DOSSIER Dans - Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport ...

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Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004ou d’inhiber l’usage des technologiesen classe (Karsenti, Savoie-Zajcet Larose, 2001; Ungerleider, 2002).Nous n’avons pas été surpris par lesrésultats de notre enquête qui montrentqu’une motivation élevée etun fort sentiment de compétence àl’égard des TIC vont de pair avecune plus grande utilisation enclasse. Le constat est le même quantà la valeur pédagogique accordéeaux TIC : plus le futur enseignant oula future enseignante trouve qu’ilest important pour les élèves d’apprendreà l’aide des TIC, plus lestechnologies seront mises à profiten classe. Les résultats de notreétude ont toutefois ceci de particulierque ce sont les facteurs humains (lamotivation, le sentiment de compétenceet la valeur pédagogique accordéeaux TIC) qui expliquent le plusleur utilisation – ou non – par lesfuturs enseignants et enseignanteslors de leurs stages. Il semble ainsique les habiletés technologiques etl’équipement – pourtant des conditionsessentielles à l’intégration desTIC – ne suffisent pas. Intégrer lesTIC en classe, c’est aussi une questionde motivation et d’attitude.FORMATION PRATIQUE(STAGES) ET TICDans la dernière section de l’enquête,nous cherchions à mieuxcomprendre si les futurs enseignantset enseignantes avaient l’occasiond’intégrer les TIC en contexte d’enseignement,durant leur stage. Nousavons obtenu à ce sujet, croyonsnous,les résultats les plus intéressantsde notre enquête. À la question« Lors de votre dernier stage,avez-vous utilisé les TIC? », 46 %des participants ont répondu « jamais» ou « très rarement ». Pourl’ensemble des répondants inscritsdans le programme d’enseignementau préscolaire et au primaire, l’utilisationest toutefois plus fréquente(35 % indiquent n’avoir jamais ouavoir très rarement utilisé les TIC).En ce qui a trait aux personnesinscrites au programme d’enseignementau secondaire, mis à partle cours d’informatique ou encorel’utilisation des TIC pour la planificationde l’enseignement, c’est prèsde 95 % qui indiquent n’avoir jamaisou avoir très rarement utilisé lesTIC en classe. La différence entrel’usage des TIC que font les enseignantsen classe au primaire et ausecondaire est donc majeure etdevrait nous amener à réfléchir surle mode d’organisation de l’écolesecondaire. Il est aussi intéressantde noter que quels que soient lesprogrammes d’études, ce sont toujoursles femmes qui utilisent leplus les TIC, et ce, de façon trèssignificative.À la question « Dans quel contexteavez-vous utilisé les TIC au coursde votre dernier stage? », celles etceux parmi les futurs maîtres quiavaient utilisé les TIC ont répondu :• pour de la recherche d’informationset de la navigation surInternet (souvent pour la préparationde leçons ou d’activités)(42 %);• pour des projets, des travauxet des activités réalisées avecles élèves (23 %);• comme appui pédagogique(par exemple, la créationde présentations PowerPoint)(15 %);• pour faire de la gestion, de laplanification et de l’organisationde l’enseignement (parexemple, pour comptabiliserdes notes à l’aide d’un chiffrier)(13 %);• pour de la communicationavec le courrier électronique,les forums ou encore les sitesde clavardage (8 %);• pour l’initiation des élèves àl’informatique (7 %).CONCLUSIONLes sondages et les enquêtes comportenttoujours une certaine marged’erreur et il faut souvent fairepreuve de prudence dans l’analyseet l’interprétation des donnéesrecueillies. Néanmoins, commenous avons interrogé un nombretrès important de futurs enseignantset enseignantes (6 998), on nepourra pas dire que notre échantillonn’est pas représentatif. C’estplus de 60 % des futurs enseignantsformés au Québec qui ont réponduà notre enquête. Nous aurionscertes pu présenter toutes les utilisationsnovatrices et exemplairesque nous avons pu observer (etelles sont