Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004certains jeunes à la pro<strong>du</strong>ctiond’ordres <strong>du</strong> jour <strong>et</strong> <strong>de</strong> procèsverbaux<strong>de</strong>s réunions <strong>du</strong> conseild’élèves <strong>de</strong> l’école, sans trop alourdirla tâche <strong>de</strong>s élèves <strong>du</strong> primaire.Ces <strong>de</strong>rnières années, l’ordinateurfacilitant la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> différentsdocuments, j’ai pu personnaliserdavantage certaines activités d’apprentissage.Par exemple, au lieu <strong>de</strong>réfléchir à une situation hypothétique,il semble plus facile pour lesélèves <strong>de</strong> résoudre un problèmemathématique où ce sont leurscompagnons <strong>de</strong> classe qui ont àpartager les coûts liés à un voyagequ’ils veulent organiser pour la fin<strong>de</strong> l’année scolaire.Je ne sais pas encore ce que larecherche révèlera au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>la diffusion <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctions d’élèvesdans Intern<strong>et</strong>, cela étant une pratiquenouvelle. Il se peut qu’ellepro<strong>du</strong>ise <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s positifs sur l’estime<strong>de</strong> soi. Un danger possibleserait peut-être <strong>de</strong> gonfler l’orgueil<strong>de</strong>s jeunes.Avec les années, il sera <strong>de</strong> plus enplus facile <strong>de</strong> trouver dans Intern<strong>et</strong><strong>de</strong>s démonstrations <strong>de</strong> procédésscientifiques qui dépasseront noscapacités d’expliquer avec <strong>de</strong>s mots<strong>et</strong> <strong>de</strong>s livres. L’aspect visuel nousfournit dans une forme attrayante <strong>et</strong>souvent interactive <strong>de</strong>s sourcesd’information qui peuvent plusfacilement favoriser l’engagementdans la tâche.• …PARCE QUE L’ORDINATEURNOUS OFFRE DES POSSIBILITÉSDE DIFFÉRENCIATION?Certains élèves arrivent en classeavec un ou quelques champs d’intérêtbien définis tandis que d’autressont en avance sur les programmes.Il s’avère pertinent d’accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>l’importance à ce qui les attire pouren comprendre les fon<strong>de</strong>ments <strong>et</strong>i<strong>de</strong>ntifier les besoins <strong>de</strong>s jeunes.Les activités liées à l’ordinateurn’ont pas à être i<strong>de</strong>ntiques pourtous. Elles peuvent répondre facilementà <strong>de</strong>s besoins <strong>et</strong> à <strong>de</strong>s rythmesdifférents.L’ordinateur peut nous ai<strong>de</strong>r àré<strong>du</strong>ire le temps <strong>de</strong> classe utilisépour donner <strong>de</strong>s explications à toussimultanément, alors que nos élèvesont <strong>de</strong>s niveaux différents d’acquisitionqui sont appelés à s’accentuer.Ainsi, nous avons plus <strong>de</strong> tempspour entrer en contact en tantqu’alliés auprès <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> pourreconnaître les forces <strong>de</strong>s uns <strong>et</strong><strong>de</strong>s autres. Mais attention, l’accèsà l’ordinateur ne doit pas êtreuniquement réservé aux élèves lesplus avancés.L’école a la responsabilité d’offrir<strong>de</strong>s activités stimulantes aux enfantsqui ont vécu ou qui vivent <strong>de</strong>s situationspénibles en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s heures<strong>de</strong> classe. Le fait <strong>de</strong> vivre <strong>de</strong>s activitéssociales sécurisantes <strong>et</strong> bienencadrées perm<strong>et</strong> à ces jeunes <strong>de</strong>structurer leur i<strong>de</strong>ntité. En brisantl’isolement dans lequel ils risquent<strong>de</strong> s’enfermer, nous favorisons ladécouverte <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s apprentissagespour toute la vie.J’ai apprécié davantage le courrierélectronique lorsqu’il m’a