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Effets des relances en situation d'entretien v6 - Expliciter

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Pierre Vermersch Page 1 23/03/03Etude de l’effet <strong>des</strong> <strong>relances</strong> <strong>en</strong><strong>situation</strong> d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>Pierre Vermersch, Claudine Martinez, Claude Marty, Maryse Maurel, Nadine Faingold(version 6 du 23 mars 2003)Motivation : l’explicitation de l’explicitationL’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation s’est développé à partir du constat de l’efficacité d’une pratique dequestionnem<strong>en</strong>t. Il s’ancre donc non pas dans un projet de recherche, une vision théorique,mais très mo<strong>des</strong>tem<strong>en</strong>t dans une pratique, dans le pratique.Après avoir fermem<strong>en</strong>t écarté les techniques de recueils de verbalisation au début de monactivité de chercheur, j’ai retrouvé le goût pour la mise <strong>en</strong> mots, pour l’écoute, pourl’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, pour l’accompagnem<strong>en</strong>t de l’autre et son guidage, donc pour la médiation de sonparcours intérieur, probablem<strong>en</strong>t à partir de ma propre expéri<strong>en</strong>ce de la psychothérapie. Cequi est cep<strong>en</strong>dant curieux, c’est que mon expéri<strong>en</strong>ce du travail intérieur <strong>en</strong> thérapie a surtoutété ori<strong>en</strong>tée par ceux qui m’ont aidé, vers l’expression émotionnelle ou l’ouverture corporellepour accéder à l’émotion, la comm<strong>en</strong>ter, interpréter <strong>des</strong> productions symboliques,imaginaires, retracer mon histoire, ma biographie. Alors que l’aide à l’explicitation s’estori<strong>en</strong>tée délibérém<strong>en</strong>t et sans ambiguïté vers la mise <strong>en</strong> mots de l’action. Comme si untransfert s’était opéré <strong>en</strong>tre l’écoute et l’expression de l’émotion, du symbolique ou du corpset l’écoute et l’expression du déroulem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> actions.Travaillant avec mes objets de recherche, formant <strong>des</strong> professionnels dans <strong>des</strong> perspectives derecherche et d’interv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> éducation, <strong>en</strong> formation et <strong>en</strong> ergonomie, j’ai investi ce que jeconnaissais de l’étude <strong>des</strong> déroulem<strong>en</strong>ts d’actions comme moy<strong>en</strong> de compr<strong>en</strong>dre l’activitécognitive, de saisir le détail de l’effectuation pour r<strong>en</strong>dre intelligible le résultat final et leserrem<strong>en</strong>ts év<strong>en</strong>tuels.Tout cela s’est déroulé dans une évid<strong>en</strong>ce non questionnée.Pourtant passés les premiers résultats, très positifs, je me suis demandé pourquoi cettetechnique d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> marchait ? Quelles sont les théories qui pouvai<strong>en</strong>t justifier le fait quecela fonctionne ? Et là s’est déroulé un programme de recherche théorique à long terme et <strong>en</strong>parallèle la formalisation de la pratique de l’aide à l’explicitation. Le premier volet sout<strong>en</strong>upar ma motivation de chercheur, le second fortem<strong>en</strong>t induit par les exig<strong>en</strong>ces de la formationà ces techniques.Mais maint<strong>en</strong>ant l’explicitation n’est plus seulem<strong>en</strong>t une technique d’interview, elle est unepsycho phénoménologie <strong>des</strong> vécus, et le fait d’expliciter appelle une psycho phénoménologiede l’explicitation.Ce qui allait de soi dans l’efficacité instrum<strong>en</strong>tale <strong>des</strong> techniques, devi<strong>en</strong>t question.Une forme de réduction (Vermersch 2001) est ici à l’œuvre : réduction du faire efficace<strong>en</strong>gagé dans une pratique, pour le questionner. Réduction de la simplicité instrum<strong>en</strong>tale pourdécrire <strong>en</strong> quoi consiste cette effici<strong>en</strong>ce instrum<strong>en</strong>tale, à quels vécus cela correspond-il ? Il y alà une réduction qui est spécifique à tous les pratici<strong>en</strong>s, une réduction de l’évid<strong>en</strong>ce de lapratique effici<strong>en</strong>te. Non seulem<strong>en</strong>t, il y a l’obstacle du « ça marche », mais de plus la mise <strong>en</strong>mots de qu’est-ce qui marche semble dans un premier temps ne ri<strong>en</strong> appr<strong>en</strong>dre au pratici<strong>en</strong>qui y reconnaît son vécu familier, sans pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce que l’on est passé du vivre préréfléchi au « nommé » supposant la consci<strong>en</strong>ce réfléchie de ce qui n’était que vécu. Alors quelest l’intérêt de consacrer autant de temps pour décrire, r<strong>en</strong>dre intelligible ce qui pourraitlargem<strong>en</strong>t se suffire de s’accomplir de façon effici<strong>en</strong>te ?


Pierre Vermersch Page 2 23/03/03Depuis plusieurs années l’association GREX est dev<strong>en</strong>ue, sur un mode très particulier, ungroupe de co-chercheurs. En particulier, les temps de travail du séminaire d’été à Saint Eblesont dev<strong>en</strong>us l’occasion de transformer <strong>en</strong> questions ce qui était dev<strong>en</strong>u <strong>en</strong>tre nous uneévid<strong>en</strong>ce partagée du fait de notre communauté de pratique. Précisém<strong>en</strong>t, la dim<strong>en</strong>sion de« groupe » de co-chercheurs permet de fissurer l’évid<strong>en</strong>ce et de la questionner du fait de ladiversité incontrôlable <strong>des</strong> vécus de chacun de ses membres.Cet article <strong>en</strong> est un exemple. Il est le fruit d’une recherche d’un <strong>des</strong> petits groupes qui atravaillé à sa manière (les autres petits groupes s’y pr<strong>en</strong>ant différemm<strong>en</strong>t) sur la question duséminaire 1999 : Qu’est-ce que je fais à l’autre avec mes <strong>relances</strong> ? Que se passe-t-il pourlui ? Comm<strong>en</strong>t mes paroles, mes sil<strong>en</strong>ces, mon rythme, le touche, le modifie –avec sonaccord- dans ses actes, dans son ori<strong>en</strong>tation att<strong>en</strong>tionnelle, dans son état interne ? Mais deplus, une fois formulées ces interrogations, comm<strong>en</strong>t procéder pour les étudier ? Avec queldispositif peut-on docum<strong>en</strong>ter cet objet de recherche ? Avec quelles catégories décrire leschangem<strong>en</strong>ts att<strong>en</strong>tionnels supposés, les modifications d’actes ou d’état interne ? Il nousfallait donc à la fois délimiter le thème qui tel qu’il était formulé était trop large, inv<strong>en</strong>ter undispositif de recherche, le mettre <strong>en</strong> œuvre et l’exploiter.On peut reformuler ce travail dans la perspective d'une pragmatique expéri<strong>en</strong>tielle.Pragmatique pour l'étude <strong>des</strong> effets du langage, l'étude <strong>des</strong> interactions verbales, etexpéri<strong>en</strong>tielle pour dire qu'elle s'informe <strong>des</strong> effets du langage <strong>en</strong> utilisant le point de vue <strong>en</strong>première et seconde personne, <strong>en</strong> plus de l'exploitation <strong>des</strong> infér<strong>en</strong>ces que l'on peut faire àpartir <strong>des</strong> traces et <strong>des</strong> observables que sont les verbalisations et les indications para verbales(mimiques, gestes, intonation, etc.). Expéri<strong>en</strong>tiel, signifie donc qui se rapporte à ce dont lesujet peut témoigner par ses verbalisations, il s'agit donc aussi d'un point de vue psychophénoménologique, dans la mesure où nous traiterons de ce qui peut nous apparaître.Cette interrogation est importante pour nous, dans la mesure où l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation al’ambition programmatique de chercher à produire <strong>des</strong> effets déterminés : comme la mise <strong>en</strong>œuvre <strong>des</strong> actes d’évocation, donc d’un type de rappel particulier, la c<strong>en</strong>tration sur une<strong>situation</strong> passée singulière, la production d'un discours principalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong>criptif, c<strong>en</strong>tré surl'action, une fragm<strong>en</strong>tation de ce qui est ainsi décrit, un ré aiguillage de la direction del'att<strong>en</strong>tion etc.Peut-on constater l'obt<strong>en</strong>tion de ces effets ?En quoi paraiss<strong>en</strong>t-ils induits par les propositions et les <strong>relances</strong> ? Comm<strong>en</strong>t le montrer ?Est-ce que le témoignage introspectif corrobore ce que les verbalisations indiqu<strong>en</strong>t ?Se passe-t-il plus de chose, autre chose, que ce que les verbalisations manifest<strong>en</strong>t ?Dispositif de rechercheLe but que nous nous sommes assigné était donc d’étudier les effets <strong>des</strong> <strong>relances</strong> sur lasubjectivité de l’interviewé. Cep<strong>en</strong>dant compte t<strong>en</strong>u que nous étions un grand groupe, nousavons choisi de nous diviser <strong>en</strong> petits groupes de travail, autonomes dans la conception dudispositif de recherche. Le but était d’accroître la variété <strong>des</strong> domaines explorés, de manière àne pas nous laisser <strong>en</strong>fermer tous dans le même projet préconçu au risque d’avoir un effetd’unanimité de cons<strong>en</strong>sus intérieur au GREX, et donc se donner <strong>des</strong> chances de créer <strong>des</strong>contradictions, <strong>des</strong> décalages, propres à nous aider à susp<strong>en</strong>dre nos préconceptions.Je fais ici état du travail d’un sous-groupe de co-chercheurs auquel j'ai participé, <strong>en</strong>m’excusant de la variation de ton <strong>en</strong>tre le « je » et le « nous » suivant les épiso<strong>des</strong>d’élaboration.Choix de la tâcheNous avons choisi de faire un début d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation et d’étudier <strong>en</strong>suite comm<strong>en</strong>tl’interviewée avait vécu cet <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Sur les cinq participants du petit groupe il y a donc une


Pierre Vermersch Page 3 23/03/03interviewée : Claudine, un interviewer : Pierre, et trois observateurs : Maryse, Claude,Nadine.On a donc une première étape, produisant un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (noté E1) qui servira de support àl’analyse à v<strong>en</strong>ir. Concrètem<strong>en</strong>t, nous sommes tous assis autour d’une table ronde, Claudineet moi légèrem<strong>en</strong>t dégagés de la table et tournés l’un vers l’autre. L’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> est <strong>en</strong>registré aumagnétophone. A la suite du premier <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> E1, un second <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> s’amorceimmédiatem<strong>en</strong>t sur ce qui vi<strong>en</strong>t de se passer, ce second <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> est noté E2. Il se fait doncsans retour à l’écoute de l'<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t, contrairem<strong>en</strong>t à ceux qui suivront. Ensuite, tous<strong>en</strong>semble (y compris l'interviewée), nous avons réécouté l’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faisant <strong>des</strong>pauses, pour questionner Claudine sur tel ou tel aspect de son vécu, les intervieweurss’échangeant au grès de l’inspiration et de l’intérêt, l’<strong>en</strong>semble de ces matériaux d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>constitue l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> noté E3. D’une certaine manière nous sommes dans un dispositif d’autoconfrontationbasé sur l’écoute de la cassette 1 , et le questionnem<strong>en</strong>t est au format del’explicitation. Tous les participants autour de la table peuv<strong>en</strong>t questionner et ne se priverontpas de le faire. Régulièrem<strong>en</strong>t nous arrêtons tout pour faire le point sur ce que nous avonsappris. Ce processus va pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>viron un jour et demi, avec quelques interruptions pourfaire une restitution <strong>en</strong> grand groupe et écouter le travail <strong>des</strong> autres petits groupes. Lescassettes de l’explicitation du vécu de Claudine constitu<strong>en</strong>t globalem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> E3. Maiscet "<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>" E3 n'est pas homogène, il est <strong>en</strong>trecoupé de discussions sur la méthode suivie,sur la pertin<strong>en</strong>ce du questionnem<strong>en</strong>t que l'un d'<strong>en</strong>tre nous a développé p<strong>en</strong>dant quelquesinstants, de réflexions théoriques rapprochant ce que nous faisons cette année et le thème del'att<strong>en</strong>tion que nous avons travaillé l'année précéd<strong>en</strong>te. Le but était de trouver un chemin pourmettre à jour l'effet <strong>des</strong> <strong>relances</strong> ou dit autrem<strong>en</strong>t, pour aborder l'explicitation du vécu d'un<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> spécifiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> relation avec l'effet possible <strong>des</strong> formulations utilisées parl'intervieweur sur l'interviewé. La démarche était exploratoire et même av<strong>en</strong>tureuse, dans les<strong>en</strong>s où nous ne savions pas comm<strong>en</strong>t nous y pr<strong>en</strong>dre, ni s'il était possible de docum<strong>en</strong>terprécisém<strong>en</strong>t notre objet d'étude. Cet "<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>" E3 n'a donc pas été réalisé dans l'esprit d'unprotocole strict visant à purifier la mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> effets. Il est un produit composite,issu d'un travail de groupe, d'un groupe de co-chercheurs, dans lequel l'interviewée était -autant que les autres- impliquée dans l'élaboration. De plus, il s'agit là d'un groupe de cochercheursexpert dans l'explicitation, au double s<strong>en</strong>s d'expert dans le questionnem<strong>en</strong>t etd'expert dans le fait de se tourner vers leur propre vécu passé, autrem<strong>en</strong>t dit experts dans lapratique introspective. Cet <strong>en</strong>semble de verbalisations, ne sera dépouillé que tardivem<strong>en</strong>t,plusieurs semaines après le recueil, dans <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts moins propices à une productionsuivie. Chacune <strong>des</strong> cinq cassettes de 90 minutes a été prise <strong>en</strong> charge par un membre dugroupe. Suivront quelques réunions de travail pour faire le point sur les interprétations <strong>des</strong>matériaux recueillis et leur limite. Puis une élaboration de ces matériaux sur plusieurs années,avec de longues interruptions.Le matériau de base l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> sur le vécu de référ<strong>en</strong>ce (E1)En plus du verbal transcrit, <strong>des</strong> didascalies sur le non verbal complète imparfaitem<strong>en</strong>t dans lamesure où nous n’avions pas d’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t vidéos. On a aussi indiqué les sil<strong>en</strong>ces, notéspar <strong>des</strong> ::: plus ou moins nombreux.Cette transcription est découpée <strong>en</strong> séqu<strong>en</strong>ce pour <strong>en</strong> faciliter l’exploitation. Chaque séqu<strong>en</strong>ceest délimitée sur la base d’un changem<strong>en</strong>t de sous buts de la part de l’intervieweur. Elles’initie donc par une relance cont<strong>en</strong>ant une nouvelle int<strong>en</strong>tion qui fait rupture de manière plus1Après coup nous nous r<strong>en</strong>dus compte que le fait de ne pas avoir pris le temps de faire unetranscription de E1, avant de questionner Claudine, nous a beaucoup handicapé pour cibler cequi devait être questionné, compte t<strong>en</strong>u de la finesse de ce que nous cherchions à docum<strong>en</strong>ter.


Pierre Vermersch Page 4 23/03/03ou moins forte avec la réplique ou la série de réplique qui précède. Cette segm<strong>en</strong>tation reflètedonc le point de vue de l’intervieweur <strong>en</strong> priorité, il restera à se montrer vigilant pourid<strong>en</strong>tifier <strong>des</strong> effets qui, soit parcour<strong>en</strong>t plusieurs séqu<strong>en</strong>ces contiguës ou non, soit qui sontétrangers à ce découpage et par exemple sont ancrés dans une préoccupation, non plus del’interviewer, mais de l’interviewée. C’est le gain et la limite de tout découpage, que d’unepart il facilite l’appréh<strong>en</strong>sion <strong>des</strong> phénomènes que l’on souhaite étudier <strong>en</strong> délimitant <strong>des</strong>unités d’analyse plus facile à maîtriser, et permettant même de distribuer le travail <strong>en</strong>treplusieurs co-chercheurs, et le fait que cette délimitation puisse r<strong>en</strong>dre invisibles <strong>des</strong> effets quin’apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas à cette échelle de <strong>des</strong>cription. Plus à l’arrière plan, cette manière <strong>des</strong>egm<strong>en</strong>ter un processus <strong>en</strong> séqu<strong>en</strong>ces, est issue d'une longue expéri<strong>en</strong>ce de l'analyse <strong>des</strong>déroulem<strong>en</strong>ts d'actions, à propos <strong>des</strong>quels il est vite apparu évid<strong>en</strong>t que l'on ne pouvait lesr<strong>en</strong>dre appréh<strong>en</strong>dables à l'analyse qu'<strong>en</strong> les fragm<strong>en</strong>tant, au risque que la fragm<strong>en</strong>tationocculte <strong>des</strong> divisions imprévues. Mais averti de ce risque, sur les mois et les années de travailsur ce type de données les fragm<strong>en</strong>tations arbitraires ne résist<strong>en</strong>t pas à la relecture <strong>des</strong>matériaux.Chaque séqu<strong>en</strong>ce est précédée d'un numéro et d'un titre qui est basé sur l'int<strong>en</strong>tion del'intervieweur, ce découpage et ces titres seront repris plus loin <strong>en</strong> détail, ils sont là dans unpremier temps pour faciliter l'accès à votre compréh<strong>en</strong>sion.Transcription de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> initial E1Séqu<strong>en</strong>ce 1 : préparation à la <strong>situation</strong> d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, vérification de la disponibilité deClaudine.(Contexte : Claudine est assise à ma gauche, elle a autour d'elle, posés sur la table, sonmagnétophone, un paquet de cassettes, le micro qu'elle redispose, ses notes, ses crayons et satrousse. Au mom<strong>en</strong>t où, après une longue discussion -avec tout le groupe- sur la manière deprocéder, nous décidons de comm<strong>en</strong>cer, Claudine est occupée de tout son bazar et n'est pasvraim<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core tournée vers moi dans la relation, aussi je vais pr<strong>en</strong>dre plusieurs étapes pourla conduire vers la relation et vérifier qu'elle cons<strong>en</strong>t à changer d'activité).1. P OK Claudine, tu es prête pour qu’on fasse un bout d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>2. C oui3. P tout est sur la table, <strong>en</strong> bi<strong>en</strong> disposé, tout va bi<strong>en</strong> ?4. C d’accord5. P t’as plus de souci du côté du magnétophone ?6. C non non ça va7. P OK, on y va ?8. C ouiSéqu<strong>en</strong>ce 2 : ori<strong>en</strong>tation vers l'acte d'évocation, choix d’une cible att<strong>en</strong>tionnelle àévoquer.9. P d’accord, ce que je te propose, tout d’abord, c’est de: voir si y’a: une <strong>situation</strong>particulière que tu aimerais: évoquer10 C comme ça non il faut que je cherche, je vais laisser v<strong>en</strong>ir, une <strong>situation</strong> particulière11. P OK12. C mm ça peut être hier soir tout simplem<strong>en</strong>t quand je suis r<strong>en</strong>trée dans l’Allier13. P mm donc là tu: choisis: d’évoquer: hier soir14. C oui15. P au mom<strong>en</strong>t où tu r<strong>en</strong>tres dans l’Allier16. C au mom<strong>en</strong>t où je r<strong>en</strong>tre dans l’AllierSéqu<strong>en</strong>ce 3 aide à la focalisation <strong>des</strong>criptive :17. P qu’est-ce qui te revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier:18. C ce qui me revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier c’est la façon dont je marchais compte t<strong>en</strong>u <strong>des</strong> caillouxqui à la fois font mal au pied et <strong>en</strong> même temps glissai<strong>en</strong>t.


Pierre Vermersch Page 5 23/03/0319. P mm mm20. C et donc je voulais pas glisser (rire) pour r<strong>en</strong>trer trop vite dans l’eau euh: donc oui c’estla s<strong>en</strong>sation donc sous les pieds avec la vue parce que l’eau était assez transpar<strong>en</strong>te21. P mm22. C il y avait beaucoup beaucoup de courant là où je r<strong>en</strong>trais parce qu’y avait un petit jesais pas comme on appelle ça déversoir sur la gauche là euh la lumière était moy<strong>en</strong>ne ouais jesais pas trop (4s) et je suis r<strong>en</strong>trée tout de suiteSéqu<strong>en</strong>ce 4 : ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t et approfondissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> impressions s<strong>en</strong>sorielles23. P je te propose de pr<strong>en</strong>dre du temps là main/ le temps de laisser rev<strong>en</strong>ir24. C oui25. P toutes les impressions qui peuv<strong>en</strong>t te rev<strong>en</strong>ir de ce mom<strong>en</strong>t-là26. C oui je posais les pieds avec beaucoup de précaution pour s<strong>en</strong>tir les : cailloux au fur et àmesure que s’ils étai<strong>en</strong>t trop pointus déplacer le pied ou l’assurer assurer pour pas glisser27. P tu serais d'accord pour pr<strong>en</strong>dre le temps de: juste: retrouver cette s<strong>en</strong>sation <strong>des</strong>cailloux sous les pieds, peut-être un pied plutôt que l’autre ou peut-être autre chose28. C j’ai pas <strong>en</strong>core l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> pieds, mais oui, c’est quand même là, je vois l’eau quiglisse, qui file vite29. P mm30. C c’est l’eau est sombre31. P mm32. C bi<strong>en</strong> que transpar<strong>en</strong>te mais c’est ça fait quand même assez noir mais on voit bi<strong>en</strong> lescailloux qui se détach<strong>en</strong>t noirs aussi au fond, y a <strong>des</strong>, y <strong>en</strong> a beaucoup de ronds, <strong>des</strong> assez gros33. P mm34. C ça c’est ce que je voisSéqu<strong>en</strong>ce 5 : modification de l'ori<strong>en</strong>tation de l'att<strong>en</strong>tion vers les co-remarqués,35.P est-ce qu’il y a d’autres choses auxquelles tu fais att<strong>en</strong>tion, d’autres choses qui seprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à toi36.C je me je me je me rapetisse un peu <strong>en</strong>fin je suis pas accroupie mais je me rapetisse unpeu37.P mm mm38.C donc je fais plusieurs plusieurs petits pas <strong>des</strong> petits pas39.P mm mm40.C et je pr<strong>en</strong>ds mon temps, l’eau est fraîche mais c’est c’est agréable (5s) oui et puis y a pasbeaucoup d’eau donc je suis obligée d’avancer je peux pas r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> faisant un plouf ! doncj’avance ça pr<strong>en</strong>d du temps parce que je fais doucem<strong>en</strong>t41.P mm mm42.C et puis quand je vois quand qu’il y a quand même un peu d’eau pour que je me cognepas au fond hop !Séqu<strong>en</strong>ce 6 : modification de l'ori<strong>en</strong>tation de l'att<strong>en</strong>tion vers l'arrière plan,43.P OK je te propose de faire une pause là44.C OK45.P tu restes où tu es mais tu restes tranquillem<strong>en</strong>t avec ces: et: tout <strong>en</strong> restant <strong>en</strong> relationavec ce que tu étais <strong>en</strong> train de décrire, ce que je te propose c’est juste de: porter ton att<strong>en</strong>tiondans ce mom<strong>en</strong>t passé sur qu’est-ce qu’il y a d’autre autour de toi ou qu’est-ce qu’il y ad’autre auquel tu fais att<strong>en</strong>tion46.C le bruit47.P mm mm48.C effectivem<strong>en</strong>t ça fait beaucoup de bruit le bruit de l’eau puisque y a les petites chutes làjuste à côté un bruit d’ambiance perman<strong>en</strong>tSéqu<strong>en</strong>ce 7 : modification de l'ori<strong>en</strong>tation de l'att<strong>en</strong>tion, vers l'horizon externe / interne


Pierre Vermersch Page 6 23/03/0349.P mm mm est-ce qu’il y aurait une couche <strong>en</strong>core plus: plus <strong>en</strong>globante de: ce que tudécris là, quelque chose qui est <strong>en</strong>core plus autour qui est: qui était peut-être pas dans lechamp d’att<strong>en</strong>tion principal, mais qui:50.C j’avais un gros besoin de faire comme une coupure parce que j’étais assez assommée,j’avais mal à la tête (4s) c’est drôle parce que je le s<strong>en</strong>s pas le mal à la tête là quand je suisr<strong>en</strong>trée dans l’eau et je savais qu’<strong>en</strong> <strong>en</strong>trant dans une eau fraîche, ça me remettrait bi<strong>en</strong> (12s)51.P mm52.C (8s) oui et puis alors là je suis dans l’eau53.P mm mm tu es, tu es dans l’eau maint<strong>en</strong>ant54.C oui là je suis dans l’eau parce que le courant est très très fort55.P ouais56.C et donc il fallait que je m’agrippe aux cailloux pour pas reculer et me faire pr<strong>en</strong>dre par lachute derrièreSéqu<strong>en</strong>ce 8 : début de la sortie de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>57.P OK, moi je te propose là de rester avec cette impression de t’accrocher aux cailloux58.C oui59.P si tu veux continuer à fermer les yeux tu: pour rester avec ça, tu peux et je vaism’adresser aux autres, quelques mots, donc on fait une pauseComm<strong>en</strong>taire sur l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> E1Globalem<strong>en</strong>t cet <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> produit <strong>des</strong> résultats que l'on peut considérer comme "classiques"<strong>des</strong> effets recherchés dans l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation : le sujet se met <strong>en</strong> évocation et persistedans l’activité de rappel évocatif, il le fait à propos d'un mom<strong>en</strong>t vécu spécifié, il décrit cequ'il fait, ce à quoi il est att<strong>en</strong>tif, <strong>en</strong> apportant un certain nombres de détails sur la manièredont il procède.Bi<strong>en</strong> sûr, c'est un exercice prétexte, il n'y a pas de but d'élucidation comme lorsqu'on vise lamise à jour d'une difficulté jusqu'à satisfaire un critère d'intelligibilité ou de complétude. Iln'est pas fait référ<strong>en</strong>ce non plus à une activité productive finalisée qui servirait là aussicomme critère pour savoir si l'on a toutes les informations permettant de compr<strong>en</strong>drecomm<strong>en</strong>t ce qui a été accompli l'a été. Par tout ces points, cet <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> est particulier àplusieurs titres : il poursuit un but méta, dans le s<strong>en</strong>s où il ne vise qu'à produire <strong>des</strong> donnéespour pouvoir docum<strong>en</strong>ter l'effet <strong>des</strong> <strong>relances</strong> ; il est bref, dans la mesure où pour explorer lapoursuite de ce but nous n'avions pas besoin d'avoir beaucoup de données 2 . N'ayant pas de butd'élucidation l'intervieweur s’<strong>en</strong> donne d’autres, <strong>des</strong> buts de "manœuvres" dans ses <strong>relances</strong>,<strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s qu'il y a clairem<strong>en</strong>t de nombreuses interv<strong>en</strong>tions <strong>en</strong> forme de sollicitation dechangem<strong>en</strong>t dans l'int<strong>en</strong>tion délibérée de créer les conditions de manifestation de leurs effets.Les effets secondaires imprévus de cette stratégie sont que l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> est un peu trop« propre » par rapport à ce que l'on obti<strong>en</strong>t la plupart du temps, dans le s<strong>en</strong>s où il se découpeassez bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> séqu<strong>en</strong>ces facile à délimiter, ce qui est beaucoup plus difficile à repérerhabituellem<strong>en</strong>t dans <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s plus longs et moins organisés par le projet del'intervieweur. Cep<strong>en</strong>dant il s'agit bi<strong>en</strong> d'un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> réel, où tout faux-semblant aurait étéimmédiatem<strong>en</strong>t relevé par les observateurs et l'interviewée, qui est elle-même experte, à cetitre cet échange fournit bi<strong>en</strong> <strong>des</strong> matériaux écologiques qu'il est s<strong>en</strong>sé de chercher à exploiter.2 Cep<strong>en</strong>dant il est possible que ce présupposé soit erroné, et qu’il aurait été plus judicieux dem<strong>en</strong>er un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> plus long et mieux finalisé pour être sûr d’avoir <strong>des</strong> matériaux mieuxaccrochés à une validité écologique à la fois pour l’intervieweur qui aurait du chercher àobt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> informations manquantes pour l’élucidation, ou même découvrir quelles sont lesinformations qui aurai<strong>en</strong>t manquer, et l’interviewé qui n’a ri<strong>en</strong> à élucider de son vécu passé.


