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samedi 1er decembre 2001. 15 heures, place de la ... - Act Up-Paris

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<strong>Act</strong>ion n°77 page 6 traitements&recherchePourquoi<strong>de</strong>s essais cliniques<strong>de</strong> phase IVSi l’industrie pharmaceutique s’intéressait autant à <strong>la</strong> santé <strong>de</strong>sma<strong>la</strong><strong>de</strong>s qu’à ses résultats financiers, elle axerait sans nul doute<strong>la</strong> recherche sur <strong>de</strong>s pistes visant <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> <strong>la</strong> productiondu VIH dans les macrophages. L'éradication pourrait alors<strong>de</strong>venir un objectif réaliste ; il serait possible d’envisager <strong>la</strong> prise<strong>de</strong> traitements sur <strong>de</strong>s durées limitées et d’éviter <strong>la</strong> survenued’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s effets secondaires. Cependant…à l’heure actuelle, pour plus <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>ssous HAART, <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> ces médicaments rime avecostéoporose, ostéonécrose, problèmes cardio-vascu<strong>la</strong>ires,pancréatite aiguë, lipoatrophie, lipodystrophie,troubles du système nerveux central, dépression,neuropathie périphérique, perte <strong>de</strong> cheveux, perte<strong>de</strong> <strong>la</strong> libido, impotence, fatigue, macrocytose, diarrhée,nausée, calculs rénaux, ongles incarnés, rash,hépatite fulminante, problèmes <strong>de</strong>rmatologiques, crise<strong>de</strong> démence, tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>, grossissement<strong>de</strong>s seins (chez les hommes aussi), atrophie mammaire(chez les hommes aussi), douleurs abdominales,perte <strong>de</strong> l'appétit, augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> tensionartérielle, douleurs rénales, enflure <strong>de</strong>s jambes attribuableà l'accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong>s, selles fréquentes,perte <strong>de</strong> l'acuité auditive, ulcération buccale.Depuis quatre ans les associations <strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s soulèvent le problèmeet <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt que les essais <strong>de</strong> phases IV <strong>de</strong>viennentobligatoires afin qu’un meilleur suivi et une prise en charge réelle<strong>de</strong> ces effets secondaires soit possible. Pourtant, jusqu’à présentl’industrie refuse <strong>de</strong> prendre ses responsabilités.Les multithérapies maintiennent les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>sdu sida en vie, elles ne parviennentpourtant pas à les guérir. Une <strong>de</strong>s explications<strong>de</strong> cet échec rési<strong>de</strong> dans <strong>la</strong> présence,quelque part dans l'organisme, <strong>de</strong> certainescellules qui sont soustraites à l’actiondu traitement et <strong>de</strong>meurent infectées.En effet, les multithérapies antirétrovirales,qui agissent pour réduire <strong>la</strong> productiondu VIH dans les cellules T (cellules<strong>de</strong> l’immunité), sont moins efficaces surles macrophages qui, <strong>de</strong> par leur action <strong>de</strong>phagocytose, capturent le virus. Ces cellulesfont ainsi office <strong>de</strong> réservoirs viraux,ce qui rend impossible l’élimination duVIH. C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle les traitementsantirétroviraux sont actuellementprescrits à vie.Or, les difficultés pour les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s du sidaà suivre un traitement au long cours, toutcomme <strong>la</strong> survenue d’effets secondaires,n’ont jamais été mesurés et pris en comptecorrectement. De fait, l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong>sécurité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> tolérance <strong>de</strong> ces moléculesdans les essais <strong>de</strong> phase II et III n’apas été conduite <strong>de</strong> façon suffisammentprécise et les données actuellement disponiblessur le sujet sont insuffisantes. Ceciest principalement dû à <strong>la</strong> courte durée<strong>de</strong>s essais (48 semaines en général), maiségalement au fait que le système <strong>de</strong> pharmacovigi<strong>la</strong>nce<strong>de</strong> l’industrie est conçucomme un système d’alerte et non commeun système prospectif. Ainsi, l’industrielreste passif et attend que le professionnel<strong>de</strong> santé notifie les éventuels problèmes.Un tel système ne permet pasd’apprécier <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong>s personnes àvivre avec leurs traitements, d’anticiperles problèmes et d’y apporter <strong>de</strong>s réponsessatisfaisantes.C’est pourquoi il est aujourd’hui impératifsque <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> phase IV soient obligatoiremententrepris dès <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong>nouveaux médicaments.Une étu<strong>de</strong>, publiée le 19 octobre 2001 dans leLancet, souligne <strong>la</strong> prévalence importante <strong>de</strong>s effetstoxiques engendrés par les antirétroviraux etconclut que les données actuelles sur <strong>la</strong> toléranceaux traitements ne sont pas suffisamment mises àjour et ne permettent pas une bonne gestion <strong>de</strong>sdifférents traitements possibles. Elle estime égalementqu’une <strong>la</strong>rge étu<strong>de</strong> épidémiologique s’impose.En effet, les prescriptions d’antirétroviraux sont globalement« unisexes » et « taille unique », ils netiennent pas compte <strong>de</strong>s spécificités physiologiqueset biologiques <strong>de</strong> chaque patient. Nous savonspourtant que les ajustements <strong>de</strong> posologie <strong>de</strong>vraientse faire en fonction du poids. De mêmequ’il serait essentiel <strong>de</strong> tenir compte du métabolismehépatique propre à chaque individu, du cyclehormonal pour les femmes, ainsi que <strong>de</strong>s interactionsmédicamenteuses propres à chaque association<strong>de</strong> produits (antirétroviraux ou autresRejoignez <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong>Réunion Hebdomadaire le mardi à 19 <strong>heures</strong>,École <strong>de</strong>s Beaux-Arts, 14 rue Bonaparte, 6 ème , M° St Germain-<strong>de</strong>s-Prés.


médicaments). Cette variabilité n’a pas pu être évaluée dans lecadre d’essais <strong>de</strong> développement (phases II et III) puisque l’objectif<strong>de</strong>s phases III n’est que <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> l’efficacité. Il appartient doncaux essais <strong>de</strong> phase IV d’affiner l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> tolérance sur lelong cours tout en améliorant les connaissances du rapportconcentration / effets secondaires.Si certains effets secondaires (diarrhées, nausées, maux <strong>de</strong> tête,troubles du système nerveux central, troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> libido, fatigue,fourmillements, etc.) ne sont considérés que comme gênants pour<strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> traitements <strong>de</strong> courte durée, ils <strong>de</strong>viennent autrementhandicapants dans le cadre d’un traitement à vie. Ainsi, tous les effetssecondaires <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 1 et 2, recensés dans le cadre d’essai <strong>de</strong>phase III, donc sur <strong>de</strong> courtes pério<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>vraient être réévaluésdans ce contexte <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s années durant. Il nes’agit pas simplement d’une question <strong>de</strong> confort. Leur inci<strong>de</strong>nce surle vieillissement biologique <strong>de</strong>s organes doit être répertoriée et évaluéedans le cadre d’essais <strong>de</strong> phase IV qui permettront <strong>de</strong> redéfinir<strong>la</strong> gravité qui doit être attribuée à chaque effet secondaire.Par ailleurs, nous savons que les séropositifs traités dans le cadred’un essai <strong>de</strong> développement, où les conditions <strong>de</strong> prise en chargesont optimales, ont plus <strong>de</strong> chances d’atteindre <strong>de</strong>s seuils d’indétectabilitéque ceux traités et suivis hors essai. Ici encore seules <strong>de</strong>scohortes sur le long cours dans le cadre <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> phase IVpermettraient d’évaluer les raisons <strong>de</strong>s écarts d’efficacité constatés.IEMM. Chauvin, directeur <strong>de</strong>s essais cliniques chez Abbott, présent à <strong>la</strong> journéesur <strong>la</strong> pharmacovigi<strong>la</strong>nce organisée par le TRT-5 en avril <strong>de</strong>rnier, se félicitaitdu « magnifique » système <strong>de</strong> pharmacovigi<strong>la</strong>nce français et <strong>de</strong> l’existence<strong>de</strong>s ATU (Autorisation Temporaire d’Utilisation). En effet, les ATU, dont lebut est <strong>de</strong> mettre rapi<strong>de</strong>ment à disposition <strong>de</strong>s patients en échec thérapeutique<strong>de</strong>s molécules pour lesquelles il y a une présomption d’efficacité,dispensent les <strong>la</strong>boratoires <strong>de</strong> réaliser les essais <strong>de</strong> phase IV avant <strong>de</strong> commercialiserle traitement. Pourtant, si dans le cadre <strong>de</strong>s ATU un certainnombre d’informations peuvent être signalées par les mé<strong>de</strong>cins prescripteurs,en aucun cas elles ne peuvent rem<strong>p<strong>la</strong>ce</strong>r les essais <strong>de</strong> phase IV.Le même Chauvin, pour répondre au courrier que nous avons adressé àl’ensemble <strong>de</strong>s compagnies pharmaceutiques concernant l’urgence <strong>de</strong> <strong>la</strong>mise en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> d’essais <strong>de</strong> phase IV, cite une étu<strong>de</strong> qu’Abbott prépare actuellementsur le Kalétra®, sa nouvelle antiprotéase. Cette étu<strong>de</strong>, Kaléobs,dont <strong>la</strong> seule finalité est l’incitation à <strong>la</strong> prescription du Kalétra®, ne répon<strong>de</strong>n rien aux besoins <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s. Montée par le service marketingd’Abbott et contrevenant à <strong>la</strong> loi Hurriez (qui protège les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s dans lecadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche clinique), elle a d’ailleurs été épinglée par l’AFSSaPS.Pour éviter <strong>de</strong> mettre en œuvre <strong>de</strong> réels essais dont ils auraient <strong>la</strong> chargefinancière, les dirigeants d’Abbott préfèrent recourir à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s cliniquesfinancées indirectement par <strong>la</strong> Sécurité Sociale. En effet, le principed’une étu<strong>de</strong> clinique consiste à recueillir auprès <strong>de</strong>s prescripteurs certainesdonnées <strong>de</strong> tolérance, sans qu’aucune autorité extérieure n’en aitavalisé <strong>la</strong> validité, <strong>la</strong> nécessité et <strong>la</strong> rigueur. Si ces étu<strong>de</strong>s, manipulées avecpru<strong>de</strong>nce et éthique, sont opportunes pour l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise encharge thérapeutique, elles ne peuvent en aucun cas constituer une essai<strong>de</strong> phase IV. Par ailleurs, elles n’ont pas vocation à servir <strong>la</strong> stratégie <strong>de</strong>marketing <strong>de</strong>s compagnies pharmaceutiques.<strong>Act</strong> <strong>Up</strong> exige que les Laboratoires Abbott, G<strong>la</strong>xo, MSD,BMS, Boehringer, Roche, BMS Pharma, mettent en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong>rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> véritables essais <strong>de</strong> phase IV.Ces essais, financés par les <strong>la</strong>boratoires, <strong>de</strong>vraient êtremenés sous <strong>la</strong> tutelle d’une autorité neutre afin d’êtreplus efficaces, et, pour être va<strong>la</strong>bles, <strong>de</strong>vraient inclure lesuivi <strong>de</strong> toutes les combinaisons <strong>de</strong> trithérapies prescritesactuellement dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en chargedu VIH. Ces essais doivent inclure plusieurs milliers <strong>de</strong>ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s et durer plusieurs années.Nous exigeons que le ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé se donne lesmoyens légaux pour contraindre l’industrie pharmaceutiqueà faire face à ses responsabilités.Nous exigeons que les acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé, les cliniciensen particulier, refusent <strong>de</strong> se prêter aux simu<strong>la</strong>cres d’essaisque l’industrie pharmaceutique monte dans le seulbut d’améliorer ses ventes.


