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Jean Claude Volpato (FN) - La Gazette de Côte d'Or

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HISTOIRE...ces <strong>de</strong>ux péquenots avaient l’habitu<strong>de</strong><strong>de</strong> se coucher tôt. Armé d’un revolver etd’un couteau, j’ai pénétré à pas <strong>de</strong> loup dansla chambre <strong>de</strong>s frères. D’un coup sec j’aiallumé l’électricité, ce qui a réveillé le vieuxJules ». Gouczouliakoff n’épargne aucundétail : « Je ne lui ai pas laissé le temps <strong>de</strong>réagir. De mon couteau, je lui ai saigné lagorge, comme à un gros porc. Après je suispassé au Lucien et je l’ai aligné à son tour,en lui logeant un coup <strong>de</strong> revolver en pleinetête. » Aucune émotion ne vient perturber sonmorbi<strong>de</strong> récit. Les policiers sont bouche bée.« Je suis <strong>de</strong>scendu à la cuisine. J’ai tiré <strong>de</strong>uxballes <strong>de</strong> revolver dans la tête <strong>de</strong> Triolaire.Pour l’achever, je lui ai tranché le cou à l’ai<strong>de</strong><strong>de</strong> mon couteau. Il n’a pas eu le temps <strong>de</strong>réaliser ce qui lui arrivait. » Gouczouliakoffrécupère les économies, 500 francs. Avant<strong>de</strong> quitter les lieux, il prend même le temps<strong>de</strong> manger un bout. Placé en détention,Gouczouliakoff fait <strong>de</strong>s siennes et se rétracte.Il charge <strong>de</strong>ux Polonais et un Russe qu’ilaurait rencontrés à Paris. Il minimise son rôle,tente <strong>de</strong> convaincre le magistrat instructeurqu’il n’était qu’un guetteur, qu’à aucunmoment il n’est rentré dans la ferme. Uneversion qui ne persua<strong>de</strong> personne. Il n’yaura d’ailleurs aucune reconstitution du triplemeurtre avant le début <strong>de</strong> son procès <strong>de</strong>vantla cour d’assises <strong>de</strong> Dijon, qui s’ouvre le28 novembre 1936. Et comme <strong>de</strong> rigueur,les débats vont s’intéresser à son parcoursprofessionnel et à sa vie privée.Basile Gouczoulaikoff est né à Kiev le 21décembre 1900. Et son parcours est dugenre tumultueux. On le voit dans les rangs<strong>de</strong> l’armée Wrangel, dit avoir servi auxDardanelles sur un bateau russe. Il parle <strong>de</strong>ses errances à travers l’Europe. Il vit <strong>de</strong> petitsBasile Gouczouliakoff (au centre) lors <strong>de</strong> son procès à Dijon.<strong>La</strong> <strong>Gazette</strong> numéro 237 du 24 février 2011 24Je lui aisaignéla gorge,comme à un gros porcboulots, <strong>de</strong> menus larcins. Les témoignages<strong>de</strong> ses anciens employeurs ne le dépeignentpourtant pas comme un monstre. On dit même<strong>de</strong> lui qu’il est un garçon intelligent, plutôtserviable. Sa vie privée ne laisse pas non plustransparaître l’assassin qui sommeillait en lui.On lui prête une relation platonique avec unejeune infirmière d’origine russe. Les courriersqu’il lui adressait sont du genre poli…Au cours <strong>de</strong>s débats le « Cosaque » nemanifeste aucune compassion pour lesvictimes. Arrogant, cynique, il sourit à lamoindre occasion. Il ne réitère d’ailleurspas ses aveux prononcés lors <strong>de</strong> soninterpellation. « Je suis innocent », clame-t-ilà l’auditoire, remettant sur le tapis la théorie<strong>de</strong>s complices.Dans son réquisitoire il ne faisait aucundoute que l’avocat général allait <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rla peine capitale. Ce qu’il obtint à l’issue<strong>de</strong>s délibérations <strong>de</strong>s jurés, qui ne traînèrentpas plus <strong>de</strong> trente minutes. Gouczouliakoffaccueille la sanction sans manifester lamoindre émotion. Le pourvoi en cassationformé à la sortie <strong>de</strong> l’audience n’y changerarien. Ni d’ailleurs la grâce prési<strong>de</strong>ntielle,refusée manu militari par Albert Lebrun.Le 18 février 1937, à 5 h 20, BasileGouczoulaikoff est extirpé <strong>de</strong> sa cellulepour être conduit à la guillotine, installéepour l’occasion <strong>de</strong>vant la prison <strong>de</strong> la rued’Auxonne. Il faudra plusieurs centainesd’hommes du 27 RI pour maintenir lesmilliers <strong>de</strong> curieux venus voir le monstredu Châtillonnais. <strong>La</strong> vue <strong>de</strong> la guillotinedéstabilise Gouczouliakoff. Il résiste, vocifère<strong>de</strong>ux trois insultes au passage. Il faudra leporter jusqu’à l’échafaud. Peine perdue… À6 h 10, le bourreau Anatole Deibler actionnele couperet <strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>vait être la <strong>de</strong>rnièreexécution capitale en public en Côte-d’Or .À lireRoald Billebaultroald@gazette-cotedor.frTueurs en série<strong>de</strong> Sylvain <strong>La</strong>rueÉditions <strong>de</strong> Borée

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