souvent impressionnantes),mais l’objectif de notreétude était de savoir si, de façongénérale, les futurs enseignants sontconvenablement préparés à intégrerles TIC. C’est pourquoi notre analysea surtout porté sur « l’ensembledes répondants », et non sur l’utilisationexemplaire que font des TICcertains enseignants.L’ÉCOLE SECONDAIRE DOIT-ELLEÊTRE REPENSÉE?Alors que le ministère de l’Éducations’interroge sur l’avenir etl’organisation des cégeps, les résultatsde l’enquête que nous avonsréalisée nous amènent à nous questionnersur l’organisation de l’écolesecondaire au Québec. Comment sefait-il que l’utilisation des TIC à desfins pédagogiques dans les écolessecondaires soit rarissime, en particulierdans un contexte où l’onobserve une utilisation de plus enplus fréquente des TIC dans d’autresdomaines de la société? L’intégrationdes TIC est-elle incompatibleavec un contexte où les enseignantsdoivent régulièrement changer declasse pour enseigner? Est-ce qu’emmenerses élèves au laboratoired’informatique – local souventréservé aux cours d’informatique –représente « un parcours du combattant»? Certes, plusieurs écolessecondaires – comme c’est le casà la Commission scolaire de Lavalou encore à la Commission scolairedes Draveurs, en Outaouais –innovent avec des laboratoiresdédiés à l’intégration pédagogiquedes TIC pour les autres disciplinesd’enseignement, mais il s’agit làd’initiatives ponctuelles qui nereflètent pas nécessairement la tendancegénérale dans le réseau desécoles secondaires au Québec. Lesconclusions d’une récente étude del’OCDE (2004), Completing thefoundation for lifelong learning :An OECD survey of Upper SecondarySchools, montrent comment l’aménagementdes heures d’enseignement,l’organisation de la classe… et lafaible compétence technopédagogiquedes enseignants ne permettentpas une véritable intégration desTIC dans les classes du secondairede quelque quinze pays industrialisés.Le rapport met d’abord enévidence que l’utilisation des TICest « décevante » dans les établissementsd’enseignement secondairede ces pays, et ce, même si d’importantesdépenses en équipementau cours des 20 dernières annéesont permis de faire entrer les technologiesdans la quasi-totalité deces établissements scolaires. Lesconclusions reflètent cette déception: l’utilisation de l’informatiqueà des fins pédagogiques dans l’ensembledes écoles secondaires deces pays est sporadique.Plusieurs diront donc qu’il ne fautpas s’inquiéter car ce rapport concordeavec les résultats que nousavons obtenus, et ce, même si ni leCanada ni le Québec n’ont participéà cette étude de l’OCDE. On diraque c’est une bien mince consolationde constater que nous sommes,comme bien d’autres, « hors piste ».Ne serait-ce pas plutôt une occasionpour notre système éducatif de sedémarquer et d’innover sur le plande l’intégration pédagogique desTIC dans les écoles secondaires?LES CONDITIONS GAGNANTESSEMBLENT EN PLACEAU PRIMAIREÀ l’enseignement primaire, les résultatsde notre enquête montrent quela plupart des futurs enseignantsont la possibilité d’emmener leursélèves dans une salle où l’on retrouveplusieurs ordinateurs. De surcroît,près de 30 % des classes sont équipéesd’ordinateurs (le nombred’appareils varie de 1 à 7). Cettecombinaison des moyens – un laboratoireinformatique et quelquesordinateurs dans la classe – laisseentrevoir plusieurs possibilités pourl’intégration pédagogique des TICpar les futurs enseignants et enseignantesdu primaire. Les possibilitéssont donc là. Il faut cependantDOSSIERPÉDAGOGIQUE 47

