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L'Auvergne a du souffle, MIAM - Parc naturel régional Livradois-Forez

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ACTE PUBLIC GRATUITDU CONSEIL RÉGIONALN°8 BIMESTRIELJUILLET/AOÛT 2006ÉnergieL’Auvergnea <strong>du</strong> <strong>souffle</strong>Baignades insolitesAmbassadeurs d’EuropaVox


Pour éviterles licenciements secs,il faut savoir se mouiller.08/06Au Puy-en-Velay, des salariéssauvent leur peauAprès plus de neuf mois de conflit social, un accord intervientaux Tanneries <strong>du</strong> Puy, ce 8 juin, à 23 h. Il n’y aura pas de licenciementssecs, contrairement aux annonces faites le 1 er juin par la direction.La ré<strong>du</strong>ction des effectifs, touchant tout de même 27 salariés,s’opèrera par des départs volontaires ou en préretraite.10/06Le public fait barrage aux FadesTracts, haut-parleurs, banderoles syndicales et politiques,écharpes de maires : ce samedi 10 juin, sous le via<strong>du</strong>cdes Fades, 400 manifestants ont répon<strong>du</strong> à l’appel <strong>du</strong> collectifde défense et de développement des services publicsdans les Combrailles. Le lieu est hautement symbolique :le barrage est géré par EDF et la ligne ferroviaire, victimede ralentissements imposés au nom de la sécurité.On proteste aux Fadescontre un service public affadi.60JOURSJUIN en auvergne2006Ca tourne rond pourles bleuets de l'ovale :champions <strong>du</strong> monde !23/06Terroir virtuel à AurillacFestival gastronomique <strong>du</strong> Massif central, les Européennes<strong>du</strong> goût remettent le couvert à Aurillac, à compter de ce23 juin. Pountis, truffades et autres bourriols côtoient lefoie gras et les huîtres d’Aquitaine, région à l’honneur decette édition 2006. Mais le terroir sait se tourner aussivers la modernité : le festival gourmand met à l’honneur lesblogs, des sites Internet interactifs qui permettent d’échangerdes recettes et prouvent que nouvelles technologies etgrande cuisine font souvent bon ménage.09/06La France entre dansla mêlée à IssoireEntrée en fanfare de l’équipe de France lors dela Coupe <strong>du</strong> monde de rugby des moins de 21 ans,à Issoire, le 9 juin dernier : face à l’Irlande, lesBleus inscrivent pas moins de quatre essais.Pour cette compétition mettant en piste leséquipes de 12 pays, l’Auvergne a mobilisé sesstades de Vichy, Riom, Cournon-d’Auvergne,Thiers, Clermont-Ferrand et Issoire. Une façonde démontrer que le sport de haut niveau ne serésume pas au football… devant la télévision !30/06Dernières retouches à MoulinsCe vendredi 30 juin, ultimes préparations au Centre national <strong>du</strong> costumede scène et de la scénographie (CNCS), inauguré le lendemain parle ministre de la Culture et le couturier Christian Lacroix, présidentde l’association <strong>du</strong> CNCS. Basé à Moulins, au Quartier Villars, leCNCS est la première structure européenne entièrement consacréeà la conservation <strong>du</strong> patrimoine matériel des théâtres. Il est l’unedes illustrations concrètes de la décentralisation culturelle, souventannoncée, rarement mise en œuvre… Sur trois étages et au fil de13 salles d’exposition, 8 500 costumes de théâtre, d’opéra et de balletsont rassemblés, venant de la Comédie-Française, de la Bibliothèquenationale de France et de l’Opéra de Paris.04 M A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N TM A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T 05


D O S S I E RD O S S I E RDans le Cézallier cantalien,le <strong>Parc</strong> <strong>naturel</strong> régionaldes Volcans d’Auvergne piloteune étude sur le développementéolien dans 25 communes.REPÈRESEnquête publiqueDepuis la loi <strong>du</strong> 3 janvier 2003,la construction d’un aérogénérateurde plus de 25 mètres de hautnécessite une enquête publique,une procé<strong>du</strong>re qui permetnotamment aux citoyens de fairevaloir leur opinion. À noterqu’à Ally, le plus grand parc éolienfrançais a échappé à cettecontrainte. En effet, le permisde construire a été signépar le préfet en octobre 2002.Pour se convaincre que les éoliennes sontdéjà une réalité en Auvergne, il suffit de serendre sur le plateau d’Ally, en Haute-Loire.Ici, on a appris à vivre avec le vent et à enexploiter toutes les richesses. Pas étonnant qu’auxcotés des moulins, les éoliennes aient poussécomme des champignons. Il y en a aujourd’hui 26,chacune présentant une silhouette de 120 mètresde haut ! Ally est désormais le plus grand parcéolien français, géré par une société canadienne.Dans des conditions optimales, le parc fournitune énergie de 39 mégawatts (MW), pouvantalimenter 32 000 foyers.PRIORITÉ AUX PROJETS INTERCOMMUNAUX Ignorantles centrales nucléaires, le territoire auvergnatavait jusque-là tendance à bouder ostensiblementl’éolien, tout en clamant haut et fort son attachementau développement <strong>du</strong>rable et à la qualitéde vie. Présenté en 2003, un premier schémaéolien élaboré par le Conseil régional amorçaitune prise de conscience, mais les territoires jugéspropices au développement de cette énergien’étaient pas toujours les plus exposés aux vents !Du coup, le 15 mai dernier, celui-ci a revu sacopie. Certains sites ont été réintégrés. Surtout,la Région Auvergne affirme son attachement àl’intercommunalité pour que les fermes éoliennesne puissent voir le jour sans une adhésion detous les territoires concernés. Une façon éléganted’éviter qu’une seule commune empoche la taxeprofessionnelle tout en implantant des mâtssous le nez <strong>du</strong> voisin ! Toutefois, si les collectivitéslocales entendent exposer leurs priorités enmatière d’énergie et d’aménagement de leursterritoires, l’autorisation de construire deséoliennes relève au final de l’État, et de lui seul.La multiplication des projets éoliens en Auvergnen’est pas <strong>du</strong>e au hasard. D’une part, les contraintessur les régions littorales s’accentuent. Par ailleurs,le législateur a prévu de garantir, dans des zonesa priori moins favorables à cette énergie, d’avantageuxprix de rachat de l’électricité pro<strong>du</strong>ite… etce pendant douze ans. En outre, la