permis<strong>de</strong> communiquer avec un élève quitenait un discours suicidaire alorsque sa famille quittait la région.Effectivement, <strong>de</strong>puis près d’un an,il m’écrit <strong>de</strong> temps à autre. Oui àune ouverture sur le mon<strong>de</strong>, maisprenons bien soin <strong>de</strong>s jeunes quenous côtoyons. Selon Cyrulnik(2003), la figuration <strong>du</strong> coup, <strong>de</strong>l’événement traumatisant, dansnotre mon<strong>de</strong> intérieur, est unecopro<strong>du</strong>ction entre le récit intimeque se construit le blessé <strong>et</strong> l’histoirequ’en fait son contexte culturel.Nous sommes donc impliquésdans les solutions. Nous pouvonstravailler à canaliser la colère,une forme d’énergie, dans un sensconstructif.Lorsque l’un <strong>de</strong> mes élèves <strong>du</strong>troisième cycle a cru qu’il discutaitavec une jeune fille <strong>du</strong> futur, surIntern<strong>et</strong>, <strong>de</strong>vais-je y voir une perte<strong>de</strong> contact avec la réalité ou uneoccasion <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>r à mieux saisir lanotion <strong>de</strong> futur? Le danger existe <strong>de</strong>façon prégnante si personne n’est làpour recueillir les impressions oules questionnements <strong>de</strong> nos jeunes.Aspy <strong>et</strong> Roebuck (1990) se sontappuyés sur l’hypothèse <strong>de</strong> Rogersau suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s liens qui existent entrele développement affectif <strong>de</strong>s jeunes<strong>et</strong> leur développement intellectuel.Selon les mêmes auteurs, l’empathie,la congruence <strong>et</strong> la considérationpositive seraient les ingrédients<strong>de</strong> base <strong>de</strong> l’enseignement. Ajouterà cela <strong>de</strong>s stratégies efficaces, quedifférents logiciels peuvent m<strong>et</strong>treen lumière, fait que nos élèvesseront gagnants.• ...PARCE QUE L’ORDINATEURFACILITE LA RÉALISATION DEPROJETS LIÉS AUX COMPÉTENCESQU’IL FAUT DÉVELOPPER DANSUN PROJET DE VIE?Il existe sur le Web une généreusebanque <strong>de</strong> scénarios, <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>svraiment intéressants pour lemon<strong>de</strong> scolaire. Nous pouvonsnous en inspirer ou tout simplement,ce que je trouve très judicieux,bâtir <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s avec nosélèves à partir <strong>de</strong> leurs centres d’intérêt.Ainsi nous reconnaissons leurpouvoir <strong>de</strong> décision, <strong>de</strong> contrôlabilitésur la tâche. Il importe <strong>de</strong>partager le pouvoir avec nos élèvesafin qu’ils apprennent à choisir.À toutes les étapes <strong>de</strong> la démarched’un proj<strong>et</strong>, soit l’intention, la planification,la réalisation <strong>et</strong> la présentation,les ressources qu’offrel’ordinateur peuvent être exploitées.En pédagogie par proj<strong>et</strong>s, l’aboutissementd’un travail réalisé enéquipe donne à tous les élèves lapossibilité <strong>de</strong> réussir, à <strong>de</strong>s niveauxdifférents. D’un proj<strong>et</strong> à l’autre,<strong>de</strong>s défis doivent être relevés en lecture,en écriture <strong>et</strong> dans d’autresdomaines d’apprentissage.La réalisation <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s en classeest liée à une conception plusglobale d’un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> vie. « Avoirun proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> vie, c’est se poseren suj<strong>et</strong> capable d’infléchir sonpropre avenir, <strong>et</strong> non en victimepassive d’un <strong>de</strong>stin. » (MohammedCherkaoui, cité par Delannoy,1997)Il est vrai que je suis fascinée parles performances <strong>de</strong>s TIC <strong>et</strong> par lesnouveaux apprentissages qu’ilsgénèrent, mais je crois qu’il est primordial<strong>de</strong> maintenir surtout unefascination à l’égard <strong>de</strong>s personnesque sont nos élèves. Il est nécessaire<strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre aux jeunes <strong>de</strong>se réaliser en classe en s’intéressantà leurs discours, à ce qu’ils ressentent,en leur donnant l’occasiond’être en relation avec leurs pairs,en leur perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> bouger <strong>et</strong> enm<strong>et</strong>tant en place une gestion participative.Paradoxalement, la gran<strong>de</strong>vitesse <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s TICm<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce la nécessité <strong>de</strong>prendre le temps d’être avec nosélèves. Tout comme l’intégrationpédagogique <strong>de</strong>s TIC peut, chez lesélèves, contribuer au plaisir d’apprendre.M me Céline Gravel est enseignanteau 3 e cycle <strong>du</strong> primaireà l’école Sainte-Thérèse, <strong>de</strong> laCommission scolaire <strong>de</strong>s Rives<strong>du</strong>-Saguenay.Références bibliographiquesASPY, David <strong>et</strong> Flora ROEBUCK. On n’apprendpas d’un prof qu’on n’aime pas,Montréal, Actualisation IDH, 1990.CHOUINARD, Roch. Appui-Motivation, [Enligne], 2004, [www.appui-motivation.qc.ca].CYRULNIK, Boris. Le murmure <strong>de</strong>s fantômes,Paris, Éd. Odile Jacob, 2003.DELANNOY, Cécile. La motivation. Désir <strong>de</strong>savoir, décision d’apprendre, Paris,Hach<strong>et</strong>te, 1997.DUPUIS-WALKER, Louise. « L’Intern<strong>et</strong> : unoutil <strong>de</strong> planétarisation scolaire? Quelquesconsidérations éthiques », dans Hrimech,M. <strong>et</strong> F. Jutras, Défis <strong>et</strong> enjeux <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cationdans une perspective planétaire,1997, p. 95-106.HOURST, Bruno. Au bon plaisir d’apprendre,Paris, Dunob, 2002.HRIMECH, Mohamed <strong>et</strong> France JUTRAS.Défis <strong>et</strong> enjeux <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation dans uneperspective planétaire, Sherbrooke, Éditions<strong>du</strong> CRP, 1997.PETRELLA, Riccardo. L’é<strong>du</strong>cation, victime<strong>de</strong> cinq pièges, Montréal, Éd. Fi<strong>de</strong>s, 2000.SENGE, P<strong>et</strong>er <strong>et</strong> autres. La cinquième discipline.Le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> terrain, Paris, ÉditionsFirst, 2000.<strong>DOSSIER</strong>PÉDAGOGIQUE 21
<strong>DOSSIER</strong>RÉEL, VIRTUEL : UN ÉQUILIBRE À MAINTENIRpar Marie-France Laberge <strong>et</strong> André Roux«… une existence épanouie est alors un juste équilibre entre ces différentes composantes.Nous ne sommes finalement que <strong>de</strong>s êtres sur le fil <strong>du</strong> rasoir <strong>de</strong>vant jongler sans cesse entre nos personnagespour éviter <strong>de</strong> sombrer définitivement dans l’un d’eux <strong>et</strong> <strong>de</strong> nous y perdre. »(tiré <strong>du</strong> blogue 1 d’un internaute, le 29 février 2004)Le virtuel… univers impalpable,nouveaux langages <strong>et</strong>mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, pratiques <strong>du</strong>réseau, phénomène culturel <strong>et</strong> social.Optimisme, confiance, inquiétu<strong>de</strong>?Entre réalité <strong>et</strong> virtualité, nosjeunes en formation doivent trouverl’équilibre.UNE CIVILISATIONDE L’IMMATÉRIELQu’est-ce que le réel? Et le virtuel?Et l’imaginaire? Bien que ces questionsne constituent pas le thèmeprincipal <strong>du</strong> présent article, il imported’y consacrer quelques lignes.Des philosophes croient qu’il y aune nature humaine commune, unecertaine universalité <strong>de</strong> l’humain :la raison, la mémoire <strong>et</strong> la volontéseraient ce qui nous unifie. Pour cequi est <strong>de</strong> la réalité, comme le disaitHéraclite, tant qu’on est éveillé onest tous dans le même mon<strong>de</strong>, maisquand on rêve, chacun s’enfuit dansson propre univers. Pour certains,il