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Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004grâce à l’expertise qu’ils ont développée.Les autres vivent tout simplementindéfiniment chez leursparents (en grande majorité à l’aisefinancièrement). La société japonaiseétant beaucoup plus hermétiqueque la nôtre et la pressionsociale beaucoup plus grande,« l’otaku québécois » serait surtoutun individu dont l’isolement estcausé par son rapport à la technologie;il ne souffrirait pas (encore…)de tous les problèmes importantsidentifiés chez les jeunes Japonais.Aux États-Unis, les otakus sontassimilés aux nerds car leurspréoccupations ludiques sont assezsemblables. Pour ces jeunes, il estplus facile de parler par l’entremisede l’ordinateur que de communiqueravec un véritable être humain;ils recherchent la sécurité dans cenouvel espace. « Timides, peu sûrsd’eux-mêmes, ils découvrent l’amourpar procuration, tombant amoureuxde petites poupées en résine,d’héroïnes de dessins animés ou devedettes fabriquées sur mesure. »Les messageries électroniques représententleur moyen de communicationprivilégié « où ils n’apparaissentque sous un pseudonyme. La constitutionde ces réseaux aboutit àla création d’une véritable cultureunderground, avec ses références,ses points de rendez-vous, sa légende,son langage. » Barral (1999)UNE CULTURE DU PARTAGEToutefois… Internet, c’est aussiune mise en commun d’objectifs,Photo : Denis Garond’efforts, de résultats dans le sensde co-construction, participation,partage. Ce sont des communautésqui communiquent sur le réseau defaçon horizontale en mettant enavant un sens de la gratuité quin’obéit plus aux logiques commercialeshabituelles, cette culture serapprochant plutôt de celle des universitairesou de membres d’associations.Celui qui, lors d’un exposé,d’un atelier, d’une conférence oud’un forum, fait part de ses idéesà ses collègues, espère reconnaissanceet échange. On ne paie pasles idées, on les met en communpour faire progresser le savoir collectif.L’aventure du logiciel libreest l’une des plus intéressantes quisoient à cet égard : non hiérarchique,décentralisée et en développementcontinu grâce à des milliers d’individus.Duplication infinie, sans coûtou presque, et mise à dispositioninstantanée sont deux critères complètementopposés à ceux desphilosophies matérialistes. Si vousn’avez pas quelque chose, vous discutezavec ceux qui sont susceptiblesde l’avoir et vous faitesensuite de même dès que l’occasionse présente. Internet peut servir àéditer ses propres contenus et nonseulement à aller en chercher. Onpeut aussi y recueillir de l’informationet la traiter, différente de celledes médias de masse qui est « mâchée» d’avance. Il faut ici seresponsabiliser, mettre en pratiqueson esprit de recherche et son senscritique, se fixer des buts, se doterde grilles d’analyse. « Le réseau » aun impact sur les trois visées duProgramme de formation : construiresa vision du monde, structurerson identité et développerson pouvoir d’action. La vision quenous avons de nous-mêmes et dumonde qui nous entoure dépend denombreux facteurs et subit de nombreusesinfluences. Tous les acteursdu monde scolaire devraient aiderle jeune à se connaître, à se construireet à développer un pouvoird’action dans les diverses communautésauxquelles il appartiendra.Vivre une ou plusieurs vies à l’écrandevient vite, pour certains jeunes,plus intéressant que le monde réel;si tel est le cas, c’est entre autresparce qu’ils sentent qu’ils n’ontpas de pouvoir d’action sur leurmonde. Pour avoir un pouvoir d’action,il faut être capable d’imaginerles choses autrement et aller chercherce qui nous manque pouratteindre nos objectifs. Les jeunescontrôlent une bonne part deleur monde virtuel (du moins lepensent-ils), c’est ce qui les attiretant. Cependant, dans notre monderéel, celui qui fait preuve de réflexionet d’ouverture généreuse aux autrestrouvera aussi une voie vers le pouvoird’action dans sa communauté.