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Armement et développement durable : comment concilier le ... - IHEDN

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45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArbe thoroughly analysed and recycling of materials maximised. The MoD Action Plan specifiesthat from 2008 onwards all new acquisition programs are to be established and managedaccording to sustainability princip<strong>le</strong>s – right from the initial user requirement defined jointlyby the DGA and the armed Forces.Thus the operational profi<strong>le</strong> must promote the one of simulations more environmentallyfriendly materials for training courses since they have a significant contribution to the environmentalimpact of the military systems throughout their life cyc<strong>le</strong>s. Industry now has tointegrate those concepts in the development of future systems.The equipments now in service are not <strong>le</strong>ft out of the process. All military productsconcerned have to be analysed progressively to optimize their use and remove toxic substancesuch as asbestos, cadmium or chromium and prepare for their future disposal. Inaddition to the REACh regulations forcing the EuroPean industry to declare the substancesimported or produced, Gifas has introduce an approach to identify more dangerous substances.This approach has been expended throughout Europe by ASD which defined a PLSD(Priority declarab<strong>le</strong> Substance List).The listing of these substances has been established for Naval ships and attached totheir ‘Green Passport’. The same thing is to be done by the Land and Air industries. At themoment, the list is to accompany systematically the delivery of newly ordered materials.Gifas is taking an active part in this process encouraging all suppliers to keep a record ofall the components used.However there are still obstac<strong>le</strong>s hindering the process. The armed Forces first of all wantto keep the operational capabilities at a top <strong>le</strong>vel, they fear the delays and extra costs of‘c<strong>le</strong>an weapons’. The weapon manufacturers want to remain comp<strong>et</strong>itive in a mark<strong>et</strong> thathas not valued environmental efforts y<strong>et</strong>. Finally the impact of sustainab<strong>le</strong> development canbe perceived by purchasing services as extra constraints in an already comp<strong>le</strong>x process.This trend however cannot be avoided. As a matter of fact the civilian sector has understoodthis – Snecma & EADS have followed this <strong>le</strong>ad – by carrying out applied research intothe reduction of aircraft fuel consumption, the improvement of production processes and thefinding of substitutes to the materials and substances that may soon be banned. The searchfor substitutes for p<strong>et</strong>ro<strong>le</strong>um based products is essential in the short run to guarantee freeaccess to supplies to reduce our CO 2emissions and maintain interoperability with our allies10


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>LE DÉVELOPPEMENT DURABLE :UNE ÉVOLUTION INÉLUCTABLELe développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> est couramment défini, selon la définition proposéeen 1987 par <strong>le</strong> rapport Brundtland (2) comme étant :« Un développement qui répond aux besoins des générations du présentsans comprom<strong>et</strong>tre la capacité des générations futures à répondre aux <strong>le</strong>urs.Deux concepts sont inhérents à c<strong>et</strong>te notion : <strong>le</strong> concept de "besoins", <strong>et</strong> plusparticulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorderla plus grande priorité, <strong>et</strong> l’idée des limitations que l’état de nos techniques <strong>et</strong> denotre organisation socia<strong>le</strong> impose sur la capacité de l’environnement à répondreaux besoins actuels <strong>et</strong> à venir. »ÉcologiqueVivab<strong>le</strong>Viab<strong>le</strong>SocialDurab<strong>le</strong>Équitab<strong>le</strong>Économique(2)Rapport de la Commission mondia<strong>le</strong> sur l’environnement <strong>et</strong> <strong>le</strong> développement de l’Onu, présidée par Madame Gro Har<strong>le</strong>mBrundtland ayant pour titre "Notre Avenir à Tous".13


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Tout d’abord, la fin de vie desnavires est récemment devenueun enjeu majeur dans un contextemondial. L’aventure du C<strong>le</strong>menceau,largement médiatisée, a provoquéun choc pour <strong>le</strong>s Français (citoyens,par<strong>le</strong>mentaires) rendant impérieusela nécessité de se préoccuper de la finde vie des navires en y associant <strong>le</strong>senjeux humains <strong>et</strong> environnementaux,notamment en matière de respect del’environnement ou de santé de sestravail<strong>le</strong>urs. Les images de vieil<strong>le</strong>scoques rouillées, en attente dedémantè<strong>le</strong>ment, sont de moins en moins acceptées par l’opinion publique.L’écrasement, fin 2007, d’un avion de combat en Corrèze, associé aux déclarationssur <strong>le</strong> matériau (<strong>le</strong> carbone) qui constitue l’avion, a déc<strong>le</strong>nché un début de psychose,alimenté par <strong>le</strong>s mesures liées à l’enquête (précautions supérieures à la norma<strong>le</strong>) <strong>et</strong> parla volonté de se rassurer sur la santé de la population (suivi <strong>et</strong> examens médicaux).Ces exemp<strong>le</strong>s illustrent, si besoin était, que <strong>le</strong>s enjeux écologiques <strong>et</strong>environnementaux sont devenus des suj<strong>et</strong>s de société à part entière touchant aussibien la protection de l’environnement que la santé publique (populations <strong>et</strong> salariés). Ilsont conduit à une prise de conscience des secteurs privé <strong>et</strong> public, prise de consciencemalgré tout confrontée à la viabilité économique des concepts proposés.Responsabilité socia<strong>le</strong> des entreprises (RSE)Navires de guerre en attente de démantè<strong>le</strong>mentFace aux contraintes environnementa<strong>le</strong>s qui pèsent sur <strong>le</strong>s entreprises, denouveaux concepts se développent <strong>et</strong> de nouveaux termes enrichissent <strong>le</strong>vocabulaire : RSE, développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, <strong>et</strong>c. Un des risques est de se limiter àun usage promotionnel de ces notions "à la mode", <strong>le</strong>ur emploi intensif par <strong>le</strong>sentreprises ou par <strong>le</strong>s médias ne garantissant pas <strong>le</strong>ur respect (4) .(4)Dans <strong>le</strong> Livre blanc de la Défense <strong>et</strong> sécurité nationa<strong>le</strong>, édité en juin 2008, la référence au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> n’yfigure qu’une fois, <strong>et</strong> cel<strong>le</strong> à l’environnement, guère plus.15


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArLa Charte de l’Environnement (5) affirme que « la préservation de l’environnementdoit être recherchée (par <strong>le</strong>s entreprises <strong>et</strong> <strong>le</strong>s gouvernants) au même titre que<strong>le</strong>s autres intérêts fondamentaux de la Nation. » Malheureusement, nos sociétéssont encore loin de c<strong>et</strong> objectif. La préservation de l’environnement demeure unepréoccupation qui ne nous est pas… naturel<strong>le</strong> ! Nos sociétés sont aujourd’huicaractérisées par la prise en compte de l’environnement non pas comme un moyen,comme cela devrait être, mais comme une fin en soi. De nos jours, il s’agit justede la découverte que <strong>le</strong>s conditions environnementa<strong>le</strong>s du développement sontdevenues absolument essentiel<strong>le</strong>s.À tel point, d’ail<strong>le</strong>urs, que ce même environnement devient éga<strong>le</strong>ment un enjeustratégique. C’est tout <strong>le</strong> problème des ressources naturel<strong>le</strong>s, notamment de l’eau,mais éga<strong>le</strong>ment des changements climatiques annoncés.L’annexe IV détail<strong>le</strong> <strong>le</strong>s notions de RSE <strong>et</strong> de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>.Évolution continue de la rég<strong>le</strong>mentationEn matière de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, l’évolution de la rég<strong>le</strong>mentation estcontinue :– au niveau national, l’inscription du principe de précaution dans la Constitution,l’élaboration de la loi dite Grenel<strong>le</strong> 1 <strong>et</strong> du proj<strong>et</strong> de loi Grenel<strong>le</strong> 2, <strong>le</strong> classementNatura 2000 ;– à l’échel<strong>le</strong> européenne, la publication du règ<strong>le</strong>ment ROHS (6) , des directivesrelatives aux substances nocives pour la couche d’ozone <strong>et</strong>, dernièrement, durèg<strong>le</strong>ment REACh (7) . Il convient de noter que, dans ce règ<strong>le</strong>ment, il appartientà l’industriel européen désirant produire ou importer une substance enprovenance d’un pays extra-européen de démontrer l’innocuité de cel<strong>le</strong>-ci, <strong>et</strong>non à l’État de l’interdire s’il considère c<strong>et</strong>te substance comme nocive ;– au niveau international, la mise en application du protoco<strong>le</strong> de Kyoto, maiséga<strong>le</strong>ment des rég<strong>le</strong>mentations émises par l’Omi (8) (gestion des déch<strong>et</strong>s,peintures antisalissures, passeport vert).(5)Février 2005.(6)Restrictions Of Hazardous Substances.(7)Registration, Evaluation and Authorization of Chemicals (REACh), règ<strong>le</strong>ment entré en vigueur en 2007.(8)Organisation maritime internationa<strong>le</strong>, dépendant de l’Organisation des Nations unies.16


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Pour s’en tenir à une appréciation quantitative, l’évolution exponentiel<strong>le</strong> de larég<strong>le</strong>mentation environnementa<strong>le</strong> applicab<strong>le</strong> aux États-Unis d’Amérique est illustréeci-dessous (9) :Dans <strong>le</strong> domaine de la défense, il convient éga<strong>le</strong>ment de citer :– <strong>le</strong>s conventions ou accords relatifs au contrô<strong>le</strong> des armements, avec parexemp<strong>le</strong> :• l’interdiction des armes à sous-munitions ;• la Convention de 1976 (Enmod) interdisant l’usage, à des fins militaires,de techniques de modification de l’environnement ;– la problématique juridique des dégâts causés à l’environnement lors des conflitsarmés (exemp<strong>le</strong>s : immersion d’armes <strong>et</strong> munitions en Adriatique à la fin de laSeconde Guerre mondia<strong>le</strong>, marée noire causée par la destruction [par l’arméeisraélienne] de la centra<strong>le</strong> thermoé<strong>le</strong>ctrique de Jieh au sud de Beyrouth).(9)Rapport FRS "Aspects économiques de la prise en compte de l’environnement dans <strong>le</strong>s programmes d’armement" –Cédric Paulin, 5 mai 2008.17


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArLa convention Enmod, adoptée par l'Assemblée généra<strong>le</strong> des Nations unies,<strong>le</strong> 10 décembre 1976, est un instrument de droit international s'attachantspécifiquement à la protection de l'environnement durant <strong>le</strong>s hostilités. El<strong>le</strong>comporte en particulier l'interdiction d'utiliser des techniques de modification del'environnement à des fins militaires ou toute autre fin hosti<strong>le</strong>. C<strong>et</strong>te Conventiona été ratifiée par 73 pays dont <strong>le</strong>s États-Unis d’Amérique, la Chine <strong>et</strong> l’URSS maisnon par la France. En raison d’une formulation assez imprécise <strong>et</strong> de l’arrêt, depuis1992, des conférences de révision perm<strong>et</strong>tant d’adapter <strong>le</strong> texte à l’évolution de latechnologie, la Convention a aujourd’hui peu de portée pratique, ce que <strong>le</strong> comité 1déplore, d’où la recommandation suivante :Recommandation n° 1 Proposer de relancer la Convention Enmod.L’évolution continue de la rég<strong>le</strong>mentation se traduit éga<strong>le</strong>ment au niveaude la normalisation, tout d’abord par la norme Iso 14001 désormais largementrespectée pour ce qui concerne <strong>le</strong>s sites. Plusieurs proj<strong>et</strong>s de norme sont éga<strong>le</strong>menten préparation, avec par exemp<strong>le</strong> l’Iso 26000 sur la RSE, l’Afaq1000nr sur <strong>le</strong>développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong> l’Iso 14064 sur <strong>le</strong>s gaz à eff<strong>et</strong> de serre (Ges).Par ail<strong>le</strong>urs, des écolabels ont été créés par plusieurs pays (ou groupementde pays) afin de normaliser <strong>et</strong> de communiquer sur la prise en compte despréoccupations environnementa<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s produits commercialisés. À titred’illustration, <strong>le</strong>s écolabels suivants existent : EU Flower (Union européenne), NordicSwan (Danemark, Finlande, Islande, Suède), Energy Star (USA).En raison de la diversité de ses métiers, la défense, est concernée par toutes cesrég<strong>le</strong>mentations. Les conséquences de ces évolutions sont de plusieurs ordres :– nécessité de modifications des matériels existants pour <strong>le</strong>s m<strong>et</strong>tre en conformitéavec <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentations (modifications par exemp<strong>le</strong> des systèmesde climatisation ou de protection contre l’incendie) ;– mise en œuvre d’analyses documentaires (établissement des passeports verts,identification de la présence des matières dangereuses concernées par REACh<strong>et</strong> gestion des informations vers <strong>le</strong>s utilisateurs avals, établissement des dossiersde demande d’autorisation ;– qualification de produits de substitution pour <strong>le</strong>s matériels faisant l’obj<strong>et</strong>d’obso<strong>le</strong>scences du fait des nouvel<strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentations (REACh par exemp<strong>le</strong>).18


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Contexte européenLa récente Agence européenne de défense (AED) essaye de contribuer à laprise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> grâce à l’introduction du paramètreenvironnemental dans <strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>s de coopération en matière d’armements, de laconception au démantè<strong>le</strong>ment du système d’armes, <strong>et</strong> ce dès <strong>le</strong> lancement duproj<strong>et</strong>. Pour faire en sorte que ce souhait devienne une réalité, <strong>le</strong> comité 1 ém<strong>et</strong> larecommandation suivante :Recommandation n° 2Désigner au sein de l’Agence européenne de défense (AED) un correspondant"développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>".Enfin, éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> contexte d’évolution continue de la rég<strong>le</strong>mentation, ilconvient de ne pas occulter <strong>le</strong>s discussions actuel<strong>le</strong>ment en cours au niveau de lacommission européenne visant à restreindre l’utilisation de l’artic<strong>le</strong> 296 TCE (10) . Eneff<strong>et</strong>, <strong>le</strong>s achats en matière de défense sont soumis au droit communautaire, sousréserve de l’artic<strong>le</strong> 296 TCE, qui prévoit une exception pour des raisons de sécuriténationa<strong>le</strong>. En pratique, <strong>le</strong>s États membres invoquent systématiquement c<strong>et</strong> artic<strong>le</strong>pour soustraire une grande majorité des achats militaires au droit communautaire.Ce qui devait être exceptionnel est devenu la pratique courante. Une propositionde directive de la commission européenne, présentée fin 2007, vise à limiter <strong>le</strong>recours à l’artic<strong>le</strong> 296 aux seuls cas réel<strong>le</strong>ment exceptionnels prévus par <strong>le</strong> traité.Ce proj<strong>et</strong> de directive, associé à une autre proposition de directive visant à simplifier<strong>le</strong>s conditions de transfert de produits "défense" sont fortement encouragés parla France <strong>et</strong> présentent de fortes chances d’aboutir. En particulier, <strong>le</strong> second proj<strong>et</strong>devrait significativement simplifier <strong>le</strong>s procédures d’exportation au sein de l’Unioneuropéenne. Dans ce contexte de restriction d’utilisation de l’artic<strong>le</strong> 296, auquel ilconvient de rajouter <strong>le</strong> fait qu’une grande majorité des nouvel<strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentationsen matière de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> est conçue à Bruxel<strong>le</strong>s, la défense françaisea tout intérêt à ne pas ignorer <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>.L’annexe V détail<strong>le</strong> la problématique liée à l’artic<strong>le</strong> 296 TCE.(10)Traité instituant <strong>le</strong>s Communautés européennes (TCE).19


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArLA DÉFENSE ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLEDéfense <strong>et</strong> environnement : deux domaines en interactionLa destruction des écosystèmes, ou de l’environnement au sens <strong>le</strong> plus large pardes conflits, ne date pas d’aujourd’hui même si ses conséquences à moyen ou àlong terme sur l’environnement étaient peu ou pas appréhendées. Il s’agissait eneff<strong>et</strong> de dévastations qui étaient pratiquement mécaniques, "simp<strong>le</strong>s". Hiroshima,Nagasaki, mais surtout l’utilisation des défoliants au Vi<strong>et</strong>nam (à partir de 1964)ont fait émerger <strong>le</strong> concept de dommage au niveau de l’environnement. Tout cela aabouti à la signature, en 1976, d’une Convention (Enmod) sur l’interdiction d’utiliserdes techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou à touteautre fin hosti<strong>le</strong>. Il n’est donc plus question à partir de ce moment de se contenterde par<strong>le</strong>r d’un conflit uniquement par rapport à ses conséquences directes. Le lienentre conflit <strong>et</strong> environnement est donc sur <strong>le</strong> devant de la scène depuis plus dequarante ans.Il a fallu beaucoup plus de temps pour noter une prise de conscience relativeaux conséquences pour l’environnement de l’utilisation de certains matériauxdans la fabrication d’armements. Quant à la notion de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> de vie d’un système d’armes, cel<strong>le</strong>-ci fait certainement l’obj<strong>et</strong> dequelques rapports ici <strong>et</strong> là, mais el<strong>le</strong> a bien du mal à se traduire en action <strong>et</strong> à êtreacceptée comme étant un élément incontournab<strong>le</strong>. En eff<strong>et</strong>, dans la société, <strong>le</strong>squestions de protection de l’environnement, de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> ou mêmede responsabilité socia<strong>le</strong> des entreprises se heurtent, en premier lieu, à la notionde coûts.Par ail<strong>le</strong>urs, il faut noter que <strong>le</strong>s évolutions climatiques sont de nature à créer denouveaux enjeux en matière de défense <strong>et</strong> de sécurité. Il s’agit notamment :– des crises qui pourraient résulter de la raréfaction des ressources en eaupotab<strong>le</strong> ou des mouvements migratoires dus à la désertification ou à l’élévationdu niveau des océans ;– la création de nouvel<strong>le</strong>s routes commercia<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> grand nord renduespraticab<strong>le</strong>s par la diminution de la calotte glaciaire.20


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Un devoir d’exemplarité pour la défenseLa mission de la défense est d’assurer la sécurité des personnes <strong>et</strong> duterritoire contre une agression armée, de protéger <strong>le</strong>s intérêts vitaux du pays<strong>et</strong> de faire respecter <strong>le</strong>s engagements internationaux. Ces missions participentau développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> puisque la sécurité est la condition première dudéveloppement. La défense est un acteur majeur du processus, pour l’Europe<strong>et</strong> pour de nombreux pays avec <strong>le</strong>squels la France a conclu des accords decoopération.Les principes du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> concernent toute la planète <strong>et</strong> <strong>le</strong>s forcesmilitaires pourraient être amenées à intervenir pour faire respecter ces principes.Par exemp<strong>le</strong>, l’atteinte grave à l’environnement deviendra probab<strong>le</strong>ment un motifd’intervention dans <strong>le</strong>s années à venir. Les modes d’action <strong>et</strong> <strong>le</strong>s moyens utilisésdoivent être en phase avec <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs qui sont défendues.Le soutien de l’opinion publique interne est une condition nécessaire à l’actiond’une force militaire émanant d’un pays démocratique. Sur <strong>le</strong> plan international,l’opinion qui s’exprime par la voie des médias ou des ONG influe éga<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>srelations extérieures de chaque pays. Pour être légitime dans la durée, l’action dela force armée doit être soutenab<strong>le</strong> devant l’opinion, ce qui implique une certain<strong>et</strong>ransparence <strong>et</strong> <strong>le</strong> souci d’offrir une bonne image.La défense se doit donc d’être exemplaire à un trip<strong>le</strong> niveau :– dans ses actions en opérations ;– par <strong>le</strong>s moyens qu’el<strong>le</strong> utilise pour remplir ses missions ;– dans <strong>le</strong>s travaux de préparation menés au quotidien : programmes d’équipementdes forces <strong>et</strong> formation/entraînement des personnels.Actions en opérationsPar sa politique avant tout défensive <strong>et</strong> de stricte suffisance de ses armements,la France a affiché une position constante depuis <strong>le</strong> début de la V e République,notamment vis-à-vis de la détention des armes nucléaires <strong>et</strong> de <strong>le</strong>ur emploi.Paradoxa<strong>le</strong>ment, si ces armes dévastatrices semb<strong>le</strong>nt en tota<strong>le</strong> contradiction avec<strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, force est de constater que la dissuasion nucléaire a21