DOSSIERs’assurer que la formation de cesenseignants leur permette d’enbénéficier pleinement.QUATRE ANNÉES POURAPPRENDRE À CRÉERUNE PAGE WEB?Les résultats de notre enquête ontmis en évidence que les futurs enseignantset enseignantes maîtrisent engénéral très bien le traitement detexte après quatre années de formationà l’université. En ce qui a traitaux logiciels de présentation, onremarque toutefois que moins de1% se considèrent experts. Quant àla création de pages Web, c’est unehabileté qui ne semble aucunementmaîtrisée par la majeure partie desrépondants. Plusieurs soulignerontque c’est un résultat « normal » etque les enseignants n’ont pas àmaîtriser les outils technologiquescomplexes pour intégrer les TIC enclasse. Cette affirmation est toutà fait sensée. Mais, de nos jours,la création de pages Web fait-elleencore partie des technologies avancéeset complexes? Avec quelque550 milliards de documents surInternet et plus de 7,5 millions denouvelles pages Web créées chaquejour (Varian et Lyman, 2002), il estdifficile de concevoir la création depages Web comme une habiletétechnique avancée. Surtout quedans certaines formations, il a étédémontré qu’une page Web peutêtre créée en quelques minutes.Comment se fait-il donc que, aprèsquatre années de formation à l’université,si peu de futurs enseignantsse sentent en mesure de créer unepage Web ou de déposer des documentssur Internet? On dit que leréseau Internet débordera d’icipeu, car il n’a de place que pour4,7 milliards d’adresses différentes(c’est d’ailleurs pour cette raisonqu’un nouveau système sera bientôtmis en place, le IPv6, qui acceptera340 milliards de milliards de milliardsde milliards d’adresses 7 ).Pourquoi les enseignantes et lesenseignants nouvellement formésne pourraient-ils pas participer à ladiffusion d’informations sur Internet?C’est pourtant une des fonctionsdes TIC mise en avant dansle Programme de formation del’école québécoise, puisqu’il estclairement indiqué que les TIC« constituent non seulement desmoyens de consultation de sourcesdocumentaires, mais aussi desmoyens de production » (MEQ,2001b, p. 10). Comment concevoirla « production » à l’aide des TIC sil’on n’est pas en mesure de créerdes pages Web, une compétencejugée de plus en plus fondamentale?FAUT-IL RÉAJUSTER LAFORMATION INITIALE DESENSEIGNANTS RELATIVEMENTÀLACOMPÉTENCE 8 8 ?Même si certains résultats de notreenquête peuvent être interprétés dediverses façons, un élément sembledifficile à expliquer : comment sefait-il que près de la moitié desfuturs enseignants et enseignantesindiquent ne pas avoir utilisé les TIClors de leur dernier stage, alors quetoutes les écoles du Québec sontéquipées de laboratoires d’informatiqueet que toutes sont branchéesà Internet depuis 1999 9 ? N’est-cepas là un constat étrange pour unesociété qui figure parmi les plusbranchées de la planète? Commentpeut-on présumer que la Compétence8 sera maîtrisée par les nouveauxdiplômés en enseignement si,d’une part, les universités diminuent(ou diluent) les formations TIC et,d’autre part, plus de 50 % des enseignantsen formation n’ont pas l’occasiond’utiliser les TIC lors desstages? Est-ce là vraiment la « formationintégrée et ancrée dansdes lieux de pratique » (MEQ,DIRECTION DE LA FORMATION INI-TIALE DU PERSONNEL ENSEIGNANT,2001, p. 25) suggérée par le ministèrede l’Éducation dans sondocument d’orientation pour laformation à l’enseignement? Avantque la situation ne s’aggrave, ilsemble donc urgent de veiller à ceque les futurs enseignants et enseignantesreçoivent une formation àl’intégration des TIC qui leur permettede développer les compétencesvisées par le ministère del’Éducation. Et au-delà d’une juxtapositiondes modes de formation,ce qu’il faut plutôt viser, c’estune sorte d’alternance intégrative(Malglaive, 1994) qui « permetd’articuler ensemble, dans lemême temps et non dans desprocessus de formation séparés,la formation aux savoirs et la formationaux savoir-faire dans lecontexte réel de l’action » (MEQ,DIRECTION DE LA FORMATION INI-TIALE DU PERSONNEL ENSEIGNANT,2001, p. 26).La dernière étude du CEFRIO 10montre que plus de 99 % des jeunesde 12 à 17 ans ont déjà utiliséInternet. Dans un monde où lesjeunes – ceux des écoles primaireset secondaires – vivent à l’heure destechnologies et où Internet devientpour plusieurs la première sourced’accès à la connaissance, la