ÊTES-VOUS « ONLINE »OU « OFFLINE »?Comme la vision du monde del’enseignant influence celles quedéveloppent ses élèves, l’adulte sedoit d’avoir au moins une culturetechnologique de base pour que lesjeunes puissent avoir accès auxmoyens pour atteindre leurs buts etsatisfaire leurs besoins dans unmonde où le virtuel investit de plusen plus le réel.Sans cette culture technologiqueminimale, on parlera d’habitués etd’exclus, de rupture sociale, de fosséde générations. Présentement, unegénération est à apprendre ce quela génération précédente n’a pasappris. Qu’est-ce que ça implique?Rien de dramatique, bien au con-Photo : Denis Garontraire, si les relations horizontalesqui ont cours dans le monde virtuelse transposent dans la réalité de laclasse, pour qu’élèves et enseignantsjoignent leurs forces respectives.L’avènement des TIC apporte desmodifications importantes de l’environnementhumain; notre espècedoit être capable de s’adapter : êtresévolués, conscients, adaptés à leurenvironnement physique et social,capables de raisonnement et d’émotions,c’est ce que nous tendonsà être et à développer chez nosélèves.Parler de culture technologiquesignifie mettre l’accent sur un contenuou un ensemble de savoirs etsur une forme qui ramène à unefaçon de voir, de penser, de vivre.Selon Dubet (2003), « la seule culturecommune contemporaine estcelle qui est martelée par la publicitédirecte ou déguisée dans sessupports médiatiques au premierrang desquels, la télévision : cultede la réussite individuelle, apologiede la consommation présentéecomme la source du bonheur,marchandisation des rapports humains,sacralisation de l’argent… »Fort heureusement, on trouve deplus en plus de classes où s’élaboreune véritable culture humanistefondée notamment sur la coopération,l’apprentissage de la démocratie,les échanges réciproques desavoirs, etc. La question à se posermaintenant est la suivante : Dans lemonde scolaire, disposons-nousd’une culture technologique suffisantepour appréhender les évolutionsqui ne cessent de semultiplier?Pouvons-nous comprendre, utiliseret gérer les TIC? Cela signifie ne passeulement apprendre commentfonctionne notre équipement, maisse demander pourquoi et quandnous devrions nous en servir.Pouvons-nous suivre un peu lesquestions technologiques soulevéesdans l’actualité ou effectuer desactivités technologiques courantes?Si la réponse est non, nous avonsdonc besoin « de mettre le grosorteil à l’eau » sur le plan personnelDOSSIERPÉDAGOGIQUE 23

DOSSIERet en ce qui a trait aux aspects pédagogiquesdu réseau et des TIC. Pourprévoir un peu les usages qui s’imposerontau reste de la société, onpeut aussi regarder aller les jeunes,car leur appropriation des TIC estsouvent plus avancée.APPRENDRE GRÂCE ÀLA SIMULATION DU RÉELDécouvrir le réel grâce au virtuel…L’apprentissage par la simulationet le jeu, voilà sur quoi travaillentde nombreux chercheurs (et certainsdepuis un bon moment déjà,au Massachusetts Institute ofTechnology, entre autres). D’aprèsRieber (1998), c’est en rendant leprocessus d’apprentissage intéressanten lui-même – non pas le seulrésultat – que l’on peut obtenirle plus de motivation chez l’apprenant.Et c’est le jeu qui, selonlui, est susceptible d’y parvenir aumieux. Comme nous l’expliqueFrété (2002), Rieber appelle « seriousplay » le type d’expériencesd’apprentissage intense dans lesquellesles enfants autant que lesadultes s’engagent, auxquelles ilsconsacrent volontairement desquantités énormes d’énergie et detemps et dont ils retirent en mêmetemps un grand plaisir. L’adjectif« serious » est employé