À LA UNE12<strong>La</strong> <strong>Gazette</strong> numéro 237 du 24 février 2011<strong>La</strong> route du sangPHOTOS JÉRÉMIE DEMAYÀ travers le parcours d’un don,l’Établissement français du sang montresa force et sa rigueur permettant <strong>de</strong>limiter au maximum - sinon d’annuler- tous les risques <strong>de</strong> contamination partransfusion sanguine.OUTES LES précautionssont prises parl’Établissement françaisdu sang (EFS), tant auniveau <strong>de</strong>s contrôles quedans la traçabilité d’un don. Les failles seréduisent donc même si elles <strong>de</strong>meurentpossibles. En cause : la fenêtre sérologique,pério<strong>de</strong> durant laquelle un virus n’est pasdétectable. Pour éviter tout nouveau dramedu sang contaminé, l’EFS a établi toute uneprocédure. Ainsi, le risque <strong>de</strong> contamination,qu’on ne peut jamais exclure à cent pourcent, est fortement restreint. Explicationavec le suivi d’un don.<strong>La</strong>urent a 31 ans et donne son sang <strong>de</strong>puis2007. Une simple prise <strong>de</strong> conscience :« Quand j’ai appris que j’étais un donneuruniversel, ça m’a motivé à pousser laporte du centre <strong>de</strong> dons » explique-t-il,alors qu’une infirmière lui pique le bras.Sa fréquence <strong>de</strong> dons est d’un tous lesquatre mois : « Les premières fois, on al’impression <strong>de</strong> faire la BA (bonne action)<strong>de</strong> l’année. Après, ça <strong>de</strong>vient complètementnormal. » <strong>La</strong>urent est un donneur régulier.Malgré son habitu<strong>de</strong> et sa décontractionapparente, il doit passer à chaque fois<strong>de</strong>vant un mé<strong>de</strong>cin, muni d’un questionnairerempli un peu avant. Quarante-neufquestions appelant une réponse par ouiou par non, réparties en quatre gran<strong>de</strong>scatégories. Cela va du passé médical dufutur donneur, à ses <strong>de</strong>rniers voyages, enpassant par ses différentes activités pendantles quatre <strong>de</strong>rniers mois, mais aussi sur les<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières semaines… Mais attention,une réponse négative ne signifie en aucuncas que le don sera annulé. En effet, cequestionnaire sert <strong>de</strong> base au mé<strong>de</strong>cin pourl’entretien. Odile Striby, mé<strong>de</strong>cin à l’EFSBourgogne-Franche Comté explique :« Quand nous posons la question sur lesvoyages lors <strong>de</strong>s quatre <strong>de</strong>rniers mois, noussuivons les recommandations <strong>de</strong> l’OMS. »Les pays à risques ne sont pas les seulsrédhibitoires pour un refus <strong>de</strong> contrôle.En ce moment, sur la côte Est <strong>de</strong>s États-Unis sévit un virus. Si un futur donneura séjourné à Washington, par exemple,pendant les quatre <strong>de</strong>rniers mois, il lui seraimpossible <strong>de</strong> donner son sang. Mais, dèsque le délai <strong>de</strong> quatre mois est passé, le donre<strong>de</strong>vient possible. L’objectif <strong>de</strong> l’entretienest aussi <strong>de</strong> détecter tout comportementà risques. Ainsi, la fin du questionnaire<strong>de</strong>man<strong>de</strong> « si, dans les quatre <strong>de</strong>rniersmois vous avez : changé <strong>de</strong> partenairesexuel(le), eu plus d’un(e) partenairesexuel(le), eu une relation sexuelleavec un(e) partenaire occasionnel(le),eu une infection sexuellement...
13 <strong>La</strong><strong>Gazette</strong> numéro 237 du 24 février 2011>L’honnêtetéest unprincipe,À LA UNEil ne faut pas nuire...transmissible (IST) dont la syphilis.Si vous avez eu <strong>de</strong>s relations sexuelles entrehommes. […] Avez-vous été dans l’une <strong>de</strong>ssituations décrites ? Votre partenaire est-ilou a-t-il été dans l’une <strong>de</strong> ces situations ? »Dans ces cas, le don est tout bonnementimpossible. Cette vérification présente uninconvénient : elle repose sur l’honnêteté<strong>de</strong>s donneurs. « C’est un principe, il ne fautpas nuire » précise Odile Striby. Pourtant,un donneur bien qu’honnête pendantle questionnaire, peut donner son sangcontaminé, sans que celui-ci ne soit détectépendant tout le processus <strong>de</strong> contrôle. Quelque soit le virus. Par exemple, une personneporteuse du virus HIV (virus du sida) <strong>de</strong>puisquelques jours peut donner son sang enpassant le sta<strong>de</strong> du questionnaire. Le virusest visible dans le corps entre quinze etvingt jours après la contamination, en raison<strong>de</strong> la présence d’anticorps particuliers. Lesscientifiques appellent cette pério<strong>de</strong> lafenêtre sérologique. <strong>La</strong> science ne cessant<strong>de</strong> progresser dans ce domaine, permet« <strong>de</strong> fermer la fenêtre, et <strong>de</strong> la diminuerà huit jours en moyenne » assure ledocteur Louisa Adjerad, biologiste à l’EFSBourgogne-Franche Comté. Cette avancées’est généralisée en 2001 avec la biologiemoléculaire qui cherche le génome du virus.« Mais le risque est infime » souligne-t-elle.Le docteur Christophe Barisien, responsabledu service prélèvements à l’EFS est pluscatégorique : « On estime le risque à un surdix millions pour la contamination par leHIV». Comment font les EFS pour limiterau maximum ce risque <strong>de</strong> contaminationvirale par du sang transfusé ? Avant toutechose, il est important <strong>de</strong> comprendre quele sang est un produit périssable. Tout doitaller très vite.<strong>La</strong>urent, le donneur <strong>de</strong> 31 ans, avant <strong>de</strong>remplir sa poche <strong>de</strong> 280 ml, se voit...1. Une fois le questionnairerempli, et l’entretien effectué<strong>La</strong>urent peut donner son sang.2. Cette machine permet <strong>de</strong>récupérer d’un côté le plasma,1.<strong>de</strong> l’autre les globules rouges. 2.SUITE PAGE 14