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArlargement contribué à éviter un conflit majeur entre <strong>le</strong>s grandes puissances depuisplus de soixante ans ; c<strong>et</strong>te période de paix a contribué à un essor économiquemondial sans précédent. La stratégie d’emploi est donc un facteur déterminant.Lorsque l’affrontement est inévitab<strong>le</strong>, l’utilisation de la force doit êtreproportionnée à l’agression. Un gouvernement soucieux du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>s’interdirait très probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s actions suivantes :– modification du climat (tempêtes, sécheresses, inondations) de la hauteatmosphère (couche d’ozone stratosphérique) ;– déc<strong>le</strong>nchement de tremb<strong>le</strong>ments de terre, d’éruptions volcaniques, d<strong>et</strong>sunamis ;– dégâts <strong>et</strong>/ou pollution majeure provoqués par la destruction d’installationsindustriel<strong>le</strong>s (barrages hydroé<strong>le</strong>ctriques, centra<strong>le</strong>s nucléaires, usines chimiques,puits de pétro<strong>le</strong>…) (11) ;– détournement ou pollution intentionnel<strong>le</strong> de cours d’eau ;– déforestation (12) , stérilisation des sols.La problématique de la réparation des dommages se judiciarise de plus en plus ;certains courants de pensée anglo-saxons soutiennent <strong>le</strong> droit au respect d’unenvironnement "naturel", c'est-à-dire <strong>le</strong> plus proche possib<strong>le</strong> de son état originel.Il est probab<strong>le</strong> que des tribunaux internationaux traiteront bientôt des dossiersrelatifs aux dégradations du milieu naturel causées par des interventions militaires.Pour éviter <strong>le</strong>s conséquences financières <strong>et</strong> en terme d’image qui résulteraientd’une condamnation, la défense doit être en mesure de prouver qu’el<strong>le</strong> cherche àminimiser l’impact environnemental des opérations.Ces responsabilités en matière de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans la conduite desopérations peuvent être traduites éga<strong>le</strong>ment dans l’organisation du commandement.À quand une Opex certifiée Iso 14001 ?(11)Cf. l’incendie des puits de pétro<strong>le</strong> koweitiens par Saddam Hussein ; ou encore, <strong>le</strong>s bombardements qui, au Kosovo, onttouché plus de 50 sites industriels avec pour conséquences 80 000 tonnes de pétro<strong>le</strong>, 20 00 tonnes d’éthylène, 250 tonnesd’ammoniaque liquide, 8 tonnes de mercure brûlées ou déversées dans l’environnement.(12)20 % des forêts du Viêt-Nam ont été traités à l’agent orange, défoliant contenant de la dioxine qui, outre <strong>le</strong>s dégâtsécologiques, a empoisonné 4 millions de personnes.22


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArDe toute évidence, <strong>le</strong>s essais d’armements ne représentent plus une source depollution importante en France notamment depuis l’arrêt des essais nucléaires en1996. Cependant, il faut veil<strong>le</strong>r à l’impact médiatique de certains essais comme destirs de missi<strong>le</strong> ou ceux qui prévoient une explosion sous-marine.EntraînementEn l’absence de crise majeure, la formation <strong>et</strong> l’entraînement représentent environ70 % de l’activité des forces militaires. L’impact environnemental de c<strong>et</strong>te activitén’est pas négligeab<strong>le</strong> <strong>et</strong> engendre des nuisances directement perceptib<strong>le</strong>s par<strong>le</strong>s populations, comme <strong>le</strong> bruit par exemp<strong>le</strong> ; par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s coûts de mise auxnormes des installations <strong>et</strong> de dépollution de certains sites constituent une chargefinancière pour l’État. Enfin, ce dernier doit montrer l’exemp<strong>le</strong> dans la réduction deconsommation des carburants fossi<strong>le</strong>s dont <strong>le</strong>s émissions de gaz à eff<strong>et</strong> de serrecontribuent aux changements climatiques.La défense doit donc conduire une réf<strong>le</strong>xion permanente sur l’activitéd’entraînement de manière à :– garantir la sécurité des opérateurs <strong>et</strong> des populations ;– minimiser <strong>le</strong>s nuisances <strong>et</strong> <strong>le</strong>s dégradations infligées au milieu ;– optimiser <strong>le</strong> niveau de préparation des forces en fonction des contraintesbudgétaires ; <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s doivent inclure l’évolution des coûts liés aux exigencesenvironnementa<strong>le</strong>s.Un acteur économique de premier planLe ministère de la Défense est <strong>le</strong> premier investisseur public, avec 80 % desinvestissements de l’État <strong>et</strong> 20 % du total des administrations publiques (13) . L’efforten faveur de l’équipement des forces armées se traduit de façon significative en2009 par la passation de commandes liées aux opérations d’armement pour unmontant total de l’ordre de 21 Md€. La politique d’acquisition du ministère de laDéfense a donc une influence majeure sur l’activité économique du pays, y comprisen matière de prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>.(13)PLF 2009 <strong>et</strong> séminaire Prospective organisé par la DAS <strong>le</strong> 13 février 2008.24


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Les coûts connaissent des hausses régulières à l’origine des besoins de créditssupplémentaires <strong>et</strong> notamment, depuis une dizaine d’années, du fait de larég<strong>le</strong>mentation en matière d’environnement <strong>et</strong> de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>.C’est dire <strong>le</strong> poids de la défense ach<strong>et</strong>eur public <strong>et</strong> l’importance du développement<strong>durab<strong>le</strong></strong> compte tenu de la nature des investissements pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s critèresde performances ont primé sur toute autre considération alors que chacun saitmaintenant que la recherche d’un développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> ne peut que générer desgains importants à long terme <strong>et</strong> qu’il est donc urgent d’y procéder dès à présent.Premier acteur de la défense, l’État inscrit désormais son action, outre à travers<strong>le</strong>s mutations de ses structures internes, au niveau international avec <strong>le</strong>s grandsgroupes industriels, d’une part, <strong>et</strong> avec <strong>le</strong>s instances européennes, d’autre part.UNE VOLONTÉ ENVIRONNEMENTALEDU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE (Mindef) DÉJÀ AFFIRMÉEFace à ces évolutions, <strong>le</strong> ministère de la Défense a affirmé depuis plusieurs années savolonté de diminuer l’impact de ses activités sur l’environnement, avec notamment :– la signature d’un protoco<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> ministère de l’Écologie en juill<strong>et</strong> 2003 ;– l’engagement en 2003 d’une démarche de certification Iso 14001 des centresDGA ;– la notification d’une directive interarmées en mai 2004 ;– la diffusion fin 2007 d’un plan environnement du ministère ;– la mise en place d’une organisation adaptée ;– la diffusion d’une fiche sur <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans la démarchecapacitaire ;– la prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong> Code des marchéspublics en 2006.Protoco<strong>le</strong> Mindef-Ministère de l’Écologie<strong>et</strong> du Développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> de 2003Le Mindef s’est engagé depuis plusieurs années dans une démarche en accord avec<strong>le</strong>s objectifs du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>. Dès 1995, <strong>le</strong>s ministres de l’Environnement25


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEAr<strong>et</strong> de la Défense signaient un premier protoco<strong>le</strong> destiné à définir <strong>et</strong> à conduiredes actions communes ou concertées pour mieux préserver l’environnement. Unprotoco<strong>le</strong> supplémentaire était conclu en 2001 consacré à la lutte contre <strong>le</strong> bruit.Par ail<strong>le</strong>urs, l’engagement international pris par la France dans <strong>le</strong> cadre de l’Onude faire du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> une priorité a été réaffirmé lors du somm<strong>et</strong> deJohannesburg en 2002.Un protoco<strong>le</strong> d’accord relatif à la protection de l’environnement a été signé <strong>le</strong> 9 juill<strong>et</strong>2003 entre <strong>le</strong> Mindef <strong>et</strong> <strong>le</strong> Meed. Il est <strong>le</strong> refl<strong>et</strong> de l’engagement de la France de fairedu développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> (14) une priorité. Il a été établi afin de coordonner <strong>le</strong>s actionsdes deux ministères autour de six orientations :– la participation à la réussite de Natura 2000 ;– la mise en œuvre d’un programme ambitieux de gestion <strong>durab<strong>le</strong></strong> des territoires ;– <strong>le</strong> développement d’un programme exemplaire de prévention des pollutions<strong>et</strong> des risques ;– l’amélioration de la formation du personnel civil <strong>et</strong> militaire ;– l’intégration du concept de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> ;– l’accompagnement de la répression des atteintes à l’environnement.À ce jour, 202 terrains militaires (50 000 hectares) sont classés Natura 2000, soit 19 % dudomaine affecté au Mindef. La commission européenne a fait connaître, en mars 2007, que lapartie terrestre du réseau Natura 2000 français était désormais complète. D’autre part, 8 600installations classées font l’obj<strong>et</strong> d’études <strong>et</strong> de travaux pour réduire <strong>le</strong>s nuisances, la pollutiondes sols, <strong>le</strong>s risques accidentels <strong>et</strong> pour améliorer la gestion de l’eau, sous la supervision ducontrô<strong>le</strong> général des armées.Certification Iso 14001 des centres DGALa norme Iso 14001, élaborée en 1996, spécifie <strong>le</strong>s exigences d'un système demanagement environnemental, perm<strong>et</strong>tant à un organisme de développer <strong>et</strong> dem<strong>et</strong>tre en œuvre une politique qui prend en compte <strong>le</strong>s exigences léga<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>sinformations relatives aux aspects environnementaux significatifs. Une deuxièmeédition de la norme est parue en 2005 pour clarifier certains points <strong>et</strong> améliorer lacompatibilité avec <strong>le</strong>s exigences de la norme Iso 9001.(14)La notion de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> a été consacrée lors du deuxième somm<strong>et</strong> de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, puisconfirmée lors du somm<strong>et</strong> de Johannesburg en 2002.26


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Pour s’appliquer à tous <strong>le</strong>s types d'organismes <strong>et</strong> s'adapter à des situationsgéographiques, culturel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> socia<strong>le</strong>s diverses, l’Iso 14001 n'établit pas d'exigencesabsolues en matière de performance environnementa<strong>le</strong> mais décrit la politiqueenvironnementa<strong>le</strong> dont l’organisme certifié doit se doter, c<strong>et</strong>te politique devants’inscrire dans une démarche d’amélioration continue, avec une traçabilité desactions démontrant la conformité de la démarche à la norme, ce qui suppose :– l’identification des aspects environnementaux, dans <strong>le</strong> domaine d’action del’organisme ;– la définition des objectifs spécifiques à l’activité ;– la planification des actions <strong>et</strong> mise en place du management ;– la rédaction de procédures pour minimiser l’impact environnemental desproduits <strong>et</strong> services eux-mêmes (conception), du processus de productionainsi que des implantations ;– la veil<strong>le</strong> <strong>et</strong> l’application des exigences rég<strong>le</strong>mentaires ;– la formation des personnels <strong>et</strong> la communication ;– la prévention <strong>et</strong> la gestion des pollutions accidentel<strong>le</strong>s ;– <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> interne <strong>et</strong> <strong>le</strong>s procédures de traitement des non-conformités.La DGA s'est engagée en 2002 dans la certification Iso 14001 de tous <strong>le</strong>s centresd'essais <strong>et</strong> d'expertise technique ayant des impacts significatifs sur l'environnement.Le premier centre a été certifié en 2002 <strong>et</strong>, à ce jour douze sont certifiés, lacertification du treizième <strong>et</strong> dernier est attendue mi-2009. En revanche, il n’y apas actuel<strong>le</strong>ment de proj<strong>et</strong> global de certification Iso 14001 de toute la DGA,objectif qui impliquerait de formaliser davantage la prise en compte des critèresenvironnementaux dans la préparation <strong>et</strong> la conduite des programmes.Directive interarmées sur la protectionde l’environnement en opérationsEn mai 2004, l’état-major des armées a élaboré une directive sur la protectionde l’environnement en opérations destinée à harmoniser <strong>le</strong>s procédures mises enœuvre par chacune des armées. C<strong>et</strong>te directive reprend <strong>le</strong>s principes énoncés dans<strong>le</strong> Stanag 7141 "doctrine relative à la protection de l’environnement au coursd’opérations dirigées par l’Otan" rédigé en 1999 <strong>et</strong> ratifié par la France.27


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArSi la primauté des impératifs opérationnels est rappelée dès <strong>le</strong> premier chapitre,la directive affirme la nécessité de se conformer aux normes de protectionenvironnementa<strong>le</strong> du pays d’accueil ou, à défaut, à cel<strong>le</strong>s de la France. Il s’agit enpriorité de la préservation des milieux physiques (notamment l’eau), du traitementindividualisé des installations à risques, de l’élimination des déch<strong>et</strong>s. Ces prioritéssont définies en phase de planification des opérations en fonction des donnéesrecueillies sur <strong>le</strong> pays hôte <strong>et</strong> du mode d’action militaire r<strong>et</strong>enu. Les considérationsenvironnementa<strong>le</strong>s sont prises en compte dans <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s d’engagement, <strong>le</strong> processusde ciblage, <strong>le</strong> dimensionnement des flux logistiques…La directive insiste sur <strong>le</strong>s aspects juridiques afin de prévenir <strong>le</strong>s contentieux par :– <strong>le</strong> respect des engagements internationaux pris par la France ;– la définition des règ<strong>le</strong>s applicab<strong>le</strong>s en matière d’environnement sur <strong>le</strong> théâtred’opération ;– l’identification des acteurs responsab<strong>le</strong>s de l’application des mesures à tous<strong>le</strong>s niveaux ;– l’état des lieux préalab<strong>le</strong> des sites de stationnement des forces, sous l’autoritédu commissariat ;– <strong>le</strong>s constats effectués par la prévôté sous forme de procès-verbaux.Plan "Environnement"La volonté du Mindef d’être un acteur majeur dans <strong>le</strong> domaine de l’environnements’est éga<strong>le</strong>ment concrétisée en décembre 2007 par l’émission d’un plan d’actions (15) .C’est à la fois une réponse aux attentes du Grenel<strong>le</strong> de l’environnement <strong>et</strong> uneillustration de l’exemplarité de l'État en la matière. S’il dresse <strong>le</strong>s grandes lignesdes attentes du ministère en indiquant <strong>le</strong>s thèmes à privilégier, ce plan demande àchaque état-major, direction ou service du ministère de s’approprier la démarcheen définissant au niveau de chaque entité un plan d’actions "Environnement".Le dossier de presse relatif à ce plan d’actions, diffusé <strong>le</strong> 27 novembre 2007,est toutefois pour très vague sur la prise en compte de l’environnement dans <strong>le</strong>sopérations d’armement. En eff<strong>et</strong>, seul <strong>le</strong> paragraphe relatif au vol<strong>et</strong> "déch<strong>et</strong>s <strong>et</strong>substances dangereuses" évoque c<strong>et</strong>te problématique, <strong>et</strong> seu<strong>le</strong>ment de manière(15)Plan d’actions "Environnement" pour <strong>le</strong> ministère de la Défense (référence 018503 DEF du 21 décembre 2007).28


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>réductrice. Il est en eff<strong>et</strong> simp<strong>le</strong>ment écrit que "pour <strong>le</strong>s nouveaux programmesd'armement, <strong>le</strong>s industriels fourniront systématiquement à la DGA <strong>le</strong>s cartographiesdes substances dangereuses présentes sur <strong>le</strong>s équipements livrés".Dans sa mission d’équipement des forces armées, il revient à la DGA de prendreen compte l’environnement dans <strong>le</strong>s opérations d’armement, que ce soit enprévision de la fin de vie des matériels de guerre ou dans la préparation des futurssystèmes d’armes en généralisant la démarche d’éco-conception. Il s’agit d’uneillustration concrète de la contribution environnementa<strong>le</strong> à la sécurité nationa<strong>le</strong>. Eneff<strong>et</strong>, <strong>le</strong>s évolutions sociéta<strong>le</strong>s mais aussi rég<strong>le</strong>mentaires poussées par <strong>le</strong> principeconstitutionnel de précaution vont introduire des contraintes de plus en plusnombreuses sur <strong>le</strong>s capacités de défense. Ne pas anticiper ces contraintes peutconduire à fragiliser <strong>le</strong> système de défense <strong>et</strong> donc à limiter la capacité de décision<strong>et</strong> d’action du chef des armées.Les principaux objectifs attribués à la DGA sont :– la prise en compte de la performance environnementa<strong>le</strong> pour toutes <strong>le</strong>sopérations d’armement entrant en stade de préparation à compter de 2008 ;– l’intégration dans <strong>le</strong> PP30 d’une étude sur l’éco-conception des équipementsopérationnels ;– l’octroi, dès 2008, de 8 M€ de crédits de recherche à la protection del’environnement ;– la rédaction, sur la base de l’expérience acquise, d’un guide sur l’inclusion de laperformance environnementa<strong>le</strong> dans la phase de préparation des programmesd’armement ;– l’obtention de la part des industriels des cartographies des substancesdangereuses présentes dans <strong>le</strong>s équipements livrés <strong>et</strong> l’organisation de lamise en œuvre du règ<strong>le</strong>ment REACh.En tant que maître d’ouvrage des systèmes d’armes, la DGA a logiquemententamé une concertation avec <strong>le</strong>s industriels de la défense dans <strong>le</strong> domaineenvironnemental. Des clauses contractuel<strong>le</strong>s génériques perm<strong>et</strong>tant notamment unpartage des risques équilibré entre <strong>le</strong>s cocontractants ont été rédigées <strong>et</strong> font partiede la dernière édition (7 e édition de janvier 2009) des clauses contractuel<strong>le</strong>s typede la DGA pour la passation de marchés publics dont el<strong>le</strong> a la responsabilité.29


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArUn simp<strong>le</strong> examen du plan environnement montre que la majorité des actions yfigurant sont liées aux sites <strong>et</strong> aux infrastructures. Cela a pu paraître "normal" lors dela première version du plan d’actions du fait du poids important du patrimoine dansl’impact environnemental des activités du Mindef qui est <strong>le</strong> deuxième propriétairefoncier de France <strong>et</strong> qui est aussi <strong>le</strong> premier propriétaire en va<strong>le</strong>ur de l’État (43 %en va<strong>le</strong>ur du parc immobilier de l’État). Enfin, <strong>le</strong> Mindef gère 8 000 installationsclassées dont 48 installations Seveso (dépôts de munitions, dépôts d’hydrocarbures)<strong>et</strong> 230 installations de stockage de déch<strong>et</strong>s sur son territoire qui sont soumises auCode de l’environnement.Le haut fonctionnaire pour <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> (HFDD) du Mindef, avec qui<strong>le</strong> comité a eu un entr<strong>et</strong>ien, a toutefois conscience du déséquilibre dans ce plan entre<strong>le</strong>s actions liées au patrimoine <strong>et</strong> cel<strong>le</strong>s liées aux opérations d’armement. Il souligne<strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s priorités du Mindef doivent avant tout donner lieu à des actionsconcrètes <strong>et</strong> à court terme, car <strong>le</strong> ministère ne dispose pas de ressources "infinies"à consacrer au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>. Cel<strong>le</strong>s relatives aux infrastructures, auxéconomies d’énergie, aux opérations de démantè<strong>le</strong>ment (cf. coque du C<strong>le</strong>menceau),au traitement des déch<strong>et</strong>s, aux ICPE (Installations classées pour l’environnement)s’inscrivent dans c<strong>et</strong>te logique. A contrario, la prise en compte du développement<strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong>s opérations d’armement (éco-conception par exemp<strong>le</strong>) est beaucoupplus diffici<strong>le</strong> à appréhender <strong>et</strong> ne portera ses fruits qu’à moyen ou long terme.Le haut fonctionnaire est prêt, à l’occasion de la prochaine mise à jour du pland’actions du Mindef, prévue mi-2009, à intégrer quelques propositions concrètesde la DGA, par exemp<strong>le</strong> en matière d’éco-conception. Il semb<strong>le</strong>rait possib<strong>le</strong>, selonlui, de proposer un ou deux "p<strong>et</strong>its" (16) programmes plutôt banalisés, par exemp<strong>le</strong>des programmes de cohérence opérationnel<strong>le</strong> de l’armée de Terre, sur <strong>le</strong>squelspourraient être intégrées des clauses "développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>" dans <strong>le</strong> marchécorrespondant, à condition que des résultats, que <strong>le</strong> ministère pourrait médiatiser,puissent être obtenus relativement rapidement.(16)Par "p<strong>et</strong>it", il faut comprendre un programme de surface financière limitée, avec un ca<strong>le</strong>ndrier relativement court, présentantpeu de risques techniques <strong>et</strong> surtout un programme moins emblématique qu’un gros programme tel que l’A400M.30


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Dans <strong>le</strong> contexte de la prochaine mise à jour du plan environnement du Mindef,<strong>le</strong> comité ém<strong>et</strong> la recommandation suivante :Recommandation n° 3Pour augmenter la part relative des actions liées à la prise en compte dudéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong>s opérations d’armement lors de la prochaine miseà jour du plan d’actions "environnement" du Mindef, choisir un "p<strong>et</strong>it" programmed’armement (programme de cohérence opérationnel<strong>le</strong> de l’armée de Terre parexemp<strong>le</strong>) <strong>et</strong> décider qu’il sera éco-conçu.Mise en place d’une organisation adaptéeLe suivi de la politique nationa<strong>le</strong> en matière de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> repose sur<strong>le</strong> Comité interministériel pour <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> (CIDD) créé par décr<strong>et</strong> <strong>le</strong>21 février 2003, auquel il faut associer <strong>le</strong> Conseil national du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>(CNDD) qui a émis des propositions lors de l’élaboration de la Stratégie nationa<strong>le</strong> dedéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> (SNDD) 2003-2008 composée de 10 programmes d’actionsréunissant 500 actions. C’est <strong>le</strong> CIDD qui a adopté la SNDD en juin 2003, puis sonactualisation en novembre 2006, <strong>et</strong> qui veil<strong>le</strong> à sa mise en œuvre. En interministériel,<strong>le</strong> comité permanent des hauts fonctionnaires au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> estl’organe de pilotage <strong>et</strong> d’évaluation de c<strong>et</strong>te stratégie. Il prépare <strong>le</strong>s réunionsdu CIDD <strong>et</strong> il est présidé par <strong>le</strong> HFDD du ministère en charge du développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>. Un rapport annuel sur la mise en œuvre de la stratégie nationa<strong>le</strong> est diffuséau par<strong>le</strong>ment <strong>et</strong> au CNDD.Dans ce contexte, un HFDD a été nommé au ministère de la Défense, il dirigeéga<strong>le</strong>ment la Direction de la mémoire, du patrimoine <strong>et</strong> des archives (DMPA). Samission consiste, entre autres, à assurer la coordination des actions au sein duMindef, tandis qu’un officier est détaché auprès du ministre de l’Écologie <strong>et</strong> duDéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> pour rendre compte de l’application du protoco<strong>le</strong> signéen 2003 entre <strong>le</strong>s deux ministères. Pour marquer la volonté du ministère d’une"nouvel<strong>le</strong> gestion de l’environnement au Mindef", un bureau "environnement"au sein de la DMPA du SGA a été créé. Enfin, un conseil<strong>le</strong>r pour <strong>le</strong> développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>, l’environnement <strong>et</strong> <strong>le</strong> patrimoine a été nommé au cabin<strong>et</strong> du ministre dela Défense.31