pour éviterune dévalorisation de l’expérienced’apprentissage qui peut avoir lieuau cours d’un jeu. Negroponte, duMIT Media Lab, parle de « hard fun »pour décrire cette approche del’apprentissage.En ce qui concerne le « flow »,identifié par Csikszentmihalyi (1990),il se rapporte spécifiquement aujeu. Il s’agit de cet état de satisfactionque l’on expérimente lorsquel’on se sent « porté » par une activité.Les gens qui se trouvent tellementengagés et absorbés parcertaines activités ont l’impressionde « flotter » avec elles. Pour ressentirle « flow », l’intérêt de l’activité ad’abord une grande importance etil faut savoir se concentrer; ensuite,l’impression de découverte et decréativité amèneront l’apprenant àfaire des efforts cognitifs importants.Pour que cette sensationpuisse se produire, il faut la motivation,un défi à la mesure du joueur,des buts bien définis, une rétroactionclaire et la possibilité pour l’individude se sentir en contrôle totalde la situation. On s’aperçoit alorsque les « ingrédients » nécessaires àla génération d’un tel état sont lesmêmes que ceux utilisés pourdécrire les environnements éducatifsintrinsèquement motivants. C’estla motivation qui permettra ledéclenchement de l’apprentissageet l’entretien du désir de persisterdans la tâche qui rendra l’élève plusautonome. L’approche constructivistede l’apprentissage fournitdeux éléments qui semblent être enrapport avec la théorie du « flow »:l’apprentissage en situation et l’apprentissageautogéré. En effet, l’authenticitéde la tâche dans laquellel’apprenant est plongé ainsi que sonautodétermination sont deux facteursclés de cette approche et sontà la base de tout investissement productifde l’apprenant.Toute simulation, et non seulementle jeu, est une reproduction de laréalité dans laquelle les élèvesréagissent comme si la situationétait réelle; elle offre un mode d’apprentissageefficace basé sur l’expérience.Au cours d’une simulation, les participantsapprennent à partir de cequ’ils font et ils doivent faire faceaux problèmes et aux conceptsdans l’action. C’est donc une méthoded’apprentissage active où leformateur joue plutôt le rôle d’unfacilitateur. Pouvoir comparer ceque nous voyons avec ce que nousavons vécu dans un autre environnementnous rend plus créatifs;c’est un autre avantage de ce typede situation.L’ACCROISSEMENT OUCOMMENT APPRENDRE AUXJEUNES À CRÉER UN LIENENTRE LE VIRTUEL ET LE RÉELLe concept d’accroissement est entrain de changer le rapport desjeunes à la réalité. Ce concept puissantdéveloppé par Englebart etLicklider, du MIT, au début desannées 60, tient pour assuré que lamachine va accroître le potentiel del’humain, lui permettant de raffinerses actions, d’ajuster son parcours,de nuancer son discours, voire demieux structurer sa pensée.Durant la plus grande partie duXX e siècle, l’équipement techniquea prévalu sur les systèmes d’opération,qui sont restés plutôt élémentaireset nullement conviviaux.L’usager, souvent démuni, étaittotalement dépendant du technicienet du programmeur. Ce n’est qu’audébut des années 80, avec l’introductiondu système d’exploitationStar de la compagnie Xerox (quirendait accessible pour la premièrefois une interface d’utilisationdirecte 2 ) qu’un système d’exploitationparvenait à assujettir le systèmed’opération d’un ordinateur… Defaçon exponentielle, la machineservile allait céder sa place à lamachine accompagnatrice. Le serviteurse transformait en compagnon.Au même moment, plusieurs fabricantsde produits électroniquescommercialisaient les premiersjeux vidéos, rendant disponiblesdes univers virtuels dont le réalismevisuel allait inciter de plus en plus àconfondre le réel et le virtuel. Dansces micromondes, tout est facticeet facile; même les gestes les plustéméraires restent sans conséquenceset peuvent être effacés grâce à latouche RESET. Très vite, une questionsurgissait : les technologiesallaient-elles permettre d’accroîtrele potentiel des jeunes ou allaientellesdevenir le catalyseur d’unabrutissement collectif?QUAND L’ÉLÈVE SE PERDDANS LE VIRTUEL? ! 