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Belgique - BelgiëP.P. - P.B.1070 Bruxel<strong>le</strong>sBC 4785Mensuel protestant belge • Église Protestante Unie de Belgique • N° 1 - Janvier 2013Mensuel sauf août • Prix au numéro : 2,00 • P 505016 • Éd resp. : S. Fuite, Rue Brogniez 44 – 1070 Bruxel<strong>le</strong>sPANTONE 314 CPANTONE 152 CParo<strong>le</strong> de Dieu,paro<strong>le</strong>s des hommesC 100 M 0 Y 9 K 30C 0 M 51 Y 100 K 1C 0 M 25,5 Y 50 K 0,5C 0 M 12,75 Y 25 K 0,25R 10 G 123 B 166R 240 G 146 B 5R 251 G 201 B 139R 253 G 228 B 198


ÉditorialPageÉditorial 2Coup de projecteurLa paro<strong>le</strong> de Dieu 3l’Église comme dialogue 6À propos des ragots... 9Paro<strong>le</strong>s,paro<strong>le</strong>s,paro<strong>le</strong>s…Place aux JeunesParo<strong>le</strong> de Dieu,paro<strong>le</strong>s des hommes 11Bib<strong>le</strong> ouverteQui ne souhaite pas vivre desjours heureux ? 12La bib<strong>le</strong> en 6 ans 13De ci, de làÀ Florence, l’Assemblée dela CEPE : Libre pour l’avenir ! 14Œcuménisme :une mort <strong>le</strong>nte ou <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>urest-il encore à venir ? 16Que nous demande<strong>le</strong> Seigneur ? 17Semaine de l’unité des croyants 17MédiasKairos 18AgendaAnnonces 19Mois de février :Les 5 sens : l’ouïe : Entendreou écouter ?Du petit enfant qui est venu au monde, on attendra et l’on espérera rapidementdeux signes qui témoigneront de sa croissance et de sa vitalité : qu’ilpar<strong>le</strong> et qu’il marche ! Et peu importe l’ordre des choses, car <strong>le</strong>s deux semb<strong>le</strong>rontindispensab<strong>le</strong>s et complémentaires pour <strong>le</strong>s jeunes parents. C’est unpeu comme si l’être humain avait véritab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> besoin vital de maîtriserdeux réalités essentiel<strong>le</strong>s pour exister : s’exprimer et se mouvoir ou, pour <strong>le</strong>dire autrement (bien) par<strong>le</strong>r, c’est déjà un peu partir du bon pied dans la vie…Les paro<strong>le</strong>s que nous apprenons que nous répétons et distillons au coursde notre existence présentent à ce titre bon nombre de fonctions. Il y a <strong>le</strong>sparo<strong>le</strong>s de rencontre (s) qui amorcent <strong>le</strong> dialogue ou la connaissance del’autre ; <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s de réconfort et d’encouragement que nous avons parfoisbien du mal à faire sortir de notre bouche. Il y a, malheureusement aussi,ces trop nombreuses paro<strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssantes ou offensantes qu’il faut toujoursapprendre à taire en nous. Et puis, il y a ces autres paro<strong>le</strong>s, cel<strong>le</strong>s qui prennentsens, cel<strong>le</strong>s que l’on ne comprend pas ou que l’on ne veut pas entendre, desparo<strong>le</strong>s en l’air, des « bel<strong>le</strong>s » paro<strong>le</strong>s, la paro<strong>le</strong> que l’on donne et cel<strong>le</strong> quel’on tient… parfois. Il y a enfin la paro<strong>le</strong> de l’autre et même cel<strong>le</strong> que l’onnomme la bonne paro<strong>le</strong>.Ce numéro de Mosaïque a pour titre « Paro<strong>le</strong> de Dieu, paro<strong>le</strong>s des hommes »,on aurait même pu inverser <strong>le</strong> singulier et <strong>le</strong> pluriel tant <strong>le</strong>s divergencespeuvent parfois semb<strong>le</strong>r grandes entre ce que Dieu attend des siens et ceque <strong>le</strong>s croyants font de ces injonctions. Qu’on en prenne conscience ounon, Dieu par<strong>le</strong> encore aujourd’hui, Dieu nous par<strong>le</strong> bien souvent et nousne cessons d’interpréter, d’adapter ou de tordre ses paro<strong>le</strong>s. Il par<strong>le</strong> et nousrestons souvent sourds ou faisons plus de bruit pour par<strong>le</strong>r de lui ou par<strong>le</strong>ren son nom. Il par<strong>le</strong> et il me paraît urgent de me taire…Patrick WilmottePAGE2 gMosaïque N° 1


.oup de projecteur<strong>Lire</strong> la Bib<strong>le</strong> aujourd'hui, comment ?L’Église Protestante Unie de Belgique(<strong>EPUB</strong>) « ... se place sous l'autorité dessaintes Écritures, qu'el<strong>le</strong> reçoit par <strong>le</strong>Saint-Esprit, comme paro<strong>le</strong> de Dieu,règ<strong>le</strong> suprême de sa foi et de sa vie »Cet artic<strong>le</strong> 2 de la Constitution del’Épub est celui de la déclaration de foiqui a été signé lors du service so<strong>le</strong>nneld'Action de grâce à l'occasion del'érection de l'Épub <strong>le</strong> 04 novembre1978.Notre Église se place ainsi sous l'autoritédes saintes Écritures (la Bib<strong>le</strong>)qu'el<strong>le</strong> reçoit de la part du Saint-Esprit,comme paro<strong>le</strong> de Dieu. Ces écritssont saints, en ce qu'ils se distinguentde tout autre écrit par <strong>le</strong> témoignageintérieur et la conviction que l'EspritSaint donne aux chrétiens qui font partiede l’Église qui <strong>le</strong>s reçoit comme paro<strong>le</strong>de Dieu. L'action du Saint-Espritest donc décisive et n'empêche aucunement<strong>le</strong> travail herméneutique avectous <strong>le</strong>s outils disponib<strong>le</strong>s aujourd'hui.Divers courants théologiques traversentnotre Église, cela n'est unsecret pour personne. Cet artic<strong>le</strong> dela constitution n'est pas interprété demanière univoque. En témoignent <strong>le</strong>sdébats qui ont jalonné la jeune histoirede notre Église. Je pense en particulieraux débats lors des journées synoda<strong>le</strong>ssur « La Bib<strong>le</strong>, pomme de discorde ? » 1Dans ce numéro consacré à « Paro<strong>le</strong>de Dieu, paro<strong>le</strong>s des hommes » je nevais pas rouvrir ce débat-là, mais posersereinement la question suivante:puisque <strong>le</strong>s saintes Écritures sont reçuesde la part du Saint-Esprit commeparo<strong>le</strong> de Dieu et qu'el<strong>le</strong>s sont la règ<strong>le</strong>suprême de notre foi et de notre vie,Janvier 2013 gMosaïquecomment <strong>le</strong>s lire aujourd'hui, aumoment où depuis quelques annéesdéjà nous nous demandons commentretrouver l'élan missionnaire ?Quelques considérations généra<strong>le</strong>sau préalab<strong>le</strong>, ensuite évoquer furtivementquelques approches herméneutiquesnécessaires en soulignant<strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong>, pour enfin mentionner uneouverture possib<strong>le</strong> grâce à une écouterenouvelée de la paro<strong>le</strong> de Dieu. Tel<strong>le</strong>sseront <strong>le</strong>s lignes directrices de ce brefparcours.Quelques considérationsLa Bib<strong>le</strong>, transcription du latin biblia(fém. sg) est en fait un décalque dugrec ta biblia (n.pl) qui veut dire <strong>le</strong>slivres. Autrement dit une bibliothèque.En effet, el<strong>le</strong> est une compilationde plusieurs auteurs aussi divers<strong>le</strong>s uns que <strong>le</strong>s autres (roi, sages, berger,théologien, pêcheurs, paysan,médecin, etc.), des genres littérairesdivers (récits, prophétie, <strong>le</strong>ttres, apocalypse,parabo<strong>le</strong>, etc.) et el<strong>le</strong> couvreune période rédactionnel<strong>le</strong> de plusieurssièc<strong>le</strong>s.El<strong>le</strong> est une coproduction divino-humainedans la mesure où <strong>le</strong>s auteursbibliques étaient portés par <strong>le</strong> souff<strong>le</strong>divin, l'Esprit de Dieu 2 . Ils étaienttémoins de la révélation, saisis par cedont ils témoignent ; c'est avec <strong>le</strong>urvie, <strong>le</strong>ur humanité, qu'ils étaient engagés.Les mots, la technique, <strong>le</strong> vocabulairesont à eux (Dieu n'a rien écrit). Ilsont accepté d'entrer dans <strong>le</strong> projet decommunication de Dieu. Le messagequ'ils véhicu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s dépasse parfois(cf. <strong>le</strong>s prophètes). Il convient de souligner<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> important du Saint-Espritqui en amont inspire <strong>le</strong>s auteurs et quien aval éclaire, illumine <strong>le</strong>s <strong>le</strong>cteurs detous <strong>le</strong>s temps. D'où l'importance del'épiclèse (invocation de l'Esprit Saintavant la <strong>le</strong>cture, l'étude, ou la méditationde l'Écriture).La Bib<strong>le</strong> est un livre qui se prête à destraductions, <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ne sont pasfigées et nécessitent des mises à joureu égard à l'évolution des langues vivantes.Aucun livre n'a été autant traduit,commenté, diffusé que la Bib<strong>le</strong>.Autour de la Bib<strong>le</strong> se trouvent rassemblésdes gens simp<strong>le</strong>s, des savants deplusieurs disciplines, des chercheurs,des exégètes, des praticiens, des dog-1 Thème emprunté au titre du livre de Luz Ulrich,La Bib<strong>le</strong> : une pomme de discorde (Essai biblique,21), Genève, Labor et Fides, 1992.2 Les différentes confessions chrétiennescroient toutes à l'inspiration et l'exprimentdiversement. Pour l’Église catholique : « Leslivres entiers, tant de l'Ancien que du NouveauTestament... la sainte Mère Église...<strong>le</strong>s tient pour sacrés et canoniques, du faitque rédigés sous l'inspiration de l'EspritSaint, ils ont Dieu comme auteur...Mais pourcomposer <strong>le</strong>s livres saints, Dieu a choisi deshommes qu'il a employés (eux-mêmes usantde <strong>le</strong>urs facultés et de <strong>le</strong>urs forces propres…il s'en suit qu'il faut confesser que <strong>le</strong>s livresde l'Écriture enseignent fermement, fidè<strong>le</strong>mentet sans erreur la vérité que Dieu envue de notre salut a voulu consigner dans lasainte <strong>le</strong>ttre. ... » Dei Verbum (1965). Pour <strong>le</strong>sRéformés : « Nous croyons que la Paro<strong>le</strong> quiest contenue dans ces livres a Dieu pour origine,et qu'el<strong>le</strong> détient son autorité de Dieuseul et non des hommes. Cette Paro<strong>le</strong> est larèg<strong>le</strong> de toute vérité et contient tout ce quiest nécessaire au service de Dieu et à notresalut; il n'est donc pas permis aux hommes, nimême aux anges, d'y rien ajouter, retrancherou changer. » Confession de La Rochel<strong>le</strong> [1559].Pour <strong>le</strong>s Évangéliques : « L’Écriture sainte,puisqu'el<strong>le</strong> est la Paro<strong>le</strong> même de Dieu, écritepar <strong>le</strong>s hommes préparés et gouvernés parson Esprit, a une autorité divine infaillib<strong>le</strong> surtous <strong>le</strong>s sujets qu'el<strong>le</strong> touche... » Déclarationde Chicago [1978].PAGE3


