Le puffin cendré - La pointe du Cap Corse

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L’ actualité à la Pointe !DossierLe puffin cendréProtection :l’avis des CapcorsinsNuméro 5 • Été 2004 • Gratuit

L’ actualité à la Pointe !Dossier<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong>Protection :l’avis des <strong>Cap</strong>corsinsNuméro 5 • Été 2004 • Gratuit


23brefenà la <strong>pointe</strong>de l’actualitéGwendoline, Stéphanie, Marianne,Pauline et AmandineGwendoline Barbette, Stéphanie <strong>La</strong>mbert, MarianneMarcadier,Pauline Palmieri et Amandine Santucci ontété recrutées par l'association.Tout l'été,encadrées par AlainCamoin, elles assureront l'entretien et la surveillance dessites ainsi que l'accueil des visiteurs. Une nouveauté cetteannée : l'ouverture <strong>du</strong> Moulin Mattei pour l'information <strong>du</strong>public avec diffusion et vente de documents.Hirondelles, hypolaïs et corneilleBienvenue à nos nouveaux lecteurs<strong>Le</strong> journal "Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong>" est désormais diffusépar la Poste dans les communes de Luri, Meria,Morsiglia,Pino et Tomino en plus des communes de Centuri,Ersa et Rogliano.<strong>Le</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong> et les RomainsDébut septembre, une équipe d'archéologues entreprendrale recensement et la cartographie des sitesantiques de la Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong>. Cette synthèse pourrait précéderune campagne de fouilles à partir de 2005.Un ornithologue (dans l’AcquaTignese) récupère un oiseau prisdans un filet avant de le baguer.De nombreux oiseaux passent l’hiver en Afrique et laPointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong> est une étape importante dansleur migration vers le Nord. Depuis 1979, chaque année desornithologues bénévoles se relaient pour les étudier. En2004, 2 794 oiseaux ont été bagués parmi lesquels on acompté 66 espèces différentes. Seules 650 hirondelles rustiquesont été dénombrées,23 % de la capture,alors qu’ellesen représentaient,il y a quelques années,la moitié.Elles sonten diminution dans toute l’Europe. Une nouvelle espèce,pour la <strong>Corse</strong>, a été capturée : l’hypolaïs pâle. Autre passageremarquable,celui <strong>du</strong> gobemouche à collier,qui vole d’habitudeplus à l’est : 14 oiseaux ont été capturés le 17 avril. Unecorneille mantelée apprivoisée a séjourné quelques joursdans le village, puis a disparu…www.<strong>pointe</strong><strong>du</strong>capcorse.orgTéléchargez le magazine<strong>Le</strong> Journal de la Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong> est publié par l’associationFinocchiarola pour la gestion des espaces naturels de la Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong><strong>Corse</strong>. Mairie, 20247 Rogliano.Direction de la publication : Michel Delaugerre (Conservatoire <strong>du</strong> littoral).Edition et mise en page : Karibu Editions - www.karibu.fr.Impression : Imprimerie Bastiaise sur papier recyclé.ISSN en cours. Périodicité : Semestriel.Crédit photo : Association Finocchiarola/Battesti : 2, 3b, 10a, 12, 13, 14, 15.Jean Chevallier/Karibu : 10b. Nicolas Crispini : 1 e et 4 e de couverture, 4, 7,11a. Gilles Faggio : 6b. Alain Freytet/Actes Sud : 5, 6a. Isabelle Guyot : 11b.Droits réservés : 3a. Carte centrale, Karibu d'après J.-C. Thibault.Moulin Mattei :appel à témoignagesNous recherchons toute photographie (avant 1975) ouautre document (plan, carte postale, texte…) sur leMoulin Mattei et ses abords.Ils serviront à illustrer une signalétiqueet un ouvrage en préparation.