<strong>Act</strong>ion n°77 page 8 coinfectionCoinfection – état <strong>de</strong>s lieuxL’A.F.E.F. (Association Française pour l’Étu<strong>de</strong> du Foie) est <strong>la</strong>« société savante » <strong>de</strong> référence pour les hépato-gastro-entérologues.Pratique inhabituelle : lors <strong>de</strong> son <strong>de</strong>rniercongrès à Angers, le 6 octobre 2001, un représentant d’association<strong>de</strong> patients a été officiellement invité à parler à <strong>la</strong>tribune : il s’agissait <strong>de</strong> Pascal Melin, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> SOSHépatites, <strong>la</strong> principale fédération <strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s en France. Ce<strong>de</strong>rnier a fait un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s difficultés rencontrées actuellementpar les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s, <strong>la</strong> première étant souvent <strong>de</strong>parvenir à expliquer les problèmes auxquels ils sont confrontés: « Les hépatites, ces ma<strong>la</strong>dies paradoxales, qui restreignent <strong>la</strong>vie re<strong>la</strong>tionnelle et favorisent l’exclusion sociale, qui mobilisent <strong>de</strong>straumatismes antérieurs tout en étant <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies transmissiblesmais non contagieuses … ». Difficile d’appréhen<strong>de</strong>r ces réalitéset <strong>de</strong> vivre avec, sans un soutien efficace et <strong>la</strong> prise en compte,à l’instar <strong>de</strong>s aspects purement médicaux, <strong>de</strong>s questions,liées plus ou moins étroitement à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, concernant <strong>la</strong>qualité <strong>de</strong> vie. « Malgré l’expérience du V.I.H. et <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dieschroniques, notre système sanitaire n’est pas prêt à accueillir uneépidémie virale comme le V.H.C. touchant 650 000 personnes. Onne peut aujourd’hui se satisfaire <strong>de</strong>s progrès thérapeutiques, il esturgent <strong>de</strong> concevoir et mettre en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> <strong>de</strong>s équipes d’éducationmultidisciplinaire pour accompagner et maintenir dans le soin leplus grand nombre <strong>de</strong> patients ».Pour <strong>de</strong> nombreux mé<strong>de</strong>cins, <strong>la</strong> coinfection VIH-hépatites est<strong>de</strong>venue un sujet d’actualité bien trop complexe et bien tropcontroversé pour qu’ils y accor<strong>de</strong>nt quelques efforts. Les polémiquesfont rage entre « infectio » et « hépato ». Les hépatologuesvoient d’un mauvais œil qu’une clientèle si nombreusereste <strong>la</strong> « part <strong>de</strong> marché » <strong>de</strong>s services d’infectiologie. Un véritableesprit <strong>de</strong> concurrence règne ainsi dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s« hôpitaux publics », les coinfectés essuyant toujours les plâtresdu manque <strong>de</strong> dialogue et <strong>de</strong> travail multidisciplinaire. Cet état<strong>de</strong> fait est <strong>la</strong>rgement entretenu par <strong>la</strong> Direction Hospitalière etl’AP-HP : pendant que leurs chefs <strong>de</strong> service se disputent <strong>de</strong>stitres <strong>de</strong> carrière, elles appliquent une politique d’austérité ets’emploient <strong>de</strong> façon absur<strong>de</strong> à réduire les moyens financiers.Dans les éditions <strong>de</strong> 1999 et 2000, les recommandationsthérapeutiques VIH du groupe Delfraissy consacraient unchapitre entier à <strong>la</strong> coinfection et abordaient toutes les hépatites(vaccin contre VHA et VHB, et traitement <strong>de</strong>s hépatitesB, C et D). Les nouvelles recommandations VIH <strong>de</strong> cegroupe d’experts seront publiées courant 2002. Voilà pourle côté <strong>de</strong>s infectiologues. Mais les hépatologues ne supportentapparemment pas <strong>de</strong> se référer à <strong>de</strong>s recommandationsVIH. Il est donc urgent que soient produites <strong>de</strong>s recommandationssur <strong>la</strong> coinfection du côté <strong>de</strong>s hépatologues.Les 27 et 28 février prochains, se réunira <strong>la</strong> nouvelleConférence <strong>de</strong> Consensus VHC. Quelques mois plus tard,une mise à jour <strong>de</strong> ses « dogmes » sera publiée. Ces recommandationsconcerneront exclusivement l’hépatite C. Lesautres hépatites, et notamment l’hépatite B, font l’objet d’unblocage « idéologique » <strong>de</strong> quelques acteurs institutionnelsdu Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé et du Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Recherche.Pourtant tout le mon<strong>de</strong> reconnaît que ces autres hépatitessont <strong>de</strong>s co-facteurs particulièrement aggravants pour leVHC. Il est donc primordial que toutes les associations <strong>de</strong>ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s s’investissent dans ces recommandations afin que lescoinfectés ne restent pas seuls, pris entre ces <strong>de</strong>ux feux.Depuis trois ans, l’enquête « Un jour donné », tente <strong>de</strong> documenterles connaissances épidémiologiques en matière <strong>de</strong>coinfection VIH-VHC en France. L’INVS (Institut National <strong>de</strong>Veille Sanitaire) s’est engagé <strong>de</strong>puis peu à ce que, l’année prochaine,<strong>de</strong>s moyens soient mis afin que cette enquête soitétendue à <strong>la</strong> coinfection VIH-hépatites, quelles qu’elles soient.Cette enquête a eu lieu le 19 juin 1999, le 21 juin 2000 eten juin <strong>2001.</strong> Les données recueillies en 2001 et <strong>la</strong> synthèse<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong> sur le Nethttp://www.actupp.org/


<strong>de</strong> trois années étant en cours <strong>de</strong> validation, elles ne seront dévoiléesqu’en janvier. La plupart <strong>de</strong>s instances gouvernementales ontd’abord fait <strong>la</strong> sour<strong>de</strong> oreille face aux chiffres a<strong>la</strong>rmants produits parces enquêtes successives, prétextant une surévaluation du phénomène.L’enquête 2001 a donc suivi une méthodologie scrupuleuseafin <strong>de</strong> proposer une photographie précise <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation française.Cependant, en utilisant une méthodologie différente, les résultats <strong>de</strong>prévalence nationale dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion séropositive ne varient que<strong>de</strong> 5,2 points : <strong>la</strong> prévalence est <strong>de</strong> 28,4% en 2001 contre 33,6% en2000. En France, un séropositif VIH sur trois est coinfecté par leVHC. Il faut souligner avec insistance le fait que les autres hépatitesvirales chroniques n’ont pas été prises en compte dans l’enquête etcette négligence continue <strong>de</strong> coûter <strong>la</strong> vie à <strong>de</strong> nombreux séropositifsVIH coinfectés par les hépatites B et D. Les responsables institutionnelsauront à s’en justifier : aucun effort n’est fait aujourd’huipour promouvoir <strong>la</strong> recherche thérapeutique et <strong>de</strong> nouvelles moléculesefficaces contre le VHB.Tous les hôpitaux participant à l’enquête 2000 ont proposé à tous lesséropositifs VIH fréquentant l’hôpital dans <strong>la</strong> journée du 21 juin 2000,<strong>de</strong> remplir avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur mé<strong>de</strong>cin un questionnaire détaillé. Nousvous avions donné les résultats <strong>de</strong> l’enquête 1999, voilà une synthèse<strong>de</strong>s données recueillies en 2000 en attendant les résultats pour 2001 :Les patientsLa moitié <strong>de</strong>s 1 255 patients <strong>de</strong> cette enquête sont <strong>de</strong>s hommes ayantentre 35 et 44 ans. Les femmes représentent 28% <strong>de</strong>s patients VIH et28% <strong>de</strong>s coinfectés.Prise en charge73 hôpitaux ont répondu à cette enquête. Les coinfectés sont répartiscomme suit : 55% Ile <strong>de</strong> France (30 hôp.), <strong>15</strong>% PACA (10 hôp.) et30% sur le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> province (33 hôp.). La moitié <strong>de</strong>s patients étudiéssont venus dans un hôpital <strong>de</strong> l’AP-HP (20 hôp.). 35% <strong>de</strong>s patients sontsur <strong>Paris</strong> (<strong>15</strong> hôp.), <strong>15</strong>% sur Nice et Marseille (5 hôp.) et 50% sur lereste <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.La répartition <strong>de</strong>s patients VIH dans les différents services hospitaliersétait <strong>la</strong> suivante : 70% ma<strong>la</strong>dies infectieuses, <strong>15</strong>% mé<strong>de</strong>cine interne, 10%autres services, et seulement 5% dans les services d’hépatologie. Cettesous-représentation <strong>de</strong>s services d’hépatologie mérite d’être soulignée.Cependant, <strong>la</strong> prévalence <strong>de</strong> VIH-VHC parmi les séropos VIH danschaque service est respectivement <strong>de</strong> 29%, 32% et 41%, et elle atteint73% dans les services d’hépatologie. Les patients VIH étaient 45% enconsultation, 25% en hôpital <strong>de</strong> jour et 30% en hospitalisation complète.Alcool70% déc<strong>la</strong>rent consommer moins <strong>de</strong> 4 verres par jours, 20% <strong>de</strong> 4 à 8verres, et 10% plus <strong>de</strong> 8 verres par jour. Ce <strong>de</strong>rnier chiffre peut semblerfaible au regard <strong>de</strong>s constats <strong>de</strong> consommation d’alcool fait par lesassociations <strong>de</strong> séropositifs.Transmission VHC75% <strong>de</strong>s coinfectés ont été contaminés par usage <strong>de</strong> drogues, 10% partransfusion, 5% rapports bi-homosexuels et pour 10%, le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>transmission est inconnu. Les estimations <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong> <strong>la</strong> première prise<strong>de</strong> risques vont <strong>de</strong> 1973 à 2000. Une nette augmentation <strong>de</strong>s premièresprises <strong>de</strong> risques est visible <strong>de</strong> 1977 (1 cas) à 85 (23 cas), puisen baisse jusqu’en 96 (3 cas), où elle stagne.Examens VIH70% <strong>de</strong>s coinfectés ont moins <strong>de</strong> 500 CD4. 40% <strong>de</strong>s coinfectés sontau sta<strong>de</strong> sida contre 20% chez les séropositifs VIH (DMI2).Examens VHC58 patients (5%) ne connaissaient pas leur sérologie ou bien n’avaientpas fait <strong>de</strong> dépistage VHC. La biopsie a été plus fréquemment faitequand le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> contamination est inconnu (80% versus 55%). 65%<strong>de</strong>s coinfectés ont <strong>de</strong>s génotypes 1 et 4 qui répon<strong>de</strong>nt moins bien auxtraitements (1=50%, 2=1%, 3=35% et 4=<strong>15</strong>%).Fibrose<strong>15</strong>% <strong>de</strong>s coinfectés ont une charge virale d’ARN-VHC« indétectable ». S’agit-il <strong>de</strong> « guérison spontanée » oubien <strong>de</strong>s limite <strong>de</strong> sensibilité <strong>de</strong>s tests ?Chez les coinfectés ayant une charge virale ARN-VHCdétectable, 40% ont <strong>de</strong>s transaminases normales(ALAT). Parmi eux, 12,5% ont <strong>de</strong>s transaminases normaleset sont déjà en cirrhose. Les transaminases nesont en aucun cas <strong>de</strong>s marqueurs suffisants pour diagnostiquer<strong>de</strong>s lésions aux foie résultant <strong>de</strong>s hépatitesvirales chroniques.<strong>15</strong>% seulement <strong>de</strong>s coinfectés ont une hépatite minime(F1) et peuvent attendre l’arrivée <strong>de</strong> traitements plus facilesà supporter, même si à ce sta<strong>de</strong> les chances <strong>de</strong> guérisonsont gran<strong>de</strong>s. Cependant, il faut absolument rappelerque si le VHC est traité tôt et que <strong>la</strong> charge viraleVHC est <strong>de</strong>venue in<strong>de</strong>téctable, alors le traitement VIHsera d’autant plus efficace.60% ont une hépatite modérée ou sévère (F2-F3) etdoivent être mis sous traitement rapi<strong>de</strong>ment.25% sont en cirrhose. Or, <strong>la</strong> cirrhose du foie rend plusdifficiles <strong>la</strong> métabolisation et <strong>la</strong> réponse à tous les traitements(VIH, hépatites, …). Elle atteint lour<strong>de</strong>ment <strong>la</strong>qualité <strong>de</strong> vie.En conclusion, lorsque le VIH est déjà contrôlé et stabilisépar une thérapie efficace, et que les lésions duesà l’hépatite virale chronique ne sont pas trop avancée