Photo: BAFCoupde projecteurPAGE4<strong>Lire</strong> la Bib<strong>le</strong> aujourd'hui, comment ? (suite)maticiens, des enseignants, des prédicateurs,des auditeurs et <strong>le</strong>cteurs,des diffuseurs, etc. Une entreprisegigantesque dont <strong>le</strong>s travaux et <strong>le</strong>sréf<strong>le</strong>xions ne restent pas enclos dans<strong>le</strong> passé, puisque la foi se vit dansl’aujourd’hui!D'où la nécessité d'un travail d'interprétation.Un livre qui s'interprète<strong>Lire</strong> la Bib<strong>le</strong> dans son état actuel, telqu'el<strong>le</strong> nous est donnée, signifie qu'onva à la rencontre d'un livre qui est chargéd'une histoire plus que millénaire,qui est porteur d'un message à décoder,dont <strong>le</strong> principal est <strong>le</strong> salut deDieu en Jésus-Christ. Certains aspectssont parfois clairs et simp<strong>le</strong>s, parfoiscomp<strong>le</strong>xes et diffici<strong>le</strong>s. Il convientavant toute chose de tenter de comprendre,de l'interpréter, de l'habiter,de <strong>le</strong> traverser, ensuite de s'approprierdes richesses ainsi découvertes,de s'en inspirer pour mener une vierenouvelée, nourrie de la sève alorsrecueillie. Des générations entières,des traditions confessionnel<strong>le</strong>s ont,avec des fortunes diverses, accomplice travail herméneutique. Il n'estpas possib<strong>le</strong> d'en faire ici l'inventaire.Signalons, néanmoins, l'existence dedeux éco<strong>le</strong>s herméneutiques dont <strong>le</strong>sprolongements sont encore perceptib<strong>le</strong>saujourd'hui : l'éco<strong>le</strong> d'A<strong>le</strong>xandriequi recherche <strong>le</strong> sens spirituelselon la méthode allégorique (imageset expressions renvoient à une réalitécachée qu'il faut décrypter) ; l'éco<strong>le</strong>d'Antioche qui recherche <strong>le</strong> sens spiritue<strong>le</strong>n p<strong>le</strong>ine continuité avec son senslittéral (c'est dans <strong>le</strong> texte même qu'ilfaut trouver <strong>le</strong> sens). L'accent est missur la réalité historique de la révélationbiblique. L’Écriture renvoie à desréalités claires et intelligib<strong>le</strong>s à tout<strong>le</strong>cteur attentif. Quant à l'inscriptiondans <strong>le</strong> temps, distinguons troisgrandes périodes dans la manièredont <strong>le</strong>s communautés chrétiennesont cherché à interpréter l'Écriture 3 .Du 1 er au 16 e sièc<strong>le</strong> inclus, <strong>le</strong>s communautéschrétiennes lisent et cherchentà comprendre <strong>le</strong>s Écritures à partir desprésupposés même de <strong>le</strong>ur foi c.-à-d.la vie, la doctrine et la pratique. Lestextes bibliques sont examinés enfonction de <strong>le</strong>ur apport à l'existencechrétienne. C'est un modè<strong>le</strong> centrésur <strong>le</strong> Christ Seigneur et Sauveur. Àpartir du 17 e sièc<strong>le</strong>, grâce à l'avènementde la raison critique, <strong>le</strong> texte biblique,parce que considéré comme un livrequi n'est pas tombé du ciel, est soumiscomme tout autre écrit au travail dudoute scientifique et de la critique, end'autres termes aux méthodes historico-critiques.Sont recherchés, la formeoriginel<strong>le</strong> (néanmoins hypothétique)primitive, <strong>le</strong> sens originaire du texte,l'intention de l'auteur, <strong>le</strong> contextesocioculturel et religieux. Ainsi lancé,on devient incapab<strong>le</strong> de dégager<strong>le</strong> contenu spécifique du texte, <strong>le</strong>message du texte. Jacques Ellul auraune critique sévère qu'il exprime ences termes : « … Et ce qui m'a <strong>le</strong> plussurpris, c'est l'extraordinaire sciencequ'ils ont en hébreu (…), des languesanciennes, de la culture égyptienne, babylonienne; <strong>le</strong>ur érudition, l'amp<strong>le</strong>ur de<strong>le</strong>ur bibliographie, et puis la maigreurde <strong>le</strong>ur pensée, l'inconsistance de <strong>le</strong>urréf<strong>le</strong>xion, <strong>le</strong> vide de <strong>le</strong>ur théologie, pourtout dire l'incompréhension tota<strong>le</strong> dutexte répondant à une absence tota<strong>le</strong>d'intérêt et de recherche dans ces domaines» 4 La période contemporainevoit la diversification et la comp<strong>le</strong>xificationdes approches. Est dénoncéela méthode historico-critique. Le retourà la compréhension de l'Écriturefondée et commandée sur l'Écritureel<strong>le</strong>-même, sans l'inféoder aux principeset critères qui lui sont étrangers(K. Barth). De nouvel<strong>le</strong>s méthodes quiviennent des sciences humaines oudes idéologies contemporaines voient<strong>le</strong> jour : <strong>le</strong>cture psychanalytique, matérialiste,structuraliste, féministe,interreligieuse, fondamentaliste, intégriste,politique, etc. Ces nouvel<strong>le</strong>sméthodes sont marquées par unegrande subjectivité de l'interprète, quiprojette sur <strong>le</strong> texte biblique des idéeset des thèses qui n'ont pas de rapportavec celui-ci. L'espace manque pourévoquer d'autres approches 5 : narrative,expérientiel<strong>le</strong>, etc. ... qui obligentà tenir compte du contexte du <strong>le</strong>cteur.En effet, la Bib<strong>le</strong>, Paro<strong>le</strong> de Dieu estapprochée et lue par <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur qui estsitué historiquement, culturel<strong>le</strong>ment,et qui approche <strong>le</strong> texte avec ses interrogationspropres, ses connaissancespropres, ses limites aussi. Commeindiqué supra, <strong>le</strong> Saint-Esprit accompagne<strong>le</strong> (s) <strong>le</strong>cteur (s), éclaire (nt) la3 Nous nous inspirons du travail de Jean-PaulGabus, Paro<strong>le</strong> de Dieu, paro<strong>le</strong>s des hommes,Paris-Bruxel<strong>le</strong>s, Les Bergers et <strong>le</strong>s Mages- Ad Veritatem,1998, p.86.4 Jacques Ellul, La raison d'être, Paris, Seuil, 1987,p. 17.5 On consultera avec intérêt <strong>le</strong> livre d'ÉlisabethParmentier, L’Écriture vive. Interprétations chrétiennesde la Bib<strong>le</strong> [Le Monde de la Bib<strong>le</strong>, 50],Genève, Labor et Fides, 2004.gMosaïque N° 1


Coupde projecteurparo<strong>le</strong>, la fait résonner toute à nouveau,l'actualise sans empêcher <strong>le</strong> travaildans la vie du <strong>le</strong>cteur individuel oucommunautaire.Limites des herméneutiquesscientifiquesL'herméneutique qui étudie <strong>le</strong> textecomme une pièce archéologiquel'enferme dans <strong>le</strong> passé. Or la Bib<strong>le</strong> estparo<strong>le</strong> vivante de Dieu et s'adresse àl'humain d'aujourd'hui.Je fais mienne la question essentiel<strong>le</strong>que certains 6 posent à partir du présupposésuivant : la Bib<strong>le</strong>, Écriture estune paro<strong>le</strong> à écouter. Savons-nousencore aujourd'hui vraiment lire,méditer, interpréter et écouter untexte, retrouver <strong>le</strong> sens de l'écoutede la Paro<strong>le</strong> malgré tout <strong>le</strong> développementde nos techniques de <strong>le</strong>ctureet d'interprétation ?Il convient d'abandonner <strong>le</strong> rêve illusoirede retrouver <strong>le</strong> texte original etaccueillir celui qui nous est donné.Ce qui importe pour <strong>le</strong> croyant c'estd'établir un rapport vital, une communicationentre <strong>le</strong> texte et lui. Le textedoit pouvoir toucher et transformerune existence ou en amorcer la métamorphoseet surtout permettre unerencontre avec <strong>le</strong> Seigneur. Pour cela<strong>le</strong> chrétien n'a pas à se placer au-dessusde lui, comme un maître, mais plutôtl'écouter, l'accueillir dans la prière.L'élan missionnaire inspiré del'ÉcritureLe Synode régional Cévennes-Languedoc-Roussillon de l’ÉgliseRéformée de France, face à la crisede croissance de l’Église constatée,Janvier 2013 gMosaïqueavait demandé au Pasteur DanielBourget 7 de relire pour lui l'Écriture.Le fruit de l'étude, de la méditation,de son écoute du livre des Actes futune grande surprise et un véritab<strong>le</strong>appel à la conversion. D'abord lacroissance de L'Église était l'affairede Dieu, ensuite el<strong>le</strong> grandissait quandla paro<strong>le</strong> de Dieu grandissait dans lavie des croyants (6.7 ; 12.24 ; 19.20). Lamission des apôtres n'est pas de fairegrandir l’Église, ils avaient la responsabilitéde propager la paro<strong>le</strong> de Dieu.Cela est biblique, souligne Bourgetet juste. Conséquemment <strong>le</strong> projetthéologique, la véritab<strong>le</strong> préoccupation,la mission, la vocation, l'enjeudes synodes, des stratégies, des planset autres programmes ecclésiaux devraientêtre de propager la paro<strong>le</strong>. Pasexclusivement de manière extensive,sur la face de toute la terre, mais aussiqualitativement dans <strong>le</strong>s profondeursde l'être humain, <strong>le</strong>cteur de la paro<strong>le</strong>de Dieu.L'élan missionnaire, à la lumière decette écoute, concerne au premierchef <strong>le</strong> chrétien membre de l’Église,<strong>le</strong>cteur et étudiant de la paro<strong>le</strong>. Pour illustrerson propos, <strong>le</strong> Pasteur Bourgetemprunte à l'Écriture une analogieagrico<strong>le</strong>. Une plante grandit par <strong>le</strong>sracines. La paro<strong>le</strong> doit travail<strong>le</strong>r la viedu discip<strong>le</strong> en profondeur. A la questionposée dans l'introduction : « commentacquérir l'élan missionnaire ? »,La réponse s'avère être : chaque chrétiendéveloppe l'écoute de la paro<strong>le</strong>de Dieu, s'ouvre au travail en profondeurde la paro<strong>le</strong>. Pour retrouverl'élan missionnaire en s'inspirant de laprimitive Église, l'assiduité de l'étudeet de la méditation de la paro<strong>le</strong> estune piste à explorer à nouveaux frais.Daniel Bourget distingue trois phasesdans l'approche de la Paro<strong>le</strong> de Dieu.La phase de l'affectif qui correspondau premier contact émotionnel, cha<strong>le</strong>ureuxéprouvé. Le cérébral constituépar la recherche de l'intelligencede la foi. La paro<strong>le</strong> est alors scrutée,analysée, maîtrisée, parfois manipulée.C'est une mise en ordre de la foipar l'intelligence. Étape importante,mais pas suffisante. Les profondeurs.La paro<strong>le</strong> atteint tout l'inconscient,nos désirs, nos comportements, noshabitudes, notre service, notre amour,notre espérance..., el<strong>le</strong> nous évangélise,nous fortifie, nous nourrit, nouspacifie, nous guérit, nous sanctifie,conteste parfois nos choix de vie, nousappel<strong>le</strong> à la repentance et nous ouvre àla vie de Dieu. L'agent principal d'unetel<strong>le</strong> œuvre en profondeur demeurel'Esprit Saint.Nous avons besoin de retrouver cetteapproche priante, appelée aussi <strong>le</strong>ctiodivina. El<strong>le</strong> nous permet d'entrer encommunion avec <strong>le</strong> Seigneur Dieu quidans sa grâce immense nous renouvel<strong>le</strong>en vue d'être témoin au moyend'une vie rayonnante, ref<strong>le</strong>t de l'actionrecréatrice du Saint-Esprit.Luc Lukusa, Pasteur6 Notamment Jacques Chopineau, <strong>Lire</strong> la Bib<strong>le</strong>,Lillois [Belgique], Alliance, 1993 ; et Jean-PaulGABUS, op.cit..7 Voir Daniel Bourget, Pour une Église qui veutgrandir, dans La Revue Réformée, 221 [janvier2003], Tome LIV, p.PAGE5


