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Mensuel protestant belge

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<strong>Mensuel</strong> <strong>protestant</strong> <strong>belge</strong> • ÉGLISE PROTESTANTE UNIE DE BELGIQUE • N° 6 - juin 2008 • <strong>Mensuel</strong> sauf août • Prix au numéro : 1,50 Démocratie,Belgique - BelgiëP.P. - P.B.1050 Bruxelles 5BC 4785culture du débat


oup de projecteurPréparé par le district du Hainaut orientalCorrespondante : Nadine LEBRUNDémocratie, quel sens…Démocratie... Quel sens revêt réellement ce mot, martelé, galvaudéquotidiennement ? Chacun de nous peut d’ailleurs faire l’exercicemental de se demander ce que recouvre le terme de démocratie.Si nous mettions en commun toutes nos réponses, il est fort probableque de nombreuses définitions différentes et parfois même opposéesen ressortiraient.Étymologiquement la démocratievient du grec dêmos (peuple) etkratos (pouvoir, autorité) et signifie« Régime politique dans lequel le peupleexerce sa souveraineté lui-même, sansl’intermédiaire d’un organe représentatif(démocratie directe) ou par représentantsinterposés (démocratie représentative)1 », ce qui est évidemment leplus souvent le cas, comme chez nous,où nous élisons nos représentants ausuffrage universel.Souvent résumée à la formule deLINCOLN : “le gouvernement du peuple,par le peuple, pour le peuple”, à quoi ladémocratie correspond-elle au quotidien?Tous les jours, les publicités, les partispolitiques enfoncent le clou en nousrappelant que cette valeur universelleest un droit pour tous... Mais ce quel’on oublie souvent c’est qu’un devoircorrespond à ce droit.L’idéal démocratique est en effet endéclin : nous restons immobiles, parmanque de temps ou d’envie.Un autre élément peut expliquer cetaffaiblissement : de nombreuses personnesdans notre propre pays sontexclues de l’exercice démocratique,surtout les plus démunis.Or, la démocratie est composée d’unprincipe d’égalité, selon lequel personnene devrait être considéré, ni seconsidérer soi-même, comme citoyende seconde zone.La réalité est bien loin de la théorie,même en Belgique ! Beaucoup se sententcomplètement dépassés par cesdiscours politiques ou sociaux, difficilementcompréhensibles par MonsieurTout le monde.De nombreux débats publics sont égalementà mille lieues des préoccupationsdes citoyens.Cependant de nombreuses associations,des écoles tentent de mettresur pied bon nombre d’activités citoyennes.Il faut, en effet, passer parla formation dès le plus jeune âge afind’informer les citoyens et répondre àleurs questions si on veut renouvelerla démocratie !Quant aux relations entre la démocratieet la religion, elles sont plus mitigées,parfois tendues, voire conflictuelles enquelques cas. Certains estiment qu’ilfaut cantonner strictement la religionà la sphère personnelle, privée, car ilsse méfient de l’ingérence du religieuxdans la politique.D’autres vont même jusqu’à dire quela pratique d’une religion et l’exercicede la démocratie sont incompatiblesdans un même État, en appuyant leursthèses sur l’exemple des pays totalitairesou dictatoriaux dont les gouvernementssont souvent aux mains desreligieux.Le fait que nos Églises jouent un rôleessentiel dans la participation citoyennen’est, en tous cas, plus à démontrer.Delphine BROWETEPUB Marchienne-au-PontIl s’agit de participer et de dialoguerdans la Cité. Pourtant, fréquemment,on estime que notre devoir démocratiques’arrête à élire nos dirigeants.Ensuite, c’est à eux de prendre le relaiset à défendre au mieux nos intérêts.Juin 2008 g MosaïqueAvec pour conséquence négative : laporte est laissée ouverte aux partis politiqueset aux idées d’extrême droiteou à ceux qui prônent un idéal d’exclusion,utilisant un vocabulaire de propagandebeaucoup plus accessible.1 Le Petit Larousse, Grand format, 100ème édition,2005, p. 346.PAGE3


