4AIDE SOCIALE À L’ENFANCE :QUELLE ORGANISATION DANS LES DÉPARTEMENTS ?<strong>les</strong> bénéficiaires potentiels de l’aide<strong>sociale</strong> <strong>à</strong> l’enfance, notamment <strong>les</strong>mineurs qui ne peuvent être maintenus<strong>dans</strong> leur milieu familial, <strong>les</strong> femmesenceintes et <strong>les</strong> mères isoléesaccompagnées d’enfants de moins de3 ans. Plus de 16 % des répondants <strong>à</strong>l’enquête (soit 13 départements) indiquenttoutefois n’avoir mis enœuvre aucun dispositif d’accueild’urgence <strong>dans</strong> leur département.Pour <strong>les</strong> autres, la nécessité d’un accueild’urgence est remplie le plussouvent par le foyer de l’enfance 5 :23 départements en comptent un surleur territoire, tandis que dix ont recours<strong>à</strong> des famil<strong>les</strong> d’accueil « d’urgence». Quelques départements ont,quant <strong>à</strong> eux, des places destinées <strong>à</strong>l’urgence <strong>dans</strong> <strong>les</strong> maisons d’enfants<strong>à</strong> caractère social 6 ou <strong>dans</strong> des centresde l’enfance 7 .C•01<strong>les</strong> schémas de l’enfance <strong>dans</strong> <strong>les</strong> départementssituation en 1999■ Relativement peu de barèmespour l’attribution des aides financières.Dans le cadre de leur mission, <strong>les</strong>services de l’ASE peuvent apporterdes secours exceptionnels aux famil<strong>les</strong>,ou aux mineurs et jeunes majeursen difficulté sous la formed’aides financières. En 1999, <strong>les</strong> départementsont ainsi dépensé pourl’octroi d’allocations 231,2 millionsd’euros, ce qui représente enmoyenne un peu plus de 5 % de leurdépense totale nette en matière d’aide<strong>sociale</strong> <strong>à</strong> l’enfance et une dépensemoyenne par habitant de 4 euros (tableau2). Relativement peu de départements(34) ont toutefois, pour attribuerces aides, mis en place desbarèmes de ressources, mais l’existencede ces barèmes ne semble pasdéterminante quant au niveau de ladépense moyenne par habitant : celleciest en effet identique <strong>dans</strong> <strong>les</strong> départementsqui n’ont pas de barèmeet <strong>dans</strong> ceux qui en ont un.Les coopérationsavec <strong>les</strong> autres acteursde la protection de l’enfance■ Malgré des protoco<strong>les</strong> de coopérationassez fréquents en matièrede signalements …Si trente-quatre départementsn’ont, en matière de signalements,aucun protocole de coopération institutionnelleavec <strong>les</strong> différents acteursde la protection de l’enfance,quarante cinq ont formalisé ces protoco<strong>les</strong>et ce avec, <strong>dans</strong> la majoritédes cas, de nombreux partenaires.Ainsi, trente-neuf ont un protocole decoopération avec la justice, et autantavec l’éducation nationale, la grandemajorité (35 départements) cumulantce double partenariat. Les protoco<strong>les</strong>établis avec la gendarmerie sontplus rares, mais ils concernent néanmoinsquatorze départements, tandisque quinze concernent aussi d’autresnon réponsepas de schéma (● réalisation en cours d’un premier schéma pour ces départements)schéma sans conjointschéma conjointSource : DREES5. Les foyers de l’enfance sont des établissementsdirectement rattachés au service del’ASE, en régie directe et majoritairementpublics. Ils ont pour fonction l’accueil,24 heures sur 24, des enfants qui ont besoind’une aide d’urgence. Ce sont également deslieux d’observation et de diagnostic, élaborésen liaison avec <strong>les</strong> personnes qui sont <strong>à</strong>l’origine du placement (justice, famille, travailleurssociaux). Normalement, chaque départementdevrait avoir sur son territoire unétablissement de ce type.6. Les maisons d’enfants <strong>à</strong> caractèresocial (MECS) sont très majoritairement géréespar le secteur privé (association de loi1901). El<strong>les</strong> ont vocation <strong>à</strong> accueillir <strong>les</strong> mineurssans famille ou dont la famille, engrande difficulté, ne peut assumer l’éducationde ses enfants. Les enfants y sont placéssoit par la famille, soit par l’ASE, soit par lejuge des enfants, le plus souvent pour un séjourde longue durée.7. Vingt et un disent avoir d’autres dispositifssans préciser <strong>les</strong>quels.ÉTUDES et RÉSULTATSN° 144 • novembre 2001
AIDE SOCIALE À L’ENFANCE :QUELLE ORGANISATION DANS LES DÉPARTEMENTS ?partenaires comme <strong>les</strong> hôpitaux ou <strong>les</strong>ecteur pédo-psychiatrique ; huit départementsont élaboré ces protoco<strong>les</strong>avec <strong>les</strong> quatre partenaires citésci-dessus.Au-del<strong>à</strong> de ces protoco<strong>les</strong> cibléssur le signalement, soixante-sept départementsont mis en place, avant ladécision d’attribution d’une aide oud’une prise en charge, des dispositifsde concertation, tel<strong>les</strong> des commissions« enfance » ou des commissionsd’orientation et d’évaluation.