constructiondes éoliennes est en pleine évolution. Les mâtssont de plus en plus hauts : ils permettent decapter des vents plus réguliers même s’ils sontmoins forts en Auvergne qu’en Bretagne. Enfin,davantage d’élus locaux rêvent d’accueillir deséoliennes… comptant sur cette manne financièrenon négligeable pour trouver un nouveau <strong>souffle</strong>.LES CONTRAINTES DU RÉSEAU Tous les obstacles nesont pas levés pour autant. « L’implantation d’unparc éolien dépend aussi de sa capacité à être facilementraccordé au réseau de transport électrique »,explique Loïc Le Quilleuc, de l’AdemeAuvergne. Ainsi, le câble qui relie les éoliennesd’Ally au poste de Langeac parcourt quelque23 kilomètres. « Au-delà, cela devient très coûteux »,souligne Jacques Lagaize, de la Drire Auvergne.Cette contrainte technique est hautement stratégique.Dans ces conditions, le réseau électriqueauvergnat ne pourra, sans travaux conséquents,absorber tous les projets éoliens. En l’état actuel,des “heures d’effacement” sont même imposéesaux machines. Or, cette mise à l’arrêt peut porteratteinte à la rentabilité d’un parc. Certains plaidentdonc pour un renforcement <strong>du</strong> réseau, avec, parexemple, une ligne de 225 000 volts entreSavignac, dans le Cantal, et Issoire, dans le Puy-de-Dôme, au lieu des 63 000 actuels. Selon JacquesLagaize, « cela permettrait de récupérer 200 MWde capacité d’absorption ». Avant d’ajouter : « Il fautcompter un investissement de 30 millions d’euros… »L’autre obstacle est plus sensible encore : la vitesse<strong>du</strong> vent dépend considérablement <strong>du</strong> relief, et,en Auvergne, le relief est une carte de visite, unélément identitaire, une pièce maîtresse dans lalecture des paysages. « Ce n’est pas parce que l’éolienest une énergie renouvelable que c’est une énergiesans impact », résume Loïc Le Quilleuc. Ardentdéfenseur des éoliennes, François Ciesieski animel’association Ere 43. Pour lui, « les éoliennes doiventêtre mises en balance avec d’autres nuisances,d’autres attaques que subissent les paysages,comme les guerres liées au pétrole, les déchetsnucléaires que l’on ne sait pas vraiment stocker ou leseffets déjà visibles <strong>du</strong> changement climatique » !LE PARC S’EN MÊLE Alors, peut-on concilier ledéveloppement de l’éolien et la préservationdes paysages ? Dans le Cézallier cantalien, le<strong>Parc</strong> <strong>naturel</strong> régional des Volcans d’Auvergnetente de relever le défi. En partenariat avec laRégion et l’Ademe, il met la dernière touche àune étude sur 25 communes autour d’Allanche.« Nous voulons définir les zones les plus favorables,celles qui posent le moins de problèmes en termesde raccordement au réseau et de protection des sites,explique Guy Senau. Car il ne faut pas laisser lesseuls opérateurs déterminer les zones de développementéolien. Il faut aussi faire entendre l’intérêt généralface à des élus ou des propriétaires forcémententhousiastes. » Animateur <strong>du</strong> Centre <strong>du</strong> paysage deLavoûte-Chilhac (43), Francis Rome prévient :« Il n’existe pas d’objet comparable à une éolienne.Les critères techniques de la machine sont assezfigés et son implantation est guidée essentiellementpar la présence <strong>du</strong> vent, la forme <strong>du</strong> relief et lestatut juridique <strong>du</strong> terrain. Nous manquons encorede références. Mais une chose est aujourd’hui évidente :la réussite de l’intégration d’une ferme éolienne dansun paysage est la clé de l’acceptation sociale <strong>du</strong>projet. »UN FAUX DÉBAT ? L’architecte-paysagiste clermontoisClaude Chazelle est intervenu sur le projet éoliende Saint-Jean-Lachalm. Plutôt que de parachuterles machines sur un massif forestier, il a faitvaloir une tout autre option, dessinant des espacesdéboisés pour mettre en scène les éoliennes. Ceprofessionnel, qui revendique un regard deplasticien, considère que la question de l’intégrationpaysagère des éoliennes est un faux débat. « Intégrer,cela n’a jamais voulu dire camoufler », assure-t-il,constatant que l’opinion se raccroche à « uneimagerie datée <strong>du</strong> paysage, une vision ruralistedépeinte par Millet ». Estimant qu’au nom de cettepréservation des paysages, « le Mont-Saint-Michel,l’antenne <strong>du</strong> puy de Dôme ou le pont <strong>du</strong> Gardn’auraient jamais obtenu de permis de construire »,Claude Chazelle vante les éoliennes avec passion :« Elles dégagent une poésie puissante et sont un pontentre l’activité humaine et un territoire. » Avantde regretter : « Malheureusement, les in<strong>du</strong>striels del’éolien ont parfois tendance à penser au paysageune fois que tout est décidé. Ils nous demandentalors d’habiller un projet. On a lâché les loupsdans les campagnes sans aucun garde-fou. Les schémaséoliens tentent de recadrer le débat… mais ils arriventun peu tard. »Pour servir « la poésie puissantedes éoliennes », l’architecte-paysagisteClaude Chazelle revendiqueun regard de plasticien.Qui sème le vent…L'implantation de l'éolienen France fait intervenirde multiples acteurs,de la définition d'une zonede développement éolienà l’exploitation d’un parc._ Selon la loi <strong>du</strong> 13 juillet 2005,les zones de développementéolien (ZDE) sont définies parle préfet de département surproposition des collectivitéslocales (communes, communautésde communes, établissementspublics de coopération intercommunale).Dans deux ans, ces ZDEauront acquis une valeurréglementaire._ Les projets de parcs éoliens sontélaborés par des développeurs etdes prospecteurs. Ils s’associentà des bureaux paysagers et desbureaux d’études pour les concevoir.En France, trois développeursoccupent principalement le marché: SIIF Énergies, une émanationd’EDF, la Compagnie <strong>du</strong> Vent etEole-Res._ Les machines sont construiteset montées par des entreprisesspécialisées. Pour le parc d’Ally,les 26 éoliennes ont été fabriquéesen Allemagne. À ce jour, quatreentreprises internationales separtagent 80 % <strong>du</strong> marché <strong>du</strong>grand éolien. À noter que lesmachines sont pilotées par unsystème de contrôle à distance._ Un parc éolien est géré parun exploitant, qui revend ensuitel’électricité pro<strong>du</strong>ite à EDF.L’énergie ainsi pro<strong>du</strong>ite emprunteraalors le réseau français detransport d’électricité, exploité,entretenu et géré par RTE.M A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N TM A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T09