<strong>Le</strong>s documents seront soitrepro<strong>du</strong>its sur place, soit restitués dans des délais très brefs.Alors fouillez malles et cartons et contactez :Michel Delaugerre,Conservatoire <strong>du</strong> littoral 04 95 32 38 14.Merci d'avance.Affiches en venteDes paysages exceptionnels, une flore et une fauneremarquables ; les espaces naturels de la Pointe <strong>du</strong><strong>Cap</strong> méritent d'être préservés. Pour valoriser ces sites,l'associationFinocchiarola-Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong> édite une série de6 affiches à partir <strong>du</strong> travail photographique de Marie-NoëlleBattesti. Elles seront mises en vente et les ressources contribuerontà financer la gestion <strong>du</strong> territoire.Une carte postale envoyéepar M. Saul<strong>du</strong>bois, d’Angers.Réponse aujeu-concours n°4De nombreuses réponses(toutes bonnes) au jeuconcours: le moulin n°2ne se trouve pas dans le<strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong> ; il s'agit d'undes moulins de Bonifacio.<strong>Le</strong>s trois gagnants sont :Joëlle Mara de Centuri(une habituée),Christophe Saladini etChristiane Bellini deMacinaghju. Merci à JeanOrsatelli (Pinu) pour sesremarques pertinentessur le dossier "Moulins",ainsi qu'à Pierre <strong>La</strong>fillé(Cannelle) pour sa fidélité.Été 2004Une des affiches avec un cormoran huppé(u marangone)Été 2004


45Il niche à la Giraglia<strong>La</strong> viemystérieuse<strong>du</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong><strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong> est un oiseau <strong>du</strong> large. Seuls les gens demer le connaissent. Il ne revient à terre, de nuit la plupart<strong>du</strong> temps, que pour se repro<strong>du</strong>ire. Et encore, il préfèreles endroits où il ne sera pas dérangé, comme la Giraglia,où une cinquantaine de couples nichent. Ses lieux demigration et même ses déplacements en Méditerranéerestent mal connus. Jean-Claude Thibault, chargéde mission au Parc naturelrégional de <strong>Corse</strong>, nousdévoile une partie dessecrets de cet “albatrosméditerranéen”.Quand un <strong>puffin</strong> décolle.<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong>,cet inconnu<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong>,Calonectris diomedeade son nom scientifique, appartient àla famille des Procellariidés. Commetous les autres oiseaux de mer, c’est une espèceprotégée. C’est une des plus grandes espèces d’oiseauxqui habite la Méditerranée (48 cm de longueur et 120 cmd’envergure). Son plumage est brun clair au-dessus,blanc en dessous. <strong>La</strong> nuqueet la tête sont grises. Un autre<strong>puffin</strong>, celui de Méditerranée(Puffinus yelkouan), appelé également<strong>puffin</strong> yelkouan, nichant rarement sur lesrivages de la <strong>Corse</strong>, est plus petit, plus nerveux et arboreun plumage davantage contrasté.<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong> rappelle parfois un petit albatros enraison de son allure, ailes ten<strong>du</strong>es, évoquant celle de sonlointain cousin. Son vol est nonchalant quand le vent estfaible mais devient très rapide, au raz des vagues,lorsqu’il est plus fort. <strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> est un oiseau qui senourrit le long des côtes, mais il parcourt de grandesdistances en haute mer pour trouver des sitesd’alimentation. Comme pour la plupart des oiseauxmarins, les pêcheurs et les navigateurs sontgénéralement les seuls à l’apercevoir et il reste, biensouvent, invisible à ceux qui restent à terre…Un méditerranéenEn Méditerranée, on estime que la population <strong>du</strong> <strong>puffin</strong><strong>cendré</strong> varie entre 57 000 et 76 000 couples. <strong>Le</strong>s troisquartsd’entre eux sont établis dans le canal de Sicile. <strong>La</strong>population française représente environ un millier decouples répartis en <strong>Corse</strong> et