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArPour répondre à la priorité accordée par <strong>le</strong> ministère à la protection del’environnement <strong>et</strong> au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, <strong>le</strong> délégué général pour l’armementa nommé un chargé de mission développement <strong>et</strong> aménagement <strong>durab<strong>le</strong></strong>srattaché au directeur de la Direction des systèmes de forces <strong>et</strong> des stratégiesindustriel<strong>le</strong>s, technologique <strong>et</strong> de coopération (D4S). La DGA a éga<strong>le</strong>ment, au seinde la Direction de l’expertise technique (DET), créé un département "Managementenvironnemental dans <strong>le</strong>s opérations d’armement", constitué de cinq personnes.Ce département s’appuie sur un réseau d’une dizaine de spécialistes traitant desaspects environnementaux au sein de la DET.Du côté des forces armées, la situation est plus contrastée, <strong>le</strong> comité n’a pasidentifié formel<strong>le</strong>ment un interlocuteur central <strong>et</strong> unique en charge des aspectsdéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans chaque état-major.Développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong> démarche capacitaireLe PP30 n’intègre pas encore de chapitre lié à la prise en compte du développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>, ce sera chose faite lors de sa prochaine mise à jour. En attendant, EMA <strong>et</strong>DGA ont diffusé, en juill<strong>et</strong> 2008, une fiche spécifique (17) "développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong>démarche capacitaire". C<strong>et</strong>te fiche, une fois passés en revue <strong>le</strong>s facteurs d’évolutionqui justifient la prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, analyse son impactsur chacun des six piliers capacitaires (18) . El<strong>le</strong> propose des recommandations quis’appuient sur un objectif de maîtrise des risques de deux natures : ceux sanitaires <strong>et</strong>environnementaux qui naîtraient de l’activité même de la défense en toute situation,<strong>et</strong> pas uniquement lors de conflits ; ceux qui trouveraient <strong>le</strong>ur source dans un défautd’anticipation d’évolution de normes ou du marché industriel <strong>et</strong> qui pourraient àterme peser sur l’acquisition, l’emploi ou <strong>le</strong> r<strong>et</strong>rait des équipements. Parmi cesrecommandations, deux d’entre el<strong>le</strong>s concernent <strong>le</strong>s normes <strong>et</strong> la rég<strong>le</strong>mentation.El<strong>le</strong>s s’énoncent ainsi :– être présent <strong>le</strong> plus en amont possib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s circuits d’élaboration des textesrég<strong>le</strong>mentaires ou normatifs… Un rapprochement avec <strong>le</strong> tissu industriel, <strong>le</strong>sfédérations professionnel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>s organismes de normalisation étant "sansdoute" à rechercher ;(17)Fiche référencée n° 08-203361 DGA/D4S/SASF <strong>et</strong> 299/DEF/EMA/DC du 2 juill<strong>et</strong> 2008.(18)Les équipements, l’homme, <strong>le</strong> soutien, l’organisation, la doctrine, l’entraînement.32


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>– pour <strong>le</strong>s équipements, ne pas se limiter à spécifier la conformité aux règ<strong>le</strong>mentsen vigueur mais viser la meil<strong>le</strong>ure convergence possib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s bonnespratiques du secteur civil, afin de réduire <strong>le</strong>s risques inhérents à des solutionsspécifiquement militaires.Pour al<strong>le</strong>r plus loin dans <strong>le</strong> sens de ces préconisations, <strong>le</strong> comité 1 ém<strong>et</strong> larecommandation suivante :Recommandation n° 4Détacher au bon niveau un ou plusieurs ingénieurs dans <strong>le</strong>s instances nationa<strong>le</strong>s oueuropéennes qui préparent <strong>le</strong>s normes <strong>et</strong> règ<strong>le</strong>ments futurs, ou amendent <strong>le</strong>s textes deréférence actuels. Ces ingénieurs, provenant de la DGA, de l’industrie ou d’une fédérationprofessionnel<strong>le</strong>, par<strong>le</strong>raient d’une seu<strong>le</strong> voix dans <strong>le</strong>s instances internationa<strong>le</strong>s.Il s’agit de peser sur <strong>le</strong>s évolutions du corpus rég<strong>le</strong>mentaire <strong>et</strong> normatif enessayant de <strong>le</strong>s limiter ou de <strong>le</strong>s orienter dans un sens favorab<strong>le</strong> aux intérêtsfrançais, plutôt que de <strong>le</strong>s subir, afin de perm<strong>et</strong>tre aux entreprises d’anticiper cesévolutions qui sont génératrices de surcoûts inévitab<strong>le</strong>s si el<strong>le</strong>s n’ont pas été prisesen compte en amont.Comme <strong>le</strong> PP30 est <strong>le</strong> document qui perm<strong>et</strong> d’orienter <strong>le</strong>s PEA (19) , <strong>le</strong>s Eto (20) <strong>et</strong><strong>le</strong>s Epmes (21) , <strong>le</strong> comité 1 ém<strong>et</strong> la recommandation suivante :Recommandation n° 5Initier des études prospectives visant à analyser <strong>le</strong>s liens entre <strong>le</strong>s évolutions climatiques<strong>et</strong> <strong>le</strong>urs conséquences sur <strong>le</strong>s forces armées ou l’emploi des systèmes d’armes.Développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong> Code des marchés publicsDans sa dernière version (22) , <strong>le</strong> Code des marchés publics (CMP) introduit enparticulier la prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans tous <strong>le</strong>s contratsconclus entre <strong>le</strong>s pouvoirs adjudicateurs <strong>et</strong> des opérateurs économiques, qu’il(19)Programme d’études amont.(20)Étude technico opérationnel<strong>le</strong>.(21)Étude à caractère politique, militaire, économique <strong>et</strong> social.(22)Décr<strong>et</strong> n° 2006-975 du 1 er août 2006 portant <strong>le</strong> Code des marchés publics, entré en vigueur <strong>le</strong> 1 er septembre 2006.33


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArs’agisse de travaux, de fournitures ou de services. Le manuel d’application du CMP (23)consacre par ail<strong>le</strong>urs dans sa troisième partie (Mise en œuvre de la procédure),paragraphe (Comment choisir l’offre économiquement la plus avantageuse ?),l’alinéa 12.2 à la question crucia<strong>le</strong> "<strong>comment</strong> peut-on intégrer des préoccupationsenvironnementa<strong>le</strong>s dans l’achat public" ? L’analyse détaillée de c<strong>et</strong>te version duCMP contient indubitab<strong>le</strong>ment d’importantes possibilités qui perm<strong>et</strong>tent d’introduire<strong>le</strong>s préoccupations liées au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans l’achat public, donc dans<strong>le</strong>s procédures d’acquisition des matériels d’armement. C<strong>et</strong>te analyse figure enannexe VI. Toutes ces possibilités ne sont pas nécessairement explorées aujourd’hui.Le comité 1 ém<strong>et</strong> donc <strong>le</strong>s deux recommandations suivantes :Recommandation n° 6Dans <strong>le</strong> cadre de sa mission de contrô<strong>le</strong> des marchés d’armement, demander auContrô<strong>le</strong> général des armées (CGA) de s’assurer de la prise en compte effective descontraintes du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> par <strong>le</strong>s industriels de l’armement titulairesde marchés qui <strong>le</strong> stipu<strong>le</strong>raient.Recommandation n° 7Augmenter <strong>le</strong> poids du critère développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans la pondération r<strong>et</strong>enueentre <strong>le</strong>s différents critères de choix pour déterminer l’offre la mieux "disante".LES FREINS À LA PRISE EN COMPTEDU DÉVELOPPEMENT DURABLEÀ côté de c<strong>et</strong>te volonté affirmée du ministère de la Défense, quelques freinsqui limitent la mise en œuvre de certaines mesures en faveur du développement<strong>durab<strong>le</strong></strong> ont été identifiés :– un contexte budgétaire contraint pour <strong>le</strong>s programmes financés par l’État ;– <strong>le</strong> délai inhérent à l’acquisition <strong>et</strong> à la mise en place des compétencesrequises ;– la crainte que <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> apparaisse comme un handicapconcurrentiel ;– un risque de dégradation des performances techniques <strong>et</strong> donc opérationnel<strong>le</strong>s.(23)Circulaire du 3 août 2006 portant manuel d’application du Code des marchés publics publié au Journal officiel de laRépublique française <strong>le</strong> 4 août 2006.34


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Contexte budgétaireSans rappe<strong>le</strong>r ici la problématique de financement des activités du Mindef, ilsuffit de souligner que c<strong>et</strong>te problématique concerne aussi <strong>le</strong>s activités liées audéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s aucun financement spécifique n’a été misen place. En conséquence, ces actions sont à financer par <strong>le</strong>s différents responsab<strong>le</strong>ssur <strong>le</strong>urs budg<strong>et</strong>s. Comme l’a rappelé l’IGA Gil<strong>le</strong>s Fernandez, lors de la séanceinaugura<strong>le</strong> de la 45 e Session nationa<strong>le</strong> du Chear, tel est éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> cas pour laprise en compte des conséquences du règ<strong>le</strong>ment REACh. À titre d’illustration sontà citer :– <strong>le</strong>s études amont pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s des crédits de 8 M€ inscrits dès 2008 auplan environnement (§"Éco-conception pour <strong>le</strong>s opérations d’armement").ont effectivement été consommés. En 2009, <strong>le</strong> même montant est prévu, cequi peut paraître faib<strong>le</strong> eu égard à la montée en puissance prévisionnel<strong>le</strong> desaspects environnementaux dans <strong>le</strong>s opérations d’armement. Il faut toutefoisse garder d’une conclusion trop hâtive. En eff<strong>et</strong>, l’effort du ministère dansce domaine reste aujourd’hui stab<strong>le</strong> plutôt par un manque de propositionsémanant des industriels que par un déficit de ressources allouées ;– <strong>le</strong>s activités du SSF pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s actions liées au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>(mise en conformité des navires avec la rég<strong>le</strong>mentation…) qui représenteenviron 15 % du budg<strong>et</strong> annuel du SSF ;–la mise en œuvre du plan environnement pour <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> bureau "environnement"ne dispose pas de budg<strong>et</strong> propre destiné à financer <strong>le</strong>s actions définies.Le paragraphe "Vers une maintenance <strong>et</strong> un démantè<strong>le</strong>ment propre" ci-aprèstraitant de l’établissement d’un plan directeur sur <strong>le</strong>s études amont détail<strong>le</strong> quelquesrecommandations émises par <strong>le</strong> comité 1.Mise en place des compétencesLa mise en œuvre d’actions liées au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> fait appel à descompétences <strong>et</strong> moyens spécifiques qui sont, par exemp<strong>le</strong>, des :– spécialistes en éco-conception ;– spécialistes en éco-toxicologie ;– spécialistes du droit de l’environnement ;– moyens de dépollution des sols.35


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Risque de dégradation des performances techniques<strong>et</strong> opérationnel<strong>le</strong>sDe l’Antiquité jusqu’à nos jours, <strong>le</strong> progrès technique a décuplé l’efficacité desarmements ; <strong>le</strong>s capacités opérationnel<strong>le</strong>s d’une armée moderne reposent pourune large part sur <strong>le</strong>s performances des matériels qu’el<strong>le</strong> utilise (24) . À c<strong>et</strong> égard, ilfaut citer pour <strong>le</strong>s armes (effecteurs) la puissance ou capacité de destruction, laportée, la précision, la résistance aux contre-mesures ; pour <strong>le</strong>s plates-formes, cesera l’autonomie ou rayon d’action, la vitesse, la capacité d’emport, la portée <strong>et</strong> laprécision des capteurs, la survivabilité. Armes <strong>et</strong> plates-formes doivent partager <strong>le</strong>smêmes qualités de fiabilité, de sécurité pour <strong>le</strong>s opérateurs, de maintenance réduite<strong>et</strong> de coût de possession supportab<strong>le</strong>.Le respect des contraintes environnementa<strong>le</strong>s peut amener à réduire <strong>le</strong>sperformances des matériels citées plus haut, comme par exemp<strong>le</strong> :– la diminution de l’efficacité des explosifs rendus plus stab<strong>le</strong>s mais moinspuissants, de propergols moins polluants mais moins énergétiques ;– la réduction de la capacité de pénétration des obus du fait de l’abandon del’utilisation de métaux lourds comme l’uranium appauvri ;– la dégradation des performances des moteurs pour limiter <strong>le</strong>ur consommationen carburant ou réduire <strong>le</strong>ur bruit (avions) ;– l’alourdissement des plates-formes causé par des contraintes de conceptionliées à la sécurité ou à l’emploi de certains matériaux, au détriment del’autonomie <strong>et</strong> de la capacité d’emport ;– la fréquence de carénage des navires augmentée suite à l’emploi de peinturesantisalissure moins toxiques…Les principes du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> peuvent aussi affecter <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>sd’engagement sur <strong>le</strong>s théâtres d’opérations <strong>et</strong> conduisent à prohiber l’utilisationde certaines armes (bactériologique, chimique, mines antipersonnel, <strong>et</strong>c.). Parail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s contraintes d’espace, de sécurité ou de protection de l’environnementlimitent fortement <strong>le</strong>s possibilités d’entraînement au combat en conditions réel<strong>le</strong>s ;(24)Plus encore que sur <strong>le</strong> nombre d’armements détenus : <strong>le</strong> volume des flottes d’aéronefs, de navires, de véhicu<strong>le</strong>s blindésdiminue alors que l’efficacité opérationnel<strong>le</strong> s’accroît grâce à l’augmentation de précision des capteurs <strong>et</strong> des armes, ainsiqu’à la furtivité des plates-formes.37


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEAror <strong>le</strong>s matériels militaires plus comp<strong>le</strong>xes à chaque génération demandent unentraînement soutenu des opérateurs, ainsi qu’une adaptation permanente destactiques aux menaces nouvel<strong>le</strong>s.Le combattant attend <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures performances des matériels qu’il utilise, sipossib<strong>le</strong> supérieures à cel<strong>le</strong>s du camp ennemi, <strong>le</strong>quel ne s’embarrasse pas toujoursde considérations humanitaires ou environnementa<strong>le</strong>s. Dans <strong>le</strong>s situations de crise<strong>le</strong>s plus tendues, <strong>le</strong>s objectifs à long terme du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> paraissentsecondaires en regard d’un enjeu de survie immédiate. Certaines contraintes peuventmême avoir l’eff<strong>et</strong> inverse de celui recherché en pénalisant <strong>le</strong> protagoniste <strong>le</strong> plusrespectueux du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, r<strong>et</strong>ardant ainsi la fin des combats alorsque "quand il y a <strong>le</strong> feu, on n’économise pas l’eau".La difficulté consiste à pouvoir gérer ces crises, dans de bonnes conditions deprotection des forces, en acceptant éventuel<strong>le</strong>ment des dégradations à court termede l’environnement, sans renier l’effort global en faveur du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>.C<strong>et</strong>te faculté d’appréciation n’est pas faci<strong>le</strong> à maintenir dans des pays en état deguerre permanent comme certains pays d’Afrique ou encore au Proche-Orient.D’après <strong>le</strong> comité, une stratégie de prévention <strong>et</strong> de dissuasion constitue la meil<strong>le</strong>ureréponse sur <strong>le</strong> long terme. Quand l’intervention militaire devient inévitab<strong>le</strong> (25) , <strong>le</strong>devoir d’exemplarité reste un pilier fondamental de la légitimité. Cela est aussi vraidans la lutte contre <strong>le</strong> terrorisme car <strong>le</strong>s solutions <strong>durab<strong>le</strong></strong>s dans ce domaine (l<strong>et</strong>raitement des causes) dépassent l’action purement militaire.POURQUOI CHERCHER À ALLER AU-DELÀ ?Bien davantage que satisfaire à ce qui pourrait être considéré comme un "eff<strong>et</strong>de mode", la prise en compte de la problématique de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dansla conduite des opérations d’armement peut présenter de réels atouts :– une réduction du coût de possession ;– un avantage concurrentiel ;– une attractivité <strong>et</strong> une pérennité des entreprises ;– un avantage opérationnel.(25)Ou constitue la meil<strong>le</strong>ure option pour contrô<strong>le</strong>r une situation qui dégénère.38


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Une source d’économies à long termeLa recherche de gains dans <strong>le</strong> cadre du respect des principes de développement<strong>durab<strong>le</strong></strong> semb<strong>le</strong> une gageure. En eff<strong>et</strong>, si <strong>le</strong>s coûts du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> sontlisib<strong>le</strong>s à toutes <strong>le</strong>s étapes du cyc<strong>le</strong> de vie d’un matériel bien qu’ils aient vocationà ne plus être différenciés à terme, <strong>le</strong>s économies attendues sont plus diffici<strong>le</strong>s àévaluer <strong>et</strong>, surtout à vérifier. À chaque étape de la vie des matériels, des décisionssont prises, el<strong>le</strong>s devraient intégrer <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> à moindre coût :– conception <strong>et</strong> développement : critères de choix technologiques en adéquationavec <strong>le</strong> niveau de performance requis ;– acquisition : choix du fournisseur en fonction des options environnementa<strong>le</strong>sproposées <strong>et</strong> de la prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong>fonctionnement de l’entreprise ;– maintien en condition opérationnel<strong>le</strong> : prise en compte des nouvel<strong>le</strong>s normessurvenues en cours de vie ;– démantè<strong>le</strong>ment : opportunité de la mesure en fonction du coût associésusceptib<strong>le</strong> d’être revu en fonction des évolutions de la rég<strong>le</strong>mentation.C’est toutefois au stade de la conception que se réalisent la plupart des économiespotentiel<strong>le</strong>s grâce à :– la prise en compte des interdictions rég<strong>le</strong>mentaires ;– l’anticipation des normes à venir (interdictions de nouveaux produits, obligationsen matière d’élimination, règ<strong>le</strong>ments de sécurité concernant l’emploi despersonnels chargés du MCO…).La prise en compte de tel<strong>le</strong>s mesures est susceptib<strong>le</strong> de procurer des économiessur <strong>le</strong> coût global de possession par réduction des coûts d’utilisation, de MCO <strong>et</strong>de démantè<strong>le</strong>ment.Les méthodes de prise en compte de l’environnement dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> de vie desmatériels sont nombreuses <strong>et</strong> ont été décrites de manière détaillée par CédricPaulin (26) . L’analyse du coût des cyc<strong>le</strong>s de vie (ou Life Cyc<strong>le</strong> Cost) qui trouve sonorigine dans l’augmentation des coûts d’utilisation des systèmes d’armes n’obéitpas à une règ<strong>le</strong> standardisée en raison de la spécificité de chaque système, mais(26)Rapport FRS "Aspects économiques de la prise en compte de l’environnement dans <strong>le</strong>s programmes d’armement" –Cédric Paulin, 5 mai 2008.39


