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La Lettre de la franchise - Simon Associés

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Le tribunal prononce <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong>s enregistrements <strong>de</strong>smarques du PMU en raison <strong>de</strong> leur caractèrefrauduleux après avoir rappelé que <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> peut êtrecaractérisée dès lors que le dépôt a été effectué pourdétourner le droit <strong>de</strong>s marques <strong>de</strong> sa finalité, c’est-à-direnon pas pour distinguer <strong>de</strong>s produits et services eni<strong>de</strong>ntifiant leur origine, mais pour vouloir priver <strong>de</strong>sconcurrents du déposant ou tous les opérateurs d’un mêmesecteur, d’un signe nécessaire à leur activité.b. L’intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> en droit <strong>de</strong>smarques<strong>La</strong> frau<strong>de</strong> peut être invoquée soit dans le cadre d’une actionen revendication pour récupérer une marque déposée aumépris <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> celui qui s’estime fraudé, soit dans lecadre d’une action en nullité pour rendre disponible unsigne indûment réservé comme marque, permettant ainsi <strong>de</strong>« supprimer » les marques gênantes.Selon le tribunal, en déposant à titre <strong>de</strong> marque les noms <strong>de</strong>paris nécessaires pour désigner un type <strong>de</strong> pari déterminépar arrêté ministériel, alors qu’il savait que les paris al<strong>la</strong>ientêtre ouverts à <strong>la</strong> concurrence, le PMU a cherché à maintenirle monopole dont il bénéficiait avant l’entrée en vigueur <strong>de</strong><strong>la</strong> loi du 12 mai 2010, en empêchant les concurrentsd’utiliser ce type <strong>de</strong> dénomination. Selon le tribunal : « lePMU avait pour objectif <strong>de</strong> gêner tout éventuel concurrentpar un obstacle juridique illégitime et a ainsi détourné ledroit <strong>de</strong>s marques <strong>de</strong> sa finalité ».2. <strong>La</strong> sanction <strong>de</strong> <strong>la</strong> frau<strong>de</strong>a. <strong>La</strong> nullité ou le transfert <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque déposéefrauduleusementL’action intentée sur le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’article L.712-6 duCPI est une action en revendication ; elle conduit, si <strong>la</strong>frau<strong>de</strong> est reconnue, au transfert <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque à celui dontles droits ont été méconnus lequel se trouve donc subrogédans les droits du déposant.Lorsque <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> est avancée dans le cadre d’une action ennullité, <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> aboutit à <strong>la</strong> nullité dudépôt et le signe se retrouve libéré <strong>de</strong> tout droit privatif.Ainsi, dans l’affaire du PMU, <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong>s marques estprononcée car l’action visait à « libérer » <strong>de</strong>s dénominationsnécessaires à tous les opérateurs <strong>de</strong> paris hippiques et les<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs ne disposaient pas <strong>de</strong> droits antérieurs sur lessignes annulés. Cette action en nullité peut également êtreexercée par celui qui peut se prévaloir <strong>de</strong> droits antérieursmais qui privilégie cette voie notamment parce qu’il nesouhaite pas <strong>de</strong>venir titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque contestée.Ainsi, <strong>la</strong> personne qui n’aurait pas effectué le dépôt d’unedénomination qu’elle utilise, et qui ne peut faire valoir undroit antérieur, pourra toutefois récupérer ou faire annuler<strong>la</strong> marque déposée par un tiers qui ne dispose pas <strong>de</strong> droitssur cette dénomination si elle est en mesure d’établir queledit tiers à procédé au dépôt en connaissance <strong>de</strong> l’usage quien était fait et était animé d’une intention <strong>de</strong> nuire.Plus <strong>la</strong>rgement, ainsi que le relève le TGI <strong>de</strong> Paris dansl’affaire du PMU, l’action en nullité <strong>de</strong> l’enregistrementd’une marque, limitativement ouverte par l’article L 714-3du CPI, n’exclut pas que cette action puisse être engagée partout tiers intéressé sur le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ce principe généraldu droit.Aussi, en complément <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong> nullité <strong>de</strong> <strong>la</strong>marque spécialement envisagées par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriétéintellectuelle lorsqu’une marque ne remplit pas lesconditions <strong>de</strong> validité ou porte atteinte à <strong>de</strong>s droitsantérieurs, une action en nullité fondée sur le droit commun<strong>de</strong> <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> permettra <strong>de</strong> « supprimer » les marquesgênantes. Les tiers qui ont un intérêt légitime pourrontcontester les dépôts frauduleux à savoir notamment ceuxeffectués dans le seul <strong>de</strong>ssein d’empêcher l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong>dénomination, alors que cet usage est légitime, sans êtredictés par <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> faire usage du signe dans sa fonctioninitiale, celle <strong>de</strong> distinguer les produits et services d’uneentreprise.<strong>La</strong> frau<strong>de</strong> s’avère donc un correctif indispensable, et pourcette raison <strong>la</strong>rgement employée, pour contester les dépôts<strong>de</strong> marque motivés par <strong>de</strong>s considérations étrangères à <strong>la</strong>vocation <strong>de</strong> ce signe distinctif.Les actions diffèrent quant à leurs effets mais se rejoignenten pratique sur le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> prescription applicable. En effet,l’action en revendication est soumise au dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong>prescription <strong>de</strong> trois ans sauf lorsque le déposant est <strong>de</strong>mauvaise foi ; or, dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> frau<strong>de</strong>, <strong>la</strong> mauvaise foisera quasi nécessairement caractérisée.Guéno<strong>la</strong> COUSINAvocat au Barreau <strong>de</strong> ParisDocteur en droit<strong>La</strong> <strong>Lettre</strong> du Cabinet SIMON ASSOCIES – Décembre 2010 – Page 3

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