É C H A P P É E B E L L EÉ C H A P P É E B E L L EChaque année, Haldor et Gerdas’évadent de leur Islande natalepour des vacances bien méritées.Volcans et baignades obligatoires.Cette association les a déjà con<strong>du</strong>its auChili et en Sicile. Mais lorsqu’ils ontcherché l’Auvergne sur une carte de France, Gerda a aussitôt prévenu : « Regarde, la mer est trop loin ! » C’estVilma, venue partager avec eux le traditionnel harosfiskur (1) , qui les a finalement convaincus. L’été dernier, leur amie a sillonné l’Auvergne.Des vacances au bord de l’eau ! « J’en ai profité pour renouer avec une passion oubliée, l’aquarelle, réalisant un carnet de voyage. »« Commencez par l’Allier, suggère-t-elle. Les étangs de la forêt de Tronçais sont une excellente entrée en matière, avec les chênes centenaires toutproches. Mais j’ai une préférence pour l’étang d’Herculat, à Treignat, pas très loin de Montluçon. C’est un petit coin de campagne française, avecses fermes traditionnelles, son parler aux accents marqués. »Plus au sud, Vilma recommande de prendre le train à Aurillac,direction Saint-Étienne-de-Cantalès. La presqu’île <strong>du</strong>Puech, qui domine le lac, accueille un camping bien aménagé,avec des bungalows en pleine pinède. Puis voilà la Châtaigneraie. Dans son carnet de voyage,Calvinet figure en bonne place : « En Islande, nous sommes tous des amoureux des piscines, mais ici,c’est incroyable… La piscine a été construite dans l’étang. Elle est alimentée directement par de l’eau desource, d’une excellente qualité. » Dans son album, elle a aussi collé avec précaution la carte de visite<strong>du</strong> restaurant <strong>du</strong> coin : « Une bonne adresse ! »Poursuivant son périple, elle découvre le Puy-de-Dôme et sesvolcans. « Le lac d’Aydat, celui <strong>du</strong> Chambon et, dans le <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong>, celui d’Aubusson-d’Auvergne sont incontournables. Maisje vous préviens : vous ne serez pas seuls sur la plage ni dans l’eau ! »Avant de livrer son conseil : « Moi, je préfère le gour de Tazenat, un lac rond ainsiqu’une pièce d’argent, écrivait Maupassant. Avant de faire le tour <strong>du</strong> lac, il faut aussilire les anciennes légendes de cette région. Certainsdisent qu’il y avait autrefois une ville et qu’à la Toussaint,on peut entendre sonner les cloches de l’église engloutie !D’autres nous ont parlé de la présence,dans des temps lointains,d’un meneur de loups… » « Desloups ? » frissonne Gerda. Vilmaéclate de rire : « Rassure-toi, maisil y a quand même de beaux brochetsdans le lac ! »Après avoir piqué une tête aux Fades, un lac de barrage aucœur des Combrailles, Vilma poursuit son récit, remontantla Sioule, « l’une des plus belles rivières de France ». Elle franchit les monts Dore, arrivedans le Cantal, traversant les immenses plateaux <strong>du</strong> Cézallier. Puis elle évoque une rencontreinsolite à deux pas de Riom-ès-Montagnes :« À Menet, un professeur de philosophie,Jean-Claude Festas, faitchaque année 50 tours <strong>du</strong> lac ! »« Surtout, après une bonne randonnéedans le volcan cantalien, vousdénicherez des cascades où vous serezseuls au monde. »«Et en Haute-Loire ? » demande Gerda. « Pour desvacances au bord de l’eau, il faut impérativementy séjourner », répond Vilma, tout en se resservantun peu de skyr (2) . Elle reprend en mains son carnet et replonge… dans ses souvenirs aquatiques. « Il faut atteindrele Haut Val d’Allier. La rivière Allier y a dessiné des gorges spectaculaires. L’endroit est connu, donc, en été, je vousconseille d’éviter les heures de pointe… Si vous suivez cet avis, et si vous vous conformez aux règles de sécurité, alorsvous serez en contact avec une rivière jeune, impétueuse, surprenante. » À Prades, la baignade au pieddes orgues basaltiques est un classique, « mais c’est inoubliable. » Un peu plus loin,à Monistrol-d’Allier, à l’entrée <strong>du</strong> méandre qui contourne le rocher Bernard, labaignade est autorisée, mais non surveillée. « C’est aussi une base de départ pour les passionnés de rafting »,ajoute Vilma en retrouvant ses croquis. Haldor est déjàailleurs : emballé, il surfe… sur Internet, réglant les conditionspratiques <strong>du</strong> séjour. « N’oublie pas le dernier Björk,conclut Gerda. Contempler un lac en l’écoutant, ça doitêtre top ! »(1)L’églefin séché est l’une des spécialités culinaires de Gerda…(2)Autre plat islandais, le skyr est un fromage blanc très épais mélangé à de la crèmefraîche et parfumé aux fruits… Une recette somme toute très auvergnate !16M A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N TM A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T17


É C H A P P É E B E L L EInformations pratiquesL’EAU SOUS TOUTES SES FORMESSi la baignade dans un lacd’Auvergne reste unevaleur sûre pour desvacances réussies, l’eause décline ici sous toutesses formes et à traverstous ses bienfaits pourl’homme. Chamina adonc édité un guide, L’eau et les hommesen Auvergne, proposant des circuitsthématiques pour randonner intelligemment.Au menu : les moulins de laBouble et ceux de Neyzac, les sources deVichy, le barrage de Grandval, les cascadesde Cornillou, les fontaines de Chalinarguesou celles de Fontanas, les serves deLa Chaise-Dieu, la microcentrale des Viges,les lavoirs de Séneujols, les passes àpoissons de Langeac, les moulins couteliersde la vallée des Rouets, la digue de l’étangde Pirot… L’ouvrage revient également surles quartiers mariniers que l’on retrouvedans certaines villes d’Auvergne, commeMoulins ou Pont-<strong>du</strong>-Château… où setrouve d’ailleurs un musée de la Batellerie.UN SITE DE QUALITÉL’affluence des touristes en été…et la présence toute prochede troupeaux bovins sontdeux bonnes raisons dese préoccuper de laqualité