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La santé des migrants _ _ lin - Archives du MRAP

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---+Pourtant fin 1971, le procureur général de Milan, M . Bianchid'Espinoza décidait l'ouverture d'une vaste enquête policièresur les activités <strong>du</strong> M .S.I.De plus, le rebondissement de l'affaire <strong>des</strong> attentats de Romeet de M ilan , pour lesquels était jugé le militant anarchiste PietroValpreda , a entraîné l'arrestation de trois personnalitésd'extrême-droite, parmi lesquels M . Pinto Ranti , rédacteur aujournal « Tempo» et membre de la direction nationale <strong>du</strong>M .S.I. Le parti néo-fasciste aura désormais plus de difficultésà accrédit er l'image d'un parti de l'ordre, respectueux de lalégalité.RépressionM is en liberté provisoire le 25 février dernier, après un moisde détention et de tortures dans les prisons de Rabat, Abdellatif<strong>La</strong>abi, directeur de la revue littéraire progressiste « Souffies» a ét é arrêté à nouveau le 14 mars, en même temps quele peintre Mohammed Chebaa , membre de la rédaction .Leu r arrestation, précédée par celle de Abraham Serfaty,rédacteur également à la revue « Souffles» et par celle de nombreuxprogressistes, intellectuels, syndicalistes, étudiants, latorture à laquelle sont soumis ces militants, illustre de manièretragique , la répression policière de plus en plus vive qui sévitau M aroc où les saisies de journaux de l'opposition deviennentquotidien nes.<strong>La</strong> disparition de certains <strong>des</strong> détenus laisse craindre pourla survie <strong>des</strong> autres.Des chambres pour tousUne opération « chambres libres» a été lancée en Autrichepar le Cl ub international <strong>des</strong> étudiants de Vienne (lSTC).Commencée en 19 71, pour marquer l'Année internationalecont re le racisme, elle se poursuit avec succès. Son but :12Des faits• Dans « France-Soir» <strong>du</strong>8 février, Jean Dutourd, suggérantque « la race blanche»est aujourd'hui « menacée II,regrette le temps « où lesNoirs et les Peaux-Rougesn'étaient pas considérés obligatoirementcomme <strong>des</strong> surhommes»,et affirme que sitel Hlm ancien avait été tournéen 1972, « le rôle de l'héroïneaurait été confié à une jeunepersonne au teint d'ébène etaux cheveux crepus». Il assimilele Français devant satélévision au «Canaque ou(au) Zoulou, qui ne comprendque ce qu'il voit avec ses yeuxou entend avec ses oreilles,mais est incapable d'une représentationau second degréà partir d'un texte II.• L'Ordre <strong>des</strong> médecins portugaiss'alarme : sous-alimentation,manque d'hygiène, prix<strong>des</strong> médicaments, équipementsinsuffisants, dégradation de la•qUI •••médecine par suite <strong>des</strong> persécutionscontre de nombreuxpraticiens font qu'« il est devenudifficile d'être en bonnesanté au Portugal» et que« certaines maladies infectieusesignorées dans le reste del'Europe sévissent encore auPortugal ».• Sur les magasins de quatrecommerçants juifs de Boston(Etats-Unis), <strong>des</strong> croix gamméesont été barbouiUées audébut de février, accompagnantl'inscription : « Tuez les nègreset les juifs!»• Victime d'un accident de lacirculation, un ouvrier portugaisde Tours est mort fautede soins nécessaires. Au cours<strong>du</strong> procès qui a eu lieu le16 mars, le médecin qui l'avaitexaminé à déclaré : « Il parlaitbeaucoup, mais je ne comprenaisrien à ce qu'il disait. Cetélément me gênait beaucoup;qu'allais-je pouvoir faire deUne lecon d"humilitéC"E qu'on appelle l'Aide est un échec. De Genèveà New-Delhi. la démonstration en a été faite.Et l'échange n'a pas donné plus que la chariti'.Les pays pauvres sont devenus plus pauvres - ladette absorbant l'aide ~ les dépendances se sont accentui-es- tout investIssement même agrIcole ne l'étantque d'exportation. Ce que les puissances <strong>du</strong> Nordaur~i e nt à découvrir à Santiago, serait qu'il n' y a pasde solidarité (et surtout <strong>des</strong> riches enver s les pauvres)sans bumilité et sans désintéressement.A partir de la crainte d'une in surrection géni-ralede la faim - reconnue par \ lac Namara au séminaire<strong>du</strong> \ 1 ississipi comme plus redoutable pour les L.S./\ .que la bombe ChlllOI SC - . la ci\ ili sation a pn !> ulleconscience théorique de l'borreur de la faim ct <strong>du</strong>drame entier <strong>du</strong> « sous-développement Il . Il reste ànous avouer l'essentiel : on ne sauve, on ne s'attacheles bommes que par le respect.Jean CUSSAT-BLANCcombattre les préjugés qui con<strong>du</strong>isent certains propriétaires àrefuser la location de leurs chambres aux étudiants étrangers,en particulier aux non-blancs (20 % <strong>des</strong> étudia nts inscrits dansles diverses facultés d'Autriche sont étrang ers, 6 % d'entreeux sont <strong>des</strong> étudiants de couleur).Partie de Vienne, cette campagne s'est maintenant éten<strong>du</strong>eaux autres villes universitaires. Des dizaines de milliers delettres ont été distribuées, expliquant au public la situation<strong>des</strong> étudiants étrangers, et un boycott a été organisé à l'encontre<strong>des</strong> propri étaires racistes . Ce fut un succès.lui ? .. » Le président <strong>du</strong> Tribunals'est étonné que « dansune région où les immigrésportugais sont nombreux, iln'y ait pas à l'hôpital d'interprèteapte à aider mala<strong>des</strong> etmédecins. »• Succès de la « Journée <strong>des</strong>anciens combattants, résistantset victimes de guerre d'Europepour la paix, la sécurité, lacoopération et l'amitié» quis'est déroulée le 15 avril, danstous les pays de l'Est et del'Ouest.• Le nombre de Juifs venusd'U.R.S.S. en Israël au coursde l'année 1971, s'élève à13 000 selon les autoritésisraéliennes d'immigration.• Bénéficiant toujours de l'impunité,un « commando » d'extrême-droitea attaqué le19 avril <strong>des</strong> élèves qui sortaient<strong>du</strong> lycée Montaigne. Une Iydonnentcéenne a été blessée. Les agresseursn'étaient pas d'accordavec l'exposition de photosconsacrée à la guerre <strong>du</strong> Vietnam.• Parce qu'ils s'opposent auracisme et à la poursuite de laguerre, les GI's noirs et <strong>des</strong>militants blancs stationnés àThuy-Hoa, au Vietnam, ontété désarmés par leurs supérieurshiérarchiques •• Les dirigeants de la communautéj uive d'Argentine ontobtenu qu'une enquête soit ouvertesur la campagne antisémitedéclenchée par unhomme politique de droite,Walter Beverragi Allende. Lespropos absur<strong>des</strong> qu'il dent,concernant un complot sioniste,le démembrement de l'Argentinepour y établir un Etat juif,ont pourtant été repro<strong>du</strong>itsdans la presse argentine.~a penserDROIT ET LI BERTÉAVRIL-MAINazÏsd'hÏeret d'aujourd'huÏen A_érÏque latÏneù sont les chefs nazis qui s'illustrèrent sous le Troisième Reich?O Beaucoup sont morts (la guerre a pris fin il y a 27 ans) ; mais parmi les vivants, très peu sont en prison, la plupart vivent bientranquilles, soit retirés, soit occupant ici ou là <strong>des</strong> postes importants. C'est, bien sûr, en Allemagne de l'Ouest qu'on en trouve leplus : l'ex-chancelier Kiesinger était l'ancien directeur-adjoint de la propagande radiophonique hitlérienne vers l'étranger, et nazin° 2.633.930 (1).Notre propos est, cette fois, à la lumière <strong>du</strong> cas Klaus Barbie et de quelques autres, de jeter un coup d'œil sur l'un <strong>des</strong> plusimportants réservoirs de nazis : « l'Amérique latine ». .L'entreprise est semée d'embûches : d'abord les anciennes gloires <strong>du</strong> Troisième Reich ne font que peu de publicité autour de leuridentité; ensuite, les appuis dont elles bénéficient sont immenses ; enfin les « révélations» sensationnelles de la grande presse et<strong>des</strong> feuilles à scandales ne nous inspirent guère confiance (on a vu écrit trop souvent qu'« Hitler n'était pas mort », on a « aperçu»contradictoirement Martin Bormann et quelques autres dans trop de pays pour que nous croyions les yeux fermés tout ce qu'on a l'habitudede raconter sur les nazis d'outre-Atlantique).Des découvertes, <strong>du</strong> sensationnel dans ce dossier? Oui, mais peut-être pas ce qu'on attend : simplement <strong>des</strong> informations incontestables,souvent cachées, qui montrent sous leur vrai jour certains régimes dictatoriaux et ' font comprendre pourquoi <strong>des</strong> milliers deKlaus Barbie vivent paisiblement et, dans bien <strong>des</strong> cas, publiquement, loin <strong>des</strong> lieux de leurs crimes de guerre.DROIT ET LIBERTE - N° 312 - AVRIL-MAI 1972 13


DE loin. on a tendance à consloerer1'« Amérique latine» (terme d'ailleurscurieusement colonisateur)comme un tout à peu près homogène.par exemple comme le « continent de laviolence »...Une telle vision <strong>des</strong> choses est sommaireet trompeuse.Il est vrai que les divers pays d'Amériquelatine ont tous un passé colonial.avec ce que cela comporte : exterminationou assujettissement <strong>des</strong> Indiens.imposition de l'espagnol ou <strong>du</strong> portugaiscomme langue officielle... Il est vrai.aussi. que tous les pays d'Amériquelatine souffrent journellement et jusqu'aufond de leur chair de la politique néocoloniale<strong>des</strong> Etats-Unis.Mais les différences de développement(par exemple entre le Chili. paysassez « européen» et en partie in<strong>du</strong>strialisé.et la Bolivie. où plus <strong>des</strong> deuxtiersde la population vivent d'uneagriculture de subsistance). de régimepolitique (entre Cuba et le Paraguay.il y a un monde). de conditions climatiques... sont telles qu'il est indispensabled'étudier les problèmes pays parpays. et de se méfier le plus possible<strong>des</strong> généralités « latino-américaines» (2).Cuba a un régime socialiste. lè Chilis'est donné. il y a un an et demi. ungouvernement d'Unité populaire. lePérou. Panama. Costa-Rica ont prissous <strong>des</strong> formes diverses le chemin del'indépendance nationale. Les autresgouvernements sont très largementDrapeaux et brassards à croix gammées, grena<strong>des</strong>, bouteilles explosives, munitions : cetarsenal nazi fut découvert en mai 1965 à Buenos Aires, dans le local clan<strong>des</strong>tin d'un groupenéo-nazi dirigé par le fils d'Eichmann.sous la dépendance <strong>des</strong> Etats-Unis.même si certains montrent <strong>des</strong> velléitésnationalistes. Parmi les régimes les plussanguinaires signalons le Brésil. le Paraguay.la Bolivie. Haïti. Saint- Domingueet le Guatemala.On s'en doute. tous les Etats n'ontpas les mêmes dispositions vis-à-vis<strong>des</strong> criminels de la Seconde Guerre mondiale.C'est dans le « triangle de sécurité»(Bolivie. Paraguay. Nord de l'Argentine)que ces derniers se montrent le plus àleur aise; mais certains autres payssont fort compréhensifs. Pour <strong>des</strong> raisonsde place nous n'étudierons de près quedeux d'entre eux: la Bolivie et le Paraguay.donnant seulement quelques indicationssur les autres.