉDAGOGIQUE 55
ImpressionsRENCONTRE AVEC UN ÊTRE REMARQUABLE :RÉACTIONS ET OPINIONS D’UNE ENSEIGNANTEpar Danielle RoyJai eu la chance d’assister à’Tout au long <strong>de</strong> l’entrevue, M. Lopez’ l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong> M. Roch Denis, parle <strong>de</strong> la recherche d’un justerecteur <strong>de</strong> l’Université <strong>du</strong> équilibre entre autorité <strong>et</strong> tendresse.« Être soi-même » c’est doncQuébec à Montréal (UQAM) avecGeorges Lopez 1 , c<strong>et</strong> instituteur être simple, vrai <strong>et</strong> sans artificesexceptionnel que nous avons pu auprès <strong>de</strong>s enfants. N’est-ce pasvoir évoluer dans sa classe multiprogramme,en Auvergne, dans soi-même un enfant : se souvenirse rappeler aussi que l’on a étéle documentaire Être <strong>et</strong> avoir, <strong>de</strong> <strong>de</strong>s fous rires, <strong>de</strong>s récréations ou <strong>de</strong>sNicolas Philibert. Exceptionnel non papiers qui circulent sous les bureauxnous ai<strong>de</strong> à prendre <strong>du</strong> recul,pas à cause <strong>de</strong> ses métho<strong>de</strong>s pédagogiquesrévolutionnaires, mais dans face à ces « gentils p<strong>et</strong>its monstres ».son approche simple <strong>et</strong> humaine Entrer en relation, c’est aussi perm<strong>et</strong>trel’échange <strong>et</strong> le rapprochement.envers ses élèves.Lors <strong>de</strong> son témoignage, M. Lopez a Par besoin <strong>de</strong> sécurité, l’enseignantsuggéré aux enseignantes <strong>et</strong> enseignantsd’oser « être eux-mêmes » à se centrer sur un contenu àou l’enseignante a souvent tendanceavec leurs élèves, <strong>de</strong> se montrer enseigner, au détriment parfois <strong>du</strong>disponibles à eux <strong>et</strong> d’entr<strong>et</strong>enir un temps qu’il ou elle pourrait consacrerà établir <strong>et</strong> développer undialogue chaque fois que la situationle perm<strong>et</strong>. Ce message profondémenthumain peut apparaître expérience m’a confirmé que leclimat agréable. Par contre, monici comme une naïve évi<strong>de</strong>nce <strong>et</strong> souci d’entr<strong>et</strong>enir une relation respectueuseavec les élèves entraînepourtant, dans les débats actuels ené<strong>du</strong>cation traitant <strong>de</strong> métacognition, chez ces <strong>de</strong>rniers l’éveil, la curiosité<strong>de</strong> socioconstructivisme ou d’enseignementpar compétences, nous De plus, ce climat <strong>de</strong> complicité, <strong>de</strong><strong>et</strong> l’intérêt envers l’apprentissage.avons tendance à oublier c<strong>et</strong> élémentqui constitue la base <strong>de</strong> notre dans la salle <strong>de</strong> classe apporte auxrespect <strong>et</strong> même parfois d’humourdémarche pédagogique.enseignants une plus gran<strong>de</strong> satisfactionau travail. N’est-ce pas lerêve <strong>de</strong> chacun, a<strong>du</strong>lte ou enfant, <strong>de</strong>« se sentir bien » à l’endroit où l’onse trouve?Certaines pratiques me sont apparuesfavorables à l’installation d’untel climat en classe :• prendre <strong>du</strong> temps chaque matinpour accueillir les élèves, être làtout simplement pour recevoir lesp<strong>et</strong>its mots ou les p<strong>et</strong>its « maux »qui peuvent parfois comprom<strong>et</strong>treles apprentissages.• prévoir <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s régulières<strong>de</strong> rencontres indivi<strong>du</strong>elles oùl’on peut discuter <strong>du</strong> suivi <strong>de</strong>sproj<strong>et</strong>s, <strong>de</strong>s difficultés scolaires,mais aussi <strong>du</strong> vécu <strong>de</strong> l’élève à lamaison ou à l’école. Cela peut sefaire <strong>du</strong>rant les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> lecturesilencieuse, <strong>de</strong> travail personnelou <strong>de</strong> récupération.Je vous laisse sur les propos colorés<strong>de</strong> Dominique Demers, extraits <strong>de</strong>son roman jeunesse Une drôle <strong>de</strong>ministre, que je lisais aux parents<strong>de</strong> mes élèves lors <strong>de</strong> notre rencontreau début <strong>de</strong> l’année :« Gustave-Aurèle avait la bouchegran<strong>de</strong> ouverte. Il venait <strong>de</strong> lire lanouvelle politique rédigée par sonamie. C’était totalement impossible,parfaitement impensable… <strong>et</strong> toutà fait merveilleux! Il y était écrit queles enfants <strong>de</strong>vaient absolumentapprendre à faire <strong>de</strong>s bulles avant lafin <strong>de</strong> leur sixième année. Qu’il étaitégalement très important qu’ilsapprennent à courir plus vite que levent, à fabriquer <strong>de</strong>s cerfs-volants, àvoyager dans <strong>de</strong>s livres drôles oueffrayants, à élever <strong>de</strong>s animaux exotiques,à inventer <strong>de</strong>s m<strong>et</strong>s extravagants…Ma<strong>de</strong>moiselle Charlotteparlait aussi <strong>de</strong> la nécessité d’apprendreà calculer <strong>et</strong> à écrire sansfautes, mais elle ne s’y attardait paslongtemps. “ Les enfants heureuxapprennent vite <strong>et</strong> mieux ”, écrivaitellesimplement. »M me Danielle Roy est enseignanteà l’école Saint-Gabriel-Lalemant <strong>de</strong> la Commissionscolaire <strong>de</strong> Montréal.1. C<strong>et</strong> entr<strong>et</strong>ien a eu lieu lors <strong>du</strong> colloqueLes 40 ans <strong>du</strong> rapport Parent, le 4 avril2003, au Palais <strong>de</strong>s Congrès, à Montréal.ÉVÉNEMENTS À VENIRCOLLOQUE DE LA COMMISSION PROFESSIONNELLEDES SERVICES ÉDUCATIFS DE L’ASSOCIATIONDES CADRES SCOLAIRES DU QUÉBEC (ACSQ)La Commission professionnelle <strong>de</strong>sservices é<strong>du</strong>catifs <strong>de</strong> l’Association<strong>de</strong>s cadres scolaires <strong>du</strong> Québecannonce la tenue <strong>de</strong> son 12 e colloque,qui aura pour thème : « Différenciationpédagogique : utopie oustimulant créatif? ».Le colloque aura lieu les 8, 9 <strong>et</strong>10 décembre 2004, à l’Hôtel Hilton<strong>de</strong> Québec.Renseignements <strong>et</strong> inscription :Association <strong>de</strong>s cadres scolaires<strong>du</strong> Québec1195, avenue Lavigerie, bureau 170Sainte-Foy (Québec) G1V 4N3Tél. : (418) 654-0014Téléc. : (418) 654-1719Site Intern<strong>et</strong> : www.acsq.qc.caUN MERCI BIEN SPÉCIALÀ…Yannick Gagnépour sa précieuse collaborationà la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> présent numéro,<strong>du</strong>rant le stage qu’il a effectué àVie pédagogiqueVIE 56 Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004
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