Pierre Vermersch Page 7 23/03/03Le cont<strong>en</strong>u de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>Ceci étant, cet <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> peut être traité comme tout <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> à vocationd'explicitation/élucidation, c'est à dire que l'on pr<strong>en</strong>d ce qui est dit pour décrire la <strong>situation</strong>vécue V1, ce que je résume brièvem<strong>en</strong>t ci-<strong>des</strong>sous :1 /Elle décide d'aller se baigner dans l'Allier, parce qu'elle avait <strong>des</strong> t<strong>en</strong>sions (dontelle ne souhaite pas évoquer la cause). 2/ Elle r<strong>en</strong>tre dans l'eau,/ <strong>en</strong> nous décrivantce qui l'<strong>en</strong>toure, le bruit de l'eau, les cailloux au fond dont certains lui bless<strong>en</strong>t lespieds, et qui l'oblige à 3/ marcher dans l'eau/ <strong>en</strong> faisant att<strong>en</strong>tion là où elle pose lespieds, et d'ailleurs à travers la transpar<strong>en</strong>ce elle les voit. Puis elle doit un peu 4/s'accroupir pour s'avancer plus loin/, et 5/ dès qu'elle a suffisamm<strong>en</strong>t d'eau, plouf,elle plonge dans l'eau,/ ce qui lui procure du plaisir. 6/ Mais il y a beaucoup decourant, et elle est obligée de se ret<strong>en</strong>ir aux cailloux du fond pour ne pas êtreemporté./On a la suite temporelle <strong>des</strong> six principales phases de l'action, quoique pas très détaillée dupoint de vue de la fragm<strong>en</strong>tation temporelle. Par exemple, si l'on s'arrête sur la phase 2/r<strong>en</strong>trer dans l'eau/, on ignore tout <strong>des</strong> actions élém<strong>en</strong>taires qu'elle a accompli pour gagner unpoint qui lui convi<strong>en</strong>ne sur la berge, pour peut-être <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dre le passage d'une plage ou d'uneberge plus ou moins commode pour aboutir à ses premiers pas dans l'eau, il <strong>en</strong> est de mêmepour chacune <strong>des</strong> autres phases. En ce s<strong>en</strong>s elles sont peu détaillées. On a pour chaque phase<strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts <strong>des</strong>criptifs <strong>des</strong> points auxquels elle fait att<strong>en</strong>tion que ce soit dans le contexte,que ce soit pour elle-même <strong>en</strong> relation avec son corps. Mais là <strong>en</strong>core, cela reste assez global,la fragm<strong>en</strong>tation <strong>des</strong> parties et <strong>des</strong> propriétés de l'action n'est pas très poussée.Voilà les informations obt<strong>en</strong>ues avec ce bref <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, c'est assez complet au niveau <strong>des</strong>phases temporelles du vécu, mais pas au niveau <strong>des</strong> actions élém<strong>en</strong>taires qui ne sontqu'esquissées. Il est vrai que nous n'avions pas de projet d'élucidation précis. Cep<strong>en</strong>dant lebut de notre travail n'est pas l'étude du vécu de référ<strong>en</strong>ce V1 3 -le fait de se baigner dansl'Allier- tels qu’on peut l'approcher grâce aux verbalisations <strong>des</strong>criptives de Claudine lors <strong>des</strong>on rappel évocatif (second vécu V2), mais nous allons pr<strong>en</strong>dre ce vécu V2 comme nouveauvécu de référ<strong>en</strong>ce. C'est à dire que nous allons chercher à étudier ce que vit Claudine quandelle est interviewée, à partir <strong>des</strong> verbalisations <strong>des</strong>criptives de son vécu d'être interviewée.Ces verbalisations seront produites lors d'un troisième mom<strong>en</strong>t vécu V3. Donc le pointimportant sera l'analyse du cont<strong>en</strong>u de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> se déroulant <strong>en</strong>suite (le vécu V3, ayant pourbut d'am<strong>en</strong>er à la consci<strong>en</strong>ce réfléchie et donc à l'explicitation le cont<strong>en</strong>u vécu V2).Méthodologie I/ Pas de <strong>des</strong>cription sans catégorisationSi l'idée de base de l'effet <strong>des</strong> <strong>relances</strong> et <strong>des</strong> questions est prés<strong>en</strong>te dès le début de laformalisation de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation, puisqu'elle est clairem<strong>en</strong>t intégrée dans lesobjectifs pédagogiques de la formation à cette technique, le projet de la requestionner s'estexprimé concrètem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> août 1999 <strong>en</strong> tirant parti <strong>des</strong> essais méthodologiques <strong>des</strong> annéesprécéd<strong>en</strong>tes.Globalem<strong>en</strong>t, l'idée était : créons <strong>des</strong> données d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, puis ressaisissons-les comme vécusà expliciter. Ces vécus de « vivre un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> » étant particulièrem<strong>en</strong>t ciblés sur les effets <strong>des</strong><strong>relances</strong>, alors que nous avons aussi longuem<strong>en</strong>t travaillé d’autres années par exemple, sur lamise à jour comparative <strong>des</strong> types d'adressages <strong>en</strong>tre récit autobiographique, narrations, etexplicitation, ou <strong>en</strong>core, <strong>en</strong> 2002 sur les repères relationnels du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'être accompagné3 V1 vécu de référ<strong>en</strong>ce, ici s'être baigné dans la rivière, V2 second vécu qui consiste àévoquer et verbaliser le vécu passé V1, V3 troisième vécu qui consiste à évoquer et àverbaliser ce qui s'est passé lors de "l'évocation du vécu de référ<strong>en</strong>ce" donc le cont<strong>en</strong>u de V2.Ici V1 consiste à se baigner, V2 à évoquer cette baignade, V3 à évoquer l'évocation de labaignade.


Pierre Vermersch Page 8 23/03/03ou d'accompagner. Mais comme on le voit cette int<strong>en</strong>tion de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les effets <strong>des</strong><strong>relances</strong> n'était exprimée qu'<strong>en</strong> structure, dans le s<strong>en</strong>s où nous avons un instrum<strong>en</strong>t de mise àjour : l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation, nous créons les conditions pour produire <strong>des</strong> données, et<strong>en</strong>suite nous produisons ces données et les analysons.Le problème du déficit initial de catégorisationLes choses ne se sont pas passées aussi simplem<strong>en</strong>t. Pour questionner un aspect d'un vécu ilfaut aussi avoir un minimum de préparation sur ce qui est à questionner, sur la psychophénoménologie de ces vécus particuliers. Sans cette préparation, le fait de savoir questionnerne permet pas à lui seul de questionner, puisque ce sur quoi il y a lieu de fragm<strong>en</strong>ter, et demettre à jour n'est même pas conçu !Il est vrai que tant que nous avons travaillé sur <strong>des</strong> tâches structurant facilem<strong>en</strong>t lequestionnem<strong>en</strong>t par la segm<strong>en</strong>tation temporelle <strong>en</strong> étapes, et la segm<strong>en</strong>tation fonctionnelle par<strong>des</strong> propriétés faciles à séparer, il pouvait sembler que la seule compét<strong>en</strong>ce dont nous avionsbesoin était de procéder avec soin à la segm<strong>en</strong>tation temporelle, de prolonger sonmorcellem<strong>en</strong>t autant que nécessaire, de profiter de chaque ouverture « d'implicite manifeste »(si, si, « l’implicite manifeste » c'est l'indication pour un expert que quelque chose n'estclairem<strong>en</strong>t pas dit, c’est la perception assurée de l’abs<strong>en</strong>ce, ce qui ne veut pas dire que l'expertsait ce qui n'est pas dit, mais juste qu'il y a là du non-dit évid<strong>en</strong>t). En abordant <strong>en</strong>suite, lesactivités intellectuelles, comme l'acte d'évocation, les mutations att<strong>en</strong>tionnelles, la dim<strong>en</strong>sioninterpersonnelle de la relation, nous nous sommes aperçus que nous ne savions pasquestionner ce qui n'avait pas une forme suffisamm<strong>en</strong>t intelligible pour nous, et que vouloirétudier les vécus d'évocation ou d'att<strong>en</strong>tion supposait <strong>en</strong> même temps d'élaborer une psychophénoménologie de ce <strong>en</strong> quoi peut consister l'évocation, l'att<strong>en</strong>tion ou les modificationsissues <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> <strong>relances</strong> 4 . C'est dire que le projet d'exploration de ces effets au mom<strong>en</strong>toù nous l'avons mis <strong>en</strong> œuvre était <strong>en</strong>core très imparfaitem<strong>en</strong>t éclairé par ce <strong>en</strong> quoi celapouvait consister de le questionner.Toujours est-il que notre questionnem<strong>en</strong>t a été confus et fertile.4 On pourrait légitimem<strong>en</strong>t dire que toute <strong>des</strong>cription conti<strong>en</strong>t un dispositif catégoriel qui lar<strong>en</strong>d possible, il n'existe aucun vécu intelligible <strong>en</strong> soi, aucune perception évid<strong>en</strong>te par ellemême,mais toujours sous-t<strong>en</strong>du par une catégorisation. Le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'évid<strong>en</strong>ce provi<strong>en</strong>t del'utilisation <strong>des</strong> catégories habituelles communes à une majorité de personne dans le cadred'une culture donnée, les catégories utilisées sont alors invisibles, implicites, <strong>en</strong>fouis dans ledispositif de l'habitus culturel. Lorsqu'on pénètre dans un micro-monde comme les universprofessionnels, ou ceux <strong>des</strong> passions et <strong>des</strong> hobby, les catégories apparaiss<strong>en</strong>t parce qu'il neva pas de soi pour le novice qu'il les possède et puisse les partager, il doit les appr<strong>en</strong>dre. Lemicro-monde de l'explicitation <strong>des</strong> vécus fait apparaître <strong>des</strong> découpages basés sur <strong>des</strong>catégories "universelles" de segm<strong>en</strong>tation de tous vécus. Mais cela est <strong>en</strong>core insuffisantquand on s'attaque à <strong>des</strong> vécus sous un angle nouveau pour lesquels il n'existe pas decatégories parce qu'il faut les inv<strong>en</strong>ter, les constituer, tout simplem<strong>en</strong>t parce qu'il n'y a pasd'habitus, ou pas de tradition de recherche précéd<strong>en</strong>te qui a complètem<strong>en</strong>t balisée le domaine.On a donc trois degrés au moins de catégorisation, la première commune de s<strong>en</strong>s communtranspar<strong>en</strong>te par évid<strong>en</strong>ce partagée de manière inconsci<strong>en</strong>te (<strong>en</strong> fait restreinte à une culture età une époque), la seconde restreinte au micros-mon<strong>des</strong> donc spécialisée, dont on s’aperçoitfacilem<strong>en</strong>t par la r<strong>en</strong>contre avec les novices, la troisième caractérisée par son statutd'émerg<strong>en</strong>ce avant d'appart<strong>en</strong>ir à un micro monde de la recherche. La première et la secondecouche catégorielle n’est pas mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par les acteurs, mais par les sci<strong>en</strong>ces duquotidi<strong>en</strong>s, sociologie, ethnologie, anthropologie ou <strong>en</strong>core la psychologie ; alors que latroisième doit être produite, inv<strong>en</strong>tée, via la réduction pro active par les acteurs chercheurseux-mêmes.


Pierre Vermersch Page 9 23/03/03Une fois les cassettes transcrites, et l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> matériaux disponibles à l'analyse,comm<strong>en</strong>t les travailler et suivant quels principes ? L'idée qui s'est rapidem<strong>en</strong>t imposée était dechercher à trier dans l'<strong>en</strong>semble de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> E3 sur l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation, les extraits quipouvai<strong>en</strong>t docum<strong>en</strong>ter le vécu de l'interviewée p<strong>en</strong>dant l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> E1. Mais si cette idéepermettait de rassembler les données, elle ne donnait pas vraim<strong>en</strong>t forme à la <strong>des</strong>cription <strong>des</strong>effets. Les effets ne sont jamais directem<strong>en</strong>t lisibles à partir <strong>des</strong> verbalisations, ils ne peuv<strong>en</strong>tle dev<strong>en</strong>ir que dans la mesure où nous pouvons les mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par <strong>des</strong> instrum<strong>en</strong>tscatégoriels <strong>en</strong> faisant apparaître un s<strong>en</strong>s.Elaboration d’une catégorisation <strong>des</strong>criptive <strong>des</strong> changem<strong>en</strong>tsNous avons utilisé principalem<strong>en</strong>t trois dim<strong>en</strong>sions catégorielles. Probablem<strong>en</strong>t qu’elles sesont dégagées dans une adéquation transitoirem<strong>en</strong>t équilibrée <strong>en</strong>tre les préoccupationsthéoriques d’actualité et un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de pertin<strong>en</strong>ce par rapport à la <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> effets.Nous distinguerons : 1/ les modifications de la visée att<strong>en</strong>tionnelle (Vermersch 1998, 1999,2000; Vermersch 2002a; Vermersch 2002b), modifications <strong>en</strong> termes de changem<strong>en</strong>t dethèmes, domaines, de directions, d'objets, de parties d'objet ; 2/ les modifications d'actes mis<strong>en</strong> œuvre ; 3/ les modifications d'état interne, val<strong>en</strong>ce, émotion, modification d'attitudecorporelle, relationnelle.Voyons rapidem<strong>en</strong>t ces trois gran<strong>des</strong> catégories1/ Les modifications att<strong>en</strong>tionnellesNous avons découvert au cours <strong>des</strong> années précéd<strong>en</strong>tes à quel point l'att<strong>en</strong>tion était difficile àsaisir introspectivem<strong>en</strong>t. Ici comme toujours nous ne saisissons directem<strong>en</strong>t que le cont<strong>en</strong>u<strong>des</strong>criptif, les objets du monde, les p<strong>en</strong>sées, les prises d'information, on pourrait dire <strong>en</strong>core<strong>en</strong> suivant Husserl que ce qui se donne <strong>en</strong> premier est la dim<strong>en</strong>sion noématique. De cecont<strong>en</strong>u, on peut inférer les actes qui permett<strong>en</strong>t de les obt<strong>en</strong>ir, suivant qu'ils sont le produitd'une perception externe dans une modalité particulière, d'une perception interne, d'unsouv<strong>en</strong>ir, d'un jugem<strong>en</strong>t, d'une imagination, d'un calcul etc. C'est alors le côté noétique qui estsaisissable. Cet aspect est aussi directem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t dans les verbes d'action, d'actionm<strong>en</strong>tales, de saisie perceptive. Mais si l'on considère que l'att<strong>en</strong>tion vise la dim<strong>en</strong>sion mobilede la consci<strong>en</strong>ce, ses modulations, ses mutations, pour la faire apparaître il faut comparer,comme nous allons le faire, <strong>des</strong> états successifs et la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre ces états va r<strong>en</strong>dre lisiblel'att<strong>en</strong>tion par les changem<strong>en</strong>ts qui se sont produits ou pas. Nous allons nous intéresser surtoutà trois catégories emboîtées, ce qui n'épuise pas les discriminations possibles, nous necherchons pas ici à saisir toutes les modulations att<strong>en</strong>tionnelles mais surtout les principalesmodulations <strong>en</strong> tant qu'elles permett<strong>en</strong>t de faire apparaître un effet <strong>des</strong> <strong>relances</strong> surl'interviewée. Nous distinguerons <strong>en</strong>tre ce qui fait thème 5 , et qui est donc l'intérêt de lapersonne, cet intérêt thématique peut être servit par une multitude de directions particulièrespot<strong>en</strong>tielles correspondant à <strong>des</strong> actes perceptifs, aperceptifs, intellectuels, etc. différ<strong>en</strong>ts 6 .Id<strong>en</strong>tifier le changem<strong>en</strong>t ou la continuité d’un thème sera donc notre premier <strong>des</strong>cripteur.Ensuite, au sein du thème, il faut distinguer <strong>des</strong> visées att<strong>en</strong>tionnelles 7 qui peuv<strong>en</strong>t être5 Je ne développe pas ici tous les mouvem<strong>en</strong>ts qui font que ce qui est à l’arrière plan vi<strong>en</strong>t aufocus, que ce qui est thème devi<strong>en</strong>t marge etc.6 Ce point est vraim<strong>en</strong>t important à ret<strong>en</strong>ir parce que quel que soit le thème il ne se résumejamais de façon triviale à un seul type acte, s'intéresser à une musique ne se résumecertainem<strong>en</strong>t pas à l'ouïr !7 A titre secondaire dans ce cadre, il faut noter que chaque visée peut relever à chaque instantd'un mouvem<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la visée, ce que l'on peut appeler une saisie, d'unmouvem<strong>en</strong>t de poursuite de cette saisie, un maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> prise, et la plupart du temps invisiblesauf par les erreurs et les manques, un dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t ou un lâcher prise. Dans une autre


Pierre Vermersch Page 10 23/03/03multiples, simultanées <strong>en</strong> couches synesthésiques ou parallèles. Repérer ces changem<strong>en</strong>ts devisées sera donc notre seconde catégorie <strong>des</strong>criptive <strong>des</strong> mouvem<strong>en</strong>ts att<strong>en</strong>tionnels. Mais ausein d'une même visée, <strong>des</strong> mouvem<strong>en</strong>ts sont possibles qui porte sur le caractère plus oumoins large de ce qui est saisi, que je propose de nommer les variations de la focalisation,même si cette appellation est un peu trop visuelle et spatiale. Un <strong>des</strong> points important de nosrecherches actuelles a été de montrer que ces focalisations étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>cadrées par un habituspersonnel et culture qui pr<strong>en</strong>d la forme d'un cadrage <strong>en</strong> f<strong>en</strong>être att<strong>en</strong>tionnelle. Si nous avions àétudier l'activité qui fait l'objet du premier <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> nous <strong>en</strong> aurions besoin, mais pour étudierl'activité de verbaliser dans un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> sur cette première activité, ce repérage ne s'est pasimposé comme pertin<strong>en</strong>t pour le mom<strong>en</strong>t.Pour décrire les mouvem<strong>en</strong>ts de l'att<strong>en</strong>tion nous reti<strong>en</strong>drons donc les changem<strong>en</strong>ts de thème,de visées, de focales, même si ces trois catégories n’épuis<strong>en</strong>t pas les possibilités decatégoriser la dynamique att<strong>en</strong>tionnelle qui est bi<strong>en</strong> plus complexe. Essayons avec cespremiers outils.2/ Catégorisation <strong>des</strong> les actes cognitifs ?Quelle classification minimale, pour pouvoir indiquer qu'il y a eu changem<strong>en</strong>t d’acte ?Mon projet et mon besoin ne sont pas de réaliser une typologie 8 complète <strong>des</strong> actes cognitifs,mais de légitimer une différ<strong>en</strong>tiation suffisamm<strong>en</strong>t robuste et justifiée pour être utilisée dansrecherche ces mouvem<strong>en</strong>ts de la saisie pourrai<strong>en</strong>t être au premier plan de notre intérêt, ici c<strong>en</strong>'est pas le cas.8 Vouloir utiliser une catégorisation <strong>des</strong> actes <strong>en</strong>gage toute une psychologie classificatoiredont on sait qu'historiquem<strong>en</strong>t elle a toujours été problématique, cf. la notion de psychologie<strong>des</strong> facultés.En particulier un <strong>des</strong> argum<strong>en</strong>ts invoqué est de dire que les actes ne sont pas isolables, qu'iln'y a pas par exemple de perception sans mémoire sous jac<strong>en</strong>te ou sans raisonnem<strong>en</strong>timplicite sous forme d'infér<strong>en</strong>ces, ou <strong>en</strong>core sans organisation de la visée et saisie perceptive.On <strong>en</strong> a conclut qu'il est méthodologiquem<strong>en</strong>t incorrect de distinguer l'activité perceptiveisolém<strong>en</strong>t de la mémoire, du raisonnem<strong>en</strong>t, de l'organisation de l'action. Mais si cela estcertainem<strong>en</strong>t vrai, cela reste imprécis, car on ne peut pas dire non plus que tout est prés<strong>en</strong>ttout le temps sur le même mode. Par exemple, on doit pouvoir distinguer <strong>en</strong>tre la mémoireimplicite prés<strong>en</strong>te sans nécessairem<strong>en</strong>t que l'on soit tourné vers la chose passée et <strong>des</strong> actes derappel comme actes int<strong>en</strong>tionnels, qu'ils soi<strong>en</strong>t signitifs, sémantiques, intuitifs, procéduraux.Réciproquem<strong>en</strong>t, p<strong>en</strong>dant un acte de rappel, la perception est toujours active dans telle outelle de ses modalités, mais à ce mom<strong>en</strong>t le sujet n'est pas tourné vers la prise ou la saisied'information interne ou externe prés<strong>en</strong>te. L'acte de rappel consiste à r<strong>en</strong>dre prés<strong>en</strong>t, à viser àvide, à t<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> perception interne continue, ce qui n'était pas prés<strong>en</strong>t. Alors qu’<strong>en</strong> contraste, laréflexion est aussi un mode de rappel, <strong>en</strong>fin le suppose, puisqu’elle est basée sur uneprés<strong>en</strong>tification. Mais du point de vue de l'activité réflexive, la dim<strong>en</strong>sion du rappel estseconde, elle est une condition nécessaire pour la réalisation de toute activité réflexive, maisquand on opère un rappel cela ne signifie pas que nous soyons dans un projet de réflexion. Laquestion n'est pas celle du rappel, mais de l'am<strong>en</strong>er à la consci<strong>en</strong>ce, et à l'élaboration ce quiest déjà disponible au plan de la consci<strong>en</strong>ce (mode du représ<strong>en</strong>te, du symbolisé ou <strong>en</strong>core dusigne ou du formel).Le rappel intuitif est aussi une activité d'évocation intuitive quasi s<strong>en</strong>sible, <strong>en</strong> même temps ilest réfléchissem<strong>en</strong>t, c'est-à-dire ce qui opère graduellem<strong>en</strong>t le passage d'une activité ori<strong>en</strong>téeet vide (visée ou accueil) à un remplissem<strong>en</strong>t quasi s<strong>en</strong>sible (avec imagination au s<strong>en</strong>s deprés<strong>en</strong>ce d'image imman<strong>en</strong>te quasi s<strong>en</strong>sorielle, et non pas au s<strong>en</strong>s d'une inv<strong>en</strong>tion). Dansl'imagination je prés<strong>en</strong>tifie, mais pas sur le mode du se rappeler, mais sur le mode du créer etdu maint<strong>en</strong>ir accessible ce créé imman<strong>en</strong>t pour continuer à l'élaborer et à le considérer.


Pierre Vermersch Page 11 23/03/03la mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> <strong>relances</strong> <strong>en</strong> relation avec les types d’activités propres àl’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Je propose <strong>en</strong> suivant les catégories husserli<strong>en</strong>nes de distinguer d’abord <strong>en</strong>tre lesactes prés<strong>en</strong>tifiants et les actes basés sur une prés<strong>en</strong>tification. Les premiers comme laperception, ou comme le jugem<strong>en</strong>t ou le raisonnem<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ce qui est donné dans leprés<strong>en</strong>t (cela ne veut pas dire que tout passé <strong>en</strong> est exclu cf. la note 8, mais que l’ori<strong>en</strong>tationest majoritairem<strong>en</strong>t vers le prés<strong>en</strong>t). Par exemple, l’interviewée au début est tournée vers uneactivité perceptive/raisonnem<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte les affaires personnelles (cahier de notes,stylos, magnétophone, cassettes, micro) et probablem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> raisonnem<strong>en</strong>ts, évaluations,anticipations raisonnées sur l’état actuel de ces objets compte t<strong>en</strong>u de leurs usages. Dans un<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> qui vise la verbalisation <strong>des</strong>criptive d’un vécu passé, il est ess<strong>en</strong>tiel d’id<strong>en</strong>tifier lemom<strong>en</strong>t où l’activité est prés<strong>en</strong>tifiante, ou ce qui domine est de se rapporter à un objet qui estrappellé, objet réel imman<strong>en</strong>t (il est réel pour la personne, mais pas au mom<strong>en</strong>t où il estprés<strong>en</strong>tifié réel sur le mode <strong>des</strong> objets ou de mon corps).On a donc <strong>en</strong> premier lieu, une opposition nette <strong>en</strong>tre activité perceptive et rappel.L’activité de rappel se distingue d’une activité tournée vers l’imaginaire, dans l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> nousne sollicitons pas l’imaginaire et sa verbalisation. Alors que ces actes sont de l’ordre de laprés<strong>en</strong>tification.Maint<strong>en</strong>ant, dans l’activité de rappel il est ess<strong>en</strong>tiel de distinguer un rappel basé surl’évocation, Husserl dirait « ressouv<strong>en</strong>ir » ou « souv<strong>en</strong>ir secondaire » et un rappel basé sur lesavoir. Cette distinction est importante dans la mesure où elle recouvre sous le terme derappel deux activités très différ<strong>en</strong>tes, la première caractérisée par le fait que sonremplissem<strong>en</strong>t (les élém<strong>en</strong>ts du passé qui plus ou moins graduellem<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à laconsci<strong>en</strong>ce) est intuitif, ou <strong>en</strong>core de manière équival<strong>en</strong>te qu’il comporte <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts devécus comme les s<strong>en</strong>sations, les ress<strong>en</strong>tis, les états internes, les p<strong>en</strong>sées comme si elles étai<strong>en</strong>tpeu ou prou à nouveau vivantes, donc avec une impression de revivisc<strong>en</strong>ce. Le second type derappel ici distingué, est basé lui sur un remplissem<strong>en</strong>t plus ou moins clair et complet <strong>des</strong>déterminations du passé, donc <strong>des</strong> connaissances que nous <strong>en</strong> avons, ce mode deremplissem<strong>en</strong>t est qualifié par Husserl de « signitif » par opposition au premier qui était« intuitif ». Signitif, veut dire basé sur les signes, sur le langage, sur la distantiation au vécuque procure les concepts <strong>en</strong> lesquels les connaissances s’exprim<strong>en</strong>t.On a donc comme seconde distinction, la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre acte de rappel intuitif, ou« évocation » et acte de rappel signitif ou « souv<strong>en</strong>ir ».Cette distinction <strong>en</strong>tre ces deux actes de rappel est <strong>en</strong>core importante dans la mesure où ellesollicite <strong>des</strong> mémoires différ<strong>en</strong>tes, la première, l’évocation, qui est basée sur la mémoireconcrète ou comme on l’appelle depuis peu mémoire épisodique ou mémoire autobiographique, la seconde mémoire sémantique. Or la première est ess<strong>en</strong>tielle pour donner lapossibilité d’accéder au vécu passé, à la fois pour s’<strong>en</strong> rappeler et pour l’am<strong>en</strong>er à laconsci<strong>en</strong>ce réfléchie.Une troisième distinction est intéressante qui distingue l’acte de réflexion et l’acte deréfléchissem<strong>en</strong>t. Le premier pr<strong>en</strong>d pour objet de p<strong>en</strong>sée <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts qui sont déjàréflexivem<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>t, il est exprimé par l’expression « je suis <strong>en</strong> train de réfléchir sur ». Lesecond, bi<strong>en</strong> repéré par Piaget est l’acte même d’am<strong>en</strong>er à la consci<strong>en</strong>ce réfléchie ce qui ne l’apas <strong>en</strong>core été, il est l’acte qui conduit à la symbolisation, qui fait accéder <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts auplan de la représ<strong>en</strong>tation, et peut permettre une expression et même une verbalisation. Opérerle réfléchissem<strong>en</strong>t d’un vécu, n’est pas réfléchir sur ce vécu, le premier est un acte deprés<strong>en</strong>tification, le second un acte lié à la prés<strong>en</strong>tation de matériaux. La réflexion permetd’opérer <strong>des</strong> prises de consci<strong>en</strong>ce dépassant les matériaux de départ, le réfléchissem<strong>en</strong>t aussimais le point de départ et d’arrivée sont bi<strong>en</strong> distincts.Troisième distinction, acte de réflexion et acte de réfléchissem<strong>en</strong>t.