( <strong>La</strong> Bolivie ou le triomphe de la corruption)<strong>La</strong> guerre <strong>du</strong> Chaco« Une guerre ·horrible. dans un désertde feu. <strong>La</strong> jungle. la soif et les jaguars.la faim sous un soleil implacable. lesmoustiques et les serpents. les colonnesper<strong>du</strong>es. <strong>des</strong> sections de squ~lettesdans les buissons épineux ... » (3).Pourquoi? <strong>La</strong> « Standard Oil» et la« Royal Dutch» découvrent chacune ungisement de pétrole dans le GrandChaco. En 1932. c'est la guerre entre laBolivie-Standard Oil et le Paraguay­Royal Dutch. L'armée paraguayenne <strong>du</strong>général Estigarribia s'approche <strong>des</strong>mines d:étain boliviennes : les baronsde l'étain (Rothschild. Patino. Aramayo)se ser.tent menacés. la S.D.N. montreson grand cœur: le 12 juin 1935. c'estl'armistice. la Bolivie et le Paraguay separtagent le Chaco. les populations n'yont rien vu . mais se sont fait tuer; onapprendra peu après que les préten<strong>du</strong>sgisements. en fait. étaient vi<strong>des</strong>.Qui commandait l'armée bolivienne?Un Allemand . le général Kuntz.<strong>La</strong> présence allemande a de touttemps été forte en Bolivie : l'armée.entraînée par <strong>des</strong> généraux allemands.était construite sur le modèle de l'arméeallemande. Si l'Angleterre s'occupait<strong>des</strong> minerais. néanmoins 80 %<strong>du</strong> commerce était. entre les deuxguerres. aux mains de compagniesalleman<strong>des</strong>.Vers 1936. il y avait aussi une importantepopulation juive (en . particulier<strong>des</strong> techniciens participant à l'exploitationde l'étain) en Bolivie. Il étaitdonc normal qu·.au moment où Hitleraggravait sa politique antisémite. denombreux juifs opprimés Sous le Reich .vinssent se réfugier en Bolivie. où leurposition et leurs connaissances (de lalangue allemande par exemple) leurpermirent de faire ·carrière. dans lecommerce notamment.<strong>La</strong> droite bolivienneAvant-guerre. c'étaient les baronsde l'étain qui gouvernaient par militairesinterposés.Mais. sous l'influence <strong>des</strong> idées misesen application en Europe par Hitler. Musso<strong>lin</strong>iet Franco. deux mouvements « nationalistes».allaient naître en Bolivieà la fin <strong>des</strong> années 30 : le M .N.R. (Mouvementnationaliste révolutionnaire) etla P.S .B. (Phalange socialiste bolivienne).Au départ la Phalange. fondéepar Oscar Unzaga de la Vega . pouvaits'identifier à la Phalange espagnole ;le M.N .R. de Victor Paz Estenssoro.quant à lui. correspondait plutôt aunationalisme de Hitler (moins l'antisémitisme); mais. très vite. ces partis furentextrêmement divisés en courants. entendances. autant pour <strong>des</strong> raisons idéologiquesque pour <strong>des</strong> raisons de personnes.de clans. de régions... (4) .Ils ont oscillé entre l'extrême-droite laplus fanatique et un certain nationalismede gauche. sans jamais abandonner lesmétho<strong>des</strong> expéditives. souvent cruelles.Les rivalités entre le M.N.R. et laPhalange atteignent souvent un degréde violence inouï. Chaque parti a sesplaces fortes. ses clientèles; on estsouvent phalangiste de père en fils. oupar racisme anti-indien (les Indiens quivivent d'une agriculture de subsistance.en marge de la société. représentent aumoins les deux tiers de la population).A l'époque <strong>du</strong> M .N.R .• après la révolutionde 1952. les camps de concentrationont fleuri dans le paysage bolivien. et denombreux phalangistes ont encore.gravé au fer rouge sur la poitrine. un« Viva Paz» ou un « M .N.R.» qui donnentune idée <strong>des</strong> relations entre les deuxpartis fascistes!Dans un tel pays de q'uatre millionset demi d·habitants. où les ouvriers sontpeu nombreux. où la gauche a toujoursété extrêmement divisée. où lamajorité de la population est analphabèteet marginale. où les puissancesd'argent étrangères (hier anglaises.aujourd'hui nord-américaines. de touttemps alleman<strong>des</strong>) tirent les ficelles. oùil y a eu 186 coups d·Etat. 11 présidentsassassinés en 140 ans. oncomprend que la situation soit assezparticulière.L'arrivée <strong>des</strong> nazisPendant la guerre (la nôtre). l'étainse vendait en Angleterre ...• le M.N .Ret la Phalange n'étaient pas encore aupouvoir; rien d'étonnant donc. à ceque le gouvernement bolivien n'ait pastrop soutenu l'Axe. Puis la Phalangeet le M .N.R. montrent qu'il faut compteravec eux. En 1952. Paz Estenssoro estporté au pouvoir à la suite d'une révolution.Au départ. le gouvernement. pressépar le peuple. mène une politique nationalistede gauche. promouvant une réformeagraire. <strong>des</strong> nationalisations. etc. ;il changera bien vite.Et les nazis? Il en est arrivé tous lesans. après 1945. transitant éventuellementpar le Chili. l'Argentine ou le Paraguay.voyage payé par la Croix-RougeInternationale. très souvent. et. bien sûr.avec <strong>des</strong> papiers en règle. <strong>La</strong> Bolivieavait pour eux un certain nombre d'avantagesincomparables : la présence allemandeétait importante. surtout dans la« bonne société» et dans l'in<strong>du</strong>strie;ensuite. les nazis arrivaient avec del'argent. ce qui était favorable à unereprise <strong>des</strong> échanges commerciaux; etpuis dans un pays où tout se paye (etc'est le cas de la Bolivie). arriver avecde l'argent est un gage de sécurité;enfin. juste après la guerre. rares étaientles pays où l'on pouvait se montrer tropouvertement quand on était ancien SS.SA ou autre .. . Les nazis se sont alorsrépartis principalement en Bolivie. auParaguay ou dans le Nord de l'Argentine.Les nazis (( retirés IlIl y a en gros deux sortes de nazisceux qui se sont retirés <strong>du</strong> monde. etceux qui ne se contentent pas de leurssouvenirs.<strong>La</strong> Bolivie n'a pas les dimensionseuropéennes. <strong>La</strong> province de Santa-Cruza la superficie de l'Allemagne de l'Ouest,mais seulement 400000 habitants dont200 000 vivent en agglomérations.Il reste donc une densité de moins d'unhabitant au kilomètre carré dans lacampagne.Un chasseur qui se perd dans la nuita quelque mal à trouver âme qui vive;quand il rencontre une propriété. unegrande propriété. il est souvent accueillipar un Allemand qui vit là. à l'écart de lavie politique. entouré ou non de concubinesmétisses. Dans bien <strong>des</strong> cas. cetAllemand est un ancien nazi arrivé aprèsla guerre avec suffisamment d'argentpour poursuivre paisiblement sa vie enachetant un grand terrain. Ces nazis sontconnus sous leur nom d'emprunt parles gens qui vivent autour d'eux ; il seraittrès facile aux autorités boliviennes deles localiser et d'en démasquer un grandnombre : il suffirait de rechercher dansles registres quels sont les Allemandsqui ont acheté <strong>des</strong> propriétés après laguerre dans la province de Santa-Cruz.dans le Beni. ou ailleurs. Mais ça n'intéressepas les autorités. on verra pourquoi.Les nazis publicsSauver sa peau. c'est déjà beaucoup.mais quand on peut rester dans le monde<strong>des</strong> affaires. mener grand train. fréquenterles clubs. être un personnage estimé.c'est encore mieux. surtout lorsqu'on aété habitué à être un chef ...A Potosi. à Cochabamba ou à <strong>La</strong> Paz.nombreux sont les gens bien placés.dans l'import-export par exemple. quisont. de notoriété publique d'anciensnazis. Klaus « Altmann» était de ceuxlà; l'homme de la rue s~vait que ce présidentde la compagnie d'import-export« Transmaritima» avait un passé. quec'était un ancien SS ; les milieux bieninformés. eux. savaient qu'il s'agissaiten fait de Klaus Barbie (5) . Ces nazisfréquentent le Club allemand (6). où ilscôtoient d'ailleurs certains juifs d'origineallemande. Il arrive que. dans lesLe colonel Hugo Banzer, « chef J) del'Etat bolivien.conditions actuelles de la Bolivie. cesgens aient les mêmes intérêts : la prospéritéde leurs affaires. Et pourquoi lesanciens hitlériens seraient-ils antisémitesaujourd·hui. en BOlivié; à quoi ça leurservirait?De plus. ces Allemands bien placés(naturalisés souvent). qui ont les mêmesintérêts que les grands propriétaires. quivoyaient dans le régime progressiste deTorres (7-10-1970/21-8-1971) un dangerpour leurs bénéfices et leurs privilèges.ont pour beaucoup participé aucoup d' Etat fasciste d'août 1971. Ilsl'ont finilncé.<strong>La</strong> C.I.A. utilise ceux qui ont unpassé nazi . à la fois en les protégeantet en les faisant chanter: c'est un jeud·enfant. Et l'on sait que c'est l'alliancede la Phalange et <strong>du</strong> M.N.R. qui. «grâce»à la C.I.A. et à une intervention brésilienneplus ou moins camouflée. a permisaux factieux de l'armée de trahir etde renverser Torres. pour porter au pouvoir.en août dernier. ce colonel Banzer.dont les premières mesures furent une -terrible répression et une remise enbonne et <strong>du</strong>e forme de l'économie bolivienneaux mains <strong>des</strong> compagnies étrangères.Ce n'est donc pas l'actuel régimebolivien qui va livrer ses meilleurs serviteurs.par ailleurs protégés par la C.I.A.pour les beaux yeux <strong>des</strong> Français antinazis!<strong>La</strong> corruption, la drogue ...Il y a tout de même. dans ce tableau.un point qui reste obscur : pourquoi lepopulaire général Torres. pendant lesdix mois où il est resté au pouvoir. n'a-tilpas balayé ces anciens (?) tortion-14DROIT ET LIBERTE - N° 312 - AVRIL-MAI 197215


Klaus Barbie à <strong>La</strong> Paz, en 1972.Martin Bormann, qui fut secrétairede Hitler, vit-il en A mérique latine ?Sa présence a été signalée plusieursfois dans différents pays. Récemmentencore, on crut l'avoir découvert enColombie ... mais ce n'était pas lui.naires, n'a-t-il pas fait éclater la véritéune bonne fois?Pour répondre à cette question, il nousfaut creuser un peu le problème, comprendrede plus près ce qu'est la viepolitique et sociale de ce grand pays(deux fois la France). où seule une petitepartie de la population (1 million?) participeaux affaires publiques.D'abord, ce que nous appelons « la »guerre, n'est pour les Boliviens qu'« une»guerre, mondiale certes, mais avant touteuropéenne. Les déportations, les chambresà gaz, l'occupation, la Gestapo ... ,les Boliviens n'ont pas connu cela . Ilsont connu <strong>des</strong> camps de concentrationmais pas ceux de l'Allemagne nazie; ilsen connaissent encore maintenant: deuxcamps ont déjà été ouverts depuisl'accession au pouvoir de Banzer.Ensuite, et c'est le point le piUSimportant, Torres n'avait pas tout lepouvoir. L'extrême-droite" était restéetrès forte, comme elle l'a montré enreprenar:lt les rênes de l'Etat en août1971. Torres était d'ailleurs ligoté <strong>des</strong>deux côtés, y compris par les impatients.Il a bien commencé un travail d'épurationen profondeur, mais il ne pouvaitle mener à bien dans ces conditions, surtouten dix mois.Et puis, il y a la corruption : un coupde balai énergique en Bolivie ne s'appliqueraitpas seulement aux anciens nazis.Si vous entrez dans tel cabaret connude tous à Santa-Cruz , et si vous demandezun whisky, on vous demandera :« simple 0 completo ? ». « Simple», c'estle whisky normal , « completo», c'estavec une dose de cocaïne à priser. Oui ;Santa-Cruz est une <strong>des</strong> plaques tournantesde la cocaïne , qui y est en ventelibre officieuse. Les plus belles maisonsde la ville sont celles <strong>des</strong> trafiquants, leslaboratoires clan<strong>des</strong>tins sont nombreux ;l'ancien chef de la police à Santa-Cruz ,un dénommé Baptista, qui fut d'ailleurschef de la police dans bien d'autres