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Étudier un auteur néo-latin à l'aide des catégories de ... - gemca - UCL

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GEMCA : Papers in progressTome 1 – 2012http://<strong>gemca</strong>.fltr.ucl.ac.be/docs/pp/GEMCA_PP_1_2012.pdf


Dossier :Les <strong>catégories</strong> <strong>de</strong> l’histoire littéraire, artistique etculturelle <strong><strong>de</strong>s</strong> XV e -XVIII e siècles en EuropeTextes édités par Maxime Perret


Les textes ré<strong>un</strong>is ici constituent la prépublication d’articles quiseront rassemblés sous <strong>un</strong>e autre forme en vue d’<strong>un</strong>e publication envolume, sous la direction <strong>de</strong> Ralph Dekoninck, Agnès Gui<strong>de</strong>rdoni,Elsa Kammerer et Charles-Olivier Stiker-Métral. Il s’agit <strong><strong>de</strong>s</strong> textes<strong><strong>de</strong>s</strong> comm<strong>un</strong>ications qui ont été prononcées oralement lors <strong><strong>de</strong>s</strong>séminaires « Catégories <strong>de</strong> l’histoire littéraire, artistique et culturelle<strong><strong>de</strong>s</strong> XV e -XVIII e siècles en Europe » organisés <strong>à</strong> l’Université Charles-<strong>de</strong>-Gaulle Lille 3 (6 février 2012) et <strong>à</strong> l’Université catholique <strong>de</strong> Louvain(10 mai 2012) et que leurs <strong>auteur</strong>s ont bien voulu faire paraître dansles GEMCA : papers in progress.Maxime Perret


1« Renaissance », « Humanisme »,« Renaissancismus »


<strong>Étudier</strong> <strong>un</strong> <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> <strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>catégories</strong><strong>de</strong> l’histoire littéraire : réflexions méthodologiquesMathieu MINET (Université catholique <strong>de</strong> Louvain)PlanLe <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> comme catégorie(À partir d’Ijsewijn) Présentation du terme « <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> » <strong>de</strong> sonorigine, son histoire, sa fort<strong>un</strong>e. Réflexion personnelle sur sadéfinition (au sens propre <strong>de</strong> « limitation, différenciation par rapport<strong>à</strong> <strong>un</strong>e autre réalités »), sur ses ambiguïtés, etc.Une périodisation <strong>de</strong> la littérature <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e(À partir Ijsewijn, Van Tieghem) Bref aperçu <strong><strong>de</strong>s</strong> ruptures, tendanceset évolutions qui ont marqué la littérature <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e.Conclusions et implications méthodologiquesGEMCA : papers in progress, 1, 2012.URL : http://<strong>gemca</strong>.fltr.ucl.ac.be/docs/pp/GEMCA_PP_1_2012_003.pdf


50 Mathieu MinetRemarque préliminaireDans <strong>un</strong>e optique très pratique, je vais parler <strong>de</strong> la démarche duchercheur qui étudie <strong>un</strong> <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>, en considérant surtout lesnotions qui sont au cœur <strong>de</strong> la discussion d’aujourd’hui, <strong>à</strong> savoir les<strong>catégories</strong> et pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l’histoire littéraire. L’exposé reprend lesprincipaux éléments présentés lors <strong>de</strong> la journée du GEMCA 2010 encollaboration avec Grégory Ems. Cette présentation avait suscité <strong><strong>de</strong>s</strong>réflexions et <strong><strong>de</strong>s</strong> questions, qui n’avaient pas nécessairement trouvé<strong>de</strong> réponse. Tentative d’y remédier.J’envisagerai d’abord la notion même <strong>de</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>, consacrée parl’usage, en tentant <strong>de</strong> comprendre ce que ce terme recouvre ; jem’intéresserai ensuite <strong>à</strong> ce qu’on appelle la littérature <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e,pour en présenter l’évolution générale ; ceci aboutira <strong>à</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>considérations pratiques, méthodologiques.Le terme « <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> » comme catégorieL’origine et la fort<strong>un</strong>e du terme« Néo-<strong>latin</strong> » est aujourd’hui le terme consacré 1 : sonintroduction remonterait au XIX e siècle. Ijsewijn lit ce termedans le sens actuel :oooErnest Klose (Leipzig 1795) consacre <strong>un</strong> chapitreintitulé Neulateinische Chresthomathie pour les poètes <strong>à</strong>partir <strong>de</strong> Boccace.Dissertatio <strong>de</strong> linguae <strong>latin</strong>ae… usu, <strong>de</strong>que poesi et poetisneo-<strong>latin</strong>is, Cologne 1822 : chez Johaness DominicusFuss (1782-1860), professeur <strong>de</strong> <strong>latin</strong> <strong>à</strong> l’Université <strong>de</strong>Liège.Bref, mot relevant du domaine scolaire, émanant <strong><strong>de</strong>s</strong>enseignantsSur le terme en lui-même : « <strong>latin</strong> humaniste » (Van Tieghem)a les limites qu’il n’est pas nécessaire <strong>de</strong> préciser.Avant cela, on trouve <strong><strong>de</strong>s</strong> rediviva poesis, poetae recentiores(Scaliger), ce qui semble indiquer qu’on ne rénove pas la1 Le terme italien neo<strong>latin</strong>i s’applique aux langues romanes… même si <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>auteur</strong>sitaliens ont fini par l’utiliser avec notre sens.