Pierre Vermersch Page 12 23/03/03Cep<strong>en</strong>dant cette distinction est <strong>en</strong> partie inutile parce que le rappel intuitif <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre leréfléchissem<strong>en</strong>t, ou le réfléchissem<strong>en</strong>t est basé sur la donation intuitive.Enfin, dans les actes prés<strong>en</strong>ts dont il est utile de repérer les changem<strong>en</strong>ts l’acte deverbalisation est important, <strong>en</strong> particulier dans ses différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre verbalisation <strong>des</strong>criptiveet verbalisation explicative. La prés<strong>en</strong>ce d’élém<strong>en</strong>ts préparatoires (préface), les modalisations(il faut par exemple, ou parce que), le fait que différ<strong>en</strong>ts cas de figures sont possibles (laplupart du temps je fais comme ça, mais <strong>des</strong> fois …), les justifications, l’expression derelations causales, tout ces élém<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>t la production d’un discours explicatif, qui estle symptôme d’un rappel signitif ou d’une réflexion actuelle.Quatrième distinction : verbalisation <strong>des</strong>criptive versus verbalisation explicative.Chacune de ces catégories d'acte ne signifie pas que les autres sont abs<strong>en</strong>tes, mais plutôtqu’elle est l'activité dominante telle qu’elle peut être inférée <strong>des</strong> verbalisations. Comme onpeut le vois ces actes ne sont pas exclusifs l’un de l’autre, ils peuv<strong>en</strong>t être synchrones àtravers <strong>des</strong> couches simultanées. Nous essaierons de distinguer à partir <strong>des</strong> traces et <strong>des</strong>observables quels sont les actes dominants.3/ Quelles catégories pour l'état interne 9 ?Pour catégoriser l’état interne, on peut distinguer plusieurs domaines, celui del'affectivité/émotion, celui de la t<strong>en</strong>sion/dét<strong>en</strong>te du corps, du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'énergie.Pour l'affectivité je propose de s'<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir à la notion de val<strong>en</strong>ce comme caractérisantl’ori<strong>en</strong>tation basique de l'émotion, donc un système bipolaire positif/négatif, avec un pointneutre <strong>en</strong>tre les deux, un point d'indiffér<strong>en</strong>ce. Au delà de cette polarité, cette val<strong>en</strong>ce peut sedécliner dans d'innombrables couleurs, si c'est une val<strong>en</strong>ce positive ce peut être la confiance,l’ouverture, le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, l’adhésion, etc., sur le mode négatif le refus, la méfiance, lafermeture, etc. L’intérêt de ce concept de val<strong>en</strong>ce est de permettre de saisir au sein d’undialogue, de fines variations qui ne se traduis<strong>en</strong>t pas comme <strong>des</strong> émotions clairem<strong>en</strong>tid<strong>en</strong>tifiables, mais dont le changem<strong>en</strong>t de direction a un rôle fonctionnel dans la manière dontj’écoute l’autre, dont je me prépare à occuper mon tour de parole, ou la façon dont je vaismoduler l’expression de ce que je vais exprimer. Nous avons pu constater dans un autregroupe de travail que la saisie rétrospective ou actuelle de cette variation de la val<strong>en</strong>ce est à lafois attestable et délicate à saisir pour plusieurs d’<strong>en</strong>tre nous. Dans l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> qui va suivre,nous serons beaucoup avec la val<strong>en</strong>ce positive que nous pourrions nommer le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t,et <strong>en</strong> sous-jac<strong>en</strong>t apparaîtra une val<strong>en</strong>ce négative de résistance. Il pourrait y avoir <strong>des</strong>émotions plus clairem<strong>en</strong>t détachées, et même <strong>des</strong> variations d’émotions, mais ce n'est pasappar<strong>en</strong>t dans le cas de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Claudine. Il y aurait pu y avoir <strong>en</strong>core <strong>des</strong> catégoriescorporelles de t<strong>en</strong>sion, dét<strong>en</strong>te. Mais dans ce cas, corporellem<strong>en</strong>t, elle n'a ri<strong>en</strong> manifestéd'autre qu'une dét<strong>en</strong>te paisible, alors que dans d’autres <strong>situation</strong>s de recherche, lamobilisation corporelle forte, <strong>des</strong> changem<strong>en</strong>ts de posture, de la gestualité et <strong>des</strong> mimiquesgénéreuses, ont paru <strong>des</strong> indicateurs intéressants (mais ce n’était pas dans le cadre d’un<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation, ce cadre a ceci de particulier qu’il cherche à induire l’activité derappel évocatif qui bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t se manifeste par une immobilité et une tranquillisation).Méthodologie 2/ Mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les effets <strong>des</strong> <strong>relances</strong> ?Pour mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> <strong>relances</strong>, 10 il faut établir la prés<strong>en</strong>ce d’un changem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre une première réponse et une autre réponse qui vi<strong>en</strong>t à la suite d'une relance qui s'est9J’ai finalem<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>u la proposition faite par Claude Marti d’utiliser le terme issu dulangage de la PNL d’état interne plutôt qu’émotion par exemple. Le premier me paraît plusouvert à toutes les nuances de changem<strong>en</strong>t qui ne tomb<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>t sous la catégorie« émotion », comme une impression d’ouverture, de dét<strong>en</strong>te, de lourdeur, de légèreté,d’humeur.


Pierre Vermersch Page 13 23/03/03intercalée <strong>en</strong>tre les deux. Il faut donc au moins trois élém<strong>en</strong>ts, puisque si je pr<strong>en</strong>ds seulem<strong>en</strong>tun <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t « relance/réplique suivante », je peux montrer le rapport <strong>en</strong>tre les deux, maispas le fait que l'interviewé manifeste dans sa verbalisation une modification de sa saisieatt<strong>en</strong>tionnelle, et/ ou de ses actes, et/ ou de son état interne par rapport au point où il <strong>en</strong> étaitavant la relance. Il nous faut donc trois termes de comparaisons qui se suiv<strong>en</strong>t : A, B, C.- une réponse A, qui nous sert d'état initial et qui donne le cont<strong>en</strong>u thématique de laverbalisation de l’interviewé et toutes les autres indications relatives à ses actes, son état, saposition relationnelle etc.,- B la relance qui suit A, dont il faudra apprécier si elle est <strong>en</strong> décalage avec ce que A conti<strong>en</strong>tou non, et si oui qu’est-ce qu’elle propose comme nouvelle direction.- C la réponse qui suit B, dont on va évaluer si elle est congru<strong>en</strong>te avec le cont<strong>en</strong>u de B, et <strong>en</strong>décalage ou non avec le cont<strong>en</strong>u de A.Nous voulons pouvoir comparer C à A, pour découvrir s'il y a eu un changem<strong>en</strong>t chezl'interviewé et pas seulem<strong>en</strong>t C à B qui ne donnerait que l'information sur la congru<strong>en</strong>ce de laréponse C à la proposition formulée <strong>en</strong> B, bi<strong>en</strong> sûr on peut aussi examiner le rapport de B à Apour compr<strong>en</strong>dre ce que cherche à provoquer l'intervieweur et <strong>en</strong> quoi propose-t-il quelquechose de semblable ou de différ<strong>en</strong>t à ce qui était déjà prés<strong>en</strong>t <strong>en</strong> A et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>ts’y pr<strong>en</strong>d-il pour opérer le changem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> conservant la qualité relationnelle de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> 11 :Métaphoriquem<strong>en</strong>t :Si l’on observe la suite : réplique A « bleu » à relance B « blanc » à réplique C « blanc ».On peut <strong>en</strong> inférer que l’effet « blanc » est obt<strong>en</strong>u, le changem<strong>en</strong>t de A bleu à C blanc induitpar la relance B blanc a réussi.Ce changem<strong>en</strong>t simple qui coïncide avec la succession temporelle par contiguïté, n'est qu'un<strong>des</strong> cas possibles de changem<strong>en</strong>t, même si dans ce protocole c'est le plus fréqu<strong>en</strong>t. On verraplus loin <strong>des</strong> cas où on a par exemple la résurg<strong>en</strong>ce de E bleu, même si B a produit unchangem<strong>en</strong>t de thème, le temps de la réplique C. Il y a donc certes la recherche délibérée deproposition d'influ<strong>en</strong>ce de la part de l'intervieweur par ses <strong>relances</strong>, mais il y a aussi ladynamique propre de l'interviewée qui par exemple revi<strong>en</strong>t de lui-même à un thème qu'il a<strong>en</strong>tamé et pas terminé. Et surtout, les effets d'interactions peuv<strong>en</strong>t dépasser les effets decontiguïté temporelle, probablem<strong>en</strong>t surreprés<strong>en</strong>tés dans ce court <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> qui nous sert <strong>des</strong>upport ici.Nous allons prés<strong>en</strong>ter deux analyses successives 12 <strong>en</strong>trelacées : la première purem<strong>en</strong>tinfér<strong>en</strong>tielle à partir de la transcription de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de base, et la seconde qui a vocation à10 Par conv<strong>en</strong>tion une relance est toujours le fait de l’intervieweur, le terme relance peutrecouvrir aussi bi<strong>en</strong> une question, qu’un sourire, une reformulation, un mmm …, serontnommées répliques ou réponses ce que l’interviewé exprime verbalem<strong>en</strong>t ou non.11 On pourrait aussi inverser les propositions d’analyse et regarder comm<strong>en</strong>t l’interviewéeinflu<strong>en</strong>ce l’intervieweur et le conduit involontairem<strong>en</strong>t ou non vers <strong>des</strong> choix de relance.12 J’ai longuem<strong>en</strong>t hésité et oscillé dans la manière de prés<strong>en</strong>ter ces deux analyses. Fallait-ildétacher la première de manière à la r<strong>en</strong>dre facilem<strong>en</strong>t lisible, <strong>en</strong> faisant semblant de ne pasconnaître les données relatives à la seconde. Cela aurait gagné <strong>en</strong> clarté, mais était de plus<strong>en</strong> plus biaisée. Ou bi<strong>en</strong>, ce que je vous propose ici, qui consiste à juxtaposer les deuxanalyses. La première <strong>en</strong> la découpant par tour de parole, comme je l’explique ci <strong>des</strong>sous, laseconde suivant plutôt les tournants de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> correspondant au découpage <strong>en</strong> séqu<strong>en</strong>cesproposé plus haut. Le grain de découpage est un peu plus large parce que notrequestionnem<strong>en</strong>t n’a pas suivi chaque temps de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec la même finesse. La difficultéde cette seconde façon de procéder est de r<strong>en</strong>dre la prés<strong>en</strong>tation <strong>des</strong> données et leurexploitation un peu labyrinthique.


Pierre Vermersch Page 14 23/03/03réfuter, à moduler, à éclairer la première à partir de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d’explicitation sur le vécud’avoir été interviewée à tous les <strong>en</strong>droits où le rapprochem<strong>en</strong>t précis sera possible(ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t parce qu'il a fait l'objet d'un questionnem<strong>en</strong>t détaillé, ce qui n'est pas le casde tous les mom<strong>en</strong>ts de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>). On va donc jouer sur deux découpages de grainsdiffér<strong>en</strong>ts : le premier plus large portera sur les séqu<strong>en</strong>ces telles que nous les avons découpéesprécédemm<strong>en</strong>t, le second plus détaillé suivra les tours de paroles avec le découpage <strong>en</strong>exemples structurés par le triplet A, B, C. Dans un premier temps, pour chacun <strong>des</strong> exemples,après B (la nouvelle relance de l’intervieweur, et C la réponse de l’interviewée) nousinférerons à partir <strong>des</strong> matériaux verbaux et non verbaux, 1/ le cont<strong>en</strong>u att<strong>en</strong>tionnel, 2/ lesactes mobilisés, 3/ l’état interne, puis nous formulerons un comm<strong>en</strong>taire sur les changem<strong>en</strong>tsobservés relativem<strong>en</strong>t à l’effet de la relance B. Dans un second temps, suivant <strong>en</strong> général ledécoupage <strong>en</strong> séqu<strong>en</strong>ce 13 , nous mobiliserons les matériaux de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> E3, c'est-à-dire la<strong>des</strong>cription par l’interviewée de son vécu d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et <strong>en</strong> particulier de que lui ont fait selonelle les <strong>relances</strong>, aboutissant à un second comm<strong>en</strong>taire sur la valeur, l’intérêt de ce quepeuv<strong>en</strong>t apporter ces informations par comparaison avec les premières et <strong>en</strong> elles-mêmes.Enfin, nous essaierons à la fin de chaque séqu<strong>en</strong>ce de produire un comm<strong>en</strong>taire synthétique àpartir de l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> données. Restera à produire <strong>des</strong> conclusions, une fois épuisée lesexemples et séqu<strong>en</strong>ces.Analyse <strong>des</strong> donnéesSchématiquem<strong>en</strong>t, on va retrouver le même plan appliqué aux sept séqu<strong>en</strong>ces, cont<strong>en</strong>ant àchaque fois un ou plusieurs exemples, <strong>des</strong> quatorze exemples ou triplets A, B, C que nousavons distingué :Séqu<strong>en</strong>ce n1/ Analyse infér<strong>en</strong>tielle à partir <strong>des</strong> observables et <strong>des</strong> tracesExemple 1,Réponse ARelance B et son explicitation int<strong>en</strong>tionnelleRéponse C et son analyse suivant la dim<strong>en</strong>sion att<strong>en</strong>tionnelle, les actes, l’état interne.Comm<strong>en</strong>taire sur les relations A, B, C dans l’exemple 1Exemple 2Réponse A (C du précéd<strong>en</strong>t exemple)Relance B et son explicitation int<strong>en</strong>tionnelleRéponse C et son analyseComm<strong>en</strong>taire sur les relations A, B, C dans l’exemple 2Exemple 3 …2/ Matériaux complém<strong>en</strong>taires issus de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> sur le vécu de l’interviewéePrés<strong>en</strong>tation <strong>des</strong> matériaux et comm<strong>en</strong>taires3/ Comm<strong>en</strong>taire d’<strong>en</strong>semble de la séqu<strong>en</strong>ce n, mise <strong>en</strong> relations de l’analyseinfér<strong>en</strong>tielle et de l’analyse <strong>des</strong> matériaux introspectifs.Séqu<strong>en</strong>ce 1, Initialisation de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.(trois exemples)1/ Analyse infér<strong>en</strong>tielle <strong>des</strong> trois exemples.Exemple 1 Initialisation de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> : OK Claudine, tu es prête pour qu’on fasse un boutd’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ?A 0 Il n'y a ri<strong>en</strong> de direct à indiquer comme verbalisation, puisque nous sommes dans l'antedébut de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Nous avons pris la décision de faire un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, mais il n'est pas <strong>en</strong>core13 C’est un peu plus compliqué, dans la mesure où le questionnem<strong>en</strong>t d’explicitation E3 s’estfocalisé spontaném<strong>en</strong>t sur les <strong>relances</strong> décisives du point de vue <strong>des</strong> propositions dechangem<strong>en</strong>t d’ori<strong>en</strong>tation, or


Pierre Vermersch Page 15 23/03/03comm<strong>en</strong>cé <strong>en</strong> tant que tel, alors que la <strong>situation</strong> s'est déjà bi<strong>en</strong> construite pour délimiter ce quiva se passer. Mais à mon observation du non verbal, l'att<strong>en</strong>tion de Claudine est ori<strong>en</strong>tée verstoutes ses affaires disposées sur la table autour d'elle. Ce que je décris ci-<strong>des</strong>sous est doncl’exploitation par infér<strong>en</strong>ce du non-verbal observé.Cont<strong>en</strong>u thématique : double ori<strong>en</strong>tation, le thème principal semble celui de l’organisation <strong>des</strong>es affaires, secondairem<strong>en</strong>t vers le fait de se prêter à un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, la visée est mobile passantd’un objet à l’autre, la focalisation semble moy<strong>en</strong>ne (par objet, par place et peut-être parfonction) mais mobile.Actes : Claudine est dans une activité perceptive/ réflexive investie dans l'organisation <strong>des</strong> sesaffaires.Etat interne : Claudine n'a pas <strong>en</strong>core cons<strong>en</strong>ti à la relation d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, dans le fait de setourner effectivem<strong>en</strong>t vers l'intervieweur. Il y a un cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t joyeux, amical, de principequi n'est pas <strong>en</strong>core incarné. Donc il semble que l’on ait une val<strong>en</strong>ce positive globale, mais<strong>en</strong>core neutre quant à la relation d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.B 1.P : OK Claudine, tu es prête pour qu’on fasse un bout d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ?Int<strong>en</strong>tion 14 : J'ai déjà eu l'expéri<strong>en</strong>ce d'<strong>en</strong>tamer un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> dans un cadre comparable, c'est-àdireoù cela faisait suite à une <strong>situation</strong> déjà installée sur une base relationnelle différ<strong>en</strong>te. Lesdifficultés à opérer cette transition m’avai<strong>en</strong>t alerté sur la nécessité de vraim<strong>en</strong>t vérifier que lechangem<strong>en</strong>t de direction d'att<strong>en</strong>tion, le changem<strong>en</strong>t d’activité, la modification relationnellequi <strong>en</strong> découle, sont effectivem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> place. Alors que Claudine ne me regarde pas, je luiadresse une demande de principe pour marquer le début, <strong>en</strong> demandant si l'état interne estprés<strong>en</strong>t (tu es prête ?), <strong>en</strong> formulant la tâche que nous allons accomplir. La question peut peutêtredéclancher un arrêt <strong>des</strong> activités <strong>en</strong> cours et amorcer un changem<strong>en</strong>t d'ori<strong>en</strong>tation.C 2. C : oui, (j’indique le non verbal qui me sert de repère <strong>en</strong> tant qu’intervieweur ), le corpsde Claudine est <strong>en</strong>core tourné vers la table, son visage aussi, et ses gestes esquiss<strong>en</strong>t <strong>des</strong>mouvem<strong>en</strong>ts vers et autour ses affaires de bureau,Cont<strong>en</strong>u : Le cont<strong>en</strong>u thématique n'est pas <strong>en</strong>core la <strong>situation</strong> d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, mais toujours sonmatériel.Acte : perception visuelle dominante, action sur ses affaires.Etat interne : la disposition relationnelle ne s'est pas <strong>en</strong>core modifiée, le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t reste<strong>en</strong>core vide d'un investissem<strong>en</strong>t intersubjectif réel, le climat semble rester amical d'après lesmimiques.Comm<strong>en</strong>taire d'<strong>en</strong>semble : la création du changem<strong>en</strong>t nécessaire à la mise <strong>en</strong> œuvre de la<strong>situation</strong> d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> n'est pas <strong>en</strong>core mise <strong>en</strong> place, la relance B 1 n'a pas <strong>en</strong>core produit unchangem<strong>en</strong>t manifeste d'ori<strong>en</strong>tation de l'att<strong>en</strong>tion, ni <strong>des</strong> actes, ni de l'état interne. On peutp<strong>en</strong>ser que cette relance a créé <strong>des</strong> effets partiels non observables (il ne s’est pas ri<strong>en</strong> passé)qui amorc<strong>en</strong>t les conditions recherchées.Exemple 2. Poursuite de l'installation <strong>des</strong> conditions d'initialisation : tout va bi<strong>en</strong> ?A 2 C : ouiCf. au-<strong>des</strong>sus, je repr<strong>en</strong>drais systématiquem<strong>en</strong>t la dernière réponse comme état initial dechaque nouvel exemple.B 3 P : tout est sur la table, bi<strong>en</strong> disposé, tout va bi<strong>en</strong> ?Int<strong>en</strong>tion : je m'accorde sur son activité <strong>en</strong> nommant ce vers quoi elle est occupée, et jecherche à la tourner vers une évaluation de son état pour qu'elle vérifie que tout va bi<strong>en</strong>, mais14 On notera que les int<strong>en</strong>tions sont écrites à la première personne, dans la mesure où lerédacteur principal du prés<strong>en</strong>t texte et l’intervieweur sont la même personne. Le rédacteur estdonc <strong>en</strong> avance sur la seconde partie de l’analyse dans la mesure où il docum<strong>en</strong>te sesint<strong>en</strong>tions par référ<strong>en</strong>ce introspective, alors que ces mêmes informations ne seront disponiblesque plus tard pour l’interviewée.


Pierre Vermersch Page 16 23/03/03aussi pour la décoller de l'absorption dans cet état. Le présupposé est que de nommer son vécuva l'aider à se distancier de ce vécu <strong>en</strong> lui proposant non plus de le vivre, mais de le pr<strong>en</strong>drepour objet d'att<strong>en</strong>tion, ce qui neutralisera son absorption. En même temps, il est clair que je neti<strong>en</strong>s pas pour acquit qu'elle soit prête à travailler <strong>en</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> malgré son accord verbal. Dansle tour d'échange suivant, je procéderai de même pour le magnétophone, avec plus de succèsd'ailleurs.C 4 C : d’accordComm<strong>en</strong>taire : Je ne repr<strong>en</strong>ds pas le détail de l’analyse ici parce que le non verbal me donne<strong>en</strong>core les mêmes signaux que ce que nous avons détaillé à la fin de l'exemple 1. Laconclusion est qu'il faut répéter, procéder jusqu'à obt<strong>en</strong>tion d'une disponibilité del'interviewée.B 5 P : t’as plus de souci du côté du magnétophoneC 6 C : non non ça vaExemple 3 Achèvem<strong>en</strong>t de la séqu<strong>en</strong>ce d'initialisation de l'activité d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> : OK on y va ?A 6 C : non non ça vaCont<strong>en</strong>u att<strong>en</strong>tionnel : On a clairem<strong>en</strong>t un changem<strong>en</strong>t de direction d'att<strong>en</strong>tion après un lâcherprise <strong>des</strong> objets et <strong>des</strong> préoccupations précéd<strong>en</strong>tes. Claudine s'est tourné corporellem<strong>en</strong>t versmoi, elle s'est dés<strong>en</strong>gagée de ses affaires disposées sur la table, elle est disponible à écouter ceque je vais lui proposer, il y a un contact avec son regard et sa posture est dev<strong>en</strong>ue pluspassive, bras posé sur le torse <strong>en</strong> att<strong>en</strong>te. 15Acte : Claudine est passée d'une perception / réflexion active sur <strong>des</strong> objets à une att<strong>en</strong>te, uneécoute ouverte, la perception visuelle lui sert maint<strong>en</strong>ant pour apprécier l'adressage et lerelationnel, la perception auditive tout à l'heure marginale pr<strong>en</strong>ds une place prépondérante,l'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t réflexif sur les objets prés<strong>en</strong>ts est mis <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>s, et autre chose pr<strong>en</strong>d sa place,dont il faudra se docum<strong>en</strong>ter auprès de l'intéressée puisque précisém<strong>en</strong>t il ne se traduit àl'observation que de manière privative.Etat interne : le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à la relation et à la nouvelle activité est-là, donc toujours dansune val<strong>en</strong>ce positive, le non verbal marque ce cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t par la réori<strong>en</strong>tation du corps, duregard, l'immobilisation <strong>des</strong> bras, l'att<strong>en</strong>te.B 7 P : OK on y vaInt<strong>en</strong>tion : marquer un comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de façon nette, et vérifier une dernière fois qu'elle estvraim<strong>en</strong>t disponible à la nouvelle activité, r<strong>en</strong>forcer l'ori<strong>en</strong>tation relationnelle par uneformulation simple qui n'att<strong>en</strong>d que l'adhésion <strong>en</strong> retour, mais cela reste l'occasion de repérerla congru<strong>en</strong>ce du non verbal.C 8 C : ouiCont<strong>en</strong>u : Claudine est maint<strong>en</strong>ant tournée vers moi <strong>en</strong> att<strong>en</strong>te, son objet d'att<strong>en</strong>tion est defaçon ouverte l'att<strong>en</strong>te de la consigne et de l'accompagnem<strong>en</strong>t.Acte : att<strong>en</strong>te auditive et visuelle vers ce que je vais exprimer.Etat interne : cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t positif.Comm<strong>en</strong>taire général sur la séqu<strong>en</strong>ce de 0, à 8 :En terme de changem<strong>en</strong>t, depuis le point de départ d'un accord de principe jusqu’à la pleineatt<strong>en</strong>tion on a donc une progression graduelle. Le verbal r<strong>en</strong>d peu compte de ce qui se passe,sinon le passage à la négation et l'expression de l'accord <strong>en</strong> 6 (non, non, ça va). Latranscription sans les didascalies que j'y introduis pourrait même être mal interprétée :« Pourquoi insiste–t-il comme ça ?» Mais le changem<strong>en</strong>t d'ori<strong>en</strong>tation de l'att<strong>en</strong>tion etsurtout son dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t préalable de l'absorption dans d'autres thèmes prégnants a15 Comme on peut <strong>en</strong>core le constater ici, j’ai besoin de rajouter <strong>des</strong> indications sur le nonverbalpour argum<strong>en</strong>ter sur le changem<strong>en</strong>t de direction de l’att<strong>en</strong>tion, puisque la réponseverbale sibylline est trop courte pour avoir une valeur indicative univoque.


Pierre Vermersch Page 17 23/03/03nécessité plusieurs étapes. Le changem<strong>en</strong>t d'actes est peu marqué, puisqu’il reste unedominante d'activité perceptive mais changeant de visée, ils ne s'organis<strong>en</strong>t pas tout à fait dela même manière <strong>en</strong> particulier dans les rapports d'importance relative <strong>en</strong>tre perceptionauditive d'abord secondaire, puis principale et perception visuelle. Ces deux aspects étantrelativem<strong>en</strong>t inférables à partir <strong>des</strong> modifications corporelles, gestuelles, visuelles. Lechangem<strong>en</strong>t d'état est plutôt un changem<strong>en</strong>t de forme du cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, qui passe d'uneadhésion de principe à une adhésion incarnée et effectivem<strong>en</strong>t polarisée par la relation àl'intervieweur et non plus à l'<strong>en</strong>semble du groupe, le tout dans un climat relationnel positif,souriant. Dans cette séqu<strong>en</strong>ce la cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les réponses de l'interviewée et les int<strong>en</strong>tionsmanifestées par les <strong>relances</strong> semble bonne ; l'adéquation <strong>en</strong>tre les formules utilisées dans les<strong>relances</strong> et les réponses qui y sont faites semble aussi congru<strong>en</strong>te, mais l'on voit clairem<strong>en</strong>tque l'effet <strong>des</strong> <strong>relances</strong> n'est pas mécanique, il va dans une direction et produit <strong>des</strong> effetsgraduels à la mesure de la mobilisation à laquelle cons<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>t l'interviewée.2/ Analyse complém<strong>en</strong>taire à partir <strong>des</strong> matériaux <strong>en</strong> première personne.Matériaux de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>On passe l'<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t 16 de la séqu<strong>en</strong>ce 1, et Claudine le comm<strong>en</strong>te directem<strong>en</strong>t :176. C Pour moi, ça a fait effet effectivem<strong>en</strong>t euh quand tu as dit tout ça là ça a fait effetparce que j'ai bi<strong>en</strong> consci<strong>en</strong>ce de ça et donc j'ai redonné un coup d'œil au magnéto pour voir si çatournait et je me suis bi<strong>en</strong> tournée vers toi xxx ça a eu un effet là178. C d'autant plus que la veille avec Nadine justem<strong>en</strong>t j'ai pris le temps179. N tu as pas pris le temps avec moi et j'ai pas pris le temps avec Pierre non plus184. P et juste avant quand je t'ai demandé si tu étais d'accord185. C ah oui je je je c'est net que je me suis tournée j'ai regardé si tu te retournais là et puisje me suis j'ai ram<strong>en</strong>é une jambe sur l'autre euh j'ai même l'impression que j'ai posé une main là <strong>en</strong>finj'ai fait quelque chose qui qui marquait une coupure et je me suis bi<strong>en</strong> arrêtée après et là je t'airegardé j'ai vu que tu me regardais186. P tu as vérifié que/187. C pour moi j'ai essayé de de oui de me couper d'eux et juste avant que tu dises cettephrase-là et là j'étais dans l'écoute de ce que tu allais dire188. P mm mm189. C là j'avais les yeux ouverts làComm<strong>en</strong>tairesIl faut noter d'abord une difficulté que l'on va retrouver dans les exemples suivants, celle de laconfusion sémantique dans ce qui est désigné par les intervieweurs comme étant "le début","le tout début", "l'initialisation". Claudine a t<strong>en</strong>dance à compr<strong>en</strong>dre cette visée temporellecomme portant sur le début de l'induction de la tâche (je te propose..), ou même un peu plustard dans l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> le début de l'accès évocatif après qu'elle ait fait le choix de la <strong>situation</strong>passée de référ<strong>en</strong>ce. En conséqu<strong>en</strong>ce, il est difficile de faire verbaliser ou plutôt de tournerl'att<strong>en</strong>tion de Claudine vers le début, <strong>en</strong> tant que séqu<strong>en</strong>ce 1 ou même juste avant, c'est à direce qui nous intéresse comme relevant <strong>des</strong> tous premiers effets de la séqu<strong>en</strong>ce de mise <strong>en</strong> placede la relation et de la tâche d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.Par rapport aux annotations <strong>des</strong> trois exemples qui constitu<strong>en</strong>t la séqu<strong>en</strong>ce 1 et qui repos<strong>en</strong>tess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur la prise <strong>en</strong> compte du non verbal, beaucoup de choses sont corroboréespar le discours de Claudine et <strong>des</strong> détails sont rajoutés. Par exemple elle peut restituerl'évolution du mom<strong>en</strong>t où elle ne me regarde pas <strong>en</strong>core, puis où elle me regarde, voit que jela regarde, ferme les yeux pour approfondir le rappel évocatif. Sur le contexte de cettepréparation à l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> Claudine apporte <strong>en</strong>core une indication sur le fait que cette mise <strong>en</strong>16 Ici j'élimine les matériaux obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> E2, dans la t<strong>en</strong>tative d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> m<strong>en</strong>ée par Claude,ceci dans la mesure où les matériaux sont pauvres et redondant avec ce que nous obt<strong>en</strong>ons icià partir de l'auto confrontation avec la cassette son. Cep<strong>en</strong>dant ces matériaux éliminés rest<strong>en</strong>ttrès intéressants du point de vue de la technique d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, <strong>en</strong> particulier sur l'aspect duguidage de la visée att<strong>en</strong>tionnelle vers un point temporel spécifique.