villesboliviennes, a été mis en prison sousTorres, parce qu'on a trouvé chez lui unlaboratoire de cocaïne . Depuis lors, il aévidemment été réhabilité .Des noms? C'est par centaines qu'onpourrait citer <strong>des</strong> « hauts» personnages<strong>du</strong> régime impliqués dans toutes sortesde trafics, de contreban<strong>des</strong> .. . Il est denotoriété publique que l'actuel chef dela police à Santa Cruz, Morant, est spécialisédans la contrebande <strong>du</strong> bétail. Lesanciens nazis prennent une part importanteà ces activités. Les noms qu 'ilfaudrait plutôt citer sont ceux <strong>des</strong> hautspersonnages qui ne sont pas compromis.Les trafics prennent toutes sortes deformes : trafics de voitures, de pro<strong>du</strong>itsalimentaires, de textiles, de vins, detabac, de drogue bien sûr ... , trafics parcamions, par chemin de fer, par avions ,surtout, avec ou sans bon d'importationofficiel, etc. Une place de douanier 1vaut de l'or! (7). .Fa isons le compte: camps de concentration,trafics, torture, nazis réfugiés,drogue ... Alors un Barbie de plus ou de .moins, qu'est-ce que ça représente?Le Paraguayou le règne de la violence jVoilà un pays dont on parle peu. On nesait pas qu'il a subi il y a une centained'années, entre 1864 et 1870, une <strong>des</strong>guerres les plus cruelles de l'histoire del'humanité, celle de la Triple Alliance, quiré<strong>du</strong>isit la population mâle paraguayenneà 28 000 personnes (enfants,mutilés et vieillards compris). Maismaintenant? Pas de guerres, pas derévolutions, pas de gauchistes (lesTupamaros, c'est l'Uruguay) . Quel hâvrede paix, ce doit être le paradis terrestreprobablement? Il y a un parlement, il y aun journal d'opposition qui se permetd'attaquer le gouvernement en termesquelquefois violents.Nous aurions donc affaire à un paysdémocratique comme il en existe peu .D'ailleurs, le Président de la République ,le Général Stroessner, tient personnellementbeaucoup à cette image de marquede son pays.Sur les nazisJosef Mengele était le « médecin»d'Auschwitz; responsable <strong>du</strong> massacrede dizaines de milliers de juifs, il étaitplus particulièrement spécialisé dansles expériences scientifiques sur cobayeshumains, notamment les femmes et lesenfants déportés. Depuis 1959, il estcitoyen paraguayen et coule là-bas <strong>des</strong>jours heureux (8). Le fait n'est pascontesté, même pas par le gO(jvernement.En 1959, il fut aperçu dans lefort Carlos Antonio Lopez; on pensequ'il se trouverait maintenant aux environsd'Encarnacion, dans l'est <strong>du</strong> pays,dans une région où vit une forte colonieallemande. Tout porte à croire qu'ilexerce dans le pays de hautes fonctions.D'autres noms? On avance celui deMartin Bormann ... C'est très possible,mais il est inutile de jouer sur <strong>des</strong> hypothèses,les faits prouvés parlent d'euxmêmeset nous nous y limiterons,<strong>La</strong> torture ...Les cadavres que charrie parfois lefleuve Parana ont une allure particulière:il leur manque les yeux ou les oreilles,une main parfois ou même le cœur;quelques corps sont écorchés au rasoirde la tête aux pieds, il arrive aussi quela boîte crânienne soit entièrement traverséepar un grand clou .Les informations qui suivent s'appuientsur la « Mission d'Information au Paraguay»,effectuée par Me Paul Bouaziz, 'représentant l'Association Internationale<strong>des</strong> Juristes Démocrates et l'abbéMichel Schooyans, représentant leSecrétariat ~nternational <strong>des</strong> JuristesCatholiques et « Pax Romana ». Ce document(9), peu suspect de rechercher lesnouvelles à scandale, est d'ailleurs entièrementconfirmé par la ConfédérationEpiscopale Paraguayenne, dans sadéclaration <strong>du</strong> 12 mars 1971, par lesconférences de presse de l'ex-colonelNelson Rolon, démocrate paraguayenexilé en Argentine, lors de son récentCelle photo a été prise dans le camp militairede Ni/eroi, au Brésil, où les officiers<strong>des</strong> « commandos spéciaux aéroportés »s'entraînent à la pratique de la torture,Ici, il ne s'agit que d'une crucifixionsimulée, mais combien de victimes mourrontsous les brutalités <strong>des</strong> tortionnairesainsi formés?voyage en Europe, et par <strong>des</strong> témoignagesde gens de toutes tendancesrencontrés aussi bien à Paris qu'à Santiago-<strong>du</strong>-Chili.400 détenus au moins ont été assassinéspar la police ces dernières années,Des listes (incomplètes) de prisonnierspolitiques ont été établies. Citons quelquesnoms : Julio Rojas, Antonio Maidana(profess'eurs), Alfredo Alcorta ; bienque le tribunal ait ordonné leur mise enliberté, ils sont en prison depuis 14 ans(1958). Encore ces citoyens ont-ils eu leprivilège d'avoir été jugés! Actuellement,il n'y a plus de jugements, et lesprisonniers sont à la disposition de lapolice pour un temps indéterminé, pendantlequel ils subissent toutes sortesde tortures (10).Lors de son récent passage à Paris,Evaristo Antonio Gonzalez, syndicalisteparaguayen , nous a raconté les huit ansqu'il a passés en prison , <strong>du</strong> 3 mars 1964au 13 janvier 1972 : coups sur la plante<strong>des</strong> pieds, chocs électriques, étouffementdans une baignoire remplie d'urineet d'excréments humains, compression<strong>des</strong> testicules , travail forcé douze ouquatorze heures par jour dans un campde concentration, deux ans de séjourenchaîné par les pieds dans un cachotde 2 mètres sur 2 ,50 mètres, sansfenêtre, sans air, quelquefois sous unetempérature de 50° à l'intérieur, avectrois compagnons, sans assistance médicale,sans lecture, sans radio , avec <strong>des</strong>vIsites surveillées d'au plus cinq minutes; trois grèves de la faim lui permirentd'éviter un traitement pire. Al'intérieur de la prison, nombre de sescompagnons moururent au cours <strong>des</strong>diverses séances de tortures, mais toussavaient qu'il existait un peu partoutdans le monde <strong>des</strong> mouvements de solidarité.L'Eglise paraguayenne (y comprisla hiérarchie unanime) a pris fermementposition contre la dictature. Evaristo' Antonio Gonzalez, qui souffre actuellement,à 35 ans, de paralysie temporaire,a insisté sur la nécessité de cette aidemorale et précisé que c'est grâce à ellequ'il a été libéré.Il faut ajouter que les traitements citésplus haut n'épargnent ni les vieillards,ni les eccléciastiques, ni les femmes(auxquelles <strong>des</strong> raffinements sont réservés)et qu'ils s'étendent de plus en plusaux auteurs (supposés) de délits mêmesbénins, n'ayant aucun rapport avec lapolitique.Les nazis jouent dans ces tortures unrôle de conseillers ; l'un <strong>des</strong> « meilleurs»tortionnaires, le commissaire Helman,qui opère à la « Dirreccion nacional deAsuntos Técnicos » est fils de réfugiésnazis ; il. y en a bien d'autres (11).... et te resteIl ya quelques années, Richard Nixon,aujourd'hui président <strong>des</strong> Etats- Unis,avait déclaré publiquement que le gouvernementde Stroessner était « le régimeidéal pour les peuples d'Amérique<strong>La</strong>tine». Nixon vient pourtant de faire lesgros yeux à Stroessner en l'accusant deprotéger les trafiquants de drogue. Eneffet, il était difficile de fermer les yeuxplus longtemps : le rapport de M e Bouazizet de l'abbé Schooyans est sansappel le Paraguay (qui n'est pasmembre d'Interpol) est « le paradis <strong>des</strong>caïds autant que <strong>des</strong> trafiquants dedrogues » (ou de cigarettes américaines),« contrebande organisée par de hautespersonnalités <strong>du</strong> régime» (12). D'aprèsl'hebdomadaire « El Radical», seul journald'opposition toléré (et encore pastoujours!). par ailleurs conservateur etattaché au droit de propriété, le grandtrafiquant de drogue Ricord jouit dans saprison de conditions exceptionnelles deconfort, au point qu'il peut faire venir sesrepas de son propre restaurant et peutcontinuer à diriger son réseau de contrebande(24 février 1972), Ajoutons mêmeque ces trafics constituent un pivot <strong>du</strong>régime, comme l'a affirmé le généralStroessner lui- même : celui-ci a déclaréque la contrebande était « le prix de lapaix», Tout commentaire affaibliraitcette trouvaille .. , stupéfiante.Adolf Eichmann, organisateur enchef de l'extermination <strong>des</strong> juifs futenlevé en Argentine par un commandoisraélien en 1960, Jugé enIsraël, il f ut pen<strong>du</strong> le 31 mai 1962.Joseph Mengele, le cruel médecin<strong>du</strong> camp d'A uschwi/z ; il vit, dit-on,au Paraguay,16DROIT ET LIBERTE - N° 312 - AVRIL-MAI 197217


A u Panthéon, le 12 avril.UNE foule nombreuse s'est rassemblée, le 12 avril, de18 heures à 20 heures, au Panthéon, pour rendre hommageà la mémoire de Jean Mou<strong>lin</strong>, président <strong>du</strong>Conseil national de la Résistance, et réclamer l'extradition de sonassassin, Klaus Barbie. Les associations de résistants et de déportés,unies dans le Comité national de liaison pour la recherche etle châtiment <strong>des</strong> criminels de guerre, en appelant à cette manifestation,entendaient souligner leur vigilante fidélité aux idéauxpour lesquels tant de héros ont donné leur vie, et affirmer leurvolonté de justice.« En appeler à l'D.N.U. » •••<strong>La</strong> cérémonie commença avec l'arrivée de la flamme, prélevéeà l'Arc de Triomphe, accompagnée de <strong>La</strong>ure Mou<strong>lin</strong>, la sœur deJean Mou<strong>lin</strong>, et <strong>La</strong>zare Pytkowicz, le plus jeune compagnon de laLibération (photo ci-<strong>des</strong>sus). Avant que la foule ne défile devant letombeau de Jean Mou<strong>lin</strong>, l'actrice Jeanne Boitel donna lectured'une déclaration rédigée par Louis Martin-Chauffier, dont voicile texte intégral :<strong>La</strong> Résistance a toujours été opposée à la prescription <strong>des</strong> peinesinfligées aux grands criminels de guerre, comme à l'in<strong>du</strong>lgencequi, trop souvent, les protégea ou leur rendit la liberté.Trois raisons n'ont cessé de confirmer cette résolution: inspireespar la Justice, par la Morale, par la Sagesse.<strong>La</strong> Justice n'aurait plus aucun sens si elle cessait de poursuivreun criminel de guerre en liberté, et, par lassitude ou pour quelqueOn pourrait continuer longtemps àciter <strong>des</strong> exactions de la dictature.Contentons-nous de préciser que, depuis1954, date <strong>du</strong> coup d'Etat quiamena au pouvoir le général Stroessner,ancien membre d'une cellule nazie (13),l'état de siège, recon<strong>du</strong>it tous les troismois, n'est suspen<strong>du</strong> que 24 heures tousles cinq ans pour les « élections», cérémonieburlesque entièrement contrôléeet truquée, comme le dénoncent tousles documents déjà cités.Dans ce pays, où le revenu par personne- pour 65 % de la population -est à peine de 400 F par an ; où on citele cas jamais démenti de 60 enfantsmorts de faim en peu de temps dans unemême région (14) ; où l'analphabétismeest él~vé (au moins 40 %) ; « où il y a10 000 ouvriers, mais 20000 mitrailleuses,15000 instituteurs primaires,mais 40000 indicateurs, 67 % <strong>du</strong>budget national est affecté à l'Armée».Un simple détail : si . le Paraguaycompte 2 300000 habitants, il fautcompter, en plus, 700000 exilés politiquesou économiques, réfugiés généralementen Argentine (15).Pourquoi ce déchaînement de violencescachées, ces acharnements surun peuple innocent? Pourquoi, en outre,ce silence autour <strong>du</strong> Paraguay, cettecomplicité de l'information?Il est facile de répondre à la secondequestion : la censure est pratiquementtotale à tous les échelons, hormis l'alibi<strong>du</strong> journal d'opposition (d'ailleurs hebdomadaireet assez peu diffusé en dehorsde la capitale) ; pire, les correspondants<strong>des</strong> agences de presse internationalessont très liés au parti gouvernemental,la palme étant détenue par l'AgenceFrance-Presse dont le correspondant,M. Caceres Almada, est directeur de laradio et chef d'information de la Présidencede la République! (16),. .Une impunité scandaleuseautre raison plus obscure, renonçait à l'application de la loi,c'est-à-dire faisait de lui un innocent.