<strong>Étudier</strong> <strong>un</strong> <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> 51langue, mais sa poésie… Antiquarii est aussi <strong>un</strong> terme utilisépar les <strong>auteur</strong>s eux-mêmes pour qualifier leur goût <strong>de</strong>l’antique.Son applicationNéo-<strong>latin</strong> = terme pertinent pour désigner <strong>un</strong>e réalité scolaire :l’enseignement <strong>de</strong> la langue <strong>latin</strong>e, et plus précisément <strong>de</strong> la langue<strong>latin</strong>e telle qu’elle se pratique <strong>à</strong> l’apogée <strong>de</strong> la civilisation romaine.Où commence la langue <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e ?Comme le terme Renaissance, « <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> » implique <strong>un</strong>erupture.La nouveauté <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>istes procè<strong>de</strong> d’<strong>un</strong> rejet d’<strong>un</strong>millénaire <strong>de</strong> ténèbres, non pas tant pour sa langue que pourla scolastique jargonisante. Une « troisième pério<strong>de</strong> » tire son origine <strong>de</strong> l’Italie :Pétrarque, Lorenzo Valla, etc. soucieux <strong>de</strong> renouer avec lagran<strong>de</strong>ur antique <strong>de</strong> leur pays. Souci <strong>de</strong> renouer avec <strong>un</strong><strong>latin</strong> qui était leur patrimoine, et qui redresserait <strong>un</strong>efrontière avec <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares… Mais expansion <strong>à</strong> traversl’Europe…La pratique du <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> est liée <strong>à</strong> la généralisation <strong>de</strong>l’enseignement au domaine laïque.Limites <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> »Ruptureoo« Néo »Pas si nette avec <strong>un</strong> <strong>latin</strong> médiéval : partage <strong><strong>de</strong>s</strong>caractéristiques avec son « successeur ». 3 exemples :• style (Loup/Lupus <strong>de</strong> Ferrière // Quintilien)• Walter <strong>de</strong> Châtillon (épopée)• Innocent III (// Ovi<strong>de</strong>)Le sentiment a existé chez <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>auteur</strong>s médiévaux <strong>de</strong>pratiquer <strong>un</strong> <strong>latin</strong> « neuf » ou rénové…


