11.07.2015 Views

La Lettre de la franchise - Simon Associés

La Lettre de la franchise - Simon Associés

La Lettre de la franchise - Simon Associés

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

LIBRE PROPOS<strong>La</strong> frau<strong>de</strong> en droit <strong>de</strong>s marques<strong>La</strong> théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong> frau<strong>de</strong>, bien connue <strong>de</strong>s civilistes, n’est pasétrangère au droit <strong>de</strong>s marques. Sur ce fon<strong>de</strong>ment en effet,il est possible <strong>de</strong> contester un dépôt effectué au détriment<strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> tiers.<strong>La</strong> frau<strong>de</strong> est expressément visée à l’article L.712-6 du co<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété intellectuelle comme fon<strong>de</strong>ment d’uneaction en revendication ; elle trouve également à s’exprimer<strong>de</strong> façon plus générale en application <strong>de</strong> <strong>la</strong> maxime frausomnia corrumpit pour faire annuler un dépôt frauduleux.Plusieurs décisions rendues dans le courant <strong>de</strong> l’année2010, dont notamment le jugement du TGI <strong>de</strong> Paris dansl’affaire opposant le PMU à <strong>de</strong>s exploitants <strong>de</strong> sites internet<strong>de</strong> paris sportifs sur internet, nous offrent l’occasion <strong>de</strong>revenir sur les éléments caractérisant <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> en droit <strong>de</strong>smarques d’une part (1), et sur les sanctions d’un dépôtfrauduleux <strong>de</strong> marque, d’autre part (2).1. Les éléments caractérisant <strong>la</strong> frau<strong>de</strong>a. Les éléments constitutifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> frau<strong>de</strong>Sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> ce texte, une société d’édition a pu obtenir letransfert <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque déposée par son ancien gérant à sonnom, alors que <strong>la</strong> société exerçait ses activités sous unedénomination éponyme (CA Paris, 29 oct. 2010, RGn°09/15237) le déposant ne pouvant, en sa qualité <strong>de</strong> gérant,ignorer qu’il acquérait <strong>de</strong>s droits une expression quiconstituait <strong>la</strong> dénomination <strong>de</strong> <strong>la</strong> société exerçant uneactivité visée dans le dépôt <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque. De même, <strong>la</strong>Fédération française <strong>de</strong> rugby a pu obtenir le transfert <strong>de</strong> <strong>la</strong>marque « Equipe <strong>de</strong> France <strong>de</strong> rugby » déposée par un tiersalors que l’article L.131-17 du co<strong>de</strong> du sport prévoit que seuleles fédérations sportives délégataires peuvent décerner oufaire décerner l’appel<strong>la</strong>tion « équipe <strong>de</strong> France » (Cass.com.,23 nov. 2010, pourvoi n° 09-70716) ; c’est moins l’intentionfrauduleuse que <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion d’une obligation légale qui estretenue en l’espèce.A côté <strong>de</strong> l’action en revendication pour frau<strong>de</strong>, <strong>la</strong> victimed’un dépôt frauduleux peut en obtenir <strong>la</strong> nullité sur <strong>la</strong> base<strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’adage fraus omniacorrumpit. Cette action en nullité trouve notamment à joueren cas <strong>de</strong> détournement du droit <strong>de</strong>s marques.<strong>La</strong> frau<strong>de</strong> est spécialement visée par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriétéintellectuelle à l’article L.712-6 qui dispose : « Si unenregistrement a été <strong>de</strong>mandé soit en frau<strong>de</strong> <strong>de</strong>s droitsd’un tiers, soit en vio<strong>la</strong>tion d’une obligation légale ouconventionnelle, <strong>la</strong> personne qui estime avoir un droit sur<strong>la</strong> marque peut en revendiquer sa propriété en justice. Amoins que le déposant ne soit <strong>de</strong> mauvaise foi, l’action enrevendication se prescrit par trois ans à compter <strong>de</strong> <strong>la</strong>publication <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’enregistrement ».Alors que <strong>la</strong> lettre du texte paraît réserver l’action enrevendication au titu<strong>la</strong>ire d’un droit (« <strong>la</strong> personne quiestime avoir un droit »), <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce n’hésite pas à enfaire application alors même que celui qui exerce l’action nedispose pas strictement d’un droit privatif sur le signe maisen fait usage.Dans le cadre d’une action fondée sur <strong>la</strong> frau<strong>de</strong>, il convientd’établir <strong>la</strong> connaissance qu’avait ou que <strong>de</strong>vait avoir ledéposant <strong>de</strong> l’usage antérieur du signe ainsi que l’intention<strong>de</strong> nuire (par exemple, le dépôt effectué en vue d’interdirel’usage du signe) qui, le plus souvent, se confond avec <strong>la</strong>connaissance <strong>de</strong> l’usage antérieur du signe.b. Le cas du détournement <strong>de</strong> <strong>la</strong> finalité du droitHors le cas visé à l’article L.712-6 du CPI, <strong>la</strong> frau<strong>de</strong> peutégalement être invoquée par tout tiers intéressé au soutiend’une action en nullité <strong>de</strong> <strong>la</strong> marque.Tel était le cas dans l’espèce ayant conduit au jugement du23 novembre 2010 du TGI <strong>de</strong> Paris (TGI Paris, 23 nov.2010,RG n°09/09267). Cette affaire opposait <strong>de</strong>s sociétésexploitant <strong>de</strong>s sites internet <strong>de</strong> paris sportifs en ligne dontnotamment <strong>de</strong>s courses hippiques au PMU lequel les avaitassigné en contrefaçon en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> reproduction sur leursite internet notamment <strong>de</strong>s marques verbales et figuratives« simple », « couplé », « trio », « tiercé », « quarté+ »,« quinté+ », « 2sur4 », « multi ».Les défen<strong>de</strong>urs opposaient <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong>s marques en raison<strong>de</strong> leur caractère frauduleux. A cette fin, ils avançaient queles marques avaient été déposées par le PMU dans uncontexte d’ouverture à <strong>la</strong> concurrence <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> paris enligne en vue d’empêcher les opérateurs privés et lesnouveaux concurrents d’utiliser les noms règlementaires <strong>de</strong>sparis hippiques.<strong>La</strong> <strong>Lettre</strong> du Cabinet SIMON ASSOCIES – Décembre 2010 – Page 2

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!