<strong>La</strong> Morale ne peut admettre que le criminel échappe au châtimentquand les innombrables victimes de ses crimes n'ont paséchappé à la mort. Il n'y a pas de prescription pour les morts :ceux-là ne renaîtront pas. <strong>La</strong> morale ne connaît pas la mesure<strong>du</strong> temps. Ce qui est un crime demeure à tout jamais un crime,comme ses victimes demeurent à jamais <strong>des</strong> victimes.<strong>La</strong> Sagesse, devant l'horreur de ces millions de morts, assassinés,exige, pour que ces effrayantes hécatombes ne se renouvellentpas, que le châtiment soit exemplaire et n'épargne personne.Sinon, quelle provocation tentante, quelle invitation à recommencertant que l'homme n'aura pas changé, et que ses pires instinctssont tout prêts à persévérer dans le mal, pour peu qu'il le croieimpuni.Aujourd'hui, pendant cette veillée d'hommage à Jean Mou<strong>lin</strong>,chef de la Résistance nationale, torturé à mort, par Klaus Barbie,qui jouit depuis <strong>des</strong> années d'une scandaleuse impunité, <strong>du</strong>e à demultiples complicités, nous prions Monsieur le Président de laRépublique et le Gouvernement, qui ont jusqu'ici demandé, envain, hélas, au gouvernement bolivien l'extradition de KlausAltmann, pseudonyme de Barbie, d'en appeler, comme les loisinternationales le permettent, à l'Assemblée de l'O.N.V. afin que,la Justice, si longtemps et si souvent bafouée, soit enfin ren<strong>du</strong>e,la Morale rétablie dans ses droits, et la Sagesse rassurée quandelle songe à l'avenir.Une lettre <strong>du</strong> ministre <strong>des</strong> Affaires étrangèresLe M.R.A.P. qui s'associe pleinement à l'action <strong>du</strong> Comiténational de liaison pour la recherche et le châtiment <strong>des</strong> criminelsde guerre, avait invité ses adhérents à participer à la manifestation.Il était représenté par une large délégation, que con<strong>du</strong>isaientCharles Palant, vice-président <strong>du</strong> Mouvement, Albert Lévy, secrétairegénéral, Joseph Creitz et Dominique Krziwkosky, membres<strong>du</strong> Bureau national.Les raisons de la situation politiquesont, elles aussi, simples : 150 propriétairespossèdent 50 % de la terre, lasociété ADELA (aux capitaux mixtesEtats- Unis - Brésil) possède à elle seule2 millions d'hectares cultivables sur 40dans tout le pays, L'énergie électriquesur le fleuve Parana est réservée auBrésil, le pétrole <strong>du</strong> Chaco aux Etats­Unis, Il y a très peu d'in<strong>du</strong>stries importantesau Paraguay, Du point de vuemilitaire, ce n'est pas mieux : d'immensesrégions, dans leur totalité serventde bases aux Etats-Unis; <strong>des</strong> bataillonsde soldats brésiliens stationnént enpermanence dans le pays. Stroessner asigné un accord bilatéral avec le Brésil ,permettant l'occupation <strong>du</strong> territoireparaguayen sous le prétexte d'étouffer depréten<strong>du</strong>s mouvements subversifs. Ajoutonsque le Paraguay a envoyé <strong>des</strong> soldatspour soutenir l'invasion amencaineà Saint-Domingue et a proposéd'en envoyer au Vietnam; il a en outrefLe 27 mars, le M.R.A.P. s'était adressé à M. Maurice Schumann,ministre <strong>des</strong> Affaires étrangéres pour souligner l'émotion quipersiste, en raison de l'impunité 'dont continue de jouir l'ex-chef dela Gestapo lyonnaise, en dépit <strong>des</strong> démarches entreprises. LeM.R.A.P. exprimait le vœu « que toutes mesures soient prises pourexercer les pressions indispensables, tant d'une façon directe quepar l'intermédiaire <strong>des</strong> Nations Unies, pour que le gouvernementbolivien soit amené à accepter l'extradition de Klaus Barbie, conformémentaux textes votés par l'O.N.U. sur l'imprescriptibilité <strong>des</strong>crimes contre l'humanité ".Dans sa réponse, en date <strong>du</strong> 29 mars, M. Maurice Schumannécrit : « Je comprends d'autant mieux votre émotion que, commetous les membres <strong>du</strong> gouvernement, je la partage. Depuis le premierjour, il n'est pas une forme d'action ou d'intervention que nousn'ayons pratiquée ou explorée. L'intervention tout à fait exceptionnellede Monsieur le Président de la République en est lapreuve la plus éclatante ».1 Cette lettre nous paraît cependant appel~r quelques remarques.D'une pt, nous rappellerons ce titre <strong>du</strong> Monde (15-2-1972) :• Le gouvernement a été lent à réagir» ; la lettre <strong>du</strong> président de laRépublique au chef de l'Etat bolivien, pour demander l'extraditionde Barbie, date <strong>du</strong> 11-2-1972, alors qu'aucune protestation officiellen'a eu lieu lorsque, en juin 1971, le dossier de ce criminela été classé par la Justice ouest-allemande; on a peine à croireque la veritable identité <strong>du</strong> pseudo-Altmann, connue depuisplusieurs années en R.F.A. était ignorée <strong>des</strong> services françaiscompétents, au point que le tortionnaire de Jean Mou<strong>lin</strong> a pu,l'an dernier, venir à Paris, qu'il trouva • bien changé ». (LeMonde, 15-2- 1972).D'autre part, après la réponse désinvolte que le général Banzera opposée au président de la République, de nouvelles dispositionss'imposent, ainsi que le demandent, comme le M.R.A.P., lesorganisations de la Résistance et de la Déportation : nouvellesinterventions, pressions diplomatiques et ' économiques, appel àl'O.N.V., etc. C'est pour connaître les intentions <strong>du</strong> gouvernementque le M.R.A.P. avait écrit au ministre <strong>des</strong> Affaires étrangères.Après la manifestation <strong>du</strong> Panthéon, la question est solennellementposée. 1pris part au coup d'Etat bolivien <strong>du</strong> moisd'août dernier (17),En d'autres .termes, le Paraguay estune colonie déguisée à la fois <strong>du</strong> Brésilet <strong>des</strong> Etats-Unis. Le régime est tellementdiscrédité et haï <strong>du</strong> peuple qu'ilne peut empêcher le soulèvement généraique par une répression sanguinaire.Les maillons d'une chaîne<strong>La</strong> présence allemande, très forte enBolivie et au Paraguay, est-elle un faitdéterminant ou annexe pour expliquer lavenue <strong>des</strong> criminels de guerre nazis?Il semble bien qu'il ne s'agisse pas là<strong>du</strong> point fondamental, comme le montrentles faits suivants :Au Chili, au Mexique, où vivent depuislongtemps de nombreux Allemands, laprésence nazie n'a rien d'extraordinaireet, en tout cas, rien d'offidel. Par contre,en Argentine, le nord <strong>du</strong> pays est unfoyer d'anciens nazis de premier ordre,(<strong>La</strong> collusion de Peron avec l'Axe, pendantla guerre, est bien connue; d'autrepart, le nord de l'Argentine est toutproche de la Bolivie et <strong>du</strong> Paraguay).Notons cependant que, contrairement àce qui se passe dans les pays que nousavons regardés plus en détails, les nazisn'y sont pas ouvertement protégés niutilisés par le régime (le gouvernementactuel de <strong>La</strong>nusse, bien que très lié auxEtats-Unis, n'a pas exactement lesmêmes métho<strong>des</strong> que ceux de Banzeret de Stroessner). Le Brésil, qui s'estdonné depuis le coup d'Etat <strong>du</strong> 31 mars1964, un régime de terreur (où la torture,la sous-alimentation, le massacre <strong>des</strong>Indiens et les interventions à l'étrangersont officiellement masqués parquelques réalisations de prestige), a éga­Iement un faible pour les hitlériens, maisceux-ci n'étaient pas vraiment légionavant le coup d'Etat.En fait, ce sont surtout les caractéristiques<strong>des</strong> ré'gimes sous lesquels ontvécu les différents pays pendant et aprèsla guerre (maintenant y compris) quisituent le nombre et 19 rôle <strong>des</strong> anciensSS et amis,Le problème s'est donc déplacé: notrebut premier était d'étudier les nazis enAmérique latine, mais finalement on voitque les anciens <strong>du</strong> Reich ne sont qu'unmaillon de toute une chaîne de corruptionet de violences latentes ou ouvertesqui constituent en fait l'expression d'unphénomène général : le pillage <strong>des</strong>richesses nationales par les gran<strong>des</strong>compagnies étrangères, grâce à l'aideconstante de la C.I.A. et de marionnetteslocales dirigées de Washington et grassementpayées. Le problème n'est pasdifférent à Singapour, au Sud-Vietnam ...Terminons sur une note optimiste : ilya quinze ans, Cuba était aussi le paradisde la drogue, de la corruption , de la prostitution,Le peuple cubain a réussi à sedébarrasser de cet état de faits catastrophique; d'autres pays ont pris le cheminde l'indépendance et de l'assainissement.Souhaitons bonne route à ceux quisont encore dans la nuit.Ernest BRASSEAUX(1) Cf. Kiesinger ou le fascisme subtil (BeateKlarsfeld et Joseph Billig).(2) Voir Journal de voyage en Amérique latine(Jacques Arnault, 2 tomes, Editions Sociales).Cet ouvrage est, en plus, très agréable à lire.(3) Europe (numéro spécial) : littérature <strong>du</strong>Paraguay (21, rue de Richelieu, Paris-l·').(4) Un tour d'horizon intéressant, mais très discutable,<strong>des</strong> partis politiques boliviens se trouvedans le quotidien de <strong>La</strong> f.'az, Presencia, <strong>du</strong> 6 août1970.(5) Cf. Droit et liberté de février et mars 1972.(6) Tout le monde se connait ou presque, dansla haute société, à <strong>La</strong> Paz .(7) <strong>La</strong> revue chilienne <strong>La</strong> Firme, en ban<strong>des</strong> <strong>des</strong>sinées,explique ces trafics dans son nO 23 (EditeurQuimantù,. Santiago). .(8) Voici diverses références : <strong>La</strong> Razon, 10 novembre1970 et 25 novembre 1970 (BuenosAires) ; Avanti, 1·' novembre 1970 (Rome) : Time,20 septembre 1971 ; Avanti, Avvenire, L'Unità <strong>du</strong>7 au la octobre 1971 .(9) Cultures et développement, UniversitéCatholique de Louvain. Chacun devrait avoir lu cedocument, 62 Tervuurse Vest, 3000 Louvain (Belgique).(la) Cf. « Un infierno sin ley ni piedad : el Paraguayde Stroessner » (Un enfer sans loi ni pitié: leParaguay de Stro'essner), Comité Chilien de Solidaritéavec les Peuples d'Amérique latine.(11) Rapport Bouaziz-Schooyans, page 17.(12) Rapport, pages 6 et 7 .(13) Stroessner créa pendant la guerre 1939-45la première organisation fasciste <strong>du</strong> Paraguay :les réunions se tenaient en présence <strong>des</strong> membresde r ambassade hitlérienne (Humanité-Dimanche;nO 297).(14) Panorama dei Paraguay (Hugo Campos).Editorial Dias.(15) Rapport , paÇle 6.(16) Rapport, page 24.(17) <strong>La</strong> Opinion (Buenos Aires), 21 août 1971 .18DROIT ET LIBERTE - N° 312 - AVRIL-MAI 197219