15 mars 2004 – LorsqueYann avait 10 ans, il se servait del’ordinateur pour ses loisirs etpour ses études. Trois ans auparavant,à l’âge de 7 ans, lorsqu’ilavait commencé à réaliser destravaux scolaires avec la machine,il avait peur que lapoubelle de son système d’exploitationne déborde à chaquefois qu’il y déposait des documents.Aujourd’hui, Yann a 15 ans.Il continue à faire ses travauxsur ordinateur. Il y insère touteune série de renseignementspris à gauche et à droite sur leWeb et dont la fiabilité est souventdouteuse. Il met plus l’accentsur la forme que sur lecontenu de ses travaux.Pendant ses moments de loisir,il est engagé dans une jouted’épopée fantastique en réseau.Il a de plus en plus de difficultéà se dissocier de Zorh, le personnagequ’il y incarne. Il passeaussi de plus en plus de temps àclavarder avec des inconnus etde moins en moins de tempsavec ses amis, lesquels, d’ailleurs,se font de plus en plusrares depuis quelques années.Yann ne réfléchit plus beaucoup,il zappe et il « copie-colle » sansréserve… Il est devenu complètementdépendant de la technologie.Les jeunes de la « Net Generation »font face au risque de confondreréalité et imaginaire lorsqu’ilsopèrent dans des mondes virtuels.Est-il possible de prévenir cetteconfusion, d’éclairer leurs rapportsavec les technologies?QUAND LE JEUNE CONFONDVIRTUEL ET RÉEL? ! Gabrielle, 11 ans, a adoptéil y a quatre mois Milkshake,une vache laitière disponible surwww.vacheland.com. Chaquejour, elle lui prodigue les soinsnécessaires, « fait le train » ets’occupe de la ferme. Alors quela petite famille se retrouveau chalet un samedi matin,Gabrielle se rend compte qu’ellen’a pas réservé les servicesd’une fermière substitut, une«Vache Sitter ». Une grosse peinese lit sur son visage. Sa mère luireproche d’avoir de la peinepour une vache virtuelle. « Jesais bien que ma vache n’est pasvraie mais ma peine, elle, estvraie! ».VIE 24 Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004

Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004grâce à l’expertise qu’ils ont développée.Les autres vivent tout simplementindéfiniment chez leursparents (en gran<strong>de</strong> majorité à l’aisefinancièrement). La société japonaiseétant beaucoup plus hermétiqueque la nôtre <strong>et</strong> la pressionsociale beaucoup plus gran<strong>de</strong>,« l’otaku québécois » serait surtoutun indivi<strong>du</strong> dont l’isolement estcausé par son rapport à la technologie;il ne souffrirait pas (encore…)<strong>de</strong> tous les problèmes importantsi<strong>de</strong>ntifiés chez les jeunes Japonais.Aux États-Unis, les otakus sontassimilés aux nerds car leurspréoccupations ludiques sont assezsemblables. Pour ces jeunes, il estplus facile <strong>de</strong> parler par l’entremise<strong>de</strong> l’ordinateur que <strong>de</strong> communiqueravec un véritable être humain;ils recherchent la sécurité dans cenouvel espace. « Timi<strong>de</strong>s, peu sûrsd’eux-mêmes, ils découvrent l’amourpar procuration, tombant amoureux<strong>de</strong> p<strong>et</strong>ites poupées en résine,d’héroïnes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins animés ou <strong>de</strong>ve<strong>de</strong>ttes fabriquées sur mesure. »Les messageries électroniques représententleur moyen <strong>de</strong> communicationprivilégié « où ils n’apparaissentque sous un pseudonyme. La constitution<strong>de</strong> ces réseaux aboutit àla création d’une véritable cultureun<strong>de</strong>rground, avec