Coupde projecteurL’Église comme dialoguePAGE6« Tu as encore beaucoup de devoirs pour l’éco<strong>le</strong> ? », demandais-jeà un de mes enfants pendant <strong>le</strong> souper. « Ça va al<strong>le</strong>r,j’ai juste encore un dialogue pour <strong>le</strong> cours de français. » Ce quel’on entend par là en général, c’est : réciter à tour de rô<strong>le</strong> avecun autre élève des questions et réponses apprises par cœur.Du genre : « Comment t’appel<strong>le</strong>s-tu ? » « Je m’appel<strong>le</strong> Jean ».« Tu es d’où ? » « De Bruxel<strong>le</strong>s »…Dia-logueVoilà exactement ce qu’un dialogue n’est pas. Le mot « dialogue» provient de deux mots grecs : dia et logos. « Dia »signifie à travers et non pas deux, comme on <strong>le</strong> croit parfoisà tort. Un dialogue peut en effet impliquer plus de deuxpersonnes. Il peut éga<strong>le</strong>ment être intérieur et ne concernerque soi. Quant au terme « Logos », il signifie « paro<strong>le</strong> »(autant l’idée que son expression). En philosophie, « logos» désigne <strong>le</strong> principe suprême.Dans <strong>le</strong> texte bien connu de l’évangi<strong>le</strong> de Jean on trouve :« Au commencement était <strong>le</strong> logos, <strong>le</strong> logos était auprès deDieu et <strong>le</strong> logos était Dieu » (Jn 1 : 1). La version néerlandophonedite de la « Naardense bijbel » traduit ainsi : « Depuis<strong>le</strong> commencement il y a <strong>le</strong> par<strong>le</strong>r ; <strong>le</strong> par<strong>le</strong>r est près de Dieu,et même Dieu est lui-même <strong>le</strong> par<strong>le</strong>r. » L’on retrouve ainsi <strong>le</strong>mot hébreu dabar, dont logos est la traduction. Dabar estun terme très important du Premier Testament. Il signifieà la fois paro<strong>le</strong> et acte, <strong>le</strong>s deux n’étant pas dissociab<strong>le</strong>s.Dieu dit « lumière » et la lumière est. C’est pourquoi l’onpeut voir <strong>le</strong> logos comme conscience créatrice.Un processusCes deux termes indiquent immédiatement une caractéristiqueimportante du dialogue : cel<strong>le</strong> d’un mouvement. Ledialogue implique en effet un processus où l’on pense ensemb<strong>le</strong>,où l’on effectue ensemb<strong>le</strong> une prise de conscience,où l’on crée ensemb<strong>le</strong>. Chacun a besoin de l’autre, desautres. Par exemp<strong>le</strong>, pour apprendre qui nous sommes. Oupour parvenir ensemb<strong>le</strong> à une nouvel<strong>le</strong> compréhension dece que sont la vérité, la véracité ou encore pour trouver dessolutions à un problème. Le processus est un processusouvert. Il ne s’agit pas de parvenir à un but fixé au préalab<strong>le</strong>.Il ne s’agit pas non plus de désigner des vainqueursou des perdants. Mais il s’agit de progresser ensemb<strong>le</strong>, avecl’aide de tous, vers plus de sagesse et d'avancée. Wikipédiareprésente à cet égard une forme de dialogue sur internet,par <strong>le</strong>quel des gens s’aident mutuel<strong>le</strong>ment au moyende contributions sur toutes sortes de sujets, chacun pouvantcompléter et ajouter. Un tel processus représente unconstant développement.Pas un débatPar là même il apparaît que <strong>le</strong> dialogue s’avère être autrechose qu’une discussion ou un débat. Lorsqu’on discute, ons’efforce de convaincre l’autre de la justesse de notre propreconception des choses, de notre propre façon de faire (auniveau de la foi, par ex). Le résultat d’une tel<strong>le</strong> discussion estsouvent que l’on s’éloigne encore plus de l’autre, convaincuque nous sommes de notre bon droit. La même chose seproduit lors d’un débat. Des points de vue figés s’opposentet doivent départager entre un gagnant et un perdant, parexemp<strong>le</strong> en politique.Lorsqu’on par<strong>le</strong> de dialogue, on désigne aussi souvent <strong>le</strong>séchanges entre personnes de religions différentes, ce quiconstitue <strong>le</strong> « dialogue interreligieux ». Une tel<strong>le</strong> définitionest cependant trop restrictive. Le dialogue est d’applicationsur l’ensemb<strong>le</strong> de nos façons de communiquer : au niveaudes relations avec autrui, de la famil<strong>le</strong>, de l’éco<strong>le</strong>, du travail,à l’hôpital, dans la société et dans l’Église. Notre époque esten effet marquée par la coexistence de conceptions culturel<strong>le</strong>set religieuses différentes, tant dans la société quedans l’Église. Il est d’autant plus important de bien se comprendreou de réapprendre à se comprendre. Apprendre àévoluer dans un environnement pluriforme n’est certes pasde l’ordre d’un hobby pour gens intéressés, mais constitueune impérieuse nécessité.FacebookTout cela s’avère pourtant de plus en plus diffici<strong>le</strong>. Notreculture médiatique digita<strong>le</strong> nous submerge d’informations.Les médias nous présentent en permanence des débats etdes discussions. L’actualité est p<strong>le</strong>ine de conflits. Mais <strong>le</strong>sdialogues réels se font rares, bien qu’ils existent. Internetet <strong>le</strong>s réseaux sociaux, tels Facebook et Twitter, nous renvoient<strong>le</strong>s mêmes images. Parfois figurent parmi cel<strong>le</strong>s-cide véritab<strong>le</strong>s per<strong>le</strong>s d’échanges authentiques, mais parfoisgMosaïque N° 1


Photo: BZSCoupde projecteuraussi ce ne sont que des suites de monologues haineux etintolérants. Y compris sur des sites chrétiens.L’écoutePrendre conscience de notre façon de communiquer est unpremier pas important. Sur <strong>le</strong> chemin du dialogue, d’autresfacteurs encore interviennent. Tout un chacun peut participeret y contribuer, indépendamment de sa formation oude son milieu d’origine. Il ne s’agit pas d’être dans <strong>le</strong> justeou dans <strong>le</strong> faux, mais d’être prêt à suspendre son jugement,afin de pouvoir écouter l’autre avec respect et une p<strong>le</strong>ineattention (sans pour autant devoir être d’accord avec lui).Cela implique éga<strong>le</strong>ment de ne pas déjà vouloir préparerde réponse dans <strong>le</strong> but de répliquer au plus vite.Le dialogue consiste essentiel<strong>le</strong>ment à écouter, percevoir,observer ce qu’un entretien donné évoque en nous. C’estainsi que l’on prend conscience de nos propres présupposéset de nos propres émotions (sans être tenu de <strong>le</strong>s jugerni de <strong>le</strong>s exprimer). D’où l’importance du si<strong>le</strong>nce dans undialogue. Et tout autant de dire ce que l’on a à dire, pas pourconvaincre ou pour attirer l’attention, mais pour rechercheret pour apprendre. Ce que je pense de l’autre, est-cejuste ? Ou ce que l’autre en retour pense de moi ? Queveut exactement dire l’autre exactement quand il par<strong>le</strong> de« Dieu » ou de « tradition » ? Est-ce que je <strong>le</strong> comprends ?Est-ce que cela m’amène à <strong>le</strong> reconnaître, ou cela produit-ill’effet inverse ? Tout peut être discuté, y compris <strong>le</strong> processuslui-même, pour <strong>le</strong>quel chacun des participants estresponsab<strong>le</strong>.Église et dialogueQuel peut être <strong>le</strong> rapport de l’Église au dialogue ? Je penseque celui-ci est multip<strong>le</strong>. Au jour d’aujourd’hui, l’Église aun impérieux besoin de dialogue. D’une part, pour pouvoirs’adresser à une société dans laquel<strong>le</strong> l’interactivité joueun rô<strong>le</strong> croissant. D’autre part afin d’éviter <strong>le</strong> repli sur soiet pour ne pas se transformer en une institution repliéesur el<strong>le</strong>-même et sclérosée, au seul usage de convaincusd’avance. Ce serait là <strong>le</strong> contraire même d’une communautévivante, ouverte à la Création dans son ensemb<strong>le</strong>, comme<strong>le</strong> veut Dieu et dans l’esprit de Jésus (ce n’est pas un hasardsi « communio » est apparenté « communication » : dans <strong>le</strong>sdeux cas, on retrouve <strong>le</strong> mot « ensemb<strong>le</strong> »).Une Église qui fait <strong>le</strong> choix du dialogue laisse ce faisantentrevoir quel<strong>le</strong> est sa conception de la communicationavec autrui : de l’autre comme faisant partie de la créationdivine et dotée d’une histoire propre, de l’autre qui compteet que l’on ne peut ni réduire à un objet ni instrumentaliser.Une tel<strong>le</strong> Église dit ainsi quel<strong>le</strong> est son identité : cel<strong>le</strong> d’êtreune communauté attentivement ouverte à la réf<strong>le</strong>xion, sansesprit de jugement, capab<strong>le</strong> de dégager un espace de communication,d’être assertive et désireuse d’apprendre à êtrecommunauté selon Dieu, aussi bien en paro<strong>le</strong>s qu’en actes.Une tel<strong>le</strong> Église fondée sur <strong>le</strong> dialogue pourrait rendre <strong>le</strong>splus grands services à notre société et au monde, marquésqu’ils soient par <strong>le</strong>s conflits et par un manque criant decommunication. El<strong>le</strong> <strong>le</strong> fit autrefois dans <strong>le</strong> domaine dessoins aux malades et dans l’enseignement. C’est ainsi qu’el<strong>le</strong>peut être source et foyer de dialogue.Je et tuLe dialogue est une nécessité théologique et relève de la foi.Martin Buber (1878 – 1965), <strong>le</strong> philosophe juif bien connu, aécrit en 1923 à cet égard un ouvrage important et toujoursactuel : « je et Tu ».Dans ce livre, il considère que la fonction des mots n’est pastant de conférer une signification aux choses que d’indiquerdes relations. Il distingue ainsi deux sortes de termes fondamentaux: je – Tu/ Toi et moi – cela (lui/ el<strong>le</strong>). Par<strong>le</strong>r n’adonc rien de neutre, mais revient à opérer un choix entre <strong>le</strong>sdeux relations. Si je me situe dans <strong>le</strong> domaine du « moi etdu cela » , je fais de la réalité qui m’entoure – du monde, dela nature, des choses et des gens – un objet, qu’en tant quesujet je perçois, je catégorise et utilise à mes propres fins.Ce faisant, je réduis non seu<strong>le</strong>ment la réalité de cet objetou de l’autre, mais aussi de moi-même en tant qu’individu.Le résultat en sera une distance et une solitude.Ce que Buber recherche, c’est la réalité la plus fondamenta<strong>le</strong>de ce qui constitue l’homme et la communauté. C’estsa référence à la Bib<strong>le</strong> et aux récits hassidiques du judaïsmequi lui fait accorder la place centra<strong>le</strong> à l’autre. Mais à la différencedes philosophes qui l’ont précédé, ce n’est pas <strong>le</strong>moi qui est chez lui central : c’est <strong>le</strong> « je et <strong>le</strong> Tu » – chezPAGEJanvier 2013 gMosaïque 7