des eaux debaignade avant d’allerpatauger en toutesérénité.Pour cela, on peut aller sur le sitehttp://auvergne.sante.gouv.fr/environn/qualieau/eaubaign.htmÀ noter que la directive européennefixant les règles de la qualité des eaux debaignade, qui avait plus de trente ans,vient d’être modifiée. Elle définit unenouvelle catégorie, dite “qualité suffisante”.Elle entrera en vigueur en 2008.L’AUVERGNE EN FLACONL’Auvergne n’est pas seulementriche en lieux debaignade. Elle présenteune quinzaine de sourcesembouteillées, dont cellesde Châteldon, de Sainte-Marguerite,de Rozana, sans oublier la Volvic etla Saint-Yorre… Autant de flacons àemporter à la plage ! Et à Vic-sur-Cère,la Maison des eaux minérales permetde partir à la découverte de l’histoirede l’eau, l’une des principales richesses<strong>du</strong> Massif central.L’EAU A SA ROUTEImpossible de parler de l’eau en Auvergnesans évoquer ses nombreuses villesthermales, de Chaudes-Aigues, au sud<strong>du</strong> Cantal, à Bourbon-L’Archambault, au nord del’Allier. Toutes méritent unevisite, ne serait-ce quepour découvrir la variétéde leur architecture. Cethermalisme a égalementmis à jour de véritables trésors archéologiques,dont 7 000 ex-voto en bois_ certains sont exposés au musée Bargoinde Clermont-Ferrand. Pour partirà la découverte de ces cités thermales,on peut surfer sur www.villesdeau.com.LA BAIGNADE, ÇA COMPTEL’Auvergne compte62 piscines découvertes,37 couvertes. Et 34 %des 50 plans d’eaude la région proposent,en outre, un pointde baignade surveillée.Vu d’ailleurs…L’AUDE, PLUS QUE JAMAIS DANS LE VENTL’éolien alimente le débat en Auvergne. Et chez nos voisins, que se passe-t-il ? Voyage à Port-La-Nouvelle, en Languedoc-Roussillon, qui vit depuis longtemps avec ses éoliennes.En arrivant dans l’Aude, un premier constats’impose : il y a <strong>du</strong> vent. Souvent. Un secondvous saute aux yeux : il y a des éoliennes.Beaucoup. La commune de Port-La-Nouvelleen compte cinq, adossées à la carrière. « Dansles années 1970, le gouvernement a tenté de nousimposer ici une centrale nucléaire. Tout le mondes’y est opposé, rappelle Philippe Bonhoure, l’adjointau maire chargé de l’environnement. Mais on nepeut pas dire non à tout tout le temps. » La communeaccueille donc sa première ferme éolienne en 1991.Aujourd’hui, l’élu se réjouit : « Les machines sontplutôt élégantes. C’est un atout pour notre commune.Nous avons des touristes qui sont de plus en plusattentifs à la qualité de l’environnement. Ils sontde plus en plus citoyens. » Du coup, une étude esten cours et permettra d’installer prochainementdes systèmes d’information en direct. « Noussaurons précisément dire à la population quandl’électricité qui arrive chez eux et permet dechauffer l’eau est pro<strong>du</strong>ite par les éoliennes. C’estimportant de montrer concrètement les conséquencesde nos décisions. » Mieux : ces bornes seront reliéesaux services de Météo France. « Nous voulons êtrecapables de dire aux habitants de Port-La-Nouvelle :le vent va se lever dans deux heures. Ils pourrontainsi adapter leur consommation d’eau chaudepour privilégier l’énergie fournie par les éoliennes. »À Port-La-Nouvelle, la mairie perçoit 21 000 eurosde taxe professionnelle grâce aux éoliennes. « Cen’est pas comparable à ce que nous aurions touchési nous avions dit oui à la centrale nucléaire »,commente Philippe Bonhoure. Et ce n’est qu’unegoutte d’eau par rapport aux 1,5 million d’eurosannuels versés à la mairie par la cimenterieLafarge…REPÈRESSites éclairantsPour en savoir plus,rendez-vous sur :www.ademe.fr,www.suivi-eolien.com,www.planete-eolienne.fr,www.energies-renouvelables.orget www.econologie.com..Le site www.ventdecolereprésente les argumentsdes opposants à l’éolien.RÉAGISSEZ À CE DOSSIER :miam@cr-auvergne.frM A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T19


V I E P U B L I Q U EThéâtre, musique, cinéma en plein air...FÊTE DONC !À l’Auvergne, les Auvergnats le savent bien, la nature a... tout donné. Ce n’est pas une raison pour s’endormir sur ses lauriers.Et si les touristes ne viennent pas ici pour y chercher les Jeux sans frontières, ils savent apprécier des animations de qualité,dès lors qu’elles sont en phase avec le territoire. Le Comité régional <strong>du</strong> tourisme a concocté pour eux un “jour de fête”.On dénombre chaque année 6 000 spectacles,concours, foires, expositions, conférences,festivals et autres animations sportives enAuvergne... Plus de la moitié ont lieu en été, depréférence dans et autour des secteurs urbains.Le chiffre impressionne, mais ne dit rien de laréalité. « En fait, on manque d’animations enAuvergne, affirme Émilie André, <strong>du</strong> Comitérégional de développement touristique (CRDT).Les touristes se disent attirés dans la région pourd’autres raisons que les animations, mais quandils sont ici, ils sont déçus qu’il n’y en ait pas. Et siles manifestations ne sont pas un critère de sélectiond’une destination, elles sont quand même un élémentde réussite d’un séjour. » Bref, le CRDT a décidéde prendre le taureau par les cornes et l’on nevous parle pas ici de faire courir des vachettesdans les ruelles escarpées <strong>du</strong> vieux Thiers ou lesparcs de Vichy. Théâtre de rue, musiquesactuelles et cinéma de plein air : voilà le programmed’une journée festive qu’il a concoctéeet qu’il se propose de fournir clés en main auxcollectivités intéressées. « Notre objectif est dedévelopper le tourisme sur l’ensemble de la régionet donc d’apporter des animations dans lessecteurs ruraux. » Des territoires parfoisoubliés par les grands shows de l’été.UN PARTENARIAT POUR UNE JOURNÉE FESTIVEDu côté de Retournac (Haute-Loire), laproposition a été saisie au vol. « Le conseilmunicipal a immédiatement adhéré », rapportele secrétaire général de la mairie, BernardVermare. La commune, 2 600 habitants àl’année, 6 000 en été, doit beaucoup autourisme. Station verte de vacances, elleoffre au visiteur un singulier musée desManufactures de dentelle. Du spectaclevivant représentait un complément idéalà l’offre faite aux vacanciers. « Même si,financièrement, c’est un peu lourd à porter »,nuance Bernard Vermare, qui, sans doute,espère que sa commune n’assumera pastoujours seule l’opération lorsqu’il précise :« On ne fait pas cela que pour Retournac,mais pour la communauté de communes desSucs tout entière... » Facturé 15 000 euros,le programme de Jour de fête en Auvergne,servi par des artistes et une logistiqueprofessionnels, outrepasse les moyensd’un village. Du coup, la Région participelargement à l’opération, le CRDT assumantà lui seul les deux tiers <strong>du</strong> coût de lamanifestation. Reste donc 5 000 euros àla charge de la commune.