-Pour la première foisl'ouvrageque chacun attendaitcinllsationsle livre club Diderot présenteRESISTANCEa:;oL 'orchestre de la Société El-Mossilia - El Djazaïria. -A gauche,' <strong>La</strong> chanteuse Noura,~ 0 ~L'Algérie révélée\par Alain Guérinpréface de Louis Saillantpostface de Robert Volletla seule grande fresquequi embrasse 20 années de combatspour la liberté,6 volumes, 3000 illustrations,en souscription·......................................• BON de documentation gratuite :à retourner au Livre Club Diderot :146 rue <strong>du</strong> Faubourg-Poissonnière Paris 10' :Intéressé par la collection "la Résistance" :Je désire être documenté sans aucun engagement de ma part.Nom et prénom 'Profession :Adresse complète ... • .... .............................. DL: ..Tristesse d'une Amedéplorant l'absence !. ..E"e tremble comme un rameauJeune qu'a fatigué,le passage d'une aversepleurant ses gouttelettessur les tendres feuilles .. ,AI-BOUHTOURI (819-8971,DURANT la Semaine Culturelle quia eu lieu tout récemment auThéâtre <strong>des</strong> Champs-Elysées,l'Algérie s'est révélée à nous à traversles multiples visages de sa culture. Sicertains aspects sont très élaboréscomme la musique ou la peinture, - plusprécisément la miniature - -, et témoignentd'une longue tradition, d'autressont encore à leur tout début, et révèlentbien <strong>des</strong> tâtonnements comme lecinéma ou le théâtre par exemple.C'est ainsi que la miniature était pratiquéeau Moyen-Age dans tout lemonde musulman, l'artiste de l'époquecherchant à exprimer les menus faits deCour avec élégance et grâce,Racim, en Algérie a pris la relève;avec sensibilité et fantaisie, il fait revivresous nos yeux la société algérienned'antan. <strong>La</strong> peinture proprement dite estune école relativement _jeune, toutencore marquée d'un certain conformismede genre et de composition à« l'occidentale», exception fàite toutefoisde certains éléments d'avant-gardequi cherchent leur voie, et essaient detra<strong>du</strong>ire un art plus personnalisé. C'estle cas d'un Ali Khodja, d'un Benanteurdont la calligraphie abstraite nous estdéjà familière, d'Un Issiaken d'espritsurréaliste ou d'une Baya au mondechimérique, teinté de rêve et de mystère...Art jeune également que le cinémaet le théâtre; le premier, né de la révolution,ne pouvait que tra<strong>du</strong>ire parl'image le combat mené par le F.L.N.contre le colonisateur. Ausst, point derecherche, point d'effet dans la miseen scène ... au contraire, <strong>des</strong> imagesbrutes taillées dans le vif, poignantescomme la réalité, exception faite, oeutêtrepour « Le vent <strong>des</strong> Aurés» qui nousa été présenté,Le théâtre, lui non plus, n'a pas encored'assises soli<strong>des</strong>, ni acquis sa pleinematurité. Rouiched, pourtant s'efforce,tout en créant <strong>des</strong> pièces « populaires»,d'aborder certains thèmes politiques.Dans « Les concierQes», il décritavec beaucoup d'humour et dans unstyle très couleur locale les séquellesde la colonisation.Le Ballet national et le classiqueandalou ont eu, semble-t-il, les faveu rs<strong>du</strong> public : danses constantinoises auxfoulards multicolores, danses de Tindoufau rythme marqué d'influence africaine,danses touaregs très spectaculaires dontl'origine remonte loin dans la nuit <strong>des</strong>temps.Avec la musique classique andalouse,nous abordons un domaine très élaboré,très ancien. " fut un temps où unechanteuse s'accompagnant sur un instrumentà cor<strong>des</strong> apparaissait aussiindispensable que ne l'a été le pianodans toute bonne maison « respectable»<strong>du</strong> XIX· siècle; la mélopée proprementdite, n'apparut que plus tard,après la <strong>des</strong>truction de Bagdad par lesMongols, Par la suite, la gamme dePythagore, qui influença la Perse etByzance s'intro<strong>du</strong>isit aussi chez lesArabes, et l'on aboutit à une musiquetrès architecturée.L'amour y tient tout naturellement unegrande place, mais c'est de l' « amourcourtois» qu'il s'agit, tout en nuance,subtilité, et molle pudeur à l'égard de labien-aimée. Cette musique influençapassablement la musique religieuse etorofane occidentale; et de nombreuxthèmes furent repris par les troubadours.Le cheminement se fit tout naturellementpar les Pyrénées, à travers de multiplesrelais, celui notamment <strong>des</strong> marchandsqui, à l'ombre <strong>des</strong> riches abbayesclunisiennes établissaient <strong>des</strong> comptoirstout au long de cette route, également<strong>des</strong> moines, <strong>des</strong> prêtres, de nombreuxérudits juifs dont le rôle n'est pas ànégliger ... <strong>La</strong> note finale de la SemaineCulturelle a été donnée, entre autres,par un spectacle de variétés où le chanteur<strong>La</strong>mari a ren<strong>du</strong> hommage à lamémoire de Guevara.Ainsi, l'Algérie, qui s'efforce deretrouver sa personnalité, sa spécificité,essaie également de s'ouvrir aumonde, à l'universel .. , C'est le proprede toute culture qui se veut diQne de cenom. Nous ne pouvons que l'encouragerdans. cette voie ...Malika PONDEVIE.DROIT ET LIBERTE - N° 312 - AVRIL-MAI 197221


-cinétn3xxe Le siècle et ses «sales guerres»NOTREsiècle a été, est marquépar <strong>des</strong> guerres qui se caractérisentpar leur barbarie, l'anéantissement<strong>des</strong> populations civiles, l'emploisystématique de la torture et d'armessupra-efficaces.<strong>La</strong> «grande guerre», celle de 1914.C'est Il Johnny got his gun Il, de DaltonTrumbo. Cette œuvre écrite juste avantl'éclatement de la' « drôle de guerre »,celle de 1940, relate l'histoire atrocede Joe, chair inerte, sans bras, sansjambes, sans nez, sans bouche, sansoreilles, sans yeux, mais ... vivante etconsciente. Un obus a fait de lui cette« chose», mais sa vue ne doit pas troublerles gens normaux; il est et resteradonc un secret militaire que l'on assassineraune seconde fois en augmentantsa claustration, en étouffant son messagehorrible, parce qu' il semble venird'outre-vie. Voilà le plus beau <strong>des</strong> « filmsde guerre» parce que contre la guerre,tendre et d'une déchirante beauté.Alors, le Vietnam? Trois films, présentésau Studio Cujas sous l'égide de l'Asthéâtre______________________________________ ~David, la nuit tombeVOICI une pièce intéressante, dont comme indivi<strong>du</strong> et non comme représentantd'un peuple. Il pose le problèmele personnage central est interprétépar <strong>La</strong>urent Terzieff. C'est juif en le refusant. Chaque indivi<strong>du</strong> doitdire tout le talent et le caractère bouffonqu'il donne à David <strong>La</strong>zarus, écrivainposer le problème pour lui-même. « Iln'y a pas eux et nous. Il y a nous. »raté, qui vivote de l'aumône <strong>des</strong> Son amie Bella Fenton voit en lui leconfrères en renom.Entre David et Edouard Nichols, ecnvainen mal de sujet et qui a trouvé ence poète misérable un thème d'étude,s'établit une relation de culpabilité et devengeance. Nichols a « collaboré» pendantla guerre et il voit en David qui estd'origine juive, le représentant de larace persécutée. Mais celui-ci n'entrereprésentant d'une race élue, un personnage« particulier». Ce sont là <strong>des</strong> préjugés,non <strong>du</strong> racisme. « On n'échappepas à sa religion, au besoin de se réuniren troupeau», dit-elle. Mais David n'ycroit pas: « Je ne crois en rien. Aide-moi.Le monde m'ignore.»Pour qui est familier <strong>des</strong> problèmesaigus que pose la position raciste vis-àvispas dans son jeu. Certes, il hait sonde toutes les minorités opprimées,propre nom , mais il ne fait pas de l'antisémitismeun problème. <strong>La</strong>urent Terzieff,lors d'un débat qui suivit la représentation,rappëla à ce sujet cetteréplique : « Pendant la guerre, c'étaitmon problème. Maintenant, c'est votreproblème». David est athée, il n'a paspeur <strong>du</strong> suicide par exemple, c'est soncôté dostoïevskien. Il veut être traitécette approche de l'antisémitisme dansla pièce reste un peu sommaire etseulement ré<strong>du</strong>ite à l'état d'esquisse.Jean-Claude ANTOK* Il David, la nuit tombe 1>, de BernardKops, au Théâtre de l'Atelier. Mise en scèned'André Barsacq .Semaine tzigane de l'amitié<strong>La</strong> Maison populaire de MontreUil aorganisé une « Semaine tzigane de l'amitié»,<strong>du</strong> 21 au 26 mars 1972.Elle connut un extraordinaire succésgrâce à la collaboration <strong>des</strong> Roms (Tziganes)et de leurs .amis « gadgé» (nonTziganes).Plusieurs films y furent présentés :« Django Reinhardt » de Paul Paviot,« Derrière la fenêtre» de Jean Schmidt,« J'ai même rencontré <strong>des</strong> Tziganes heureux»d'Alexarider Petrovic. Les projec-22tions furent suivies de discussions animéesentre Tziganes de toutes origines et auxquellesparticipèrent de nombreux dirigeantset artistes roms. Janine Bousquetreprésentait le M.R.A.P.L'après-midi-cabaret <strong>du</strong> dimanche quiclôturait la semaine remporta aussi unénorme succès : les meilleurs artistes roms,présentés par Vanko Rouda, président <strong>du</strong>Comité international Rom, se succédèrentsur la scène.sociation d'Amitié franco-vietnamiennele racontent de « l'intérieur» de tellefaçon qu'on a l'impression d'avoir jusqu'àprésent tout ignoré de ce sujet.C'est le Il Cinéma d'un peuple aucombat Il. Sur un fond de fumées d'incendies,on travaille la terre, sous cetteterre atrocement pilonnée et que lesAméricains ont voulu transformer endésert pour couper le Sud et le Nordon apprend à lire, à écrire, <strong>des</strong> enfantsnaissent. Et partout et toujours, lesplaisanteries fusent, les rires sonnent,le courage serein d'un peuple opiniâtreaccroché à son sol est présent.J'ai gardé pour la fin, « la guerre quin'a jamais di\ son nom», celle qui a tuéun million d'Algériens et 20000 Français,la « sale guerre» d'Algérie.Le film d'Yves Courrière, Il <strong>La</strong> guerred'Algérie Il, est celui qui m'a le plusbouleversée, peut-être parce que j'aiconnu <strong>des</strong> Algériens traqués, parce queje l'ai ressentie comme nous tous, vécueen partie, parce que nous avons tous vu(et fait quoi alors?) les « ratonna<strong>des</strong>»,les vérifications incessantes d'identitésur tout « ce qui était basané »...Ce film est une gifle, un coup de poingau spectateur... avec <strong>des</strong> manquesgraves cependant. Ainsi, l'action <strong>du</strong>Parti communiste français, <strong>des</strong> PiedsNoirs libéraux et partisans de l'indépendanceen Algérie, l'appui constant<strong>des</strong> peuples marocains et tunisiens voisinssont plus . ou moins escamotés.Mais ... ne chicanons pas; il reste uneœuvre claire, documentée où tous cesmorts, ces pantins politiques aux formulescreuses (Le coq gaulois se réchaufferatoujours les ergots dans lesable chaud <strong>du</strong> Sahara proclame,par exemple, M. Debré !...) condamnentsans appel l'indifférence et la passivité.Ce qui sourd surtout de cette œuvrepercutante, c'est le racisme, pire, l'indifférence.Visiblement, pour ces PiedsNoirs, ces soldats, l'Arabe fait partie<strong>du</strong> . paysage, sans plus.Yves Courrière a bien fait de s'enremettre, comme il l'a dit, « au pouvoird'évocation de l'image qui dépasse souventl'analyse écrite la plus sérieuse,la plus fouillée». Son film, montageconstitué de documents authentiquespuisés dans les archives françaises, américaines,yougoslaves, est à voir partous ceux qui refusent le mensonge, la<strong>du</strong>perie et surtout l'injustice.Marie-France SOTTET.histoireLe message <strong>du</strong>'ghetto insurgéT E 16 avril 1943, rèunis en prèsence de Himmler, les dirigeantsL nazIs de la Pologne occupée mettaient au point l'actionfinale contre le ghetto de Varsovie, prévue pour le 19,comme cadeau d'anniversaire <strong>du</strong> Führer. Il s'agissait de rendrela ville judenrein (vide de juifs). L'opération devait <strong>du</strong>rer troisjours. Mais les agresseurs se sont heurtés à une population décidéeà se battre. Et la résistance s'est poursuivie plusieurs semaines,et même plusieurs mois.