formationdes futurs enseignants et enseignantesaux usages pédagogiquesdes TIC nous semble des plus importantes.De plus, alors que pendantplusieurs années nous noussommes opposés aux formationstrop technologiques à l’université,nous constatons aujourd’hui, enparticulier considérant les résultatsde l’enquête que nous avons menée,qu’elles ont peut-être encore leurplace (avec évidemment quelquesaménagements).POURQUOI UNE FORMATIONTECHNOPÉDAGOGIQUE?Pourquoi est-il important de formerles futurs enseignants et enseignantesrelativement aux TIC, maisaussi en ce qui a trait aux usagespédagogiques de ces dernières?Premièrement, cela leur permettrade mieux enseigner tout en tenantcompte des réalités de la société.Deuxièmement, cela permettraaux jeunes à qui ils enseignent demieux apprendre.Troisièmement, l’utilisation desTIC par leurs maîtres devrait insufflerune motivation scolaire accrueaux élèves.Quatrièmement, il semble important,comme le souligne le ministèrede l’Éducation du Québec,d’amener les jeunes à développerun esprit critique à l’égard des technologieset de leurs usages. Et unetelle chose ne semble possible quesi les futurs enseignants et enseignantesmaîtrisent à la fois les TIC,et leurs usages en classe.Cinquièmement, les enseignanteset les enseignants doivent être enmesure de faire face à la mutationdu rapport au savoir qui s’est installéechez les jeunes. Le livre et l’enseignantne sont plus les premièressources d’accès à la connaissance :c’est à Internet que revient cet honneur.Mais ce n’est pas un mal ensoi, au contraire, et ce, même siplusieurs s’inquiètent de la grande« désinformation » que l’on observesur Internet. Les informations contradictoiresexistent depuis fortlongtemps et elles ne font que perdureravec Internet. La découvertede l’Amérique n’a-t-elle pas été – àtort ou non – attribuée à AmerigoVespucci, dans un ouvrage impriméà 1 000 exemplaires au début duXVI e siècle avant d’être finalementconcédée à Christophe Colomb? Lesexemples sont nombreux.Sixièmement, si on se réfère autexte signé par Marie-FranceLaberge, Communiquer à l’heured’Internet, dans le numéro 131 deVie pédagogique, il semble importantque les enseignantes et lesenseignants nouvellement formésVIE 48 Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004Photo : Denis Garon

<strong>DOSSIER</strong>s’assurer que la formation <strong>de</strong> cesenseignants leur perm<strong>et</strong>te d’enbénéficier pleinement.QUATRE ANNÉES POURAPPRENDRE À CRÉERUNE PAGE WEB?Les résultats <strong>de</strong> notre enquête ontmis en évi<strong>de</strong>nce que les futurs enseignants<strong>et</strong> enseignantes maîtrisent engénéral très bien le traitement <strong>de</strong>texte après quatre années <strong>de</strong> formationà l’université. En ce qui a traitaux logiciels <strong>de</strong> présentation, onremarque toutefois que moins <strong>de</strong>1% se considèrent experts. Quant àla création <strong>de</strong> pages Web, c’est unehabil<strong>et</strong>é qui ne semble aucunementmaîtrisée par la majeure partie <strong>de</strong>srépondants. Plusieurs soulignerontque c’est un résultat « normal » <strong>et</strong>que les enseignants n’ont pas àmaîtriser les outils technologiquescomplexes pour intégrer les TIC enclasse. C<strong>et</strong>te affirmation est toutà fait sensée. Mais, <strong>de</strong> nos jours,la création <strong>de</strong> pages Web fait-elleencore partie <strong>de</strong>s technologies avancées<strong>et</strong> complexes? Avec quelque550 milliards <strong>de</strong> documents surIntern<strong>et</strong> <strong>et</strong> plus <strong>de</strong> 7,5 millions <strong>de</strong>nouvelles pages Web créées chaquejour (Varian <strong>et</strong> Lyman, 2002), il estdifficile <strong>de</strong> concevoir la création <strong>de</strong>pages Web comme une habil<strong>et</strong>étechnique avancée. Surtout quedans certaines formations, il a étédémontré qu’une