<strong>Act</strong>ion n°77 page 10 coinfection(< F2), alors le traitement <strong>de</strong> l’hépatite chronique <strong>de</strong>vient unepriorité. Lorsque le VIH est mal contrôlé et/ou que les lésionshépatiques sont avancées, <strong>la</strong> discussion <strong>de</strong>s stratégies thérapeutiquessera plus délicate et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra impérativement lescompétences communes d’un hépato et d’un infectio.CoinfectionLes 406 coinfectés représentent une prévalence totale <strong>de</strong>33,4%. En France, un séropositif VIH sur trois est coinfecté aumoins par le VHC. Cette prévalence explose à Nice etMarseille (60%), et en banlieue parisienne (37%). Une autreétu<strong>de</strong> du DMI2, indique sur <strong>Paris</strong>, une prévalence <strong>de</strong> 48%. Enprovince (hors Ile <strong>de</strong> France et PACA) <strong>la</strong> prévalence est <strong>de</strong>26,4%. Depuis trois ans, les nouveaux cas <strong>de</strong> contaminationVIH ont explosé chez les bi-homosexuels <strong>de</strong> <strong>15</strong> à 24 ans etchez les femmes <strong>de</strong> 35 à 44 ans. La prévalence nationale <strong>de</strong>coinfection <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux groupes est <strong>de</strong> 47%, soit 50% <strong>de</strong> plusque <strong>la</strong> moyenne générale. Il serait donc primordial <strong>de</strong> savoir siles nouveaux cas <strong>de</strong> contamination VIH ne sont pas, en fait,<strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> contamination VIH-VHC.En France, en l’an 2000, il y aurait officiellement environ <strong>15</strong>0 000séropositifs VIH. En reprenant les pourcentages ci-<strong>de</strong>ssus, nouspouvons tenter d’évaluer l’ampleur et les conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong>coinfection VIH-VHC qui concerne environ 50 000 personnes.Pourquoi se préoccuper <strong>de</strong> <strong>la</strong> cirrhose virale C chez lescoinfectés VIH et <strong>de</strong> son unique et difficile traitement ?Parce que chez les coinfectés VIH-VHC les dépistages VHC nesont pas encore faits ou bien que les résultats ne sont pasconnus pour tous les séropos (4,6% = environ 2 300 coinfectés).Parce que les traitements sont moins bien supportés et moinsefficaces avec l’âge. 7,3% (environ 3 600 coinfectés) sont <strong>de</strong>shommes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 55 ans et <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 45 ans.Parce que 63,9% (environ 32 000 coinfectés) ont un génotype1 ou 4, <strong>de</strong>mandant un an <strong>de</strong> traitement au lieu <strong>de</strong> six mois.C’est un traitement long qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à être bien préparé avecle soutien <strong>de</strong> son entourage.Parce que 11,8% (environ 6 000 coinfectés) déc<strong>la</strong>rent consommerplus <strong>de</strong> 8 verres par jour. Les lésions sur le foie sont alorsplus sévères, <strong>la</strong> progression <strong>de</strong> <strong>la</strong> fibrose encore plus rapi<strong>de</strong> et<strong>la</strong> réponse aux traitements moindre.40% (environ 20 000 coinfectés) <strong>de</strong>s coinfectés ont déjà eu aumoins un événement c<strong>la</strong>ssant sida. 19,1% (environ 10 000coinfectés) ont moins <strong>de</strong> 200 CD4 et ne sont pas encore encirrhose. 29,6% (environ <strong>15</strong> 000 coinfectés) sont déjà en cirrhose.8,7% (environ 4 500 coinfectés) sont en cirrhose avecmoins <strong>de</strong> 200 CD4.La moitié <strong>de</strong>s coinfectés VIH-VHC, soit environ 25 000 personnes,ont moins <strong>de</strong> 200 CD4 et/ou une cirrhose déjà constituée.S’il a fallu une trentaine d’années pour que les cas <strong>de</strong> cirrhosesse déc<strong>la</strong>rent en nombre, l’épidémie <strong>de</strong> V.H.C. fait aujourd’huiexploser toutes les files d’attentes <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>sservices d’hépatologie. Aujourd’hui, il faut compter au moinstrois mois d’attente pour obtenir un ren<strong>de</strong>z vous avec un hépatodans un hôpital.


Global Treatment A ction Campaign[Commniqué <strong>de</strong> presse]FONDS MONDIAL CONTRE LE SIDA, LA TUBERCULOSE ET LA MALA-RIA :LES BUREAUCRATES TRAHISSENTLes ONG médicales et les activistes <strong>de</strong>s associations<strong>de</strong> lutte contre le sida exigent <strong>de</strong> l’argentpour les médicaments anti-sida.(Bruxelles) — A l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée d’ouverture dugroupe <strong>de</strong> travail du Fonds mondial pour le sida, <strong>la</strong> tuberculoseet <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>ria à Bruxelles, les activistes se sont mobiliséspour exiger <strong>de</strong>s financements pour les traitements contre lesida. Les associations <strong>de</strong> lutte contre le sida et les groupes<strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s sont en effet préoccupés par le manque <strong>de</strong> financements<strong>de</strong>stinés aux médicaments indispensables pourpermettre <strong>la</strong> survie <strong>de</strong>s personnes ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s dans les payspauvres. Alors qu’il doit être <strong>la</strong>ncé le <strong>15</strong> décembre 2001, leFonds mondial ne prévoit pour le moment que <strong>de</strong> financerles ma<strong>la</strong>dies qu’il est le moins coûteux et le plus « cost effective» <strong>de</strong> traiter.Des activistes <strong>de</strong> 10 pays se sont rassemblés à Bruxellespour rencontrer les membres du groupe <strong>de</strong> travail du Fondsmondial afin d’exiger <strong>de</strong>s financements pour les médicamentsanti-sida, y compris antirétroviraux.Pour Zackie Achmat <strong>de</strong> l’association sud-africaine Treatment<strong>Act</strong>ion Campaign, « le Fonds mondial se transforme en une lour<strong>de</strong>bureaucratie sous-financée qui ne sera pas en mesure d’obtenir<strong>de</strong>s résultats. 27 000 personnes dans le mon<strong>de</strong> mourront aujourd’huiparce qu’ils n’ont pas accès à <strong>de</strong>s traitements contre le sida,<strong>la</strong> tuberculose et <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>ria ».« Nous assistons à une trahison <strong>de</strong> ce pour quoi le Fonds a étécréé en premier lieu. Les pays riches ne peuvent être autorisés àprononcer <strong>la</strong> sentence <strong>de</strong> mort <strong>de</strong> 30 millions <strong>de</strong> séropositifs parcequ’ils préfèrent se limiter à <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies qu’il est moins coûteux <strong>de</strong>traiter », a ajouté Evan Ru<strong>de</strong>rman, <strong>de</strong> Health Gap Coalition. «Il n’y a aucune raison pour que le Fonds per<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> tempsavant <strong>de</strong> donner accès à <strong>de</strong>s médicaments vitaux, d’autant qu’ilexiste actuellement <strong>de</strong>s recommandations pour <strong>la</strong> prise en chargemédicale <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s dans les pays en développement. »La réponse à <strong>la</strong> crise internationale <strong>de</strong> santé publique que représentele sida a été estimé à 9,3 milliards <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs. Lefonds mondial est actuellement sous pression politique pourproduire rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s résultats. Malgré ce<strong>la</strong>, les membresdu groupe <strong>de</strong> travail du Fonds mondial n’ont toujours formuléaucune proposition <strong>de</strong> programme <strong>de</strong> traitement, ou d’accèset <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> médicaments. Les associations exigentaujourd’hui que soient prises <strong>de</strong>s mesures concrètesqui permettent <strong>de</strong> sauver <strong>de</strong>s vies sans plus attendre, enmettant les médicaments anti-sida vitaux entre les mainsd’organisations qualifiées dans ce domaine, par le biais <strong>de</strong>ssystèmes d’accès et <strong>de</strong> distribution déjà mis en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> par lesagences <strong>de</strong>s Nations Unies.« Les hôpitaux, cliniques et instances <strong>de</strong> travail dans ce domainepeuvent dores et déjà augmenter en proportion les traitements etles soins efficaces, si on leur donne les médicaments anti-VIH/sidaqu’ils ne peuvent payer » a déc<strong>la</strong>ré Joseph Essombo, un mé<strong>de</strong>cinprenant en charge les séropositifs avec le réseau <strong>de</strong> santéIvoirien <strong>de</strong> Bouaké.Selon Pearl Nweshili <strong>de</strong> l’association nigérienne Stop AIDS« Le Fonds doit donner <strong>la</strong> priorité aux programmes qui mettentrapi<strong>de</strong>ment les médicaments cruciaux entre les mains <strong>de</strong> ceux quisouffrent. 10000 ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s du sida meurent chaque jour. »La déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Doha sur <strong>la</strong> santé publique affirme le droitpour les pays pauvres <strong>de</strong> passer outre les brevets et <strong>de</strong> sefournir en médicaments anti-VIH génériques. « Mêmel’Organisation Mondiale du Commerce reconnaît que l’économiene peut primer sur <strong>la</strong> santé mondiale » a soulignéGaëlle Krikorian, d’<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong>. « L’expérience <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cinsdans ce domaine montre que le traitement <strong>de</strong>s séropositifs esttout à fait faisable dans les pays pauvres, et, <strong>de</strong>puis qu’il existeune concurrence entre <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong> marques et producteurs <strong>de</strong>génériques, il est prouvé que l’on peut accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s médicamentsabordables. »Les exigences du groupe international d’ONG sont les suivantes:- Le Fonds mondial doit s’engager à sauver <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>sgens infectés par le VIH, <strong>la</strong> tuberculose et <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>riaen fournissant <strong>de</strong>s traitements. Les traitementscontre le sida ne doivent pas être une moins gran<strong>de</strong>priorité que <strong>la</strong> prévention ou le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> tuberculoseou <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>ria.- Le Fonds mondial doit donner <strong>la</strong> priorité, encourageret accélérer l’attribution <strong>de</strong> financementspour l’achat <strong>de</strong> médicaments aux prix les plus bas,garantis par <strong>la</strong> concurrence internationale et lesachats groupés.- Le Fonds mondial doit donner son accord pourrendre rapi<strong>de</strong>ment opératoires <strong>de</strong>s financementspour les médicaments à toutes les instances <strong>de</strong> santéqui peuvent rapi<strong>de</strong>ment délivrer <strong>de</strong>s traitementsaux personnes infectées par le sida, <strong>la</strong> tuberculoseou <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>ria.- Le Fonds mondial doit soutenir le recours aux prixles plus bas, et ne pas contrevenir à l’usage <strong>de</strong> médicamentsgénériques abordables pour combattre lesida, <strong>la</strong> tuberculose et <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>ria.- Le Fonds mondial ne peut prendre argument <strong>de</strong>l’insuffisance <strong>de</strong>s ressources pour justifier <strong>la</strong> mise en<strong>p<strong>la</strong>ce</strong> <strong>de</strong> mesures c<strong>la</strong>irement inefficaces, comme <strong>la</strong>prévention VIH sans traitement. Les pays donateursdoivent investir <strong>de</strong>s budgets suffisants dans le Fondsmondial, et tenir <strong>la</strong> promesse faite en juin <strong>de</strong>rnier, àl’assemblée générale spéciale <strong>de</strong>s Nations Unies surle sida, <strong>de</strong> consacrer un minimum <strong>de</strong> 10 milliards <strong>de</strong>dol<strong>la</strong>rs par an à <strong>la</strong> lutte contre le sida.Treatment <strong>Act</strong>ion Campaign (Afrique du Sud), ANSS (Burundi), People’s Health Coalition (Coréedu Sud), Stop AIDS (Nigeria), Rennaissance Santé Bouaké (Côte d’Ivoire), ALCS (Maroc), OxfamInternational, Stu<strong>de</strong>nt Global AIDS campaign (Etats-Unis), Health Gap Coalition, ACT UP NewYork, ACT UP Phi<strong>la</strong><strong>de</strong>lphia, <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong>.