existe diverses formes <strong>de</strong> réalité,<strong>de</strong>s réalités plurielles (dont fait partiele mon<strong>de</strong> virtuel) <strong>et</strong> il imported’amener son esprit à en saisir lesnuances. Par exemple, la réalité estaccessible à notre connaissance,mais l’abstraction aussi fait partieintégrante <strong>de</strong> la réalité. L’imaginaire,quant à lui, serait un dépassement<strong>du</strong> réel… Et le virtuel?Ce peut être l’idée ou encore lareprésentation, la simulation, l’illusionextrême. Il est cependantintéressant <strong>de</strong> noter que, malgré leconcept d’univers factice souventrattaché au mon<strong>de</strong> virtuel, nousvivons dans une société d’ordrematériel, <strong>de</strong> consommation, relativementfactice elle aussi…Puisque le virtuel est déjà trèsprésent dans la vie <strong>de</strong> nos jeunes<strong>et</strong> que ses diverses fac<strong>et</strong>tes continuerontà se multiplier, commençonsà explorer ses rivages.Selon Quéau (2002), ce serait« une bonne pédagogie, pour commencerd’apprendre à douter, qued’éprouver <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> représentationalternatifs. Le virtuel n’estpas qu’un lieu <strong>de</strong> fuite hors <strong>du</strong>mon<strong>de</strong>, c’est aussi un lieu d’actionqui est doté d’une certaine crédibilité…Le virtuel est le moyen d’agirà l’échelle planétaire, à l’échelle<strong>de</strong>s idées, il a c<strong>et</strong> immense avantage<strong>de</strong> nous proposer une réalité alternativequi fonctionne, <strong>et</strong> qui nousperm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> travailler, <strong>de</strong> rencontrerles autres <strong>et</strong> d’agir sur le mon<strong>de</strong> ».Pensons par exemple au virtuel(simulation) qui nous prépare àêtre encore plus actif dans lesdomaines <strong>du</strong> réel : la chirurgie,l’économie, l’aviation... Quand onrevient au réel, on a la possibilité <strong>de</strong>comparer <strong>de</strong>ux niveaux <strong>de</strong> réalité;mais une <strong>de</strong>s principales inquiétu<strong>de</strong>sliées à ces nouveaux universrési<strong>de</strong> dans la possibilité <strong>de</strong> fuir leréel pour le virtuel. Selon Huri<strong>et</strong>(1998), « l’attrait est que le réelrésiste tandis que le virtuel obéit ».Peut-on alors s’adresser au substitutpour obtenir une satisfactionéquivalente? C’est une questiond’acuité… sucre ou é<strong>du</strong>lcorant?Le réel finira-t-il toujours pas nousrattraper? Nous <strong>de</strong>vons être responsables<strong>de</strong> ce qui nous arrive dansnotre environnement immédiat réel<strong>et</strong> local. Bref, c’est une approchepédagogique intéressante, selonQuéau (2002), <strong>de</strong> nous habituer àchanger <strong>de</strong> régime, <strong>de</strong> vision <strong>et</strong> <strong>de</strong>compréhension. Cela correspondau fait <strong>de</strong> migrer hors <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>pour aller dans un autre. En revenantdans le réel, on pourra yimporter les modalités d’action ou<strong>de</strong> solidarité qu’on aura rencontréesdans le virtuel, <strong>et</strong> réciproquement.« Ce qui paraît intéressant,c’est le va-<strong>et</strong>-vient, la comparaison,la compétition entre les <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s<strong>de</strong> réalité, l’un complétant l’autre. »Toutefois, il manquera toujours aumon<strong>de</strong> virtuel c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>nsité, c<strong>et</strong>tesubstance propre aux territoireshumains réels. Naviguer en territoireaffectif fait appel à la sensibilité.Il semble que l’image <strong>de</strong>venant unecopie <strong>de</strong> plus en plus conforme <strong>du</strong>mon<strong>de</strong> réel, son attrait croît avecl’usage <strong>et</strong> la représentation prend<strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> place