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEAruniquement à un principe d’analyse catégoriel<strong>le</strong> des coûts par phase du cyc<strong>le</strong> devie. L’aptitude à décider suppose une connaissance des coûts globaux sectorisés :coûts internes <strong>et</strong> externes, conventionnels, environnementaux. C<strong>et</strong>te analyse doitperm<strong>et</strong>tre :– d’évaluer au mieux <strong>le</strong> coût global d’un matériel <strong>et</strong> non pas uniquement soncoût d’acquisition ;– d’effectuer <strong>le</strong>s choix technologiques liés au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> à partirde <strong>le</strong>ur impact sur <strong>le</strong> principe d’exemplarité de la défense, la protection del’environnement <strong>et</strong> <strong>le</strong> coût global du proj<strong>et</strong>.Une approche globa<strong>le</strong> s’impose qui doit perm<strong>et</strong>tre une analyse comparativeentre <strong>le</strong>s prévisions de coûts en phase de conception établie en étroite collaborationavec <strong>le</strong>s utilisateurs <strong>et</strong> <strong>le</strong>s coûts réels des cyc<strong>le</strong>s de vie pour pouvoir a posterioriconfirmer ou infirmer <strong>le</strong>s choix r<strong>et</strong>enus en conception. Une solution, à étudiertoutefois, pourrait consister à intégrer, au sein d’une EDPI en charge d’une opérationd’armement, un officier appartenant à l’organisme qui aura ensuite en charge <strong>le</strong>MCO du matériel développé au titre de c<strong>et</strong>te opération.De la distorsion de concurrence à l’avantage concurrentielEn 2008, <strong>le</strong>s exportations françaises d’armement ont atteint 6,3 Mds d’eurosdépassant ainsi l’objectif du gouvernement qui avait été fixé à 6 Mds d’euros (27) . I<strong>le</strong>st diffici<strong>le</strong> d’affirmer que <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> pourrait conduire à augmenterce montant. Aucune donnée ne perm<strong>et</strong> en eff<strong>et</strong> de corroborer c<strong>et</strong>te approche.Néanmoins <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> ne peut avoir que des eff<strong>et</strong>s positifs dèslors que <strong>le</strong>s innovations technologiques auront permis de répondre a minima auxexigences techniques. Sur <strong>le</strong> principe, il apparaît que <strong>le</strong>s armes "vertes" devraientperm<strong>et</strong>tre de gagner des parts de marché :– auprès des pays précurseurs en matière de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> : Suède,Norvège, Finlande, Nouvel<strong>le</strong>-Zélande, plus enclins à détenir sur <strong>le</strong>ur sol <strong>et</strong> àemployer des armes "vertes" ;– dans des domaines privilégiés comme <strong>le</strong>s armes <strong>et</strong> munitions d’entraînement(munitions vertes sans plomb, au tungstène <strong>et</strong> au zinc, utilisées par l’arméede terre américaine…).(27)Annonce du ministre de la Défense, M. Hervé Morin, 19 janvier 2009.40


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Pourtant, certains patrons d’entreprises, <strong>et</strong> non des moindres, qui ont eul’occasion de s’exprimer sur <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> devant la 45 e Session nationa<strong>le</strong>, sont réticentsà s’engager sur <strong>le</strong> terrain du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> à l’exportation, craignant que<strong>le</strong>ur produit soit in fine plus cher qu’un autre auquel <strong>le</strong>s exigences attachées audéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> n’auront pas été appliquées, ce qui causerait de fait unhandicap à l’exportation. Au contraire, <strong>le</strong> comité 1 estime que <strong>le</strong>s industriels françaisdevraient plus s’engager sur ce terrain, car, à terme, <strong>le</strong>s produits ainsi développés<strong>le</strong>ur apporteraient un avantage concurrentiel. Pour favoriser c<strong>et</strong>te évolution, l’Étatpourrait utiliser <strong>le</strong> système de redevance existant, en finançant <strong>le</strong>s industrielsconcernés pendant <strong>le</strong> développement du produit, <strong>le</strong>s industriels versant ensuitedes redevances à l’État, à partir d’un certain rang de production.Une attractivité <strong>et</strong> une pérennité accruesdes entreprises ("capitaux verts")Tendances du marché : indices de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong> armementDepuis une dizaine d’années, se manifeste l’intérêt croissant des investisseurs<strong>et</strong> des milieux financiers pour <strong>le</strong>s comportements des grandes entreprises enmatière de bonne gouvernance qui inclut la gestion environnementa<strong>le</strong>, la maîtrisedes risques, <strong>le</strong> développement du capital humain. En eff<strong>et</strong> ces comportementssont d’excel<strong>le</strong>nts indicateurs de la profitabilité de l’entreprise car ils démontrentune gestion rationnel<strong>le</strong>, rigoureuse <strong>et</strong> proactive, gage de réussite. Le critère dedurabilité est à l’origine de multip<strong>le</strong>s indices boursiers : <strong>le</strong> DJWSI (28) , l’Echo value 21d’Innovest Strategic Value AdvIsors… Ces indices ne sont pas des indicateurs dedéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> mais des indices financiers au même titre que <strong>le</strong> Cac 40.Ils ne prennent en compte que des entreprises répondant à certains critères deperformances environnementa<strong>le</strong>s, socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> économiques. L’évaluation desentreprises est réalisée principa<strong>le</strong>ment par trois agences de notation :– un bureau suisse SAM GmbH (Sustainability Ass<strong>et</strong> Management) pour <strong>le</strong> DJSI<strong>et</strong> sa version européenne, DJSI STOxx au très large spectre ;– Vigeo, créée en 2002 par Nico<strong>le</strong> Notat pour l’ASPI eurozone <strong>et</strong> ESI (EthibelSustainability Index) au nombre plus limité d’entreprises ;(28)Dow Jones World Sustainability Index.41


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEAr– une agence britannique, Eiris (Ethical Investment Research Service) pour l’indiceFTSE4Good.Certaines agences vont encore plus loin avec une notation dite "sollicitée", dutype de cel<strong>le</strong> préconisée par Vigeo, fondée sur un audit d’entreprise à la demandede cel<strong>le</strong>-ci <strong>et</strong> sur un périmètre négocié avec el<strong>le</strong>, ce qui perm<strong>et</strong>trait de valoriser<strong>le</strong>s entreprises de l’armement vertueuses dans <strong>le</strong> domaine de la durabilité (29) .L’intégration d’entreprises d’armement dans ce schéma vertueux présente en outrel’avantage de <strong>le</strong>ur faire partager <strong>le</strong>s critères exigeants en termes de gouvernance,de comportement économique (équilibres financiers, liens avec <strong>le</strong>s fournisseurs) <strong>et</strong>sociétal.Enjeu financierOutre l’impact sur <strong>le</strong>s exportations <strong>et</strong> <strong>le</strong> recours facilité à certains montagesfinanciers auprès d’organismes bancaires, la notion de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>exerce un réel attrait sur <strong>le</strong>s fonds d’investissement <strong>et</strong> de pension. Encore faut-ilque, dans <strong>le</strong> domaine spécifique de l’armement la notion d’éthique ne conduisepas à interdire <strong>le</strong>s prises de participation dans <strong>le</strong>s entreprises concernées, ce quiaurait pour conséquence :– de freiner <strong>le</strong>s avancées technologiques dans un secteur porteur d’innovations ;– d’exclure des progrès liés au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>le</strong>s nombreux personnelsemployés dans c<strong>et</strong>te filière.Ainsi, l’utilisation de certains fonds de pension est à l’origine d’une polémiquedans plusieurs pays <strong>et</strong> plus particulièrement en Nouvel<strong>le</strong>-Zélande <strong>et</strong>, en Europe, auxPays-Bas. En Nouvel<strong>le</strong>-Zélande, la demande de r<strong>et</strong>rait des fonds du capital d’EADSest liée à la contribution de c<strong>et</strong>te dernière à la fabrication d’armes nucléaires ;aux Pays-Bas, la participation des trois principaux fonds de pension au capitald’entreprises fabricant des armes à fragmentation <strong>et</strong> des mines antipersonnel afait scanda<strong>le</strong> en 2007. Les organismes bancaires subissent la même pression : enFrance, BNP Paribas a décidé en 2008 de se désengager ou de désinvestir, s’agissantdes fonds d’investissement de gestion active, de toute entreprise impliquée dans lafabrication de bombes à sous munitions ou de mines anti-personnel.(29) Figurent au 23 février 2009 dans l’indice ASPI : Thalès, Dassault Systèmes, EADS <strong>et</strong> Air France KLM.42


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Les fonds d’investissements <strong>et</strong> fonds de pension qui n’ont pas d’exclusive d’ordreéthique contribuent au développement des nouvel<strong>le</strong>s technologies à fort potentiel(nanotubes de carbone, gel de décontamination radioactive, acier à faib<strong>le</strong> émissionde CO2) tout en palliant l’insuffisance de capitaux européens.Les prises de participation dans <strong>le</strong>s chantiers navals al<strong>le</strong>mands (HDW) parOne Equity Partner, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du motoriste italien Finmeccanica par <strong>le</strong> groupeCarly<strong>le</strong> sont deux exemp<strong>le</strong>s qui m<strong>et</strong>tent en évidence l’attractivité du secteur de ladéfense.Efforts de communicationOutre <strong>le</strong>s indices boursiers spécialisés, <strong>le</strong>s résultats financiers <strong>et</strong> <strong>le</strong>s certifications"qualité" <strong>et</strong> "environnement", certaines entreprises conscientes de <strong>le</strong>ur responsabilitésocia<strong>le</strong> font des efforts significatifs de communication vers <strong>le</strong> public :– Lockheed Martin Aeronautical Systems (LMAS) a, dès <strong>le</strong> début des années 1990,mis en œuvre un plan de prévention des pollutions (produits de substitution,réduction des déch<strong>et</strong>s <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>s nocifs…). El<strong>le</strong> a obtenu, en 1996 <strong>et</strong> en 1997,entre autres distinctions, <strong>le</strong> SOPA (Stratospheric Ozone Protection Award) (30) ;– BAe a développé des armes "vertes" : munitions sans plomb, explosifs delongue durée (ne pouvant se déc<strong>le</strong>ncher accidentel<strong>le</strong>ment <strong>et</strong> dont l’enveloppea une durée de vie illimitée limitant <strong>le</strong>s besoins liés au renouvel<strong>le</strong>ment destocks), <strong>et</strong> abandon de l’uranium appauvri dès 1993 (31) ;– Qin<strong>et</strong>iQ a développé pour l’armée américaine <strong>le</strong> Zephir 6, drone de hautealtitude fonctionnant à l’énergie solaire avec une autonomie de trois jours (32) .Des intérêts en opérationsAu-delà du caractère incontournab<strong>le</strong> du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, l’emploi desystèmes d’armes éco-conçus présentera éga<strong>le</strong>ment des intérêts sur <strong>le</strong>s théâtresd’opérations. Par exemp<strong>le</strong>, l’emploi de technologies qui délivreraient des puissancesé<strong>le</strong>ctriques significatives en faisant appel aux énergies renouvelab<strong>le</strong>s perm<strong>et</strong>traitde réduire l’empreinte logistique des forces déployées en opérations. L’utilisation(30)US Fed News service, 1 er mai 2007.(31)BBC News, 26 octobre 2006.(32)E<strong>le</strong>ctronics Weekly, 29 février 2008, <strong>et</strong> Aviation Week, 25 août 2008.43


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArd’énergies renouvelab<strong>le</strong>s (éoliennes ou panneaux solaires) serait pertinente pourl’alimentation des bâtiments type shelter ou des dispositifs fixes du champ de batail<strong>le</strong>.L’exemp<strong>le</strong> du programme d’armement D<strong>et</strong>ecbio destiné à la protection continue desforces sous menaces biologiques illustre ce propos (cf. § "Eco-conception à la DGA").La maturité de ces technologies n’est peut-être pas toujours suffisante pour un emploien opération mais des budg<strong>et</strong>s de recherche adaptés perm<strong>et</strong>traient d’anticiper <strong>le</strong>savancées du secteur civil. De même, <strong>le</strong>s recherches visant à réduire <strong>le</strong> poids desbatteries emportées par <strong>le</strong> fantassin sont à encourager.Concernant <strong>le</strong> soutien des opérations, <strong>le</strong>s contraintes qui pèseront sur <strong>le</strong>sforces armées seront de plus en plus fortes ; la gestion des déch<strong>et</strong>s en opérations,actuel<strong>le</strong>ment décrite dans <strong>le</strong> Stanag 2510 (33) ira en s’amplifiant <strong>et</strong> pourrait nécessiterdes besoins logistiques accrus. C<strong>et</strong>te gestion des déch<strong>et</strong>s concerne à la fois lagestion des déch<strong>et</strong>s liés aux tirs de munitions <strong>et</strong> de missi<strong>le</strong>s, à la consommationde batteries très polluantes, à la destruction des matériels lors des phases decombat, à la gestion des déch<strong>et</strong>s en mer, <strong>et</strong>c. La gestion des déch<strong>et</strong>s en opérationpèse fortement sur la logistique, el<strong>le</strong> pourrait s’avérer coûteuse si el<strong>le</strong> n’était pasanticipée. Le système de soutien, intégrant <strong>le</strong>s considérations environnementa<strong>le</strong>s,doit donc être étudié dès <strong>le</strong> stade de préparation d’un programme.COMMENT FAIRE ?Les actions à mener pour limiter l’empreinte environnementa<strong>le</strong> des armementsdiffèrent selon l’avancement du programme concerné :– pour <strong>le</strong>s opérations en phase de préparation ou de conception, des adaptationsde la définition des produits peuvent être prises en compte, il s’agit alors dem<strong>et</strong>tre en œuvre une démarche d’éco-conception ;– pour <strong>le</strong>s opérations en phase de production, <strong>le</strong>s possibilités d’adaptationde la définition sont plus réduites, compte tenu des coûts de qualificationassociés. Il est en revanche nécessaire de préparer l’application des évolutionsde rég<strong>le</strong>mentation, notamment vis-à-vis de l’utilisation des substancesdangereuses pour l’homme ou l’environnement ;– enfin, pour <strong>le</strong>s matériels en phase d’utilisation opérationnel<strong>le</strong>, il s’agit depréparer un démantè<strong>le</strong>ment propre.(33)Stanag 2510 : norme Otan applicab<strong>le</strong> à la gestion interarmées des déch<strong>et</strong>s au cours d’activités militaires dirigées parl’Otan.44


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArLes principa<strong>le</strong>s actions sont :– la mise en place d’une compétence technique ;– <strong>le</strong> déploiement d’outils <strong>et</strong> de méthodologie (ACV…) ;– la formation <strong>et</strong> la communication vers <strong>le</strong>s personnels concernés (modu<strong>le</strong> écoconceptiondans la formation EPDP, séminaire Meoa).Pour la prise en compte de l’éco-conception au cours du stade de préparation, <strong>le</strong>sspécialistes éco-conception de la DET interviennent à la demande des architectesde systèmes de forces. Pour une efficacité maxima<strong>le</strong>, il est souhaitab<strong>le</strong> que c<strong>et</strong>teparticipation intervienne <strong>le</strong> plus en amont possib<strong>le</strong>, idéa<strong>le</strong>ment lors des analysesfonctionnel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> des analyses de la va<strong>le</strong>ur.Un indicateur mesurant <strong>le</strong> déploiement de la démarche d’éco-conception a étémis en place. Il est constitué par <strong>le</strong> nombre de programmes qualifiés pour chaqueniveau mesurant <strong>le</strong> degré d’éco-conception (sur une échel<strong>le</strong> de 0 à 4). L’objectifest d’atteindre au moins <strong>le</strong> niveau 3 pour tous <strong>le</strong>s programmes <strong>et</strong> <strong>le</strong> niveau 4(accessib<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>ment si la démarche d’éco-conception a été menée dès l’origine)pour <strong>le</strong>s programmes entrant en phase de préparation en 2009. Fin 2008, 24 %des programmes en cours intégraient une démarche d’éco-conception (niveau 3 ou4). Les segments pour <strong>le</strong>squels la prise en compte de l’éco-conception est la plusdéveloppée sont <strong>le</strong>s plates-formes nava<strong>le</strong>s, ce qui est probab<strong>le</strong>ment lié au contextede la prise en compte de la rég<strong>le</strong>mentation Omi <strong>et</strong> à la présence de deux spécialistesd’éco-conception dans l’unité de management ainsi que dans <strong>le</strong> secteur NBC.Le programme d’armement D<strong>et</strong>ectbio destiné à la protection continue des forcessous menaces biologiques est un exemp<strong>le</strong> de programme éco-conçu. Ce programmea trois composantes : la surveillance de l’environnement via des balises en casd’agression biologique, la recherche <strong>et</strong> l’identification d’agents biologiques <strong>et</strong> latransmission de ces données au commandement NRBC. Dans ce programme <strong>le</strong>sexigences "Environnement" sont du même niveau que <strong>le</strong>s exigences pour <strong>le</strong>sfonctions de base du système <strong>et</strong> sont intégrées aux exigences techniques <strong>et</strong> demanagement. La consultation faite à partir de l’ensemb<strong>le</strong> des exigences a permis devaincre <strong>le</strong>s premières réticences industriel<strong>le</strong>s : <strong>le</strong>s exigences environnementa<strong>le</strong>s ontété prises en compte, <strong>le</strong>s industriels ont été forces de propositions. Ainsi, <strong>le</strong>s balisesservant à la surveillance seront alimentées à partir de panneaux solaires, perm<strong>et</strong>tantd’augmenter l’autonomie de ces balises <strong>et</strong> de diminuer <strong>le</strong>s coûts de soutien. Si46


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>l’acquisition de systèmes moins consommateurs peut s’avérer initia<strong>le</strong>ment plusonéreuse, des gains financiers résultent à terme d’une moindre consommation voirede l’emploi d’énergies renouvelab<strong>le</strong>s.Par ail<strong>le</strong>urs, fin 2008, un site intran<strong>et</strong> baptisé Eden a été mis en place par la DET.Il perm<strong>et</strong> aux personnels de la DGA concernés par c<strong>et</strong>te démarche d’accéder à unensemb<strong>le</strong> d’informations, de bonnes pratiques <strong>et</strong> d’outils. La DGA pourrait élargirl’accès au site Eden en faveur des autres interlocuteurs du Mindef.Pour <strong>le</strong>s matériels existants, susceptib<strong>le</strong>s de faire l’obj<strong>et</strong> d'opération de rétrofit oude rénovation à mi-vie, il pourrait être envisagé de mener une étude large spectresur l'impact de ces systèmes d'armes sur l'environnement en s'appuyant sur <strong>le</strong>sanalyses de cyc<strong>le</strong> de vie pour intégrer l’éco-conception.Identifier dans <strong>le</strong>s besoins <strong>le</strong>s enjeux liés au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>Les instructions ministériel<strong>le</strong>s 1 514 <strong>et</strong> 800 décrivent <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment d'uneopération d'armement (cf. annexe VIII), dérou<strong>le</strong>ment qui est appelé prochainementà évoluer vers un nouveau découpage en six stades (35) , décidé pour perm<strong>et</strong>treune intervention pertinente <strong>et</strong> transversa<strong>le</strong> du nouveau Comité ministérield’investissement (CMI) (36) . D’après l'instruction 800, <strong>le</strong> paragraphe "Caractéristiquesopérationnel<strong>le</strong>s" de l'OEM (37) doit être complété par un paragraphe sur la "Protectionde l’environnement".Le comité estime que la création d’une phase d’initialisation précédant la phasede préparation devrait favoriser une concertation étroite entre <strong>le</strong>s états-majors <strong>et</strong>la DGA favorisant la prise en compte des aspects environnementaux au niveau desOEM.À partir de l’OEM, <strong>le</strong>s travaux conduits durant <strong>le</strong> stade de préparation portent sur ladéfinition de solutions propres à répondre au besoin capacitaire ; la prise en comptede l'environnement à ce stade s’attache à identifier <strong>le</strong>s risques environnementauxdu système sur tout son cyc<strong>le</strong> de vie <strong>et</strong> <strong>le</strong>s actions à m<strong>et</strong>tre en œuvre pour maîtriser(35)Initialisation, orientation, élaboration, réalisation, utilisation <strong>et</strong> r<strong>et</strong>rait de service.(36)Comité mis en place par note ministériel<strong>le</strong> référencée 000017 DEF/CAB/CC5 du 2 janvier 2009.(37)Objectif d’État-Major.47


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArces risques. La démarche consiste à comparer <strong>le</strong>s empreintes environnementa<strong>le</strong>s desdifférentes solutions capacitaires grâce à des outils d'évaluation environnementa<strong>le</strong>de type ACV. Il s’agit donc d’une démarche d’éco-conception des capacités.Durant <strong>le</strong> stade de conception, la DGA doit identifier <strong>le</strong>s exigences d'ordr<strong>et</strong>echnique auxquel<strong>le</strong>s devra satisfaire <strong>le</strong> système, ses composants <strong>et</strong> son systèmede soutien, dans <strong>le</strong>ur mise en œuvre, sur tout <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> de vie, notamment pourla protection de l'environnement <strong>et</strong> des personnes. La prise en compte del'environnement est alors traduite vers <strong>le</strong> maître d’œuvre en exigences techniques(niveau des rej<strong>et</strong>s gazeux, consommation, bruit, Isolation, interdiction de substancesparticulièrement dangereuses...), en exigences de management particulières <strong>et</strong>/oulivrab<strong>le</strong>s spécifiques (cartographie des substances dangereuses, études d'impactenvironnemental, manuel de démantè<strong>le</strong>ment par exemp<strong>le</strong>).Recommandation n° 8Prendre en compte la performance développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> au même titre que <strong>le</strong>sautres performances lors du choix de la solution.C’est l’ensemb<strong>le</strong> de ces exigences qui doit guider la démarche d’éco-conceptiondu maître d’œuvre. Le manque de recul actuel sur c<strong>et</strong>te démarche ne perm<strong>et</strong> pasencore de juger de la pertinence de l’éco-conception dont <strong>le</strong> maître d’œuvre doitfaire preuve pendant la phase de développement.Il est vraisemblab<strong>le</strong> que à terme l’ensemb<strong>le</strong> des acteurs (DGA, industries) devraaligner ses pratiques d’éco-conception sur un référentiel commun. Actuel<strong>le</strong>ment, ceréférentiel semb<strong>le</strong> être l’Iso 14 001 "sites <strong>et</strong> produits" mais seuls de rares industrielsont obtenu la certification sur ce périmètre. La DGA n’est aujourd’hui certifiée quepour ses sites ; c’est <strong>le</strong> cas éga<strong>le</strong>ment de la grande majorité des industriels.Recommandation n° 9Réaliser une étude de faisabilité pour l’extension de la certification Iso 14 001 aux"produits" de la DGA (<strong>le</strong>s systèmes d’armes livrés aux forces) <strong>et</strong> recommanderfortement aux industriels de s’engager dans la même démarche.48