<strong>Act</strong>ion n°77 page 12 nord/sudProduction <strong>de</strong> génériques enThaï<strong>la</strong>n<strong>de</strong>L’entreprise pharmaceutique nationale thaï<strong>la</strong>ndaise(GPO) projette <strong>de</strong> fabriquer les génériques<strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s médicaments utiliséspour soigner les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s du sida. Ce<strong>la</strong><strong>de</strong>vrait réduire le prix <strong>de</strong>s traitements <strong>de</strong>moitié et ainsi faire tomber le prix moyen<strong>de</strong> 92,50 dol<strong>la</strong>rs par personne et par mois à51 dol<strong>la</strong>rs. En janvier, afin <strong>de</strong> rendre les médicamentsabordables, <strong>la</strong> Thaï<strong>la</strong>n<strong>de</strong> a modifiéses règles d’enregistrement <strong>de</strong>s médicamentspermettant <strong>la</strong> mise en compétition<strong>de</strong>s produits étrangers hors <strong>de</strong> prix avec lesversions génériques produites localement.GPO entend, d’ici quatre mois, avoir <strong>la</strong> capacité<strong>de</strong> produire suffisamment <strong>de</strong> médicamentsutilisés dans le cadre <strong>de</strong> trithérapiespour être en mesure <strong>de</strong> traiter 50 000 ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.Avant un an, le <strong>la</strong>boratoire d’Etatpourra fournir ces versions génériques à100 000 patients au moins. Selon les statistiquesofficielles, 500 000 thaï<strong>la</strong>ndais seraientinfectées par le virus VIH/sida (le double selond’autres sources) et environ 200 000séropositifs sont actuellementsous trithérapiedans le pays.La même chose maispas au même prixLa campagne <strong>de</strong> promotion<strong>de</strong>s médicaments essentielsgénériques (MEG) saison2001-2002 a été <strong>la</strong>ncée vendredi26 octobre àOuagadougou, Burkina-Faso.Initiée par <strong>la</strong> Centrale d'achat<strong>de</strong>s médicaments essentielsgénériques et <strong>de</strong>s consommablesmédicaux (CAMEG),cette campagne à commeslogan « santé pour tous et àmoindre coût » dans les villeset les zones rurales où lespopu<strong>la</strong>tions dévalorisent leplus souvent les MEG. Elleconcerne tous les traitementsy compris les traitements antirétrovirauxcontre le sida.Cette campagne d'informationet <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>sMEG <strong>de</strong>vra porter <strong>de</strong> 25% à50% les ventes <strong>de</strong>s MEG, cequi permettra à l'Etat d'économiser10 milliards <strong>de</strong> FCFA et surtout <strong>de</strong> modifier<strong>la</strong> conduite dangereuse <strong>de</strong>scitoyens qui ont tendance àacheter <strong>de</strong>s produits fre<strong>la</strong>tésau marché et dans <strong>la</strong> rue.Les génériques indiens en ZambieLe ministre indien <strong>de</strong>s Affaires étrangères, Omar Abdul<strong>la</strong>h, a annoncé <strong>la</strong>mise à disposition par son pays <strong>de</strong> médicaments antirétroviraux bon marché.<strong>Act</strong>uellement, les médicaments antirétroviraux vendus en Zambie parles firmes pharmaceutiques telles que G<strong>la</strong>xo Smith Kline, Merck et Bristo-Meyers Squibb coûtent 2 dol<strong>la</strong>rs US pour une dose quotidienne, soit 60dol<strong>la</strong>rs par un mois s’ils sont distribués par le biais <strong>de</strong>s pharmacies publiques<strong>de</strong>s principaux hôpitaux. Mais <strong>la</strong> plupart du temps, les médicaments ne sontpas disponibles dans les hôpitaux et centres médicaux publics et les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>ssouffrant du VIH/sida doivent se tourner vers les cliniques privées qui<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt 640 dol<strong>la</strong>rs. Selon M. Abdul<strong>la</strong>h, l’In<strong>de</strong> est aujourd’hui un producteur<strong>de</strong> médicaments bon marché contre le VIH/sida qui peuvent êtrebénéfiques non seulement pour les zambiens, mais aussi pour les autres patientsd’Afrique Subsaharienne.TAC, <strong>la</strong> lutte continue ou Msimang, merci pour ton combatLe gouvernement d’Afrique du Sud et TAC, le groupe activiste <strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong> dusida, s'affrontent <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> haute cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong>puis le 26 novembre <strong>2001.</strong>En août <strong>de</strong>rnier, TAC portait p<strong>la</strong>inte contre le ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé pour leforcer à mettre en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> un programme national d'accès à l'antirétroviral névirapineafin <strong>de</strong> réduire <strong>la</strong> transmission du VIH <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère à l'enfant.Les activistes sud-africains en appellent à un arrangement hors processus judiciaire,mais <strong>la</strong> ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé a confirmé le mois <strong>de</strong>rnier, au len<strong>de</strong>main<strong>de</strong> <strong>la</strong> date butoir <strong>de</strong> réponse donné par TAC, que le gouvernement iraitcombattre <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte. TAC a « respectueusement <strong>de</strong>mandé » à <strong>la</strong> ministre <strong>de</strong><strong>la</strong> santé <strong>de</strong> reconsidérer cette décision, insistant sur le fait que cette année,70 000 enfants ont été infectés par le VIH à <strong>la</strong> naissance. TAC attend d'unepart <strong>de</strong> l'Etat qu'il autorise les mé<strong>de</strong>cins du secteur public à prescrire et dispenser<strong>la</strong> névirapine lorsque qu'une mère séropositive en fait <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>;qu'il soumette d'autre part un p<strong>la</strong>n à <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'Hommeavant <strong>de</strong>ux mois et que soit p<strong>la</strong>nifié un programme national <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong><strong>la</strong> transmission mère enfant dans les 18 mois à venir.Bayer = Bailleurs ?Le 24 octobre 2001, Bayer et les autorités sanitaires américaines sont parvenues à un accordsur l’approvisionnement <strong>de</strong>s Etats-Unis en Cipro, un médicament pour traiter <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die ducharbon. La menace était c<strong>la</strong>ire : si Bayer n’avait pas obtempéré, le brevet protégeant leCipro aurait été purement et simplement levé par l’administration et <strong>la</strong> production <strong>de</strong> médicamentsgénériques produites par d’autres firmes pour moins cher, autorisée (en In<strong>de</strong>, pasmoins <strong>de</strong> 78 génériques du Cipro existent actuellement sur le marché). En divisant son prixpar <strong>de</strong>ux, Bayer a sauvé son brevet sur le sol américain. Les spécialistes estiment cepedantque le <strong>la</strong>boratoires allemand (qui refuse <strong>de</strong> s’exprimer sur le sujet) conserve une marge financièresur ces ventes <strong>de</strong> Cipro. D’autant que le prix grand public, lui, reste fixé à 4,7 dol<strong>la</strong>rs enmoyenne par comprimé (34,50 francs). Rien à voir avec les médicaments génériques que lesproducteurs indiens proposent pour 0,03 cents par pilule (0,22 francs) ! Si le gouvernementaméricain n’a pas joué <strong>la</strong> carte du moindre coût c’est qu’il lui était difficile <strong>de</strong> faire fi <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong>protection <strong>de</strong>s brevets, puisqu’il soutient à chaque occasion les grands <strong>la</strong>boratoires pharmaceutiquesdans <strong>de</strong>s cas simi<strong>la</strong>ires (procès contre l’Afrique du Sud et contre le Brésil). Le compromisavec Bayer est simplement le résultat d’une cynique cohérence.Kenya : les ONG avancent, le gouvernement traîneMission for Essential Drugs (Meds) espère fournir aux hôpitaux <strong>de</strong>s médicaments antirétrovirauxà <strong>de</strong>s prix abordables pour les 2,2 millions <strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s du sida kenyans. Meds et<strong>Act</strong>ion-Aids Kenya ont organisé un atelier pour les mé<strong>de</strong>cins travail<strong>la</strong>nt en zone rurale sur <strong>la</strong>gestion <strong>de</strong>s infections par le VIH/sida et <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies opportunistes. Les <strong>de</strong>ux organisationsprévoient d’étendre cet atelier aux autres régions du pays. Pour le Dr Chris Ouma d’<strong>Act</strong>ion-Aids, le but est d’améliorer <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s personnes vivants avec le VIH/sida,en accroissant l’accès à l’information et aux médicaments. Une fois <strong>la</strong> formation terminée,Meds achètera et fournira les médicaments antirétroviraux ainsi que les traitements concernantles ma<strong>la</strong>dies opportunistes à tous les hôpitaux dont les mé<strong>de</strong>cins ont suivi l’atelier <strong>de</strong>formation. Une thérapie antirétrovirale coûtera désormais 6 000 sh par mois dans ces hôpitauxcontre 70 000 actuellement. Cependant, les associations <strong>de</strong> lutte contre le sida atten<strong>de</strong>nttoujours, plus <strong>de</strong> quatre mois après l’adoption parlementaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi sur les génériqueset près <strong>de</strong> 80 000 morts du sida dans le pays, que le gouvernement mette en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong>le décret d’application qui permettra le recours à ces médicaments.


Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> l’OMC sur l’accord TRIPS et <strong>la</strong> Santéma<strong>la</strong><strong>de</strong>s du sida 1Il était temps que <strong>la</strong> vapeur s’inverse : les enjeux <strong>de</strong> santé, et doncles intérêts <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s viennent <strong>de</strong> prendre le pas sur les interêtscommerciaux <strong>de</strong>s multinationales.Désormais, le dogme du monopole <strong>de</strong>s compagnies privéessur les produits vitaux que sont les médicaments ne faitplus force <strong>de</strong> loi.Les gouvernements sont à présent libres <strong>de</strong> produire et d’importer <strong>de</strong>sversions génériques <strong>de</strong>s médicaments sous brevet dont ils ont besoin.En déc<strong>la</strong>rant que « chaque membre [<strong>de</strong> l’OMC] a le droit d’accor<strong>de</strong>r<strong>de</strong>s licences obligatoires et <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> déterminer les motifs pour lesquels<strong>de</strong> telles licences peuvent être accordées », les 142 Etatsmembres ont établis sans ambiguïté <strong>la</strong> primauté <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé sur le profit,indépendamment même <strong>de</strong> situations d’urgence nationale.A Doha, les pays en développement ont prouvé leur détermination.Menée par les pays africains, une coalition <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 80 pays en développementa contraint les pays riches à <strong>de</strong>s concessions clefs, endépit <strong>de</strong>s pressions ou <strong>de</strong>s manipu<strong>la</strong>tions exercées par les Etatsunis,<strong>la</strong> commission Européenne, le Japon et <strong>la</strong> Suisse pour diviserleur groupe.Désormais, les pays qui appliqueraient <strong>de</strong>s pressions ouvertes ou<strong>de</strong>s sanctions bi<strong>la</strong>térales contre <strong>de</strong>s pays pauvres cherchant à améliorerl’accès aux médicaments s’exposeront à <strong>la</strong> condamnation <strong>de</strong>sMembres <strong>de</strong> l’OMC.Cependant, <strong>la</strong> victoire n’est pas totale : toutes les dispositions prévuespar les accords TRIPS n’ont pas été c<strong>la</strong>rifiées à Doha.L’indispensable reconnaissance pour les pays producteurs <strong>de</strong>médicaments sous licence obligatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilité d’exportervers les pays les plus pauvres qui ne dispose pas <strong>de</strong>capacité <strong>de</strong> production a été refusé par les pays développés.La majorité <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s du sida, et <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s en général,vivent dans <strong>de</strong>s pays qui ne sont pas en mesure <strong>de</strong> produire euxmêmeles médicaments dont ils ont besoin. L’exportation à partir <strong>de</strong>spays émergeants est donc une nécessité. Or, si <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong>sMinistres du Commerce reconnaît l’existence du problème, les paysriches ont cependant entravé une prise <strong>de</strong> position indispensable. Defait, <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Doha ne lève pas cette barrière.Contre <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s pays riches et <strong>de</strong>s compagnies pharmaceutiquesle combat doit continuer afin <strong>de</strong> terminer le travail inachevélors <strong>de</strong> cette conférence — <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> vies sont en jeu.<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong> exige que l’OMC c<strong>la</strong>rifie lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> prochaineréunion du Conseil <strong>de</strong> TRIPS le fait que rien dans l’Accordsur <strong>la</strong> propriété intellectuelle ne doit entraver l’exportation<strong>de</strong> médicaments abordables.


MANIFESSIDA : L’AUTRE10 000 MORTS PAprès le 11 septembre, il aura fallu peu <strong>de</strong> temps aux Etats-Unis et à leurs alliés pourse mettre sur le pied <strong>de</strong> guerre. Une coalition mondiale, <strong>de</strong>s budgets sans limite, unemédiatisation quotidienne, <strong>la</strong> mise au pas <strong>de</strong> l’industrie pharmaceutique : les paysriches ont déployé en <strong>de</strong>ux mois l’arsenal qu’ils refusent <strong>de</strong>puis vingt ans à une autreSAMEDI 1 ER DECEMBRE <strong>2001.</strong> REJOIGNEZ ACT


GUERREAR JOURTATIONguerre, <strong>la</strong> lutte contre le sida. Le dixième <strong>de</strong>s moyens engagés en Afghanistan auraitpourtant suffi à vaincre l’épidémie. Une vraie solidarité internationale, une préventionsans fausse pu<strong>de</strong>ur, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie décentes, l’accès aux traitements pourtous : le <strong>1er</strong> décembre, personne ne pourra prétendre que nous exigeons l’impossible.UP A <strong>15</strong> HEURES, PLACE DE LA REPUBLIQUE


<strong>Act</strong>ion n°77 page 16 préventionEn finir avec DustanLa lecture <strong>de</strong>s livres <strong>de</strong> Dustan provoque très vite unsentiment <strong>de</strong> dégoût, <strong>de</strong> fatigue. Il y a là <strong>de</strong> l’acharnement,<strong>de</strong> <strong>la</strong> haine et <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> détruire une <strong>de</strong>s plusbelles aventures collectives <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté homosexuelle.On joue sur un terrain facile, sur <strong>de</strong>s imageséculées : <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>, <strong>la</strong> secte, le ghetto, les pauvres hystériques,les puritains, les moralisateurs, les rabats-joie. Onfait <strong>de</strong> <strong>la</strong> polémique à <strong>la</strong> petite semaine, <strong>la</strong> baise sans capote<strong>de</strong>vient un fond <strong>de</strong> commerce et on passe dans lesémissions <strong>de</strong> Dechavanne.Evi<strong>de</strong>mment, lire ces livres relève du masochisme, maison les lit comme auparavant on avait lu Tony Anatrel<strong>la</strong>ou Irène Théry : tous ces gens qui parlent si bien <strong>de</strong> nous,qui préten<strong>de</strong>nt être les experts <strong>de</strong> nos vies, <strong>de</strong> nos discours,<strong>de</strong> nos combats.La force d’<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>, c’est <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> réalité en face.Aujourd’hui, nous voyons l’épidémie avancer, les chiffresrepartir et retrouver leur niveau <strong>de</strong>1995. Des garçons <strong>de</strong>vingt ans arrivent en Réunion Hebdomadaire parce qu’ilsviennent d’apprendre qu’ils sont séropos. On peut toujoursdétourner le regard en attendant que ce<strong>la</strong> se passe.Ce n’est pas notre politique : on ne lutte pas contre le sidaavec <strong>de</strong>s œillères.Quand les choses ne vont pas, nous nous retournons versnotre communauté. Parce que malgré tous les conflits quipeuvent l’agiter, <strong>Act</strong> <strong>Up</strong> est née avec cette idée <strong>de</strong> communautéet parce que nous nous sentons <strong>la</strong> responsabilité<strong>de</strong> l’informer et <strong>de</strong> <strong>la</strong>ncer <strong>de</strong>s messages d’alerte quand <strong>la</strong>situation l’exige.En juillet et août 1999, les chiffres <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s MSTconnaissent un pic sans précé<strong>de</strong>nt. La même année, lesdonnées <strong>de</strong>s CDAG parisiens montrent une augmentation<strong>de</strong> <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> diagnostics positifs alors que cette partétait en baisse <strong>de</strong>puis 1995. Pour <strong>la</strong> Gay Pri<strong>de</strong>, en juin2000, nous collions <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> sexe dans les rues avecce slogan : « baiser sans capote, ça vous fait jouir ? ». C’estnotre première réponse aux barebackers qui, sous couvert<strong>de</strong> liberté sexuelle, invitent à <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> risque. En novembre2000, <strong>Act</strong> <strong>Up</strong> organise l’AG <strong>de</strong>s pédés, le motd’ordre est : « il est temps <strong>de</strong> parler ». Plusieurs centaines <strong>de</strong>personnes sont là : <strong>de</strong>s gens du SNEG, <strong>de</strong> <strong>la</strong> DGS, <strong>de</strong>s associationset <strong>de</strong>s pédés qui sont venus parce qu’ils avaientlu le tract qui les invitait à venir. Au début <strong>de</strong> l’année 2001,les résultats <strong>de</strong> l’enquête presse gay 2000 sont publiés.Pour <strong>la</strong> première fois, <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> ceux qui déc<strong>la</strong>raientavoir pris <strong>de</strong>s risques dans les <strong>de</strong>rniers mois est enaugmentation. On assiste à une inversion <strong>de</strong> tendance. Lerelâchement <strong>de</strong>s pratiques safe est particulièrement netchez les jeunes. Nous <strong>la</strong>nçons une campagne d’affichagedans <strong>Paris</strong> : « Irresponsables » et le 24 juin 2001, le jour <strong>de</strong><strong>la</strong> Gay Pri<strong>de</strong>, Le Mon<strong>de</strong> publie <strong>la</strong> tribune écrite avec <strong>de</strong>s associationshomosexuelles étudiantes : « 20 ans <strong>de</strong> sida, çasuffit ». Les pouvoirs publics y sont interpelés. Le matinmême, <strong>la</strong> faça<strong>de</strong> du Service d’Information Gouvernementalest maculée <strong>de</strong> « faux-sang » parce que <strong>la</strong> campagne <strong>de</strong>prévention prévue pour l’été vient d’être censurée enconseil <strong>de</strong>s ministres par Lionel Jospin et Ségolène Royal.Pendant l’été, <strong>de</strong>s militants tractent dans les bars pour <strong>la</strong>ncerune alerte à <strong>la</strong> syphilis.Après ça, on peut toujours essayer <strong>de</strong> nous faire le coup<strong>de</strong> l’autofiction, <strong>de</strong> <strong>la</strong> distinction auteur/narrateur, <strong>de</strong> <strong>la</strong> littératureet <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. On peut toujours tenter <strong>de</strong> décourager,en même temps qu’on <strong>la</strong> suggère, une lecture politique<strong>de</strong>s textes. Il n’y a pas <strong>de</strong> second <strong>de</strong>gré qui tienne pournous faire avaler <strong>de</strong>s couleuvres. Mais parce que nous savonsaussi que l’ironie tire son efficacité politique d’un jeumalin sur <strong>la</strong> première personne, nous y répondons à <strong>la</strong>première personne. Les textes qui suivent sont signés parleurs auteurs. Mais parce que ces textes nourrissent à <strong>Act</strong><strong>Up</strong> <strong>de</strong>s débats sur nos stratégies et nos actions, ils engagentun peu plus que leurs auteurs.