Pierre Vermersch Page 18 23/03/03place la r<strong>en</strong>voie à une <strong>situation</strong> antérieure où la question de la mise <strong>en</strong> place du changem<strong>en</strong>tde relation s'est posée avec Nadine, et de Nadine vers moi. Nous appr<strong>en</strong>ons aussi que les<strong>relances</strong>, font bi<strong>en</strong> l'effet att<strong>en</strong>du " quand tu as dit tout ça là ça a fait effet parce que j'aibi<strong>en</strong> consci<strong>en</strong>ce de ça et donc j'ai redonné un coup d'œil au magnéto pour voir si çatournait et je me suis bi<strong>en</strong> tournée vers toi xxx ça a eu un effet là", même si nous nepouvons pas r<strong>en</strong>trer dans le détail pas à pas de l'effet de chaque relance, puisque Claudine s'yréfère sur le mode <strong>en</strong>globant du "tout ça" c'est à dire, ce que nous v<strong>en</strong>ons d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre reproduitavec la cassette son (les <strong>relances</strong> de la séqu<strong>en</strong>ce 1, plus la première de la séqu<strong>en</strong>ce 2 : " je tepropose …". Elle décrit le passage vers la tâche, comme étant net, organisé autour <strong>des</strong>changem<strong>en</strong>ts de direction de regards et vérification de l'adressage <strong>en</strong> retour, marqué par leschangem<strong>en</strong>ts de posture "je me suis tourné", puis "j'ai ram<strong>en</strong>é une jambe sur l'autre","j'ai posé une main là", " j'ai fait quelque chose qui marquait une coupure" etc. … cf.185. On a bi<strong>en</strong> tous les élém<strong>en</strong>ts du changem<strong>en</strong>t de thème att<strong>en</strong>tionnel comme changem<strong>en</strong>t dedirection, se tourner vers moi, se couper <strong>des</strong> autres, vérifier que je suis tournée vers elle, et semettre à l'écoute. On peut aussi reconstituer dans ce qu'elle dit les actes successifs qu'ellepose, <strong>en</strong> particulier dans les prédominances successives de l'activité visuelle/réflexive (elleinterroge le monde autour d'elle, ses objets, ma prés<strong>en</strong>ce, se détourne de la prés<strong>en</strong>ce <strong>des</strong>autres), vers une dominante activité d'écoute/att<strong>en</strong>te. L'état interne est peu questionné et peurepris spontaném<strong>en</strong>t, il sera mieux docum<strong>en</strong>té dans sa <strong>des</strong>cription de l'accès évocatif et dumainti<strong>en</strong> de cet acte de rappel. Le comm<strong>en</strong>taire sur les élém<strong>en</strong>ts contextuels de <strong>situation</strong>scomparables réc<strong>en</strong>tes semble permettre d'inférer qu'il y a une val<strong>en</strong>ce positive d'accord à cequi est sollicité par les <strong>relances</strong> successives, et un cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à le suivre, ce qui n'a ri<strong>en</strong>d'étonnant dans le contexte de l'exercice.De cette première séqu<strong>en</strong>ce se dégage une confirmation détaillée de ce que l'on avait inféré<strong>des</strong> traces, ce qui n'est pas ri<strong>en</strong>, mais reste peu de chose <strong>en</strong> valeur informative ajoutée.Cep<strong>en</strong>dant, on a quelques indications supplém<strong>en</strong>taires sur les modifications posturales,gestuelles, de regards qui indiqu<strong>en</strong>t indirectem<strong>en</strong>t une consci<strong>en</strong>ce assez précise de ce qui sepasse pour elle dans cette <strong>situation</strong> de transition, on a bi<strong>en</strong> affaire à une interviewée experte(un « A expert » dans notre jargon, développé à cette occasion).Séqu<strong>en</strong>ce 2 Ori<strong>en</strong>tation vers un vécu passé et son évocation. (trois exemples)1/ Analyse infér<strong>en</strong>tielleExemple 4 Proposition de choisir : voir si y’a : une <strong>situation</strong> particulière que tu aimerais :évoquer ?A 8 C : ouiCf. le comm<strong>en</strong>taire de C8 :B 9 P : d’accord, ce que je te propose, tout d’abord, c’est de : voir si y’a : une <strong>situation</strong>particulière que tu aimerais : évoquerInt<strong>en</strong>tion : confirmer l'accord, donner une consigne indicative (je te propose) de la tâcheinitiale à effectuer que je nomme comme l'acte d'évoquer, une direction d’att<strong>en</strong>tion <strong>en</strong>structure qui est "une <strong>situation</strong> particulière", un critère de choix : "que tu aimerais". Le toutavec deux maladresses de formulation : la première par l'utilisation du prédicat s<strong>en</strong>soriel"voir", qui limite les possibles évocatifs auxquels elle pourrait accéder, par exemple sur lemode du s<strong>en</strong>tir, de l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ou autre ; le second sur le critère "aimerait" qui induit un choixfondé sur l'implication personnelle, peut être trop, comme on le verra dans la seconde analyse.Je cherche donc délibérém<strong>en</strong>t à susciter :/ De nouveaux actes : celui de viser à vide 17 une <strong>situation</strong> passée, d’un choix et donc d’uneévaluation de l’adéquation de cette <strong>situation</strong>, et <strong>en</strong>fin du rappel évocatif de cette <strong>situation</strong>.17 Il y a visée puisque le sujet se tourne vers un but qu’il recherche par ses propriétés, maisc’est à vide dans la mesure où dans un premier temps ri<strong>en</strong> ne vi<strong>en</strong>t forcém<strong>en</strong>t remplir cette


Pierre Vermersch Page 19 23/03/03/ Un nouveau cont<strong>en</strong>u att<strong>en</strong>tionnel : viser une <strong>situation</strong> passée autobiographique, donc unedirection d'att<strong>en</strong>tion vers le passé autobiographique;/ La continuation de l’état interne : le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t positif, celui de cons<strong>en</strong>tir à une consignelui donnant un travail cognitif à effectuer, travail ouvert et non déterminé par avance doncrelativem<strong>en</strong>t difficile.C 10 C : comme ça non, il faut que je cherche, je vais laisser v<strong>en</strong>ir, une <strong>situation</strong>particulière,Cont<strong>en</strong>u : l'ori<strong>en</strong>tation de l'att<strong>en</strong>tion est dirigée vers ce qui peut adv<strong>en</strong>ir, visée à vide, c'est àdire sans qu'il y ait <strong>en</strong>core un remplissem<strong>en</strong>t, mais la direction de la visée est maint<strong>en</strong>ue.Acte : recherche <strong>en</strong> accueil d'un remplissem<strong>en</strong>t, réduction pro active.Etat interne : cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à remplir la consigne de son activité.Comm<strong>en</strong>taire : la relance produit un effet d'amorce, qui ne donne pas de résultat immédiat <strong>en</strong>terme de <strong>situation</strong> particulière, mais tous les ingrédi<strong>en</strong>ts recherchés sont prés<strong>en</strong>ts : viséeaccueillante du passé, cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t. Ces changem<strong>en</strong>ts, importants, que la relance cherche àsusciter sont <strong>en</strong> cours de réalisation sur leur mode propre, <strong>en</strong> particulier dans leur temporalitéde réalisation propre puisque l'on sait que le remplissem<strong>en</strong>t ne s'opère pas de façon mécaniqueinstantanée.Exemple 5 Etape d’accès à une évocation spécifiéeA 10. C comme ça non il faut que je cherche, je vais laisser v<strong>en</strong>ir, une <strong>situation</strong> particulièreCf. analyse de C 10B 11. P OkInt<strong>en</strong>tion : un processus est à l'œuvre dans le s<strong>en</strong>s souhaité, je n'ai pas le pouvoir direct de lefaire aller à son terme, je n’ai que le pouvoir de le susciter et de l’accompagner de manièreempathique, aussi c’est ce que je cherche à faire avec ma relance qui accompagne simplem<strong>en</strong>tce que dit l'autre. Ce qui n’est pas ri<strong>en</strong>. Comme toutes ces formes de <strong>relances</strong> verbalessimples, ou onomatopées mmm …, ou mimiques ou même sil<strong>en</strong>ce, ce que fait activem<strong>en</strong>tl'intervieweur est d'<strong>en</strong>courager l'autre à faire ce qu'il est <strong>en</strong> train de faire et à continuer. C'estdonc une relance forte comme signal d'accord à ce que fait l'autre, le changem<strong>en</strong>t visé est icile non-changem<strong>en</strong>t, la poursuite de ce qui se passe déjà, la continuité.C 12. C mm ça peut être hier soir tout simplem<strong>en</strong>t quand je suis r<strong>en</strong>trée dansl’Allier 18 .Cont<strong>en</strong>u att<strong>en</strong>tionnel : le thème est celui d’un vécu passé visé ou peut-être pour le mom<strong>en</strong>t ladétermination de ce mom<strong>en</strong>t, donc l'att<strong>en</strong>tion tournée plus vers le choix que vers le cont<strong>en</strong>udu vécu ou la <strong>situation</strong>.Acte : choix d’une <strong>situation</strong> passée avec probablem<strong>en</strong>t toutes les facettes du choix, évaluation,décision, appréciation, l'activité de visée à vide s'achève par un acte de rappel évocatif dont leremplissem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong>core très partiel, verbalisation exprimant le choix.Etat interne : difficile de dire autre chose que le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t est toujours là et se manifestepar une production qui répond à la consigne (mais on saura plus tard qu'il y a eu débat affectifà cet <strong>en</strong>droit et que l'état interne est plus complexe qu'il n'y paraît).Comm<strong>en</strong>taire : En fait, il aurait été légitime de regrouper dans cet exemple ce qui s'est passédepuis A8 à C 12, dans la mesure où la relance d'acquiescem<strong>en</strong>t et d'<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> B11,ne fait que suivre un processus graduel <strong>en</strong> train de se faire. Par la suite nous intégrerons ceg<strong>en</strong>re de relance minimale dans un même exemple. En terme de changem<strong>en</strong>ts visés etint<strong>en</strong>tion, pourtant <strong>en</strong> restant dans cette int<strong>en</strong>tion de visée quelque chose va apparaître, va sedonner, va produire un remplissem<strong>en</strong>t, c’est la base même de la réduction pro active[Vermersch, 2000 #2770].18 Pour les ignorants et étrangers à la région, l’Allier est une rivière.


Pierre Vermersch Page 20 23/03/03obt<strong>en</strong>us, le passage de la consigne B9 à la réponse C12 semble particulièrem<strong>en</strong>t efficace, lavisée d'un vécu passé singulier est obt<strong>en</strong>ue, le changem<strong>en</strong>t de direction d'att<strong>en</strong>tion est doncclair. Le changem<strong>en</strong>t d'acte est égalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t de façon nette, mais il n'a pas <strong>en</strong>core aboutiau résultat final recherché : l'acte d'évocation, les actes qui sont apparus sont ceux de viser lepassé à vide, d'évaluer, de choisir, de décider, ils sont préliminaires à l'évocation de ce qui aété choisit. Du point de vue de l'évolution de l'état interne, ri<strong>en</strong> n'était recherché explicitem<strong>en</strong>tsinon le mainti<strong>en</strong> du cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t relationnel qui est toujours apparemm<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t.Exemple 6 Le choix de la <strong>situation</strong> passée est corroboré par simple reformulation.A 12. C mm ça peut être hier soir tout simplem<strong>en</strong>t quand je suis r<strong>en</strong>trée dans l’AllierCf. comm<strong>en</strong>taire <strong>en</strong> C12B 13. P mm donc là tu : choisis: d’évoquer : hier soirInt<strong>en</strong>tion : je continue à installer la <strong>situation</strong> d’accès évocatif <strong>en</strong> procédant l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, parétape, à la reformulation de ce qu’a dit Claudine avec la volonté de ne pas <strong>en</strong>trer tout de suitedans un questionnem<strong>en</strong>t, mais bi<strong>en</strong> d’insister sur le choix, l’évoquer, le cont<strong>en</strong>u : hier soir, ceque je vais poursuivre après l’acquiescem<strong>en</strong>t.C 14. C ouiCont<strong>en</strong>u : le non verbal montre que Claudine a figé ses yeux et qu’elle parle doucem<strong>en</strong>t, toutsemble indiquer qu’elle est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> relation avec la <strong>situation</strong> passée, qu’elle est dev<strong>en</strong>ue savisée att<strong>en</strong>tionnelle.Acte : toujours d’après le non verbal, il semble que l’activité d’évocation soit <strong>en</strong> place, outoute activité qui serait compatible avec une dominante d’absorption intérieure (ce qui exclutbeaucoup de choses).Etat interne : le verbal acquiesce, et le non verbal va dans le même s<strong>en</strong>s, le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t estlà.B 15. P au mom<strong>en</strong>t où tu r<strong>en</strong>tres dans l’AllierC 16. C au mom<strong>en</strong>t où je r<strong>en</strong>tre dans l’AllierComm<strong>en</strong>taires d’<strong>en</strong>semble sur les trois exemplesJe ne repr<strong>en</strong>ds pas l’analyse de 14, 15, 16 qui va dans le même s<strong>en</strong>s que celui relatif à 12,13,14 dans sa fonction d’accompagnem<strong>en</strong>t par reformulation <strong>en</strong> écho. Pour le mom<strong>en</strong>t ce qui estnotable, c’est ce qui ne change pas, il y a bi<strong>en</strong> poursuite et peut-être approfondissem<strong>en</strong>t de cequi est recherché par l’intervieweur et co-construit avec l’interviewée <strong>en</strong> terme de viséeatt<strong>en</strong>tionnelle : une <strong>situation</strong> passée singulière ; <strong>en</strong> terme d’acte : le rappel évocatif ; <strong>en</strong> termed’état interne : un cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à la réalisation de la tâche commune. Reste à savoir si auniveau inobservable, privé, non public, ces trois objectifs sont bi<strong>en</strong> remplis comme il semblequ’ils le soi<strong>en</strong>t.2/ Analyse complém<strong>en</strong>taire de la séqu<strong>en</strong>ce 2 à partir de l’explicitation <strong>des</strong> effets <strong>des</strong><strong>relances</strong>.On a dans cet exemple, comme dans quelques autres, deux couches de matériauxcomplém<strong>en</strong>taires: la première est celle <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s fait avec Claudine dans le temps qui asuivi l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de départ, avec év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t plusieurs intervieweurs, le tout répartit surtrois jours ; la seconde relève du discours personnel de Claudine dans la position de décrire etd'analyser son propre vécu, là <strong>en</strong>core il y a plusieurs strates : une qui s'inscrit dans lesdiscussions du petit groupe autour de la table et où Claudine joue son rôle de co-chercheur,une autre lors de la transcription d'une cassette de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, qui la conduit à produire <strong>des</strong>comm<strong>en</strong>taires de prise de consci<strong>en</strong>ce du s<strong>en</strong>s de ce qui s'est passé pour elle, <strong>en</strong>fin unedernière lors de l'élaboration de l'analyse de la séqu<strong>en</strong>ce 3 qu'elle avait <strong>en</strong> charge et quil'oblige à travailler les matériaux transcrits de la première cassette, ce qui la conduit à <strong>des</strong>comm<strong>en</strong>taires complém<strong>en</strong>taires et <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts <strong>des</strong>criptifs inédits.Matériaux bruts


Pierre Vermersch Page 21 23/03/03/142. C je suis <strong>en</strong> train seulem<strong>en</strong>t de r<strong>en</strong>trer dans la/ vraim<strong>en</strong>t dans le mom<strong>en</strong>t où j'étais <strong>en</strong>train d'évoquer avec Pierre143. CL dans ce mom<strong>en</strong>t tu <strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds quelque chose mais tu es <strong>en</strong> train de regarder Pierre outu le regar<strong>des</strong> pas144. C non je le regarde pas parce que je ferme les yeux145. CL tu fermes les yeux donc tu n'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds que sa voix146. C oui/149. CL est-ce que tu peux rev<strong>en</strong>ir au tout début de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> juste avant, il a pas <strong>en</strong>coreouvert la bouche150. C donc là je le regarde151. CL tu le regar<strong>des</strong>152. C je vois qu'il me regarde, il fait quelque chose avec sa main droite (13s) quand il mepropose de choisir une <strong>situation</strong> que j'aimerais bi<strong>en</strong> évoquer je crois que moi je regarde vers lagauche, je fais un mouvem<strong>en</strong>t de balayage153. CL comm<strong>en</strong>t il te dit ça exactem<strong>en</strong>t, quels sont les mots qu'il emploie154. C je te propose, non je te propose c'était avant (13s) y a y a c'est la fin de la phrase une<strong>situation</strong> que tu aimerais bi<strong>en</strong> évoquer ou que tu aurais <strong>en</strong>vie d'évoquer155. CL qu'est-ce qui se passe à ce mom<strong>en</strong>t-là156. C b<strong>en</strong> le <strong>en</strong>vie d'une <strong>situation</strong> particulière non j'avais pas <strong>en</strong>vie d'une <strong>situation</strong>particulière <strong>en</strong>fin dans l'immédiat157. CL comm<strong>en</strong>t tu s<strong>en</strong>s ce pas <strong>en</strong>vie158. C b<strong>en</strong> que c'est pas là que c'était pas le problème je sais pas c'est159. CL il continue à se passer160. C et donc je me dis je me dis intérieurem<strong>en</strong>t qu'il faut que je choisisse une <strong>situation</strong>agréable et donc là c'est v<strong>en</strong>u vite parce une <strong>situation</strong> agréable d'hier c'était une <strong>situation</strong> de dét<strong>en</strong>teet donc c'était ce mom<strong>en</strong>t-làCont<strong>en</strong>u att<strong>en</strong>tionnel : d'abord att<strong>en</strong>tion à ce que dit l'intervieweur, puis sous la suggestion del'intervieweur actuel, focalisation vers une partie : celle relative à la "proposition", avec uneatt<strong>en</strong>tion vers les mots, puis sur le débat intérieur et l'état interne, <strong>en</strong>fin détail de sa posture etde son activité. Ce que l'on n'avait pas jusqu'à prés<strong>en</strong>t c'est le débat intérieur et la val<strong>en</strong>c<strong>en</strong>égative qui lui sert de fond.Actes : On retrouve bi<strong>en</strong> la succession : prise d'informations visuelles dominante, écoute de laconsigne, verbalisation indiquant un non remplissem<strong>en</strong>t, mais ce qui est nouveau c'est ledialogue interne, la perception interne du "pas <strong>en</strong>vie", et le passage au "il faut" et début d'unremplissem<strong>en</strong>t à partir d'un choix rapide. (Elle est v<strong>en</strong>ue dans le laisser v<strong>en</strong>ir). Ce qui est doncappar<strong>en</strong>t c'est le dialogue interne, l'évaluation de la pertin<strong>en</strong>ce de ce qui se propose suite àl'énoncé intérieur <strong>des</strong> critères de choix qu'elle s'impose. Donc on voit apparaître une activitémétacognitive d'auto guidage, que nous pouvions supposer mais pas docum<strong>en</strong>ter par lesseules infér<strong>en</strong>ces. Plus tard 19 , Claudine comm<strong>en</strong>tera la formulation de la proposition que j'aiénoncé et soulignera que le verbe "voir" trop s<strong>en</strong>soriellem<strong>en</strong>t ori<strong>en</strong>té, l'a gêné, <strong>en</strong> la lançant defaçon durable vers une modalité s<strong>en</strong>sorielle d'évocation à laquelle elle a répondu, mais qui necorrespond pas à son mode spontané d'accès évocatif qui dans son expéri<strong>en</strong>ce est plus lié à las<strong>en</strong>sation, et même à la s<strong>en</strong>sation liée au mouvem<strong>en</strong>t corporel. On va retrouver <strong>des</strong> traces decette induction dans les exemples à v<strong>en</strong>ir. On a ainsi un exemple d'effet <strong>des</strong> formulations del'intervieweur dans un s<strong>en</strong>s négatif." dans la relance 9 : " …je te propose… de voir …. ". J'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds très fortem<strong>en</strong>t ce mot " voir ", d'autantplus que c'est le démarrage et que je suis bi<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te à la <strong>situation</strong> de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong>19 Matériaux issus de l'analyse réflexive tardive (un an après l'exercice) de Claudine aprèsrelecture de l'<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Le statut de ces matériaux est donc s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>tdiffér<strong>en</strong>t <strong>des</strong> verbalisations issues de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> m<strong>en</strong>é juste après l'exercice, après écoute <strong>des</strong>passages de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.


Pierre Vermersch Page 22 23/03/03évocation). Quand la <strong>situation</strong> me vi<strong>en</strong>t, c'est par un tableau visuel de ce que je voyais à un mom<strong>en</strong>tde mon V1, assez au début. Ce tableau est figé."Etat interne : Ce qui apparaît principalem<strong>en</strong>t de différ<strong>en</strong>t par rapport aux infér<strong>en</strong>ces que nousavons fait précédemm<strong>en</strong>t c'est une val<strong>en</strong>ce négative "j'avais pas <strong>en</strong>vie d'une <strong>situation</strong>particulière". En fait, Claudine a substitué le mot "<strong>en</strong>vie" à celui effectivem<strong>en</strong>t utilisé"aimerait", qui lui suggérait une connotation à forte val<strong>en</strong>ce positive, et peut être trop forteselon les déclarations de l'interviewée. Ce qui contrebalance le « pas <strong>en</strong>vie » c'est la démarche<strong>en</strong> "il faut que je choisisse" et elle se propose un critère –grand classique <strong>des</strong> exercices <strong>des</strong>débuts de formation à l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation- celui de "<strong>situation</strong> agréable". Ce faisant, ellea superposé à ma proposition, sa propre proposition. Pour répondre à ma demande elle seguide elle-même quand cela ne lui convi<strong>en</strong>t pas.Le temps suivant qui porte sur le choix de la <strong>situation</strong>, est caractérisé par un "laisser v<strong>en</strong>ir"aisé. Mais la <strong>situation</strong> choisie s'avère ne pas comporter que <strong>des</strong> aspects plaisants : "mais je mesuis vite r<strong>en</strong>due compte qu'elle n'était pas constituée que d'aspects agréables et anodins". Ce quicrée les conditions d'un conflit interne <strong>en</strong>tre l'importance qu'elle accorde à ce qui se fait, le butde l'exercice et le fait que <strong>des</strong> aspects de la <strong>situation</strong> doiv<strong>en</strong>t selon elle être gardés privés : "jeréalise à la fois l'<strong>en</strong>jeu de ce que nous sommes <strong>en</strong> train de faire (un travail collectif s'<strong>en</strong>gage) et <strong>en</strong>même temps, cette <strong>situation</strong> dont j'ai comm<strong>en</strong>cé de parler et qui <strong>en</strong> fait me dérange pour la livrertotalem<strong>en</strong>t au groupe" et "qu'il y avait quelque chose qui me dérangeait. Donc une ambiguïté de cette<strong>situation</strong> : c'est bi<strong>en</strong> un mom<strong>en</strong>t agréable, de dét<strong>en</strong>te, de loisir. En même temps, il est chargé de toutce qui m'habitait à ce mom<strong>en</strong>t là et qui m'avait décidé à me baigner". Induisant la nécessité d'uncontrôle, puisqu'une partie doit rester privée et l'autre doit être prés<strong>en</strong>tée pour servir au but dutravail commun. Elle se représ<strong>en</strong>te ce qui s'est passé <strong>en</strong> l'analysant de la manière suivante : "Au mom<strong>en</strong>t du V2 20 avec P, je n'ai qu'une s<strong>en</strong>sation confuse de la partie personnelle intime de cette<strong>situation</strong>. Donc je dissocie la <strong>situation</strong> <strong>en</strong> deux, ce qui peut être livré sans difficulté et ce qui reste plusintime ( quoi que peu clair à ce mom<strong>en</strong>t là). D'un côté l'extérieur, le contexte de la nature et de l'autre,mon monde intérieur. Cela ne s'est clarifié qu'avec le recul, aussi sur le mom<strong>en</strong>t, soit je me déf<strong>en</strong>ds, j<strong>en</strong>e lâche pas totalem<strong>en</strong>t, soit je pars sur le conceptuel, comme dans la discussion prés<strong>en</strong>te (157).) Cequi semble apparaître c'est une val<strong>en</strong>ce négative qui va troubler la suite de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> : " Deplus si cette expéri<strong>en</strong>ce m'est apparue dans un premier temps dans ses aspects de dét<strong>en</strong>te decontact avec la nature, mon vécu personnel dans cette <strong>situation</strong>, qui m'apparaît <strong>en</strong>suite et de façonassez confuse, a <strong>des</strong> aspects négatifs personnels qui ne sont pas congru<strong>en</strong>ts avec ce terme. Je mesuis s<strong>en</strong>tie piégée, car c'était parti." Et " je me trouve confrontée à cette expéri<strong>en</strong>ce dont je ne voulaispas livrer une facette dans ses détails".Comm<strong>en</strong>taires d'<strong>en</strong>semble sur la séqu<strong>en</strong>ce 2Dans cette séqu<strong>en</strong>ce d'initialisation <strong>des</strong> activités ess<strong>en</strong>tielles propre à la méthode de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>d'explicitation, c'est à dire principalem<strong>en</strong>t le choix d'une <strong>situation</strong> passée spécifiée deréfér<strong>en</strong>ce et l'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dans l'activité de rappel évocatif visant cette <strong>situation</strong>, l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> surle vécu de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> initial nous conduit donc à faire apparaître de nouveaux aspects quis'organis<strong>en</strong>t tous autour de micros conflits suscités par les termes utilisés par l'intervieweur :le terme "aimerait" introduit un critère à la fois trop large, laissant trop de latitude selonClaudine, et <strong>en</strong> même temps trop impliquant par la connotation affective ; le terme "voir"induit une ori<strong>en</strong>tation s<strong>en</strong>sorielle de l'évocation qui n'est pas celui qu'elle sait privilégier d'unepart, et d'autre part qui pour un démarrage est beaucoup trop fermé puisqu'il restreint l'accèsévocatif à une seule modalité s<strong>en</strong>sorielle 21 . Ce critère trop large induit une réponse20 Rappel : V1 est le vécu passé de référ<strong>en</strong>ce, V2 est un autre mom<strong>en</strong>t vécu où l'on vise àverbaliser le vécu passé V1, V3 est le mom<strong>en</strong>t où l'on peut pr<strong>en</strong>dre pour visée l'explicitation<strong>des</strong> actes d'évocations par exemple mis <strong>en</strong> œuvre au mom<strong>en</strong>t du vécu V2, puisque décrirel'évocation mise <strong>en</strong> œuvre <strong>en</strong> V2 il y faut un nouveau vécu ultérieur.21 Le lecteur pourrait objecter à la décharge de l'intervieweur que le verbe "voir" est ici utiliséde façon métaphorique, dans on usage générique de faire att<strong>en</strong>tion, mais précisém<strong>en</strong>t le verbe