■ … une absence presque généralede connaissance du taux de classementsans suite.Cinquante des départements répondantsont mis en place une fichenavette entre <strong>les</strong> services du conseilgénéral et <strong>les</strong> services judiciaires(parquet et juge pour enfants), pour8. Décret n° 92-1245 du 27 novembre 1992.9. Cette base réglementaire est valable pourun accueil permanent et pour un enfant. Plusieursdépartements, qu’ils aient ou non optépour cette base, déclinent par ailleurs <strong>les</strong> rémunérationsdes assistantes maternel<strong>les</strong> surd’autres critères comme par exemple le nombred’enfants accueillis, le SMIC horaireétant réévalué selon qu’il y a un ou deux outrois enfants accueillis. Au-del<strong>à</strong>, certains départementsattribuent des primes, indemnitésou allocations aux assistantes maternel<strong>les</strong>,parfois pour <strong>les</strong> enfants accueillis(comme <strong>les</strong> primes de mariage) mais parfoiségalement en leur faveur : prime d’incitation<strong>à</strong> la formation, prime de fin d’année, etc.10. Il s’agit des agréments délivrés en 1999ce qui ne recouvre pas l’activité réellementexercée par <strong>les</strong> assistantes maternel<strong>les</strong>agréées : d’une part on ne sait pas si l’assistantematernelle qui a obtenu un agrémentaccueille effectivement des enfants, d’autrepart, ces agréments ne sont pas renouvelés tous<strong>les</strong> ans et <strong>les</strong> cessations d’activité ne sont pastoujours actualisées. Voir Valérie Le CORRE,« Les assistantes maternel<strong>les</strong> », Études et Résultats,n° 127, DREES, août 2001.préciser <strong>les</strong> suites données aux signalements,<strong>les</strong> motivations de la décisionnotamment en cas d’un classementsans suite. Malgré l’existencede ces fiches, relativement peu d’entreeux sont en mesure d’indiquer letaux de classement sans suite des signalementsque leurs services transmettent<strong>à</strong> l’autorité judiciaire : seulsvingt-huit départements fournissentcette donnée, et celle-ci apparaît assezvariable d’un département <strong>à</strong>l’autre, s’échelonnant de 1 <strong>à</strong> près de60 % (tableau 3).■ Des outils de coopération et deliaison souvent développés avec <strong>les</strong>partenaires.Si l’on fait le bilan des outils decoopération mis en place par <strong>les</strong> départementsavec <strong>les</strong> autres partenairesde la protection de l’enfance, etnotamment la justice, ceux-ci se composentde quatre éléments principaux: la mise en place d’un schémaconjoint, de protoco<strong>les</strong> de coopérationen matière de signalement, dedispositifs de concertation avantl’adoption d’une mesure et des fichesnavette entre l’autorité administrativeet l’autorité judiciaire. On notera toutd’abord qu’il n’y a pas de départementqui ne dispose d’aucun de cesoutils de coopération ou de liaison etque vingt-cinq d’entre eux cumulent<strong>les</strong> quatre éléments. Parmi <strong>les</strong> départementsqui n’ont pas de schéma départemental(23 en 1999), douzen’ont par ailleurs qu’un seul outil deliaison avec <strong>les</strong> autres partenaires, <strong>les</strong>onze autres départements combinantdeux <strong>à</strong> trois de ces instruments. Dans<strong>les</strong> départements où il y a un schémadépartemental mais qui n’est pas conjoint,la plupart ont néanmoins misen place deux <strong>à</strong> trois instruments decoopération ou de liaison. Enfin,parmi <strong>les</strong> départements qui ont unschéma conjoint (trente et un départements),rares sont ceux qui n’ontpas par ailleurs d’autres outilspartenariaux et ils sont plus d’un tiers<strong>à</strong> <strong>les</strong> avoir tous.L<strong>à</strong> encore, la mise en place de cescoopérations semble résulter davantaged’une politique propre des départementsque de déterminants plusgénéraux : ce ne sont ainsi ni <strong>les</strong> départements<strong>les</strong> plus peuplés, ni ceuxqui ont <strong>les</strong> taux d’enfants confiés <strong>à</strong>l’ASE <strong>les</strong> plus élevés qui ont mis enplace davantage que <strong>les</strong> autres desoutils de coopération et de liaisonavec ces autres partenaires de la protectionde l’enfance.La politique <strong>à</strong> l’égarddes assistantes maternel<strong>les</strong>■ Près de 60 % des départementssont au-dessus de la base réglementairepour la rémunération des assistantesmaternel<strong>les</strong>.Le montant de rémunération desassistantes maternel<strong>les</strong> qui accueillentdes enfants au titre du placementfamilial effectué <strong>dans</strong> le cadrede l’ASE a une base réglementaire8 de 84,5 SMIC horaire par enfantet par mois 9 . Pour l’accueil permanentdes enfants en placement familial,si un tiers des départementsrémunèrent <strong>les</strong> assistantes maternel<strong>les</strong>sur cette base, <strong>les</strong> autres, c’est-<strong>à</strong>direprès de 60 % ont adopté des salairessupérieurs : vingt-huit départementsont ainsi un taux de rémunérationcompris entre 85,5 SMIC horaireet 100 SMIC horaire et pour dix-neufautres, il est supérieur <strong>à</strong> 100, allantjusqu’<strong>à</strong> 158.■ Une majorité de départements amis en œuvre un suivi et un accompagnementdes assistantes maternel<strong>les</strong>.En 1999, on recensait au total400 000 agréments délivrés par laPMI <strong>à</strong> des assistantes maternel<strong>les</strong>.Parmi ces agréments un peu plus de10 %, soit 46 000 avaient été délivrés<strong>dans</strong> le cadre d’un accueil permanentau titre de l’aide <strong>sociale</strong> <strong>à</strong> l’enfance 10 .Au total, un peu plus d’un enfant confié<strong>à</strong> l’ASE sur deux bénéficie d’unaccueil familial (tableau 1).5ÉTUDES et RÉSULTATSN° 144 • novembre 2001