Photo: BZSCoupde projecteurL’Église comme dialogue (suite)lui toujours écrits avec minuscu<strong>le</strong> et majuscu<strong>le</strong> – qui fontde l’homme un humain à part entière. Or, pour par<strong>le</strong>r auxhommes Dieu lui-même se fait homme, sans que celui-cien devienne un objet dénué de libre arbitre, mais bien unsujet susceptib<strong>le</strong> d’être librement interpellé.Dieu entretient avec l’homme un rapport « dialogal ». je etTu / Toi sont des paires de termes indissociab<strong>le</strong>s. Chacunexiste certes par soi, mais n’advient réel<strong>le</strong>ment que par larelation à l’autre / à l’Autre. Ce n’est que de cette façon quel’homme peut réel<strong>le</strong>ment être homme et Dieu être Dieu.Alors que <strong>le</strong> monde du "moi et du cela" se caractérise parla séparation, celui du "je et du Tu", est celui de l’union.Par<strong>le</strong>r d’Église comme dialogue n’est donc pas faire usaged’un simp<strong>le</strong> slogan. Mais, de par Dieu, cela libère un espacede dia-logos ouvrant à l’humanité, à l’intégrité et à la paix.Dr Ineke DE FEIJTERTraduit du néerlandais par C. RouvièreSept exemp<strong>le</strong>s de communication "aveug<strong>le</strong>" par rapportà la communication "attentive" (C.J. Hamelink,Professeur de Communication internationa<strong>le</strong>) :1. S’exprimer de manière absolue ("il n'y a aucun douteà ce sujet", "je sais") par rapport au discours qui laisseune place à la réf<strong>le</strong>xion ("Je pense, je sens, je croisque ...").2. S’exprimer de manière "vio<strong>le</strong>nte" à partir d'une étiquetteque l'on col<strong>le</strong> à quelqu'un (c'est un/e paresseux/se,peu fiab<strong>le</strong>", "cette religion est arriérée") parrapport à un discours non vio<strong>le</strong>nt (s'exprimer avecempathie dans la perspective des besoins de l'autre).3. S’exprimer de manière agressive (ne pas laisser d'espaceà l'autre, mais imposer votre solution) par rapportà une paro<strong>le</strong> assertive (clarté au sujet de votrefoi, mais en même temps, laisser la place aux autrespour s’exprimer <strong>le</strong>ur vision des choses).4. S’exprimer de manière "déficitaire" (basé sur <strong>le</strong>scarences supposées chez <strong>le</strong>s autres : "Vous devezcomprendre ...") par rapport à un discours où l'onreconnaît que nous avons tous des faib<strong>le</strong>sses et quela contribution de chacun est importante.5. S'exprimer de manière polémique (utiliser <strong>le</strong>s motscomme une arme : par exemp<strong>le</strong> "<strong>le</strong>s terroristes...",vio<strong>le</strong>nce verba<strong>le</strong>) par rapport au discours dialogique.6. S'exprimer de manière instrumenta<strong>le</strong> (on s'adresse àl'autre pour obtenir quelque chose ou pour servir sesintérêts propres ; cela arrive souvent dans <strong>le</strong> langage,courant, sans que l'on s'en rende compte) par rapportà un discours relationnel (ne pas par<strong>le</strong>r contre, maisavec l'autre, comme une personne unique avec unvisage, une histoire, des expériences).Photo: BZS7. S'exprimer de manière synchronique (dans ce discours,vous par<strong>le</strong>z à l'autre en <strong>le</strong> synchronisant àl'image que vous avez de lui/el<strong>le</strong> "Je sais ce que vouspensez") par rapport à un discours diachronique (vousreconnaissez qu'il y peut toujours y avoir croissanceet développement quand <strong>le</strong>s gens communiquent <strong>le</strong>suns avec <strong>le</strong>s autres).PAGE8gMosaïque N° 1


Photo: BAFCoupde projecteurParo<strong>le</strong> de Dieu et paro<strong>le</strong>s d'hommesÀ propos des ragots...Les ragots, <strong>le</strong>s commérages, ces remarquesfaites sans avoir l'air d'y toucher,ces '' on-dit '', ces sous-entendus,ces paro<strong>le</strong>s lâchées trop vites et malintentionnées ou même simp<strong>le</strong>mentces airs dubitatifs, ces soupirs, ce froncementde sourcil ou cette moue quien disent aussi long qu'une médisancebien affutée.... Cela a-t-il à voir avec laparo<strong>le</strong> de Dieu ?Non me direz-vous, c'est <strong>le</strong> fait deparo<strong>le</strong>s humaines. ... Mais <strong>le</strong>s humainspar<strong>le</strong>nt aussi de Dieu...J'en étais là dans mes réf<strong>le</strong>xions quandje suis tombée sur un court texte quiévoquait justement ce fait.'' Je n'ai pas de goût pour <strong>le</strong>s confidencesque s'échangent <strong>le</strong>s femmesentre el<strong>le</strong>s. Trop souvent on voit <strong>le</strong> secretde l'une, sitôt franchies ses lèvres,portées à la connaissance des autres. Ildevient <strong>le</strong>ur jouet et el<strong>le</strong>s en disposentà <strong>le</strong>ur guise. Ce ne sont que broderieset arabesques, chacune y ajoute sesmotifs et ses cou<strong>le</strong>urs et la réalité del'affaire disparaît sous <strong>le</strong>s ornements.Il ne reste plus rien de ces instantsoù l'on a cru se livrer à un cœur compatissant,à une âme bienveillante, etconfiée sans défiance, dans un tendrerêve de gémellité, <strong>le</strong>s tourments <strong>le</strong>splus sombres ou <strong>le</strong>s pensées <strong>le</strong>s moinsraisonnab<strong>le</strong>s. De cela je ne veux pas. ''(Gaël<strong>le</strong> Josse : Les heures si<strong>le</strong>ncieuses,Éditions Autrement Paris 2011)C'est beau, c'est clair, c'est juste...Encore faut-il s'y tenir....Et <strong>le</strong>s hommes ? Seraient-ils hors desracontars, des sous-entendus, des mimiquesqui en disent long. Et <strong>le</strong>s pasteurs,eux qui en principe sont soumisà un droit de réserve, ne <strong>le</strong>ur arrive-t-iljamais de suggérer d'évoquer un dire,une action d'un de <strong>le</strong>ur paroissien, derépéter ce que certains avaient confiésous <strong>le</strong> sceau de la confidence ....Que nous dit la Bib<strong>le</strong> à ce sujet ?J'ai ouvert une concordance et cherché<strong>le</strong> mot ''ragot'' en vain, un synonymeracontar, médisance, calomnies?....Peu de références et el<strong>le</strong>sviennent du Nouveau Testament. Onsait que <strong>le</strong> grec aime <strong>le</strong>s substantifsalors que l'hébreu (langue du premiertestament) privilégie <strong>le</strong>s verbes...Les psaumes et <strong>le</strong>s proverbes nousencouragent à ne pas dire du mal duprochain, cela décou<strong>le</strong> plus ou moinsde la loi. Il y est même donné quelquesconseils pratiques ''ne calomnie pas<strong>le</strong> serviteur auprès de son maître ''Proverbes 30, 10Et pourtant quel plaisir à dire du mal, àcritiquer comme si on était plus intelligent,comme si on voyait plus loin etplus clair... C'est bien ce que nous dit <strong>le</strong>texte des proverbes avec cette saveurparticulière ; '' <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s du médisantsont comme des friandises '' onen goûte déjà <strong>le</strong> suc et <strong>le</strong> parfum ....Les textes bibliques condamnent cesparo<strong>le</strong>s pas tout à fait vraies ou carrémentfausses. El<strong>le</strong>s ne viennent pasde Dieu. Alors pourquoi <strong>le</strong>s hommesy ont-ils recours ? Pourquoi <strong>le</strong>ur discoursest-il toujours, ou en tout casbien souvent mêlé de racontars,d'omissions, de tromperies et de faussetés?Pensons au récit de la Genèse quand<strong>le</strong> serpent s'immisce auprès de lafemme, comment s'y prend-il pour laconvaincre ? C'est une véritab<strong>le</strong> <strong>le</strong>çonoù vrai et faux se mélangent au pointoù la femme ne sait plus très bien ceque <strong>le</strong> Seigneur lui a recommandé. Leserpent arrive avec une affirmationfausse : '' Vraiment <strong>le</strong> Seigneur vousa dit de ne pas manger des fruits desarbres du jardin '' et la femme corrigecette grossière erreur en y mettant dela subtilité : '' nous pouvons manger <strong>le</strong>sfruits de tous <strong>le</strong>s arbres du jardin, maisà propos de l'arbre qui est au milieudu jardin Dieu a dit : vous n'en mangerezpas et vous n'y toucherez pasafin de ne pas mourir.'' Et c'est alorsque <strong>le</strong> serpent attaque : '' non, vous nemourrez pas ''... et il ajoute une longuephrase où il affirme ce qu'il '' sait '', cequ'il prétend que Dieu '' sait ''.... onconnaît la suite. (Genèse 3)Dans d'autres textes, ce n'est pas <strong>le</strong>serpent, mais des hommes qui encalomnient d’autres. Pensons au textede Daniel. Ils sont quatre beaux jeunesgens qui se retrouvent à la cour duroi Nabuchodonosor. Ils sont pris encharge, nourris, éduqués. Ils jouissentde la considération de tous. On <strong>le</strong>ura même donné de nouveaux noms :Daniel est devenu Beltshassar, enAkkadien celui qui protège la vie duroi, Hananya est devenu Shadrak unprénom hourrite, une région au nordde l’Euphrate, Mishaël est devenuMeshak, nom d'un héros issu d'unpeup<strong>le</strong> habitant encore plus au norddes deux grands f<strong>le</strong>uves <strong>le</strong> Tigre etl'Euphrate tandis que Azyara est devenuAbed-Nego, en araméen serviteurde Négo, probab<strong>le</strong>ment une déformationpour dire Nabuchodonosor.PAGEJanvier 2013 gMosaïque 9