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Définir <strong>le</strong>s profils d’utilisation avec <strong>le</strong>s états-majorsL’évaluation de l’impact environnemental d’un système d’armes doit considérer<strong>le</strong>s différents profils d’utilisation :Formation initia<strong>le</strong> des personnelsEntraînement temps de paixUtilisation en opérationsÉco<strong>le</strong>s, unités d’instruction spécialiséesEntraînement courant allant jusqu’à la miseen œuvre du système compl<strong>et</strong> (campagnesde tir, exercices interalliés…)Déploiement, soutien d’une haute cadenced’utilisationLe stockage des matériels en condition opérationnel<strong>le</strong> peut nécessiter desinfrastructures lourdes (dépôts, bassins…). Cependant, c’est la position qui dégrade<strong>le</strong> moins l’environnement <strong>et</strong> coûte <strong>le</strong> moins cher en MCO, en vieillissement, <strong>et</strong>c.L’idéal serait de pouvoir réaliser la formation <strong>et</strong> l’entraînement uniquement avecdes moyens de simulation. C’est l’avantage offert par <strong>le</strong>s drones UCAV (38) parexemp<strong>le</strong>, qui seraient très peu utilisés en dehors des missions réel<strong>le</strong>s. Les tirsd’armements "bons de guerre" peuvent aussi être simulés par la conduite d<strong>et</strong>ir, ou remplacés par des tirs de munitions d’exercice peu polluantes. Un parc dematériels réservés à l’entraînement perm<strong>et</strong> d’utiliser des plates-formes allégées <strong>et</strong>donc moins motorisées.Il faut veil<strong>le</strong>r cependant à garder une bonne représentativité de ces moyenspour ne pas dégrader la performance opérationnel<strong>le</strong> des opérateurs (équipages <strong>et</strong>personnels de maintenance). Certaines conditions ne peuvent être simulées, commepar exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> stress engendré au combat, <strong>le</strong> vol, la plongée, la manipulationd’engins pyrotechniques…Le contexte géostratégique a beaucoup changé depuis la chute du mur deBerlin. Avec la participation croissante du Mindef aux opérations de sécurité, ladistinction temps de paix/opérations est de plus en plus floue. Les systèmes <strong>le</strong>s pluscomp<strong>le</strong>xes sont utilisés quotidiennement pour la surveillance du territoire national(38)Unmanned Combat Air Vehic<strong>le</strong>49


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEAr<strong>et</strong> pour des missions d’assistance : police du ciel, présence maritime, recherchedu renseignement au profit de la lutte anti-terroriste, intervention à la suite decatastrophes naturel<strong>le</strong>s…Il n’est donc pas aisé de prévoir <strong>le</strong>s conditions d’utilisation d’un futur systèmed’armes pendant toute sa durée de vie ; m<strong>et</strong>tre en place des moyens d’entraînementspécifiques se substituant aux matériels réels coûte cher <strong>et</strong> ces moyens doiventaussi pouvoir évoluer faci<strong>le</strong>ment pour s’adapter aux nouvel<strong>le</strong>s missions. L’analysedes profils d’utilisation est cependant incontournab<strong>le</strong>, au moins pour évaluer <strong>le</strong>coût global d’un système apportant une capacité opérationnel<strong>le</strong> donnée, voirecelui d’un système de forces tout entier. C’est l’occasion d’introduire la réf<strong>le</strong>xionsur l’impact environnemental car c’est à c<strong>et</strong>te étape de la phase de préparation desprogrammes que se font <strong>le</strong>s choix qui engagent sur <strong>le</strong> long terme. Comme <strong>le</strong>s pointsétudiés affectent directement <strong>le</strong>s modes opératoires <strong>et</strong> l’efficacité opérationnel<strong>le</strong>,une concertation très étroite entre utilisateurs <strong>et</strong> architectes techniques estindispensab<strong>le</strong>.Décliner <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans la chaîne d’approvisionnementLa prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong> choix des fournisseursr<strong>et</strong>enus au titre des marchés de la défense s’inscrit dans un contexte d’ouverturedes marchés avec trois orientations principa<strong>le</strong>s :– <strong>le</strong>s travaux du par<strong>le</strong>ment <strong>et</strong> du conseil européens visent à élargir <strong>le</strong>sconsultations <strong>et</strong> donc la concurrence, en limitant <strong>le</strong> recours à l’exceptionnationa<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cadre de l’application de l’artic<strong>le</strong> 296 du traité européen(cf. § "Contexte européen") ;– <strong>le</strong> code des marchés publics qui reprend <strong>le</strong>s directives européennes en matièrede respect de la concurrence interdit toute ségrégation positive vis-à-vis desentreprises qui m<strong>et</strong>tent en œuvre une politique énergique de développement<strong>durab<strong>le</strong></strong> (cf. § "Développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong> code des marchés publics") ;– un "Small Business Act" européen, facilitant l’accès des PME sourced’innovations technologiques (y compris en matière de développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>), a été annoncé en juin 2008 à l’instar du SBA américain (39) , sansimposer pour autant qu’un quota de contrats publics soit réservé aux PME.(39)Small Business Act adopté en 1953.50


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Il n’a reçu l’accord ni du Comité Richelieu, ni de la commission européenne.Le comité se positionne en faveur du Pacte PME qu’il a lancé en 2006, pourfaciliter <strong>le</strong> travail entre <strong>le</strong>s grands comptes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s PME en "cassant" <strong>le</strong>s barrièresculturel<strong>le</strong>s. Sur deux exercices, <strong>le</strong> bilan de ce pacte est positif.Plan de relance (40) <strong>et</strong> communication vers <strong>le</strong>s PME sont autant de moyens visantà mieux faire participer <strong>le</strong>s PME aux acquisitions de la défense mais la sé<strong>le</strong>ctiond’une entreprise m<strong>et</strong>tant en œuvre des mesures de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> ne peutse faire qu’à travers des critères objectifs définis dans l’expression des besoins.Ces critères sont soit d’ordre technique, avec des propositions de variantesintégrant <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong> cahier des charges, soit d’ordreorganisationnel <strong>et</strong> fonctionnel à travers <strong>le</strong>s normes <strong>et</strong> certifications. Ce derniercritère qui peut conduire à l’exclusion de l’entreprise s’il est intégré au dossier decandidature présente avantages <strong>et</strong> inconvénients. Ainsi <strong>le</strong> critère des certificationsIso 14… :– garantit la prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong> fonctionnementde l’entreprise non seu<strong>le</strong>ment dans son aspect environnemental maiséga<strong>le</strong>ment social (santé <strong>et</strong> sécurité des personnels, traitement des fournisseurs)<strong>et</strong> économique (équilibre des comptes, gestion proactive optimisée) ;– a un eff<strong>et</strong> de promotion des va<strong>le</strong>urs de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> en incitant <strong>le</strong>sentreprises à anticiper des évolutions dont el<strong>le</strong>s savent qu’el<strong>le</strong>s seront prisesen compte pour l’obtention de marchés ;– mais impose pour l’entreprise soumissionnaire des coûts onéreux de certification<strong>et</strong> de validation annuel<strong>le</strong>.Dans ce cadre pourrait être r<strong>et</strong>enue la recommandation suivante :Recommandation n° 10Promouvoir <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> au niveau de l’État à travers une exigencede certification Iso des grands groupes dans <strong>le</strong> cadre de la passation des marchéspublics <strong>et</strong> analyser c<strong>et</strong>te opportunité dès lors que l’obj<strong>et</strong> du marché est tourné vers<strong>le</strong>s PME.(40)Le plan d’action PME a permis d’accroître de 15 % <strong>le</strong>s investissements dans <strong>le</strong>s PME <strong>et</strong> de <strong>le</strong>ur confier 50% des proj<strong>et</strong>sde Recherche Exploratoire <strong>et</strong> Innovation.51


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArL’éco-conception dans d’autres secteurs que celui de l’armementUne étude Afnor, publiée en novembre 2007 <strong>et</strong> intitulée "État de l’art dans <strong>le</strong>domaine de l’éco-conception", identifie <strong>le</strong>s principaux <strong>le</strong>viers favorab<strong>le</strong>s à unedynamique d’éco-conception <strong>et</strong> analyse différents secteurs, hors secteur armement,ce qui perm<strong>et</strong> de tirer quelques enseignements éventuel<strong>le</strong>ment transposab<strong>le</strong>s àce secteur, pour favoriser <strong>le</strong> développement de démarches d’éco-conception auxproduits "armement". L’annexe VII détail<strong>le</strong> ce propos <strong>et</strong> donne quelques élémentsd’analyse perm<strong>et</strong>tant de justifier la recommandation suivante :Recommandation n° 11Créer un prix, comme pour la qualité, récompensant une entreprise ayant tota<strong>le</strong>mentéco-conçu un matériel compl<strong>et</strong> ou un équipement dans <strong>le</strong> secteur de l’armement.La diminution de l’emploi de substances nocivesParmi <strong>le</strong>s nombreuses rég<strong>le</strong>mentations applicab<strong>le</strong>s au domaine de l’environnement,plusieurs visent à limiter, voire supprimer, l’utilisation de substances nocives pourl’environnement <strong>et</strong> pour <strong>le</strong>s personnes. Il s’agit notamment de : ROHS, Amiante,REACh, CFC/HFC Halon.Il est très probab<strong>le</strong> que de nouvel<strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentations, tout aussi contraignantes,apparaîtront dans <strong>le</strong>s prochaines années (cf. § "Évolution continue de larèg<strong>le</strong>mentation"). Les contraintes résultant de ces nouvel<strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentationsétant conséquentes, il ne semb<strong>le</strong> pas opportun de chercher à m<strong>et</strong>tre en œuvre desrég<strong>le</strong>mentations encore plus contraignantes.En revanche, la démarche engagée par <strong>le</strong> Mindef, visant à limiter <strong>le</strong> recoursaux clauses d’exemption ou d’exclusion, applicab<strong>le</strong>s aux matériels de défense,figurant dans <strong>le</strong>s différentes rég<strong>le</strong>mentations doit être poursuivie (41) . El<strong>le</strong> doit l’être,d’une part, parce qu’il sera de moins en moins considéré comme acceptab<strong>le</strong> parl’opinion publique que la défense se soustraie unilatéra<strong>le</strong>ment aux obligationsenvironnementa<strong>le</strong>s applicab<strong>le</strong>s aux autres secteurs d’activités (devoir d’exemplarité)<strong>et</strong>, d’autre part, car l’activité des industriels concernés est majoritairement pilotée(41)Concernant REACh, la DGA a indiqué à plusieurs reprises que <strong>le</strong> recours à la clause d’exemption ne pourrait être qu’exceptionnel<strong>et</strong> devrait faire l’obj<strong>et</strong> d’une validation au niveau ministériel. De même, <strong>le</strong> MINDEF a décidé de se soum<strong>et</strong>tre à larég<strong>le</strong>mentation du passeport vert alors que <strong>le</strong>s textes en vigueur lui perm<strong>et</strong>taient de s’y soustraire.52


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>par <strong>le</strong>s activités civi<strong>le</strong>s <strong>et</strong> que <strong>le</strong> maintien de productions spécifiques pour <strong>le</strong>sapplications défense peut diffici<strong>le</strong>ment être pérennisé, sauf à devoir y consacrer uneffort budgétaire conséquent. L’évolution du contexte européen (cf. § "Contexteeuropéen") quant à la restriction d’utilisation de l’artic<strong>le</strong> 296 TCE justifie éga<strong>le</strong>mentc<strong>et</strong>te démarche.En parallè<strong>le</strong>, <strong>le</strong> comité recommande d’engager une démarche structurée depréparation aux évolutions de ces rég<strong>le</strong>mentations. Comme cela a été évoqué au§ "Évolution continue de la règ<strong>le</strong>mentation" du présent rapport, la rég<strong>le</strong>mentationapplicab<strong>le</strong> en matière d’environnement a déjà fortement évolué au cours desdernières années <strong>et</strong> il est très probab<strong>le</strong> que c<strong>et</strong>te tendance se poursuivra. Il est doncimportant de se préparer à se conformer à ces évolutions, notamment pour que :– <strong>le</strong>s matériels conçus aujourd’hui anticipent <strong>le</strong> respect des rég<strong>le</strong>mentations dedemain, <strong>et</strong> ainsi limitent <strong>le</strong>s besoins en r<strong>et</strong>rofit ; la validation d’une évolutionde définition "en passager" au cours d’un développement est en eff<strong>et</strong> moinscoûteuse que la qualification de c<strong>et</strong>te même évolution au cours de la phasede production ou d’utilisation opérationnel<strong>le</strong> ;– <strong>le</strong>s solutions techniques nécessaires à la mise en conformité des matérielsexistants suite à des évolutions de rég<strong>le</strong>mentation puissent être préparées.Il est désormais acquis que la liste des substances extrêmement préoccupantesnotifiée par l’Echa (annexe XIV) évoluera périodiquement, générant des restrictionsvoire des interdictions d’utilisation de nouvel<strong>le</strong>s substances.Dresser la cartographie des substances dangereusesPour <strong>le</strong>s futurs systèmes d’armes, l’application de REACh lors des différentesphases d’un programme constituera une n<strong>et</strong>te voie de progrès en minimisantl’emploi de substances <strong>le</strong>s plus préoccupantes <strong>et</strong> en imposant des obligationsd’informations sur d’autres substances considérées à haut risque. REACh n’imposecependant pas la fourniture d’une cartographie des substances dangereuses pourchaque équipement. Or, une cartographie des substances dangereuses des matérielss’avère pertinente car el<strong>le</strong> perm<strong>et</strong>trait de cerner rapidement <strong>le</strong>s risques sanitaires <strong>et</strong>environnementaux auxquels s’exposent <strong>le</strong>s forces en situation opérationnel<strong>le</strong>, quece soit lors des phases de stockage, de déplacement, de maintenance, ou d’emploidu matériel sur un théâtre d’opérations. C<strong>et</strong>te cartographie s’avérera très uti<strong>le</strong>53


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArpour réduire une contamination lors d’un accident. Disposer d’une cartographiedes substances dangereuses perm<strong>et</strong>tra éga<strong>le</strong>ment d’optimiser la phase dedémantè<strong>le</strong>ment rendant celui-ci plus faci<strong>le</strong> à préparer car, en préalab<strong>le</strong> aux actions àconduire, <strong>le</strong>s mesures de précaution à prendre auront été identifiées. La préparationde la phase contractuel<strong>le</strong> du démantè<strong>le</strong>ment sera éga<strong>le</strong>ment facilitée.Les progrès à accomplir différents selon <strong>le</strong> secteur d’activité. Ainsi, la constructionnava<strong>le</strong> militaire a largement pris <strong>le</strong>s devants en appliquant <strong>le</strong> passeport vert à tous<strong>le</strong>s navires de la marine nationa<strong>le</strong> alors même que c<strong>et</strong>te norme n’était pas encoreen vigueur dans la marine marchande. Ce cas est exemplaire à plusieurs titres. Ilconstitue une anticipation de règ<strong>le</strong>ments à venir puisque <strong>le</strong> passeport vert n’estpas encore définitivement adopté par l’Omi. Ce passeport est basé sur une listedes substances à cartographier admise par tous, compte tenu des spécificités dusecteur naval. Le Mindef s’aligne ainsi sur une norme internationa<strong>le</strong> civi<strong>le</strong> reconnue,en écartant d’emblée toute idée d’exemption défense, ce qui perm<strong>et</strong>tra un accèsplus aisé à des ports exigeants du point de vue environnemental, facilitant ainsi <strong>le</strong>déploiement des forces. Enfin, ces mesures éloigneront <strong>durab<strong>le</strong></strong>ment <strong>le</strong> spectre dela coque Q 790 (ex-C<strong>le</strong>menceau).Si certains industriels, désormais sensibilisés à c<strong>et</strong>te démarche, fournissent parexemp<strong>le</strong> des manuels de démantè<strong>le</strong>ment dès la mise en service (c’est <strong>le</strong> cas pour<strong>le</strong>s missi<strong>le</strong>s), des progrès restent à accomplir. Outre la résistance naturel<strong>le</strong> faceau changement, <strong>le</strong> principal écueil semb<strong>le</strong> être l’absence de liste de substancespertinentes par secteur d’activité. Le Gifas a très récemment adopté une liste"top 100" devenue PDSL (42) des substances à cartographier, liste qui sera diffuséeaux clients <strong>et</strong> aux fournisseurs, ces derniers devant m<strong>et</strong>tre en place un systèmeperm<strong>et</strong>tant d’en assurer la traçabilité. La liste PDSL, partagée au niveau européen,est désormais r<strong>et</strong>enue au niveau de l’ASD (43) <strong>et</strong> des échanges sont engagés avecl’IAF (44) pour étendre sa validation.Quid des matériels en service ou en cours de réalisation (développement ouproduction) ?(42)Priority Declarab<strong>le</strong> Substance List.(43)AeroSpace & Defense industries association of Europe.(44)International Astronautical Federation.54


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Il faudrait, bien entendu, apurer <strong>le</strong> passé mais appliquer la démarche decartographie des substances dangereuses à tous <strong>le</strong>s systèmes en service ou encours de réalisation, <strong>et</strong> ce dès maintenant, ne semb<strong>le</strong> pas d’actualité. Pour cesmatériels, <strong>le</strong> comité estime qu’il faudrait commencer par établir des priorités, l’effortà réaliser étant en eff<strong>et</strong> considérab<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong>s spécialistes du domaine encore ennombre insuffisant pour lancer une démarche d’une tel<strong>le</strong> amp<strong>le</strong>ur.Concernant la cartographie des substances dangereuses, <strong>le</strong>s échanges ducomité 1 tant avec la DGA qu’avec certains industriels font apparaître une difficulté,non résolue, pour établir la liste des substances à prendre en compte.Le comité 1 propose donc la recommandation suivante :Recommandation n° 12Elaborer une feuil<strong>le</strong> de route, avec notamment des jalons <strong>et</strong> des prévisionsfinancières dans <strong>le</strong>s budg<strong>et</strong>s des programmes en cours, pour faire face aux dépensescorrespondant à l’établissement des cartographies. Pour <strong>le</strong>s matériels déjà en service,<strong>le</strong> même travail est à accomplir, au titre des budg<strong>et</strong>s de MCO de ces matériels(programme 178).Limiter l’exposition des personnelsLe principe de précaution, désormais constitutionnel, guide beaucoup deproductions rég<strong>le</strong>mentaires <strong>et</strong> législatives <strong>et</strong> de nombreuses actions en justice sontentreprises invoquant <strong>le</strong> respect de ce principe. Des victimes de l’amiante à cel<strong>le</strong>sdes essais nucléaires, <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s ne manquent pas dans <strong>le</strong> domaine de la défense.La particularité du principe de précaution est de m<strong>et</strong>tre à la charge de l’institutionmise en cause la preuve qu’el<strong>le</strong> n’expose pas ses personnels à des risques sanitairessans avoir pris <strong>le</strong>s précautions <strong>le</strong>s plus élémentaires.D’ores <strong>et</strong> déjà, c<strong>et</strong>te exigence constitue pour <strong>le</strong> moins un paradoxe lorsqu’il s’agitde l’exercice du métier des armes. En eff<strong>et</strong>, un conflit qu’il soit de basse, moyenneou de haute intensité, expose directement certains personnels du ministère à desdangers de mort immédiate. Imaginer la notion de "zéro mort" enlèverait touteva<strong>le</strong>ur combative aux forces car l’accomplissement de la mission demande au55