Coupde projecteurLa démocratie, une plante fragileSénat BelgeParlement WallonLa démocratie est un système politiquequi n’a existé qu’à certainesépoques dans certaines contrées etqui aujourd’hui ne fleurit pas partoutsur terre. La démocratie, ce sont aussides règles qui régissent les groupeshumains qui ont adopté une organisationbasée sur la liberté, l’égalité, lasolidarité et la suprématie de la majorité.Celle-ci se mue parfois en “dictaturede la majorité”, ce qui amène lesdémocrates à introduire le conceptassez nouveau de respect des minorités,repris dans de nombreux traitésinternationaux. Nos démocraties occidentalesrépondent à certaines conditions: élections libres et régulières ausuffrage universel ; séparation despouvoirs législatif, exécutif et judiciaire; respect de l’État de droit ; mandatsdes élus limités dans le temps…Les politologues définissent trois formesde démocratie : la démocratiedirecte, la démocratie représentativeParlement Européenet la démocratie participative. Dans lepremier cas tous les membres d’uneassemblée reçoivent les mêmes informationsafin de débattre sur un piedd’égalité des enjeux et des conséquencesdes décisions à prendre : onconfronte les opinions et on prendensemble une décision à la majorité,simple, absolue ou qualifiée. Avec lesystème de démocratie représentative,les citoyens délèguent leurs pouvoirsde décision à des femmes et à deshommes élus pour gérer en leur nomla chose publique (res publica). Deslois électorales précisent les conditionsd’éligibilité (âge), la grandeurdes circonscriptions électorales, lesincompatibilités, le mode de comptagedes voix nécessaires à l’élection,les frais admissibles maximum pourdes dépenses électorales… afin degarantir aux candidats et aux partis desconditions semblables dans la courseà la victoire. Des formes de démocratieparticipative existent au niveaulocal (comités de quartier ; conseilconsultatif de la jeunesse) ou national(syndicats ; monde associatif). Ici il nes’agit pas d’élus mais de personnes désignéespar leurs mandants qui n’ontpas de pouvoir de décision politiquemais jouent un rôle de groupe de pression,de lobby auprès des politiques.Avec l’arrivée des moyens techniquesmodernes (Internet, GSM) la démocratieparticipative se développe rapidement(pétitions on-line ; sondagesélectroniques ; appel à manifester dansla journée). Il faut noter que les frontièresentre démocratie représentativeou participative sont parfois floues etque souvent elles s’interpénètrent.PAGE4 g Mosaïque N°6


Coupde projecteurÀ propos des relations entre politiqueet religion (ou foi) il convient de réaffirmerque le <strong>protestant</strong>isme fut souventaux avant-postes pour défendreou promouvoir la démocratie. Il suffitde mentionner la liberté de conscience,le libre examen, ou l’inspiration dela Déclaration universelle des droitsde l’Homme. Mais il faut aussi rappelerque les “Chrétiens allemands” nes’opposèrent pas aux exactions desnazis ou que les calvinistes d’Afriquedu sud étaient dans leur majorité defarouches partisans de l’apartheid.Quelques réflexionspersonnelles• La montée de l’extrême droite dansla plupart des pays européens nousrappelle que la démocratie est menacéeet doit donc être défendue :pas de liberté pour les ennemis dela liberté, selon la formule attribuéeà Saint-Just.