page Web peutêtre créée en quelques minutes.Comment se fait-il donc que, aprèsquatre années <strong>de</strong> formation à l’université,si peu <strong>de</strong> futurs enseignantsse sentent en mesure <strong>de</strong> créer unepage Web ou <strong>de</strong> déposer <strong>de</strong>s documentssur Intern<strong>et</strong>? On dit que leréseau Intern<strong>et</strong> débor<strong>de</strong>ra d’icipeu, car il n’a <strong>de</strong> place que pour4,7 milliards d’adresses différentes(c’est d’ailleurs pour c<strong>et</strong>te raisonqu’un nouveau système sera bientôtmis en place, le IPv6, qui acceptera340 milliards <strong>de</strong> milliards <strong>de</strong> milliards<strong>de</strong> milliards d’adresses 7 ).Pourquoi les enseignantes <strong>et</strong> lesenseignants nouvellement formésne pourraient-ils pas participer à ladiffusion d’informations sur Intern<strong>et</strong>?C’est pourtant une <strong>de</strong>s fonctions<strong>de</strong>s TIC mise en avant dansle Programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>l’école québécoise, puisqu’il estclairement indiqué que les TIC« constituent non seulement <strong>de</strong>smoyens <strong>de</strong> consultation <strong>de</strong> sourcesdocumentaires, mais aussi <strong>de</strong>smoyens <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction » (MEQ,2001b, p. 10). Comment concevoirla « pro<strong>du</strong>ction » à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s TIC sil’on n’est pas en mesure <strong>de</strong> créer<strong>de</strong>s pages Web, une compétencejugée <strong>de</strong> plus en plus fondamentale?FAUT-IL RÉAJUSTER LAFORMATION INITIALE DESENSEIGNANTS RELATIVEMENTÀLACOMPÉTENCE 8 8 ?Même si certains résultats <strong>de</strong> notreenquête peuvent être interprétés <strong>de</strong>diverses façons, un élément sembledifficile à expliquer : comment sefait-il que près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>sfuturs enseignants <strong>et</strong> enseignantesindiquent ne pas avoir utilisé les TIClors <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>rnier stage, alors qu<strong>et</strong>outes les écoles <strong>du</strong> Québec sontéquipées <strong>de</strong> laboratoires d’informatique<strong>et</strong> que toutes sont branchéesà Intern<strong>et</strong> <strong>de</strong>puis 1999 9 ? N’est-cepas là un constat étrange pour unesociété qui figure parmi les plusbranchées <strong>de</strong> la planète? Commentpeut-on présumer que la Compétence8 sera maîtrisée par les nouveauxdiplômés en enseignement si,d’une part, les universités diminuent(ou diluent) les formations TIC <strong>et</strong>,d’autre part, plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s enseignantsen formation n’ont pas l’occasiond’utiliser les TIC lors <strong>de</strong>sstages? Est-ce là vraiment la « formationintégrée <strong>et</strong> ancrée dans<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> pratique » (MEQ,DIRECTION DE LA FORMATION INI-TIALE DU PERSONNEL ENSEIGNANT,2001, p. 25) suggérée par le ministère<strong>de</strong> l’É<strong>du</strong>cation dans sondocument d’orientation pour laformation à l’enseignement? Avantque la situation ne s’aggrave, ilsemble donc urgent <strong>de</strong> veiller à ceque les futurs enseignants <strong>et</strong> enseignantesreçoivent une formation àl’intégration <strong>de</strong>s TIC qui leur perm<strong>et</strong>te<strong>de</strong> développer les compétencesvisées par le ministère <strong>de</strong>l’É<strong>du</strong>cation. Et au-<strong>de</strong>là d’une juxtaposition<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> formation,ce qu’il faut plutôt viser, c’estune sorte d’alternance intégrative(Malglaive, 1994) qui « perm<strong>et</strong>d’articuler ensemble, dans lemême temps <strong>et</strong> non dans <strong>de</strong>sprocessus <strong>de</strong> formation séparés,la