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArcombattant plus souvent qu’on ne <strong>le</strong> pense l’acceptation du sacrifice suprême.Dès lors, <strong>comment</strong> <strong>le</strong> principe de précaution peut-il être compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> métierdes armes ? La c<strong>le</strong>f se situe sans doute dans la prise en considération du risqueinuti<strong>le</strong>.Etablissement d’un plan directeurdes études amont "développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>"Pour être prise en compte dans un nouveau développement (qu’il s’agisse d’unnouveau système ou d’une rénovation à mi-vie ou du traitement d’une obso<strong>le</strong>scence)une technologie doit posséder un niveau de maturité suffisant. L’indicateur TRL(Technology Readiness Level) issu de la Nasa est couramment utilisé pour mesurerc<strong>et</strong>te maturité. En eff<strong>et</strong>, l’introduction d’une technologie non mature est une sourcede risques pour <strong>le</strong> développement, génératrice de surcoûts <strong>et</strong> de r<strong>et</strong>ards. Ce sont <strong>le</strong>sétudes amont qui doivent contribuer à l’obtention de c<strong>et</strong>te maturité. En conséquence,afin d’intégrer des technologies présentant un impact sur l’environnement réduitdans <strong>le</strong>s futurs développements, il est indispensab<strong>le</strong> d’engager <strong>le</strong>s travaux d’étudesamont associées en maintenant un niveau de ressources suffisant..90 % des crédits d’études amont financent des études regroupées dans <strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>sfédérateurs (PF) qui ont pour objectif de répondre à un besoin de capacité future.Or, parmi <strong>le</strong>s objectifs affichés dans <strong>le</strong>s PF ne figure aucun objectif "développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>". Les autres études amont (de l’ordre donc de 10 % des crédits alloués) sontrattachées à la base technologique <strong>et</strong> sont plus transverses mais aussi plus "amont"que cel<strong>le</strong>s rattachées aux PF. El<strong>le</strong>s perm<strong>et</strong>tent de laisser libre cours à l’innovation,à la créativité… Concernant en particulier <strong>le</strong>s études amont, <strong>le</strong> comité 1 ém<strong>et</strong> larecommandation suivante :Recommandation n° 13Intégrer systématiquement dans tout Proj<strong>et</strong> Fédérateur (PF) des objectifs liés audéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong> intégrer dans <strong>le</strong>s études amonts rattachées à la bas<strong>et</strong>echnologique des objectifs innovants directement orientés vers <strong>le</strong> développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>. En parallè<strong>le</strong>, <strong>et</strong> tout particulièrement pour c<strong>et</strong>te seconde catégorie d’étudesamont, motiver <strong>le</strong>s industriels de l’armement, dont <strong>le</strong>s PME du secteur, pour fairedes propositions spécifiquement orientées développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>.56


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Par ail<strong>le</strong>urs, il pourrait être éga<strong>le</strong>ment envisagé d’établir un plan directeur desétudes amont développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> élargi à l’échelon européen afin de :– diversifier <strong>le</strong>s sources de financement de ces travaux. Il s’agit notamment deprofiter du PCRD géré par la commission européenne ;– servir de support à la mise en place de coopérations européennes, parexemp<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cadre de l’AED, sur des suj<strong>et</strong>s moins sensib<strong>le</strong>s vis-à-vis dupositionnement concurrentiel des industriels concernés ou du positionnementdes États.Vers une maintenance <strong>et</strong> un démantè<strong>le</strong>ment propreLes enjeux du démantè<strong>le</strong>ment des matériels militaires sont très importants, neserait-ce que par <strong>le</strong> volume concerné : <strong>le</strong>s plates-formes nava<strong>le</strong>s à démante<strong>le</strong>r aucours des six prochaines années représentent environ 150 000 tonnes.La problématique du démantè<strong>le</strong>ment des matériels de guerre en fin de vie (<strong>et</strong> desmunitions) a fait l’obj<strong>et</strong> de plusieurs études ayant généré chacune de nombreusesrecommandations dont :– <strong>le</strong> rapport du comité 7 de la 43 e session nationa<strong>le</strong> du Chear qui a menéune analyse sur "Démantè<strong>le</strong>ment des matériels en fin de vie : une solutioneuropéenne pour demain" ;– <strong>le</strong> rapport d’information de l’Assemblée nationa<strong>le</strong> du 24 janvier 2007, établipar la commission de la Défense nationa<strong>le</strong> <strong>et</strong> des forces armées, sur <strong>le</strong>démantè<strong>le</strong>ment des navires de guerre (rapporteur : Mme Lamour) ;– <strong>le</strong> rapport de la mission interministériel<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> démantè<strong>le</strong>ment des navirescivils <strong>et</strong> militaires en fin de vie ;– <strong>le</strong> rapport relatif au "Démantè<strong>le</strong>ment des matériels de guerre en fin de vie <strong>et</strong>des munitions", établi par l’IGA Lebacq (45) , dont <strong>le</strong>s principaux résultats ontété présentés au cabin<strong>et</strong> du ministre de la défense <strong>le</strong> 19 décembre 2008.Le cabin<strong>et</strong> a r<strong>et</strong>enu un certain nombre de recommandations émises dans cerapport. El<strong>le</strong>s feront l’obj<strong>et</strong> d’un suivi semestriel au niveau ministériel.(45)Démantè<strong>le</strong>ment des matériels d'armement par Xavier Lebacq <strong>et</strong> Franck L'Hoir, 30 octobre 2008.57


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArDans <strong>le</strong> cadre de la mise en œuvre des propositions 17 (46) <strong>et</strong> 19 (47) du rapport"Lebacq", <strong>le</strong> comité 1 ém<strong>et</strong> <strong>le</strong>s recommandations suivantes :Recommandation n° 14Effectuer un r<strong>et</strong>our d’expérience de la démarche mise en place pour <strong>le</strong>s platesformesnava<strong>le</strong>s pour l’établissement des passeports verts afin de la transposer auxautres matériels pour bénéficier des bonnes pratiques <strong>et</strong> anticiper <strong>le</strong>s difficultésrencontrées.Recommandation n° 15Lors de la phase de conception des nouveaux matériels, établir la cartographie desmatières dangereuses en prévision de la phase de démantè<strong>le</strong>ment.Recommandation n° 16Imposer au titulaire du marché <strong>le</strong> respect de la rég<strong>le</strong>mentation européenne enmatière d'environnement, d’hygiène, de sécurité <strong>et</strong> de conditions de travail, mêmesi <strong>le</strong>s travaux sont effectués dans un pays non membre de l’Union européenne.R<strong>et</strong>our d’expérience des passeports vertsPour <strong>le</strong>s plates-formes nava<strong>le</strong>s, une démarche d’établissement de passeports vertsa été engagée par <strong>le</strong> Mindef en application d’une convention de l’Omi (cf. § "Dresserla cartographie des substances dangereuses"). Ainsi, <strong>le</strong> passeport vert sera mis enplace systématiquement pour <strong>le</strong>s prochains bâtiments livrés à la Marine (1ère applicationFremm n° 1 en 2011, puis frégates Horizon <strong>et</strong> Barracuda) sous pilotageDGA <strong>et</strong> progressivement pour <strong>le</strong>s navires en service, en traitant en priorité pour2012 ceux qui seront à démante<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s cinq prochaines années, sous pilotagede la marine nationa<strong>le</strong>.(46)Proposition 17 : faire établir avant fin 2008 par <strong>le</strong>s services de soutien, avec <strong>le</strong> concours de la DGA, d’un chimiste, dela DMPA, <strong>et</strong>, si possib<strong>le</strong>, des industriels concepteurs, des listes pragmatiques de produits dangereux à inventorier avantdémantè<strong>le</strong>ment.(47)Proposition 19 : demander aux services d’établir pour fin 2008 des ca<strong>le</strong>ndriers <strong>et</strong> modalités de réalisation des cartographies<strong>et</strong> inventaires pour <strong>le</strong>s matériels dont il a la responsabilité du démantè<strong>le</strong>ment.58


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArLimiter <strong>le</strong>s risques de pollution accidentel<strong>le</strong>Les matériels militaires contiennent des substances qui peuvent présenter unrisque de pollution important en cas d’accident. Cela concerne essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>smatières fissi<strong>le</strong>s présentes dans <strong>le</strong>s armes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s chaufferies nucléaires des navires, <strong>le</strong>carburant, <strong>le</strong>s produits potentiel<strong>le</strong>ment toxiques à bord des plates-formes (amiante,matériaux composites…). Les risques concernent aussi <strong>le</strong>s sites de fabrication, destockage, d’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> de démantè<strong>le</strong>ment. Par ail<strong>le</strong>urs, l’explosion d’une grandequantité de munitions dans une zone industriel<strong>le</strong> ou l’écrasement d’un avion surune installation sensib<strong>le</strong> peuvent engendrer par contrecoup des dégradationssignificatives de l’environnement. Enfin, <strong>le</strong>s dommages sont aggravés dans <strong>le</strong>szones naturel<strong>le</strong>s fragi<strong>le</strong>s comme <strong>le</strong>s zones humides <strong>et</strong> <strong>le</strong>s régions polaires.Un rapport de l'Observatoire des armes nucléaires françaises souligne que245 réacteurs nucléaires naviguent dans <strong>le</strong>s océans de la planète, soit plus de lamoitié des quelque 440 réacteurs des centra<strong>le</strong>s nucléaires civi<strong>le</strong>s qui produisent del'é<strong>le</strong>ctricité. Plusieurs sous-marins nucléaires ou porteurs d’armement nucléaires ontcoulé accidentel<strong>le</strong>ment (dont <strong>le</strong> Koursk en août 2000). Les collisions montrent quemalgré des systèmes de détection à la pointe de la technologie, de tels accidentssont toujours possib<strong>le</strong>s.Il convient évidemment de limiter au maximum <strong>le</strong>s atteintes accidentel<strong>le</strong>s àl’environnement, en agissant sur <strong>le</strong>urs causes <strong>et</strong> sur <strong>le</strong>urs eff<strong>et</strong>s.Les actions pour diminuer <strong>le</strong>s causes d’accident améliorent en premier lieu la sécuritédes personnels <strong>et</strong> la disponibilité du parc de matériels, c’est pourquoi <strong>le</strong>s forces arméessont naturel<strong>le</strong>ment pro-actives dans ce domaine. Cela concerne d’abord la formationdes opérateurs <strong>et</strong> l’entraînement car l’erreur humaine est souvent la première caused’accident. Les plates-formes doivent être équipées de moteurs fiab<strong>le</strong>s, de moyens denavigation <strong>et</strong> de détection performants compatib<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>s systèmes civils ; <strong>le</strong>s armes <strong>et</strong><strong>le</strong>s conduites de tir doivent être munies de sécurités multip<strong>le</strong>s interdisant <strong>le</strong> tir intempestifou l’explosion d’une munition. L’entr<strong>et</strong>ien des matériels sera d’autant plus soigné quel’installation est sensib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> plan de la sécurité. La seu<strong>le</strong> limitation est <strong>le</strong> coût de cesmesures. Enfin, une bonne coordination internationa<strong>le</strong> réduit <strong>le</strong> risque d’interférencesentre différentes forces, comme, par exemp<strong>le</strong>, au sein de l’Otan la déclaration des zonesde patrouil<strong>le</strong> des sous-marins d’attaque.60


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>La réduction des eff<strong>et</strong>s, c'est-à-dire la limitation de la gravité des accidents, estplus diffici<strong>le</strong> car el<strong>le</strong> va souvent à l’encontre de la performance opérationnel<strong>le</strong>.Cela consiste par exemp<strong>le</strong> à limiter <strong>le</strong>s quantités de matières dangereuses sur unmême site ou sur un même vecteur, voire à s’interdire l’utilisation de substancestrop polluantes en cas de dissémination dans l’environnement. Ainsi, l’armée del’air <strong>et</strong> l’aéronava<strong>le</strong> s’interdisent <strong>le</strong>s vols d’entraînement avec armement nucléaireréel. Les plates-formes peuvent intégrer des barrières de protection garantissant<strong>le</strong> confinement en cas d’avarie mais l’impact sur <strong>le</strong> poids <strong>et</strong> la capacité d’emportest souvent é<strong>le</strong>vé : blindage autour du cœur des chaudières nucléaires du PorteavionsChar<strong>le</strong>s de Gaul<strong>le</strong>, pétroliers à doub<strong>le</strong> coque… À c<strong>et</strong> égard, <strong>le</strong>s pétroliersravitail<strong>le</strong>ursMeuse, Var, Marne <strong>et</strong> Somme, livrés entre 1980 <strong>et</strong> 1990, devront bientôtêtre remplacés. La doub<strong>le</strong> coque sera obligatoire pour <strong>le</strong>s tankers civils à partir de2010 <strong>et</strong> l’État devrait donner l’exemp<strong>le</strong>.La proportion croissante de matériaux composites dans <strong>le</strong>s avions modernesentraîne un risque d’émission de fumées toxiques en cas d’incendie ou d’écrasementau sol. Cependant, <strong>le</strong>s matériaux composites apportent un gain en performance, ycompris sur <strong>le</strong>s avions de transport civils, que <strong>le</strong>ur utilisation ne sera probab<strong>le</strong>mentpas remise en cause.Etudier <strong>le</strong>s mesures d’accompagnement adéquates(information utilisateurs…)Le plan d’actions environnement du Mindef insiste sur la nécessité del’enseignement du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong>s formations administratives, enparticulier en ce qui concerne <strong>le</strong>s installations. Dans <strong>le</strong> domaine de l’armement ilévoque <strong>le</strong>s phases de conception <strong>et</strong> de fin de vie des matériels. Or <strong>le</strong> développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>, y compris dans <strong>le</strong> domaine de l’armement, est bien plus qu’une connaissancenouvel<strong>le</strong> ; c’est un état d’esprit qui doit être partagé par toutes <strong>le</strong>s parties prenantesde la vie des matériels.A titre d’exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> plan d’actions de prévention des pollutions nord-américainest un document exhaustif qui :– définit la politique du ministère à travers un guide fixant des objectifs demoyens <strong>et</strong> de résultats ;61


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEAr– couvre tous <strong>le</strong>s aspects du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> (48) qui doivent être déclinéspar <strong>le</strong>s directions concernées ;– décline la mise en œuvre des formations à tous <strong>le</strong>s niveaux.En France, la connaissance est concentrée dans des structures spécifiques <strong>et</strong>dans des domaines encore limités à la protection des sites (bureau de maîtrise desrisques, bureaux de prévention..). En matière d’armement, <strong>le</strong> savoir apparaît commeempirique dans <strong>le</strong>s métiers <strong>le</strong>s plus particulièrement touchés : experts techniques<strong>et</strong> ach<strong>et</strong>eurs.L’acculturation au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> pourrait prendre la forme :– d’une sensibilisation de tous <strong>le</strong>s personnels dans <strong>le</strong> cadre de <strong>le</strong>ur formationinitia<strong>le</strong> (ouvriers, ingénieurs, militaires du rang, sous-officiers <strong>et</strong> officiers,contractuels <strong>et</strong> personnels de carrière). La formation a commencé aux États-Unis d’Amérique par des enseignements destinés aux plus hautes autoritésavant d’être intégrés dans <strong>le</strong>s cours d’état-major puis dans ceux destinés auxautres niveaux ;– d’une formation spécialisée liée au métier exercé, à intégrer systématiquementdans <strong>le</strong> cursus professionnel <strong>et</strong> de manière ponctuel<strong>le</strong> (hors cadre promotionne<strong>le</strong>n fonction de l’emploi tenu).Le comité 1 ém<strong>et</strong> la recommandation suivante :Recommandation n° 18Intégrer <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> aux formations initia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> spécialisées despersonnels.L’exemp<strong>le</strong> de l’enseignement de la qualité constitue un précédent qui présentequelques points communs avec l’enseignement du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>. Pour <strong>le</strong>sformations à la qualité, <strong>le</strong> principe avait été r<strong>et</strong>enu d’une formation externaliséeauprès de centres spécialisés de futurs "formateurs" chargés ensuite de la formationen interne, à moindre coût(48) Le Pollution Prévention Action Plan a été signé <strong>le</strong> 13 novembre 1992 par <strong>le</strong> secrétaire d’État chargé de l’Air Force <strong>et</strong> <strong>le</strong>chef d’état-major de l’armée de l’air. Il définit une politique du « ministère de l’air » dans ce domaine (analyse des pollutions,recherche technologique, politique d’achats, révision des normes militaires, outils financiers de suivi des coûts).62


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>La prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> est inéluctab<strong>le</strong> du faitnotamment des attentes de l’opinion publique de plus en plus sensib<strong>le</strong> auxenjeux que représentent la protection de l’environnement <strong>et</strong> la santé despopulations. De même, l'entreprise élargit <strong>le</strong> champ de ses devoirs en intégrant danssa stratégie des préoccupations socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> écologiques. La responsabilité socia<strong>le</strong>des entreprises est née. Loin des eff<strong>et</strong>s de mode, la Défense doit être exemplaire enmatière de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans la conduite de ses actions en opérations,par <strong>le</strong>s moyens qu’el<strong>le</strong> utilise pour remplir ses missions <strong>et</strong> dans ses programmesde formation/entraînement de ses personnels. C’est un élément fondamental de salégitimité dans <strong>le</strong>s interventions futures.Le ministère de la défense, engagé très tôt dans la protection environnementa<strong>le</strong>de ses sites, a élaboré fin 2007 un ambitieux plan d’actions "environnement"qui porte essentiel<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> vol<strong>et</strong> patrimonial. Ce plan doit être complétépar un engagement visib<strong>le</strong> des états-majors dans la préparation <strong>et</strong> la conduitedes opérations, ainsi que de la Délégation généra<strong>le</strong> pour l’armement pour <strong>le</strong>sprogrammes de sa responsabilité. Les processus de conception, de production,d’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> de démantè<strong>le</strong>ment des matériels de guerre en fin de vie doiventrespecter <strong>le</strong>s principes du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>. Dans la préparation des futurssystèmes d’armes, la DGA doit généraliser la démarche d’éco-conception qu’el<strong>le</strong> adéjà lancée <strong>et</strong> inciter l’industrie de la défense à adhérer à la démarche. L’exceptiondéfense, qui a longtemps prévalu pour "échapper" à des règ<strong>le</strong>mentations parfoistrop contraignantes, deviendra de plus en plus diffici<strong>le</strong> à invoquer face en particulierà l’opinion publique ou encore à nos partenaires européens.L’évolution continue de la règ<strong>le</strong>mentation en matière de sécurité du travail <strong>et</strong>de protection de l’environnement a un impact fort sur <strong>le</strong>s matériels de défense,notamment sur <strong>le</strong> plan financier. Pour éviter de coûteuses mises à niveau des matérielsainsi que de grandes difficultés au moment du démantè<strong>le</strong>ment, il importe d’anticiperl’évolution des normes <strong>et</strong> règ<strong>le</strong>ments. La maîtrise d’ouvrage étatique a dans cedomaine un rô<strong>le</strong> tout à fait déterminant à jouer. Il s’agit de peser sur <strong>le</strong>s évolutionsdu corpus rég<strong>le</strong>mentaire <strong>et</strong> normatif en faisant valoir <strong>le</strong>s intérêts de la Défense, plutôtque de <strong>le</strong>s subir. Il faut éga<strong>le</strong>ment perm<strong>et</strong>tre aux entreprises d’anticiper ces évolutionsqui sont génératrices de surcoûts inévitab<strong>le</strong>s si el<strong>le</strong>s n’ont pas été prises en compteen amont. La France doit donc participer davantage à l’élaboration des normes <strong>et</strong> desconcepts d’emploi à l’échel<strong>le</strong> européenne ainsi qu’à l’Otan.63


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArLa prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong>s opérations d’armementest susceptib<strong>le</strong> de procurer des économies sur <strong>le</strong> coût global de possession parréduction des coûts d’utilisation, de MCO <strong>et</strong> de démantè<strong>le</strong>ment. Le secteurcivil l’a bien compris, malgré <strong>le</strong>s difficultés à quantifier <strong>le</strong>s gains en raison desincertitudes sur <strong>le</strong> prix des matières <strong>et</strong> l’évolution des normes. La prise en comptede l’éco-conception dans <strong>le</strong>s opérations d’armement ne portera ses fruits qu’àlong terme mais <strong>le</strong>s bénéfices peuvent être rapidement visib<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s "p<strong>et</strong>its"programmes de courte ou moyenne durée. Il faut donc privilégier ces derniers pourexpérimenter <strong>le</strong>s nouveaux concepts.Parallè<strong>le</strong>ment, deux événements majeurs intervenus ces derniers mois vontavoir des conséquences déterminantes. Il s’agit en premier lieu du changementd’administration aux États-Unis qui va probab<strong>le</strong>ment modifier la politique de ce paysen matière de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>. Certaines prises de position récentes tant sur<strong>le</strong> protoco<strong>le</strong> de Kyoto que sur <strong>le</strong>s gaz à eff<strong>et</strong> de serre illustrent c<strong>et</strong>te modification decap. Il s’agit éga<strong>le</strong>ment d’intégrer <strong>le</strong>s conséquences de la crise économique sévissantdepuis bientôt un an, qui pourrait conduire à une refonte de l’économie planétaire.La mesure de la croissance économique ne prend actuel<strong>le</strong>ment pas en compte laconsommation de ressources non renouvelab<strong>le</strong>s ni <strong>le</strong>s dégâts sur l’environnement.Avec un autre modè<strong>le</strong>, plus soucieux du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, il pourrait êtreenvisagé de déduire du calcul du PIB <strong>le</strong>s ressources naturel<strong>le</strong>s consommées pourcréer la richesse mesurée par c<strong>et</strong> indicateur. L’évaluation d’un tel PIB "corrigé"modifierait à n’en pas douter notre appréciation sur <strong>le</strong> progrès ou <strong>le</strong> déclin d’unenation…Enfin, <strong>le</strong>s déséquilibres engendrés par <strong>le</strong>s besoins croissants des pays émergents,<strong>le</strong>s changements climatiques <strong>et</strong> la raréfaction des ressources (hydrocarbures, métaux)auront des répercussions majeures sur notre politique de défense. Dans ce contexte,la recherche d’un nécessaire compromis entre <strong>le</strong>s besoins des forces armées <strong>et</strong> <strong>le</strong>respect des contraintes du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> sera au cœur des réf<strong>le</strong>xions.64