• L’exercice de la démocratie est unapprentissage et permet de luttercontre les idées démagogiques ouliberticides. Dans les associationson apprend à gérer les oppositionsde valeurs et d’intérêts entre individus,on comprend la nécessité del’arbitrage pour le bien communet la difficulté de rendre justice àtous. Si vous n’êtes pas attirés parla politique, grâce à votre engagementdans les mouvements associatifs,les groupes de pression, vouscontribuerez aussi à un meilleurvivre ensemble.• « Si tous les dégoûtés de la politiques’en vont, il ne restera que lesdégoûtants » (Jean GOL)• Je fais l’éloge du compromis enpolitique, qui n’est pas la compromission.Chacun est amené ainsi àfaire un pas vers l’autre, à entrer endialogue et à rechercher une solu-Juin 2008 g Mosaïquetion où chacun sortira gagnant. Cen’est pas facile, les problèmes sontcomplexes, personne ne veut perdrela face… mais dites-moi la vieen famille, au bureau, dans l’Église,est-elle simple ? N’est-elle pas faitede compromis aussi ?• Connaissez-vous le syndromeNIMBY (not in my back yard – pasdans mon jardin). Dans ma communechacun est partisan du parc àconteneurs : il faut trier les déchetset empêcher les dépotoirs clandestins.Mais dès que l’on aborde la discussionsur le lieu d’implantation,les passions se déchaînent : surtoutpas de nuisances près de chez moi !Ce n’est pas exprimé ouvertementbien sûr, mais les intérêts privés,l’égoïsme particulier ou de groupereprennent vite le dessus sur le biencommun !TémoignageJ’ai été président de consistoire et modérateurde l’Assemblée synodale ; jesuis chef de groupe à la Province,membre du comité directeur de monparti et il m’est demandé de livrer mesimpressions sur la démocratie dansl’Église et dans le parti.Ma conviction est que nous sommescitoyens du monde présent et aussidu Royaume qui est déjà là, la tête unpeu dans le ciel et les pieds beaucoupdans la glaise. Comme disait notrecoreligionnaire feu Jean REY, présidentde la Communauté économiqueeuropéenne, le <strong>protestant</strong> a une Bibledans une main, le journal dans l’autre: il peut puiser son inspiration dans lesÉcritures pour répondre aux défis de lasociété, sachant que la Bible n’est pasun livre de recettes mais une sourcevive.Je suis un partisan inconditionnel dela démocratie mais je mesure aussises limites. Dans une assemblée délibérantetous ont-ils lu les documents,recherché des informations complémentaires,compris les enjeux ? Quiaura le courage de prendre une positioncontraire à celle de son groupe, deses amis proches, quand la disciplinede groupe ou les intérêts d’une coteriedoivent jouer ? Quelle influence sur ladécision ont les “experts”, les forts-engueule,les chefs ? Et ne me dites pasque dans l’Église cela n’existe pas ; lesparoissiens (comme moi) ne sont pasfondamentalement différents des politiques(comme moi). Discours parfoisplus feutré dans l’Église et plus agressifen politique ?Tant en politique que dans l’Église, ilfaut rester vigilant pour que tant lesprofessionnels de la res publica queceux du religieux ne confisquent lepouvoir à leur profit ; ils sont indispensablesà la pérennité de l’institutionmais doivent pouvoir collaborer avecdes bénévoles. Ici l’EPUB a instauréune bonne règle : le nombre de pasteursne peut dépasser celui des laïcsdans les assemblées.Aujourd’hui, les institutions sontébranlées : le fossé grandit entre le politiqueet le citoyen, entre l’Église et lafoi, chacun se replie sur sa vie privée.Le danger est de croire que sa volontépersonnelle est souveraine partout ettoujours. Le parti et l’Église sont deslieux privilégiés pour apprendre à vivreen communauté et bâtir un mondemeilleur. Engagez-vous !Michel DANDOYEPUB Bruxelles BotaniquePAGE5