dans le Midi (îles d’Hyères,îlede Riou et îles <strong>du</strong> Frioul dans la rade de Marseille). En<strong>Corse</strong>, il se repro<strong>du</strong>it sur la Giraglia, aux îles Cerbicale, surles îles et dans les falaises des Bouches de Bonifacio, et àl’île Gargalu au large de la presqu’île de Scandola. <strong>La</strong>colonie la plus nombreuse est celle de l’île <strong>La</strong>vezzi (plusde 50 % des effectifs de <strong>Corse</strong> se trouvent dans laRéserve naturelle des Bouches de Bonifacio). A la Pointe<strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong>, la colonie de la Giraglia est en expansion.Selon Gilles Faggio, qui assure le suivi des oiseaux, oncompte aujourd’hui environ cinquante nids, contre unetrentaine il y a dix ans.<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong> vit en mer ;il ne vient à terre que pourse repro<strong>du</strong>ire.Guai !<strong>Le</strong> piale de Bonifacio,les soirs d’été, est un siteapproprié pour entendreles <strong>puffin</strong>s occupant lesfalaises et le Diu Grossu(le Pouce). Guaiu, leur cri(une sorte de lamentationsinistre), est aussi le nomcorse de l’oiseau.Guai évoque encore lesmalheurs. On dit que les<strong>puffin</strong>s réincarnent l’âmedes marins per<strong>du</strong>s en meret revenant à terre…Été 2004Été 2004


67Un jeune dans le terrier.Été 2004Unis dans le nid, unis pour la vie<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong> est un migrateur.Il passel’hiver dans l’hémisphère sud, sans douteentre l’Equateur et l’Afrique <strong>du</strong> Sud. <strong>Le</strong>spremiers oiseaux reviennent enMéditerranée à la fin <strong>du</strong> mois defévrier. <strong>Le</strong>s jeunes mâles sont trèsfidèles à leur terrier de naissance qu’ilscherchent à occuper dès leur retour. Lorsquece dernier n’est pas disponible, ils nichent dans un rayonde quelques dizaines de mètres au plus. <strong>Le</strong>s jeunesfemelles sont moins attachées à leur site de naissance etelles n’hésitent pas à partir nicher sur une autre île. <strong>Le</strong>spartenaires d’un même couple font également preuved’une grande fidélité et se retrouvent d’une année surl’autre, ce qui peut représenter une longue période,compte tenu <strong>du</strong> fait qu’ils peuvent vivre longtemps(au moins 35 ans pour certains oiseaux de l’île <strong>La</strong>vezzi).Cependant, un échec de la repro<strong>du</strong>ction peut se solderpar une séparation <strong>du</strong> couple.Un enfant unique<strong>Le</strong>s <strong>puffin</strong>s nichent à terre,dans des endroitsvariés,mais presque toujours sur les côtes etjamais loin dans l’intérieur des terres. Ilspeuvent occuper les terriers quand le sol estmeuble ou se cacher au fond de grottes oude boyaux calcaires. Aux <strong>La</strong>vezzi, ilss’installent sous les blocs rocheux. A laGiraglia, ils occupent d’anciens terriers delapins et autres cavités. Des nids artificielsont même été construits pour favoriser leurrepro<strong>du</strong>ction sur cette île où les sites derepro<strong>du</strong>ction favorable sont peu nombreux.<strong>La</strong> ponte, déposée entre le 18 mai et le 1 er juin, estcomposée d’un œuf, couvé alternativement par le mâleet la femelle. L’incubation, particulièrement longue, <strong>du</strong>re52 jours. L’a<strong>du</strong>lte en charge de la couvaison demeurealors sur le site de repro<strong>du</strong>ction. En dehors de cettepériode, les <strong>puffin</strong>s quittent la colonie pendant le jour etn’y reviennent que la nuit pour nourrir leurpoussin. L’éclosion intervient <strong>du</strong>rant laseconde quinzaine de juillet. L’élevage <strong>du</strong>jeune est également particulièrement long,puisqu’il <strong>du</strong>re près de trois mois. <strong>Le</strong>sobservations