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Annexe I : Liste des recommandations du comité 1Recommandation n° 1Proposer de relancer la convention EnmodRecommandation n° 2Désigner au sein de l’agence européenne de défense (AED) un correspondant"développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>"Recommandation n° 3Pour augmenter la part relative des actions liées à la prise en compte dudéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans <strong>le</strong>s opérations d’armement lors de la prochaine miseà jour du plan d’actions "environnement" du Mindef, choisir un "p<strong>et</strong>it" programmed’armement (programme de cohérence opérationnel<strong>le</strong> de l’armée de terre parexemp<strong>le</strong>) <strong>et</strong> décider qu’il sera éco-conçuRecommandation n° 4Détacher au bon niveau un ou plusieurs ingénieurs dans <strong>le</strong>s instances nationa<strong>le</strong>sou européennes qui préparent <strong>le</strong>s normes <strong>et</strong> règ<strong>le</strong>ments futurs, ou amendent <strong>le</strong>stextes de référence actuels. Ces ingénieurs, provenant de la DGA, de l’industrie oud’une fédération professionnel<strong>le</strong>, par<strong>le</strong>raient d’une seu<strong>le</strong> voix dans <strong>le</strong>s instancesinternationa<strong>le</strong>sRecommandation n° 5Initier des études prospectives visant à analyser <strong>le</strong>s liens entre <strong>le</strong>s évolutionsclimatiques <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs conséquences sur <strong>le</strong>s forces armées ou l’emploi des systèmesd’armesRecommandation n° 6Dans <strong>le</strong> cadre de sa mission de contrô<strong>le</strong> des marchés d’armement, demander aucontrô<strong>le</strong> général des armées (CGA) de s’assurer de la prise en compte effective descontraintes du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> par <strong>le</strong>s industriels de l’armement titulairesde marchés qui <strong>le</strong> stipu<strong>le</strong>raient65


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArRecommandation n° 7Augmenter <strong>le</strong> poids du critère développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans la pondération r<strong>et</strong>enueentre <strong>le</strong>s différents critères de choix pour déterminer l’offre la mieux "disante"Recommandation n° 8Prendre en compte la performance développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> au même titre que <strong>le</strong>sautres performances lors du choix de la solutionRecommandation n° 9Réaliser une étude de faisabilité pour l’extension de la certification Iso 14 001 aux"produits" de la DGA (<strong>le</strong>s systèmes d’armes livrés aux forces) <strong>et</strong> recommanderfortement aux industriels de s’engager dans la même démarcheRecommandation n° 10Promouvoir <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> au niveau de l’État à travers une exigence decertification Iso des grands groupes dans <strong>le</strong> cadre de la passation des marchés publics<strong>et</strong> analyser c<strong>et</strong>te opportunité dès lors que l’obj<strong>et</strong> du marché est tourné vers <strong>le</strong>s PMERecommandation n° 11Créer un prix, comme pour la qualité, récompensant une entreprise ayant tota<strong>le</strong>mentéco-conçu un matériel compl<strong>et</strong> ou un équipement dans <strong>le</strong> secteur de l’armementRecommandation n° 12Elaborer une feuil<strong>le</strong> de route, avec notamment des jalons <strong>et</strong> des prévisionsfinancières dans <strong>le</strong>s budg<strong>et</strong>s des programmes en cours, pour faire face aux dépensescorrespondant à l’établissement des cartographies. Pour <strong>le</strong>s matériels déjà en service,<strong>le</strong> même travail est à accomplir, au titre des budg<strong>et</strong>s de MCO de ces matériels(programme 178)Recommandation n° 13Intégrer systématiquement dans tout Proj<strong>et</strong> Fédérateur (PF) des objectifs liés audéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong> intégrer dans <strong>le</strong>s études amonts rattachées à la bas<strong>et</strong>echnologique des objectifs innovants directement orientés vers <strong>le</strong> développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>. En parallè<strong>le</strong>, <strong>et</strong> tout particulièrement pour c<strong>et</strong>te seconde catégorie d’étudesamont, motiver <strong>le</strong>s industriels de l’armement, dont <strong>le</strong>s PME du secteur, pour fairedes propositions spécifiquement orientées développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>66


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Recommandation n° 14Effectuer un r<strong>et</strong>our d’expérience de la démarche mise en place pour <strong>le</strong>s platesformesnava<strong>le</strong>s pour l’établissement des passeports verts afin de la transposer auxautres matériels pour bénéficier des bonnes pratiques <strong>et</strong> anticiper <strong>le</strong>s difficultésrencontréesRecommandation n° 15Lors de la phase de conception des nouveaux matériels, établir la cartographie desmatières dangereuses en prévision de la phase de démantè<strong>le</strong>mentRecommandation n° 16Imposer au titulaire du marché <strong>le</strong> respect de la rég<strong>le</strong>mentation européenne enmatière d'environnement, d’hygiène, de sécurité <strong>et</strong> de conditions de travail, mêmesi <strong>le</strong>s travaux sont effectués dans un pays non membre de l’Union européenneRecommandation n° 17M<strong>et</strong>tre en place, à l’échelon national ou européen (selon <strong>le</strong>s matériels concernés),des filières de démantè<strong>le</strong>ment. En particulier, créer des filières spécialisées pour <strong>le</strong>smissi<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>s munitionsRecommandation n° 18Intégrer <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> aux formations initia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> spécialisées despersonnels67


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArAnnexe II : Liste des entr<strong>et</strong>iens conduits par <strong>le</strong> comité 18 décembre 2008 Bruno Lang, DGA/DSA/UM RAF, DP M<strong>et</strong>eor13 janvier 2009 Richard Mattez <strong>et</strong> Clément Deken, DGA/DET/CEP/ASN/PFN, auprofit de l’UM NAV13 janvier 2009 Antoine Torres <strong>et</strong> Xavier Ganne, DGA/DET/CEP26 janvier 2009 Régis Briqu<strong>et</strong>, Safran (directeur adjoint DD)3 février 2009 CV Dominique Leroy, SGA/DMPA/Bureau "Environnement"4 février 2009 Pierre Schanne <strong>et</strong> Zaiveline Al<strong>le</strong>aume, DGA/D4S/SASF/SDCP9 février 2009 Cédric Paulin, FRS11 février 2009 Christian Inizan, SSF/SDT19 mars 2009 IGA Lev<strong>et</strong>, Emat/SCPLANS23 mars 2009 Colonel Sicard, Emaa/BPROG (par courriel)23 mars 2009 CGA Eric Lucas, SGA/DMPA, éga<strong>le</strong>ment Mindef/HFDD24 mars 2009 Colonel Borel, Emaa/BMR24 mars 2009 Bernard Cazeneuve, député de la Manche, maire de Cherbourg,membre de la commission de défense de l’Assembléenationa<strong>le</strong>26 mars 2009 Nicolas Thery, conseil<strong>le</strong>r principal du Directeur général de la DGEnvironnement de la commission européenne6 avril 2009 Gil<strong>le</strong>s Fernandez, DGA/D4S/CM DD6 avril 2009 Hubert L'ebraly, DGA/DSA/UM HELI, DP NH9010 avril 2009 Isabel<strong>le</strong> Lombaert-Valot <strong>et</strong> Guy Gallic, EADS/Innovation Works23 avril 2009 CA Jean-Marc Bru<strong>le</strong>z, Ema/SCPLANS/DCE29 avril 2009 Jean-Pierre Bompard, délégué confédéral CFDT à l'énergie,à l'environnement <strong>et</strong> au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, <strong>et</strong>, DidierGoun<strong>et</strong>, responsab<strong>le</strong> du service économie <strong>et</strong> société à laconfédération CFDT, en charge du secteur défense6 mai 2009 Pierre Quinchon, DCNS12 mai 2009 Stanislas Prouvost, conseil<strong>le</strong>r pour <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>,l’environnement <strong>et</strong> <strong>le</strong> patrimoine du ministre de la défense68


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Annexe III : Liste des principa<strong>le</strong>s abréviationsACVAEDASDASFCDCFCGACIDDCIEEMGCMICMPCNDDD4SDASDDDETDJWSIDLCDMPAEDPIEPDPEpmesEtoFCMEFRSGESGIECGifasHFDDHSCTIAFICPEAnalyse du cyc<strong>le</strong> de vie (LCC en anglais)Agence européenne de défenseAeroSpace & Defense industries association of EuropeArchitecte de système de forceCahier des charges fonctionnelContrô<strong>le</strong> général des arméesComité interministériel pour <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>Commission interministériel<strong>le</strong> pour l’étude des exportations dematériels de guerreComité ministériel d’investissementCode des marchés publicsConseil national du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>Direction des systèmes de forces <strong>et</strong> des stratégies industriel<strong>le</strong>s,technologique <strong>et</strong> de coopérationDélégation aux affaires stratégiquesDéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong>Direction de l’expertise technique de la DGADow Jones World Sustainability IndexDossier de lancement de la conceptionDirecteur de direction de la mémoire, du patrimoine <strong>et</strong> des archivesdu SGAEquipe De Programme IntégréeEquipe pluridisciplinaire de programmeEtude à caractère politique, militaire, économique <strong>et</strong> socialEtude technico opérationnel<strong>le</strong>Fiche de caractéristiques militaires exploratoireFondation pour la recherche stratégiqueGaz à eff<strong>et</strong> de serreGroupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du climatGroupement des industries françaises aéronautiques <strong>et</strong> spatia<strong>le</strong>sHaut fonctionnaire pour <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>Hygiène sécurité <strong>et</strong> conditions de travailInternational astronautical federationInstallation classée pour l’environnement69


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArLCCLPMMCOMeedMEEDDATMEOAMindefNBCNRBCOEMOmiONGOnuOPEXOtanPCRDPDSLPEAPFPP30REAChROHSRSESBASGASNDDSSFStanagTCETRLUEUCAVLife Cyc<strong>le</strong> Cost (ACV en français)Loi de programmation militaireMaintien en condition opérationnel<strong>le</strong>Ministère de l’écologie <strong>et</strong> du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong><strong>et</strong> de l’aménagement du territoireMaîtrise de l’environnement dans <strong>le</strong>s opérations d’armementMinistère de la DéfenseNucléaire bactériologique chimiqueNucléaire radiologique bactériologique chimiqueObjectif d’état-majorOrganisation maritime internationa<strong>le</strong>Organisation non gouvernementa<strong>le</strong>Organisation des nations uniesOpération ExtérieuresOrganisation du traité de l’atlantique nordProgramme cadre de recherche <strong>et</strong> développementPriority Declarab<strong>le</strong> Substance ListProgramme d’études émontProj<strong>et</strong> fédérateurPlan prospectif à 30 ansRegistration, Evaluation, and Authorization of ChemicalsRestrictions Of Hazardous SubstancesResponsabilité socia<strong>le</strong> des entreprisesSmall Business ActSecrétariat général pour l’administrationStratégie nationa<strong>le</strong> de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>Service de soutien de la flotteSTANdardization AGreementTraité instituant <strong>le</strong>s communautés européennesTechnology Readiness LevelUnion européenneUnmanned Combat Air Vehic<strong>le</strong>70


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Annexe IV : Responsabilité socia<strong>le</strong> des entreprisesFace aux contraintes environnementa<strong>le</strong>s qui pèsent sur <strong>le</strong>s entreprises, de nouveauxconcepts se développent <strong>et</strong> de nouveaux termes enrichissent <strong>le</strong> vocabulaire : RSE,développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, <strong>et</strong>c. La première des difficultés consiste à donner des définitionsacceptées par tous à ces concepts souvent flous.La RSE : la commission européenne, dans son livre vert de 2001, la définit commeayant pour obj<strong>et</strong> l’intégration volontaire des préoccupations socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> écologiquesdes entreprises à <strong>le</strong>urs activités économiques <strong>et</strong> à <strong>le</strong>urs relations avec <strong>le</strong>s partiesprenantes que sont <strong>le</strong>s salariés, <strong>le</strong>s actionnaires, <strong>le</strong>s fournisseurs, <strong>le</strong>s sous-traitants,<strong>le</strong>s consommateurs mais aussi <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités publiques ou <strong>le</strong>s organisations nongouvernementa<strong>le</strong>s.Pour <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>, qui a vu <strong>le</strong> jour en 1987 (49) , il est généra<strong>le</strong>ment admisqu’il s’agit là d’une conception majoritairement environnementa<strong>le</strong> de la RSE. Maisel<strong>le</strong> ne se limite pas à c<strong>et</strong> aspect puisque la notion de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> intègreéga<strong>le</strong>ment des préoccupations écologique, économique <strong>et</strong> socia<strong>le</strong>/sociéta<strong>le</strong>, donc a desrépercussions sur la santé publique, ainsi que sur <strong>le</strong>s conditions de travail ou de sécuritédu travail. La responsabilité sociéta<strong>le</strong> des entreprises, qui est en "concurrence" avec laRSE, renvoie à une notion plus large des devoirs des entreprises.L’un des risques est de se limiter à un usage promotionnel de ces notions "à lamode", <strong>le</strong>ur emploi intensif par <strong>le</strong>s entreprises ou par <strong>le</strong>s médias ne garantissantni <strong>le</strong>ur entrée en application (50) , ni <strong>le</strong>ur respect.Ces notions mêmes sont caractérisées par un certain flottement sémantique. Parexemp<strong>le</strong> : RSE ? Responsabilité socia<strong>le</strong> des entreprises ? Responsabilité sociéta<strong>le</strong> ?C<strong>et</strong>te responsabilité demeure-t-el<strong>le</strong> du domaine des relations professionnel<strong>le</strong>s ouconcerne-t-el<strong>le</strong> l’ensemb<strong>le</strong> des relations que l’entreprise noue avec la société ?Même pour <strong>le</strong> terme d’entreprise… Jusqu’où s’étend sa sphère d’influence ? Soustraitants? Fournisseurs ? …(49)Rapport de la Commission mondia<strong>le</strong> sur l’environnement <strong>et</strong> <strong>le</strong> développement de l’ONU, présidée par Madame Gro Har<strong>le</strong>mBrundtland ayant pour titre Notre Avenir à Tous(50) Dans <strong>le</strong> livre blanc de la Défense <strong>et</strong> sécurité nationa<strong>le</strong>, édité en juin 2008, la référence au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> n’yfigure qu’une fois, <strong>et</strong> cel<strong>le</strong> à l’environnement guère plus71


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArDepuis <strong>le</strong>s années 1980, la RSE, <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> ont été soutenus parune multiplicité d’acteurs qui cherchaient à convertir <strong>le</strong>s entreprises à l’éthique :pouvoirs publics, représentants patronaux, instances politiques internationa<strong>le</strong>s,organisations non gouvernementa<strong>le</strong>s, syndicats… En 1982, <strong>le</strong>s lois Auroux sesont fixées comme objectif d’assurer la citoyenn<strong>et</strong>é dans l’entreprise ; mais c’estdepuis 1990 <strong>et</strong> surtout depuis 2000 que <strong>le</strong>s pouvoirs publics, ainsi que de grandesentreprises, se sont engagés dans des démarches de RSE.La Charte de l’Environnement affirme que : "la préservation de l’environnementdoit être recherchée (par <strong>le</strong>s entreprises <strong>et</strong> <strong>le</strong>s gouvernants) au même titre que <strong>le</strong>sautres intérêts fondamentaux de la Nation". Malheureusement, nos sociétés sontencore loin de c<strong>et</strong> objectif. La préservation de l’environnement demeure un domainequi ne nous est pas… naturel ! Nos sociétés sont aujourd’hui caractérisées par laprise en compte de l’environnement non pas comme un moyen, comme cela devraitêtre, mais comme une fin en soi. De nos jours, il s’agit juste de la découverte que<strong>le</strong>s conditions environnementa<strong>le</strong>s du développement sont devenues absolumentessentiel<strong>le</strong>s.A tel point, d’ail<strong>le</strong>urs, que ce même environnement devient éga<strong>le</strong>ment un enjeustratégique. C’est tout <strong>le</strong> problème des ressources naturel<strong>le</strong>s, notamment de l’eau,mais éga<strong>le</strong>ment des changements climatiques annoncés.72


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Annexe V : Restriction d’utilisation de l’artic<strong>le</strong> 296 TCEEn principe, <strong>le</strong>s achats en matière de défense sont soumis au droitcommunautaire (51) , sous la réserve de l’artic<strong>le</strong> 296 TCE (52) qui prévoit explicitementune exception aux règ<strong>le</strong>s européennes pour des raisons de sécurité nationa<strong>le</strong>. Enpratique, <strong>le</strong>s États membres invoquent systématiquement c<strong>et</strong> artic<strong>le</strong> pour soustrairela grande majorité des achats militaires au droit communautaire (53) . Les marchés dela défense en Europe restent donc quasi-exclusivement nationaux. Ce qui devaitêtre exceptionnel est devenu la pratique courante.Faisant suite à une demande du par<strong>le</strong>ment européen de 2005, une proposition dedirective, élaborée par la commission européenne (54) , a été présentée <strong>le</strong> 5 décembre2007. Cel<strong>le</strong>-ci vise la création d’un cadre juridique européen perm<strong>et</strong>tant aux Étatsmembres d’appliquer <strong>le</strong> droit communautaire sans m<strong>et</strong>tre en péril <strong>le</strong>urs intérêts enmatière de sécurité, de sorte que l’artic<strong>le</strong> 296 TCE resterait en vigueur, avec uneutilisation limitée aux cas réel<strong>le</strong>ment exceptionnels prévus par <strong>le</strong> traité. C<strong>et</strong> artic<strong>le</strong>ne serait plus utilisé que dans <strong>le</strong>s cas extrêmes où <strong>le</strong>s dispositions spécia<strong>le</strong>s de lanouvel<strong>le</strong> directive ne suffiraient pas à protéger <strong>le</strong>s intérêts de sécurité des Étatsmembres.Ce proj<strong>et</strong> de directive, associée à une autre proposition de directive (55) visant àsimplifier <strong>le</strong>s conditions de transfert de produits liés à la défense dans la communautéeuropéenne, ont pour objectif la création d’un marché commun des équipementsde défense. C<strong>et</strong>te autre directive, dans la mesure où el<strong>le</strong> devrait significativementsimplifier <strong>le</strong>s procédures d’exportation au sein de l’UE, est donc fortement attendue,notamment par la France. Dès lors, <strong>le</strong>s deux proj<strong>et</strong>s de directives précités ont defortes chances d’aboutir.(51)Directive 2004/18/CE (artic<strong>le</strong> 1).(52)Traité instituant <strong>le</strong>s Communautés Européennes (TCE).(53)Les statistiques révè<strong>le</strong>nt que entre 2000 <strong>et</strong> 2004, 13 % seu<strong>le</strong>ment des marchés d’équipement de défense des pays del’UE-15 ont fait l’obj<strong>et</strong> d’une publication au JOUE, avec des chiffres extrêmes pour l’Al<strong>le</strong>magne (2 %) <strong>et</strong> la France (24 %) –cf. document de travail du par<strong>le</strong>ment européen du 11 mars 2008 (référencé DT/712785FR.doc)concernant la proposition dedirective du par<strong>le</strong>ment européen <strong>et</strong> du conseil relative à la coordination des procédures de passation de certains marchéspublics de travaux, de fournitures <strong>et</strong> de services dans <strong>le</strong>s domaines de la défense <strong>et</strong> de la sécurité, Commission du marchéintérieur <strong>et</strong> de la protection des consommateurs (Rapporteur: A<strong>le</strong>xander Lambsdorff).(54)Référence : COM(2007)766.(55)Référence : COM(2007)765.73


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArDans ce contexte de restriction d’utilisation de l’artic<strong>le</strong> 296 TCE, auquel il convientd’ajouter <strong>le</strong> fait qu’une grande majorité des nouvel<strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentations en matièrede développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> est conçue à Bruxel<strong>le</strong>s, la défense française a tout intérêtà ne pas ignorer <strong>le</strong> développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>.74