ses références,ses points <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous, sa légen<strong>de</strong>,son langage. » Barral (1999)UNE CULTURE DU PARTAGEToutefois… Intern<strong>et</strong>, c’est aussiune mise en commun d’objectifs,Photo : Denis Garond’efforts, <strong>de</strong> résultats dans le sens<strong>de</strong> co-construction, participation,partage. Ce sont <strong>de</strong>s communautésqui communiquent sur le réseau <strong>de</strong>façon horizontale en m<strong>et</strong>tant enavant un sens <strong>de</strong> la gratuité quin’obéit plus aux logiques commercialeshabituelles, c<strong>et</strong>te culture serapprochant plutôt <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s universitairesou <strong>de</strong> membres d’associations.Celui qui, lors d’un exposé,d’un atelier, d’une conférence oud’un forum, fait part <strong>de</strong> ses idéesà ses collègues, espère reconnaissance<strong>et</strong> échange. On ne paie pasles idées, on les m<strong>et</strong> en communpour faire progresser le savoir collectif.L’aventure <strong>du</strong> logiciel libreest l’une <strong>de</strong>s plus intéressantes quisoient à c<strong>et</strong> égard : non hiérarchique,décentralisée <strong>et</strong> en développementcontinu grâce à <strong>de</strong>s milliers d’indivi<strong>du</strong>s.Duplication infinie, sans coûtou presque, <strong>et</strong> mise à dispositioninstantanée sont <strong>de</strong>ux critères complètementopposés à ceux <strong>de</strong>sphilosophies matérialistes. Si vousn’avez pas quelque chose, vous discutezavec ceux qui sont susceptibles<strong>de</strong> l’avoir <strong>et</strong> vous faitesensuite <strong>de</strong> même dès que l’occasionse présente. Intern<strong>et</strong> peut servir àéditer ses propres contenus <strong>et</strong> nonseulement à aller en chercher. Onpeut aussi y recueillir <strong>de</strong> l’information<strong>et</strong> la traiter, différente <strong>de</strong> celle<strong>de</strong>s médias <strong>de</strong> masse qui est « mâchée» d’avance. Il faut ici seresponsabiliser, m<strong>et</strong>tre en pratiqueson esprit <strong>de</strong> recherche <strong>et</strong> son senscritique, se fixer <strong>de</strong>s buts, se doter<strong>de</strong> grilles d’analyse. « Le réseau » aun impact sur les trois visées <strong>du</strong>Programme <strong>de</strong> formation : construiresa vision <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, structurerson i<strong>de</strong>ntité <strong>et</strong> développerson pouvoir d’action. La vision quenous avons <strong>de</strong> nous-mêmes <strong>et</strong> <strong>du</strong>mon<strong>de</strong> qui nous entoure dépend <strong>de</strong>nombreux facteurs <strong>et</strong> subit <strong>de</strong> nombreusesinfluences. Tous les acteurs<strong>du</strong> mon<strong>de</strong> scolaire <strong>de</strong>vraient ai<strong>de</strong>rle jeune à se connaître, à se construire<strong>et</strong> à développer un pouvoird’action dans les diverses communautésauxquelles il appartiendra.Vivre une ou plusieurs vies à l’écran<strong>de</strong>vient vite, pour certains jeunes,plus intéressant que le mon<strong>de</strong> réel;si tel est le cas, c’est entre autresparce qu’ils sentent qu’ils n’ontpas <strong>de</strong> pouvoir d’action sur leurmon<strong>de</strong>. Pour avoir un pouvoir d’action,il faut être capable d’imaginerles choses autrement <strong>et</strong> aller chercherce qui nous manque pouratteindre nos objectifs. Les jeunescontrôlent une bonne part <strong>de</strong>leur mon<strong>de</strong> virtuel (<strong>du</strong> moins lepensent-ils), c’est ce qui les attir<strong>et</strong>ant. Cependant, dans notre mon<strong>de</strong>réel, celui qui fait preuve <strong>de</strong> réflexion<strong>et</strong> d’ouverture généreuse aux autrestrouvera aussi une voie vers le pouvoird’action dans sa communauté.