la cour et la maison de l'ogre - Chroniques italiennes - Université ...
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C. JORI24(III,7), le conte où <strong>la</strong> polémique anti-<strong>cour</strong>tisane est le plus explicite, lesfrontières entre le bien <strong>et</strong> le mal, <strong>la</strong> civilité <strong>et</strong> <strong>la</strong> sauvagerie, le nous <strong>et</strong> l’autrevacillent encore davantage. Corv<strong>et</strong>to, vertueux favori dans ce ’nfierno <strong>de</strong> <strong>la</strong>Cour, suscite <strong>la</strong> jalousie <strong>de</strong>s autres <strong>cour</strong>tisans perfi<strong>de</strong>s qui incitent le roi à luiconfier <strong>de</strong>s épreuves impossibles pour m<strong>et</strong>tre à l’épreuve sa loyauté : volerle cheval magique puis conquérir le pa<strong>la</strong>is appartenant à un couple d’ogres,définis comme bestiaux <strong>et</strong> sauvages mais vivant pourtant dans le plus grandraffinement. L’initiation <strong>de</strong> Corv<strong>et</strong>to au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour passe par lemeurtre d’une communauté d’ogres dont les penchants cannibales ne sontque discrètement évoqués au début : arrivé au château, il tranche avec unehache <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> l’ogresse qui vient juste d’accoucher d’un « belloorch<strong>et</strong>iello » en utilisant <strong>la</strong> tromperie <strong>et</strong> le mensonge ; tout leur parentadoac<strong>cour</strong>u pour fêter le nouveau-né est massacré par <strong>la</strong>pidation par Corv<strong>et</strong>to :« a cuorpo <strong>de</strong> p<strong>et</strong>rate ne fece na pizza » 39 . Les corps décapités oudéchiqu<strong>et</strong>és <strong>de</strong>s ogres sont comparés à <strong>de</strong>s aliments qui se délitent (<strong>la</strong> tête<strong>de</strong> l’ogresse tombe comme une poire mûre, les autres évoquent unepizza…), comme pour suggérer, c’est ce que souligne N. Canepa dans sonétu<strong>de</strong> sur le carnavalesque <strong>et</strong> <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> l’inversion chez Basile, que lesvéritables cannibales sont autres, sont ailleurs… Certes, l’ingéniosité <strong>et</strong> <strong>la</strong>loyauté <strong>de</strong> Corv<strong>et</strong>to sont célébrées, <strong>la</strong> tromperie mise au service <strong>de</strong>s enviescapricieuses <strong>de</strong> son roi n’est guère critiquée, contrairement à <strong>la</strong> perfidie <strong>de</strong>s<strong>cour</strong>tisans ; l’ogre est par ailleurs suffisamment connoté dans l’imaginairecomme figure négative d’antagoniste. Pourtant, sans y adhérercomplètement, nous pouvons reprendre ici les conclusions <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>N. Canepa : <strong>la</strong> figure ambivalente <strong>et</strong> paradoxale <strong>de</strong> l’ogre chez Basile, enparallèle avec celle <strong>de</strong> nigauds comme Vardiello ou Peruonto, serait levecteur d’une critique intraculturelle d’un mon<strong>de</strong> à l’envers : le mon<strong>de</strong>civilisé, policé <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>cour</strong>, règne <strong>de</strong> faux-semb<strong>la</strong>nts <strong>et</strong> <strong>de</strong>corruption. M<strong>et</strong>tant l’accent, <strong>de</strong> façon peut-être un peu trop univoque, surles connotations positives <strong>de</strong> c<strong>et</strong> avatar <strong>de</strong> l’homme sauvage, celle-ci y voitle symbole « di un’essenza più genuina che l’uomo civilizzato vorrebberipescare dai fondi <strong>de</strong>l suo essere iperacculturato » 40 , soulignant combien <strong>la</strong>l’inconséquence, <strong>la</strong> folie <strong>de</strong> ce roi-père dénaturé – ?39Ibid., p.580. [Corv<strong>et</strong>to, à coups <strong>de</strong> pierre, en fit une belle pizza], Trad. F.D., p.274.40N. L. Canepa, « Basile e il carnavalesco », in AA.VV., Giovan Battista Basile el’invenzione <strong>de</strong>l<strong>la</strong> fiaba, Atti <strong>de</strong>l convegno di Zurigo (21-23 giugno 2003), a cura di M.Picone e A. Messerli, Ravenna, Longo Editore, pp. 47-48.