<strong>La</strong> première attaque, le 19 à l'aube, se soldait par un écheccuisant : les nazis, laissant de nombreux morts et blessés sereplièrent en désordre. Ce soir-là, un groupe de combattants Juifsreligieux célébrèrent la Pâque dans un bunker, et, emplissant leursverres d'un vin qui leur semblait <strong>du</strong> sang, dédièrent leurs chants àla premiére victoire de « Ghettograd ».<strong>La</strong> guerre de 1939-4 5, avec ses atrocités, avec ses héros, nesaurait devenir un événement lointain, figé dans les livres d'histoire.Tout doit être fait pour empêcher l'oubli. C'est pourquoi nouscélébrons, en ce 2g e anniversaire, la révolte <strong>du</strong> ghetto de Varsovie,épisode marquant, instructif entre tous, de cette période dramatique.Si Sta<strong>lin</strong>grad a été la première grande défaite hitlérienne sur lefront, le ghetto de Varsovie a infligé aux nazis leur première défaitemilitaire et morale à l'arrière : dans aucune ville occupée, jusqu'alorsn'avait eu lieu une insurrection de cette ampleur.Les pionniers de la résistance active ont d'emblèe considéréleur combat ~omme une partie de la lutte de tous les peuples.Et ce, maigre les obstacles, l'indifférence, les incompréhensionsqu'ils o~t re.nc~ntrés de la part de ceux qui auraient dû leur apporterun soutien mdlspensable.<strong>La</strong> premiére organisation unifiée <strong>du</strong> ghetto, le Bloc antifascistegroupait les sionistes de gauche (Hachomer Hatzaïr, Hechaloutz)et les communistes; d'autres s'y sont joints par la suite, en particulierles groupes religieux.11 est intéressant de citer deux messages. L'un, parti <strong>du</strong> ghettode Varsovie le 13 janvier 1943, porte ce titre: « S.O.S. Appel àl'étranger <strong>du</strong> Comité national juif, pour secours et armes ». Adresséà New York, à l'intention de Stephan Weise, Nahum Goldmannde l'Arbeiter Ring (Bund), et <strong>du</strong> « Joint », on peut y lire: « Nou~vous informons <strong>du</strong> plus grand crime de tous les temps: l'assassinatde plus de 3 millions de juifs de Pologne, et face au dangerd'extermination qui pése sur les 400000 survivants, nous vousdemandons : 1. vengeance contre les Allemands; 2. <strong>des</strong> mesuresP?ur forcer les ~tlériens à arrêter le massacre; 3. <strong>des</strong> armes pourdefendre notre vie et notre honneur; 4. l'établissement de contactspar un délégué dans un pays neutre; 5. le sauvetage de 10 000enfants par échange; 6. 500 000 dollars pour la défense et lesecours. Frères, le restant <strong>des</strong> juifs de Pologne vivent avec laconscience que dans les jours les plus terribles de notre histoire.vous ne nous avez pas apporté secours. Répondez. Ceci est notredernier appel. Comité national juif de Pologne. )1DROIT ET LIBERTE - N° 312 - AVRIL-MAI 19720::.oDeux combattantes <strong>du</strong> ghetto de Varsovie, faites prisonnières par les nazis.L'autre message, parvenu de l'étranger aux juifs de Varsovieest ainsi rédigé : « Nous cherchons le moyen de communique;avec vous et de vous aider. Malheureusement, nous nous heurtonsà une résistance insurmontable, et à l'indifférence de ceux qui ontdans les mains les moyens de vous sauver. Pour le Comité poursauver les juifs dans l'Europe occupée: Isaac Grinbaum. »Dans leurs souffrances, dans leur détresse, les juifs <strong>du</strong> ghettode Varsovie firent preuve, jusqu'au dernier jour, d'une dignité,d'un héroïsme qui forcent l'admiration.Quelques faits, entre <strong>des</strong> milliers. Ha<strong>lin</strong>ka Rochman, une <strong>des</strong>plus ~eunes i~surgées , fille unique de parents riches et religieux,formee parmi les lycéens dans les idées révolutionnaires, refusede rejoindre sa famille dans un refuge « sûr» hors <strong>du</strong> ghetto, avecde « bons» papiers. « Je ne m'appartiens pas, écrit-elle, ma placeest avec mes camara<strong>des</strong> de combat. »Pendant la bataille <strong>du</strong> 27 avril, elle est attachée au groupe decombat <strong>du</strong> 74, rue Leszna, dirigé par l'une <strong>des</strong> plus héroïquescombattantes <strong>du</strong> ghetto, Rouja Rosenfeld. Ha<strong>lin</strong>ka aperçoit unfusil braqué sur Rouja. Sans hésiter, elle la protège de son corps.Elle tombe et meurt.Cinq jours plus tard, dans ce même bunker <strong>du</strong> 74, rue Leszna,17 insurgés tëtent le 1 er mai. Un survivant, Bernard Borg raconte:« Nul d'entre nous n'a un instant mis en doute les paroles prononcéespar le vieux militant communiste Feingold : « Notre luttedéclara-t-il , aura une grande signification historique, pas seulemen~pour le peuple juif, mais pour toutes les Résistances d'Europe quicombattent l'hitlérisme les armes à la main ». Nous avons chantél'Internationale, sachant qu'approchait notre dernier combat,notre fin ».Leur sacrifice héroïque n'a pas été vain : la victoire sur lenazisme est la leur, comme celle de tous les peuples qui ont pris~art a~x luttes libératrices. Mais celte victoire, il reste à la parfaire,a la defendre en permanence. Après la « drôle de guerre », où l'ona vu se manifester tant d'étranges complicités avec l'ennemi et quin'était que la continuation d'une « drôle de politique ):, faited'atermOiements et de consentements tacites, bien <strong>des</strong> contradictionssubsistent entre les paroles et les actes, quand nousn'assistons pas au renversement pur et simple <strong>des</strong> alliances. Alorsque tant de criminels nazis ont refait surface et qu'un Klaus Barbiese joue avec facilité de ceux qui réclament son châtiment; alorsq~e I:?n parle c~niquement de rendre son honneur à Pétain, qu'onfait 1 eloge public de Xavier Vallat et qu' « Ordre Nouveau » faitdéfiler ses troupes de choc dans Paris, une extrême vigilances'impose, et le combat <strong>des</strong> mêmes contre les mêmes continue.Alexandre CHIL-KOZLOWSKI.23


1 E jeune ouvrier Marcel Rajman aurait,L le 1 er mai prochain, 49 ans, siles balles nazies n'avaient pasfauché sa vie en sa vingt et unième année.Il y a 30 ans, ce jeune. travailleur,par la force de son idéal, par la fermetéde son caractère, atteignit les sommets<strong>du</strong> courage humain jusqu'au fameuxprocès <strong>des</strong> Vingt-Trois et à sa fin héroïque,face au peloton d'exécution.Né le 21 mai à Varsovie, il arrive àParis avec ses parents à l'âge de huitans. Il fréquente l'école publique~ commetous les enfants français, ainsi que lespatronages organisés par les milieuxprogressistes juifs·. Il est également unardent sportif <strong>du</strong> club « Yask».Vient l'occupation. Marcel estsecrétaire <strong>des</strong> Jeunesses communistes<strong>du</strong> 11 e arrondissement de Paris. Decaractère combatif, il insiste pour êtreadmis dans les groupes armés quicommencent à harceler l'occupant.Son entrée au 2 e détachement <strong>des</strong>Francs-Tireurs et Partisans · est unevéritable révélation. Il se distinguepar son audace dans toutes les actionsqui lui sont confiées.Enumérer tous les actes nèroïques24lu ...• «Promotion féminine etdéveloppement li signale · lacréation d'un cours de françaisaudio-visuel pour jeunesfemmes étrangères de 16 à25 ans à partir d'avril. S'adresserà l'association, 129, avenueFoch, Fontenay-sous-Bois.Tél. : 873-56-69.• Les Editions Masperoont publié un important ouvragesur l'immigration enFrance : «Bidonvilles li, étudefaite par Monique Hervo etMarie-Ange Charras, et axéesur un bidonville de Nanterre.Marcel Rajmande « l'Affiche Rouge»Le samedi 6 mai, à 15 heures, une plaque sera iqaugurée l, rue <strong>des</strong> Immeubles­Ind~striels, à Paris (Ile), sur la maison où vécut Marcel Rajman, fusillé par lesnazIs au début de 1944. <strong>La</strong> cérémonie, organisée à l'initiative <strong>du</strong> Comité local delibération <strong>du</strong> Ile arrondissement, regroupera toutes les organisations de la Résistance.A cette occasion l'historien, David Diamant, auteur de l'ouvrage « Les juifsdans la Résistance française li, évoque la vie et les combats de ce jeune héros, dontle nom reste associé à la fameuse « Affiche rouge li que l'occupant fit alors placarderdans toute la France. .• A Perpignan, la rencontreannueUe de l'Associationrégionale <strong>des</strong> amis <strong>du</strong> cinéma(26 mars - 3 avril) avait pourthème : 1( Réflexions sur laquestion juive au cinéma li.vu ...• Le Comité français· <strong>des</strong>olidarité et de soutien aupeuple paraguayen organise le15 mai à 20 h 45, dans legrand amphithéâtre de laFaculté de droit, un spectaclesur le thème : « Expressionde la lutte <strong>du</strong> peuple paraguayenau travers de sa musique,ses · chants, ses danses li.• Le Festival panafricain<strong>du</strong> cinéma de Ouagadougou adécerné son grand prix à« Wazzou polygame li d'OumarouGanda (Niger).• L'UNESCO vient de publierune seconde édition, revueet mise à jour de L'apartheid,ses effits sur l'é<strong>du</strong>cation, lascience, la culture et l'itiformation.