par rapportà la chose réelle. <strong>Dans</strong> lemon<strong>de</strong> virtuel, l’écran donne accès àune infinité <strong>de</strong> possibilités. Il donneaccès à tout <strong>et</strong> tout <strong>de</strong> suite; pourplusieurs, il y a quelque chose <strong>de</strong>magique là-<strong>de</strong>dans! Au fil <strong>de</strong>sdécouvertes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s progrès, il <strong>de</strong>vientégalement <strong>de</strong> plus en plus difficile<strong>de</strong> distinguer ce qui est spécifiquementhumain <strong>de</strong> ce qui est spécifiquementtechnologique. Ce quinous préoccupe ici, c’est que lesjeunes sont gavés <strong>de</strong> messages, queces images auditives <strong>et</strong> visuelles ontun attrait incontestable sur eux,mais que le recul réflexif nécessairene fait souvent pas partie <strong>de</strong> ce àquoi nous les initions, le jeunerestant alors dans une zone floue àmi-chemin entre le réel <strong>et</strong> l’imaginaire.L’acquisition <strong>de</strong> règles morales<strong>et</strong> sociales s’avère souvent déficiente.L’é<strong>du</strong>cation à la virtualité <strong>de</strong>vraitdonc amener l’enfant à se construiredans ce mon<strong>de</strong> d’images :– en sachant qu’il est faux;–en en discutant, comme pourtant d’autres suj<strong>et</strong>s, avec lesa<strong>du</strong>ltes qui participent à saformation.TOUT SEUL ENSEMBLEOU NOUVELLES CONDITIONSDE SOLIDARITÉ?Une <strong>de</strong>s dérives importantes <strong>du</strong>virtuel est la perte <strong>du</strong> sentimentd’exister dans la réalité, être dans leréel l’avatar d’un personnage virtuelplutôt que l’inverse. Un <strong>de</strong> ses plusformidables exploits est la culture<strong>de</strong> réseau, une <strong>de</strong>scendante directe<strong>de</strong> la culture scientifique. <strong>Dans</strong> lesparagraphes suivants, nous navigueronsd’un pôle à l’autre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>espace où les notions d’i<strong>de</strong>ntité <strong>et</strong><strong>de</strong> communauté prennent un nouveausens.L’i<strong>de</strong>ntité, c’est l’image qu’un indivi<strong>du</strong>a <strong>de</strong> lui-même <strong>et</strong> c’est aussil’ensemble <strong>de</strong> ses voies formellesd’i<strong>de</strong>ntification vis-à-vis <strong>de</strong> ses semblables;ces <strong>de</strong>rnières années, <strong>de</strong>si<strong>de</strong>ntités numériques (numérisation<strong>de</strong> nos caractéristiques i<strong>de</strong>ntitaires :ADN, empreinte oculaire, empreintevocale, mots <strong>de</strong> passe, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> <strong>de</strong>si<strong>de</strong>ntités virtuelles (utilisées sur lesréseaux entre autres) se sont ajoutées.La permanence, l’unité <strong>et</strong> laréalité physique <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité sont<strong>de</strong>s points <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> moins enmoins soli<strong>de</strong>s dans l’univers virtuel.VIVRE PAR PROCURATIONAu Japon, on appelle otaku l’indivi<strong>du</strong>qui est plus fasciné par levirtuel que par le réel. On parlequasi uniquement <strong>de</strong> jeunes hommesâgés <strong>de</strong> 15 à 30 ans; ces <strong>de</strong>rniers nevivent que par procuration, la technologieétant l’ami qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rien en r<strong>et</strong>our. Les otakus sont engénéral <strong>de</strong>s collectionneurs (d’obj<strong>et</strong>s,<strong>de</strong> données) qui en viennent àabsolument tout savoir sur un suj<strong>et</strong>;puisqu’ils ne sortent pas <strong>de</strong> chezeux <strong>et</strong> sont rivés à leur écran àlongueur <strong>de</strong> jour, ceux qui arriventà gagner leur vie le font justementVIE 22 Vie pédagogique 132, septembre-octobre2004
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