menées actuellement dans laréserve naturelle des Bouches de Bonifacioavec des oiseaux munis de balises satellite,montrent que les oiseaux peuvent allers’alimenter jusque dans le golfe <strong>du</strong> Lion et enMer Ligure. Au moment de son envol, à la mioctobre,le jeune et ses parents quittent lacolonie pour rejoindre leurs quartiers d’hiverdans l’Océan Atlantique, qu’ils rejoignentaprès avoir franchi le détroit de Gibraltar.Pour vivre heureux,vivons cachésA l’éclosion, le poussin pèse 75 à 80 g et ilatteint le poids respectable de 850 à 900 g aumoment de l’envol. Pendant toute la périodede l’élevage, il est nourri par ses parents.L’a<strong>du</strong>lte lui régurgite une bouillie liquide etmalodorante composée essentiellement depoissons et de petits calmars. Dans les premiers temps,les deux parents rejoignent chaque soir leur poussinpour le nourrir.Puis,à partir de l’âge de trois semaines,lesa<strong>du</strong>ltes reviennent à tour de rôle. A la fin de l’été, il n’estplus alimenté qu’un soir sur deux. Tout se passe doncdans le nid, où le poussin vit caché, seule façon de ne pasCousins d’Atlantique<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> est un grand voyageur.Il peut parcourir plusieurscentaines de kilomètrespour se nourrir.Il n’est pas rare que des <strong>puffin</strong>s <strong>cendré</strong>s originaires d’Atlantique se retrouvent enMéditerranée. Ainsi, l’un d’entre eux a été trouvé à la Giraglia en 1992, identifiépar sa taille, bien plus imposante que celle des oiseaux méditerranéens, par savoix différente et par les résultats d’un bilan sanguin effectué sur le spécimen.Par ailleurs, depuis 2002, une femelle de la même origine se pose toujours sur lemême rocher de l’île <strong>La</strong>vezzi.Été 2004


Inconnu10-100 couples101-1 000 couples1 001-10 000 couplesIles de Marseilleet d’Hyères10 001-100 000 couples<strong>Corse</strong>BaléaresSardaigne<strong>Le</strong>s AçoresSicileCrèteIles CanariesRépartition<strong>du</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong>en <strong>Corse</strong>Giraglia1-30 couples31-100 couples> 100 couplesIle GargaluAJACCIOBASTIAIles <strong>du</strong><strong>Cap</strong> VertIles CerbicaleRépartitionmondiale <strong>du</strong><strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong>d’après Jean-Claude Thibault, chargé de mission scientifiqueau Parc naturel régional de <strong>Corse</strong>.Iles et falaisesdes Bouchesde Bonifaciowww.<strong>pointe</strong><strong>du</strong>capcorse.org<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong>


1011<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong> nichesur la Giraglia.<strong>Le</strong> rat noir est un redoutableprédateur des poussins<strong>du</strong> <strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong>.<strong>Le</strong> <strong>puffin</strong> en danger ?être victime d’un prédateur.Ce n’est qu’en septembre,quand la nuit est tombée, queles jeunes s’aventurent àquelques mètres de leur nidpour faire leurs besoins ets’exercer à battre des ailes. <strong>Le</strong>s<strong>puffin</strong>s attendent l’obscuritépour retrouver la colonie,qu’ils rejoignent presquechaque soir. Ils sont particulièrementprudents lorsquela lune est pleine et la nuittrès claire. Ils redoutent eneffet les prédateurs commeles goélands et les fauconspèlerins.Dans les îles, le rat noir représente une menaceimportante pour le <strong>puffin</strong> et surtout pour son poussin.Plus l’île est petite, plus la densité de rat noir est élevée. AGargalu où niche une vingtaine de couples de <strong>puffin</strong>, laprédation exercée par les rats noirs est si forte que larepro<strong>du</strong>ction est souvent nulle ou se ré<strong>du</strong>it à un seuljeune.Sur l’île <strong>La</strong>vezzi, une dératisation effectuée à l’automne2000 par la réserve naturelle et l’INRA a été suivie par unsuccès repro<strong>du</strong>cteur élevé <strong>du</strong>rant les trois annéessuivantes. <strong>Le</strong>s rats sont susceptibles de menacer tout lefonctionnement d’une colonie ; ils peuvent provoquerun changement fréquent de nid ou de partenaire(inhabituel chez le <strong>puffin</strong>) à la suite d’échecs de larepro<strong>du</strong>ction.