ÊTES-VOUS « ONLINE »OU « OFFLINE »?Comme la vision <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’enseignant influence celles quedéveloppent ses élèves, l’a<strong>du</strong>lte sedoit d’avoir au moins une cultur<strong>et</strong>echnologique <strong>de</strong> base pour que lesjeunes puissent avoir accès auxmoyens pour atteindre leurs buts <strong>et</strong>satisfaire leurs besoins dans unmon<strong>de</strong> où le virtuel investit <strong>de</strong> plusen plus le réel.Sans c<strong>et</strong>te culture technologiqueminimale, on parlera d’habitués <strong>et</strong>d’exclus, <strong>de</strong> rupture sociale, <strong>de</strong> fossé<strong>de</strong> générations. Présentement, unegénération est à apprendre ce quela génération précé<strong>de</strong>nte n’a pasappris. Qu’est-ce que ça implique?Rien <strong>de</strong> dramatique, bien au con-Photo : Denis Garontraire, si les relations horizontalesqui ont cours dans le mon<strong>de</strong> virtuelse transposent dans la réalité <strong>de</strong> laclasse, pour qu’élèves <strong>et</strong> enseignantsjoignent leurs forces respectives.L’avènement <strong>de</strong>s TIC apporte <strong>de</strong>smodifications importantes <strong>de</strong> l’environnementhumain; notre espècedoit être capable <strong>de</strong> s’adapter : êtresévolués, conscients, adaptés à leurenvironnement physique <strong>et</strong> social,capables <strong>de</strong> raisonnement <strong>et</strong> d’émotions,c’est ce que nous tendonsà être <strong>et</strong> à développer chez nosélèves.Parler <strong>de</strong> culture technologiquesignifie m<strong>et</strong>tre l’accent sur un contenuou un ensemble <strong>de</strong> savoirs <strong>et</strong>sur une forme qui ramène à unefaçon <strong>de</strong> voir, <strong>de</strong> penser, <strong>de</strong> vivre.Selon Dub<strong>et</strong> (2003), « la seule culturecommune contemporaine estcelle qui est martelée par la publicitédirecte ou déguisée dans sessupports médiatiques au premierrang <strong>de</strong>squels, la télévision : culte<strong>de</strong> la réussite indivi<strong>du</strong>elle, apologie<strong>de</strong> la consommation présentéecomme la source <strong>du</strong> bonheur,marchandisation <strong>de</strong>s rapports humains,sacralisation <strong>de</strong> l’argent… »Fort heureusement, on trouve <strong>de</strong>plus en plus <strong>de</strong> classes où s’élaboreune véritable culture humanistefondée notamment sur la coopération,l’apprentissage <strong>de</strong> la démocratie,les échanges réciproques <strong>de</strong>savoirs, <strong>et</strong>c. La question à se posermaintenant est la suivante : <strong>Dans</strong> lemon<strong>de</strong> scolaire, disposons-nousd’une culture technologique suffisantepour appréhen<strong>de</strong>r les évolutionsqui ne cessent <strong>de</strong> semultiplier?Pouvons-nous comprendre, utiliser<strong>et</strong> gérer les TIC? Cela signifie ne passeulement apprendre commentfonctionne notre équipement, maisse <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi <strong>et</strong> quandnous <strong>de</strong>vrions nous en servir.Pouvons-nous suivre un peu lesquestions technologiques soulevéesdans l’actualité ou effectuer <strong>de</strong>sactivités technologiques courantes?Si la réponse est non, nous avonsdonc besoin « <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre le grosorteil à l’eau » sur le plan personnel<strong>DOSSIER</strong>PÉDAGOGIQUE 23

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