Répondre à Dustan…Depuis plus d’un an, un débat sourd a lieu à <strong>Act</strong> <strong>Up</strong> :comment répondre à Dustan. Ecrire cette phrase, ensoi, est le constat d’une tristesse. En général, <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>n’hésite pas. <strong>Act</strong> <strong>Up</strong> répond tout <strong>de</strong> suite ou, en toutcas, le plus vite possible. C’est notre habitu<strong>de</strong>.Pour Dustan, l’idée a toujours été ambigüe et c’estpourquoi j’ai toujours fait un parallèle, facile c’est vrai,entre Dustan et Le Pen. Quand on parle <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux–là, on leur fait toujours <strong>de</strong> <strong>la</strong> pub. Mais, pour être franc,c’est quelque chose qu’<strong>Act</strong> <strong>Up</strong> connaît bien aussi : on atoujours pensé qu’il n’y avait pas <strong>de</strong> mauvaise publicitéà <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>. J’expliquerai plus loin en quoi l’idée diffèrechez <strong>Act</strong> <strong>Up</strong> et Dustan.Or, pendant <strong>de</strong> longs mois, <strong>Act</strong> <strong>Up</strong> n’a rien écrit surDustan. Il y a eu <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> position et <strong>de</strong>s commentairesà <strong>la</strong> radio, <strong>de</strong>s interventions publiques à <strong>la</strong> télé,quelques allusions dans <strong>de</strong>s tracts et <strong>de</strong>s affiches. Maisà <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>, rien n’est dit tant que ce n’est pas écrit. Jeveux dire, un vrai texte. Ce<strong>la</strong> a longtemps été <strong>la</strong> force<strong>de</strong> cette association. Quand, dans d’autres groupes, onn’a pas le temps ou le courage politique <strong>de</strong> le faire, à<strong>Act</strong> <strong>Up</strong> il y a toujours quelqu’un qui a <strong>la</strong> hargne, qui semet <strong>de</strong>vant don ordinateur parce qu’il faut que ça sorte.Mais sur Dustan, rien. Pas <strong>la</strong> moindre analyse politique,littéraire ou sentimentale. Nous avons <strong>la</strong>issépourrir <strong>la</strong> situation alors que notre rôle <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce,qui a toujours été l’essence même du groupe, n’apas fonctionné. Il faudra analyser pendant longtempspourquoi une chose pareille a pu se produire.Aujourd’hui, <strong>de</strong>s mots sont alignés. Des textes sont diffusés.Des discussions ont lieu. Il y a <strong>de</strong>s avis différents,comme toujours à <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>. Voici le mien, enfin, une partie.Tout le mon<strong>de</strong> connaît <strong>la</strong> haine qui nous anime l’un enversl’autre. C’est une haine fondamentale, une <strong>de</strong>s pluspuissantes que j’ai pu ressentir pendant mes douze ans àl’intérieur d’<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>. Et c’est pourquoi tous mes amis, quim’ont dit à un moment ou un autre « Didier, <strong>la</strong>isse tomber,ça ne sert à rien », tous ces amis donc, se trompent.Je le sais, je le sens en moi comme une évi<strong>de</strong>nce, une <strong>de</strong>ces trois ou quatre évi<strong>de</strong>nces que vous sentez dansvotre vie. Je peux rire <strong>de</strong> cette haine, je sais que c’est unélément ironique comme tout ou presque peut l’être. Jesais aussi que je ne me bats pas à <strong>Act</strong> <strong>Up</strong> par un sentiment<strong>de</strong> haine (bien que ça ai<strong>de</strong>) mais sincèrement parceque j’essaye <strong>de</strong> faire bouger les choses. Des fois, onsait qu’on va vers un mur et <strong>de</strong>s fois on sait que le succèsest possible. Dans ce cas pourtant très complexe, je saisque nous avons une possibilité <strong>de</strong> succès. Ça prendrajuste du temps, comme beaucoup <strong>de</strong> choses à <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>.Je pourrais dire beaucoup <strong>de</strong> choses sur Dustan, je commencemême à radoter énormément sur le sujet, on lesait. Mais, en réfléchissant bien, j’ai compris le point quime révolte le plus chez lui. Il ment. Depuis <strong>de</strong>s années,nous nous sommes battus contre le secret administratifet médical, contre <strong>la</strong> mauvaise foi, contre l’inaction,contre le déni, contre <strong>la</strong> déformation, contre <strong>la</strong> discrimination.Mais il y a quelque chose qu’<strong>Act</strong> <strong>Up</strong> ne peut accepter,en aucun cas : le mensonge. Car ce mensongevient d’un écrivain homosexuel séropositif juif. C’est parcequ’il est homosexuel que Dustan peut dire <strong>de</strong>s chosesqui mènent les homosexuels à leur perte. C’est parcequ’il est séropositif que Dustan se permet <strong>de</strong> dire <strong>de</strong>schoses qui vont à l’encontre du travail <strong>de</strong>s associations etdu respect <strong>de</strong>s personnes touchées. C’est parce qu’il estjuif que Dustan dit <strong>de</strong>s choses sur l’holocauste que LePen lui-même n’ose plus dire. C’est enfin parce qu’il estécrivain que lespropos <strong>de</strong>Dustan se ven<strong>de</strong>nt.Mais lesmédias n’ontpas encore oséécrire ce<strong>la</strong>.De toute l’histoirerécente<strong>de</strong>s écrivainsgays français,Dustan est leseul qui mentsciemment. Onpeut ne pasêtre d’accordavec les écritsun peu dépasséset révolutionnairesd’Hocquenghem.On peutse <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r siFrank Arnal afait tout ce qu’il pouvait contre le sida. On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r commentRenaud Camus s’est empêtré dans cette histoire sur les juifs.Surtout, on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si Frédéric Martel n’a pas arrangé <strong>la</strong>sauce historique à son goût. Mais mon point, c’est que toutes cespersonnes avaient une base homosexuelle en France et surtout ellesn’ont pas entamé un travail <strong>de</strong> sape <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité gay <strong>de</strong> leur temps.Peut être que ces personnes ne sont pas allé au bout <strong>de</strong> leur courage.Par exemple, on ne sait pas exactement ce que pense RenaudCamus du sida. Un autre exemple : Martel n’oserait pas dire le fond<strong>de</strong> sa pensée sur <strong>la</strong> sexualité <strong>de</strong>s gays. On peut donc remercierDustan d’être allé à <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> son concept et <strong>de</strong> dire ce que lesautres pensent, ce qui est d’ailleurs l’argument premier <strong>de</strong>s gens qui ledéfen<strong>de</strong>nt. Le seul truc, et c’est là où vous <strong>de</strong>vez faire confiance àmon sens du discernement, c’est que je sais que Dustan ne pense pasce qu’il écrit. Il ment tout le temps. Il ment comme les journalistesmentent quand ils disent qu’un film est bon alors qu’ils savent qu’il estnul. Il ment comme les politiques quand ils défen<strong>de</strong>nt l’intérêt du pétrolequand nous avons le vent et le soleil pour faire tourner les machines.Il ment comme les télés qui encouragent <strong>de</strong>s gens parce qu’ilsjustifient leur propre cynisme publicitaire. Ces mensonges — là, nousy sommes habitués même s’ils continuent à nous choquer. Mais unhomosexuel qui ment à d’autres homosexuels, c’est un fait complètementnouveau. Car là, il ne s’agit pas <strong>de</strong> mentir en disant « ce blousonte va très bien » alors que vous donnez l’impression <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong>boutique Sweet Man. C’est un mensonge qui touche à <strong>la</strong> base même<strong>de</strong> ce que nous sommes : <strong>la</strong> sexualité. Et, dans l’histoire <strong>de</strong> notremouvement, pas un seul porte — parole n’a, pour l’instant, tiré unepart <strong>de</strong> succès dans le mensonge qu’il apportait à <strong>la</strong> société sur le sujet<strong>de</strong> notre sexualité.Vous me direz, pourquoi un homosexuel ne pourrait pas faire ce queles autres font ? Est-ce que <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnité <strong>de</strong> Dustan ne rési<strong>de</strong> pas,précisément, dans son côté warholien, basé sur le fait que rien n’estvrai, que tout est factice, tout est <strong>de</strong> l’entertainment ? Ben oui, je sais,c’est précisément pour ça que certains médias malins l’adorent, il esttellement pop. Mais cette pop là, on commence vraiment à en voirles limites. Et surtout, il est temps <strong>de</strong> vous le dire : ce n’est pas du politiquementcorrect, à un moment précis où une épidémie repart <strong>de</strong>plus belle (et nous sommes tous d’accord sur ce point), il n’est paspossible <strong>de</strong> se cacher sous un camouf<strong>la</strong>ge artistique pour détruire <strong>la</strong>vie <strong>de</strong>s gens. Je sais qu’à notre époque, dire que quelqu’un ment estpuéril. Regar<strong>de</strong>z cet article dans Libération, le 6 septembre <strong>de</strong>rnier, sur<strong>la</strong> nouvelle Bible (Bayard). Les mots « péché » et « méchant » ontquasiment disparu <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle traduction, ce qui veut dire que cestermes, pourtant basiques dans <strong>la</strong> religion, sont considérés dorénavantcomme un peu dépassés. Le mensonge fait donc implicitement