formation aux savoirs <strong>et</strong> la formationaux savoir-faire dans lecontexte réel <strong>de</strong> l’action » (MEQ,DIRECTION DE LA FORMATION INI-TIALE DU PERSONNEL ENSEIGNANT,2001, p. 26).La <strong>de</strong>rnière étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> CEFRIO 10montre que plus <strong>de</strong> 99 % <strong>de</strong>s jeunes<strong>de</strong> 12 à 17 ans ont déjà utiliséIntern<strong>et</strong>. <strong>Dans</strong> un mon<strong>de</strong> où lesjeunes – ceux <strong>de</strong>s écoles primaires<strong>et</strong> secondaires – vivent à l’heure <strong>de</strong>stechnologies <strong>et</strong> où Intern<strong>et</strong> <strong>de</strong>vientpour plusieurs la première sourced’accès à la connaissance, la formation<strong>de</strong>s futurs enseignants <strong>et</strong> enseignantesaux usages pédagogiques<strong>de</strong>s TIC nous semble <strong>de</strong>s plus importantes.De plus, alors que pendantplusieurs années nous noussommes opposés aux formationstrop technologiques à l’université,nous constatons aujourd’hui, enparticulier considérant les résultats<strong>de</strong> l’enquête que nous avons menée,qu’elles ont peut-être encore leurplace (avec évi<strong>de</strong>mment quelquesaménagements).POURQUOI UNE FORMATIONTECHNOPÉDAGOGIQUE?Pourquoi est-il important <strong>de</strong> formerles futurs enseignants <strong>et</strong> enseignantesrelativement aux TIC, maisaussi en ce qui a trait aux usagespédagogiques <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières?Premièrement, cela leur perm<strong>et</strong>tra<strong>de</strong> mieux enseigner tout en tenantcompte <strong>de</strong>s réalités <strong>de</strong> la société.Deuxièmement, cela perm<strong>et</strong>traaux jeunes à qui ils enseignent <strong>de</strong>mieux apprendre.Troisièmement, l’utilisation <strong>de</strong>sTIC par leurs maîtres <strong>de</strong>vrait insufflerune motivation scolaire accrueaux élèves.Quatrièmement, il semble important,comme le souligne le ministère<strong>de</strong> l’É<strong>du</strong>cation <strong>du</strong> Québec,d’amener les jeunes à développerun esprit critique à l’égard <strong>de</strong>s technologies<strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs usages. Et un<strong>et</strong>elle chose ne semble possible quesi les futurs enseignants <strong>et</strong> enseignantesmaîtrisent à la fois les TIC,<strong>et</strong> leurs usages en classe.Cinquièmement, les enseignantes<strong>et</strong> les enseignants doivent être enmesure <strong>de</strong> faire face à la mutation<strong>du</strong> rapport au savoir qui s’est installéechez les jeunes. Le livre <strong>et</strong> l’enseignantne sont plus les premièressources d’accès à la connaissance :c’est à Intern<strong>et</strong> que revient c<strong>et</strong> honneur.Mais ce n’est pas un mal ensoi, au contraire, <strong>et</strong> ce, même siplusieurs s’inquiètent <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>« désinformation » que l’on observesur Intern<strong>et</strong>. Les informations contradictoiresexistent <strong>de</strong>puis fortlongtemps <strong>et</strong> elles ne font que per<strong>du</strong>reravec Intern<strong>et</strong>. La découverte<strong>de</strong> l’Amérique n’a-t-elle pas été – àtort ou non – attribuée à AmerigoVespucci, dans un ouvrage impriméà 1 000 exemplaires au début <strong>du</strong>XVI e siècle avant d’être finalementconcédée à Christophe Colomb? Lesexemples sont nombreux.Sixièmement, si on se réfère autexte signé par Marie-FranceLaberge, Communiquer à l’heured’Intern<strong>et</strong>, dans le numéro 131 <strong>de</strong>Vie pédagogique, il semble importantque les enseignantes <strong>et</strong> lesenseignants nouvellement formésVIE 48 Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004Photo : Denis Garon

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