<strong>La</strong> Giraglia se distingue des autres îlots corses parl’absence de rats. C’est une des raisons pour lesquellesles débarquements y sont interdits car sur les îleséloignées, les rats sont toujours transportés par desbateaux.En mer, ce sont sans doute lespalangres qui représentent les plusgrandes menaces pour les <strong>puffin</strong>s,les oiseaux cherchant à saisirl’appât avant qu’il ne s’enfoncedans la mer. Une importantemortalité a été constatée dans legolfe <strong>du</strong> Lion, ainsi qu’aux Baléares,mais on ignore dans quelle mesureles <strong>puffin</strong>s de <strong>Corse</strong> peuvent enêtre victimes.<strong>Le</strong> grand départA la mi-octobre, les <strong>puffin</strong>s quittent la Méditerranée parle détroit de Gibraltar pour aller passer l’hiver entrel’équateur et l’Afrique <strong>du</strong> Sud. On suppose que certainsse rendent également dans l’Océan Indien. D’autres serapprochent des côtes sud-américaines, de celles <strong>du</strong>Brésil notamment.Des expériences de suivi avec des balises satellite ont étéfaites pour identifier la zone d’hivernage d’oiseaux deplusieurs régions de Méditerranée. Plusieurs <strong>puffin</strong>spartis de Crète ont hiverné vers l’équateur, mais leurcontact a été per<strong>du</strong> par la suite ; un oiseau de <strong>Corse</strong> a étésuivi jusqu’au Sénégal.Juliette NicoliInvisiblele <strong>puffin</strong> ?Depuis Barcaggio, en été,il est possible, en fin dejournée (entre 18 h et20 h), de voir les <strong>puffin</strong>sse mettre, comme lescanards, en radeau autourde l’île de la Giraglia.Été 2004


12Protection des sites, sentier desdouaniers, retombées économiques…Qu’en pensentles <strong>Cap</strong>corsins ?A la demande de l’association Finocchiarola-Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong><strong>Corse</strong> et <strong>du</strong> Conseil Général, une enquête a été menée auprèsdes habitants de la Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong>. Dans le but de recueillirleurs avis et visions sur la protection des sites. Voici unrésumé de ce travail passionnant et riche d’enseignementspour les acteurs locaux.<strong>Le</strong> sentier des douaniers représenteun très fort attrait touristique.“<strong>Le</strong>s <strong>Cap</strong>corsins sont très attachés à leurenvironnement. Ils sont <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong> et ilsle revendiquent. Ils sont conscients de labeauté exceptionnelle des sites qu'ilsdéfendent avec conviction :la préservationde l'aspect sauvage et calme de ce paysage“originel”semble être une priorité.Protection :pour ou contre ?Deux grandes opinions se sont dégagées; elles divergent selon le lieu d'habitation.<strong>Le</strong>s habitants de Rogliano etCenturi perçoivent généralement bienla protection malgré la discrétion decelle-ci côté Ouest. À Ersa, les résidents,même s'ils sont favorables à la protectionde l'environnement, sont plusmécontents de leur situation : l’existenced’un site classé sur la plus grandepartie de la commune restreint ses possibilitésde développement.<strong>La</strong> protection est donc généralementbien ressentie même si peu de gens parviennentà s’y retrouver dans l’empilementdes protections et la multiplicitédes intervenants.