Coupde projecteurProtestantisme, humanisme, démocratiePAGE6Que le <strong>protestant</strong>isme ait quelque lienavec la pensée démocratique n’apparaîtraà personne comme une nouveauté.Cette idée fait partie de nosreprésentations mentales ; chacun denous l’a présente à l’esprit, au moinsconfusément, et il suffit pour se la rappeler,d’observer les structures de nosÉglises réformées, ayant remplacé lapyramide épiscopale par un systèmed’assemblées représentatives, s’emboîtantcomme autant de poupéesrusses, de l’assemblée d’Église localeau synode national.Pour autant, il n’est sans doute pasinutile de tenter d’expliquer pourquoila Réforme a tissé des liens, dès sonéclosion, avec la pensée pré-démocratique,cela même avant le siècledes Lumières. Savoir d’où nous vientcette fidélité démocratique, c’est eneffet permettre de se la réapproprier.L’organisation inégalitaire de la sociétéeuropéenne sous l’Ancien régimetrouve sa légitimité dans la tradition.Synode AmsterdamC’est la coutume qui justifie que les rôlessociaux des individus diffèrent, etavec eux leurs droits. Ceux qui prient(oratores), ceux qui se battent (bellatores)et ceux qui travaillent (laboratores)constituent les trois groupes discernéspar Georges DUBY au sein de la sociétémédiévale, confirmant la persistancedans le temps de la division des fonctionsmise au jour par Georges DUMÉZILen ce qui concerne la civilisation indoeuropéenne: les prêtres, les combattants,les producteurs.Ces trois groupes se retrouvent encoreà la veille de la Révolution au traversdes ordres du clergé, de la noblesse etdu tiers-état. La tradition, bien qu’elles’autojustifie, est en général peu facilementexplicable. Aussi, bien souvent,c’est le principe de l’inspiration divinequi prévaut : ainsi de l’absolutisme ditde droit divin.Le siècle de l’humanisme, peu à peu,mettra en question les a priori scientifiques,touchant par ricochet lesautorités traditionnelles. Au-delà dela mise en cause du trafic des indulgences,en effet, c’est la mise en doutede l’autorité pontificale qui heurteraRome. Si le dogme de l’infaillibilitépontificale n’est proclamé qu’au XIXesiècle, l’infaillibilité implicite des décisionsdu pape est acquise dès la findu XIe siècle. En instillant le doute surl’autorité du pape, Luther enfonce uncoin dans le principe de justificationpar la tradition : si la prétendue qualitéde successeur de Pierre ne confère pasl’infaillibilité au pape, il devient aussitôtdouteux que les seigneurs et lespuissants soient inspirés de Dieu. Biensûr, cette mise en doute des autoritéstraditionnelles sera très lente.Néanmoins, l’influence de la Réforme,qui fait reposer l’inspiration et la légitimitéde l’Église sur sa base, et nonsur une personne unique dominant lesautres, renforcera tous ceux qui, peu àpeu, dès le XVI e siècle, mais davantageencore au XVIII e siècle, penseront etproclameront que c’est le peuple quidoit consentir au pouvoir s’exerçantsur lui, et convenir de sa forme, et nonun Prince, fût-il inspiré. La Réformeremplaçant l’infaillibilité papale par lalecture collégiale des Écritures, prépareainsi la révolution copernicienneau cœur du passage de l’Ancien régimeà l’ère des révolutions libérales etnationales : le pouvoir vient du bas etnon du haut ; du peuple et de la masseplutôt que d’un despote individuel ! Lesynode remplaçant le pape préfigure lalutte historique du parlementarismecontre l’absolutisme.g Mosaïque N°6