Pierre Vermersch Page 23 23/03/03comp<strong>en</strong>satoire, dans le s<strong>en</strong>s où Claudine se redonne la consigne dans ses propres termes, <strong>en</strong>choisissant elle-même le critère de choix "une <strong>situation</strong> agréable", et ce faisant cela induit uneactivité métacognitive d'auto contrôle de sa performance qui ne peut que faire obstacle à laliberté intérieure d'évocation. De plus, il s'avère que le choix d'une <strong>situation</strong> agréable abouti àun choix qui n'est que partiellem<strong>en</strong>t agréable dans la mesure où si la <strong>situation</strong> <strong>en</strong> elle-mêmel'est, ses déterminants contextuels constitu<strong>en</strong>t un fond problématique que Claudine nesouhaite pas partager. Au niveau de l'état interne, on aboutit donc à une val<strong>en</strong>ce négative, àune t<strong>en</strong>sion contradictoire <strong>en</strong>tre dire et cacher, donc à un tri, tout <strong>en</strong> poursuivant l'activité aumotif de l'intérêt du but commun. En résumé, on a une val<strong>en</strong>ce négative qui était inappar<strong>en</strong>te,un auto guidage qui s'est amorcé, un conflit interne <strong>en</strong>tre dire et taire, <strong>en</strong>tre s'arrêter etcontinuer.Séqu<strong>en</strong>ce 3 : invite et aide à la focalisation <strong>des</strong>criptive (un exemple).1/Analyse infér<strong>en</strong>tielle.Exemple 7 Focalisation sur le remplissem<strong>en</strong>t évocatif initial : qu'est-ce qui te revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>premier ?A (16) C au mom<strong>en</strong>t où je r<strong>en</strong>tre dans l'AllierCont<strong>en</strong>u thématique : localisation temporelle, géographique, corporelle.Catégories techniques d'explicitation : satellites de l'action : contexte, <strong>situation</strong> singulière(site temporel unique : ce jour là, spatial unique : ça se passe <strong>en</strong> un lieu déterminé,délimitation de l'empan temporel spécifiée de manière assez fine : le mom<strong>en</strong>t où, repérée parrapport à une action délimitée dans le temps : je r<strong>en</strong>tre dans).Acte : rappel auto biographique, produit un acte de mémoire particulier, puisqu'elle serapporte au passé (c'est bi<strong>en</strong> un rappel, pas une perception ou une imagination), c'est bi<strong>en</strong>quelque chose qu'elle a vécu, qui s'inscrit dans une mémoire contextuelle de type épisodique.Etat interne : cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, val<strong>en</strong>ce positive, manifesté par la prés<strong>en</strong>ce d'une réponse, etd'une réponse <strong>en</strong> accord avec ce qui est proposé et le projet d'activité partagée.B (17) P qu'est-ce qui te revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier ?Visée de l'intervieweur : proposition de passage à la parole <strong>des</strong>criptive du cont<strong>en</strong>u de sonvécu, <strong>en</strong> le ciblant par un repère simple : le « <strong>en</strong> premier ». Avec « le mom<strong>en</strong>t où je r<strong>en</strong>tre »de la réponse précéd<strong>en</strong>te, qui fait suite à la délimitation de la <strong>situation</strong> de référ<strong>en</strong>ce, je disposed’un point de départ clair, la question se pose d’amplifier, de solliciter la verbalisation.Cep<strong>en</strong>dant ma question de par sa formulation vise un effet indirect, puisqu'elle ne porte passur le vécu de référ<strong>en</strong>ce V1 (le mom<strong>en</strong>t auto biographique passé dont il est question), mais surle cont<strong>en</strong>u de l'acte de rappel qui est un vécu actuel tout juste passé appart<strong>en</strong>ant au vécu V2 del'évocation. Je ne demande pas : "Qu'est-ce qui s'est passé <strong>en</strong> premier quand tu es r<strong>en</strong>trée dansl'eau ?", mais je demande : "De quoi tu te rappelles <strong>en</strong> premier ?" Donc ma question change àla fois la direction et l'objet de l'att<strong>en</strong>tion, elle change la direction puisqu'elle demande àClaudine de faire att<strong>en</strong>tion au cont<strong>en</strong>u de son rappel (et non pas au cont<strong>en</strong>u de ce qu'ellevivait) et même plus étroitem<strong>en</strong>t au cont<strong>en</strong>u qui apparaît / est apparu <strong>en</strong> premier. Simplem<strong>en</strong>t,pour répondre à ma question, si elle y cons<strong>en</strong>t, se rapporter au cont<strong>en</strong>u de ce dont elle serappelle c'est se rapporter de manière plus étroite au cont<strong>en</strong>u du vécu V1, puisque le cont<strong>en</strong>ude ce dont elle se rappelle <strong>en</strong> premier a de forte chance de porter précisém<strong>en</strong>t sur le cont<strong>en</strong>ude ce qu'elle a vécu, mais pas nécessairem<strong>en</strong>t de ce qu’elle a vécu <strong>en</strong> premier <strong>en</strong> V1, c’estd’ailleurs ce qui va se passer dans sa réponse.C (18) C ce qui me revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier, c'est la façon dont je marchais, compte t<strong>en</strong>u<strong>des</strong> cailloux, qui à la fois font mal au pied et <strong>en</strong> même temps glissai<strong>en</strong>t, 19 P : mmm,20 C : et donc je voulais pas glisser (rire) pour r<strong>en</strong>trer trop vite dans l’eau euh : :induit autre chose, de plus spécifié, il induit la quasi nécessité que ce qui va être évoqué soitde l'ordre du visuel.


Pierre Vermersch Page 24 23/03/03donc oui c’est la s<strong>en</strong>sation donc sous les pieds avec la vue parce que l’eau étaitassez transpar<strong>en</strong>te, 21 P : mmm, 22 C : il y avait beaucoup beaucoup de courant làoù je r<strong>en</strong>trais parce qu’y avait un petit je sais pas comme on appelle ça déversoir surla gauche là euh la lumière était moy<strong>en</strong>ne ouais je sais pas trop (4s) et je suisr<strong>en</strong>trée tout de suite. [Je ne sépare plus ce qui seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trecoupé par les mmm de l’intervieweur, qui<strong>en</strong>courage et accompagne la poursuite de la même chose].Cont<strong>en</strong>u : Claudine reste bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> prise avec la même direction att<strong>en</strong>tionnelle, le même thème :le mom<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>trée dans l’eau. Ce qui a changé du point de vue att<strong>en</strong>tionnel c'est lafocalisation au s<strong>en</strong>s d'un rétrécissem<strong>en</strong>t thématique, sur un aspect parmi tous ceuxprés<strong>en</strong>tifiables du vécu d’<strong>en</strong>trer dans l’eau : la manière de marcher dans l’eau, avec sesdéterminants, ça glisse, ça pique, ça se s<strong>en</strong>t, mais cela se voit aussi, à travers la transpar<strong>en</strong>cede l’eau, et de plus il y a du courant qui ne r<strong>en</strong>d pas facile le contrôle de la démarche. A la finon a quelques élém<strong>en</strong>ts de contexte complém<strong>en</strong>taires : il y a du courant parce qu’il y a undéversoir, et la lumière est moy<strong>en</strong>ne. On a donc une bonne unité thématique d’explicitation dela manière de se déplacer, relié au corps dans son interaction avec le milieu aquatique etterrestre.Acte : l'acte de rappel évocatif se poursuit, la qualité du remplissem<strong>en</strong>t intuitif s’est accrue <strong>en</strong>terme de précision, et <strong>en</strong> terme de s<strong>en</strong>sorialité puisqu’on a du corporel de mouvem<strong>en</strong>t, de las<strong>en</strong>sation, du visuel. L’acte de verbalisation <strong>des</strong>criptive qui vi<strong>en</strong>t se surajouter à l’évocationsemble intégré à l’<strong>en</strong>semble.Etat interne : Claudine continue à cons<strong>en</strong>tir à ce qui je lui propose, <strong>des</strong> indicateurs nonverbaux suggèr<strong>en</strong>t qu'elle est plus absorbée dans le revécu de V1.Comm<strong>en</strong>taires.Les changem<strong>en</strong>ts de la visée att<strong>en</strong>tionnelle recherchés par la relance sont obt<strong>en</strong>us, lasollicitation vers une activité de verbalisation <strong>des</strong>criptive aussi, tout <strong>en</strong> conservant l’acte derappel évocatif et l’état interne de cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t.Cep<strong>en</strong>dant la prés<strong>en</strong>ce de formulation d’explication et de justification (et non d’explici-tation)dans sa verbalisation, « compte t<strong>en</strong>u <strong>des</strong> …», « donc, je ne voulais pas …», « parce que l’eau… », « parce qu’il y avait …», me laisse p<strong>en</strong>ser que le remplissem<strong>en</strong>t intuitif est <strong>en</strong>corepartiel, dans le s<strong>en</strong>s où il est <strong>en</strong>core impur car mêlé de savoir (remplissem<strong>en</strong>t signitif), quel’acte d’évocation s’accompagne d’un acte supplém<strong>en</strong>taire de contrôle réflexif surplombant la<strong>des</strong>cription, et qu’il doit être possible d’augm<strong>en</strong>ter la qualité de ce remplissem<strong>en</strong>t intuitif.C’est ce qui va déterminer ma stratégie <strong>des</strong> <strong>relances</strong> à v<strong>en</strong>ir dans la manière dont elles serontintroduites, alors que leur cont<strong>en</strong>u suit le thème proposé spontaném<strong>en</strong>t par l’interviewée.2/ Analyse complém<strong>en</strong>taire de la séqu<strong>en</strong>ce 3 à partir de l’explicitation <strong>des</strong> effets <strong>des</strong><strong>relances</strong>Ainsi qu'ais-je appris de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>en</strong> V3 au sujet de la séqu<strong>en</strong>ce 3, "qu'est-ce qui te revi<strong>en</strong>t<strong>en</strong> premier", qui est l'induction de la <strong>des</strong>cription du vécu basée sur le rappel évocatif :/ Tout d'abord, que l'accès évocatif avait démarré avant cette consigne, que le verbe voirsemble avoir joué un rôle inducteur puissant, et que de ce fait une image visuelle statique étaitimmédiatem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te, avant même la consigne "qu'est ce qui te revi<strong>en</strong>t .." / D'autre part, jesais de suite qu'il ne m'<strong>en</strong>voie pas sur le bon canal pour moi, ce qui me surpr<strong>en</strong>d et <strong>en</strong> même temps,je sais que cela ne va pas aller. Donc quand Pierre me dit R17 : " qu'est-ce qui te vi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier ?",ce tableau est déjà là, devant mes yeux et je comm<strong>en</strong>ce de suite à me piloter pour ne pas resterbloquer sur ce tableau figé. Donc R17 se combine avec le " voir " de R9. / je vois ces chosesréellem<strong>en</strong>t. En fait là, c'est à la fois le résultat <strong>des</strong> 2 couches simultanées. : " la première couche " : cequi m'est v<strong>en</strong>u <strong>en</strong> premier, c'est un tableau visuel, que je regardais de mes yeux devant et autour demoi, alors que je suis déjà dans l'Allier, debout. Je le vois <strong>en</strong>core. Il me revi<strong>en</strong>t chaque fois que je meremets à ce mom<strong>en</strong>t là de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. J'ai bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du Pierre me dire <strong>en</strong> R9 : " ce que je te propose…c'est de voir… " et donc j'ai vu ce tableau qui était figé, sans ri<strong>en</strong> qui bouge. J'ai perçu de suite que j<strong>en</strong>'y étais pas vraim<strong>en</strong>t …


Pierre Vermersch Page 25 23/03/03// En conséqu<strong>en</strong>ce, ce premier remplissem<strong>en</strong>t produit une réaction du fait de ses propriétés(modalité s<strong>en</strong>sorielle visuelle, statique), une évaluation négative, une surprise, un projet sursoi <strong>en</strong>traînant un contrôle, donc une crispation, une volonté d'aller au but "normal" pourl'interviewée, qui est d'approfondir le remplissem<strong>en</strong>t évocatif par la modalité s<strong>en</strong>sorielle duress<strong>en</strong>ti corporel ou kinesthésique,L'évaluation négative, correspond au fait qu'elle repère que ce n'est pas la bonne modalités<strong>en</strong>sorielle qui lui permet selon son expéri<strong>en</strong>ce habituelle d'accéder pleinem<strong>en</strong>t à l'évocation,"je sais de suite qu'il ne m'<strong>en</strong>voie pas sur le bon canal pour moi, ce qui me surpr<strong>en</strong>d et <strong>en</strong> mêmetemps, je sais que cela ne va pas aller", "oui parce que je sais moi, que quand je suis bi<strong>en</strong> dedans jes<strong>en</strong>s, j'ai toutes les s<strong>en</strong>sations".Elle est étonnée que ce soit une scène visuelle qui se donne <strong>en</strong> premier, de là elle <strong>en</strong> conclutqu'elle doit faire quelque chose pour rejoindre l'état évocatif dont elle a l'expéri<strong>en</strong>ce, "commeje me connais et que je r<strong>en</strong>tre par le kinesthésique là j’ai eu du visuel et je n’arrivais pas à avoir lekinesthésique ou du moins, les cailloux cette partie-là je l’avais et l’autre il me manquait un morceaudonc <strong>en</strong> fait je faisais une évaluation du degré de remplissem<strong>en</strong>t de la <strong>situation</strong> et j’<strong>en</strong> avais un degréd’insatisfaction qui faisait c’est pas suffisant"Et même le rejoindre vite, un peu se forcer (<strong>en</strong> avoir l'int<strong>en</strong>tion) à ress<strong>en</strong>tir plus. Mais commece mode d'interv<strong>en</strong>tion sur soi-même est contre productif (on ne peut exiger de soi-même unrésultat qui n'advi<strong>en</strong>t que comme conséqu<strong>en</strong>ce involontaire, et l'exiger, c'est placer la volontéau mauvais <strong>en</strong>droit <strong>en</strong> produisant un blocage dans l'atteinte du but), Claudine reste <strong>en</strong>observation de soi-même puisqu'elle n'atteint pas son but, et <strong>en</strong> observation de l'intervieweurpuisqu'elle se demande s'il s'aperçoit de ce qui se passe <strong>en</strong> elle.On va avoir donc <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce une double couche d'activité, et un état interne troublé, voireà val<strong>en</strong>ce négative.Repr<strong>en</strong>ons le fil conducteur <strong>des</strong> répliques de la séqu<strong>en</strong>ce 3. D'abord l'effet initial de la relance"qu'est-ce qui te revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier" :195.M Qu'est-ce que ça a provoqué pour toi, qu'est-ce qui te revi<strong>en</strong>t, 196.P … <strong>en</strong> premier, qu'est-cequi te revi<strong>en</strong>t … 197.C qu'est-ce que ça a provoqué pour moi (8s) b<strong>en</strong> je voyais la <strong>situation</strong> avec mesyeux, mais j'ai parlé <strong>des</strong> cailloux , mais quand j'<strong>en</strong> ai parlé je les s<strong>en</strong>tais pas vraim<strong>en</strong>t.198.P Pourreformuler la question de Maryse, c'est que moi ce que je r<strong>en</strong>voie, je reformule le contexte, la <strong>situation</strong>où tu te trouves [P16 Au mom<strong>en</strong>t où tu r<strong>en</strong>tres dans l'Allier] donc tu y es déjà dans une certainemanière ? 199.C mm mm 200.P Dans une certaine qualité, et quel effet ça a, est-ce que ça produitune différ<strong>en</strong>ce quand je rajoute qu'est-ce qui te revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier ? Est-ce que ça modifie ta directiond'att<strong>en</strong>tion ? Est-ce que ça te fait faire euh un acte particulier <strong>en</strong> quelque sorte. 201.C (elle parle trèsbas, très l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t et très doucem<strong>en</strong>t) ça fait faire quelque chose oui (3s) comme si::: comme si monatt<strong>en</strong>tion ça s'était tu vois je comm<strong>en</strong>ce à faire ça peut-être ouh là là intérieurem<strong>en</strong>t ça fait comme laphoto quand tu réduis le diaphragme.Nous essayons assez directem<strong>en</strong>t d'am<strong>en</strong>er Claudine à décrire l'effet de la relance sur elle. Enréponse, elle nous décrit d'abord le cont<strong>en</strong>u de son rappel, "je voyais la <strong>situation</strong>", "j'ai parlé<strong>des</strong> cailloux", et une appréciation négative de la valeur évocative de ce qu'elle dit : "quand j'aiparlé <strong>des</strong> cailloux je ne les s<strong>en</strong>tais pas vraim<strong>en</strong>t". Ce faisant nous n'obt<strong>en</strong>ons pasd'informations directes sur l'effet de la relance, et la question est de savoir s'il est possible dele docum<strong>en</strong>ter plus directem<strong>en</strong>t et précisém<strong>en</strong>t. En 198, je retrace ce qui s'est passé, j'indiquema reformulation, et je tâtonne pour formuler une question sur l'effet de la relance et utilise<strong>des</strong> formules <strong>en</strong> « est-ce que » plutôt fermées : "est-ce que cela produit une différ<strong>en</strong>ce ?","Est-ce que cela modifie ta direction d'att<strong>en</strong>tion ? "; <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce on peut dire qu'ici les<strong>relances</strong> sont malheureusem<strong>en</strong>t assez inductives. Claudine ne reti<strong>en</strong>t apparemm<strong>en</strong>t que ladernière formulation "est-ce que cela te fait faire un acte particulier ?" elle y répond d'abordglobalem<strong>en</strong>t "ça fait faire quelque chose oui", puis avec un "comme si" par le biais d'unemétaphore " ça fait comme la photo quand tu réduis le diaphragme". Cette métaphore n'estpas très claire, et nous n'avons pas relancé pour la faire préciser convaincu au mom<strong>en</strong>t même,me semble-t-il, que cela signifiait une focalisation, un rétrécissem<strong>en</strong>t du champ. Ce que m'a


Pierre Vermersch Page 26 23/03/03confirmé plus tard Claudine. Alors que la modification du diaphragme a pour résultat demodifier la quantité de lumière admise et non l’angle de champ.Comm<strong>en</strong>taires 22 de Claudine sur ce qui s'est passé au mom<strong>en</strong>t de la relance "qu'est ce qui terevi<strong>en</strong>s <strong>en</strong> premier"./C : Quand tu dis ce qui te revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier, tu vois j'étais pas capable de le dire tout à l'heure, maiseffectivem<strong>en</strong>t ça, ça a fonctionné, ça a fonctionné, mais moi je sais pas si je suis pas allée trop vitepour laisser v<strong>en</strong>ir, comme je me connais, comme je sais que ce qui me fait évoquer etc., j'ai c<strong>en</strong>tré surmes pieds et tu vois j'étais un peu::: et c'est ça je crois qui manquait <strong>en</strong>fin xxx je veux dire le lâcherle laisser faire <strong>des</strong> paroles, je sais pas s'il était complet, je crois pas qu'il était complet.Et je sais que si j'y <strong>en</strong>tre pas, par du kinesthésique, je n'irai pas plus loin. Donc je me guide et là où jeraconte, c'est que je cherche à me mettre sur le kinesthésique (passer de les voir à les s<strong>en</strong>tir, moncanal d'accès). Je sais que je les s<strong>en</strong>tais <strong>en</strong> V1, qu'ils me faisai<strong>en</strong>t mal, alors j'essaie de réactiverces s<strong>en</strong>sations. C'est pourquoi, Je les vois avant de comm<strong>en</strong>cer à les s<strong>en</strong>tir.Claudine reconnaît que la relance a eu un effet sur elle, mais <strong>en</strong> même temps elle se guideelle-même, au lieu de laisser s'opérer le tempo du remplissem<strong>en</strong>t intuitif, "je sais pas si je suispas allée trop vite pour laisser v<strong>en</strong>ir", elle cherche à le provoquer, à l'obt<strong>en</strong>ir "je crois quimanquait … le lâcher, le laisser faire <strong>des</strong> paroles". Elle a le savoir de ce dont elle a besoinpour r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> évocation et l'approfondir, c'est à dire la modalité s<strong>en</strong>sorielle kinesthésique, etce qu'elle nous décrit alors c'est une position de parole qui n'est pas <strong>en</strong>core incarnée "jeraconte", et son auto guidage l'ori<strong>en</strong>te vers la recherche de l'amplification du kinesthésique,avec une différ<strong>en</strong>tiation très nette <strong>en</strong>tre le rappel signitif basé sur le savoir du fait que lescailloux lui avai<strong>en</strong>t fait mal, mais qu'elle ne les intuitionnait pas à ce mom<strong>en</strong>t du rappelévocatif.Les apports <strong>des</strong>criptifs qui suiv<strong>en</strong>t, continu<strong>en</strong>t sur le même mode, d'une auto-appréciation dela valeur intuitive de ce qu'elle décrit : "je suis <strong>en</strong>core dans le discours 23 ", mais avec laconsci<strong>en</strong>ce de r<strong>en</strong>trer plus dans l'évocation : "et <strong>en</strong> train de le quitter <strong>en</strong> même temps", "<strong>en</strong>finj'y étais, mais à un degré de prés<strong>en</strong>tification je dirais très moy<strong>en</strong>ne".En Re20 et 22, je suis <strong>en</strong>core dans le discours et <strong>en</strong> train de le quitter <strong>en</strong> même temps.// 203. C et donc je voyais bi<strong>en</strong> avec mes yeux mais c'est comme si pour moi j'avais parlé un peu vite<strong>en</strong> disant je s<strong>en</strong>s les cailloux parce que c'est quelque chose que je sais qui étais plus je sais que jes<strong>en</strong>s mais par contre je voyais vraim<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> et là j'étais donc pas complètem<strong>en</strong>t dedans, <strong>en</strong>fin j'yétais mais à un degré comm<strong>en</strong>t tu dis là à un degré de prés<strong>en</strong>tification je dirais très moy<strong>en</strong>ne qui faitque je s<strong>en</strong>tais j'avais pas <strong>en</strong>core les s<strong>en</strong>sations <strong>des</strong> cailloux sous les pieds c'est comme si je lesvoyais ou je savais qu'y <strong>en</strong> avait <strong>des</strong> pointus, <strong>des</strong> je le s<strong>en</strong>s sans vraim<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>tir, mais ce qui estvrai c'est que j'ai j'ai vu et que j'étais embarquée dans l'affaire mais je trouvais que le degré deprés<strong>en</strong>tification, c'est ça qui me dérangeait dans tout le début jusqu'au mom<strong>en</strong>t où j'ai dit je suisdans l'eau parce que là quand je suis dans l'eau j'ai s<strong>en</strong>ti et j'arrivais pas à s<strong>en</strong>tir bi<strong>en</strong> bi<strong>en</strong> les leschoses par contre quand j'ai dit alors je sais plus où c'est je sais pas si c'est le mom<strong>en</strong>t de le direquand j'ai dit je suis un peu pas accroupie mais un peu baissée effectivem<strong>en</strong>t c'était ça je l'ai s<strong>en</strong>ti (8s)(à repr<strong>en</strong>dre à la séqu<strong>en</strong>ce finale)Si l'on poursuit la séqu<strong>en</strong>ce, on va retrouver constamm<strong>en</strong>t le thème secondaire del'appréciation du degré de remplissem<strong>en</strong>t intuitif, et <strong>en</strong> écho l'auto guidage pour aller vers unremplissem<strong>en</strong>t plus grand, dont le signe serait l'approfondissem<strong>en</strong>t du ress<strong>en</strong>ti <strong>en</strong> particulier<strong>des</strong> pieds. On a une <strong>des</strong>cription assez fine de la gradualité du remplissem<strong>en</strong>t intuitif, dupassage d'un remplissem<strong>en</strong>t visuel statique, à un début de kinesthésique, puis le son, et la22 On peut vérifier dans l'extrait de verbalisation qui suit que ce n'est pas vraim<strong>en</strong>t une<strong>des</strong>cription qu'elle formule, mais plutôt un comm<strong>en</strong>taire expert de ce qu'elle compr<strong>en</strong>d de cequi s'est passé.23Pour les lecteurs qui ne serai<strong>en</strong>t pas familier de la théorie qui sous t<strong>en</strong>d l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>d'explicitation, Claudine <strong>en</strong> tant qu'experte fait allusion à "la position de parole", à ladiffér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre un discours de savoir sur le passé, et une verbalisation basée sur un revécu,une prés<strong>en</strong>tification intuitive, au s<strong>en</strong>s husserli<strong>en</strong>, qui veut dire que le passé se redonne dansses dim<strong>en</strong>sions vécues, comme la s<strong>en</strong>sorialité, le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de vie du passé etc.


Pierre Vermersch Page 27 23/03/03totalité du corps à la fin. Le caractère mixte, le mélange de savoir et de revécu se traduit dansla verbalisation par <strong>des</strong> expressions comme : "je suis dans le discours", "je raconte", paropposition à " je décris", ou "je perçois réellem<strong>en</strong>t".En R18-20-2, je raconte, sauf quand je décris le déversoir, la lumière, où là, je vois ces chosesréellem<strong>en</strong>t236. C Non là j'étais (...) je me dirige <strong>en</strong> partie et <strong>en</strong> même temps je suis att<strong>en</strong>tive à c'est pour ça queje continue de voir et j'essaye de s<strong>en</strong>tir les cailloux (rires) et j'y arrive pas bi<strong>en</strong> (...) [378] / 237. N Etquand tu y arrives pas bi<strong>en</strong> comm<strong>en</strong>t tu t'y pr<strong>en</strong>ds pour…/ 238. C Trop vite je veux xxx les choses tropvite / 239. N (...) qu'est-ce qui se passe <strong>en</strong> toi <strong>en</strong> même temps / 240. C B<strong>en</strong> j'ai un rythme qui fait quece rythme-là j'aurais t<strong>en</strong>dance à dire m'empêche de lâcher prise mais peut-être que si j'avais pas euce mom<strong>en</strong>t-là je serais pas r<strong>en</strong>trée du tout non plus / 241. N Et ce rythme-là tu restes avec ce rythmelà/ 242. C xxx l'évocation je suis bi<strong>en</strong> dedans quand même / 243. N Et quand tu sais que tu es bi<strong>en</strong>dedans quand même / 244. C B<strong>en</strong> c'est cette eau que je revois qui glisse qui file là oui la cou/ lescouleurs et je vois bi<strong>en</strong> avec mes yeux mais à ce mom<strong>en</strong>t-là j'avais pas de s<strong>en</strong>sation vraim<strong>en</strong>t / 245.M Comm<strong>en</strong>t tu sais que / 246. C Si si quand même j'<strong>en</strong> avais au niveau <strong>des</strong>/ je s<strong>en</strong>tais les caillouxronds qui gliss<strong>en</strong>t mais j'avais du mal à s<strong>en</strong>ti ce qui qui <strong>en</strong>fin qui faisai<strong>en</strong>t un peu mal quoi / 247. MComm<strong>en</strong>t c'est pour toi quand tu as du mal à s<strong>en</strong>tir ce qui / 248. C B<strong>en</strong> c'est comme si j'étais un peubloquée là j'arrive pas à <strong>en</strong>fin comm<strong>en</strong>t dire att<strong>en</strong>ds (5s) je s<strong>en</strong>s que je suis déjà un peu dedans etque j'y suis pas complètem<strong>en</strong>t / 249. M Et est-ce qu'au mom<strong>en</strong>t où tu s<strong>en</strong>s que tu es dedans et que tuy es pas complètem<strong>en</strong>t tu fais quelque chose de particulier / 250. C Oui il y a quelque chose commeune insistance comme ça me faisait plus fort ça me faisait plus fort dans ce personnage que je suis là<strong>en</strong>fin dans la vie et pas là sur la chaise / 251. M Est-ce que tu es d'accord pour faire att<strong>en</strong>tion à cetteinsistance pour que nous arrivions à compr<strong>en</strong>dre mieux / 252. C Oui xxx / 253. M Et p<strong>en</strong>dant cetemps / 254. C Y a comme un arrêt sur image comme un arrêt dans l'instant qui est là (27s) comme sila c<strong>en</strong>tration que j'avais là faisait que j'arrivais pas à obt<strong>en</strong>ir plus comm<strong>en</strong>t dire / 255. M Et quand tun'arrives pas à obt<strong>en</strong>ir plus, tu obti<strong>en</strong>s quoi là / 256. C Je sais que ça peut aller plus loin, c'est commesi j'avais besoin de quelque chose de plus, je sais pas quoi…On a ainsi avec ce long extrait le détail <strong>des</strong> actions m<strong>en</strong>tales portant sur son propre guidage,ce thème mériterait d'être exploité plus longuem<strong>en</strong>t pour son intérêt propre, mais nous ne leferons pas dans le cadre de cet article. Le dernier extrait amène une nouvelle information : "jeme dis que Pierre a repéré". C'est à dire que non seulem<strong>en</strong>t elle est <strong>en</strong> partie dédoublée <strong>en</strong>trele la visée du passé et l'appréciation <strong>des</strong> propriétés de cette visée et du remplissem<strong>en</strong>t que celaprovoque, mais se rajoute la consci<strong>en</strong>ce du fait que l'intervieweur doit deviner ce qui se passepour elle, qu'il doit repérer le caractère incomplet de l'évocation. Claudine fait donc <strong>des</strong>infér<strong>en</strong>ces sur ce que l'intervieweur perçoit de son monde intérieur, ce qui va rajouter unecouche réactionnelle supplém<strong>en</strong>taire pour t<strong>en</strong>ir compte du jugem<strong>en</strong>t ou de l'appréciationsupposée de l'autre.// 22 M relance sur la lumière moy<strong>en</strong>ne …ré 22 C: Quand "je dis que la lumière est moy<strong>en</strong>ne", … pour moi là, pour moi là , je sais que je medirige un peu, je me dis pas je le sais que je me dirige un peu, tout <strong>en</strong> étant, tout <strong>en</strong> essayant d'êtredisponible, mais je ne le suis pas complètem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>fin, j'ai pas complètem<strong>en</strong>t lâché, et je me dis quePierre a repéré,Comm<strong>en</strong>taire d'<strong>en</strong>semble sur la séqu<strong>en</strong>ce 3Cette séqu<strong>en</strong>ce revue à travers le filtre <strong>des</strong> verbalisations explicitantes de Claudine changebeaucoup d'allure suivant qu’on l’analyse à partir <strong>des</strong> seules infér<strong>en</strong>ces sur les observables ouque l’on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte le vécu tel qu’il est verbalisé par l’intéressée (selon elle), ce seravrai pour tous les échanges suivants, on aura toujours au moins deux couches distinctes quasisimultanées, l'une appar<strong>en</strong>te, sans problème (quoique l'intervieweur ne soit pas satisfait de cequ'il obti<strong>en</strong>t et qu'il diagnostique bi<strong>en</strong> qu'il y a quelque chose qui ne se fait pas à l'aune <strong>des</strong>critères de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation), l'autre voilée, invisible, traversée de multiplespréoccupations de l'interviewée.Un thème att<strong>en</strong>tionnel secondaire apparaît : celui de l'appréciation de la qualité de sa propreévocation, et dans le prolongem<strong>en</strong>t (à la marge), l'interprétation de ce que sait ou pasl'intervieweur de ce qui n'est pas appar<strong>en</strong>t.


