Doumbia & Kwadjo……………………...……………J. Appl. Biosci. 2009. <strong>Pratiques</strong> d’utilisation <strong>et</strong> <strong>gestion</strong> pestici<strong>de</strong>sagrochimiques sur leur site <strong>de</strong> production avant leuremploi (type III). Le type III, composé <strong>de</strong>s producteurs<strong>de</strong> Dabou, se distingue <strong>par</strong> le fait que ces maraîchersutilisent <strong>les</strong> emballages <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s pour <strong>de</strong>s usagesdomestiques.Sur le plan <strong>de</strong> la santé, quelques problèmessanitaires liés à l’utilisation <strong>de</strong> produits phytosanitaires,ont été recensés chez plus d’un quart <strong>de</strong>s maraîchersd’Abidjan <strong>et</strong> un peu moins en banlieues (figure 12).Les malaises exprimés <strong>par</strong> <strong>les</strong> producteurs sont : <strong>de</strong>smaux <strong>de</strong> tête, <strong>de</strong>s maux <strong>de</strong> gorges (<strong>de</strong> simp<strong>les</strong>irritations à <strong>de</strong>s toux violentes), <strong>de</strong>s maux d’estomac(allant <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> crampes jusqu’aux vomissements),la diarrhée, <strong>de</strong>s démangeaisons corporel<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>spalpitations cardiaques. Les maux <strong>de</strong> tête <strong>et</strong> d’estomacont été notés dans 55% <strong>de</strong>s cas. Ce sont <strong>les</strong>applicateurs qui manifestent le plus souvent cessymptômes. Seuls <strong>de</strong>ux cas d’enfants présents sur <strong>les</strong><strong>par</strong>cel<strong>les</strong> pendant le traitement <strong>et</strong> ayant soufferts <strong>de</strong>maux <strong>de</strong> ventre ont été rapportés.Aucun maraîcher ne trouve nécessaire <strong>de</strong> serendre dans un centre hospitalier pour ces malaises.En eff<strong>et</strong>, après chaque traitement phytosanitaire, ilsboivent du citron, du lait <strong>de</strong> vache ou du lait concentrénon sucré. Selon eux, ces précautions sont suffisantespour prévenir <strong>et</strong> combattre tout problème <strong>de</strong> santé lié àl’utilisation <strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s.Axe 2 (30.16 %)21.510.50-0.5-1-1.5-2Graphique symétrique (axes 1 <strong>et</strong> 2 : 88.86 %)Type IIUsage directZ4VenteZ5Z7Z1EnfouissementMaisonZ3Dépôt sur le siteZ2Sur le siteZ6Type IType III Usagep0,0001-1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5Axe 1 (58.70 %)Lignes actives Colonnes activesFigure 11 : Analyse AFC <strong>de</strong> la perception environnementale <strong>de</strong>s maraîchers d’Abidjan <strong>et</strong> banlieues.999
Doumbia & Kwadjo……………………...……………J. Appl. Biosci. 2009. <strong>Pratiques</strong> d’utilisation <strong>et</strong> <strong>gestion</strong> pestici<strong>de</strong>s% <strong>de</strong> maraîchers80706050403020100AbidjanMalaisesBanlieuesPas <strong>de</strong> malaisesFigure 12 : Manifestation <strong>de</strong> malaises liés aux applications <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s chez <strong>les</strong> maraîchersDISCUSSIONLe manque <strong>de</strong> contrôle dans <strong>les</strong> filières maraîchères enCôte d’Ivoire laisse libre cours à toute sorte <strong>de</strong>pratiques <strong>et</strong> <strong>de</strong> spéculations (ANOPACI, 1999). Ainsi,selon l’ANOPACI (2000a), à Abidjan, <strong>les</strong> pestici<strong>de</strong>ssont vendus sur <strong>les</strong> sites <strong>de</strong> productions. En banlieues,<strong>les</strong> producteurs achètent <strong>les</strong> pestici<strong>de</strong>s auprès <strong>de</strong> p<strong>et</strong>itsreven<strong>de</strong>urs sur <strong>les</strong> marchés locaux. Aussi, ledétournement <strong>de</strong>s produits cotonniers sur lemaraîchage a été constaté dans la zone abidjanaise.La plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s maraîchers utilisent un pulvérisateurpour l’épandage <strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s. Cependant, enbanlieues, certains utilisent <strong>de</strong>s arrosoirs <strong>et</strong> <strong>de</strong>srameaux d’arbre ou <strong>de</strong> palmier. Lorsque le traitementest fait au balai (fabriqué avec <strong>de</strong>s herbes ou <strong>de</strong>snervures <strong>de</strong> palme), après avoir trempé ce <strong>de</strong>rnier dansle seau <strong>de</strong> bouillie, on asperge le feuillage <strong>de</strong>s plantes.Cependant, Affougnon (1996) affirme que c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>echnique n’est pas très efficace, car beaucoup <strong>de</strong>bouillie est gaspillée <strong>et</strong> la ré<strong>par</strong>tition sur la culture esttrès mauvaise.Dans <strong>les</strong> banlieues abidjanaises, <strong>les</strong>maraîchers utilisent <strong>de</strong>s pestici<strong>de</strong>s homologués pour<strong>les</strong> cultures légumières <strong>et</strong> respectent plus moins oumoins <strong>les</strong> doses recommandées. Leur attitu<strong>de</strong> pourraits’expliquée <strong>par</strong> <strong>les</strong> visitent sporadiques qu’ils reçoivent<strong>de</strong>s agents locaux <strong>de</strong> l’Agence Nationale d’Appui pourle Développement Rural (ANADER), d’étudiantsstagiaires <strong>et</strong> d’ONG. Quant à ceux d’Abidjan, lamajorité ne suit aucune recommandation concernant ledosage <strong>de</strong>s produits phytosanitaires utilisés. En outre,la plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong> ces produits ne sont pas homologués pourêtre utilisés en maraîchage. Certains <strong>de</strong>s produitsutilisés ne figurent même pas sur la liste <strong>de</strong>s produitsphytosanitaires homologués en Côte d’Ivoire <strong>et</strong> établie<strong>par</strong> Kouablé <strong>et</strong> al. (2003), alors que tout pestici<strong>de</strong> doitfaire l’obj<strong>et</strong> d’une homologation ou doit bénéficier d’uneautorisation provisoire <strong>de</strong> vente préalablement à sonutilisation en Côte d’Ivoire (Kouablé, 1998). En outre, i<strong>les</strong>t vrai que lorsqu’un utilisateur a à choisir unpestici<strong>de</strong>, il va tout <strong>de</strong> suite faire appel à la matièreactive la plus efficace <strong>et</strong> à la formulation qui sera lamieux adaptée au traitement envisagé (la meilleureefficacité au moindre coût). Rarement, il n’intègre dansson choix l’aspect environnemental, c’est-à-dire <strong>les</strong>risques écotoxicologiques que la matière activerésiduelle peut présenter pour l’environnement (Coste,1998).D’une manière générale, le comportement <strong>de</strong>smaraîchers d’Abidjan <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> banlieues révèle qu’ilspratiquent un maraîchage non respectueux <strong>de</strong>l’environnement <strong>et</strong> <strong>de</strong> la santé humaine. En eff<strong>et</strong>, <strong>de</strong>sproducteurs j<strong>et</strong>tent <strong>les</strong> emballages <strong>de</strong>s produitsphytosanitaires sur <strong>les</strong> sites <strong>de</strong> production. Certainsreven<strong>de</strong>nt ces emballages ou <strong>les</strong> utilisent dans leurménage. Le stockage <strong>de</strong>s produits agrochimiqueslaisse à désirer dans la mesure où ceux-ci sont gardésnon seulement au niveau <strong>de</strong>s <strong>par</strong>cel<strong>les</strong>, mais aussi à lamaison. En plus <strong>de</strong> ces risques, la quasi absence <strong>de</strong>précautions lors <strong>de</strong> l’épandage <strong>de</strong>s produits expose <strong>les</strong>maraîchers à <strong>de</strong>s risques d’intoxication comme l’ontsouligné plusieurs organisations (ANOPACI, 2000a,2000b; INRS, 2007; Pest Action N<strong>et</strong>work, 2007).1000