ible ouverteLa liberté de conscience et de pensée,valeur suprême en démocratie !L’épître à Philémon est la plus courte(25 versets) de toutes celles qui composentle corpus paulinien. Elle n’estpas souvent lue ni commentée, peutêtreparce qu’elle ne contient pas,comme les grandes épîtres, d’enseignementdoctrinal si cher au grandthéologien que fut Paul. Et pourtantelle nous délivre un message d’unegrande pertinence pour aujourd’hui, ànous qui défendons nos droits démocratiquesavec la plus grande vigueuret, entre autres, notre droit à la libertéde conscience et de pensée.Paul écrit à son ami Philémon, notablede l’Église de Colosse ; ce dernierPaul & Onésimes’est converti par le ministère de Paul.Il avait un esclave, Onésime, qui s’enfuit,trouve refuge auprès de l’apôtre etse convertit à son tour. Paul demandeà son ami Philémon, à qui il renvoiel’esclave, de lui accorder la liberté,et même de l’affranchir. À l’époque,l’esclavage était un statut social normalqui n’était pas mis en cause car onconsidérait qu’une personne pouvaitêtre la propriété d’une autre. Ni Jésusni Paul n’ont d’ailleurs fait campagnecontre l’esclavage.En adressant cette requête à Philémon,Paul ferait-il l’impasse sur la loi mosaïque: « Tu ne livreras pas à son maître unesclave qui se réfugiera chez toi, aprèsl’avoir quitté. » 1 ?L’apôtre fait ici le contraire de ce quela loi de Moïse ordonnait de faire. Biensûr, avec cette lettre à Philémon, noussommes immergés dans le mondepaïen qui n’avait que faire des préceptesdu judaïsme. Ce dernier se montrecependant plus clément que Paul quiprêche aux esclaves la permanence deleur état : « Que chacun demeure dansla condition où il était lorsqu’il a étéappelé. Tu étais esclave quand tu as étéappelé ? Ne t’en soucie pas … » 2Contradiction ? Ce serait une erreurde piéger ce texte en l’enfermant dansune polémique entre les pensées judaïsanteet grecque. Paul exerce ici saliberté de conscience et de pensée enrelisant la Loi à la lumière de l’Évangilequ’il a reçu du Christ. Pour lui,cet Évangile prône avec fermeté la libertédonnée par Dieu à tout hommequi accepte de se laisser inspirer parlui, quitte à faire prédominer l’amourdu prochain sur l’obéissance à la Loi.Il invite son ami à passer du registrelégaliste au registre de l’amour fraternel.Jésus ne s’est pas fait faute devivre cette liberté tout au long de sonministère.C’est là que se trouve la « glorieuse libertédes enfants de Dieu » si chère à Paul.Ce faisant, il fait appel à la consciencede son ami Philémon ; il refuse de luidicter sa conduite, de le contraindre àla clémence mais lui indique ce que saconversion au Christ devrait lui inspirerpour obéir à sa conscience éclairéepar sa foi.Finalement n’est-ce pas plutôtPhilémon que Paul appelle à la vraie liberté? Celle qu’il a reçue du Christ lorsde sa conversion et dont il devrait usermaintenant pour lui permettre d’abolirla frontière qui sépare le monde régipar la dictature de la Loi avec ses instinctspossessifs et dominateurs de celuioù l’amour du prochain le conduità considérer son esclave comme unfrère appartenant comme lui à la familledu Christ.1Deutéronome 23, 1621 Corinthiens 7, 20-21Jacqueline WILLAMEEPUB MarchiennePAGE8 g Mosaïque N°6