Pierre Vermersch Page 28 23/03/03En relation directe à ce thème secondaire, une activité supplém<strong>en</strong>taire apparaît : celle de seguider elle-même, de chercher à obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> résultats d'évocation particuliers, <strong>des</strong> actesvolontaires pour obt<strong>en</strong>ir ce qui ne s'obti<strong>en</strong>t pas par un acte volontaire.Enfin, l'état interne se fissure <strong>en</strong> une volonté de cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à l'exercice proposé, et unereprise interne du guidage sur le fond d'une insatisfaction, ou d'une appréciation négative del'état obt<strong>en</strong>u. L'état interne apparaît donc beaucoup moins simple que ce que l'on pouvaitinférer <strong>des</strong> seules traces verbales et non verbales.Séqu<strong>en</strong>ce 4 : début et approfondissem<strong>en</strong>t du remplissem<strong>en</strong>t évocatif. (deux exemples).1/ Analyse infér<strong>en</strong>tielleExemple 8 Début du remplissem<strong>en</strong>t évocatif : toutes les impressions qui peuv<strong>en</strong>t te rev<strong>en</strong>ir dece mom<strong>en</strong>t là.A 18, 20, 22 C Il y avait beaucoup de courant là où je r<strong>en</strong>trais parce qu'il y avait un petit jesais pas comme on appelle ça déversoir sur la gauche là euh la lumière était moy<strong>en</strong>ne ouais jesais pas trop …… et je suis r<strong>en</strong>trée tout de suite.Cf. comm<strong>en</strong>taire ci-<strong>des</strong>sus.B (23) P je te propose de pr<strong>en</strong>dre du temps là main/le temps de laisser rev<strong>en</strong>ir // C (24) oui// P(25) toutes les impressions qui peuv<strong>en</strong>t te rev<strong>en</strong>ir de ce mom<strong>en</strong>t là.Int<strong>en</strong>tion = recherche de l'induction d'un approfondissem<strong>en</strong>t du remplissem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>soriel,moins de contexte plus de s<strong>en</strong>soriel, induction par "le ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t" d'une part (pr<strong>en</strong>dre letemps), par l'acc<strong>en</strong>tuation du geste m<strong>en</strong>tal d'accueil "laisser rev<strong>en</strong>ir", élargissem<strong>en</strong>t à "toutesles impressions" donc pas seulem<strong>en</strong>t celles qui sont déjà là. Je vise donc d’une part unemodification de l’acte d’évocation dans le s<strong>en</strong>s d’un meilleur remplissem<strong>en</strong>t intuitif, et unélargissem<strong>en</strong>t de ce remplissem<strong>en</strong>t à d’autres aspects, quels qu’ils soi<strong>en</strong>t tout <strong>en</strong> restants<strong>en</strong>soriels pour rester dans la visée d’un remplissem<strong>en</strong>t intuitif (toutes les impressions).C C (26) oui, je posais les pieds avec beaucoup de précaution pour s<strong>en</strong>tir les ::cailloux au fur et à mesure que s'ils étai<strong>en</strong>t trop pointus déplacer le pied ou l'assurerassurer pour ne pas glisser.Cont<strong>en</strong>u : le thème n’a pas changé, il est simplem<strong>en</strong>t répété, la visée est toujours sur les pieds,la focalisation est plus étroite.Acte : Verbalisation <strong>des</strong>criptive et partiellem<strong>en</strong>t explicative, acte de rappel partiellem<strong>en</strong>tévocatif mélangé de rappel signitif.Etat interne : cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à pr<strong>en</strong>dre le temps de …Comm<strong>en</strong>taires : C’est un peu régressif comme qualité évocative par rapport à ce qui a étéprécédemm<strong>en</strong>t apporté, ce n’est pas tant la s<strong>en</strong>sation qui est ici verbalisée que l’explication dece à quoi elle sert dans l’action, l'expression est mêlée d'explication de justification.L'int<strong>en</strong>tion qui a présidé à la forme de ma relance n’a pas atteint son but, puisque au lieud’obt<strong>en</strong>ir un supplém<strong>en</strong>t de <strong>des</strong>cription qui aurait témoigné d’un approfondissem<strong>en</strong>t duremplissem<strong>en</strong>t intuitif, le résultat est d’obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> explications. Elle n’a pas produit non plusd’effets négatifs puisque le thème, l’acte de rappel, le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, sont <strong>en</strong>core là. Mon butn’étant pas atteint, je vais persévérer dans le style de relance visant à produire un meilleurremplissem<strong>en</strong>t. (Mais on le saura, elle a produit <strong>des</strong> effets gênants puisque l’interviewée fait<strong>des</strong> infér<strong>en</strong>ces sur la qualité de son évocation <strong>en</strong> supposant que l’intervieweur la connaît etcherche à l’améliorer, ce qui ne fait que r<strong>en</strong>forcer le contrôle).Exemple 9 Ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t pour aider au remplissem<strong>en</strong>t : tu serais d'accord pour pr<strong>en</strong>dre letemps de …A (26) C : oui, je posais les pieds avec beaucoup de précaution pour s<strong>en</strong>tir les :: cailloux aufur et à mesure que s'ils étai<strong>en</strong>t trop pointus déplacer le pied ou l'assurer assurer pour ne pasglisser.Cf. l’analyse <strong>en</strong> C26


Pierre Vermersch Page 29 23/03/03B (27) P : tu serais d'accord pour pr<strong>en</strong>dre le temps de : juste: retrouver cette s<strong>en</strong>sation <strong>des</strong>cailloux sous les pieds, peut-être un pied plutôt que l'autre, ou peut-être autre chose ?Int<strong>en</strong>tion : aider à l’approfondissem<strong>en</strong>t du remplissem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>soriel, pour cela je propose deral<strong>en</strong>tir, de viser une s<strong>en</strong>sation spécifique "la s<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> cailloux", et même unediffér<strong>en</strong>tiation <strong>en</strong>tre les pieds pour vérifier s'il y a bi<strong>en</strong> s<strong>en</strong>sation " un pied plutôt que l'autre",plus l'échappatoire "autre chose" pour le cas où mon induction spécifique ne serait pasjudicieuse, ce qui permet le cas échéant à l'interviewée ne pas se bloquer sur <strong>des</strong> questionsauxquelles elle ne sait pas répondre, et propose une visée ouverte à tous les possibless<strong>en</strong>soriels qui si elle est saisie produira un effet de remplissem<strong>en</strong>t sur le thème du autre.C (28) C : j'ai pas <strong>en</strong>core l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> pieds, mais oui, c'est quand même là, jevois l'eau qui glisse, qui file vite,//30 l'eau est sombre//32 bi<strong>en</strong> que transpar<strong>en</strong>te, maisc'est ça fait quand même assez noir mais on voit bi<strong>en</strong> les cailloux qui se détach<strong>en</strong>tnoirs aussi au fond, y a <strong>des</strong>, y <strong>en</strong> a beaucoup de ronds, <strong>des</strong> assez gros, // 34 ça c'estce que je vois//Cont<strong>en</strong>u att<strong>en</strong>tionnel : thème constant, changem<strong>en</strong>t de visée vers la dim<strong>en</strong>sion visuelle,focalisation sur la scène à ses pieds, simultaném<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ce d’un thème secondaire :appréciation du cont<strong>en</strong>u de ce qui lui apparaît : "j'ai pas <strong>en</strong>core", "ça c'est ce que je vois".Acte : rappel évocatif, verbalisation <strong>des</strong>criptive, évaluation du cont<strong>en</strong>u de son évocation,Etat interne : cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t mêlé, puisque lorsque je l’incite à aller vers le canal s<strong>en</strong>soriel quilui est privilégié (le kinesthésique, ou ress<strong>en</strong>ti corporel), elle n’y va pas et reste sur le visuel.Le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t ne s’opère pas pour la s<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> pieds, mais décl<strong>en</strong>che une évaluationnégative : « je n’y suis pas <strong>en</strong>core », et elle cons<strong>en</strong>t au autre chose.Comm<strong>en</strong>taire : Mon induction principale tombe à plat, je propose de mieux viser la s<strong>en</strong>sation<strong>des</strong> pieds, et <strong>en</strong> réponse je déclanche une évaluation de ce qui est évoqué "j'ai pas <strong>en</strong>corel'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> pieds" et non pas un accroissem<strong>en</strong>t de l’évocation de la s<strong>en</strong>sation, ce quim’étonne. J’avais proposé techniquem<strong>en</strong>t l’ouverture vers du « autre chose » si mon inductionne fonctionnait pas et j’obti<strong>en</strong>s du "autre chose" que de la s<strong>en</strong>sation, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t du visueldirect, avec <strong>des</strong> indications de mouvem<strong>en</strong>ts externes. Au moins le « autre chose » a joué sonrôle de fusible, de ne pas coincer Claudine sur le cont<strong>en</strong>u de ma proposition, et a produit du"autre chose" : <strong>en</strong> plus de la s<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> pieds vi<strong>en</strong>t la vision mobile de l'eau qui file, filevite, et <strong>des</strong> détails de ce qui est vu. Reste que je n’ai pas atteint l’objectif que j’espéraisatteindre, et que la prés<strong>en</strong>ce d’un méta discours d’évaluation « je n’ai pas <strong>en</strong>core », et decomm<strong>en</strong>taire « ça c’est ce que je vois », me laisse p<strong>en</strong>ser qu’il y a un projet d'aide àl'approfondissem<strong>en</strong>t de l'évocation qu’il faut poursuivre.2/ Matériaux de verbalisations complém<strong>en</strong>taires pour la séqu<strong>en</strong>ce 4.1/ La relance P23 "je te propose de pr<strong>en</strong>dre le temps" est <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due par Claudine commemanifestant le fait que je sais qu'elle n'est pas complètem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évocation : " et quand P m'arrête, meral<strong>en</strong>tit et il me re propose ce qu'il me propose, c'est qu'il a repéré que je n'étais pas complètem<strong>en</strong>t, et qu'il me propose uneautre …", et que <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce elle va persévérer dans sa stratégie de faire plus d'effort pour yêtre : " cl et là j'essaie de m'y mettre, et c'est <strong>en</strong>core un peu l'effort ? tu vois c'est pas les conséqu<strong>en</strong>ce ? et la consci<strong>en</strong>ce queP a repéré que j'y suis pas complètem<strong>en</strong>t, et j'ai la volonté de vouloir m'y mettre, d'y aller, rire, ". Elle a toujours pourelle-même l'appréciation négative du fait qu'elle n'y est pas, son savoir sur elle-même lui faitpr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte ses difficultés déjà connues "à lâcher" et <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce elle t<strong>en</strong>te <strong>des</strong>'appliquer le remède paradoxal qui consiste "à essayer de lâcher", elle a par ailleurs laconsci<strong>en</strong>ce "qu'elle se dirige un peu".Thème secondaire dans le prés<strong>en</strong>t de l'auto contrôle, auto évaluation qui vi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ceavec le thème principal de l'évocation du vécu passé, visée d'évaluation de la qualité de sonacte d'évocation, visée de contrôler son effort pour arrêter d'<strong>en</strong> faire. Focalisation assez serréesur les propriétés du cont<strong>en</strong>u de ses actes et de la modalité de la mise <strong>en</strong> œuvre du contrôle.On peut noter <strong>en</strong>core que si l'induction du ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t ne semble pas avoir eu d'effet surl'acte de rappel évocatif, <strong>en</strong> revanche, il a eu valeur de signal pour signifier aux yeux de


Pierre Vermersch Page 30 23/03/03l'interviewée qu'elle n'était pas <strong>en</strong>core complètem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évocation. On peut observer là uneffet paradoxal, qui ne peut guère apparaître que chez un intervieweur expert qui saitparfaitem<strong>en</strong>t que l'induction de ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong>seignée et pratiquée ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t pouraider la personne à mieux r<strong>en</strong>trer dans l'acte d'évocation du vécu passé.2/ La relance P 27 "tu serais d'accord pour pr<strong>en</strong>dre le temps …ou peut être autre chose", laconfirme dans ce diagnostic double, d'une part que je sais qu'elle n'y est pas et qu'elle repèrebi<strong>en</strong> que n'ayant pas la s<strong>en</strong>sation <strong>des</strong> deux pieds elle n'y est pas selon elle, "c'est où quand tu asdit ça 54 quand tu as dit ça "un pied plutôt que l'autre" je s<strong>en</strong>tais que je n'avais pas un pied plutôt quel'autre (rire) si j'avais pas un pied plutôt que l'autre donc c'était que j'étais pas dedans". "M … qu'est cequi se passe quand P suggère un pied plutôt que l'autre, et <strong>en</strong>chaîne, là il se passe quelque chose :elle a pas l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> pieds et elle repart sur ce qu'elle voit, qu'est-ce qu'elle a fait elle, est-cequ'elle a fait quelque chose 332 / Cl quand il me dit ça, il souligne que je s<strong>en</strong>s pas, et je sais que cesavoir il est là devant moi, et il me gêne, et je sais qu'il me gêne". On a donc là l'indication d'uneval<strong>en</strong>ce négative : la gêne.3/ Rôle de l'induction finale du "ou autre chose". Hypothèse du rôle crucial du mouvem<strong>en</strong>tévoqué pour susciter chez Claudine un remplissem<strong>en</strong>t évocatif plus complet, rôle dukinesthésique de mouvem<strong>en</strong>t./M on fait le point 428; est ce qu'on peut établir un li<strong>en</strong> causal <strong>en</strong>tre le "ou autre chose" de Pierre, avecje passe par ici ???? alors.cl 430 le autre chose, je p<strong>en</strong>se que s'il avait pas dit autre chose, je ne sais pas, le autre chose étaitune ouverture, c'était là j'étais coincé dans cette couche de s<strong>en</strong>s, j'étais quand même <strong>en</strong> évocation,mais là ça v<strong>en</strong>ais pas, et je savais que ça pouvais pas v<strong>en</strong>ir comme ça, c'était autre chose, puisquec'est là que je pr<strong>en</strong>ds, et là, effectivem<strong>en</strong>t je pr<strong>en</strong>ds, effectivem<strong>en</strong>t et l'eau s'est mis à glisser, et tousles cailloux au fond ça c'est mis à glisser.Comme on peut le constater avec ces matériaux, à relance abstraite "est-ce qu'on peut établirun li<strong>en</strong> causal …", réponse abstraite <strong>en</strong> forme de comm<strong>en</strong>taire : "je p<strong>en</strong>se que …". Cep<strong>en</strong>dant,le point important est que la relance "ou autre chose" a bi<strong>en</strong> fonctionnée pour ce qu'elle étaitprévue de faire év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, elle a ouvert les possibles <strong>en</strong> dégageant l'interviewée del'obligation de répondre à l'induction précéd<strong>en</strong>te "un pied plutôt que l'autre". Sur fond d'unrappel évocatif prés<strong>en</strong>t mais partiel, il y a un constat de blocage dans la couche de ce qui faitl'objet de l'évocation, le "autre chose" semble avoir ouvert la possibilité à une suite, un<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t dynamique qui va dans le s<strong>en</strong>s de l'amplification de l'évocation. On a ainsi unbel exemple de l'effet d'une relance qui se cont<strong>en</strong>te d'ouvrir les possibles et appelle unchangem<strong>en</strong>t de visée att<strong>en</strong>tionnelle qui obéit à une logique imman<strong>en</strong>te.Comm<strong>en</strong>taire d'<strong>en</strong>semble de la séqu<strong>en</strong>ce 4Ce que manifeste cette séqu<strong>en</strong>ce relativem<strong>en</strong>t complexe, c'est multiplicité <strong>des</strong> couches devécu simultanées et partiellem<strong>en</strong>t contradictoires. L'intervieweur se débat dans un souci deguider l'autre vers un acte de rappel plus intuitivem<strong>en</strong>t remplis, alors que l'interviewée a lemême souci mais elle a pris la responsabilité d'atteindre le but ce qui est antinomique.D'ailleurs l'approfondissem<strong>en</strong>t se fera par une induction de l'intervieweur ouvrant lespossibles : "ou autre chose". On pourrait arguer que la <strong>situation</strong> est compliquée par le fait quel'interviewée est experte, mais on peut imaginer que dans toute <strong>situation</strong> d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>l'interviewé a un ou plusieurs soucis, projets, préjugés qui alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une activité sousjac<strong>en</strong>te,donn<strong>en</strong>t <strong>des</strong> cibles att<strong>en</strong>tionnelles simultanées, font apparaître <strong>des</strong> états internes quine sont pas unifiés sous une seule polarité positive ou négative.Séqu<strong>en</strong>ce 5 et 6 Modification att<strong>en</strong>tionnelle (deux exemples)1/ Analyse infér<strong>en</strong>tielleExemple 10 Modification de la focalisation : est-ce qu'il y a autre chose auquel tu faisatt<strong>en</strong>tion ?A 28-34 C : ça c'est ce que je vois.Cf. comm<strong>en</strong>taire C 28-34.


Pierre Vermersch Page 31 23/03/03B (35) P : est-ce qu'il y a autre chose auquel tu fais att<strong>en</strong>tion ? D’autres choses qui seprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à toi ?Int<strong>en</strong>tion : induction de l'élargissem<strong>en</strong>t de l'att<strong>en</strong>tion vers <strong>des</strong> co-remarqués év<strong>en</strong>tuels, j'évitede spécifier s<strong>en</strong>soriellem<strong>en</strong>t le domaine <strong>des</strong> co-remarqués <strong>en</strong> utilisant le terme "faireatt<strong>en</strong>tion", induction de l'accueil dans l'explicitation du ressouv<strong>en</strong>ir "qui se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à toi",je m'att<strong>en</strong>ds donc à obt<strong>en</strong>ir autre chose que ce qui a été dit jusqu'à prés<strong>en</strong>t.C (36) C : je me rapetisse un peu <strong>en</strong>fin je suis pas accroupie mais je me rapetisseun peu // 38 donc je fais plusieurs plusieurs petits pas <strong>des</strong> petits pas // 40 et jepr<strong>en</strong>ds mon temps, l'eau est fraîche mais c'est c'est agréable :::: oui et puis y a pasbeaucoup d'eau donc je suis obligée d'avancer je peux pas r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> faisant unplouf donc j'avance ça pr<strong>en</strong>ds du temps parce que je fais doucem<strong>en</strong>t // 42 et puisquand je vois quand qu'il y a quand même un peu d'eau pour que je me cogne pasau fond hop !Cont<strong>en</strong>u : thème inchangé, visée vers la corporéité, focalisation large ét<strong>en</strong>du à l'<strong>en</strong>semble ducorps et du geste, s<strong>en</strong>sorialité ét<strong>en</strong>due au corps dans son mouvem<strong>en</strong>t, déplacem<strong>en</strong>tatt<strong>en</strong>tionnel du contexte vers le corps propre, la s<strong>en</strong>sation de fraîcheur, l’agréable, et retour audéroulem<strong>en</strong>t de l’action motrice, et de ce sur quoi elle est basée.Acte : rappel évocatif, verbalisation principalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong>criptive.Etat interne : cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t sans modification, val<strong>en</strong>ce positive de plaisir qui apparaît pour lapremière fois.Comm<strong>en</strong>taire : Ais-je obt<strong>en</strong>u « autre chose » de A à C ? Oui dans la mesure où au début <strong>en</strong>tous les cas il n'y a plus de visuel, il y a <strong>des</strong> mouvem<strong>en</strong>ts du corps, "je me rapetisse", "je faisplusieurs petits pas", "je suis obligé d'avancer" qui est déjà plus explicatif, et "hop" <strong>en</strong>tréedans l'eau, et <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts de kinesthésie "l'eau est fraîche", c'est "agréable", et au final lecritère visuel "quand je vois qu'il y a quand même un peu d'eau" pour décider du plongeondans l'eau. L'induction de changem<strong>en</strong>t possible « faire att<strong>en</strong>tion à d'autres choses » a donc étéefficace, mais là <strong>en</strong>core elle est très ouverte à toute possibilité <strong>des</strong>criptive. Cep<strong>en</strong>dant le<strong>des</strong>criptif est <strong>en</strong>core mêlé de justification, ponctué de "donc".2/ Matériaux complém<strong>en</strong>tairesL’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ici apporte peu d’informations complém<strong>en</strong>taires, dans la mesure où lequestionnem<strong>en</strong>t s’est ori<strong>en</strong>té vers la qualité de l’évocation et n’a pas abordé l’effet de larelance « autres choses auxquelles tu fais att<strong>en</strong>tion, d’autres choses qui se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à toi ».Ainsi l’interviewée évalue pour chaque information le degré « d’être là » opposé à « je lesais », ou au caractère « mitigé », toutes ces expressions r<strong>en</strong>voyant à la gradualité duremplissem<strong>en</strong>t intuitif./511 cl tout ce que j'ai dit avant "il n'y a pas beaucoup d'eau (40) " c'est un peu <strong>en</strong>core ce que je saisp oui ça s'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d [du fait de son articulation avec un donc].cl par contre, quand je l'ai revu couler, là je crois que j'étais vraim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évocation, là ,n y compris quand tu dis "je me rapetisse" ?cl c'est <strong>en</strong>core mitigé, c'est pas complètem<strong>en</strong>t raconté , mais c'est mitigé,/c moi j'ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du quand tu dis je me rapetisse, deux rythmes, je me ra peuuuutisse , j'ai vueffectivem<strong>en</strong>t juste à ce mom<strong>en</strong>t là ,cl oui parce que je le fais <strong>en</strong> même temps, là je le fais, je me rapetisse réellem<strong>en</strong>t , mais je le faisc tu le fais, tu le fais à ce mom<strong>en</strong>tcl oui je le fais dans ma tête, là je me rapetisse réellem<strong>en</strong>t, je sais pas si je fais quelque chose, maisje le faisUn point qui apparaît aussi est le témoignage d’une prise <strong>en</strong> compte <strong>des</strong> autres qui écout<strong>en</strong>t etle souci qu’ils compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t cela se déroule, ajoutant ainsi à l’activité att<strong>en</strong>tionnelleun remarqué secondaire sur les personnes prés<strong>en</strong>tes./cl oui parce qu'il y a deux choses, à la fois je fais et <strong>en</strong> même temps quand je dis "ça pr<strong>en</strong>ds dutemps" j'ai le souci d'être comprise, dans ce que je dis <strong>en</strong> même temps, c'est-à-dire je le fais et <strong>en</strong>même temps je sais que l'on m'écoute, que là je réécoute quelque chose, où j'ai le souci d'êtrecomprise.