À Aubusson-d’Auvergne (Puy-de-Dôme),au cœur <strong>du</strong> <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong>, l’investissementdoit servir la renommée <strong>du</strong> lac, atout maîtrede la commune en matière de tourisme.Chaque jour, en été, 3 000 à 4 500 personnesviennent là prendre le soleil et se baigner.« Beaucoup des visiteurs se déplacent envoisins », note Gilles Laluque, maire de lacommune et président de la régie <strong>du</strong> lac,qui regrette d’avoir « de grosses difficultés àmobiliser les Clermontois ». Jour de fête enAuvergne et la publicité régionale qui lui estassociée ont convaincu les élus de consentirun effort financier. D’autant qu’ils sontsûrs de la réussite de cette journée : « Lefilm est projeté par Ciné-parc (1) , ce qui nousfait bien plaisir, et, pour le théâtre de rue,on n’a pas de rue, mais on a une plage et jevous assure que les artistes n’auront pas demal à la valoriser. »Avec cinq dates situées dans la premièrequinzaine d’août, Jour de fête en Auvergnedémarre tranquillement. Le CRDT avaitd’abord imaginé des animations tout aulong de l’été, une façon d’allonger la saison,mais les collectivités avaient, elles, le soucid’offrir des spectacles lorsque les touristessont les plus nombreux. Leur avis a étéenten<strong>du</strong>. Souhaitant que la manifestationsoit aussi l’occasion de démontrer leursens de l’hospitalité, certains maires ontmême songé à profiter de l’ambiancepour organiser à cette date un marché depro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> terroir. Si Jour de fête enAuvergne est le genre de divertissementqui nourrit le cerveau, il laisse effectivementde l’espace d’estomac disponible à touteexpérience culinaire…(1) Ciné-parc est un syndicat mixte à vocation uniquequi organise dans le <strong>Parc</strong> <strong>naturel</strong> régional <strong>du</strong> <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong> un circuit de projection de cinéma.La Région prime l’environnement Le Conseilrégional récompense les actions contribuant à laprotection, à la conservation et à l’utilisation <strong>du</strong>rablede nos ressources et de notre patrimoine. Son Prixde l’environnement pour le développement <strong>du</strong>rableprévoit des dotations de 5 000€ pour les premiersprimés et de 2 000€ pour les seconds, dans troiscatégories : associations, entreprises et collectivitéslocales. La fiche d’inscription et les modalités departicipation sont disponibles sur le site Internetwww.cr-auvergne.fr. Attention : la date limite de dépôtdes candidatures est fixée au 15 septembre 2006.Acteurs réunis L’association Art et culture enrégion Auvergne vient d’être créée. Son objectif :rassembler des forces jusqu’ici dispersées pourdonner un nouvel élan en matière de développementculturel sur tous les territoires de l’Auvergne.Elle est présidée par Laure Adler, Auvergnate decœur et ancienne présidente de France Culture.L’Acra est financée par l’État et la Région.TÉLEXDemandezle programme…Pour cette première saison, Jour de fêteen Auvergne se pro<strong>du</strong>ira le 3 août àRetournac (43), le 5 à Aubussond’Auvergne(63), le 6 à Ardes-sur-Couze(63), le 12 à La Sauvetat (63) et le 13à Langeac (43).Les animations proposées sont gratuiteset ouvertes à tous. Au programme :<strong>du</strong> théâtre de rue avec Les Facteurs,des concerts avec Stefane Mellino et Laposition <strong>du</strong> tireur couché, et <strong>du</strong> cinémaen plein air avec La marche de l’empereuret Le dernier trappeur.Pour guider les apprentis Le guide de l'apprentissage2006 vient de paraître. Il est disponiblenotamment dans les Centres d’information etd’orientation (CIO), les missions locales, les chambresdes métiers, les collèges et les lycées de la région. Ilpeut également être envoyé sur simple demandeen contactant le service apprentissage <strong>du</strong> Conseilrégional d’Auvergne au 04 73 31 85 74. Au-delàde la présentation <strong>du</strong> contrat d'apprentissage, il recensetoutes les formations (plus de 200) accessibles à larentrée de septembre 2006 par la voie de l'apprentissageen Auvergne, <strong>du</strong> CAP à bac + 5, et ce danstous les secteurs d'activités.Le pôle Chimie dans ses murs Inscrit auContrat de plan 2000-2006, le pôle Chimie a pourambition d’offrir à l’ensemble des chercheursclermontois un lieu adapté à leurs projets. Situésur le campus universitaire des Cézeaux, il vient des’enrichir d’un nouveau bâtiment d’une surface de1 500 m 2 , à proximité de l’École nationale supérieurede chimie de Clermont-Ferrand. Une extensiondont la maîtrise d’ouvrage a été assurée par la Région.Le 12 juin, celle-ci a remis les clés <strong>du</strong> bâtiment àl’université Blaise-Pascal et à l’État. Ils en assurerontle fonctionnement et l’entretien.22M A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N TM A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T 23