52 Mathieu Mineto Par ailleurs, certains <strong>auteur</strong>s <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>s sontinfluencés par <strong>auteur</strong>s médiévaux.ooCertains <strong>auteur</strong>s médiévaux sont encore édités, dontInnocent III (bref : continuité, même ténue).Cohabitation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux <strong>latin</strong>s.En outre, et parallèlement <strong>à</strong> ce phénomène, il y au sein mêmedu <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> — comme nous le verrons — <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvementsprogressistes ou au contraire conservatistes, voire réactionnaires.Fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> ? Ijsewijn n’en place pas : nous serions dans<strong>un</strong>e troisième phase <strong>de</strong> la langue, au même titre quePétrarque, Erasme, Vida, Macrin… Je pense qu’il y a <strong>de</strong>vraies ruptures, vraies impulsions = les contingencesscolaires : l’enseignement du <strong>latin</strong>.« Latin » Langue <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e semble indiquer qu’on réinstaure le <strong>latin</strong> :non, il y avait <strong>un</strong> <strong>latin</strong>, le <strong>latin</strong> « médiéval », guillemets parcequ’il est dans la continuité du <strong>latin</strong> antique. En cela, il n’estmédiéval que parce qu’il y aura après-lui <strong>un</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> ; le<strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> imite <strong>un</strong> état <strong>de</strong> langue bien précis, le <strong>latin</strong>classique. On pourrait le qualifier <strong>de</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>-classique.Une <strong>de</strong>uxième remarque, qui s’applique plus <strong>à</strong> la notiond’« <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> » : le développement <strong>de</strong> cette littératures’est accompagnée d’<strong>un</strong>e tendance (chez ses <strong>auteur</strong>s) aubilinguisime dans l’écriture (avec d’ailleurs conflit entre<strong>latin</strong>/vernaculaire, sur fond <strong>de</strong> querelle <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens et <strong><strong>de</strong>s</strong>mo<strong>de</strong>rnes, où donc le <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> est, paradoxalement, défendupar les anciens. Plus <strong>latin</strong> que <strong>néo</strong>… Vintage…)Une périodisation <strong>de</strong> la littérature <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>eComme nous venons <strong>de</strong> le remarquer, la littérature <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>en’est pas, malgré sa prétention <strong>à</strong> renouer avec <strong>un</strong> âge d’orlinguistique, <strong>un</strong>e uchronie : Comment dès lors l’inscrire dans <strong>un</strong>etemporalité ?La littérature <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e doit donc s’inscrire dans plusieurstemporalités :


<strong>Étudier</strong> <strong>un</strong> <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> 53Elle est le fait d’<strong>auteur</strong>s attachés, non point seulement <strong>à</strong> <strong>un</strong>eélite <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e internationale, mais également <strong>à</strong> leur« région » propre (cour, ville ou pays). Son développementest contemporain d’autres littératures : le <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> évoluesur <strong>un</strong> territoire où, parallèlement, d’autres courants artistiquesassociés <strong>à</strong> d’autres langues s’épanouissent, se codifient,ou stagnent. Certains <strong>auteur</strong>s <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>s ont aussi écritdans leur langue vulgaire, tout en ayant <strong>un</strong>e productioncohérente. Celle-ci doit par conséquent être envisagée dansles cadres chronologiques <strong>de</strong> la littérature vernaculaire.L’étu<strong>de</strong> d’<strong>un</strong>e œuvre repose sur la connaissance <strong>de</strong> l’évolution<strong>de</strong> son genre propre. Car par-<strong>de</strong>l<strong>à</strong> les différences <strong>de</strong>langue et d’époque, les normes d’<strong>un</strong> genre, quel qu’il soit,sont soumises <strong>à</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> tendances propres. Chaque genre a <strong>un</strong>ehistoire propre, et établir <strong>un</strong>e chronologie entre <strong>auteur</strong>s d’<strong>un</strong>même genre peut sembler plus pertinent que rapprocher parexemple <strong>un</strong> Érasme d’<strong>un</strong> Vida… L’exemple <strong>de</strong> l’épopée estdans ce sens significatif : même si le <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> est <strong>un</strong> retour <strong>à</strong>l’Antique (Homère, Virgile, Stace), le genre et la veineépiques n’ont jamais vraiment quitté la littérature (Edda,Chanson <strong>de</strong> Roland, Beowulf, etc.), <strong>de</strong> même que la figure <strong>de</strong>Virgile qui la domine. Les épopées <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>es prennent parconséquent place dans <strong>un</strong>e ligne du temps autre que lapédagogie ou la philosophie, par exemple.Mais on peut considérer la littérature <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e comme <strong>un</strong>tout, <strong>un</strong> ensemble d’œuvres dont la cohérence repose surl’<strong>un</strong>ité <strong>de</strong> langue, <strong>de</strong> contexte historique, <strong>de</strong> formes, et même<strong>de</strong> territoire (puisque la vocation internationale du <strong>latin</strong> aassuré <strong>un</strong>e diffusion <strong>à</strong> bien plus large échelle que lesproductions en langue vulgaire). Bref, elle possè<strong>de</strong> <strong>un</strong>etemporalité propre, et est traversée <strong>un</strong>iformément par <strong><strong>de</strong>s</strong>mouvements <strong>de</strong> fond.oÉvolution générale : suit les courants pré-humanisant,puis Renaissance, maniérisme, baroque, <strong>néo</strong>-classiqueSon développement n’a pas épousé partout celui <strong><strong>de</strong>s</strong>littératures vernaculaires ; <strong>un</strong>e cohérence peut lui êtrereconnue. Par conséquent, nous pouvons proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> jalonschronologiques, <strong><strong>de</strong>s</strong> dates-clefs, ou du moins <strong><strong>de</strong>s</strong> sectionsopérantes.