<strong>Act</strong>ion n°77 page 20 préventionles re-pères habituels autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die ? Ces revenirsd’un père qui apparaît comme un fantôme <strong>de</strong>rrière l’injonctiond’un autre à mettre <strong>la</strong> capote. « Mon père étaitbel homme… Il se prenait pour <strong>la</strong> loi. Il exerçait son pouvoir, ilrefusait. Je vou<strong>la</strong>is tellement qu’il m’aime ». Devenue synonyme<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi paternelle par glissement <strong>de</strong> sens pervers,l’objet prend dans le discours <strong>de</strong> Dustan un rôle castrateur.Là où pour nous : Préservatif = protéger d’une ma<strong>la</strong>diegrave, pour Dustan le préservatif = papa vous protégepour mieux contrôler votre désir, faire sa loi et vous couper<strong>la</strong> queue. C’est le terreau moisi <strong>de</strong> son incompréhensiblediscours paralogique. Aussi lorsque Didier Lestra<strong>de</strong>,un <strong>de</strong>s pères fondateurs d’<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>, un terroriste… qui semet à <strong>la</strong> <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> du père, se dresse <strong>de</strong>rrière le fusil <strong>de</strong> nosaffiches <strong>de</strong> prévention pour viser symboliquement lesécrivains du foutre, Dustan réactualise aussitôt publiquementson conflit paternel à travers <strong>de</strong>s réactions <strong>de</strong> défensesbor<strong>de</strong>rlines et paranoïaques. Et hop ! Un livre…Mais Didier Lestra<strong>de</strong> se met-il à <strong>la</strong> <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> du père ou bienle manque inassouvi du petit — Baranès — le vrai nomdu père, du fils et du Génie Divin, amène-t-il l’adulte à seré-exposer face à une image parentale oppressante ? Parses prises <strong>de</strong> positions, l’écrivain se pose comme un gaminrebelle ambivalent qui appelle un père en annu<strong>la</strong>nt ses représentationsdans le même temps. Papa tu n’existes pasmais m’entends-tu pleurer ? Est-on si loin du conceptLacanien <strong>de</strong> <strong>la</strong> psychose : <strong>la</strong> forclusion du nom du pèrequi exclut hors <strong>de</strong> l’univers symbolique <strong>de</strong> l’enfant ce signifiantessentiel du phallus pour donner naissance à <strong>la</strong>psychose ? Nous <strong>de</strong>vrions <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à monsieur Baranèspère justement. Il est psychanalyste.Car consciemment ou non, le petit Guil<strong>la</strong>ume a tout reproduit.Dans l’écriture d’abord. Ses trois premiers livressont sous-tendus par l’injonction psychanalytique du « ilfaut se raconter sans censure ». Il fait jouer au lecteur lerôle d'un analyste rendu impuissant comme par une volonté<strong>de</strong> castrer le pouvoir <strong>de</strong> son père <strong>de</strong>rrière. L’écrivainallonge ses maux sur le papier comme un enfant jouantavec son caca sur le divan paternel. Il attend une écouteneutre et bienveil<strong>la</strong>nte sans jugement en feignant d’oublierque ces règles-là n'ont pas lieu dans l'espace public qui ne permet pas<strong>la</strong> neutralité et <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne qui reçoit ces maux si ellene maîtrise pas ces cadres <strong>de</strong> références et tout simplement s’ils nesont pas posés correctement. Il inverse le transfert et <strong>de</strong>vient à <strong>la</strong> fois lepatient et l’analyste dans un délire <strong>de</strong> toute puissance. Quand on saitque les gays n'ont aucune éducation sexuelle et psychologique formelleet que nous apprenons sur le tas, on peut se poser quelques questionssur le vi<strong>de</strong> qu’il vient combler. A partir <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Pages et dans GénieDivin, on peut même franchement croire que l’auteur est entré dansune écriture <strong>de</strong> <strong>la</strong> libre association d’idées, mais dans quels buts ?Car cette libre association d’idées ne l’amène pas à l’émergence d’unrefoulé mais plutôt nous, lecteur, dans les sables mouvants <strong>de</strong> <strong>la</strong> parolemanipulée. Dès lors tout est permis. <strong>Act</strong> <strong>Up</strong> n’est plus qu’un prétexte.Le sida <strong>de</strong>vient une ma<strong>la</strong>die libératrice qui permet d’abattre lemon<strong>de</strong> bourgeois <strong>de</strong> papa et donc <strong>de</strong> se « construire » illusoirementmais réellement pour lui. Tuer <strong>la</strong> loi pour oublier <strong>la</strong> souffrance.Meurtrir son corps pour ne pas sentir ses hémorragies psychiques.Tout y passe dans <strong>la</strong> symbolique amputée <strong>de</strong> Dustan. Le sperme <strong>de</strong>vientle savoir et <strong>la</strong> connaissance, l’essence même d’une révolution. Enavaler, c’est se battre pour <strong>la</strong> légalisation <strong>de</strong>s drogues et <strong>la</strong> libération<strong>de</strong>s femmes, donc c’est mo<strong>de</strong>rne. On justifie ses actes comme onpeut. Les contaminations se transforment ainsi en rites initiatiques <strong>de</strong><strong>la</strong> virilité vraie avec un écho <strong>de</strong> fascisme. Parfois c’est une fécondation,mouvement <strong>de</strong> vie inverse par excellence ! — Là où le sida met <strong>de</strong> <strong>la</strong>mort dans <strong>la</strong> jouissance <strong>de</strong>s séropos, Guil<strong>la</strong>ume Dustan répond qu’il ya <strong>de</strong> <strong>la</strong> jouissance à mourir… — Habile à soulever pourtant les problèmeséthiques posés par <strong>la</strong> prévention dans les rapports séropos/séropos,séronegs/séronegs, il n’en masque pas moins une vision simplisteet raciste d’un « marché sexuel » imperméable à l’altérité et au mé<strong>la</strong>nge.Il dépouille <strong>la</strong> capote d’un <strong>de</strong> ses rôles premiers qui consiste àfaciliter une rencontre sexuelle, en l’abordant dans <strong>la</strong> confiance <strong>la</strong> plustotale, sans avoir à exiger <strong>la</strong> connaissance du statut sérologique <strong>de</strong> sonpartenaire, par simple respect élémentaire. Il <strong>la</strong> transforme, <strong>la</strong> travestiten une sorte <strong>de</strong> mur <strong>de</strong> Berlin du seul bon p<strong>la</strong>isir, ACT UP Vichy ildit…, oubliant au passage que LE SEXE EST AUSSI UN MOYEN DERENTRER EN RELATION AVEC AUTRUI, l’abandon <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule capotene garantissant en rien une vie affective réussie.C’est pourquoi malheureusement et comme dans toutes les bonnestragédies, Guil<strong>la</strong>ume Dustan déci<strong>de</strong> d’incarner jusqu’à l’absur<strong>de</strong> le rôle<strong>de</strong> <strong>la</strong> monstruosité, tel ce bouffon shakespearien qu’il met en scènedans les médias, crâne à <strong>la</strong> main, réveil<strong>la</strong>nt sans cesse en lui-même lespectre Hamletien d’une mort qui coexiste avec violence, à toute vie,dans le ventre <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité. « Peace, break thee off. Look, where itcomes again »*. À <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> <strong>la</strong> créature boursouflée du récit <strong>de</strong>Frankenstein, il révèle l’existence <strong>de</strong> nos propres coutures intérieures,réveil<strong>la</strong>nt en notre âme <strong>la</strong> semb<strong>la</strong>ble lueur <strong>de</strong> crainte et d’effroi aperçuedans le regard <strong>de</strong> ce capitaine apeuré, dont le navire et leshommes bloqués dans les g<strong>la</strong>ces, là où <strong>la</strong> terre n’a plus ni début ni fin,atten<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> tié<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>la</strong> brise pour repartir coûte que coûte vers lenord, et qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au monstre qu’il vient <strong>de</strong> retrouver prostré <strong>de</strong>vant<strong>la</strong> dépouille mortelle <strong>de</strong> son créateur Victor :« - Mais qui êtes-vous ?Le monstre : - il ne m’a jamais donné <strong>de</strong> nom.Le capitaine : - Pourquoi pleurez-vous ? »Et le monstre <strong>de</strong> répondre, les yeux baignés <strong>de</strong> ses souffrances, donnantà voir le cœur effroyablement proche <strong>de</strong> sa sur-humanité, dévastépar son abréaction* impossible, sans autre issue pour l’acheverque <strong>de</strong> quitter le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hommes à jamais :« - C’était mon père… »Sylvain Rouzières.* Hubris : Orgueil démesuré. Source <strong>de</strong> <strong>la</strong> colère qui détruit dans le théâtre <strong>de</strong>Shakespeare, à l’opposé <strong>de</strong> <strong>la</strong> colère <strong>de</strong>s braves qui peut être bénéfique.* Réplique du gar<strong>de</strong> Marcellus dans Hamlet lorsqu’il aperçoit le spectre du père assassiné<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier qui revient.* Abréaction : Décharge émotionnelle par <strong>la</strong>quelle un sujet se libère <strong>de</strong> l’affect attachéau souvenir traumatique lui permettant ainsi <strong>de</strong> ne pas <strong>de</strong>venir ou rester pathogène.


L’arbre qui cache<strong>la</strong> forêtGuil<strong>la</strong>ume Dustan va bientôt publier un nouveau livre.Il semble utile <strong>de</strong> préciser <strong>de</strong>ux ou trois faits. QuandGuil<strong>la</strong>ume Dustan a publié Dans ma chambre, son premierroman d'autofiction, c'est une nouvelle voix quiest apparue, celle d'un séropo après l'arrivée <strong>de</strong>s trithérapies.Dans le cadre <strong>de</strong> cette prise <strong>de</strong> parole <strong>de</strong> séropos,Dustan a pris un biais très particulier, celui du déni<strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, développé avec <strong>la</strong> fameuse théorie dubareback, c'est-à-dire l'incitation à <strong>la</strong> baise sans capote.<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong> se <strong>de</strong>vait <strong>de</strong> réagir pour reprendre cetteparole alors <strong>la</strong>issée à l'abandon. Trois livres <strong>de</strong> Dustanplus tard, c'est chose faite. Son discours <strong>de</strong> barebackera encore une influence. Nous ne le nions pas. Pourtant,nous avons le sentiment <strong>de</strong> passer trop <strong>de</strong> temps sur lecas Dustan. Et revenir une énième fois <strong>de</strong>ssus reviendraitpeut-être à réduire <strong>la</strong> visibilité <strong>de</strong> notre combatcontre le re<strong>la</strong>pse à une seule cible, Dustan. Alors quenous savons tous que les causes du re<strong>la</strong>pse sont trèsloin <strong>de</strong> se limiter à <strong>la</strong> publication <strong>de</strong> ces livres.L'activité <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission Prévention d'<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong> l'aprouvé, agir dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> prévention est bienplus complexe : faire pression sur <strong>la</strong> DGS, sur Jospin et le serviced'information du gouvernement, mobiliser les associations <strong>de</strong> jeuneshomos sur le sida, informer sur <strong>la</strong> syphilis, etc. La commissionPrévention s’est créée et elle a travaillé. Nos affiches « irresponsables »ont <strong>la</strong>rgement été reprises par les médias « communautaires ». Notretexte dans le Mon<strong>de</strong>, co-signé avec <strong>de</strong>s associations étudiantes prouveen outre que notre discours passe, bien que parfois au forceps, auprès<strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> jeunes. Et ce sont eux qui peuvent constituer unre<strong>la</strong>is efficace <strong>de</strong> notre discours sur le terrain.Nous sommes conscients qu’il ne faut pas relâcher <strong>la</strong> pression surtous les discours révisionnistes du sida. Si l’on <strong>de</strong>vait réinviterDustan sur un p<strong>la</strong>teau télé ou dans un journal pour parler du sida,alors, il faudrait lui répondre.Dustan a réussi une chose : à mobiliser l'énergie d'<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong>, audétriment d'un travail <strong>de</strong> réflexion plus <strong>la</strong>rge. Pour certains militantsd'<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong>, il semble plus urgent et peut-être plus important <strong>de</strong>poursuivre une réflexion sur <strong>la</strong> sexualité <strong>de</strong>s séropos et leurs problèmes<strong>de</strong> prévention. Dans l'enquête presse gay 2001, ce sont lesmoins <strong>de</strong> 24 ans et les 35-44 ans qui se sont exposés le plus souventau virus. La commission prévention d'<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong> a déjàbeaucoup produit <strong>de</strong> discours et travaillé sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s moins<strong>de</strong> 24 ans, autrement dit "les jeunes". Mais qu'en est-il <strong>de</strong> leurs aînés?Autrement dit, ceux qui ont l'âge <strong>de</strong> Dustan…Arlindo Constantino et Xavier Héraud.