Pierre Vermersch Page 32 23/03/03Exemple 11 Modification de la visée : qu'est-ce qu'il y a d'autre autour de toi ?A = 36-42 <strong>des</strong>cription de la séqu<strong>en</strong>ce d'<strong>en</strong>trée dans l’eau, et puis quand je vois qu'il y a quandmême un peu d'eau et que je me cogne pas au fond, hop.Cf. C 36-42B = 43 –45 ok je te propose de faire une pauseInt<strong>en</strong>tion : je veux marquer un arrêt avec l'espoir que cela va permettre d'approfondirl'évocation, comme c’est souv<strong>en</strong>t le cas.…tu restes où tu es mais tu restes tranquillem<strong>en</strong>t avec ces : et :: tout <strong>en</strong> restant <strong>en</strong> relationavec ce que tu étais <strong>en</strong> train de décrire, ce que je te propose c'est juste de : porter ton att<strong>en</strong>tiondans ce mom<strong>en</strong>t passé sur qu'est-ce qu'il y a d'autre autour de toi ou qu'est-ce qu'il y a d'autreauquel tu fais att<strong>en</strong>tion.Int<strong>en</strong>tion : j'essaie de r<strong>en</strong>dre l'att<strong>en</strong>tion mobile au sein du ressouv<strong>en</strong>ir, pour cela je cherche àce qu'elle garde son ancrage dans l'évocation du passé, c'est-à-dire que 1/ je marqueouvertem<strong>en</strong>t le changem<strong>en</strong>t comme "faire une pause" sous –<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dans ce que tu es <strong>en</strong> trainde dire, et 2/ je fais l'ancrage "tu restes" "tu restes tranquillem<strong>en</strong>t" "tout <strong>en</strong> restant <strong>en</strong> relation"et 3/ proposition nouvelle "porter ton att<strong>en</strong>tion" …"qu'est-ce qu'il y a d'autre autour de toi" oud'autre auquel tu fais att<strong>en</strong>tion, c'est-à-dire <strong>des</strong> consignes sur la mobilité de l'att<strong>en</strong>tion, unchamp à explorer c'est-à-dire le "autour de toi", et une ouverture vers n'importe quoi d'autrespécifié comme ayant été à ce mom<strong>en</strong>t visé par son att<strong>en</strong>tion. Je m'att<strong>en</strong>ds donc à obt<strong>en</strong>irquelque chose de différ<strong>en</strong>t de tout ce qui a été dit jusqu'ici, et au moins quelque chose qui nese situe pas directem<strong>en</strong>t dans la direction de son regard vers ce à quoi elle fait att<strong>en</strong>tion là oùelle regarde pour plonger.C : 46 Le bruit // 48 effectivem<strong>en</strong>t ça fait beaucoup de bruit le bruit de l'eau puisque ya les petites chutes là, juste à côté, un bruit d'ambiance perman<strong>en</strong>t.Cont<strong>en</strong>u : On obti<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> un changem<strong>en</strong>t de visée. Claudine est ori<strong>en</strong>tée sur du s<strong>en</strong>soriel, ellerajoute la dim<strong>en</strong>sion auditive <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t du s<strong>en</strong>ti de mouvem<strong>en</strong>t et de contact et duvisuel, rapporté à ce qui le cause "les petites chutes".Acte : l’activité évocative se prolonge,Etat interne : le cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t est là.Comm<strong>en</strong>taire :J'ai bi<strong>en</strong> obt<strong>en</strong>u quelque chose qui n'avait pas été énoncé jusqu'alors : du sonore, et de plusc'est bi<strong>en</strong> quelque chose qui ne se situe pas dans le droit fil de son regard, l'induction a doncbi<strong>en</strong> réussie. Le changem<strong>en</strong>t du cont<strong>en</strong>u marque bi<strong>en</strong> une modification de la direction del’att<strong>en</strong>tion au sein du ressouv<strong>en</strong>ir. Cep<strong>en</strong>dant, il y a tout de suite <strong>des</strong> signes de justification etd'explication contextuelle qui pourrai<strong>en</strong>t laisser p<strong>en</strong>ser que l’absorption dans l’évocation estincomplète ou imparfaite.2/ Matériaux d’explicitation complém<strong>en</strong>tairesLes matériaux complém<strong>en</strong>taires port<strong>en</strong>t d’abord sur l’effet de la première partie de la relancequi propose « de faire une pause », avec son complém<strong>en</strong>t qui aurait dû v<strong>en</strong>ir dans la mêmephrase sans interruption « tu restes où tu es … tout <strong>en</strong> restant <strong>en</strong> relation avec ce que tu vi<strong>en</strong>sde décrire …», puis sur la seconde partie qui essaie d’ori<strong>en</strong>ter vers une nouvelle viséel’att<strong>en</strong>tion : « porter ton att<strong>en</strong>tion dans ce mom<strong>en</strong>t passé sur qu’est-ce qu’il y a d’autre autourde toi... ».1/ Si l’on repr<strong>en</strong>d cette suggestion de faire une pause, on voit apparaître une val<strong>en</strong>c<strong>en</strong>égative : « cela m’a dérangé », la relance se prés<strong>en</strong>te comme antinomique avec le plaisir<strong>en</strong>fin trouvé de l’évocation d’être dans l’eau, et qu’il soit suggéré d’y mettre immédiatem<strong>en</strong>tfin. La proposition l’a partiellem<strong>en</strong>t sortie de l’eau (de l’évocation d’être dans l’eau)./réécoute 544, séqu<strong>en</strong>ce 6, je te propose de faire une pause là ,cl c'est vraim<strong>en</strong>t une susp<strong>en</strong>sion là (rires ….)n att<strong>en</strong>ds , moi je veux savoir ce qui te revi<strong>en</strong>s de ce mom<strong>en</strong>t là ?cl quand il m'a dit


Pierre Vermersch Page 33 23/03/03n pr<strong>en</strong>ds le temps decl ah b<strong>en</strong> ça m'a un peu dérangé 546 c'est vrai qu'à ce mom<strong>en</strong>t là oui, j'adore glisser dans l'eau, doncle hop c'était juste à l'impulsion, bon puis c'est tout sans plus, bon est-ce que c'est le jeu de l'exercicequi repr<strong>en</strong>ait pas , et c'est vrai qu'il m'a sor … att<strong>en</strong>ds , c'est vrai que quand il m'a dit là , il m'a sorti ,oui j'était un peu sortie de l'eau, là dans le trus ;;;;;La suite de la relance, produit un effet de susp<strong>en</strong>sion assez étonnant, puisque l’interviewée ycons<strong>en</strong>t <strong>en</strong> introduisant une manière de se figer elle-même dans une posture quasi physiqued’att<strong>en</strong>te, elle a susp<strong>en</strong>du l’effet du « hop » de la plongée dans l’eau, et reste « prés<strong>en</strong>te dansle lit de la rivière, je regardais… ».p et quand je te dis d'y rester 556 ?cl b<strong>en</strong> il me semble que posturalem<strong>en</strong>t, je maint<strong>en</strong>ais la même posture pour y rester, oui, y resterc'était y rester là ,p qu'est ce qui s'est passé, qu'est ce que tu as fait 560 à l'intérieur de toi au mom<strong>en</strong>t où tu as décidéd'y rester,cl c'est comme si j'avais marqué ma position, comme j'étais rester, c'est-à-dire de de fixer cetteposition,p est-ce qu'il y a autre chose que tu fais dans ton monde intérieur, ? à ce mom<strong>en</strong>t là ?cl mmm oui dans la têtep qu'est-ce que tu fais dans la tête ?cl <strong>des</strong> trucs 572 <strong>des</strong> choses, 578 intérieurem<strong>en</strong>t je continue à regarder devant, au même niveau,comme quelque chose qui se prolonge, et j'étais plus à l'instant prés<strong>en</strong>t du hop, j'étais là prés<strong>en</strong>t dansle lit de la rivière, je regardais quoi, avec un : il y a un truc qui manque 586p ok et tu te fais faire, tu te fais faire à toi même que de garder ton regard intérieur, à une certainehauteur,cl c'est ça oui 589 oui je le croisp c'est que tu te fais à toi même,cl ouip okcl oui parce quand tu as dit "stop" j'avais <strong>en</strong>vie de tourner ???? je sais pas ????de rester là, et je suisrestern c'était clair que p ne voulait pas te faire sortir de l'évocation 598 et donc simplem<strong>en</strong>t marquer unepausecl oui oui c'étais comme çaLa fin de la relance porte sur une proposition de changem<strong>en</strong>t de visée att<strong>en</strong>tionnelle : « ce queje te propose c'est juste de : porter ton att<strong>en</strong>tion dans ce mom<strong>en</strong>t passé sur qu'est-ce qu'il y ad'autre autour de toi ou qu'est-ce qu'il y a d'autre auquel tu fais att<strong>en</strong>tion ». On a là un belexemple de proposition de changem<strong>en</strong>t d’acte dans le s<strong>en</strong>s d’une exploration rétroactive duchamp att<strong>en</strong>tionnel passé, aspect bi<strong>en</strong> exploré par (Ullmann 2002) à la suite <strong>des</strong> indicationslumineuses de Husserl sur ce point (Husserl 1998). Claudine nous donne deux élém<strong>en</strong>ts deréponse : le premier est sur le mode du comm<strong>en</strong>taire, dont on ne sait pas s’il est uncomm<strong>en</strong>taire qui part du fait actuel de réécouter la cassette (donc appart<strong>en</strong>ant à V3), ou s’ilétait comm<strong>en</strong>taire de ce que lui faisait ce que je lui disais au mom<strong>en</strong>t où je le disais (quirelève alors du vécu V2), le second sur tout ce qui lui apparaissait de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> V2,qu’elle n’a pas nommée./p sur la première phrase, ???? quels sont les effets d'une question dont le support est le thème del'att<strong>en</strong>tion, ???? je suis très fasciné par ce g<strong>en</strong>re de question…cl tu me dis de porter ton att<strong>en</strong>tion et je l'ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du comme une,,,,, ouiais,,, comme de porter làmaint<strong>en</strong>ant dans l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> mon att<strong>en</strong>tion vers,,, tu l'as mis au prés<strong>en</strong>t pour me laisser associer, çame dit quelque chose là , le début de la phrase tout <strong>en</strong> restant etc, et tu dis je te propose, le fait que tuparles au prés<strong>en</strong>t, je te propose me propose là dans l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ,,, et tu me dis de porter ton att<strong>en</strong>tionlà c'était ambiguë, tu me dis je te propose dans l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, j'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds bi<strong>en</strong> que c'est le temps comme ça???? et de porter ton att<strong>en</strong>tion, et là effectivem<strong>en</strong>t,// p donc je parle bi<strong>en</strong> de l'activité que tu fais, de l'acte de viser dans ton évocation <strong>des</strong> chosesdiffér<strong>en</strong>tes, puisque dans mon esprit, c'est vraim<strong>en</strong>t, quand tu accède à une évocation, c'est unvolume dans lequel tu peux déplacer le faisceau de ton att<strong>en</strong>tion, regarder plutôt là que là, ouregarder s'il y a pas d'autres choses, c'est-à-dire qu'elles sont déjà toutes co-prés<strong>en</strong>tes, mais leproblème est que pour les faire apparaître il faut déplacer, il faut lâcher la c<strong>en</strong>tration , pour


Pierre Vermersch Page 34 23/03/03cl 70 c'est amusant parce que j'ai pas dit, j'ai pas dit : il y a <strong>des</strong> arbres etc, c'est un barbecue del’????; maint<strong>en</strong>ant je t'aurai répondu les arbres, et là c'est ???? l'eau, l'eau , l'eauComm<strong>en</strong>taire d’<strong>en</strong>semble sur la séqu<strong>en</strong>ce 5/6J’ai regroupé les séqu<strong>en</strong>ces 5 et 6 qui ont <strong>en</strong> commun d’être relativem<strong>en</strong>t peu docum<strong>en</strong>téespar les verbalisations complém<strong>en</strong>taires. L’analyse infér<strong>en</strong>tielle montre bi<strong>en</strong> l’effet <strong>des</strong>propositions de changem<strong>en</strong>t de visée att<strong>en</strong>tionnelle, mais les verbalisations ne nous inform<strong>en</strong>tpas de la manière dont Claudine répond à ces sollicitations de changem<strong>en</strong>t. Tout au plusvoyons-nous apparaître <strong>en</strong> réponse à une proposition de changem<strong>en</strong>t d’acte, dans le s<strong>en</strong>sd’une susp<strong>en</strong>sion et d’un ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t, d’une part une val<strong>en</strong>ce négative de frustration àl’interruption prématurée du plaisir d’évoquer le fait d’être dans l’eau. Mais aussi lechangem<strong>en</strong>t d’acte qui s’opère, dans le s<strong>en</strong>s d’une véritable susp<strong>en</strong>sion de la postured’évocation.Séqu<strong>en</strong>ce 7 Modification du thème att<strong>en</strong>tionnel1/ Analyse infér<strong>en</strong>tielleExemple 12 modification du thème att<strong>en</strong>tionnel : est-ce qu'il y aurait une couche <strong>en</strong>core plus :<strong>en</strong>globante ?A 48 C : un bruit d'ambiance perman<strong>en</strong>t.Cf. C 46B 49 P : mmm mm est-ce qu'il y aurait une couche <strong>en</strong>core plus : <strong>en</strong>globante : de ce que tudécris-là, quelque chose qui est <strong>en</strong>core plus autour qui est : qui était peut-être pas dans lechamp d'att<strong>en</strong>tion principal, mais qui :::Int<strong>en</strong>tion : Le but de l'induction est de tourner l'att<strong>en</strong>tion de Claudine vers l'arrière-plan,probablem<strong>en</strong>t un arrière plan qui donne s<strong>en</strong>s à ce qu'elle fait, qui l'inscrit dans le contexte dela journée, du stage, de sa vie, de son goût pour l'eau, ou de ce qu'elle sait dont elle a besoinetc . C'est donc l'induction d'un changem<strong>en</strong>t de passage du registre de la <strong>des</strong>criptions<strong>en</strong>sorielle vers … autre chose. Il s'agit donc d'une induction forte, qui essaie d'initier unnouvel espace de verbalisation qui n'a pas été investi dans les échanges précéd<strong>en</strong>ts et quin'apparti<strong>en</strong>t pas au registre classique <strong>des</strong> questions de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation). Maformulation est un peu longue, un peu alambiquée parce que je ne l'ai pas assez préparé <strong>en</strong>structure, alors que j'ai l'idée de ce que je souhaite essayer.C 50 C : J'avais un gros besoin de faire comme une coupure parce que j'étais assezassommée, j'avais mal à la tête, :::: (4s) c'est drôle parce que je le s<strong>en</strong>s pas le mal àla tête là quand je suis r<strong>en</strong>trée dans l'eau et je savais qu'<strong>en</strong> <strong>en</strong>trant dans une eaufraîche, ça me remettrait, :::::::: (12s)Cont<strong>en</strong>u : On a successivem<strong>en</strong>t deux directions d’att<strong>en</strong>tion différ<strong>en</strong>tes. La première montre lepassage vers le monde intérieur, le besoin psychologique prés<strong>en</strong>t à ce mom<strong>en</strong>t, l’état internedont on ne sait s’il est physique ou psychologique, ou les deux : être assommé ; <strong>en</strong>suite, aprèsune pause déjà longue, son att<strong>en</strong>tion se tourne vers la comparaison <strong>en</strong>tre ce qu’elle sait de cequi est bon pour elle dans ce type d’état, et donc le souv<strong>en</strong>ir su d’une anticipation sur un effetrecherché « ça me remettrait ».Acte : rappel évocatif, verbalisation <strong>des</strong>criptive, puis activité réflexive 24 de comparaison <strong>en</strong>trele cont<strong>en</strong>u du rappel signitif (ce qu’elle se rappelle sur le mode du savoir, signitif) et du rappelintuitif qu’elle vi<strong>en</strong>t d’avoir. Puis verbalisation explicative de comm<strong>en</strong>taire sur le savoirqu’elle avait de la valeur du fait de se baigner.Etat interne : cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t,24 Le changem<strong>en</strong>t de thème de l’att<strong>en</strong>tion, le passage à un nouvel objet se fait simultaném<strong>en</strong>tdans le cadre d’un nouvel acte : on est passé d’un rappel évocatif pr<strong>en</strong>ant pour objet l’étatinterne passé, à un acte réflexif pr<strong>en</strong>ant pour objet les cont<strong>en</strong>us évoqués et sus.


Pierre Vermersch Page 35 23/03/03Comm<strong>en</strong>taire :L'induction a bi<strong>en</strong> fonctionné, l'information qu'elle livre porte bi<strong>en</strong> sur le s<strong>en</strong>s de ce qu'elle afait rapporté à un besoin qui est exprimé à travers les s<strong>en</strong>sations physiques. Dont quelquechose qui est plus large que la seule prise <strong>en</strong> compte de l’action <strong>en</strong> cours, pour <strong>en</strong> désigner les<strong>en</strong>s. Il y a là clairem<strong>en</strong>t un changem<strong>en</strong>t de thème att<strong>en</strong>tionnel, donc un changem<strong>en</strong>t dedirection au sein du champ att<strong>en</strong>tionnel passé.Cep<strong>en</strong>dant ce changem<strong>en</strong>t de direction, une fois effectué, donc cons<strong>en</strong>tie, s’arrête rapidem<strong>en</strong>tsur l’expression d’un besoin. Ce qui vi<strong>en</strong>t de manière spontanée c’est une activité méta,d’appréciation et d’évaluation <strong>des</strong> caractéristiques du cont<strong>en</strong>u de l’évocation, il y a donc là unchangem<strong>en</strong>t important de direction att<strong>en</strong>tionnelle et d’acte. Il aurait été possible, de repr<strong>en</strong>dreimmédiatem<strong>en</strong>t sur le thème du besoin, pour relancer une fragm<strong>en</strong>tation, mais cela paraissaitpeu judicieux compte t<strong>en</strong>u du contrat propre à l’exercice que nous faisions, puisque cela nousaurait conduit vers une plus grande implication personnelle intime.Exemple 13 Retour spontané au thème principal : oui et puis alors là je suis dans l’eau …A 50 C : J'avais un gros besoin de faire comme une coupure parce que j'étais assez assommée,j'avais mal à la tête, :::: (4s) c'est drôle parce que je le s<strong>en</strong>s pas le mal à la tête là quand je suisr<strong>en</strong>trée dans l'eau et je savais qu'<strong>en</strong> <strong>en</strong>trant dans une eau fraîche, ça me remettrait, :::::::: (12s)Cf. <strong>des</strong>cription plus haut.B 51 P : mmm mmm …Int<strong>en</strong>tion : je n’ai pas l’int<strong>en</strong>tion de la relancer vers l’explicitation du besoin, ou l’évaluationcomparative de ce qu’elle sait du passé et de ce qu’elle <strong>en</strong> retrouve. Ma relance, <strong>en</strong>courage lav<strong>en</strong>ue spontanée de ce qui va v<strong>en</strong>ir, ce n’est donc pas une relance qui vise à provoquer unchangem<strong>en</strong>t contrairem<strong>en</strong>t aux exemples précéd<strong>en</strong>ts. Je vais m’<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir à cette ligne deconduite dans les échanges suivants, je pr<strong>en</strong>ds donc pour l’analyse la suite <strong>des</strong> échangesjusqu’à la proposition d’arrêter <strong>en</strong> P : 57.C 52. C : (8s) oui et puis alors là je suis dans l’eau // 53. P : mm mm tu es, tu esdans l’eau maint<strong>en</strong>ant // 54 C : oui là je suis dans l’eau parce que le courant est très trèsfort // 55 P : ouais // 56 C : et donc il fallait que je m’agrippe aux cailloux pour pasreculer et me faire pr<strong>en</strong>dre par la chute derrière.Cont<strong>en</strong>u : dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t du thème précéd<strong>en</strong>t, déplacem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t du thème principaldéjà abordé de l’action de se baigner. Au sein de ce thème, focalisation sur le temps suivant« la r<strong>en</strong>trée dans l’eau » déjà énoncé, manifestant un mainti<strong>en</strong> <strong>en</strong> prise cohér<strong>en</strong>t de laséqu<strong>en</strong>ce temporelle, même si elle n’est <strong>en</strong>core que grossièrem<strong>en</strong>t fragm<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> étapesprincipales. Les activités corporelles spécifiques à ce mom<strong>en</strong>t, comme « s’agripper » sontverbalisées, manifestant un déplacem<strong>en</strong>t au sein de cette focalisation vers le champ <strong>des</strong>activités corporelles. L’att<strong>en</strong>tion est rev<strong>en</strong>ue de l’interne (le besoin), vers le rapport de soncorps au monde aquatique et ses propriétés. Le précéd<strong>en</strong>t thème, s<strong>en</strong>soriellem<strong>en</strong>t ori<strong>en</strong>té,organisé par l’effectuation de l’action de r<strong>en</strong>trer dans l’eau, revi<strong>en</strong>t au premier plan, dans lacontinuité de ce qui était abordé <strong>en</strong> 32-36.Acte : le rappel évocatif est bi<strong>en</strong> là, ainsi que la verbalisation majoritairem<strong>en</strong>t <strong>des</strong>criptive,quoique <strong>en</strong>core accompagnée par <strong>des</strong> explications : « parce que le courant …», « pour ne pasreculer… » qui font supposer la prés<strong>en</strong>ce d’une activité de réflexion sur le cont<strong>en</strong>u rappelé.Etat interne : cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, absorption.Comm<strong>en</strong>taire : Je ne suis pas interv<strong>en</strong>u pour proposer une direction différ<strong>en</strong>te, et mes <strong>relances</strong><strong>en</strong> échos ou par onomatopées se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>courager ce qui vi<strong>en</strong>t pour l’interviewée 25 .25 Elargissem<strong>en</strong>t de la lecture <strong>des</strong> séqu<strong>en</strong>ces telles que je les ai découpées.Exemple de glissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> effets


Pierre Vermersch Page 36 23/03/03L’activité évocative et la verbalisation <strong>des</strong>criptive sont conservées ce qui est un pointimportant de non-changem<strong>en</strong>t recherché, la direction att<strong>en</strong>tionnelle va spontaném<strong>en</strong>t versl’action vécue, mais peut être est-ce là l’effet de l’expertise de l’interviewée. Je n’ai plusd’objectif d’élucidation et l’objectif de recueil de matériaux pour notre recherche semble êtreaccomplit, je décide donc de proposer clairem<strong>en</strong>t l’arrêter l’exercice ; <strong>en</strong> laissant lapossibilité à Claudine de pr<strong>en</strong>dre le temps qu’elle veut pour rester <strong>en</strong> évocation.2/ Matériaux complém<strong>en</strong>taires issus de l’explicitation <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> <strong>relances</strong>.Comm<strong>en</strong>t est-ce que cela s'est passé pour Claudine ? En quoi y a-t-il eu ou non-adéquation<strong>en</strong>tre les moy<strong>en</strong>s (ma relance 49 et le non verbal qui l'accompagne) et le résultat la réplique50 ?L'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> qui a suivi montre que Claudine a été gênée par certaines formulations, qui "l'ontfait réfléchir" comme le mot « couche » qui arrive au début de ma relance "est-ce qu'il y auraitune couche <strong>en</strong>core plus …. <strong>en</strong>globante de …. ce que tu décris là". Et Claudine le dit : "C'estvrai que le mot couche, … c'était de me dire vers quoi je me tourne, il y a une hésitationquand même, vers quoi je tourne mon att<strong>en</strong>tion ?" Elle a donc accepté de changer d'activitém<strong>en</strong>tale autant que de se détourner du thème précéd<strong>en</strong>t (la s<strong>en</strong>sorialité), puisque je la conduisà réfléchir plutôt qu'à évoquer.Plus <strong>en</strong>core donc, puisqu'elle n'a ri<strong>en</strong> à répondre dans un premier temps, et que ma relance faitpression, cela l'oblige à trouver quelque chose, si elle accepte de cons<strong>en</strong>tir à cette obligation.Elle va l'exprimer plus tard de bi<strong>en</strong> <strong>des</strong> manières : "mais <strong>en</strong>globant je ne savais pas tropcomm<strong>en</strong>t il fallait que je le compr<strong>en</strong>ne", "et moi je l'ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du comme ce qui donnait s<strong>en</strong>s àcet acte là, quoi de ce mom<strong>en</strong>t", "et <strong>en</strong> fait qu'est-ce qui fait que je vais dans l'allier plutôt qued'aller marcher". Mais la compréh<strong>en</strong>sion qu'elle a pu exprimer après coup, s'est <strong>en</strong> fait heurtéeà une résistance, qu'elle n'a pas immédiatem<strong>en</strong>t lâché. Car ce qui relevait de la réponsepossible était <strong>en</strong> fait ret<strong>en</strong>u, dans l'ombre, et demandait d'accepter de lâcher prise pour être"donné".…. "je me suis tourné vers quelque chose que je laissais dans l'ombre", "que j'ai lâché parceque j'ai ouvert la vanne", "je pouvais plus garder et je me laissais faire", "j'ai lâché quelquechose", "j'ai lâché une ret<strong>en</strong>ue", "je voulais pas lâcher les choses qui étai<strong>en</strong>t implicantes" [<strong>en</strong>fait c'est le cas depuis le début], "b<strong>en</strong> je ne sais pas comm<strong>en</strong>t je lâche, ça se fait tout seul", "ily a une acceptation … et finalem<strong>en</strong>t une implication", "j'ai s<strong>en</strong>tie que Pierre me poussais là,j'ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que tu me poussais à aller plus loin"p569 " et alors comm<strong>en</strong>t cela a émergé la fin de l'hésitation ?" Cl "je savais pas bi<strong>en</strong> ce qu'ilfallait donner, et puis b<strong>en</strong> de truc là était là et puis à côté, b<strong>en</strong> il y avait ri<strong>en</strong> d'autre, et commeil y avait ri<strong>en</strong> d'autre, b<strong>en</strong> j'ai laissé faire ça , mais avec l'interrogation de je sais pas si c'est çale truc qu'il faut que je donne ?".Beaucoup plus tard, Claudine à la lecture de tous ces matériaux dira que cette relance aura étéla plus importante pour elle, <strong>en</strong> l’autorisant à déposer ce qui restait dans l’ombre. A partir delà dit-elle, j’étais prête à poursuivre totalem<strong>en</strong>t l’évocation.De fait ma relance initiale, qui paraît immédiatem<strong>en</strong>t acceptée si l'on se fie à la réplique 50, asuscité chez Claudine une dynamique importante dont j'ignorais tout au mom<strong>en</strong>t où elle sePar rapport à mon schéma minimaliste de l'unité d'interaction AàBàC, on voit que commeon pouvait s'y att<strong>en</strong>dre il faut dans certains cas l'élargir à <strong>des</strong> unités plus distantes, ainsi c<strong>en</strong>'est pas seulem<strong>en</strong>t 48à49à50, mais quelque chose comme :1)34à35à36,38,40,42 (séqu<strong>en</strong>ce qui conduit à l'<strong>en</strong>trée dans l'eau)2/[à43, 45à46,48](séqu<strong>en</strong>ce qui fait apparaître le bruit)3/à49à50,(séqu<strong>en</strong>ce sur l'expression du s<strong>en</strong>s, du besoin)4/52,54,56 (retour et suite <strong>en</strong>trée dans l'eau, depuis 42).