‘ailleursLe pasteur d’OBAMA, un révélateur ?PAGE12Jeremiah WrIGHtChaque année, l’Église Saint Thomasde Philadelphie accueille pour laPentecôte le révérend JeremiahWRIGHT, l’homme révolté qui se trouveêtre le pasteur de Barack OBAMA.Depuis que ses sermons sont apparussur YouTube et que son « Dieu maudissel’Amérique » a fait le tour du pays,la congrégation s’est posé la question.Fallait-il décommander la cérémoniede la Pentecôte, comme l’avaient faitplusieurs autres Églises ?Ce dimanche d’avril, lorsqu’un responsablede la paroisse annonce à lafin de l’office que la visite du révérendWRIGHT est maintenue, les applaudissementséclatent sur les bancs. Les fidèlesne voient rien à redire à la “théologieprophétique” du pasteur, qui exerce àChicago depuis trente-six ans…L’African Episcopalian Church of SaintThomas est la plus ancienne Églisenoire du pays. Elle est née en 1792quand l’ancien esclave Absalom JONESl’a fondée après avoir été expulsé d’uneÉglise blanche. C’est une congrégationqui mélange les rites anglicans avecdes pratiques dites “afro-centrées”.Les fidèles n’ont pas été surpris par lessermons du révérend WRIGHT. « Toutle monde dit cela. » En revanche, lesréactions dans le reste de la sociétéleur montrent à quel point leur Églisedemeure ce « phénomène inconnu »décrit par le pasteur. Et à quel point, ilsrestent incompris. « La lutte pour lesdroits civiques s’est produite de notrevivant. Et les gens se demandent pourquoion a des sentiments ! »Le père Martini SHAW, qui est arrivé deChicago il y a cinq ans, a une carrure desportif. Ce dimanche, il a apporté unpain, qui sort de la boulangerie mais neveut pas se rompre, ce qui amuse bientout le monde. Le sermon est dans latradition des “black churches”, entrecoupédes réactions de l’assistance,mais dans une version non conflictuelle.Le révérend SHAW dénonce lesinjustices mais ne distribue pas lesblâmes. « Il y a des gens qui font desmanifestations. Il en faut d’autres pourle dialogue, explique-t-il après l’office.Certains pasteurs contestent le statuquo et le système. Cela fait partie del’histoire de l’Église noire. »Jusqu’à ce que les Noirs aient le droitde vote, l’Église était le seul lieu où ilspouvaient faire de la politique. Le côtéforum et libre expression est resté. Lespropos de Jeremiah WRIGHT s’inscriventdans cette tradition de lutte. « Dansles Églises noires, ce qui est dit est denature à offenser ou surprendre unefraction des Américains blancs. Maisc’est inévitable…Comme l’a rappelé Barack OBAMA le 18mars à Philadelphie dans son discourssur la fracture raciale, le dimanchematin est « le moment le plus séparéde la vie américaine », quand les communautésvont prier chacune de leurcôté.La conquête des droits civiques n’y arien changé : la séparation religieusereste un fait de la société américaine.Signe de changement : les “mégachurches”,les Églises qui comptentchaque dimanche plus de 2000 fidèles,commencent, grâce à leur taille,à brasser la population. Elles sont lesplus mélangées.« Certains Blancs sont presque jaloux,quand ils entendent les pasteurs noirs.Ils se disent : mais comment se fait-ilqu’ils puissent tenir de tels propos sansêtre poursuivis ? », indique le pasteurAlfred DAY, de Saint George, une autreÉglise historique de Philadelphie. Maisdans les Églises progressistes commeSaint Thomas, on continue à penserque « le christianisme des maîtresn’est pas le même que le christianismede l’esclave ». Et les paroissiens ne sontpas particulièrement demandeurs demixité.JMDFragments d’un communiqué de TopInfo(Source : Le Monde, Corine LESNES)g Mosaïque N°6