V I E P U B L I Q U EPlus de 1 500 personnes ont participé au débat régionalOGM :LES PREMIÈRES RÉPONSESREPÈRESAprès quatre réunions publiquessur les OGM, le débat se prolongesur le site Internet<strong>du</strong> Conseil régional d’Auvergne,www.cr-auvergne.fr<strong>Parc</strong>e que l’Auvergne est une terre où les entreprises agroalimentaires se développent et où les tensions autour descultures de plantes génétiquement modifiées sont vives, le Conseil régional a donné la parole aux citoyens. Au termede cet exercice, un constat s’impose : le débat est loin d’être clos. La Région, elle, posera de nouveaux actes à l’automne.Il était urgent de parler des OGM en Auvergne.Loin des arrachages tumultueux, de la communicationdes grands groupes et des bataillesjuridiques entre les pro- et les anti-OGM, leConseil régional a pris l’initiative d’organiserun grand débat citoyen, destiné à libérer la paroleet à informer un public souvent inquiet, toujoursintéressé. Entre le 11 et le 22 mai, plus de 1 500 personnesse sont ainsi retrouvées à Montluçon, àAurillac, au Puy-en-Velay et à Clermont-Ferrandpour écouter les arguments développés par desexperts proposés par les deux camps et formulerleurs préoccupations face à cet enjeu de société.Pour donner le ton, chaque débat fut précédéd’un film de 25 minutes, entièrement constituéde témoignages. Crainte d’un médecin qui sedemande « où ça va s’arrêter ? » ou bien celle decet ouvrier qui rappelle le silence sur l’amiante.Méfiance d’un retraité de Royat devant la capacitédes grands groupes « à nous raconter ce qu’ilsveulent » ou celle d’une étudiante qui voit dansle discours militant seulement « une guerre depouvoirs ». Confiance de cette enseignante dans leprincipe de précaution posé par la Constitutionet de tel agriculteur qui estime que « le risque zéron’existe pas ».Dans chaque salle, les questions feront très souventécho à cette intro<strong>du</strong>ction. Et en fonction des éclairagesfournis par les experts, mais aussi des réalitéslocales, contrastées, entre des départements déjàfortement concernés par les essais OGM et d’autresvivant à l’écart de cette réalité, le débat évolueraavec plus ou moins de qualité dans l’écoute etl’échange. Après un rodage nécessaire à Montluçon,la réunion d’Aurillac est unanimement saluéecomme un exercice citoyen percutant. Au Puyen-Velay,les interrogations fusent, illustrant ladiversité des enjeux écologiques, scientifiques etéconomiques soulevés par les OGM ; à Clermont-Ferrand, à deux pas de la Limagne, les tensionssont encore palpables et la qualité de l’écoute n’estpas toujours au rendez-vous… Au final, bienmalin celui qui, ayant assisté à tous les débats,aura réussi à trier avec certitude le bon grain del’ivraie… Entre Louis-Marie Houdebine, biologisteà l’Inra, qui explique, au Puy-en-Velay, que lasélection, pratiquée depuis longtemps, n’a jamaisété que l’antichambre des OGM d’aujourd’huiet Christian Vélot, professionnel de la génétiquemoléculaire, qui affirme à Clermont-Ferrand qu’àl’heure actuelle, « on ne maîtrise pas les conséquencesde ces modifications génétiques sur les organismesvivants », que penser ? De même, la qualité desétudes portant sur les OGM ne fait pas l’unanimité.À Montluçon, le pharmacien et écologueLilian Ceballos critique des enquêtes menéespar des laboratoires payés par les semenciers. Maisà Aurillac, Bernard Chevassus, ancien vice-présidentde la Commission <strong>du</strong> génie biomoléculaire,multiplie les exemples d’études pertinentes surles OGM financées par des fonds publics…PROLONGER LE DÉBAT Principal constat à l’issue deces rencontres : le débat était nécessaire, tant on apu mesurer l’inquiétude quant aux implicationsdes OGM sur la nature ou l’homme.Deuxièmement : il fut malheureusement biendifficile pour le public de se forger au final uneopinion définitive sur la question sur la seule basedes interventions des experts qui ont pris place àchaque tribune. Enfin, les élus de la Région, par labouche de René Souchon, ont vite compris quela priorité, devant tant de questions, était detrouver le bon équilibre entre le soutien à larecherche et la nécessité de conforter l’agriculturetraditionnelle ou biologique. Le président <strong>du</strong>Conseil régional a proposé que soit étudiée lapossibilité d’adhérer à la Charte de Florence : parce texte, la Région s’engagerait dans une voie deprotection de son agriculture et de son environnementface aux OGM. Cet autre débat estdéjà programmé pour cet automne.Pour éclairer l’opinion,les experts ont la parole.Du Puy-en-Velay à Montluçon,d’Aurillac à Clermont-Ferrand,le débat passionne, maisson intensité peut varier.M A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T 25


V I E P U B L I Q U EFrançoise Fernandez :« POURSUIVRE LA DISCUSSIONDANS UN LIEU NEUTRE »Françoise Fernandez, directrice adjointe de l’IUFM * d’Auvergne, a fait partie <strong>du</strong> comité de suivi chargé de veiller à la régularitédes différents débats sur les OGM. Choisie par le Conseil régional, elle a partagé cette mission avec Éliane Anglaret, proposéepar le Collectif OGM 63, et Jean-Noël Plagès, proposé par le groupe Limagrain.Pour Françoise Fernandez, l’une destrois sages de ce débat, de nombreusesquestions sont restées sans réponse.Quels a priori aviez-vous sur le débat et sesont-ils vérifiés ?Je savais que ce serait un exercice difficile. Notresociété est d’une grande complexité. La questiondes OGM revêt une dimension économique,mais aussi philosophique… Après ce qu’il s’estpassé l’été dernier, il était impératif d’informer etde débloquer la situation, que les gens se parlentet que d’autres soient là pour les canaliser. Il fallaitaussi que la violence sorte en public. Mais, de touteévidence, les OGM sont déjà là. Pour nous, enAuvergne, la question est de savoir comment fairecoexister l’agriculture bio avec l’expérimentationen plein champ.Pas facile de “canaliser” dans un débat forcémentpassionné…Au nom de notre comité, j’ai dû à plusieursreprises et dans différents lieux inciter le public àun peu de correction et d’écoute. Notamment àClermont-Ferrand, où l’un des experts s’estexprimé avec un tel ton vindicatif qu’il a donnécelui de toute la soirée. Pourtant, je crois que,même dans un débat comme celui-là, il y a de laplace pour une parole militante quand elle estrespectueuse, argumentée et nullement incantatoire.Les anti-OGM ne pourront pas direqu’on ne les a pas enten<strong>du</strong>s. Mais je regrette queles pro-OGM aient été aussi discrets. La crispationest telle qu’ils se sont autocensurés.Qu’en avez-vous retenu à titre personnel ?Que nombre d’interrogations restent sansréponse, comme celle de la modification de notreprofil génétique à terme si nous consommonsde tels pro<strong>du</strong>its. J’ai été aussi effrayée par le rejet<strong>du</strong> travail des chercheurs