54 Mathieu Minet* * *Ici, je vais proposer (<strong>à</strong> la suite <strong>de</strong> Van Tieghem et Ijzewijn) <strong>un</strong>echronologie <strong>de</strong> la littérature <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>e considérée comme <strong>un</strong> tout(troisième temporalité).Voir ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus.« Rupture » avec <strong>latin</strong> médiévalPremière phaseItalie du Nord, Dante (Toscane, Vénétie)Retour <strong>à</strong> l’antique (genres et thèmes), au <strong>latin</strong> classique (etnon plus <strong>latin</strong> « barbarisé »)Via étudiants : expansion au-<strong>de</strong>l<strong>à</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> AlpesDu XV e siècle au premier quart du XVI e siècle. Le <strong>latin</strong> sediffuse d’abord en Italie, puis progressivement s’étend <strong>à</strong>toute l’Europe : en France, aux Pays-Bas (Érasme), enAllemagne, etc. Le <strong>latin</strong> <strong>de</strong>vient la langue internationale queles <strong>auteur</strong>s doivent utiliser s’ils veulent se faire connaître <strong>à</strong>large échelle et s’ils souhaitent diffuser leurs idées, leursdécouvertes, etc. Le <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> est employé comme outil <strong>de</strong>vulgarisation <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances et <strong>de</strong> poésie personnelle,vivifiée par <strong>un</strong> esprit mythologique et païen, symbole duretour <strong>à</strong> l’antique.Humanisme, émergence <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> l’<strong>auteur</strong> vs. MoyenÂge où les <strong>auteur</strong>s sont, sinon anonymes, du moins peuattachés <strong>à</strong> l’originalité <strong>de</strong> style ou <strong>à</strong> la reconnaissance <strong>de</strong> leurstatut.Milieu du XVI e sièclela Réforme entraîne <strong>un</strong>e radicalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> confessionsreligieuses. La poésie, notamment, est pénétrée <strong>de</strong> motifschrétiens, les motifs païens sont atténués.Fin XVI e siècle : la Contre-Réforme voit décliner la poésie, auprofit <strong>de</strong> genres plus « intellectualistes » (théologie,philosophie, pédagogie, histoire).


<strong>Étudier</strong> <strong>un</strong> <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> 55Au fil du tempsL’emploi du <strong>latin</strong> dans la vie quotidienne et comme vecteur<strong>de</strong> diffusion internationale va se restreindre et se perdre.Pendant quelques temps, le <strong>latin</strong> restera la langue <strong><strong>de</strong>s</strong>collèges (notamment jésuites). Toutefois, les réformes et lesmo<strong>de</strong>rnisations <strong>de</strong> l’enseignement, la promotion d’autreslangues véhiculaires (le français, puis l’anglais — qui vont sesubstituer au <strong>latin</strong> comme langue internationale) vont êtrepréjudiciables <strong>à</strong> la production d’œuvres <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>es, même sil’on en trouve <strong><strong>de</strong>s</strong> survivances sporadiques.Bref, évolution distincte prose et poésieooopoésie comme loisir (not. scolaire)proses vernaculaires sont arrivées <strong>à</strong> maturité assezvite+ conflit entre innovation et conservation (Jésuites)Est-ce que le <strong>latin</strong> <strong>à</strong> l’antique, canonisant <strong>un</strong>e forme idéale,n’a pas tué le <strong>latin</strong> vivant, parlé ? Hiératique ?ooOui : not. Jésuites, opposés aux <strong>néo</strong>logismes, attachés<strong>à</strong> CicéronNon : <strong>latin</strong> médiéval plus artificiel que <strong>latin</strong> humaniste.Pas parlé par les élèves chez eux, et largementbarbarisé (+ influence <strong>de</strong> la scolastique et <strong><strong>de</strong>s</strong>Modistae).Conclusions méthodologiquesSe méfier d’<strong>un</strong>e périodisation trop « pratique »On considère ainsi souvent la publication par Joachim Du Bellay(1522-1560) <strong>de</strong> La Deffence, et Illustration <strong>de</strong> la Langue Francoyse en1549 comme <strong>un</strong>e date-clef qui marque <strong>un</strong> tournant dans l’histoire : ils’agirait d’<strong>un</strong> pas décisif dans l’abandon du <strong>latin</strong> au profit dufrançais (le <strong>latin</strong> <strong>de</strong>venant <strong>un</strong>e langue « ringar<strong>de</strong> »). PourtantDu Bellay était <strong>un</strong> poète <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> fécond et <strong>un</strong> excellent connaisseur<strong>de</strong> la littérature antique. (muse <strong>latin</strong>e = maîtresse + sa propretraduction <strong>de</strong> l’Énéi<strong>de</strong>)