édi@s et relations publiquesFaire grandir la démocratieJ’ai lu récemment dans un ouvragerelatant une expérience citoyenneque : « La démocratie ne se décrètepas. Elle se construit, se nourrit, sesoigne… » 1 . Cette approche dynamiqueest particulièrement interpellanteet ouvre de nombreuses perspectives.La première et plus évidente est cellede l’identité des acteurs de cette démocratie.C’est à la fois la questionde la représentativité par le biais desdifférentes élections mais aussi, plusfondamentalement, de la responsabilitéet du droit de parole de chacun.Ainsi, un citoyen européen peut, souscertaines conditions, exprimer sonvote pour une élection locale dans unautre pays de l’Union où il serait résident.Il s’agit là de réelles avancéesdans une perspective de participationdes acteurs.Et pourtant, parallèlement, on peutdéplorer une détérioration progressivedu statut de toute une catégorie depopulations qui voudrait trouver leurplace dans cette Union européenneidyllique. Le vote, le 21 mai, d’un projetde directive sur la rétention et l’expulsiondes personnes étrangères dans lacontinuité des politiques européennessur l’immigration axées uniquementsur les volets sécuritaire et répressif,représenterait un nouveau recul enmatière de droits fondamentaux. Cetexte permettrait :- l’enfermement des étrangers pouvantatteindre dix-huit mois pour leseul fait d’avoir franchi des frontièreset de vouloir vivre en Europe ;- la détention des mineurs, au méprisdu respect de l’intérêt supérieurde l’enfant ;- l’interdiction pour les étrangersexpulsés de revenir en Europe pendant5 ans, ce qui revient à criminaliseret à exclure ces personnes.Alors, par compassion, par procuration,des citoyens européens, des associationsont voulu s’élever contre unedémocratie qui bafoue les droits fondamentauxen manifestant à Bruxellesle mercredi 7 mai 2 . Ils ont invité lesparlementaires appelés à se prononcerà rejeter ce texte. Une pétitioncontre cette “directive de la honte”,signée par plus de 31 000 citoyenseuropéens, 880 organisations et 400responsables politiques a été remiseau président du Parlement européenà cette occasion.Face à ce projet de construction européenneporteur d’amitié et de collaborationtransnationale, cette politiquede “la forteresse” peut paraître paradoxale.D’une certaine manière, ellerappelle cette notion dynamique deconstruction et de soin. Vivre dans unedémocratie, c’est y participer en acteurresponsable et vigilant en créantau besoin des moyens de se faire entendre.Des juristes et des citoyensparticulièrement sensibles aux droitsdes enfants ont mis sur pied un tribunald’opinion, convoqué par la sociétécivile. Il pourrait néanmoins connaîtredes prolongements légaux 3 .Les organisations d’Églises (KEK,CCME, COMECE et caritas europa)ont écrit et rencontré les représentantseuropéens pour exprimer leursréserves par rapport à cette directive.Des paroisses ont accueilli des sanspapiers…Dorothée BOUILLONPorte-parole EPUB1Motivés, motivées, soyons Motivé-e-s, LesMotivé-e-s, Éditions du Seuil, mars 2002.2Plus d’informations surhttp://directivedelahonte.org ethttp://cimade.org3Voir http://www.dei-Belgique.bePAGE14 g Mosaïque N°6


CAFÉS THÉOLOGIQUESRixensart• Mardi 10 juinà 20.00h“À pied jusqu’à Jérusalem en 184jours, rencontres et visages”Avec Sébastien de FOOZ, catholiqueengagé. Nous le suivrons dans sonpèlerinage jusqu’en Terre Sainte.Lieu : Centre culturel <strong>protestant</strong> deRixensart, rue Haute, 26a.Contact : Sylvie GAMBAROTTO(02 653 44 20) ouPhilippe ROMAIN (010 61 40 67)En collaboration avec le SPEPBruxelles• Lundi 16 juinà 20.00h“L’Église orthodoxe et l’œcuménismeen Europe. Quels défis ?”Avec Serge MODEL, prêtre orthodoxe,patriarcat de Moscou à Bruxelles.Lieu : La taverne “Le Liberty”, place dela Liberté 7, 1000 Bruxelles.Contact : SPEP (02 510 61 63) oucafetheobruxelles@yahoo.frMIDIS DU SPEPBruxelles• Mercredi 11 juinde 12.15h à 14h“Ici les prix montent ; là-bas, lespénuries alimentaires s’aggravent.Que faire ?”Invité : Monsieur Alain ADRIENS, généticien,spécialiste en écologie, chercheurassocié