par mes concitoyens, quidénoncent sans nuances une société <strong>du</strong> complot,de l’opacité de l’information, des intérêts qui prévalentsur tout autre chose.Quelle con<strong>du</strong>ite faut-il tenir selon vous dansles mois à venir ?Même si la Région ne peut pas légiférer, elle a unsignal fort à donner à l’agriculture bio et en mêmetemps un soutien net à apporter à la recherche età l’in<strong>du</strong>strie agroalimentaire. Il va falloir aussitrouver un lieu neutre au Conseil régional pourpoursuivre la discussion. Ce serait peut-être possibleavec le Net…EUROPAVOXPOPULIIls sont quatregarçons et fillesdans le vent. Quatre“ambassadeurs”parmi la petitecentaine de jeunes venus représenter leurpays pendant les six jours d’EuropaVox.Le blond et cool Jesper, la théâtraleAntigone, le sage et caustique Nuno et lapétillante Juliana nous font voir le festivalde musiques et l’Auvergne avec leurregard d’Européens, des concerts d’electroau sommet <strong>du</strong> puy de Dôme, de la place <strong>du</strong> 1 er Maiaux happenings <strong>du</strong> Frac.Le président de la Région, en guise deconclusion, a évoqué la possible adhésionde l’Auvergne à la Charte de Florence.* Institut universitairede formation des maîtres.La Charte de Florence, une issue possibleEn septembre, le Conseil régional débattra de l’adhésion éventuelle de l’Auvergne à la Charte de Florence. Le 4 février 2005,20 régions européennes ont, en effet, signé à Florence une charte les engageant à mener des actions pour protéger leuragriculture et leur environnement face aux OGM. Parmi les premiers signataires : la Bretagne, l’Aquitaine, l’Ile-de-France,la région Poitou-Charentes et le Limousin. Ces régions œuvrent pour que les acteurs locaux ne soient plus tenus à l’écartdes décisions concernant les autorisations de cultures OGM. Cette convention demande notamment aux institutionseuropéennes « de rendre publics les descriptions des processus d’analyse et les résultats des recherches agronomiquesfinancées par de l’argent public ou menées par des institutions publiques ». Le président de la Région a toutefois préciséà l’issue <strong>du</strong> dernier débat qu’il fallait « permettre à la recherche de se poursuivre », tout en travaillant à faire de l’Auvergne« la première région bio de France » et « en allant de l’avant en mesurant aussi les craintes de la population ». Autrepiste explorée : la création d’un comité consultatif, réunissant tous les acteurs régionaux de ce dossier. Il aurait pourmission de prolonger le dialogue… et de déminer le terrain !26 M A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T


R E N C O N T R ER E N C O N T R ENuno, Antigone, Jesperet Juliana, ambassadeursd’EuropaVox.Mariza, la nouvellegrande dame<strong>du</strong> fado portugais.À Clermont-Ferrand,des jeunes de toute l’Europeviennent assister au festival.Docteur Vince aux platines.REPÈRESUn festival des diversitésEn évitant « une surenchère de cachets »,Didier Veillault, le directeur de LaCoopérative de Mai, ne voulait pasqu’EuropaVox devienne un marchéunique des musiques actuelles,livré aux marchands <strong>du</strong> temple et àla « concurrence libre et non faussée »…Avec François Missonnier etFernando Ladeiro-Marques,les deux autres organisateurs, ila préféré célébrer l’Europe à traversla diversité de la création musicale,la présence d’une centaine de jeunesambassadeurs, une web-radio diffusantdes musiques de tous les paysd’Europe même entre chaque édition<strong>du</strong> festival et un salon professionneloù les initiés faisaient affaire.91 JEUNES EUROPÉENS La première heure <strong>du</strong> festivalEuropaVox, premier <strong>du</strong> nom, révèle d’embléel’ambiance générale de cette manifestationorganisée <strong>du</strong> 30 mai au 4 juin dernier autourdes musiques actuelles de toute l’Europe : bonenfant… Sur le quai de la gare de Clermont-Ferrand, élus, membres de l’organisation etjournalistes attendent le train. Les Elderberries,jeune formation franco-anglo-canadienne, lâchepour l’occasion une belle envolée de sonsincongrue et libératrice dans le gris ambiant,qui fait déboutonner les vestons même sil’heure est grave : à 16 h 08 arriveront par letrain de Paris une centaine de jeunes venus detoute l’Europe des Vingt-cinq. Des garçons etdes filles âgés de 18 à 25 ans, tous férus demusique, tous sélectionnés par l’organisation <strong>du</strong>festival via des partenaires médiatiques (radios,journaux, etc.) dans leur pays respectif pour enêtre les “ambassadeurs”, tous épuisés par un voyageplus ou moins long, plus ou moins chaotique.Jesper, le Suédois, Antigone, la Grecque, Juliana,la Slovaque, et Nuno, le Portugais, seront parmi eux.Du moins en principe… Car Nuno a raté lepremier train de Paris, il arrivera par celui de 18 h,juste avant l’inauguration officielle <strong>du</strong> festival.Jesper est bien là mais épuisé : avant mêmed’entreprendre ce grand voyage, il a atten<strong>du</strong>onze heures à l’aéroport de Stockholm. Juliana,elle, habite Presov, à l’est de la Slovaquie, et a mispresque deux jours pour arriver en Auvergne !Qu’à cela ne tienne, dès le soir même, c’est partipour six soirées de musique et cinq journéesà découvrir Clermont-Ferrand et ses environs,au fil d’un programme rythmé.DU FADO À L’ELECTRO Les concerts <strong>du</strong> soir à LaCoopérative de Mai sont évidemment les momentsphares de chaque journée. Les organisateurs ontvoulu révéler à leur public la création européenne…En effet, même ces jeunes assez pointus dans ledomaine ne connaissent pas tous les groupes deleur pays. « Je connais seulement le plus connu,Wraygunn, avoue Nuno. Je suis heureux dedécouvrir ici des groupes portugais. » Par chancepour lui, cette première édition célèbre le Portugalet propose donc une formation lusitaniennechaque soir. Notamment Mariza le samedi, LA star<strong>du</strong> fado. « Le fado est une part importante de notreculture, mais je n’en écoute pas », glisse ce jeunehomme de 23 ans. Même découverte pour Jesperavec le folk rock d’Anna Ternheim, sa compatriote: il en avait enten<strong>du</strong> parler mais il n’avaitpas eu l’occasion de