• Avec le concours <strong>du</strong>centre de langue arabe d'Algeret de l'Association France­Algérie, deux sessions d'arabedialectal algérien sont organi-de Marcel Rajman n'est pas possibledans le cadre de ce bref article. Mentionnonsnéanmoins un <strong>des</strong> plus éclatants.Le docteur Ritter était le représentanten France <strong>du</strong> docteur Sauckel, legrand négrier <strong>du</strong> Reich (condamné parle Tribunal allié de Nuremberg); il avaitpour objectif de déporter 500 000 travailleursfrançais (Service de tra~ail·obligatoire). <strong>La</strong> Résistance unanimecondamna Ritter à mort. L'exécution eutlieu le 28 septembre 1943 de la mainde Marcel Rajman.En automne 1943, Marcel Rajmanfut arrêté à son poste de combat, parmicent huit rési!!tants. C'est en février1944, que les nazis organisèrent leprocès <strong>du</strong> groupe Manouchian- Rajman.Dans la presse, par 1'« affiche rouge»,une campagne antisémite et xénophobemonstre fut développée pour discréditerla résistance de la nation française enprétendant qu'elle était menée par la« pègre internationale» et par le « judaïsmeocculte». Le peuple de Franceapprit ainsi le rôle patriotique <strong>des</strong> combattantsimmigrés vivant en France.Sur les affiches <strong>des</strong>tinées à les calomnier,<strong>des</strong> mains traçaient cette inscription: « Ils sont plus Français quePétain et <strong>La</strong>val».Tous les condamnés se comportèrenten patriotes français. Marcel Rajman,après trois mois de tortures, fit face enhéros, à ses bourreaux. Comme ils luidemandaient pourquoi, étant étranger,il se livrait au « terrorisme», il réponditvaillamment CI Je me considèrecomme un soldat français en luttecontre l'armée allemande Il.Tant de courage, cette volonté,étant prisonnier, d'assumer pleinementses actes, exaspérait les juges, quis'exhibaient comme les « sauveurs» dela France, de l'Allemagne et de la civilisation.On présentà Marcel comme unvil tueur. En réalité, c'était un garçondoux, aimé de tous.Selon l'Antiquité grecque, romaineet juive, quand il allait naître un héros,un ange <strong>du</strong> ciel venait· l'annoncer à samère. L'histoire contemporaine prouvequ'on ne naît pas héros. Un ouvrier, unemployé, un étudiant, un intellectuel,par son idéal de liberté et de fraternité,peut s'élever à l'héroïsme. Ce fut le casde Marcel Rajman.David DIAMANTenten<strong>du</strong>sées à Valenciennes et Lyon,<strong>du</strong> 3 au 22 juillet 1972, àl'intention <strong>des</strong> Français soucieuxd'entrer en communicationavec les Maghrébins etde découvrir les richesses de laculture arabe. Renseignements :A.P.E., 26, avenue Saint­Amand, 59-Valenciennes• <strong>La</strong> C.G.T. a édité unebrochure relative à l'immigrationintitulée (( Pour unepolitique de l'immigrationcoTiforme aux intérêts <strong>des</strong> travailleursfrançais et immigrés )).lI~es<strong>La</strong> mulâtresseSolitudeIL me souvient d'une peinture tropicale,115 cm X. 65. Exécutée avec une tellelégèreté de touche, qu'on eût à peinerempli à moitié un dé à coudre de la matièrecolorante utilisée. Pourtant, <strong>du</strong> rayon perçantla brume crépusculaire, à l'homme qui,pantalons retroussés, pataugeait dansl'écume de la vague battant les flancsd'une barque de pêche, tout criait la vie.Parfaitement symboliques et vrais, cadreet personnages semblaient représentertout à la fois, chacune <strong>des</strong> criques de lacôte caraïbe.Il en est de même de la fresque d'AndréSchwarz-Bart « <strong>La</strong> mulâtresse Solitude».Une épopée qui tient en peu de texte.En première page, un bref communiqué,extrait de « l'Histoire de la Guadeloupe»de Oruno <strong>La</strong>ra : « <strong>La</strong> mulâtresse Solitudeallait être mère; arrêtée et emprisonnée,elle fut suppliciée dès sa délivrance, le29 novembre 1802.»Dans quelle mesure le récit déborde-t-ilde la stricte rêalité? Mystère. Docile, le~ecteur ~uit l'écrivain. Dès la première pageIl se salt en compagnie d'un poète.Non pas que J'auteur <strong>du</strong> « Dernier <strong>des</strong>Justes» et <strong>du</strong> plus récent « Un plat deporc aux bananes vertes» lui soit étranger.Acuité d'observation, de sensibilité, puissanceà la fois âpre et discrète d'unelangue tout ensemble dépouillée et émouvante,précise, robuste, rass\lrante... tousl'ont apprécié. Tous ont applaudi à l'originalité<strong>du</strong> sujet <strong>du</strong> premier livre consacréaux Antilles, signé aussi de Simone Schwarz.Bart : « Un plat de porc aux bananesvertes». Drame de la vieillesse compliquéde celui de la race.On fait retour au passé dans « la mulâtresseSolitude». Le drame est celui <strong>du</strong>métissage à son début, aux premiers tempsde l'esclavage aux îles Caraïbes. En moinsde cent cinquante pages, un exposé toutnet de faits, dans un éclairage procédantpar brefs jets de lumière, qui n'insistejamais sur l'émotion et refuse toute complaisanceau folklore.Voici, au long d'une vie sobrementcontée, mise à découvert, l'historique <strong>du</strong>commerce qui fit la fortune <strong>des</strong> p(\rtsfrançais de l'Atlantique au 18e sièclele « commerce <strong>du</strong> bois d'ébène» entr~DROIT ET LIBERTE - N° 312 - AVRIL-MAI 1972l'Ouest africain et les In<strong>des</strong> occidentales.Voici le ramassage, l'embarquement, letransport, le déballage <strong>des</strong> cargaisons,avec les usages et utilités de la traversée :poubelles sans fond: l'océan pour cadavreset pourritures, le ventre <strong>des</strong> femelles noirespour semence <strong>des</strong> ivrognes.Voici, après le voyage, la venue aumond~ d'un de ces fruits de la « pariade »,cette etrange coutume jetant soudain lesmatelots ivres sur les ventres noirs lavésà gran<strong>des</strong> giclées d'eau de mer.Désaxée, sans amour, sans racines, lapetite Rosalie, comme « si le cordonombilical n'eût pas été réellement coupé »,se raccroche désespérément à sa mères'étiole, se meurt dès qu'on l'en éloigne:Ni tout à fait blanche, ni tout à fait noireRosalie « petite feuille jaune » arrachée d~sein maternel, ballotée d'un marché àl'autre, en dépit de son surnom « Deuxâmes»se définira elle-même Solitude.Réellement dépossédée d'elle-même errante~elle vivra, les larmes plein les ·~eux,par nu les esclaves le temps d'une libertééphémère ou la <strong>du</strong>re existence <strong>des</strong> marronsrévolt~s. Absente d'elle-même, étrangère àtous, Il faudra qu'on lui reconnaisse lestraces <strong>des</strong> sévices, « l'odeur <strong>du</strong> pourrissoir »pour rad mettre au sein de la communauté.« On Jet.a une couverture sur ses épauleset la creature demeura assise nue devantle feu, à regarder les uns et le~ autres avec<strong>des</strong> yeux de malheureuse qui tantôt semblaientdénués de vie, tantôt luisaient d'uneamitié de toujours qui n'avait pas de commencementni de fin ... Ils appréhendaientque ne se posent sur eux les yeux de lasuppliciée. »Une vente d'esclaves.« Toujours flottant entre l'état de veilleet le rêve-», Solitude leur prouvera qu'ellea « un beau cœur de négresse dans lapoitrine». Elle choisira d'aimer d'amourl'un <strong>des</strong> siens, de se jeter dans la luttede prendre la tête d'un commando d~ré~oltés. Viendront les répresseurs, émissaIres<strong>du</strong> Premier Consul, la condamnationà mort... l'exécution.André Schwarz-Bart se veut romancierplus qu'historien. C'est donc un romantraité avec sobriété et pudeur extrêmesqu'il propose au lecteur.Mais c'est aussi, dans toute leur nudité<strong>des</strong> traits de l'histoire de l'homme à enre~gistrer. Dans l'intérêt de tous.Des Français, bien sûr, curieux de leurpropre passé, <strong>des</strong> expéditions, <strong>du</strong> comportement<strong>des</strong> premiers colons, cadets denoblesse ou roturiers, militaires en rupturede .. c.ampagnes, paysans en mal de propnetesternennes, engagés de trente-sixmois... Ceux dont les souches ont faitleurs cousins et collatéraux portant encoreavec ou sans particule, avec ou sa~s pig~ments de peau, <strong>des</strong> noms de par ici.Des Français, oui, mais surtout <strong>des</strong>Antillais, intéressés au premier che'f. Etles hommes de couleur, de quelque continentqu'ils se réclament.Fils et petits-fils de toutes les Bayangumay,?~ .toutes les Solitude <strong>du</strong> troupeau,fils, hentlers <strong>des</strong> « marrons» intraitables<strong>des</strong> Delgrès héroïques, <strong>des</strong> martyrs d~l'esclavage, <strong>des</strong> conquérants de leur dignitéde leur liberté d'aujourd'hui.'Ils y découvriront comme moi, plusencore que d'émoi, matjère à pure fierté.Marie-Magdeleine CARBET.25


<strong>La</strong> conférence de presse, au siège <strong>du</strong> M.RA.P. : de gauche à droite, Me Ma/?(red Imerglik, le professeur Marc Genti<strong>lin</strong>i, Pierre Para/,Me Armand Dimet. Inauguration de L'exposition philatélique : Lucky Thiphaine, qui en a assuré la réalisation, s'elllretie//t avec lereprésentant <strong>du</strong> Sénégal et Fred Hermantin.<strong>La</strong> Journée internationaleT A Journée internationale pour l'élimi­L nation de la discrimination raciale(21 mars) a été marquée en France,cette année encore par de multiples initia- .tives. Grâce au M.R.A.P. Car les pouvoirspublics s'en désintéressent, bien qu'elle aitété instituée par l'O.N.U.<strong>La</strong> conférence de presse<strong>La</strong> veille, au siége de notre Mouvements'est tenue une conférence de presse, présidéepar Pierre Para/, président <strong>du</strong>M.R.A.P., qu'entouraient le Dr MarcGenti<strong>lin</strong>i, professeur agrégé à la Facultéde médecine Pitié-Salpétriére, président <strong>du</strong>Comité médical et médico-social d'aide aux<strong>migrants</strong>, Me Manfred Imerglik, avocatà la Cour, membre <strong>du</strong> Bureau national <strong>du</strong>26'"",.,,, . ".". '"'' ,~,~,~. P.";",,,Charles PALANT. abbé Jean P -.1 1972...--Une· journée à Dijon----.Pierre Paraf, président <strong>du</strong> M.R.A.P., s'est ren<strong>du</strong> à Dijon le 12 avril, journéeconsacrée à la lutte contre le racisme.,." a donné, à. son arrivée, une conférence de presse, qui s'est tra<strong>du</strong>ite pard Importants articles dans les journaux <strong>du</strong> lendemain, et une séquence auxinformations télévisées régionales.A 15 heures, avait lieu une vente-signature de son livre « Le racisme dans lemonde», à la librairie Thibault, place Notre-Dame.Enfin, le soir, Pierre Paraf a présenté au cinéma « Le Paris», le film « Le Chagrinet la Pitié» dont c'était la « première» à Dijon.Cette journée a permis à un très large public de connaître le M.R.A.P. et sonaction.Une soirée dans le Nord. Une soiré.e consacr~e aux problèmes <strong>des</strong> travailleurs immigrés, organisée pard~ve~s. syndl~ats, partis et as~ociations, représentant un très large éventail? o~rnlons, .s est tenu le 21 aVril à Marcq-en-Barœul, près de Lille. Après la pro­Jection <strong>du</strong> film « Etranges Etrangers», un débat a eu lieu, animé par <strong>des</strong> responsablesde la C.G.T. et de la C.F.D.T., sous la présidence de Me Fred Hermantinvice-président <strong>du</strong> M.R.A.P.'.Trois cormtes~Un comité departemental <strong>du</strong> M.R.A.P.vient de se constituer dans les Alpes-Maritimes.Présidé par M. Marcel Pollitzer,homme de lettres, il a pour vices-présidentsl'archiprêtre Joseph Bournique, le pasteurJean Nouvelon et M. Adolphe Espiard.D'autre part, un comité local est crééà Roubaix. Il est animé par: Jean-ClaudeLecompte, président; Marie-FrançoiseGlorieux et Fabrice Bassot, secrétaires,Salah Si bous, trésorier; le bureau provisoirecompte encore 14 personnes.Un troisième comité est en voie de formationà Perpignan.NOTRE CARNETJoseph PAUL-BONCOUR, qui futprésident <strong>du</strong> Conseil et plusieurs foisministre sous la Ille République, etqui vota, le 10 juillet 1940, avec79 autres députés, contre l'octroi <strong>des</strong>pleins pouvoirs à Pétain, est mort le29 mars, âgé de 99 ans.Vigoureusement opposé au racisme,il s'était associé à diverses reprises à<strong>des</strong> campagnes menées par le M.R.A.P.Nous exprimons à sa famille nossincères condoléances.NAISSANCENous apprenons la naissance deKatia, fille de Bella et EdmondLEWKOWITZ, petite-fille de nos amisM. et Mme Schwartz.Nos félicitations cordiales aux heureuxparents et grands-parents. Tousnos vœux de bonheur.·1 SACHEZ AUSSI QUE ... 1• Pierre Parat a présidé, le 16 avril à laMutualité, la soirée commémorative de l'insurrection<strong>du</strong> ghetto de Varsovie, organisée sur l'initiativede diverses personnalités et associations.• Pour la 4 8année consécutive, l'abbé JeanPihan, vice-président <strong>du</strong> M.R.A.P. a animé un débatsur le racisme, à l'Ecole alsacienne qui le diffusa surson circuit intérieur de télévision. Il s'est ren<strong>du</strong> àune demande d'un groupe de lycéens de la parQisseSaint-Sulpice à Paris. Il a assuré le 21 avril uneconférence débat avec les élèves de 4- et 3- <strong>du</strong>C.E.S. de Sartrouville (Yve<strong>lin</strong>es), sur l'initiative<strong>du</strong> comité local <strong>du</strong> M.RAP. qui comporte plusieursenseignants s'intéressant vivement à l'action <strong>du</strong>C.L.E.P.R.• Dans le cadre de l'exposition <strong>du</strong> M.R.A.P.sur les travailleurs immigrés et le racisme, présentéependant deux semaines par le centreculturel de Bezons (95), Roger Maria, membre <strong>du</strong>bureau national <strong>du</strong> M.RAP. a fait une conférencesur le thème « Racisme et antiracisme en 1972 ».• Pierre Parat et le M.RA.P., figurent parmiles -nombreuses personnalités et organisationsfrançaises, qui se sont associées à la Conférenceinternationale pour l'abolition de la dictature enGrèce, les 17, 18 et 19 mars à Paris.• Une exposition sur les travailleurs immigréset le racisme a été organisée au début de mars àChâteau<strong>du</strong>n, sous l'égide de l'Amitié internationale<strong>du</strong>noise. Un débat a eu lieu dans ce cadre,le 1 er mars, avec la participation de MM. Leblo nd,secrétaire général <strong>du</strong> C.D.A.T.E.L. et Fortumé, directeurdépartemental <strong>du</strong> travail.• Au stage <strong>des</strong> moniteurs <strong>du</strong> C.EM.EA., pourenfants handicapés, à Vaugrigneuse, Albert Lévy,secrétaire général <strong>du</strong> M.RAP., a animé un débatsur le racisme, avec projection <strong>du</strong> film « Derrièrela fenêtre».27