Coupde projecteurPAGE10Noël est tardifdans Paro<strong>le</strong> l’histoire de Dieu et paro<strong>le</strong>s d'hommesdu À propos christianisme des ragots... (suite)Ils sont ainsi adoptés, on pourraitpresque par<strong>le</strong>r de naturalisation. C'estainsi que <strong>le</strong>ur voie semb<strong>le</strong> bien tracéeet <strong>le</strong>ur avenir assuré....Mais voici que <strong>le</strong> roi Nabucho élèveune immense statue d'or et la dressedans la plaine. Puis il demande à chacunparmi <strong>le</strong>s fonctionnaires et <strong>le</strong>sgrands du Royaume de se ''prosterner''et ''d'adorer'' cette statue dressée,dès que retentissent <strong>le</strong> son des cornemuses,des hautbois, des harpes et desflûtes.. Ces deux mots '' se prosterner'' et ''adorer'' nous rappel<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> cultede Yahvé.Entre-temps on nous dit que desChaldéens sont venus déposer devant<strong>le</strong> roi contre <strong>le</strong>s Juifs, c'est-àdirenos quatre hommes, ces quatrehommes qui refusent de se prosterneret d'adorer la statue que <strong>le</strong> roiNabuchodonosor a dressé ces deuxmots ''se prosterner'' et ''adorer'' sontla définition même du culte adresséà Yahvé. Les quatre hommes refusentd'accomplir ce geste. Le roi, sansdoute, encouragé par <strong>le</strong>s dires desChaldéens entre en fureur... et <strong>le</strong> châtimentvient : <strong>le</strong>s quatre hommes sontjetés tout habillés dans la fournaise.Une bel<strong>le</strong> histoire qui se terminerabien puisque <strong>le</strong> roi Nabuchodonosoret toute la fou<strong>le</strong> verront <strong>le</strong>s quatrehommes danser et chanter dans lafournaise...Quel<strong>le</strong>s furent ces '' mauvaises langues'' ? Ceux qui ont insinué, rapportés,calomniés, dénoncés... et ce genred'histoires fourmil<strong>le</strong> tout au long deschapitres de nos Bib<strong>le</strong>s.Jésus lui aussi recommandera de'' par<strong>le</strong>r en vérité ''. Il redira sous uneautre forme ce que dit son Père dans<strong>le</strong> premier testament. Les discip<strong>le</strong>set <strong>le</strong>s apôtres se battront contre <strong>le</strong>sparo<strong>le</strong>s fraudu<strong>le</strong>uses, <strong>le</strong>s faux témoignageset inciteront <strong>le</strong>s premierschrétiens à par<strong>le</strong>r en esprit et en vérité.C'est Matthieu qui déclare '' <strong>le</strong>spaïens pensent être exaucés parcequ'ils par<strong>le</strong>nt beaucoup '' (Mathieu6,7), paro<strong>le</strong>s vaines ou paro<strong>le</strong>s mensongères,paro<strong>le</strong>s creuses en tout cas.Alors faut-il se taire ? Ou bien accumu<strong>le</strong>rdes informations invérifiab<strong>le</strong>s etdes contre-vérités ? Si nous pensonsà notre presse moderne qui a tantde place pour se répandre et tant demoyens pour se faire entendre, nousdevons bien admettre que tout nepeut être vérifié.Il faut trier, mais comment ? Selonquels critères ?Les meil<strong>le</strong>ures volontés partiront enguerre contre une information qued'autres trouveront valab<strong>le</strong> ou dumoins véridique et ce sera la chasseaux démentis ou l'appel aux pétitions...Photo: BAFAlors faut-il se taire ? On a bien dit quesi la paro<strong>le</strong> est d'argent, <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce estd'or.Si <strong>le</strong> Seigneur nous a dotés de la paro<strong>le</strong>,il nous a aussi fait don de la consciencequi nous permet de réfléchir et nousmet en a<strong>le</strong>rte.Alors oui, il y a la Paro<strong>le</strong> de Dieu, pastoujours faci<strong>le</strong> à décrypter même siel<strong>le</strong> paraît simp<strong>le</strong> et explicite. Il y aaussi <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s sur Dieu, cel<strong>le</strong>s dela Bib<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong>s de nos contemporainsou cel<strong>le</strong>s de ceux qui nous ont précédésdans la foi et... nos paro<strong>le</strong>s, cel<strong>le</strong>sdes hommes et des femmes que nouscroisons, que nous côtoyons...Et là tous <strong>le</strong>s genres humains, tous<strong>le</strong>s caractères, tous <strong>le</strong>s sentiments etoserais-je <strong>le</strong> dire toutes <strong>le</strong>s langues quiexpriment toutes sortes de nuanceset de colorations aux sentiments etaux actions de manière différente seretrouvent et se mê<strong>le</strong>nt.Il y a celui qui par<strong>le</strong>, mais aussi celuiqui entend. Et c'est peut-être à celuilàà faire <strong>le</strong> tri, à entendre ce qui estbon à entendre.... et à oublier ce quiest moins bon ou carrément mauvais.Et c'est ainsi qu'au travers de ce quenous entendons nous pourrons peutêtrediscerner ce qui se rapprocheraitd'une paro<strong>le</strong> de Dieu et ce qui vientsimp<strong>le</strong>ment d'êtres humains, humainscomme nous-mêmes qui ne sont pasmeil<strong>le</strong>urs que nos frères et sœurs humains,proches ou lointains.Pasteur Jeanne Somer-GottelandgMosaïque N° 1


lace aux jeunesParo<strong>le</strong> de Dieu, paro<strong>le</strong>s des hommesLa fin de l'année 2012 a été marquée par une résurgencede la vio<strong>le</strong>nce dans <strong>le</strong> conflit israélo-pa<strong>le</strong>stinien. On a puassister, dès la fin du mois de novembre, à une escalade(presque banalisée tant el<strong>le</strong> est régulière) de la vio<strong>le</strong>ncedans cette région où la Paro<strong>le</strong> de Dieu s'est fait entendrepour la première fois... Aujourd'hui, la tâche de dire « qui acommencé » dans ce dernier épisode des conflits à Gaza estfuti<strong>le</strong> et délicate : une roquette ? Une colonie ? Un attentat ?Des é<strong>le</strong>ctions ? Une déclaration ? Probab<strong>le</strong>ment un peude tout ça. Aussi, la situation est tel<strong>le</strong>ment contrôlée par<strong>le</strong>s discours révoltés et <strong>le</strong>s actes démesurés que l'image de« victime » passe chaque jour d'un camp à l'autre, entraînantune passivité et une incompréhension de la part de la communautéinternationa<strong>le</strong> face à la situation.Ceci dit, il semb<strong>le</strong> qu'à force d'essayer de voir qui a raison ouqui a commencé, on risque de passer à côté d'un élémentqui mérite de l'attention et du recul : quel<strong>le</strong>s qu'en soient<strong>le</strong>s raisons, ce sont bien des hommes qui sont responsab<strong>le</strong>sdes conséquences que l'on connaît. En effet, même si <strong>le</strong>sdeux camps prétendent « répondre » ou « se défendre », ils<strong>le</strong> font en entraînant des vies humaines dont ils ne semb<strong>le</strong>ntpas mesurer l'importance ce qui ne peut être justifié. Cesdirigeants, politiques, rebel<strong>le</strong>s ou autres se prennent pourdes dieux, osant prétendre agir en Son Nom, alors que de<strong>le</strong>ur bouche ne sortent que des paro<strong>le</strong>s d'homme, avec <strong>le</strong>seffets destructeurs, orgueil<strong>le</strong>ux et égoïstes que l'on connaît.La paro<strong>le</strong> de Dieu, la vraie, n'annonce-t-el<strong>le</strong> pas que tous <strong>le</strong>shumains sont appelés à faire partie de Son peup<strong>le</strong> ?Il est vrai que parmi <strong>le</strong>s jeunes chrétiens, certains peuventse sentir plus intéressés par l'histoire de ce conflit, par sonactualité et donc en comprendre <strong>le</strong>s sources et <strong>le</strong>s enjeux.D'autres au contraire en connaissent moins de détails, vula comp<strong>le</strong>xité de la situation. Aussi, certains n'y prennentplus attention, tel<strong>le</strong>ment ce sujet est récurrent dans <strong>le</strong>smédias. Quel<strong>le</strong>s que soient la manière et <strong>le</strong>s intensitésavec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on peut se sentir touché par ce conflit, nouspouvons tous être appelés à simp<strong>le</strong>ment prier pour que<strong>le</strong>s hommes qui ont <strong>le</strong> pouvoir d'agir <strong>le</strong> fassent en effectuantun changement radical : ne plus par<strong>le</strong>r au nom deDieu avec des paro<strong>le</strong>s d'hommes, mais écouter la Paro<strong>le</strong> deDieu pour qu'el<strong>le</strong> dicte <strong>le</strong>urs actes humains. Que l'on soitintéressé ou pas par ce conflit, qu'on <strong>le</strong> comprenne ou pas,que l'on veuil<strong>le</strong> prendre parti ou pas, <strong>le</strong>s jeunes Israélienset Pa<strong>le</strong>stiniens qui voient <strong>le</strong>ur avenir menacé ont besoind'une chose : plus que d'un quelconque intérêt politique, ilsattendent du soutien de notre cœur et des prières que nouspouvons apporter de temps en temps pour que la Paro<strong>le</strong>de Dieu se fasse entendre là où el<strong>le</strong> <strong>le</strong> fut pour la premièrefois. Par la prière, <strong>le</strong>s jeunes peuvent apporter de la sagesseà des hommes certes mûrs, mais dont la sagesse a <strong>le</strong> goûtamer du conflit.Simon-Pàl SchümmerPhoto: BZSJanvier 2013 gMosaïquePAGE11