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Annexe VI : Développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> <strong>et</strong> code des marchés publicsDans sa dernière version (56) , <strong>le</strong> Code des marchés publics (CMP) introduit enparticulier la prise en compte du développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dans tous <strong>le</strong>s contratsconclus entre <strong>le</strong>s pouvoirs adjudicateurs <strong>et</strong> des opérateurs économiques, qu’ils’agisse de travaux, de fournitures ou de services. Le manuel d’application du CMP (57)consacre par ail<strong>le</strong>urs dans sa troisième partie (mise en œuvre de la procédure),paragraphe 12 (<strong>comment</strong> choisir l’offre économiquement la plus avantageuse ?),l’alinéa 12.2 à la question crucia<strong>le</strong> "<strong>comment</strong> peut-on intégrer des préoccupationsenvironnementa<strong>le</strong>s dans l’achat public" ?Dès l’artic<strong>le</strong> 5 (58) du CMP, il est stipulé que <strong>le</strong>s besoins à satisfaire, déterminésavant tout appel à la concurrence ou toute procédure négociée sans appel à laconcurrence, prennent en compte des objectifs de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>. Ainsi,il est imposé au pouvoir adjudicateur de s’interroger sur <strong>le</strong>s possibilités d’intégrerdes exigences liées au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> dès c<strong>et</strong>te première étape de l’achatpublic. La question de la justification d’une absence de tel<strong>le</strong>s exigences dans ladéfinition du besoin a d’ail<strong>le</strong>urs fait l’obj<strong>et</strong> d’une question écrite au Sénat (59) dèsnovembre 2006. Dans sa réponse (60) , <strong>le</strong> ministère de l’économie, des finances <strong>et</strong> del’industrie, tout en soulignant que la notion de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> comprendtrois piliers (61) , précise que <strong>le</strong> pouvoir adjudicateur a bien l’obligation de réfléchir àla possibilité d’inclure, dans la procédure de passation (sé<strong>le</strong>ction des candidatures,critères de sé<strong>le</strong>ction des offres) ou dans <strong>le</strong> marché (spécifications techniques, cahierscharges, <strong>et</strong>c.), des exigences relatives à un seul ou à l’ensemb<strong>le</strong> des trois piliersprécités. Enfin, <strong>le</strong> ministre rappel<strong>le</strong> que, s’agissant d’une obligation imposée par <strong>le</strong>CMP, <strong>le</strong> pouvoir adjudicateur doit pouvoir justifier, à tout moment, aux organismesde contrô<strong>le</strong> du marché de son impossibilité de prendre en compte des objectifs dedéveloppement <strong>durab<strong>le</strong></strong>.(56)Décr<strong>et</strong> n° 2006-975 du 1 er août 2006 portant code des marchés publics, entré en vigueur <strong>le</strong> 1 er septembre 2006.(57)Circulaire du 3 août 2006 portant manuel d’application du code des marchés publics publié au Journal officiel de laRépublique française <strong>le</strong> 4 août 2006.(58)Détermination des besoins à satisfaire.(59)QE n°25167 posée par monsieur Bernard Piras <strong>et</strong> publiée dans <strong>le</strong> JO des débats du Sénat <strong>le</strong> 9 novembre 2006.(60)Réponse publiée dans <strong>le</strong> JO des débats du Sénat <strong>le</strong> 11 janvier 2007.(61)Efficacité économique, équité socia<strong>le</strong> <strong>et</strong> développement écologiquement soutenab<strong>le</strong>.75


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArD’autres artic<strong>le</strong>s (62) font explicitement référence au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> :– l’artic<strong>le</strong> 6 perm<strong>et</strong> de définir une caractéristique environnementa<strong>le</strong>, attachée àune performance ou à une exigence fonctionnel<strong>le</strong> attendue, en faisant référenceà tout ou partie d’un écolabel attribué par un organisme indépendant ;– l’artic<strong>le</strong> 14 stipu<strong>le</strong> que "<strong>le</strong>s conditions d’exécution d’un marché peuventcomporter des éléments à caractère social ou environnemental qui prennenten compte <strong>le</strong>s objectifs de développement <strong>durab<strong>le</strong></strong> en conciliant développementéconomique, protection <strong>et</strong> mise en va<strong>le</strong>ur de l’environnement <strong>et</strong> progrèssocial" ;– l’artic<strong>le</strong> 45 précise que l’ach<strong>et</strong>eur peut demander aux opérateurs descertificats fondés sur des normes européennes ou internationa<strong>le</strong>s de gestionenvironnementa<strong>le</strong> attestant <strong>le</strong>ur capacité à exécuter un marché qui incluraitdes exigences environnementa<strong>le</strong>s ;– l’artic<strong>le</strong> 50 prévoit que dans <strong>le</strong> cas d’un marché dont l’attribution fait appel àplusieurs critères, <strong>le</strong>s candidats peuvent présenter des variantes, à conditionque l’avis d’appel à la concurrence ou que <strong>le</strong>s documents de consultationindiquent explicitement c<strong>et</strong>te possibilité. Le manuel d’application du CMPprécise d’ail<strong>le</strong>urs : "ainsi, <strong>le</strong> pouvoir adjudicateur peut préciser qu’il est disposéà accueillir des offres répondant à certaines variantes plus écologiques, parexemp<strong>le</strong> quant à la teneur en substances dangereuses" ;– enfin, l’artic<strong>le</strong> 53 indique que l’attribution d’un marché au candidat quia présenté l’offre économiquement la plus avantageuse peut se fondersur plusieurs critères dont <strong>le</strong>s performances en matière de protection del’environnement. Si <strong>le</strong>s critères de choix sont effectivement multip<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>pouvoir adjudicateur doit préciser <strong>le</strong>ur pondération, sachant que critères <strong>et</strong>pondération doivent figurer dans l’avis d’appel public à la concurrence oudans <strong>le</strong>s documents de consultation. L’artic<strong>le</strong> 53 perm<strong>et</strong> donc sans équivoqued’augmenter ou non la pondération du critère relatif au développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>par rapport aux autres critères.(62)Artic<strong>le</strong>s 6 (normes – spécifications techniques), 14 (clauses socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> environnementa<strong>le</strong>s), 45 (documents de candidaturesexigib<strong>le</strong>s), 50 (variante <strong>et</strong> offre de base), 53 (attribution des marchés).76


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArAnnexe VII : État de l’art dans <strong>le</strong> domaine de l’éco-conceptionL’étude Afanor, publiée en novembre 2007, <strong>et</strong> intitulée "État de l’art dans <strong>le</strong>domaine de l’éco-conception", identifie <strong>le</strong>s principaux <strong>le</strong>viers d’une dynamiqued’éco-conception, en précisant que "la mise en place de démarches d'écoconception<strong>et</strong> <strong>le</strong> développement d'outils supports dans l'industrie ou <strong>le</strong>s servicesdépendent de nombreux facteurs. La pertinence environnementa<strong>le</strong> devient à cejour une motivation à part entière à l’origine de démarches d’éco-conception. Eneff<strong>et</strong>, <strong>le</strong>s professionnels, de plus en plus convaincus par la nécessité de limiter <strong>le</strong>simpacts de <strong>le</strong>urs activités sur l’environnement tendent à initier des démarchesd’éco-conception ou à réorganiser <strong>le</strong>ur démarche environnementa<strong>le</strong> préexistantesous <strong>le</strong> terme "d’éco-conception". C<strong>et</strong>te étude énumère <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s motivationsdes professionnels pour s’engager dans la voie de l’éco-conception :– <strong>le</strong>s opportunités économiques offertes par l’éco-conception, qui, en plus deses impacts directs, est un facteur de compétitivité <strong>et</strong> d’innovation accroissantla va<strong>le</strong>ur ajoutée d’un produit ;– <strong>le</strong> contexte règ<strong>le</strong>mentaire est un <strong>le</strong>vier incontournab<strong>le</strong>, plus ou moins exigeant,qui concerne tous <strong>le</strong>s secteurs d'activité pour l’application des directiveseuropéennes ;– la forte incitation des pouvoirs publics (64) qui transm<strong>et</strong> une impulsion forte auxentreprises ;– la pression du marché exercée par <strong>le</strong>s donneurs d'ordre qui imposent desexigences environnementa<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>urs cahiers des charges ;– l'existence, <strong>le</strong> dynamisme <strong>et</strong> la sensibilité des organisations professionnel<strong>le</strong>squi peuvent accompagner <strong>le</strong>s entreprises de <strong>le</strong>ur secteur dans la mise en placede <strong>le</strong>urs démarches ;– <strong>le</strong> développement des documents normatifs qui soutient <strong>le</strong>s démarches d'écoconception,en agissant plus ou moins directement comme un outil d’aide àla démarche ;– l’obligation croissante pour <strong>le</strong>s entreprises de valoriser <strong>le</strong>urs actions sur <strong>le</strong>ursproduits en termes d’environnement, liée aux différentes pressions, des médias,des consommateurs, de la société civi<strong>le</strong>, des actionnaires, des pouvoirs publics,<strong>et</strong> de communiquer sur ces actions.(64) Le § 3 du rapport "Une volonté Mindef déjà affirmée" détail<strong>le</strong> la forte implication du ministère de la défense en matièrede développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>78


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>L’étude précitée analyse différents secteurs, hors secteur armement, <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>de tirer quelques enseignements éventuel<strong>le</strong>ment transposab<strong>le</strong>s à ce secteur,pour favoriser <strong>le</strong> développement de démarches d’éco-conception aux produits"armement".Secteur des Equipements E<strong>le</strong>ctriques <strong>et</strong> E<strong>le</strong>ctroniques (EEE)Document normatif sectorielLa norme expérimenta<strong>le</strong> XP Iso/TR 14 062 - "Management environnementalIntégration des aspects environnementaux dans la conception <strong>et</strong> <strong>le</strong> développement deproduit" de janvier 2003 est un document international consacré à l’éco-conception,qui reproduit intégra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> rapport technique international Iso/TR 14 062 :2002. Ce document présente <strong>le</strong>s principes généraux perm<strong>et</strong>tant aux concepteurs<strong>et</strong> développeurs de produits de prendre en compte l’environnement tout au longdu cyc<strong>le</strong> de vie du produit. Il a été élaboré sur proposition française. Il s’agit d’undocument d’application généra<strong>le</strong>, non spécifique à un secteur. Il donne la soup<strong>le</strong>ssenécessaire pour modifier <strong>et</strong> améliorer <strong>le</strong>s produits dans l’ensemb<strong>le</strong> du processus deconception <strong>et</strong> de développement. Enfin, certains éléments présentés dans ce rapportpeuvent être mis en avant pour caractériser une démarche d’éco-conception. Cedocument peut servir de base à la préparation de documents spécifiques pour dessecteurs donnés. Un seul document normatif sectoriel dédié à l’éco-conceptiona été rédigé, dans <strong>le</strong> secteur des EEE, pour favoriser <strong>le</strong> développement de c<strong>et</strong>tedémarche dans ce secteur. La norme AECMA- 341 (65) qui définit "<strong>le</strong>s exigences<strong>et</strong> recommandations d’une conception des produits commercia<strong>le</strong>ment viab<strong>le</strong> <strong>et</strong>respectueuse de l’environnement dans <strong>le</strong> secteur des technologies de l’information<strong>et</strong> des communications ainsi que de l’é<strong>le</strong>ctronique grand public". L’objectif de c<strong>et</strong>tenorme est de "minimiser l’impact que peut avoir <strong>le</strong> produit tout au long de soncyc<strong>le</strong> de vie".(65)"Environmental design considerations for e<strong>le</strong>ctronic products"79


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArRecours à une société spécialiséepour promouvoir une démarche d’éco-conceptionLa fédération française des industries é<strong>le</strong>ctriques <strong>et</strong> é<strong>le</strong>ctroniques a créé, en 2003,la société CODDE (66) pour "accompagner la profession vers une meil<strong>le</strong>ure prise encompte de l’environnement dans ses activités <strong>et</strong> pour répondre aux besoins desentreprises en matière de communication environnementa<strong>le</strong> <strong>et</strong> d’éco-conception".El<strong>le</strong> a rejoint <strong>le</strong> Bureau Veritas en janvier 2008, devenant ainsi <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> d'expertiseéco-environnement pour <strong>le</strong> groupe. El<strong>le</strong> propose une pal<strong>et</strong>te d’activités (67) allant duconseil au déploiement d’outils perm<strong>et</strong>tant la mise en place d’une démarche d’écoconceptionintégrée à toute entreprise concernée par <strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentations <strong>et</strong> par <strong>le</strong>sattentes grandissantes du marché en matière de protection de l'environnement.Secteur de la mécaniqueLe Centre Technique des Industries Mécanique (C<strong>et</strong>im) a été créé en 1965,à l'initiative des entreprises de la mécanique <strong>et</strong> de la Fédération des IndustriesMécaniques (Fim) qui <strong>le</strong> pilotent, mais il est placé sous la tutel<strong>le</strong> de l'État. L’objectif duC<strong>et</strong>im est l'accroissement de la compétitivité des entreprises. Pour cela, il mène destravaux d'intérêt col<strong>le</strong>ctif pour accompagner <strong>le</strong>s entreprises dans <strong>le</strong>ur développement: veil<strong>le</strong> technologique, travaux normatifs <strong>et</strong> rég<strong>le</strong>mentaires, actions de recherche <strong>et</strong>développement, & <strong>et</strong> propose une offre globa<strong>le</strong> <strong>et</strong> personnalisée de prestations auxentreprises (formations, expertises, contrô<strong>le</strong>s, &). Afin de mieux communiquer sur laprise en compte de l'environnement dans la conception, <strong>le</strong> C<strong>et</strong>im <strong>et</strong> la Fim ont éditéun guide à l'attention des mécaniciens : "L'éco-conception pour <strong>le</strong>s mécaniciens<strong>comment</strong> <strong>concilier</strong> conception <strong>et</strong> environnement pour un développement <strong>durab<strong>le</strong></strong>".Ce document vise à sensibiliser <strong>le</strong>s entreprises mécaniciennes à l'éco-conception<strong>et</strong> développe quelques principes de base. Le C<strong>et</strong>im est donc un centre, sous tutel<strong>le</strong>de l’État mais piloté par une fédération professionnel<strong>le</strong> qui est en charge del’accroissement de la compétitivité des entreprises <strong>et</strong> qui est impliqué dans la priseen compte de l’éco-conception par <strong>le</strong>s entreprises du secteur la mécanique.Création d’un prix au niveau du ministère de la défense(66)Conception, Développement Durab<strong>le</strong>, Environnement(67)http//:www.codde.fr80


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>Des trophées ont été mis en place dans certains secteurs d’activité. Celui del’éco-conception, créé en 2007, dans <strong>le</strong> secteur des EEE, vise à récompenserune démarche intégrant <strong>le</strong> respect de l’environnement dans la conception d’unproduit. Dans <strong>le</strong> secteur de l’emballage, un concours (Ecodesign) a été mis enplace, notamment sous l’impulsion d’une société spécialisée (Procarton) <strong>et</strong> del’Ademe, destiné à "stimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s designers souhaitant apporter <strong>le</strong>ur contribution àl’évolution des solutions de packaging". Ce concours prend la forme d’un appelà proj<strong>et</strong>s invitant "<strong>le</strong>s designers, concepteurs d’emballage <strong>et</strong> étudiants en designà prendre en compte l’environnement dans <strong>le</strong>urs méthodes, afin de favoriser larecherche <strong>et</strong> l’épanouissement d’idées novatrices en faveur du développement<strong>durab<strong>le</strong></strong>, pour générer de nouvel<strong>le</strong>s attitudes dans l’esprit de chacun". Dans <strong>le</strong>secteur de l’armement, un industriel qui aurait éco-conçu un matériel d’armement,même modeste dans un premier temps, ou bien un équipement lui-même intégrédans un matériel d’armement plus comp<strong>le</strong>xe, pourrait être récompensé. Ce prixpourrait être décerné par <strong>le</strong> ministre de la défense, à l’instar du prix "Sciences <strong>et</strong>défense", ou par la DGA, à l’instar du prix "Qualité".81


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArAnnexe VIII : Phasage d’un programme d’armementLes instructions ministériel<strong>le</strong>s 1 514 <strong>et</strong> 800 décrivent <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment d'uneopération d'armement, composée actuel<strong>le</strong>ment de cinq stades : préparation,conception, réalisation, utilisation, démantè<strong>le</strong>ment. Ce dérou<strong>le</strong>ment est appeléprochainement à évoluer vers un nouveau découpage en six stades (initialisation,orientation, élaboration, réalisation, utilisation <strong>et</strong> r<strong>et</strong>rait de service) décidé pourperm<strong>et</strong>tre une intervention pertinente <strong>et</strong> transversa<strong>le</strong> du nouveau Comité Ministérield’Investissement (CMI) <strong>et</strong> pour favoriser la coordination entre <strong>le</strong>s différents acteurs.Les instructions 1514 <strong>et</strong> 800 vont évoluer pour prendre en compte ce nouveaudécoupage.Dans la version actuel<strong>le</strong> de la 1514, l’Objectif d’État-Major (OEM), documentà l’origine du lancement de tout programme, définit de manière fonctionnel<strong>le</strong><strong>le</strong> besoin militaire ainsi que <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s caractéristiques opérationnel<strong>le</strong>s dusystème souhaité. Le besoin militaire doit notamment inclure <strong>le</strong>s aspects relatifsà la protection des personnes, des biens <strong>et</strong> de l'environnement pendant tous <strong>le</strong>sstades de la vie du programme. Bien souvent, la prise en compte de la protectionde l’environnement est réduite dans l’OEM à une recommandation de démarched’optimisation environnementa<strong>le</strong> pendant <strong>le</strong> stade de préparation- <strong>le</strong>s états-majorsconsidérant la protection de l’environnement comme une contrainte susceptib<strong>le</strong>d’entraver <strong>le</strong>urs modes d’actions en opérations ou de limiter <strong>le</strong>s performances dessystèmes. En théorie, <strong>et</strong> d'après l'instruction 800, <strong>le</strong> paragraphe "Caractéristiquesopérationnel<strong>le</strong>s" de l'OEM doit être complété par un paragraphe sur la "Protectionde l’environnement".En l’absence de rédaction-type pour ce paragraphe, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s besoins en termesde protection de l'environnement étant spécifiques à l’armement considéré, il estactuel<strong>le</strong>ment recommandé à l’état-major ém<strong>et</strong>teur du besoin de faire figurer :– des références à des normes ou accords non léga<strong>le</strong>ment contraignants quel'état-major souhaite voir appliqués (normes de l'Omi type "passeport vert",normes de l'aviation civi<strong>le</strong>…) ;– des proj<strong>et</strong>s de rég<strong>le</strong>mentation qu’il faudra considérer dans <strong>le</strong> stade depréparation car susceptib<strong>le</strong>s de perturber la mise en Suvre de la capacité ;– <strong>le</strong>s zones particulièrement sensib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> système est susceptib<strong>le</strong>d’évoluer <strong>durab<strong>le</strong></strong>ment (parc naturels, &) ;82


CHEAr I 2009 45 e session nationa<strong>le</strong>– <strong>le</strong>s impacts environnementaux auxquels il faut porter une attention particulièrecar susceptib<strong>le</strong>s de contrarier la mise en Suvre de la capacité (gestion desdéch<strong>et</strong>s d’exploitation, nuisances diverses, rej<strong>et</strong>s liquides ou gazeux, &).A partir de l’OEM, <strong>le</strong>s travaux conduits durant <strong>le</strong> stade de préparation portent sur ladéfinition de solutions propres à répondre au besoin capacitaire ; la prise en comptede l'environnement à ce stade s’attache à identifier <strong>le</strong>s risques environnementauxdu système sur tout son cyc<strong>le</strong> de vie <strong>et</strong> <strong>le</strong>s actions à m<strong>et</strong>tre en Suvre pour maîtriserces risques. La démarche consiste à comparer <strong>le</strong>s empreintes environnementa<strong>le</strong>s desdifférentes solutions capacitaires grâce à des outils d'évaluation environnementa<strong>le</strong>de type ACV. Il s’agit donc d’une démarche d’éco-conception des capacités.Le stade de préparation conduit à la rédaction de plusieurs documents majeurs :<strong>le</strong> cahier des charges fonctionnel (CDCF), une fiche de caractéristiques militairesexploratoire (FCME), un dossier de lancement de la conception (DLC). Dans chacunde ces documents, l’état-major ém<strong>et</strong>teur du besoin ou la DGA, ont l’occasiond’intégrer des clauses liées à la performance environnementa<strong>le</strong>, en tant queperformance d’une fonction de service ou en tant que fonction de contrainte dans<strong>le</strong> CDCF, en tant que caractéristique attendue dans la FCME, en tant qu’impactenvironnemental attendu (avec risques associés) dans <strong>le</strong> DLC.Durant <strong>le</strong> stade de conception, la DGA doit identifier <strong>le</strong>s exigences d'ordr<strong>et</strong>echnique que devront satisfaire <strong>le</strong> système, ses composants <strong>et</strong> son systèmede soutien, dans <strong>le</strong>ur mise en Suvre, sur tout <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> de vie, notamment pourla protection de l'environnement <strong>et</strong> des personnes. La prise en compte del'environnement est alors traduite à l’intention du maître d’Suvre en exigencestechniques (niveau des rej<strong>et</strong>s gazeux, consommation, bruit, Isolation, interdictionde substances particulièrement dangereuses...), en exigences de managementparticulières <strong>et</strong>/ou livrab<strong>le</strong>s spécifiques (cartographie des substances dangereuses,études d'impact environnemental, manuel de démantè<strong>le</strong>ment, par exemp<strong>le</strong>).C’est l’ensemb<strong>le</strong> de ces exigences qui doit guider la démarche d’éco-conceptiondu maître d’Suvre. Le manque de recul actuel sur c<strong>et</strong>te démarche ne perm<strong>et</strong> pasencore de juger la pertinence de l’éco-conception que <strong>le</strong> maître d’Suvre doit déployerpendant la phase de développement.83


45 e session nationa<strong>le</strong> 2009 I CHEArCOMPOSITION DU COMITÉPrésident :Rapporteur :Secrétaire :Vincenzo SALVETTIICA Christian GUERRINICommissaire Colonel Christian PITIOTCatherine BOURRUTFrédéric FENOTFlorence TORRESConseil<strong>le</strong>rs :Michel BECQBernard CHABASSIERE84

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