<strong>Le</strong> Conservatoire <strong>du</strong> littoral, un desacteurs importants de la protection <strong>du</strong>site, est connu de la population grâce àses acquisitions. Malgré tout, son rôle estmal compris. Il est souvent confon<strong>du</strong> aveccelui <strong>du</strong> gestionnaire : l'AssociationFinocchiarola-Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong>. <strong>Le</strong>sachats opérés par le Conservatoire <strong>du</strong>littoral ont été bien vécus “ils ont permisde stopper les spéculations immobilièresqui se multipliaient il y a quelquesannées”. Cependant, une crainte persistequant au devenir de ces terrains “leurprotection est-elle vraiment définitive ?”<strong>La</strong> protection entraîne obligatoirementdes restrictions. <strong>Le</strong>s <strong>Cap</strong>corsins pensentqu'elles sont nécessaires et les acceptentdonc plutôt bien, dans la mesure où ledéveloppement local n’est pas freiné etoù les sites ne sont pas mis “sous cloche”.Tout le monde constate la forte régressiondes feux et le retour à un paysageplus naturel. On reconnaît le résultat del’action collective de l’agent pastoraliste,des éleveurs, des forestiers-sapeurset <strong>du</strong> Conservatoire <strong>du</strong> littoral.Sur le sentierdes douaniers…13<strong>Le</strong> <strong>Cap</strong>u Grossu et son sémaphore,un finistère sauvage face au grand large.<strong>La</strong> mise en valeur <strong>du</strong> site engagée il y aquelques années et l'ouverture <strong>du</strong> sentierdes douaniers sont des atouts supplémentairespour le <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong>. Cetteinitiative satisfait pleinement la population,lui permet de redécouvrir son territoireet de faire partager ses richessesaux visiteurs.Concernant le tourisme, activité économiquemajeure de la Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong>, lesatouts naturels <strong>du</strong> site et les aménagementsqui y ont été faits constituent deséléments d'attrait importants (pour plusde la moitié de la clientèle selon certainssocioprofessionnels). En effet, le <strong>du</strong>omer-montagne est fortement apprécié,Marie-<strong>La</strong>ure Cahuzac, Sophie Sagnard, Paul Amouroux et Pierre Bourles, élèvesingénieurs de l’Isara Lyon ont passé plusieurs semaines dans le <strong>Cap</strong> en juin et septembre2002. Plusieurs dizaines d’habitants ont accepté de leur livrer leur sentimentau cours d’entretiens. <strong>Le</strong> Conseil Général, intéressé par cette démarche, a financé cetravail, dont le rapport intégral (70 pages + annexes) est disponible sur notre siteinternet www.<strong>pointe</strong><strong>du</strong>capcorse.org.Été 2004Été 2004


1415<strong>La</strong> tour d’Agnellu, à quelques encabluresde Barcaggio.il en est de même pour la beauté, larichesse et la tranquillité <strong>du</strong> cadrenaturel. De plus, le sentier des douaniersest une réussite, il est devenu l'atoutmajeur <strong>du</strong> site tant pour les locauxque pour les touristes. <strong>La</strong> populationpropose différentes améliorations(hébergement, sécurité, balisage, information,possibilité de retour…). Auniveau <strong>du</strong> patrimoine, les habitants sontconscients de la richesse <strong>du</strong> site et aimeraientla faire découvrir aux touristes.<strong>Le</strong>s touristesIls sont plus nombreux, restent moinslongtemps et ont aussi tendance à revenir.On note une asymétrie au niveau <strong>du</strong>développement touristique. En effet, lacôte Est avec Macinaggio est plus apte àaccueillir des touristes que la côteOuest, surtout au niveau des infrastructures.Une augmentation de l'affluxserait accueillie favorablement par lapopulation, si elle reste dans des proportionsraisonnables. <strong>Le</strong>s <strong>Cap</strong>corsinsne veulent absolument pas de grandscomplexes touristiques ; ils préfèreraientla restauration d'anciennes maisonsactuellement en ruine ce quiredonnerait un peu de vie dans leshameaux.