ib<strong>le</strong> ouverteQui ne souhaite pas vivre des jours heureux ?Cher <strong>le</strong>cteur,Qui ne souhaite pas vivre des jours heureux ?Des jours paisib<strong>le</strong>s, où, en marchant dans la rue, <strong>le</strong>s gensvous saluent amica<strong>le</strong>ment, on n'éprouve aucun stress etl'on peut échanger quelques propos agréab<strong>le</strong>s avec l'un oul'autre. On passe sa journée à accomplir un travail qui a dusens et qui plaît, un travail gratifiant qui a permis d'atteindreses objectifs. Le soir lorsque l'on rentre à la maison, tousceux avec <strong>le</strong>squels on vit se réjouissent, on raconte, on rit eton mange ensemb<strong>le</strong> dans une ambiance détendue. Satisfaitet heureux, on se couche et l'on dort d'une traite, d'un profondsommeil, sans troub<strong>le</strong>. Le <strong>le</strong>ndemain on se réveil<strong>le</strong> sansdou<strong>le</strong>ur, en bonne santé et en p<strong>le</strong>ine forme ...C'est ainsi que je me représente des jours heureux.Bien sûr, toutes <strong>le</strong>s journées ne peuvent pas s’écou<strong>le</strong>r sansproblème, mais el<strong>le</strong>s existent néanmoins et on se <strong>le</strong>s souhaite.Photo: JSGD'après la première épître de Pierre, il y a une condition àremplir pour vivre de tel<strong>le</strong>s journées (1 Pierre 3/10) :« Qui veut aimer la vie et voir des jours heureux doit garder salangue du mal et ses lèvres des paro<strong>le</strong>s trompeuses. » Et dans<strong>le</strong> verset précédent (9) nous lisons : « Ne rendez pas <strong>le</strong> malpour <strong>le</strong> mal, ou l'insulte pour l'insulte ; au contraire, bénissez,car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter labénédiction ».Cela veut dire que nos paro<strong>le</strong>s peuvent déterminer ce quiva se passer.Comment cela est-il possib<strong>le</strong> ?Dieu nous a créés en tant qu'êtres capab<strong>le</strong>s de par<strong>le</strong>r et deformu<strong>le</strong>r avec des mots des projets et des intentions. Celasignifie que nos paro<strong>le</strong>s ne sont pas simp<strong>le</strong>ment des sonset des ondes, mais el<strong>le</strong>s peuvent faire naître une réalité.Dieu dit « Que la lumière soit !...Et la lumière fut. » À partirde rien, avec une courte phrase. Dieu créa la lumière, <strong>le</strong>fondement de la matière.Il en est de même chez Jésus : il arrive près d'un tombeau.Son ami Lazare y repose depuis 4 jours et l'odeur attesteque la réalité de la mort y règne. C'est alors que Jésus dit :« Lazare sort ! » Et la réalité d'une vie après la mort seconcrétise par la paro<strong>le</strong>.Bien sûr, dans ces deux exemp<strong>le</strong>s, des paro<strong>le</strong>s créatricesproduisent de très grandes conséquences.Nos paro<strong>le</strong>s n'ont pas cet effet-là ! Mais, toutes proportionsgardées, el<strong>le</strong>s en ont aussi, un effet.Une petite phrase peut détruire des relations, mais el<strong>le</strong>peut aussi en établir. Particulièrement lorsqu'on répète<strong>le</strong>s mêmes paro<strong>le</strong>s.PAGE12Deux exemp<strong>le</strong>s pour illustrer cela :Parfois des expressions sont à la mode. Il y a quelquesannées, <strong>le</strong>s gens disaient régulièrement lorsqu'ils étaientirrités : « ça me gonf<strong>le</strong> ! » Et ils accompagnaient cette paro<strong>le</strong>d'un geste qui montrait que la gorge se gonflait et formaitgMosaïque N° 1


6Bib<strong>le</strong> ouverteAprèsBLe en 6 ansun goitre. L'on a constaté dans cette période précise uneaugmentation anorma<strong>le</strong> du nombre de goitres !Personne ne pense qu'en disant : « ça me gonf<strong>le</strong> ! » il peutprovoquer des problèmes hormonaux. Mais, par la répétitionde tel<strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s négatives, on libère des forces destructricesqui peuvent entraîner une maladie.Quelqu'un m'a raconté ceci : son professeur de mathématiqueslui disait presque quotidiennement qu'il était nu<strong>le</strong>t qu'il raterait son examen de fin d'études secondaires àcause des mathématiques. Effectivement cela s'est réalisé.Pourtant, lorsqu'il a recommencé son année avec un autreprofesseur, il a réussi avec grand succès. Ce n'était doncpas un problème de manque d'intelligence, mais celui desparo<strong>le</strong>s négatives du premier professeur.Il faut donc prendre en considération ce principe et faireattention à nos paro<strong>le</strong>s, car el<strong>le</strong>s peuvent produire du positifou du négatif.Si nous, en tant que chrétiens, nous voulons connaître desjours heureux, nous devons commencer à bénir. Car bénirsignifie adresser ou souhaiter à quelqu'un des paro<strong>le</strong>s encourageantes,édifiantes et bienfaisantes. Des paro<strong>le</strong>s quifavorisent une réalité positive, saine et bonne.Ce qui est génial dans <strong>le</strong> fait de bénir, c'est que <strong>le</strong> bien ne vapas seu<strong>le</strong>ment vers l'autre, mais il nous revient sous formede bénédiction. L'apôtre Pierre écrit (9) : « ...afin d'hériterla bénédiction. »C'est cette bénédiction qui produit des « jours heureux ».Par la 'Bonne Paro<strong>le</strong>', l'Évangi<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Christ a construit unemerveil<strong>le</strong>use réalité. Nous pouvons, nous aussi, y contribuerpar nos petites paro<strong>le</strong>s positives et bienfaisantes.C'est pourquoi veillons à nos paro<strong>le</strong>s, afin qu'el<strong>le</strong>s soientconstructives et non destructrices !JANVIER/13Janv. Lecture suiviePrieravec <strong>le</strong>sPsaumesMa 1 Luc 3.21-38 78Me 2 Luc 4.1-15 79J 3 Luc 4.16-30 80V 4 Luc 4.31-44 81S 5 Luc 5.1-11 82D 6 Luc 5.12-26 72L 7 Luc 5.27-39 83Ma 8 Luc 6.1-19 84Me 9 Luc 6.20-26 85J 10 Luc 6.27-42 86V 11 Luc 6.43-49 87S 12 Luc 7.1-17 88D 13 Luc 7.18-35 104L 14 Luc 7.36-50 89Ma 15 Néhémie 1.1–2.20 90Me 16 Néhémie 3.1-32 91J 17 Néhémie 3.33–4.17 92V 18 Néhémie 5.1-19 93S 19 Néhémie 6.1-19 94D 20 Néhémie 7.1-72 96L 21 Néhémie 8.1-18 95Ma 22 Néhémie 9.1-37 97Me 23 Néhémie 10.1-40 98J 24 Néhémie 11.1-36 99V 25 Néhémie 12.1-43 100S 26 Néhémie 12.44–13.31 101D 27 Jacques 1.1-11 19.8-15L 28 Jacques 1.12-18 102Ma 29 Jacques 1.19-27 103Me 30 Jacques 2.1-13 104J 31 Jacques 2.14-26 105Dimanchet fêtesEsaie 60.1-6Ephésiens 3.2-6Matthieu 2.1-12Esaïe 40.1-11Tite 2.11-14 ; 3.Luc 3.15-22Esaïe 62.1-51 Corinthiens 1Jean 2.1-12Néhémie 8.1-101 Corinthiens 1Luc 1.1-4 ; 4.14Pasteur Martin Schü<strong>le</strong>r(Traduction JD. Peter)Fédérationprotestante www.protestants.org*Selon la liste de de l’Eglise France catholique © Fédération protestante de Franceadoptée par de nombreuses autres Eglises dans <strong>le</strong> mondePAGEJanvier 2013 gMosaïque 13


e ci, de làÀ Florence, l’Assemblée de la CEPE :PAGE14En cette période de rendez-vous deprière et de rencontres désormaistraditionnels (semaine de prière del’Alliance Évangélique puis semainede prière pour l’unité des chrétiens),il m’est demandé de rendre compted’un événement qui a eu lieu au moisde septembre dernier, à Florence enItalie. L’union des Églises vaudoiseset méthodistes et l’Élise évangéliqueluthérienne d’Italie y accueillaient <strong>le</strong>sdeux cents participants à la 7e assembléede la « Communion d’Églises protestantesen Europe – communion deLeuenterg » – (CEPE). Ils représentaientplus d’une centaine d’églisesprotestantes d’Europe qui ont choiside vivre au sein de la CÈPE une communiondans la ‘diversité réconciliée’,communion d’Églises par delà ladiversité des organisations ecclésia<strong>le</strong>s,des langues et des traditions. Il s’agitessentiel<strong>le</strong>ment d’Églises réformées,luthériennes, méthodistes et vaudoisesen ce qui concerne l’Italie.Dans <strong>le</strong> contexte de la crise que traversel’Europe, <strong>le</strong> thème choisi « librepour l’avenir » donnait <strong>le</strong> ton : la libertéque donne l’Évangi<strong>le</strong> nous appel<strong>le</strong> àla confiance mutuel<strong>le</strong> et à la responsabilité.Chaque journée était rythmée pardes moments de prière commune,d’écoute de la Paro<strong>le</strong> et de chant descantiques rassemblés dans un recueilmultilingue « Colors of Grace » nousavons célébré la liberté acquise enJésus-Christ et donnée pour croire,pour pardonner, pour servir, pours’engager …Par cette communion spirituel<strong>le</strong>, manifestementdans la Sainte Cène célébréeen commun grâce à la Concordede Leuenberg dont on fêtera l’annéeprochaine <strong>le</strong>s 40 ans, a pu flotter toutau long de la semaine une brise si pasd’optimisme bienfaisant au moins devolonté d’al<strong>le</strong>r de l’avant ensemb<strong>le</strong>.L’assemblée a adopté 6 textes d’études,a élu son nouveau conseil,lui a fixé son agenda et a accueilli denouveaux membres. El<strong>le</strong> a tenu às’exprimer sur la situation européenneactuel<strong>le</strong>.Travail théologique :Chacun des participants s’était inscrità un groupe de travail chargé d’étudierun des documents produits par laCEPE depuis la dernière assemblée àBudapest en 2006 : ainsi deux importantesétudes théologiques ont étéadoptées :Le document intitulé « Écriture,confession de foi et Église » metclairement en lumière <strong>le</strong>s ‘fondamentaux’des protestants : Bib<strong>le</strong> et paro<strong>le</strong>de Dieu, vérité et interprétation, autoritépremière des Écritures et autoritéseconde des confessions de foi, etc.…Le document intitulé « Ministère,ordination, épiskopè » aborde desquestions très sensib<strong>le</strong>s (dans notreEpub aussi). Les Églises protestantessont toutes attachées au principe dusacerdoce universel (tous <strong>le</strong>s chrétiensparticipent au ministère du Christ) età celui de la diversité des ministèresdans des fonctions diversifiées. Mais<strong>le</strong>ur pratique du ministère pastoral, deson articulation avec <strong>le</strong>s autres ministères,du ministère d’unité supra localvarie sensib<strong>le</strong>ment entre une égliseluthérienne du Nord de l’Europeet une église réformée au Portugal,par exemp<strong>le</strong>. Ce texte de références’attache à énoncer des principes quipermettent de vivre une pluralité auservice d’une même compréhensionde l’Église. Voilà un sujet particulièrementintéressant au moment oùla dernière assemblée synoda<strong>le</strong> nousinvite à une réf<strong>le</strong>xion de base sur cesquestions.Il est remarquab<strong>le</strong> que cette assembléesi diverse ait souhaité s’approprierces deux textes comme des documentsdoctrinaux de la CEPE. On peut<strong>le</strong>s trouver sur <strong>le</strong> site http://www.cpce-assembly.eu/fr/florence-2012d’autres documents ont été adoptés: ‘Défendre la justice’,’ la formationen vue du ministère pastoral’, une étudecomparée sur <strong>le</strong> culte, une analyse duprocessus de renouvel<strong>le</strong>ment à l’œuvredans <strong>le</strong>s Églises selon <strong>le</strong> principe de laRéforme’ Ecc<strong>le</strong>sia semper reformanda’.Vie de la Cepe :L’assemblée a accueilli comme nouveaugroupe régional la CEPPLE (communautédes Églises protestantes despays latins) dont nous faisons partie.El<strong>le</strong> a élu <strong>le</strong> nouveau conseil quicompte 13 personnes, dont la pasteurefrançaise Esther Wieland-Maret,que nous connaissons en BelgiquegMosaïque N° 1