A l'occasion de la Journée internationalepour "élimination de la discrimination raciale(21 mars 1972) le M.R A.P. a ren<strong>du</strong> publiccet appel, signé par de nombreuses personnalités:Il faut en prendre conscience : le racisme se manifeste enFrance de plus en plus fréquemment, et sous <strong>des</strong> formesparfois très aiguës. Ces derniers mois, la presse a signaléde nombreux incidents racistes, allant <strong>du</strong> refus de servir,de loger ou d'embaucher, jusqu'à la « ratonnade» et aumeurtre. Les préjugés raciaux, qu'ils se dirigent contrè lesjuifs, les noirs, les Arabes, les Gitans, les étrangers, suscitent,dans la vie quotidienne, le mépris, l'hostilité, <strong>des</strong>heurts, <strong>des</strong> brima<strong>des</strong>, Une ségrégation de fait s'instauredans l'habitat, plaçant certains groupes en marge de lasociété française , <strong>La</strong> loi elle-même entretient l'inégalitéau détriment <strong>des</strong> travailleurs immigrés en ce qui concerneles droits sociaux et syndicaux, les libertés indivi<strong>du</strong>elles,En <strong>des</strong> temps où la crise économique menace, où lechômage s'accroît, le péril est grand de voir se développer<strong>des</strong> diversions alimèntées par la xénophobie ou l'antisémitisme,visant à fausser dans l'esprit <strong>des</strong> Français lesdonnées véritables de la situation et les causes <strong>des</strong> difficultésqu'ils rencontrent. S'en prendre à « l'Autre», victimelui aussi , parce qu'il est apparemment différent, au lieu demener une action lucide et concertée, c'est une tentationdangereuse pour quiconque s'y laisse entraîner. Uneextrême vigilancE'! s'impose pour empêcher que ce pays,traditionnellement attaché à la raison et aux ·droits del'homme, ne devienne la proie <strong>des</strong> passions malsaines quile déchireraient et le mèneraient à la perte de toute liberté.Les soussignés, qui professent <strong>des</strong> conceptions politiques,religieuses et philosophiques très diverses, entendentaffirmer ensemble, à l'occasion de la Journée internationalepour l'élimination de la discrimination raciale,proclamée par l'O.N.U., leur commune et ferme volontéde combattre le racisme partout et sous tous ses aspects.Devant les manifestations alarmantes de ce fléau enFrance même, ils invitent' instamment les pouvoirs publicsà prendre toutes mesures pour s'y opposer.Ils déclarent particulièrement urgente l'adoption parle Parlement <strong>des</strong> propositions de lois élaborées par leM.R,A.P. et qui , conformes à la Convention internationalecontre le racisme, sont déposées depuis plusieurs annéespar <strong>des</strong> députés de toutes tendances..Ils demandent que soient mis hors d'état de nuire par lesmoyens appropriés les groupes et les publications qui sedonnent ouvertement pour objectif d'exciter au racisme.Ils insistent sur la nécessité de développer par tous lesmoyens une campagne nationale d'information et d'é<strong>du</strong>cationen vue de contrecarrer les préjugés raciaux et de favoriserla compréhension entre les hommes, sans distinctionde race , de confession, d'origine ethnique ou de nationalité.Ils souhaitent que l'opinion publique se mobilise pourdétruire à tout jamais les ferments d'obscurantisme et d'intolérance,qui, engendrant le racisme , portent atteinte à ladignité de tous et aliènent l'avenir d'un peuple.S'opposer activement au racisme, c'est l'affaire de chaquehomme conscient de ses responsabilités.FACE AU RACISMEHou~elDent ~ontre le Ra~lslDe~ l'AntlsélDltlsme et pour la Paix(H.R.A.P.)~ 120, rue Denls~ p~ls-2eLes signatairesMM. Alfred Kastler. Prix Nobel; Jean Rostand etEtienne Wolff. de l'Académie française; Paul Bastid.Théodore Monod. Francis Perrin. membres de l'Institut.Personnalités politiques :Mmes Michelle Vincent-Auriol. Madeleine Léo­<strong>La</strong>grange.MM. Robert Buron. Pierre Cot. anciens ministres;Mme Suzanne Crémieux. M. Jacques Duclos. sénateurs.MM. Claudius Petit. vice-président de l'Assembléena~iona.le ; Aymar Achille-Fould. Robert Ballanger. Fran­ÇOIS Bliloux. Louis Odru. Virgile Barel. députés; GuyDesson. député honoraire.MM . Waldeck L·Huillier. député-maire de Gennevilliers;Robert Pontillon. maire de Suresnes, conseiller général ,secrétaire national <strong>du</strong> Parti socialiste; Pierre Joxe secrétairenational <strong>du</strong> Parti socialiste.•MM . Louis Perillier .. ancien Résident général de Franceen Tunisie; Robert Delavignette. ancien gouverneur dela France d'outre-mer, Me André Blumel. conseiller municipalde Paris .Ecrivains :Mmes Marie Romain-Rolland. Claire Etcherelli.MM. Pierre Boulle. Max-Pol Fouchet. Pierre Gascar.Roger Ikor. Michel Leiris. Albert Memmi. Jacques Nantet.Jacques Madaule. Vladimir Pozner. Robert Merle.André Pieyre de M.andiargues. Emmanuel Roblès. JeanRousselot. Vercors. M. Henry Bulawko. journaliste.lfniversitaires . :Les professeurs Madeleine Barthélémy-Madaule. HenriBartoli. Marcel Bataillon. Jacques Berque. Dr PaulCha~chard. Hubert Deschamps. Jean Dresch. RogerBastide. Georges Friedmann. Hélène Gratiot-Alphandery.Jacques Gutwirth. Jean Hiernaux. André Hauriou. Vladio:tirJankélevitch. René Julliao. Hélène <strong>La</strong>ngevin. Michel<strong>La</strong>ngevin. Philippe L·Héritier. Henri Michel. Marcel Prenant.Charles Sadron. <strong>La</strong>urent Schwartz. M. Soutif. JeanSuret-Canale. Robert Waitz. Dr Pierre Wertheimer.Personnalités religieuses :S.E. Si Hamza Boubakeur. recteur de l'Institut musulmande la Mosquée de Paris; les pasteurs André Dumas.professeur à la Faculté de théologie protestante, PierreDucros. Maurice Voge; le R. P. Jean-Marie Aubertl'abbé Alexandre Glasberg.•Peiillres et sculpteurs :Carzou. Antoni Clavé. Henri Cueco. Etienne Haj<strong>du</strong>.Isis Kischka. Bernard Lorjou. Jean Picart Le Doux.Vi~ira da Silva. Arpad Szenes. Victor Vasarely..Guy Weelen. secrétaire général de l'Association internationale<strong>des</strong> critiques d'art.Musiciens :MM. Georges Auric. Henri Dutilleux.Spectacle:Les metteurs en scène Louis Daquin. Michel Drach.Maurice Mirowski. Guy Rétoré. directeur <strong>du</strong> T. E. P.Les acteurs Georges Géret. Olivier Hussenot. Marie­José Nat. Bachir Touré.Avocats:M. le bâtonnier Albert Brunois. maîtres Armand Dimet.Max Gonfreville. Manfred Imerglik. Renée Stibbe.Pour le M.R.A.P. :Pierre Paraf. président <strong>du</strong> M.R .A.P.; Charles Palant.abbé Jean Pihan. maître Fred Hennantin. vice-présidents;Albert Lévy. secrétaire général .28DROIT ET L18ERTE - N° 312 - AVRIL-MAI 197229


é<strong>du</strong>cation à la fraternitéA SSER VISSEMENT culturel, concepts d'une é<strong>du</strong>cation~ universels» : tels étaient les thèmes choisis par Gérard<strong>La</strong>uriette, fondateur de l'Association guadeloupéenned'è<strong>du</strong>cation populaire, pour la conférence-dèbat orgamsee le11 avril, au siége <strong>du</strong> M.R.A.P., par le Centre de liaison <strong>des</strong> é<strong>du</strong>cateurscontre les prèjugès raciaux (C.L.E.P.R.) et présidée parMarc-André Bloch, professeur honoraire à la Faculté <strong>des</strong> lettresde Caen et président <strong>du</strong> C.L.E.P.R.Gérard <strong>La</strong>uriette, dont M.-A. Bloch a présenté la méthodepédagogique, comparable à celle de Freinet, a été normalien,puis instituteur public à la Guadeloupe pendant seize ans. Son nonconformisme, ses innovations, sa mise en questIOn de l'Enseigne·ment officiel lui ont valu d'être mis à la retraite d'office, à 39 ans ...C'est alors qu'il fonda sa propre école: l'institut <strong>La</strong>uriette, d'ailleursagréé par le ministère de l' E<strong>du</strong>cation nationale!Asservissement culturelComme tous les pays colonisateurs, la France a pratiquè, etcontinue de pratiquer, aux Antilles, une politique d'assimilationculturelle. .Mais une culture donnèe est-elle valable pour n'importe quelhomme, dans n'importe quel environnement?Après un bref rappel histonque depUIS la colOnisation jusqu'àl'intégration, G. <strong>La</strong>uriette éV0'l.ue, pour ce département français,la politique de « régionalisàtion » dont on parle actuellement. Cetterégionalisation supposerait une autonomie pour l'économie et pourl'è<strong>du</strong>cation, ce qui n'est pas le cas, le Guadeloupéen étant é<strong>du</strong>quèpour devenir « sujet français » !L'enseignement officiel ne fait aucune place à la langue <strong>du</strong>pays : à l'école, maîtres et éléves ne doivent parler que le français,et l'on punit les jeunes enfants qui - bien naturellement pourj(EDUCA TlON A LA FRA TERNlTE " est la rubrique mensuelle<strong>du</strong> Centre de liaison <strong>des</strong> E<strong>du</strong>cateurs contre les Préjugés Raciaux(C.L.E.P.R.).Le C.L.E.P,R. développe ses activités ;..:.. En organisant <strong>des</strong> rencontres et <strong>des</strong> débats entre é<strong>du</strong>cateurstels les colloques de Nanterre el d'Argenteuil sur la' scolarisation <strong>des</strong>,enfants <strong>des</strong> travailleurs immigrés,_ En favorisant les échanges d'experîences entre les enseignantset en leur envoyant la documentation qu'ils demandent.Il a besoin. pour cela, <strong>du</strong> soutien de toUS ceux qui s'intéressent àson action et la jugent necessaire. .MONTANT DE LA COTiSATION :Membre actif : 10 F (donnant droit aux deux numéros annuels deDroit & liber té où paraît un dossier de 8 pages ~éalisé par leC.L.E.P.R.J. celte cotisation minimale étant portee à 5 F pOUf lesabonnes â Droit & Liberté.Membre donateur : 20 F. •Membre bienfaiteur : A partir de JO F.Adresser 'Ies adhésions à Mlle Renée Babouléne. 50, rue deS Pois­,sonniers, I?aris (IS


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