la voir en concert en Suède.Finalement, la plupart des groupes chantant enanglais et s’inscrivant dans de grandes mouvancesidentifiées (rap, pop-rock, electro, etc.), la musiquenivelle tout reliquat de frontières nationales.Des Belges de Venus, le premier soir en scèneaux côtés de musiciens de l’orchestre d’Auvergne,on nous dira que « ça a déchiré ». Gros plébisciteaussi pour les Allemands délirants de Puppetmastaz,le mercredi, ou Seeed, venu également d’outre-Rhinpour la soirée electro de vendredi. « Mais jepensais que plus de groupes chanteraient dans leurlangue », déplore Juliana, la Slovaque, dontl’anglais est pourtant très fluide. Antigone, fande culture et de musique française, reconnaîtson attirance pour la pop et le rock frenchy,tout en faisant remarquer dans un bon françaiset sans rire que « Joe Dassin et L’Été indien, c’esttrès beau, très nostalgique ».REPÈRESPour tous les goûtsL’originalité d’EuropaVox résidedans le fait d’unir dans un mêmefestival des groupes de différentspays (pêle-mêle, cette année,Allemagne, Pologne, Italie, Slovénie,Portugal, Malte, Suède, Belgique,France, Roumanie, etc.) représentantun large panel de courants musicauxque les programmateurs <strong>du</strong> festivalavaient cette année regroupéspar soirée : musiques urbainesle mercredi, pop-rock le jeudi,electro le vendredi, chansonle samedi et rock le dimanche.28 M A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N TM A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T 29


R E N C O N T R E R E N C O N T R EN’Toko, rappeur slovène.Ann Pierlé, artiste belge,l’une des révélations<strong>du</strong> festival.The Delilahs, ou le rock quia de la Suisse dans les idées.REPÈRESLes transrégionaux de l’étapeUn festival si éclaté entre différentspays ne pouvait pas rester cloisonnédans une seule salle clermontoise.Du mardi au dimanche, le publica ainsi pu se déplacer à La Baiedes Singes, à Cournon, au Guingois,à Montluçon, à l’espace Valéry-Larbaud de Vichy, au centre Animatisd’Issoire, à la salle d’activitésculturelles de Saint-Amant-Roche-Savine, au Frac Auvergne,aux Abattoirs de Riom,au Parapluie d’Aurillac et mêmejusqu’au Limousin, les Lendemainsqui chantent, à Tulle, et le centreculturel John-Lennon, à Limoges,ayant été partenaires.À CHACUN SON SOLEIL La langue, justement, n’établira<strong>du</strong>rant toute la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> festival aucune barrière,si ce n’est entre les ambassadeurs… et lesAuvergnats ! « Je suis allée dans un petit bar dansle quartier, raconte Juliana. Personne ne parlaitanglais. Heureusement, je sais dire “Deux cafés”,“grand” et “petit”. » Jusqu’à la fin <strong>du</strong> festival, lajeune diplômée en psychologie ne pourra se faireà ce peu d’intérêt des Français pour la langueanglaise, alors que celle-ci est pour nombre depays de l’Est le moyen le plus sûr de s’ouvrir aureste de l’Europe.Quant à l’Auvergne, son patrimoine et ses paysages,nul doute qu’elle laissera à tous des souvenirsforts. Jesper n’oubliera pas la cathédrale deClermont-Ferrand, où il a été bien surpris d’êtrele témoin <strong>du</strong> ballet des visiteurs venus se recueillirdevant le cercueil d’Édouard Michelin.Antigone a beaucoup aimé le jardin Lecoq « pourlire, voir un peu la nature », comme l’expositionmise en musique au Frac par Kafka, son « meilleursouvenir ». Pour Nuno, Vulcania a été « une visitetrès intéressante », lui qui ne savait pas avant devenir qu’il y avait des volcans en Auvergne. « Cetterégion très, très verte me fait penser à la région deMinho, au nord <strong>du</strong> Portugal. » Le pique-niqueau puy de Dôme restera aussi dans leurs annales.Même si les nouveaux amis grecs ou italiens deNuno lui ont fait remarquer, devant le Pariouinondé de soleil, que « ce soleil-là, ce n’est pas lemême que chez nous ». Ou si Antigone a choisid’y écouter, la tête dans l’herbe, le bruit des vaguesenregistré sur l’île d’Andros en septembre dernier.OUI UNANIME POUR 2007 Enfin, bien que les nuitsaient été davantage occupées à goûter les bouteilles<strong>du</strong> pays apportées par chacun qu’à deviser surl’avenir de l’Europe, les jeunes ambassadeursont un avis ferme sur la question. « J’aime ladifférence, affirme Juliana. Mais le mauvais côtéde l’Union, c’est la globalisation. » Et quant à ladécouverte d’autres nations, elle aurait bienaimé que le festival s’ouvre à des Norvégiens ouà des Bulgares. « Il est aussi important de gardernos identités respectives », considère Antigone.Cette Grecque de 26 ans, qui fait un masterde communication politique et de technologiesnouvelles, tient son blog sur www.changeeurope.org* , face visible d’une initiative soutenuepar la Commission européenne et qui vise àrelayer les souhaits et les inquiétudes de jeunesEuropéens à propos de l’avenir de l’Europe.« Le problème, c’est quand un État n’en reconnaîtpas un autre… moi, par exemple, la Turquie doitreconnaître Chypre. » Un vaste débat que la belleAntigone pourra reprendre avec d’autresEuropéens lors de l’édition 2007 d’EuropaVox, àlaquelle elle aimerait bien assister. CommeNuno, qui compte bien refaire le voyage. « Mais cene sera plus en qualité d’ambassadeur. Cette expériencelà restera vraiment exceptionnelle pour moi. »*Antigone a déjà fait un compte-ren<strong>du</strong> d’EuropaVox pourles autres Européens qui échangent sur ce site.REPÈRESUne voix qui porteUn an après le Non françaisau Traité constitutionnel européen,l’initiative auvergnate a été saluéedans toute la presse. Du tonitruant« Oui à EuropaVox » lancé parLibération à l’article de Téléramaexpliquant que « l’Auvergne inventela culture européenne », sans oublierla couverture radio et télévisuelle,la mobilisation de la presse locale,mais aussi de la presse européenne,EuropaVox a fait irruption surla scène médiatique. Un universoù il n’est pas facile de faire sa placeau soleil. Et une occasion rêvéede donner un sacré coup de jeuneà l’image de l’Auvergne.30 M A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N TM A G A Z I N E D’ I N F O R M A T I O N S U R L’ A U V E R G N E E N M O U V E M E N T 31

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