Libre pour l’avenir !Photo: GLcomme responsab<strong>le</strong> des stages deformation permanente des pasteurs.Ce conseil aura la charge de –travail<strong>le</strong>rà l’approfondissement de la notionde communion ecclésia<strong>le</strong>. (Peut-el<strong>le</strong>s’accentuer ? Y a-t-il une possibilitéde collaboration pour <strong>le</strong>s synodeseuropéens ? ) – à étudier <strong>le</strong> défi théologiqueet pratique de la pluralité desreligions qui nous environnent enEurope – de poursuivre <strong>le</strong>s dialoguesinterconfessionnels ( avec <strong>le</strong>s catholiques,<strong>le</strong>s orthodoxes, <strong>le</strong>s anglicans et<strong>le</strong>s baptistes), à initier <strong>le</strong>s contacts et<strong>le</strong>s dialogues avec <strong>le</strong>s pentecôtismeset <strong>le</strong>s nouveaux mouvements religieuxqui se réclament du christianisme) etenfin à accompagner <strong>le</strong> renouveau desÉglises protestantes , en particulierdans la perspective de 2017, date anniversairedes 500 ans de la Réforme.Responsabilité pour l’Europe :L’assemblée s’est exprimée sanslangue de bois sur la situation decrise de l’Europe appelant à un discoursde vérité, au renforcement dela démocratie, à une prise en comptedes conséquences socia<strong>le</strong>s des décisionséconomiques, à l’équité fisca<strong>le</strong>,à la régulation des marchés financiers,au refus du repli des nationalismes, àun examen critique de notre systèmeéconomique et à la promotion del’idée d’une Europe solidaire .« La CEPE s’engage à renforcer <strong>le</strong>spartenariats entre Églises et communautéset la solidarité entre el<strong>le</strong>s à traverstoute l’Europe. Ils ont une grandeimportance pour la cohabitation enEurope et pour l’entente et la cohésionau cœur de la crise ». Puisse notreÉglise, au cœur de l’Europe, y prendresa part tant à l’intérieur de notre paysque par nos relations internationa<strong>le</strong>s !E. PeterPAGEJanvier 2013 gMosaïque 15


De ci, de làŒcuménisme : une mort <strong>le</strong>nte ou <strong>le</strong>meil<strong>le</strong>ur est-il encore à venir ?PAGE16De nombreuses personnes se demandent si l’œcuménismen’a pas fait son temps. L’époque de l’élan enthousiaste remontedéjà à plusieurs décennies. Le rêve d’Églises uniesqui étaient capab<strong>le</strong>s de remplir un rô<strong>le</strong> cohérent dans lasociété après la Seconde Guerre mondia<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> bienrévolu. Dans notre époque sécularisée, beaucoup pensentque <strong>le</strong>s religions n’ont plus à se faire entendre dans l’espacepublic, mais qu’el<strong>le</strong>s doivent demeurer dans la sphère privée.Nous commençons seu<strong>le</strong>ment à percevoir <strong>le</strong>s réel<strong>le</strong>sconséquences d’une tel<strong>le</strong> sécularisation. Nos enfants etpetits-enfants ne trouvent plus <strong>le</strong> chemin de l’Église et nousexpérimentons concrètement la sécularisation dans notrepropre foi. Dans <strong>le</strong> contexte de la baisse des rentrées et dunombre de paroissiens, il n’est pas étrange que beaucoupde communautés pensent exclusivement à survivre. Dansbeaucoup de l’Église, <strong>le</strong>s gens qui prennent des responsabilitésdans <strong>le</strong>ur Église sont de tendance plus confessionalisteet traditionnel<strong>le</strong>.’En Bref, l’œcuménisme serait-il petit à petit en train demourir ?Je suis d’avis que l’œcuménisme classique, cet enfant de lamodernité occidenta<strong>le</strong> du XXe sièc<strong>le</strong>, qui insistait sur l’unitévisib<strong>le</strong> des structures, a malheureusement son époque glorieusederrière lui. En même temps, il faut l’admettre, noussommes en route vers un œcuménisme nouveau. Nous nesavons, certes, pas encore bien à quoi il ressemb<strong>le</strong>ra. Danscette nouvel<strong>le</strong> conception, il y a davantage de place pourla diversité au sein de l’unité. C’est un œcuménisme dans<strong>le</strong>quel <strong>le</strong> Sud jouera un rô<strong>le</strong> nettement plus important.Nous serons donc amenés à être particulièrement attentifsà ce que font <strong>le</strong>s Églises chrétiennes en Afrique, Amériquelatine et en Asie. Ces Églises là demeurent encore assezjeunes. Le processus d’inculturation est extrêmement vivace.En outre, on remarque que de plus en plus d’églisesévangéliques et pentecôtistes s’impliquent dans ce désird’unité. L’opposition entre « œcuménique » et « évangélique» semb<strong>le</strong> dès lors <strong>le</strong>ntement s’estomper.La structure établie dans <strong>le</strong> XXe sièc<strong>le</strong> en guise de réunificationdes Églises au travers de l’œcuménisme semb<strong>le</strong> setarir. Je pense que <strong>le</strong> XXIe sièc<strong>le</strong> apportera de nouvel<strong>le</strong>sinitiatives œcuméniques. Un exemp<strong>le</strong> intéressant à ce titreest certainement la plateforme Refo500. El<strong>le</strong> regroupe diversesactivités en vue de la commémoration de la Réformeen Europe, maintenant que nous approchons du 500e anniversairede la diffusion des thèses de Luther en 1517. Il est remarquab<strong>le</strong>que des institutions catholiques comme la KUL(l’université Catholique de Louvain- Katholieke UniversiteitLeuven) participent à ce projet avec <strong>le</strong>urs propres activités,et ce, notamment autour de la signification du Conci<strong>le</strong> deTrente. Cela illustre bien que <strong>le</strong>s considérations œcuméniquesont franchi <strong>le</strong> seuil de la théologie académique pourdevenir des réalités pratiques. Les différences confessionnel<strong>le</strong>sperdent de plus en plus <strong>le</strong>ur caractère de scissiond’Église. Un célèbre exemp<strong>le</strong> se trouve certainement dansla déclaration commune sur la justice coécrite par l’Églisecatholique romaine et la Fédération luthérienne mondia<strong>le</strong>.Par ail<strong>le</strong>urs, plusieurs églises ont entamé un processus de« guérison de la mémoire ». Chacun acceptant de déclarer àl’autre que sa tradition dans <strong>le</strong>s conflits passés a pu engendrerdes erreurs. En partageant <strong>le</strong>s fautes des dissensionsantérieures, il devient possib<strong>le</strong> de travail<strong>le</strong>r ensemb<strong>le</strong> pourun avenir serein. Mais cela demande du temps. Pour notreÉglise, l’ÉPUB, cela ne signifie pas uniquement s'embarqueravec l’Église catholique romaine, mais peut-être éga<strong>le</strong>mentaussi d’entrer en relation avec <strong>le</strong>s Églises évangéliques.Pour conclure, je suis d’avis que <strong>le</strong> plus grand défi pourl’œcuménisme au XXIe sièc<strong>le</strong> consistera à laisser une largeplace aux diversités socioculturel<strong>le</strong>s et identitaires de l’uneou l’autre Église. Dans <strong>le</strong> passé, l’œcuménisme s’est essentiel<strong>le</strong>mentconsacré aux différences confessionnel<strong>le</strong>s. Maisdésormais, <strong>le</strong> défi consiste à laisser une place aux diversitésculturel<strong>le</strong>s, nationa<strong>le</strong>s, ethniques et identitaires dansl’Église. L’intérêt pour cela est évidemment clair pour celuiqui habite en Belgique et est membre de l’ÉPUB.Eddy Van der BorghtCoordinateur NL Réf<strong>le</strong>xion et DialogueChaire Desmond Tutu à l’Université d’AmsterdamgMosaïque N° 1


Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiensdu 18 au 25 janvier 2013Que nous demande <strong>le</strong> seigneur ? (Mi 6, 6-8)Le thème de la semaine de prière pourl’unité chrétienne 2013 a été préparé enInde par un mouvement d’étudiantschrétiens en collaboration avec d’autresorganisations chrétiennes.Le système des castes hindou prévoitquatre niveaux hiérarchiques : <strong>le</strong>s brahmanesqui forment la caste sacerdota<strong>le</strong>,<strong>le</strong>s Kshatriyas auxquels sont confiés<strong>le</strong>s pouvoirs politique et militaire, <strong>le</strong>sVaishyas s’occupant du commerce et<strong>le</strong>s Shudras regroupant <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs.Les trois premières castes constituent<strong>le</strong> groupe traditionnel<strong>le</strong>ment considérécomme pur et qui domine l’ensemb<strong>le</strong>du secteur économique et social, ilssont éga<strong>le</strong>ment appelés « twice born », «deux-fois nées ». La quatrième caste esttraditionnel<strong>le</strong>ment considérée commesuspecte et est la classe dominée dupoint de vue social et économique. On<strong>le</strong>s appel<strong>le</strong> aussi <strong>le</strong>s « once born », ceuxqui sont nés une fois. En dehors de cettestructure, on compte ne serait-ce qu’enInde 160-180 millions de personnes cataloguéescomme « hors-castes », « intouchab<strong>le</strong>s», « caste extérieure », « bassecaste » ou « paria » - ou encore Dalitsou « peup<strong>le</strong> brisé ». Les communautésdalites sont considérées comme cel<strong>le</strong>squi sont <strong>le</strong> plus impures et qui rendentimpur ; on <strong>le</strong>s situe donc en dehors dusystème des castes et, autrefois on <strong>le</strong>squalifiait même d’« intouchab<strong>le</strong>s ».Il résulte donc de ce système que <strong>le</strong>sDalits sont marginalisés socia<strong>le</strong>ment,sous-représentés politiquement exploitéséconomiquement et asservisculturel<strong>le</strong>ment. Or, près de 80 % deschrétiens indiens sont d’origine dalite.Dans <strong>le</strong> pays et même dans l’Église, larecherche de l’unité visib<strong>le</strong> ne peut êtredissociée de la lutte contre la pauvretéet l’exclusion. C’est dans ce contexteindien que la Semaine de prière pourl’unité chrétienne nous invite à méditerce texte bien connu du prophèteMichée6 Avec quoi me présenter devant <strong>le</strong> Seigneur, m’incliner devant <strong>le</strong> Dieu de là-haut ?Me présenterai-je devant lui avec des holocaustes ? Avec des veaux d’un an ?7 Le Seigneur voudra-t-il des milliers de béliers ? Des quantités de torrents d’hui<strong>le</strong> ?Donnerai-je mon premier-né pour prix de ma révolte ? Et l’enfant de ma chair pour mon propre péché ?8 On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, ce que <strong>le</strong> Seigneur exige de toi : rien d’autre que respecter<strong>le</strong> droit, aimer la fidélité et t’appliquer à marcher avec ton Dieu.1 er jour : Marcher dans l’écoute mutuel<strong>le</strong>Marcher humb<strong>le</strong>ment avec Dieu signifie marcher commeun peup<strong>le</strong> dont <strong>le</strong>s membres par<strong>le</strong>nt entre eux et avec <strong>le</strong>Seigneur, toujours attentifs à ce qu’ils entendent.5 e jour : Grandir dans l’amitié du ChristMarcher humb<strong>le</strong>ment avec Dieu signifie marcher avec ceuxqui sont des signes vivants de la présence de Dieu parmi nous,ceux qui sont nos amis.2 e jour : Avancer dans la communion du Corps brisédu ChristMarcher humb<strong>le</strong>ment avec Dieu signifie entendre son appelà sortir des lieux de notre propre confort et à accompagner<strong>le</strong>s autres, en particulier ceux qui souffrent.Dans <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s d’Ezéchiel, nous reconnaissons l’expérienceque vivent aujourd’hui de nombreuses personnes du mondeentier.3 e jour : Grimper vers la liberté qui nous enrichitMarcher humb<strong>le</strong>ment avec <strong>le</strong> Seigneur signifie toujours al<strong>le</strong>rvers la liberté qu’il offre à tous <strong>le</strong>s hommes et la recevoir. C’estdans cet esprit que nous <strong>le</strong> célébrons.C IB4 e jour : Progresser dans la solidarité avec la terreQueSi nous sommesnousappelés à marcher humb<strong>le</strong>mentdemandeavec Dieu,<strong>le</strong> Seigneur ?il nous faut ne jamais oublier que nous sommes nousmêmespartie intégrante de la création et<strong>le</strong>s bénéficiaires des dons de Dieu.Mi 6, 6-86e jour : Passer au-delà des barrièresDépasser <strong>le</strong>s barrières qui divisent et portent atteinte auxenfants de Dieu !7e jour : Déambu<strong>le</strong>r dans la solidaritéLe mouvement œcuménique cherche à surmonter <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>shérités du passé et ceux qui divisent actuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>schrétiens, mais il <strong>le</strong> fait dans la perspective d’une unité visib<strong>le</strong>où la nature et la mission de l’Église sont liées au service del’unité de tous <strong>le</strong>s hommes et à la victoire sur tout ce qui b<strong>le</strong>ssela dignité des êtres humains et nous sépare.8e jour : Cheminer en célébrant la vieLe prophète Habaquq se réjouit dans <strong>le</strong> Seigneur en une périodede sécheresse et de mauvaise récolte. Dieu marcheraavec son peup<strong>le</strong> et l’accompagnera dans <strong>le</strong>s difficultés : avoirune tel<strong>le</strong> assurance, c’est déjà célébrer dans l’espérance.Brigitte A<strong>le</strong>ssandroni-FomineArtic<strong>le</strong> tiré de la brochure du C.I.B.Pour plus d’information, reportez-vous auprès de votre paroisse où au Comité Interecclésial de Bruxel<strong>le</strong>s, bou<strong>le</strong>vard Adolphe Max 55/1,1000 Bruxel<strong>le</strong>s, tél. 02.218.63.77 ou 02.374.50.28, fax 02.375.28.42, e-mail : contact@c-i-b.be, web : www.c-i-b.bePAGEJanvier 2013 gMosaïque 17TexTes pour la semaine eT pour TouTe l’année 2013


édi@s« Kairos Pa<strong>le</strong>stine… »En décembre 2009 <strong>le</strong>s chrétiens de Pa<strong>le</strong>stine ont publiédans un document un message visant à faire prendreconscience au monde entier de ce qui se passe en Pa<strong>le</strong>stine.C’est du document communément appelé Kairos Pa<strong>le</strong>stinequ’il s’agit.Le message qu’il contient est un cri d’espérance, adressénon seu<strong>le</strong>ment à eux-mêmes, chrétiens de Pa<strong>le</strong>stine, maisaussi à toutes <strong>le</strong>s Églises du monde, une espérance que lapaix revienne sur ce territoire. Il reflète tout simp<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s préoccupations du peup<strong>le</strong> pa<strong>le</strong>stinien, en particulierchrétien ; il ne s’attache pas nécessairement à des considérationsd’ordre théologique pour justifier ou infirmer quoique ce soit – si ce n’est la vocation universel<strong>le</strong> de la terre -,ni même à une analyse politique en vue de désigner desresponsab<strong>le</strong>s. Non, il est, comme <strong>le</strong> définissent ses auteurs,un document de foi et de travail, fruit d’une réf<strong>le</strong>xion deplusieurs années. Il se veut aussi prophétique, car il voit la« solution » dans la libération de la terre pa<strong>le</strong>stinienne, etcela, avec l’aide de toutes <strong>le</strong>s femmes et tous <strong>le</strong>s hommesdans <strong>le</strong> monde, épris de paix, d’équité et de justice.Notre Église s’est engagée à répondre à ce cri.Au cours de l’année 2012, <strong>le</strong> groupe de travail « Église dansla Société » s’est notamment attelé à formu<strong>le</strong>r une réponseà celui-ci. Ce projet de réponse à l’adresse du Conseil synodalfut aussi <strong>le</strong> fruit d’une longue réf<strong>le</strong>xion au sein del’Église, et <strong>le</strong> sera encore, tant ce sujet est sensib<strong>le</strong>. Eneffet, il nous est apparu de prime abord mal aisé de nousexprimer en toute objectivité, de par nos liens particuliersavec <strong>le</strong> judaïsme, tant sur un plan purement théologiquequ’historique, politique et culturel. Plusieurs réunions onteu lieu avec <strong>le</strong>s groupes de travail « Relation avec l’Islam » et« Relation avec <strong>le</strong> Judaïsme », sous la coordination d’abordde la pasteure Jeanne Somer-Gotteland et ensuite par <strong>le</strong>Professeur Eddy Van der Borght (<strong>le</strong>s coordinateurs successifsde la Commission « Réf<strong>le</strong>xion et Dialogue » de l’<strong>EPUB</strong>,dont dépendent ces trois groupes).Le texte a été revu, amendé avant d’être présenté au Conseilsynodal.Afin que la voix de l’ensemb<strong>le</strong> des communautés qui composentnotre Église soit exprimée, <strong>le</strong> texte sera soumis auxdistricts et ensuite aux paroisses. Éga<strong>le</strong>ment, notre groupe «Église dans la société » s’est engagé à venir présenter <strong>le</strong> documentKairos et <strong>le</strong> projet de réponse aux districts lors d’unede <strong>le</strong>urs assemblées en 2013. Ce sera à l’assemblée synoda<strong>le</strong>de 2013 d’adopter <strong>le</strong> projet définitif.Il nous paraît primordial que notre Église s’exprimedans son ensemb<strong>le</strong> sur ce conflit, auquel nous finissons,fina<strong>le</strong>ment, par nous habituer…, mais aussi réponde à unappel pressant de nos frères chrétiens au Moyen-Orient. Certes, <strong>le</strong> processus a été long – <strong>le</strong> document KairosPa<strong>le</strong>stine a été publié <strong>le</strong> 11 décembre 2009 après une longueréf<strong>le</strong>xion dans <strong>le</strong> chef de <strong>le</strong>urs auteurs – et <strong>le</strong> sera encorepuisqu’il n’aboutira pour nous qu’à la fin de 2013. Mais cette« <strong>le</strong>nteur », après toute norma<strong>le</strong> dans un tel contexte, nousdonne aussi une opportunité unique de nous manifester demanière mûre et réfléchie : qu’el<strong>le</strong> ne nous fasse pas pourautant oublier notre objectif : novembre 2013.Vincent Dubois,Membre du groupe et directeur du SPEPLe document Kairos se trouve sous <strong>le</strong> lien : http://www.kairospa<strong>le</strong>stine.ps/sites/default/Documents/French.pdfLe groupe de travail « Église et Société » se tient à votre disposition.« Église dans la Société » (Greet Heeslinga, Marc Lenders, Laurence Flachon, Rob van Drimme<strong>le</strong>n, Chris Lefèvre, VincentDuboisLes Petites Conférences Protestantes17 janvier 2013 : Jérôme Cottin, docteur en théologiede l’université de Genève, diplômé de Lettres supérieureset d’histoire de l’art et professeur de théologie pratique àl’université de Strasbourg :La Bib<strong>le</strong> dans l’art contemporainÉglise protestante de Bruxel<strong>le</strong>s-Botanique,40 Bd Bischofsheim, 1000 Bruxel<strong>le</strong>s,19h30 (20h Conférence)Renseignements :Service Protestant d’Education Permanente (SPEP)02 510 61 63 • spep.epub@skynet.beLibre participation aux frais.PAGE18 gMosaïque N° 1


Site : www.aprt.beVous pouvez demander et recevoir <strong>le</strong> trimestriel « Son et Lumière » en écrivant à l’APRT , rue Brogniez, 44 – 1070 Bruxel<strong>le</strong>s• Envoyez vos informations à la rédaction –Rue Brogniez 441070 Bruxel<strong>le</strong>sOu par courriel mosaique.epub@hotmail.frTél : 071 52 91 03 - 0473 66 21 39• Site Internet :http ://www.epub.be/mosaique• Merci de respecter <strong>le</strong>s délais suivants :• <strong>le</strong> 24 décembre pour <strong>le</strong> numéro de février.• <strong>le</strong> 24 janvier pour <strong>le</strong> numéro de mars.• <strong>le</strong> 24 février pour <strong>le</strong> numéro d'avril.Les opinions exprimées dans Mosaïquen’engagent que <strong>le</strong>urs auteurs.• ABONNEMENTS ANNUELSIndividuel : 20 €€Groupe : 15 €Soutien : 30 €envoyez vos nom et adresse ainsi quevotre règ<strong>le</strong>ment suivant formu<strong>le</strong> choisieà MOSAÏQUERue Brogniez 44,1070 Bruxel<strong>le</strong>sCompte : Iban : BE 29068071580064Bic GKCCBEBB• Éditeur responsab<strong>le</strong> :S. Fuite,Rue Brogniez 44 – 1070 Bruxel<strong>le</strong>s• Équipe de rédaction :Brigitte A<strong>le</strong>ssandroni Fomine,Patrick Wilmotte,Pr. Jeanne Somer- GottelandJoël<strong>le</strong> Maystadt• Collaborateurs : R. H. Boudin, S-P. Schümmer,J. Van Damme-Fercot , V. Dubois, B. Lopez• Collaborateurs régionaux :Hainaut Occidental : A. Benini.HONL : B. A<strong>le</strong>ssandroni, R. Browet.Liège : L. Sotiaux.Brabant : J. Maystadt, P. Wilmotte• Imprimerie : sa N. de Jonge, GrimbergenJanvier 2013 gMosaïquePAGE19

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