56 Mathieu MinetBref :Première évi<strong>de</strong>nce : les <strong>catégories</strong> conventionnelles naissent« après-coup » : toute périodisation constitue donc plus <strong>un</strong>point <strong>de</strong> vue qu’<strong>un</strong> point d’ancrage.Secon<strong>de</strong> évi<strong>de</strong>nce : plus dangereux : étant donné leur naturerétrospective, les catégorisations conditionnent :oola reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>auteur</strong>s.au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres d’<strong>un</strong> <strong>auteur</strong>, la distinction entre<strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres qui seraient majeures et mineures.Nécessité <strong>de</strong> croiser les approchesSans l’intégration <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> vue multiples, les pièces dupuzzle sont manquantes.Décloisonner les frontières linguistiques, géographiques maisaussi et surtout chronologiques, qui sont parfois handicapantes.Constitution <strong><strong>de</strong>s</strong> corpus, <strong><strong>de</strong>s</strong> anthologies ?Replacer l’œuvre dans toutes ses dynamiques, toutes sesdimensions. Elle est inscrite dans <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvements qui latranscen<strong>de</strong>nt, dont elle participe peu ou prou.Considérer l’<strong>auteur</strong> comme intersection <strong>de</strong> différents cercles,point focal <strong>de</strong> différentes influences (<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> sesmécènes, <strong>de</strong> ses contemporains, <strong>de</strong> ses compatriotes, <strong>de</strong> sescollègues, ses coreligionnaires, etc.).* * *Une observation : les <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong>istes sont généralement <strong><strong>de</strong>s</strong>philologues classiques, et non <strong><strong>de</strong>s</strong> romanistes ou <strong><strong>de</strong>s</strong> historiens <strong>de</strong> lapério<strong>de</strong>, qui généralement ne lisent plus le <strong>latin</strong>. Il y a comme <strong>un</strong>échange <strong>de</strong> bons procédés entre <strong><strong>de</strong>s</strong> spécialistes <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>, quin’ont pas accès <strong>à</strong> <strong>un</strong>e source importante, et <strong><strong>de</strong>s</strong> philologues classiques« frustrés » <strong>de</strong> ce que toute la littérature antique ait été éditée etétudiée abondamment, et qui trouvent dans cette littérature « <strong>néo</strong><strong>latin</strong>e» <strong>un</strong> champ qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’<strong>à</strong> être cultivé.Cela implique <strong>un</strong>e approche différente <strong><strong>de</strong>s</strong> choses : notamment,<strong>un</strong>e certaine tendance <strong>à</strong> investiguer l’intertextualité, la recherche <strong><strong>de</strong>s</strong>loci similes avec les <strong>auteur</strong>s antiques.


<strong>Étudier</strong> <strong>un</strong> <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> 57La notion d’« <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> » est due <strong>à</strong> cette contingencescolaire, plutôt qu’<strong>à</strong> la réalité <strong><strong>de</strong>s</strong> faits.Pour citer cet article :Mathieu MINET, « <strong>Étudier</strong> <strong>un</strong> <strong>auteur</strong> <strong>néo</strong>-<strong>latin</strong> <strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>catégories</strong> <strong>de</strong> l’histoirelittéraire : réflexions méthodologiques », GEMCA : papers in progress, t. 1, 2012, p. 49-57, [En ligne].URL : http://<strong>gemca</strong>.fltr.ucl.ac.be/docs/pp/GEMCA_PP_1_2012_003.pdf

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