<strong>Act</strong>ion n°77 page 22 prisonRapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission santé / justice 2000 :sida, VHC et prisonDepuis 10 ans, l’explosion <strong>de</strong>s épidémies <strong>de</strong> VIH, VHCet VHB en prison contraint les responsables politiquesà une prise en compte <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> santé en milieucarcéral. L’urgence <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation a ainsi entraîné<strong>la</strong> mise en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> en 1994 d’une réforme dite « progressiste» du système <strong>de</strong> soins en prison (dont les effetsconcrets restent pourtant très insatisfaisants), <strong>la</strong>réalisation en 1997 d’une étu<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> prise en chargedu VIH et <strong>de</strong> <strong>la</strong> toxicomanie en prison, et enfin récemment<strong>la</strong> production <strong>de</strong> ce nouveau rapport sur« sur <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> transmission du VIH et<strong>de</strong>s hépatites virales en milieu carcéral ». Déposée sur lebureau <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Sceaux en décembre <strong>de</strong> l’année<strong>de</strong>rnière, cette enquête menée par l’administrationpénitentiaire et <strong>la</strong> Direction Générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santéa pour but <strong>de</strong> dresser « un constat objectif » afin <strong>de</strong>préciser le type <strong>de</strong> politique sanitaire qui doit être appliquéeen prison.Si ce rapport contient quelques « révé<strong>la</strong>tions » — surles échecs <strong>de</strong> <strong>la</strong> prévention en prison, sur les pratiquesd’injection par voie intraveineuse ou sur <strong>la</strong> substitution— Il reste cependant que ce « constat objectif »vient un peu tardivement : <strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong> le dresse <strong>de</strong>puis<strong>de</strong>s années sans que ce<strong>la</strong> ne suscite <strong>la</strong> moindreréaction <strong>de</strong>s pouvoirs publics. Oui, nous savions qu’il ya <strong>de</strong>s rapports sexuels non-protégés en prison. Oui,nous savions que <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> l’injection y est courante,que les substitutions se font <strong>de</strong> façon complètementaléatoires dans l’enceinte pénitentiaire. Pour lesavoir, il suffit <strong>de</strong> prêter attention aux témoignages <strong>de</strong>détenus, séropositifs, ou coinfectés, <strong>de</strong> leurs proches,ou <strong>de</strong> jeter un regard sur les étu<strong>de</strong>s disponibles. Ainsi,<strong>la</strong> juste du constat ne fait qu’aggraver ce que l’inertie<strong>de</strong>s irresponsables politiques a d’insupportable.Mais rappelons les données que ce rapport officialiseenfin. Concernant « l’exposition <strong>de</strong>s personnes détenuesaux risques <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies infectieuses parvoies sexuelle et sanguine », il fournit entre autre lechiffre <strong>de</strong>s détenus infectés par le VIH et connus <strong>de</strong>sservices médicaux en juin 1998 : on comptait alors866 détenus atteints par le VIH (1.56% ) dans les prisonsfrançaises, dont 165 au sta<strong>de</strong> sida. Ce qui correspondà une séroprévalence 3 à 4 fois supérieure à cellequi prévaut à l’extérieur. Concernant le VHC — leschiffres, sous–estimés, sont à prendre avec pru<strong>de</strong>nce(un entrant sur cinq déc<strong>la</strong>re avoir été dépisté) — letaux <strong>de</strong> séropositivité serait <strong>de</strong> 4,4% (enquête surl’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s entrants 1999). Il apparaît que lesfemmes sont plus touchées que les hommes, avec untaux <strong>de</strong> séropositivité <strong>de</strong> 3.1% pour le VIH, et 6% pourle VHC. Parmi les usagers <strong>de</strong> drogues <strong>la</strong> séroprévalenceest également supérieur à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion carcéralegénérale. Par ailleurs, un document officiel noteque 12% <strong>de</strong>s UDVI actifs incarcérés continuent leurspratiques d’injections en prison, et que 10% d’entreeux déc<strong>la</strong>rent avoir partagé leur matériel d’injection endétention. Le produit injecté est généralement l’héroïne,parfois <strong>la</strong> cocaïne et plus exceptionnellement leSubutex® et le Skénan®. Le nombre <strong>de</strong> personness’injectant <strong>de</strong>s produits en détention sur une année est estimé àenviron un millier, soit environ 2% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion pénale.L’étu<strong>de</strong> (ORS PACA <strong>de</strong> 1998) apporte également <strong>de</strong>s donnéesquantitatives sur les re<strong>la</strong>tions sexuelles en détention. Ainsi, sur1212 personnes interrogées, 8% déc<strong>la</strong>rent avoir <strong>de</strong>s rapports hétérosexuelsen détention, et 1% <strong>de</strong>s rapports homosexuels. 20%<strong>de</strong>s personnes ayant une re<strong>la</strong>tion sexuelle en détention ont utiliséun préservatif lors du <strong>de</strong>rnier rapport occasionnel.Dans sa <strong>de</strong>uxième partie consacrée à <strong>la</strong> prévention en détention,le rapport tire <strong>de</strong>s conclusions mitigées. En 1985 une circu<strong>la</strong>ire signifiant<strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> sensibiliser le personnel carcéral, les détenus,<strong>de</strong> dédramatiser les peurs autour <strong>de</strong>s virus du sida et <strong>de</strong>s hépatites,était envoyée à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s responsables pénitentiaireset responsables médicaux intervenant en détention. Lamise en <strong>p<strong>la</strong>ce</strong> d’actions d’éducation pour <strong>la</strong> santé, <strong>de</strong> dépistage,<strong>de</strong> substitution, <strong>la</strong> mise à disposition d’eau <strong>de</strong> Javel, <strong>de</strong> préservatifs<strong>la</strong>issaient alors envisager un certain progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> préventionen prison. Le rapport montre pourtant que toutes ces mesuresrestent <strong>la</strong>rgement insuffisantes ; ce dont témoigne l’exemple suivant: en 1998, 34% <strong>de</strong>s détenus pensaient qu’il était impossibled’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s préservatifs en détention (enquête ORS PACA),alors qu’au même moment <strong>la</strong> capote était censée être renduepleinement dans <strong>la</strong> prison. Ni plis ni moins qu’auparavant, <strong>la</strong>sexualité reste compliquée à vivre pour les détenus comme pourles surveil<strong>la</strong>nts. Par ailleurs, on constate que <strong>la</strong> substitution a seslimites en détention, et surtout que le sevrage forcé est loin d’apporterles réponses escomptées.La troisième partie du rapport développe analyses et propositionspour une « politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s risques adaptée au milieu carcéral». Pour répondre au constat déplorable quant à <strong>la</strong> situation sanitaireen détention, les mesures envisagées s’imposent en effetpour permettre un meilleur dépistage, développer l’accès à l’informationpour les détenus comme pour les surveil<strong>la</strong>nts (notammentsur les traitements prophy<strong>la</strong>ctiques), améliorer l’accessibilitéau préservatif, prendre en compte le « fémidon » pour les détenues; développer les traitements <strong>de</strong> substitution... Encore fautilque ces mesures soient effectives, rapi<strong>de</strong>ment.En outre, il faut désormais aller beaucoup plus loin et accélérer <strong>la</strong>ca<strong>de</strong>nce : avec <strong>la</strong> défense d’un véritable droit à <strong>la</strong> sexualité, d’unevéritable égalité <strong>de</strong>s soins entre l’intérieur et l’extérieur.Pourtant, les programmes d’échange <strong>de</strong> seringues sont encoreconsidérés dans ce rapport comme « prématurés » en France.Malgré les chiffres sur <strong>la</strong> pratique d’injection en prison, surl’échange <strong>de</strong> matériel, sur <strong>la</strong> propagation <strong>de</strong> l’hépatite C, et bienque le rapport souligne l’existence d’expériences « plutôt positives» menées dans ce domaine à l’étranger, rien n’y fait : il faudraencore attendre. Attendre, probablement jusqu’à ce que <strong>la</strong>gestion <strong>de</strong>s hépatites C soit <strong>de</strong>venue impossible. Comme le dit sijustement le rapport, en France, « on réagi avec lenteur à <strong>la</strong> propagationdu VIH et <strong>de</strong>s hépatites. La politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s risquesest encore fragile ».D’une manière générale, le constat que dresse ce rapport sembleeffectivement « objectif », mais il n’a rien <strong>de</strong> nouveau. La Gar<strong>de</strong><strong>de</strong>s Sceaux est au fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>puis presque un an maintenant.L’étu<strong>de</strong> ORS PACA a été publiée en 1998, elle suffisait pourréagir. Les politiques n’enten<strong>de</strong>nt ni les détenus, ni leurs proches,ni les associations, ni les mé<strong>de</strong>cins. Les rapports <strong>de</strong> l’Assemblée


nationale et du Sénat l’année <strong>de</strong>rnière sont restélettre morte. Dans ce contexte ce rapport aura-t-il unimpact ? On peut se permettre d’en douter.Avec ce rapport, il est c<strong>la</strong>ir que nous disposons d’unenouvelle arme, produite par ceux-là mêmes qui ignorent<strong>la</strong> voix <strong>de</strong>s détenus, <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s chercheurs.Dès que nous le pourrons, nous en userons àgrand bruit. Mais ce rapport nous pousse également àun constat insupportable : en 2001, les responsablespolitiques en sont encore à attendre tranquillementl’explosion d’une épidémie pour « agir ». Le temps <strong>de</strong>l’action politique tourne au ralenti.Alors, à <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> ce rapport et <strong>de</strong>s informationsqu’il officialise, c’est <strong>la</strong> colère qui l’emporte. Et cettequestion : Mesdames et Messieurs les Gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>sSceaux <strong>de</strong> cette décennie, <strong>de</strong> combien <strong>de</strong> morts votreinaction vous rend-elle responsable ?M. Kouchner et Mme Lebranchu n’ont aucune politiquesanitaire en direction <strong>de</strong>s détenus. Pendant ce temps,les contaminations ne cessent d’augmenter.


TEE-SHIRT > SWEAT-SHIRT > BADGE > SIFFLETpar Barbara Buïpar Agnès B.par Castelbajacpar Louise Attaquepar José Lévytee-shirt > silence = mort, colère = action, action = vietee-shirt > agnès b. avec act up-paris < b<strong>la</strong>nc ou noirtee-shirt > logo act up-paris < jaune, violet, bleu nuit, bleu c<strong>la</strong>ir, vert, bor<strong>de</strong>auxtee-shirt > barbara buï < b<strong>la</strong>nc, bleu nuit, gris, sable, kakitee-shirt > J.-C. <strong>de</strong> Castelbajac, information = pouvoir < en lettres orange sur camouf<strong>la</strong>getee-shirt > Louise Attaque, le groupe < bleu c<strong>la</strong>ir, kakitee-shirt > Louise Attaque, couple avec louisette sur manche < kaki (XL uniquement), noirtee-shirt > knowledge is a weapon < vert, mauve, bor<strong>de</strong>auxtee-shirt > ignorance is your enemy < bleu nuit, bleu ciel, vert, mauve, kaki, bor<strong>de</strong>aux*tee-shirt (col V) > ignorance is your enemy < noirtee-shirt > Louise Attaque, (Agnès b) < kakitee-shirt & débar<strong>de</strong>ur > José Lévy < bleu nuitsweat-shirt > act up-paris sur manche < bleu ciel, bleu nuit (XL uniquement ), rouge, b<strong>la</strong>nc, kakisweat shirt > frise verticale act up-paris < bleu nuit, noirsweat shirt > act up-paris sur manche avec capuche < bleu nuit (S uniquement), marron (XL uniquement)débar<strong>de</strong>ur (girl) > ignorance is your enemy < noir, kakidébar<strong>de</strong>ur (girl) > Safe Sex Queen < marine, kaki, bleu ciel, jaune pasteltee-shirt > Safe Sex Queen < noir, kaki, marinetee-shirt (col V) > Safe Sex Queen < noirtee-shirt > Safe Sex Queen < navy, ambre, olive, taupeTaille Prix Quantité CouleurS n M n L n XL n 100 FS n M n L n 100 FS n M n L n XL n 100 FS n M n <strong>15</strong>0 FM n100 FXL n 100 FS n M n 100 FS n M n L n XL n 100 FS n M n L n XL n 100 FL n100 FF n S n M n 100 FS n L n 100 FM n L n 160 FM n L n XL n 120 FS n XL n 180 FTU n100 FTU n100 FTU n100 FTU n L n XL n 100 FL n XL n 100 F* ignorance is your enemy, existent également : noir taille U n , bleu nuit taille U n , rouge taille U n , kaki taille U n bon <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>Bon <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>. Complétez et retournez accompagné d’un chèque libellé à l’ordre d’<strong>Act</strong> <strong>Up</strong>-<strong>Paris</strong>. BP 287. 75525. <strong>Paris</strong> ce<strong>de</strong>x 11.Nom ................................ Prénom ........................ Adresse ................................................................................Après avoir coché les cases, précisez ici le montant total <strong>de</strong> votre chèque n’oubliez pas les frais <strong>de</strong> port, 20 F Total F ................


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