Pierre Vermersch Page 37 23/03/03déroulait : à la fois j'ai interrompu mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t ce qui lui plaisait dans l'évocations<strong>en</strong>sorielle d'<strong>en</strong>trer dans l'eau, je l'ai lancé vers une direction sans remplissem<strong>en</strong>t immédiat ; etje l'ai <strong>en</strong>couragé sans le savoir à mettre à la lumière quelque chose que depuis le début elle nesouhaitait pas aborder.Matériaux bruts de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> se rapportant à la séqu<strong>en</strong>ce 7/p il y a couche, mais il y a aussi <strong>en</strong>globant , pour moi c'est <strong>en</strong>globant qui est plus déterminant,cl oui 143, ça d'abord été couche, effectivem<strong>en</strong>t couche, je veux pas dire que je me suis dit, c'était pasque je me suis dit, mais, ça a fait effectivem<strong>en</strong>t une rupture, <strong>en</strong> disant mais alors att<strong>en</strong>d vers quoi jepourrais bi<strong>en</strong> aller, effectivem<strong>en</strong>t,?????? ça arrêté mon att<strong>en</strong>tion d'être là-<strong>des</strong>sus, pour essayer dechercher vers quoi je pourrais me mettre d'autre,n 146 ah oui, donc, donc tu es quand même allée dans l'<strong>en</strong>globant,cl alors après il y a couche, non mais d'abord couche, couche effectivem<strong>en</strong>t c'était bon b<strong>en</strong> d'abord il ya d'abord eu couche, et <strong>en</strong>globant c'est <strong>en</strong>core autre chose, <strong>en</strong> deux motsn 149 et alors quand tu <strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds <strong>en</strong>globant qu'est-ce que tu fais là , ?cl je sais pas ce que je fais, mais tu l'as bi<strong>en</strong> dit effectivem<strong>en</strong>t que <strong>en</strong>globant , c'était je voulais couper,j'avais mal à la tête,p ça c'est le cont<strong>en</strong>u 151cl mais <strong>en</strong>globant, je savais pas trop comm<strong>en</strong>t il fallait que je le compr<strong>en</strong>ne,p et quand tu sais pas trop comm<strong>en</strong>t il faut le compr<strong>en</strong>dre , tu fais quoi à ce mom<strong>en</strong>t, ? si tu pr<strong>en</strong>ds letemps ,,,,, de t'y rapporter ,,,,,, avec tout le temps dont tu as besoin pour le faire ,,,,cl b<strong>en</strong> qu'est-ce qui étais <strong>en</strong>globant de cette <strong>situation</strong> , ,,,,,n qu'est-ce qui se passe à ce mom<strong>en</strong>t là ? 156cl je sais plus, b<strong>en</strong> je me suis tourné vers quelque chose que je laissais dans l'ombr<strong>en</strong> et qu'est-ce qui s'est passé quand tu t'es tourné vers quelque chose que tu lâchais ?cl que j'ai lâché, parce que j'ai ouvert la vanne ????n tu as ouvert la vanne , d'accord et comm<strong>en</strong>t tu as fait pour te tourner vers ça ?cl b<strong>en</strong> c'était comme si , la lampe de pierre c'était ????? je pouvais plus garder et je me laissais fair<strong>en</strong> et comm<strong>en</strong>t tu as fait pour te tourner vers , , , laisser fairecl je crois que j'ai lâché quelque chose, ,,,,n oui tu as lâché quelque chose 164cl j'ai lâché une ret<strong>en</strong>u<strong>en</strong> tu as lâche et qu'est-ce que tu as fait quand tu as lâché ?? pr<strong>en</strong>ds le temps simplem<strong>en</strong>t d'être là ,<strong>en</strong>globant et donc ,,,cl et <strong>en</strong>globant , ????? dans ma tête comme ça, donc ça <strong>en</strong>globe tout ça, le cont<strong>en</strong>u et tout, , , et queça conti<strong>en</strong>t tout, , et donc après j'étais mieux et pourquoi j'étais v<strong>en</strong>u là hein, , , et que je vivais pasjusque là , et donc j'étais pas allé jusque là , j'étais resté sur le contexte , la s<strong>en</strong>sation,n et donc tu lâches quelque chose 174cl je voulais pas lâcher <strong>des</strong> choses qui étai<strong>en</strong>t impliquante <strong>en</strong> quelque sorte , que j'avais pas choisi, lecontexte de la <strong>situation</strong>n 177 et comm<strong>en</strong>t tu t'y es pris là pour, aller vers ces chosescl c'est comme si j'était là à droite,n oui tu es à droitecl 180 b<strong>en</strong> , je sais pas comm<strong>en</strong>t je lâche, ça se fait tout seul,n ça se fait tout seul,cl il y a une acceptation,n d'accord et c'est comm<strong>en</strong>t pour toi, 181 ?cl j'étais, c'est une acceptation, alors c'était une acceptation, et finalem<strong>en</strong>t avec une implication,n d'accord , et c'est comm<strong>en</strong>t pour toi quand il y a cette acceptation, au mom<strong>en</strong>t où tu voulais allervers la droite,cl je lâche ,je le fais pas si simplem<strong>en</strong>t que ça , <strong>en</strong> retrait,n 185 un retraitp est-ce qu'ily a <strong>en</strong>core autre chose, oui,cl 191, au mom<strong>en</strong>t où tu me dis ça, j'ai s<strong>en</strong>ti vraim<strong>en</strong>t que tu as poussé que tu me poussais à allerplus loin,p est-ce qu'il y a <strong>en</strong>core autre chose,cl j'ai s<strong>en</strong>tie que tu poussais làn tu as s<strong>en</strong>tie que pierre te poussais etcl et donc il fallait que je lâche,n et il fallait que tu lâches 196 hummm 200


Pierre Vermersch Page 38 23/03/03je suis frappée par l'importance de la succession <strong>des</strong> mots, c'est-à-dire que le mot couche pourrait lar<strong>en</strong>voyer à du retrait, je sais pas quoi, et qu'<strong>en</strong>globant a rattrapé, remettre le mot couche <strong>en</strong> question,avec pierre-andré ça été la même chose,m qu'est ce que tu rajoutes avec couche ?cl 216 l'effet de couche ça été quand même de faire lâcher mon att<strong>en</strong>tion de là où elle était, de fairequelque chose,p 219 deux choses à vérifier l'exist<strong>en</strong>ce de strates et l'exist<strong>en</strong>ce de volume qui conti<strong>en</strong>t l'autre, quiconti<strong>en</strong>t l'objet dont on parle, mais il y a besoin <strong>des</strong> deux choses, , il y a quelque chose qui est autour ,qui emballe, qui conti<strong>en</strong>t cette chose là , donc bi<strong>en</strong> sûr on se décale puisque au lieu d'être associé àl'objet on est dissocié, et puis il y a quelque chose aussi qui n'est pas de la même nature que ce surquoi on portait son att<strong>en</strong>tion, qui est la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre "est-ce qu'il y a autre chose auquel tu faisatt<strong>en</strong>tion" qui reste dans la modalité s<strong>en</strong>sorielle dans diriger l'att<strong>en</strong>tion vers l'objet lui même. 232238 ce qui conti<strong>en</strong>t cet objet est différ<strong>en</strong>t de cet objet donc ce n'est plus du s<strong>en</strong>soriel, donc ce sera dela motivation , de l'id<strong>en</strong>tité, et on aurait pu continuer, comme dans amarante, au point ou on <strong>en</strong> étaitj'avais <strong>en</strong>vie d'improviser <strong>des</strong> questions puisque j'avais pas d'objectif de questionnem<strong>en</strong>t précis, doncj'ai quitté les pieds et puis <strong>en</strong>suite je me suis dit qu'es-ce que ça va lui faire si je lui pose une questionsur ????cl 258 là c'est pas très confortable, mais ça a joué son rôle sur l'att<strong>en</strong>tion,p b<strong>en</strong> ce qui n'est pas clair c'est qu'est-ce qui fait que , quels sont les ingrédi<strong>en</strong>ts qui fait que tu asaccepté d'être bousculé, poussé,cl oui poussée, 259// cl 430 quand tu dis tout autour, effectivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>globlant, et tout autour ça serait <strong>en</strong>blobant parrapport à je sais pas, par rapport à ce à quoi je suis att<strong>en</strong>tive , c'est ça, c'est vraim<strong>en</strong>t tout ce que jevoyais devant moi et qui effectivem<strong>en</strong>t était cont<strong>en</strong>ait tout ça , ?????c ce que tu as dit , tu l'as dit <strong>en</strong> fonction de pierre , c'est que tu étais s<strong>en</strong>sible à la façon dont ilt'<strong>en</strong>veloppait, c'est-à-dire , que non seulem<strong>en</strong>t il employait le mot <strong>en</strong>globant, mais son interv<strong>en</strong>tionétait pour toi <strong>en</strong>veloppante, 443n je ne sais pas s'il faut faire le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre cet aspect de ton interv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong>veloppante etc et puis lamanière dont le terme <strong>en</strong>globant la dirige vers ce qu'elle va dire après,p oui mais <strong>en</strong> fait il y a trois formulation, il y a une couche <strong>en</strong>core plus <strong>en</strong>globante , non , il y a <strong>des</strong>mots qui traîne, 465cl et là ça me détourne de ce que je voyais, avec heu ?????? quelque par je crois que j'ai t<strong>en</strong>tém 460 donc là on peut pointer un changem<strong>en</strong>t de regard,p l'important c'est qu'elle a lâché ce qu'elle t<strong>en</strong>ait, c'est par rapport à la métaphore d'H de la t<strong>en</strong>ue, ellelâche, elle bouge et la chose qui la génait un instant, les autres mots ont ponsé la gêne, et que sepasse t-il , ce que tu as dit tout à l'heure c'est que tu gardais le regard au <strong>des</strong>sus, c'est ça ?cl non tu confonds ,réécoute la question <strong>en</strong> trois partie 45 à 50496 cl non je savais pas si cela allez dans le s<strong>en</strong>s, de couche ou pas couche ???? , quelle couche,j'étais gênée et je savais pas et c'est ça qui est v<strong>en</strong>u, et donc j'ai laissé v<strong>en</strong>ir, puis c'est bon,503 p <strong>en</strong> arrière plan j'avais l'exemple de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec p-a ;;;; on va vers les exist<strong>en</strong>siaux, vers cequi fait s<strong>en</strong>s de vivre ça , ce qui est porteur de s<strong>en</strong>s de vivre, dans ce cadre là , avec ces personneslà,cl 521 l'exemple de pa c'était ce qui était <strong>en</strong>globant dans l'instant de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>,p non ,c'était quelque chose qui correspondait au mom<strong>en</strong>t où je lui avais proposé l'exercice qui servaitde vécu de référ<strong>en</strong>ce ,cl 535 et moi j'ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du ça comme ce qui donnait s<strong>en</strong>s à cet acte là , quoi de ce mom<strong>en</strong>t,p 541 et là pour toi ce n'est pas un exercice, c'est un mom<strong>en</strong>t de vie, qui se situe dans une journée <strong>des</strong>tage, qui se situe, qu'est ce qui donne s<strong>en</strong>s , qui conti<strong>en</strong>t ce mom<strong>en</strong>t là ???cl et <strong>en</strong> fait qu'est ce qui fait que je vais dans l'allier plutôt que d'aller marcher,cl c'est vrai que le mot couche, c'est vrai que les mots dur<strong>en</strong>t longtemps, c'était de me dire vers quoi jeme tourne, il y a une hésitation quand même, vers quoi je tourne mon att<strong>en</strong>tion ? ,p 569 et alors comm<strong>en</strong>t cela a émergé la fin de l'hésitation ? la productioncl je savais pas bi<strong>en</strong> ce que, il fallait donner, et puis b<strong>en</strong> ce truc là était là et puis à côté , b<strong>en</strong> il y avaitri<strong>en</strong> d'autre, et comme il y avait ri<strong>en</strong> d'autre, b<strong>en</strong> j'ai laissé faire ça, mais avec l'interrogation de je saispas si c'est ça le truc qu'il faut que je donne ,Comm<strong>en</strong>taire d’<strong>en</strong>semble sur la séqu<strong>en</strong>ce 7.Comme on peut le deviner, tout l'échange s'inscrit sur un horizon de s<strong>en</strong>s qui n'est qu'<strong>en</strong> partierévélé par les mots de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.


Pierre Vermersch Page 39 23/03/03D'une part, ce dont Claudine ne souhait pas parler parce que c'est trop impliquant, qui ne serévèle qu'après coup dans ses comm<strong>en</strong>taires et <strong>des</strong>criptions de son état, ses émotions et sesp<strong>en</strong>sées. En même temps c'est ce dont elle a choisit de parler. On pourrait p<strong>en</strong>ser dans unpremier temps qu’on est seulem<strong>en</strong>t dans du cognitif alors que tout est sous-t<strong>en</strong>du parl'implication du besoin qui l'a conduit à aller se baigner, besoin qui s'est révélé à elle aumom<strong>en</strong>t où elle se met à parler du faire : se baigner.D'autre part, la relation qu'elle a à l'interviewer, qui n'est pas que l'interviewer mais aussi <strong>en</strong>quelque sorte l'animateur de la démarche, l'inspirateur du questionnem<strong>en</strong>t, lui permet-elle delui dire non ? Jusqu'à quel point l'échange ne s'inscrit pas malgré ses airs feutrés, dans uneacceptation d'être contrainte de la part de l'interviewée, au delà de ce que figure ou perçoitl'intervieweur. Si l'on voulait être polémique, on pourrait se demander qu'est ce que Claudineaurait refusé de faire dans ce cadre d'échange ? Disposée qu'elle était à se prêter à l'exercice,qu'aurait-il fallut faire pour qu'elle sorte de l'évocation et remette <strong>en</strong> cause le contrat ?Globalem<strong>en</strong>t, on peut dire que cette séqu<strong>en</strong>ce 7 qui a pour but d'infléchir de façon délibérée ladirection de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>en</strong> allant de manière exploratoire vers <strong>des</strong> espaces qui n'ont pas étéabordés sur l’initiative de l'interviewée, produit un résultat congru<strong>en</strong>t au projet. Cep<strong>en</strong>dant il ya un grand décalage <strong>en</strong>tre ce que vit l'interviewée et ce qu'elle manifeste par ses répliques,décalage qui s'inscrit sur le mode de la difficulté à répondre à la demande de l'interviewer,difficulté à donner la réponse qui vi<strong>en</strong>t, parce que le faire c'est accepter d'aller plus loin que cequ'elle le souhaite consciemm<strong>en</strong>t, quoique le fait de parler de cette <strong>situation</strong> ne pouvait que lamettre <strong>en</strong> contact avec le besoin porté par cette <strong>situation</strong>.Sur cette séqu<strong>en</strong>ce on peut peut-être conclure qu'un changem<strong>en</strong>t de direction induit àl'initiative de l'interviewer, même s'il est <strong>en</strong> structure, par le simple fait qu'il ouvre un espaceque l'interviewée n'a pas choisit d'ouvrir de sa propre volonté crée une <strong>situation</strong> conflictuellepot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t. On peut p<strong>en</strong>ser qu'ici le conflit a été amorti par la <strong>situation</strong> d'exercice, lavolonté de se prêter à l'exercice, peut-être la qualité de l'accord et du contrat decommunication global. Cep<strong>en</strong>dant pour ma part j'<strong>en</strong> tire la leçon que pour infléchir ainsi lecours d'un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, à l'initiative de l'intervieweur il faut r<strong>en</strong>égocier un contrat decommunication portant spécifiquem<strong>en</strong>t sur ce point: par exemple : "Serais-tu d'accord pourqu'on explore d'autres facettes de ton expéri<strong>en</strong>ce ? ".Exemple 14 Fin57. P OK, moi je te propose là de rester avec cette impression de t’accrocher auxcailloux58. C oui59. P si tu veux continuer à fermer les yeux tu: pour rester avec ça, tu peux et je vaism’adresser aux autres, quelques mots, donc on fait une pauseDiscussionCe travail constitue ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t une recherche méthodologique quant à la possibilitéd’am<strong>en</strong>er à la consci<strong>en</strong>ce réfléchie et donc à l’expression et même si possible à laverbalisation, le vécu d’un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. De manière générale il essaie de répondre au but dedocum<strong>en</strong>ter la subjectivité extra linguistique au sein même d’un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ou d’un échange.Secondairem<strong>en</strong>t, il peut alors servir à vérifier les effets délibérés mis <strong>en</strong> œuvre dans unetechnique d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, ce qui était notre int<strong>en</strong>tion au départ relativem<strong>en</strong>t aux techniques del’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d’explicitation. Mais les catégories <strong>des</strong>criptives progressivem<strong>en</strong>t dégagées qu<strong>en</strong>ous avons essayé de mobiliser pour l’att<strong>en</strong>tion, les actes et l’état interne, peuv<strong>en</strong>t servir àanalyser n’importe quel échange communicationnel au-delà d’une <strong>situation</strong> d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> etd’une volonté d’explicitation ou d’élucidation.Cep<strong>en</strong>dant cette démarche a r<strong>en</strong>contré de nombreuses difficultés.


Pierre Vermersch Page 40 23/03/03L’explicitation du vécu d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> V2 est délicate. Dans ce mom<strong>en</strong>t vécu, <strong>en</strong> particulierquand on utilise la technique de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation l’att<strong>en</strong>tion de la personne vise levécu de référ<strong>en</strong>ce V1, et elle le fait sur le mode du rappel évocatif, ce qui a un effet trèsabsorbant, autrem<strong>en</strong>t dit sa visée vers le passé est très <strong>en</strong>gagée et inhibe fortem<strong>en</strong>t les autressollicitations. Les <strong>relances</strong> de l’intervieweur fonctionn<strong>en</strong>t comme indication se rapportant aupassé, elles ne sont pas prises pour thèmes par l’interviewé, il ne les écoute pas pour savoircomm<strong>en</strong>t elles sont faites mais elles lui parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t comme indications de ce vers quoi il setourne. Et donc au mom<strong>en</strong>t où on le sollicite pour se rapporter au vécu V2 d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, ce quirevi<strong>en</strong>t massivem<strong>en</strong>t et le plus facilem<strong>en</strong>t c’est ce vers quoi il était att<strong>en</strong>tionnellem<strong>en</strong>t tourné,c'est-à-dire le vécu de référ<strong>en</strong>ce passé, l’objet de son att<strong>en</strong>tion V1. Ne vont aisém<strong>en</strong>t sedétacher rétrospectivem<strong>en</strong>t que les mom<strong>en</strong>ts où l’interviewé n’était pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong> évocation(cf la seconde séqu<strong>en</strong>ce et la consci<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> mots « aimerait » et « voir »), ou de manièregénérale <strong>des</strong> temps où il a été gêné ou dérangé par ce que dit l’intervieweur, parce que seseront <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts où son att<strong>en</strong>tion se sera tournée vers la verbalisation de l’intervieweur etnon plus ce que désigne la verbalisation de l’intervieweur. Pour accéder aux autres aspects duvécu de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, qui puisqu’ils ont affecté l’interviewé sont dans le principe pénétrables, ilfaudra guider l’interviewée vers un déplacem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>tionnel au sein du réfléchissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong>on vécu passé, produisant ainsi une explicitation dans le souv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> am<strong>en</strong>ant au focus ce quin’était au mom<strong>en</strong>t vécu que dans un statut secondaire, ou même seulem<strong>en</strong>t à la marge. Si l’onpr<strong>en</strong>ait l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> E3 cherchant à faire expliciter le vécu V2 comme nouvel objet derecherche, on pourrait montrer tous les mom<strong>en</strong>ts où la formulation inadéquate de la relancefait déraper l’interviewée de V2 (l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>) à V1 (la baignade), ou avec quelle facilitél’écoute de la cassette restituant pourtant les échanges, facilite prioritairem<strong>en</strong>t l’induction del’accès à V1 et non pas à V2.De plus les phénomènes que voulions saisir sont assez fugitifs dans la saisie introspective,dans un autre groupe de travail composé de chercheurs non experts dans l’accès introspectif àleurs vécus passés, certain déclar<strong>en</strong>t facilem<strong>en</strong>t forfait à défaut d’être accompagné <strong>en</strong><strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d'explicitation. La possibilité d’utiliser le magnétophone dans une forme de rappelstimulé et surtout de gardi<strong>en</strong> de la continuité et de l’exhaustivité <strong>des</strong> tours de paroles a été uneaide certaine, quoique la vidéos aurait sûrem<strong>en</strong>t été plus efficace pour prés<strong>en</strong>tifier la <strong>situation</strong>d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>en</strong> plus du cont<strong>en</strong>u verbalisé. Pour aller plus loin, il aurait été souhaitable que nousfassions une transcription écrite de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> initial pour nous assurer que chacun <strong>des</strong> toursde parole serait exploité, car l’écoute d’un son <strong>en</strong>registré un peu défaillant que nousdécouvrions au fur et à mesure n’était pas assez précis pour notre objectif. Mais plus <strong>en</strong>core,nous avons plus d’une fois abandonnés le questionnem<strong>en</strong>t par manque « d’intellig<strong>en</strong>cecatégorielle » de ce qui pourrait se prêter à <strong>des</strong>cription. Comme toujours, la recherche achevé<strong>en</strong>ous indique comm<strong>en</strong>t nous aurions pu la réaliser pour atteindre vraim<strong>en</strong>t nos objectifs. C’estparticulièrem<strong>en</strong>t vrai pour les filtres catégoriels qui permett<strong>en</strong>t de saisir les facettes, lespropriétés <strong>des</strong> vécus relativem<strong>en</strong>t aux effets id<strong>en</strong>tifiables <strong>des</strong> <strong>relances</strong>.Il est vrai qu’arriver au terme provisoire de l’exploitation <strong>des</strong> données la question de laqualification <strong>des</strong> catégories <strong>des</strong>criptives pose <strong>en</strong>core de nombreux problèmes. Dans ladim<strong>en</strong>sion att<strong>en</strong>tionnelle par exemple, il faudrait affiner les critères qui permett<strong>en</strong>t dediscriminer les types de mouvem<strong>en</strong>ts de l’att<strong>en</strong>tion. La structure feuilletée du champatt<strong>en</strong>tionnel, la multiplicité <strong>des</strong> types d’att<strong>en</strong>tion (porter intérêt et remarquer par exemple), ladiversité <strong>des</strong> mouvem<strong>en</strong>ts de visée (<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t, saisie, maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> prise, lâcher-prise oupassage du focus au secondaire, de la marge au secondaire etc.), la possibilité de qualifierprécisém<strong>en</strong>t un changem<strong>en</strong>t de focalisation plutôt que de visée ou de thème, tout celademandera à être perfectionné. Il me semble que la catégorisation <strong>des</strong> actes est robuste pourquelques distinctions clefs, comme la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre perception et évocation ou évocation etréflexion ou jugem<strong>en</strong>t. Mais l’exemple d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec lequel nous avons travaillé n’est pas


Pierre Vermersch Page 41 23/03/03assez riche <strong>en</strong> activités variées pour permettre de r<strong>en</strong>contrer tous les problèmes decatégorisation <strong>des</strong> actes. C’est donc un chantier à poursuivre. En ce qui concerne l’étatinterne, nous pourrions faire les mêmes remarques. Cep<strong>en</strong>dant l’introduction de la notion deval<strong>en</strong>ce comme polarité émotionnelle élém<strong>en</strong>taire me paraît productive pour l’analyse <strong>des</strong>communications, même si sa saisie introspective s’avère délicate et demande unappr<strong>en</strong>tissage.Globalem<strong>en</strong>t nous avons montré que les changem<strong>en</strong>ts att<strong>en</strong>tionnels étai<strong>en</strong>t manifestes etcohér<strong>en</strong>ts avec les <strong>relances</strong> qui proposai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> modifications. En même temps de nombreuxexemples indiqu<strong>en</strong>t que ces changem<strong>en</strong>ts ne vont pas de soi pour l’interviewée, qu’ils doiv<strong>en</strong>têtre am<strong>en</strong>és avec <strong>des</strong> termes qui lui permett<strong>en</strong>t de s’<strong>en</strong> saisir avec facilité, la moindreambiguïté ou décalage introduisant un changem<strong>en</strong>t d’acte et de visée att<strong>en</strong>tionnelle <strong>en</strong> faisantpasser la personne d’une visée évocative sur son vécu passé, à une visée perceptive/réflexivedu s<strong>en</strong>s de ce qu’elle vi<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. Une telle s<strong>en</strong>sibilité montre bi<strong>en</strong> que ces effetsinducteurs de changem<strong>en</strong>t de visée et d’acte sont prés<strong>en</strong>ts. Plus <strong>en</strong>core, nous nous proposonsdans l’av<strong>en</strong>ir de prés<strong>en</strong>ter <strong>des</strong> exemples plus fortem<strong>en</strong>t inadéquats et qui montr<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>tles formulations <strong>des</strong> <strong>relances</strong> peuv<strong>en</strong>t produire avec facilités <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s inefficaces etconduire le chercheur ou le pratici<strong>en</strong> à p<strong>en</strong>ser qu’il n’y a pas de possibilité de questionner etde docum<strong>en</strong>ter tel ou tel aspect du vécu. Quite à faire une théorie sur le caractère impénétrable<strong>des</strong> vécus pour r<strong>en</strong>dre compte d’une incompét<strong>en</strong>ce à les questionner et à opérer la médiationindisp<strong>en</strong>sable pour aider l’autre à <strong>en</strong> opérer le réfléchissem<strong>en</strong>t. Il est difficile dans cettediscussion de distinguer les changem<strong>en</strong>ts d’actes et les changem<strong>en</strong>ts att<strong>en</strong>tionnels, du fait dela structure de l’activité proposée : soit la personne est <strong>en</strong> activité perceptive / réflexive et ellevise ce qui se passe dans le prés<strong>en</strong>t autour d’elle et pour elle, soit elle est <strong>en</strong> activité de rappelévocatif et elle vise son vécu passé. Mais dans ces deux gran<strong>des</strong> modalités d’acte deprés<strong>en</strong>tation et prés<strong>en</strong>tification (et dans cette dernière dans la distinction <strong>en</strong>tre actes signitifset intuitifs) on peut alors voir apparaître les changem<strong>en</strong>ts de visée ou de focalisationatt<strong>en</strong>tionnelle. Une <strong>des</strong> difficultés est de distinguer ce qui est thème et ce qui est changem<strong>en</strong>tau sein du thème comme les changem<strong>en</strong>ts de visée. Le problème est que l’on a une échelled’importance qui est relative et non pas absolue. Par exemple, <strong>en</strong>tre le thème initial durangem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> affaires et le passage au thème du vécu passé la différ<strong>en</strong>ce est forte. Enrevanche, quand le thème est le vécu passé V1, le passage de la <strong>des</strong>cription de la s<strong>en</strong>sorialité,de la dynamique du corps, du ress<strong>en</strong>ti à « une couche plus <strong>en</strong>globante » comm<strong>en</strong>t doit-il êtrecatégorisé ? D’un premier point de vue on pourrait dire qu’il s’agit bi<strong>en</strong> toujours du mêmethème : l’intérêt pour le vécu passé, d’un autre point de vue on pourrait dire qu’au sein de cethème la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre décrire la s<strong>en</strong>sorialité/corporéité et la motivation de l’acte esttellem<strong>en</strong>t grande qu’il serait plus clair de décréter changem<strong>en</strong>t de thème le passage <strong>en</strong>tre cesdeux domaines de la subjectivité. Ce que j’ai fait dans l’analyse. Il me semble qu’à l’heureactuelle le travail sur un seul exemple ne suffit pas pour conclure et demande d’explorerd’autres <strong>situation</strong>s prés<strong>en</strong>tant d’autres contraintes.Maint<strong>en</strong>ant pouvons-nous dire que le questionnem<strong>en</strong>t d’explicitation sur le vécu de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>a apporté <strong>des</strong> informations que nous n’aurions pas eues avec les seules observables et lesinfér<strong>en</strong>ces qu’elles autoris<strong>en</strong>t. Quoique la <strong>situation</strong> soit un peu plus complexe puisque letémoignage <strong>en</strong> parole et <strong>en</strong> acte de l’intervieweur montre que lui pr<strong>en</strong>ait <strong>en</strong> compte <strong>des</strong>difficultés présumées dont il voyait se manifester les symptômes et qui ont été corroborées demanière plus détaillée par l’interviewée. Ce premier point répond partiellem<strong>en</strong>t de manièrepositive à notre question, mais surtout il est clair que nous avons pu mettre à jour <strong>des</strong> couchessimultanées d’activité et de val<strong>en</strong>ce. Dés la seconde séqu<strong>en</strong>ce on a plusieurs viséessimultanées qui vont se poursuivre :Visée 1 : vécu évoqué de la baignade,Visée 2 : appréciation de la qualité de l’acte d’évocation de la baignade,


Pierre Vermersch Page 42 23/03/03Puis visée 3 : appréciation du fait que l’intervieweur est consci<strong>en</strong>t du manque deremplissem<strong>en</strong>t de l’acte, et consci<strong>en</strong>t qu’elle s’auto guide pour y arriver…De même, pour la val<strong>en</strong>ce qui est facilem<strong>en</strong>t double, avec d’une part dans sa traductioncomportem<strong>en</strong>tale un cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t, et d’autre part suivant les mom<strong>en</strong>ts un non-cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>tmasqué qui se traduit par de l’auto guidage, pois à un autre mom<strong>en</strong>t par de la gêne, voir mêmeau mom<strong>en</strong>t de la pause et de la « sortie » de l’eau provisoire un presque refus.Ce travail qui repr<strong>en</strong>d d’une manière systématique les bases pratiques de la conduite del’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d’explicitation peut permettre d’ouvrir un domaine de recherche qui affine laquestion : qu’est-ce que je fais à l’autre avec mes mots ? Non pas que cette question n’ait pasété abordé par les sci<strong>en</strong>ces du langage, mais ce que nous proposons est de le faire <strong>en</strong> intégrantles aspects extra linguistiques, ce qui n’est absolum<strong>en</strong>t pas abordé par les spécialistes del’étude <strong>des</strong> questions par exemple (Kerbrat-Orecchioni 1991).Pour ouvrir la discussion dans les séminaires ou groupes de travail dans lesquels j’intervi<strong>en</strong>sdans les semaines qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, je n’essaie pas ici de récapituler et de synthétiser les résultatsséqu<strong>en</strong>ces par séqu<strong>en</strong>ce et exemple par exemple, ce qui devra être fait plus tard <strong>en</strong> profitant<strong>des</strong> échanges à v<strong>en</strong>ir et donnera lieu à <strong>des</strong> écritures plus synthétiques.BibliographieHusserl E. (1998) De la synthèse passive. Jérôme Millon, Gr<strong>en</strong>oble.Kerbrat-Orecchioni C. (1991) La question. Presses Universitaires de Lyon, Lyon.Ullmann T. (2002) La g<strong>en</strong>èse du s<strong>en</strong>s : signification et expéri<strong>en</strong>ce dans la phénoménologiegénétique de Husserl. L'Harmattan, Paris.Vermersch P. (1998) Husserl et l'att<strong>en</strong>tion 1/ analyse du paragraphe 92 <strong>des</strong> Idéesdirectrices. <strong>Expliciter</strong>: 7-24.Vermersch P. (1999) Phénoménologie de l'att<strong>en</strong>tion selon Husserl : 2/ la dynamique del'éveil de l'att<strong>en</strong>tion. <strong>Expliciter</strong>: 1-20.Vermersch P. (2000) Husserl et l'att<strong>en</strong>tion : 3/ Les différ<strong>en</strong>tes fonctions de l'att<strong>en</strong>tion.<strong>Expliciter</strong>: 1-17.Vermersch P. (2001) Psychophénoménologie de la réduction. <strong>Expliciter</strong>: 1-19.Vermersch P. (2002a) La prise <strong>en</strong> compte de la dynamique att<strong>en</strong>tionnelle : élém<strong>en</strong>tsthéoriques. <strong>Expliciter</strong>: 27-39.Vermersch P. (2002b) L'att<strong>en</strong>tion <strong>en</strong>tre phénoménologie et sci<strong>en</strong>ces expérim<strong>en</strong>tales,élém<strong>en</strong>ts de rapprochem<strong>en</strong>t. <strong>Expliciter</strong>: 14-43.

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