<strong>Le</strong>s touristes sont accueillis favorablementpar la population locale (qui sesent tout de même un peu envahie), ellereste toutefois consciente que ce tourismeest vital pour la région. <strong>Le</strong>s randonneurssont très appréciés car ils sontconsidérés comme respectueux de l'environnementet désireux de découvrirles richesses <strong>du</strong> <strong>Cap</strong>.Depuis quelques années, un tourismede “plage“ se développe, ce que n'apprécientguère les habitants car “en finde saison les plages sont sales et dégradées“.Bien enten<strong>du</strong>, d'un point de vueéconomique, cette seconde catégoriede touristes est plus intéressante.Cependant, les <strong>Cap</strong>corsins ne sont pasprêts à sacrifier leur site, et préfèrentnettement voir se développer un tourismevert avec des visiteurs moins fortunésmais plus respectueux de l'environnementet des habitants.En général, Macinaggio passe pour êtrela localité qui bénéficie le plus desretombées économiques. Ersa paraîtêtre la moins favorisée et Centuri tireson épingle <strong>du</strong> jeu grâce à sa réputationde port pittoresque età sa spécialité de langoustes…<strong>La</strong> populationreconnaît que laprotection, via le sentierdes douaniers, estun atout majeur pourle développement dela région.<strong>La</strong> Pointe <strong>du</strong><strong>Cap</strong> en 2024Pour l'avenir, les habitantstiennent à préserverl'authenticité <strong>du</strong>L’évolution de la fréquentation des plages de Tamarone et de Barcaggioest mesurée à chaque saison.site. Ils veulent quecelui-ci conserve sonaspect sauvage sans toutefois le transformeren une réserve intouchable etimmuable. <strong>La</strong> Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> ne se caractérisepas seulement par son site exceptionnel.En effet, des habitants y viventet désirent le développement de leurrégion. Pour eux, il est clair que protectionet développement sont complémentaireset doivent aller dans le mêmesens. Ils souhaitent le développementd'un tourisme vert et non de masse,basé sur la protection et les aménagementsdes sites.“Quelques opinions :des bonnes et des moins bonnes• “<strong>Le</strong> sentier des douaniers est une formidable réussite : c’est merveilleux,formidable, fabuleux !”• “On apprécie énormément que la gestion <strong>du</strong> site soit confiée à des acteurslocaux, des gens <strong>du</strong> territoire.”• “<strong>Le</strong>s mises en valeur agropastorales sont appréciées et vues commecomplémentaires de la protection (Tamarone, Sta Maria, <strong>Cap</strong>an<strong>du</strong>la).”• “<strong>Le</strong>s posidonies font fuir les touristes, même si on leur récite notre petitcouplet sur l’équilibre <strong>du</strong> milieu marin.”• “L’accès à Tamarone, ça ne va pas.”• “Et la chapelle Sta Maria ?”Michel DelaugerreÉté 2004Été 2004


www.<strong>pointe</strong><strong>du</strong>capcorse.orgTéléchargez le magazineJeu-ConcoursABQui est qui ?Trouvez parmi ces deux oiseaux, lequel est un<strong>puffin</strong> <strong>cendré</strong> et lequel est un <strong>puffin</strong> yelkouan.<strong>Le</strong>s trois premières bonnes réponses à parvenir à l’Associationgagneront le livre “Balades entre terre et mer,sur les sites<strong>du</strong> Conservatoire <strong>du</strong> littoral”publié aux Editions Dakota.Envoyez une carte postale avec vos noms et adresses à :“Association Finocchiarola - Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong>Mairie, 20247 Rogliano”.Publié parAssociation Finocchiarolapour la gestion des espaces naturelsde la Pointe <strong>du</strong> <strong>Cap</strong> <strong>Corse</strong>

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