à ETOPIA (Centre d’animationet de recherche en écologie politique)Lieu : 5, rue du Champ de Mars, 1050Bruxelles.Café et sandwiches sur place, libreparticipation aux frais.Contact : SPEP 02 510 61 63CONFÉRENCESTournai• Mercredi 25 juinà 19.30h“Les tableaux des « Vanités », desnatures mortes symboliques”Conférencière : Sœur Agnès, dominicaine,diplômée en histoire de l’art del’École du Louvre.Projections de ces natures mortes àcaractère religieux et à haute valeursymbolique, d’inspiration calviniste,appelées « Vanités » et qui ont vu lejour dans les « Provinces Unies » dèsle début du XVIIe siècle.Lieu : temple de Tournai, rue Barre St-Brice, 12-14, 7500 Tournai.Contact : pasteur JJ HUGÉ, 069 22 4393CONCERT DE MUSIQUEBAROQUEDans le cadre de la fête de la musique,l’Église <strong>protestant</strong>e de Tournaiaccueillera le dimanche 22 juin à16 h deux duos pour un concertde musique baroque.Au programme Couperin, Bach,Telemann…Cordiale invitation à tous.Libre participation aux frais au profitdes artistes.ÉMISSIONS de RADIO,le samedi à 19.35h. RTBF Radio PremièreSamedi 07.06 “Honorer ses parents au-delà de la mort” par le pasteur Yves GABEL.Samedi 14.06 “Responsables de la mort de Jésus ?” par le pasteur Léon ROCTEUR.Samedi 21.06 “Une méditation” par le pasteur Michel NISOT.Samedi 28.06 “Ah, ces vacances !” par le pasteur André COOLS.ÉMISSIONS de TÉLÉVISION :Présence <strong>protestant</strong>e (10 min.)Dimanche 08.06 à 11.50 h. sur R.T.B.F. La Deux“Le parrainage” , une émission de Robert HOSTETTERCultes TVDimanche 15.06à 10h sur RTBF La DeuxCulte de louange, retransmis du Christian Center à Rhode St Genèse.• Envoyez vos informations à la rédaction -Rue du Champ de Mars 5,1050 Bruxellesou par courriel :mosaique-redaction@epub.betél.: 02 377 66 57• Site Internet :http://www.protestanet.beMerci de respecter les délais suivants :• le 5 juin pour le numéro de juillet.• le 5 août pour le numéro de septembre.• le 5 septembre pour le numéro de octobre.Les opinions exprimées dans Mosaïquen’engagent que leurs auteurs.• ABONNEMENTS ANNUELSAbonnements individuels :envoyez vos nom et adresse ainsi que votrerèglement de 15,00€à MOSAÏQUERue du Champ de Mars 5,1050 BruxellesCompte : 068-0715800-64Abonnement de soutien : 25,00€Abonnement de groupe :Veuillez contacter la rédaction pourles conditions :mosaique-redaction@epub.be• Éditrice responsable : Dorothée BOUILLONRue du Champ de Mars, 5 – 1050 Bruxelles• Équipe de rédaction :Rédactrice en chef : Jacqueline LOMBARTRédacteurs : Martine WARLET, Jean-MarcDEGRÈVE.• Collaborateurs : Yvette VANESCOTE,Samuel CHARLIER, Robert Hugues BOUDIN• Collaborateurs régionaux :Hainaut Occidental : A BENINI, C GODRY,C ROUVIÈREHONL : N. LEBRUN, J-P LECOMTELiège : B. DENNISBrabant : Jean-Marc DEGRÈVE• Imprimerie : sa N. de Jonge, GrimbergenJuin 2008 g MosaïquePAGE15


Iln’y a pasde démocratie viablesans une authentique culture dela démocratie. Cette culture de la démocratieme paraît devoir être le lieu de synthèse de quatreconcepts fondateurs : le civisme, la tolérance, l’éducation,la libre communication des idées et des hommes.Apprendre à coexister avec notre environnement, apprendre àcoexister avec les autres cultures, tels sont à mon sens les défismajeurs en cette fin du XXe siècle. Je suis convaincu que seuleune authentique culture de la démocratie, parce qu’elle estculture de la convivialité, nous permettra de les releveravec succès.Frederico Mayor, Pour une culture démocratique, in Le Courrier de l’Unesco, novembre 1992.© Westbury - Fotolia

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