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Le Journal d'Anne Frank - Le Livre de Poche

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à quinze ans – la fille avec <strong>de</strong>s soucis <strong>de</strong> fille, cette énergie inépuisable – me bouleverseaujourd’hui. En parcourant <strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> d’Anne <strong>Frank</strong>, j’assiste désormais à la naissance d’unefemme et à la naissance d’un écrivain.Je remercie le Fonds Anne <strong>Frank</strong> <strong>de</strong> m’avoir permis d’écrire cette nouvelle version théâtralecar le mon<strong>de</strong> entier sait avec quels scrupules exigeants ses membres perpétuent la mémoired’Anne <strong>Frank</strong> et interdisent tant <strong>de</strong> projets qu’ils trouvent indignes.<strong>Le</strong> point du vue adopté ici est le point <strong>de</strong> vue d’Otto <strong>Frank</strong>, le père d’Anne, celui quiaménagea l’annexe, y installa sa famille puis ses amis, le seul –malheureusement - qui revint<strong>de</strong>s camps. Après la guerre, Otto <strong>Frank</strong> fut surpris en lisant ce journal, une surprise doubléed’une douleur intense : sa fille avait disparu mais son journal la rendait infiniment vivante, ildécouvrait ses pensées, sa profon<strong>de</strong>ur, sa joie intense – parfois insoutenable. Un père apprendà connaître sa fille au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la mort, gêné par les pages sur sa sexualité naissante, contrariépar le conflit qu’Anne entretenait avec sa mère, mais toujours touché, amusé, ébloui…Otto <strong>Frank</strong> s’est battu pour réaliser le rêve d’Anne : <strong>de</strong>venir écrivain. Contre les obstacles,l’indifférence, la frénésie d’oublier, il parviendra à faire publier <strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> d’Anne <strong>Frank</strong> en1948, la transformera en l’auteur <strong>de</strong> 14 ans le plus lu au mon<strong>de</strong>, et, jusqu’en 1980, consacrerasa vie à sa mémoire, <strong>de</strong>vant parfois - par <strong>de</strong>s procès - fermer le bec aux négationnistes quiprétendaient qu’Anne n’avait pas écrit ce journal.Désormais, sur les planches du Théâtre Rive Gauche, Anne et les clan<strong>de</strong>stins <strong>de</strong> l’annexereprennent vie, voix et corps. Neuf acteurs passionnés, <strong>de</strong> Francis Huster à Roxane Duran – larévélation du Ruban blanc <strong>de</strong> Michael Haneke – vont brûler les planches, sous la direction <strong>de</strong>Steve Suissa et nous rendre, j’espère, le sens <strong>de</strong> la gravité comme le goût <strong>de</strong> la joie.Eric-Emmanuel SchmittNote du metteur en scène :<strong>Le</strong> pire monstre <strong>de</strong> l’histoire du XXème siècle, Adolf Hitler, a écrit enlettres <strong>de</strong> sang Mein Kampf, la bible du diable que <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong>nazis ont vénérée et servie pour anéantir le peuple juif, dominer unmon<strong>de</strong> en ruines.Une petite martyre juive <strong>de</strong> 13 ans, cachée dans un grenierd’Amsterdam durant trois années a répondu avec une plume, <strong>de</strong>l’encre, un simple cahier et la force <strong>de</strong>s mots aux bombes, aux tanks,aux bombar<strong>de</strong>ments, aux viols, aux tortures, aux massacres, aux foursd’incinération <strong>de</strong> l’holocauste et du fascisme criminel.Anne <strong>Frank</strong> a vaincu Hitler et <strong>Le</strong> journal d’Anne <strong>Frank</strong>, en millionsd’exemplaires, en cinquante langues, est célébré par <strong>de</strong>s jeunes à travers le mon<strong>de</strong> qui sereconnaissent dans cette pureté, cette générosité, cette dignité, cette tendresse, cette innocencequi s’en dégagent. L’humanité profon<strong>de</strong> et universelle qui l’imprègne a fait du texte d’Anne<strong>Frank</strong> le plus beau cri d’espoir et d’amour <strong>de</strong> notre temps. Porter à la scène <strong>Le</strong> journal d’Anne<strong>Frank</strong> est donc un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mémoire, bien sûr, et une mission car aujourd’hui encore,


qu’elles soient d’une autre religion, d’une autre nation, il y a encore - et c’est déchirant d’yêtre impuissant - d’autres Anne <strong>Frank</strong>.La pièce n’est donc pas seulement bouleversante et vraie comme son héroïne qui s’éveilleavec ses rires et sa grâce aux émois <strong>de</strong> l’adolescence mais elle résonne d’autant plus fortqu’après ce souffle <strong>de</strong> tolérance, ce cri <strong>de</strong> vie, elle parlera à la jeunesse d’aujourd’hui <strong>de</strong> laseule façon qui puisse l’atteindre : à nu.Sur la scène du Théâtre Rive Gauche, mon <strong>de</strong>voir est <strong>de</strong> faire en sorte que chaque spectateurse retrouve lui aussi dans cette annexe où trois familles se cachaient pour échapper aux naziset, que ce soit sur son épaule qu’Anne <strong>Frank</strong> parle, sourit, existe <strong>de</strong> nouveau. J’y mettrai mavie pour être digne <strong>de</strong> cette si belle âme.Steve SuissaNote <strong>de</strong> l’acteur :Il y a seulement une poignée <strong>de</strong> rôles qui collent à la peau d’unacteur au cours <strong>de</strong> sa carrière. Et <strong>de</strong> façon très inattendue parfois.Certains d’entre eux tuent même le comédien qui ne s’en détachejamais.Otto <strong>Frank</strong> est <strong>de</strong> ceux-là. En lisant la pièce d’Eric-EmmanuelSchmitt dont j’avais admiré d’autres œuvres sur cette pério<strong>de</strong>nazie, « <strong>Le</strong> visiteur », « La part <strong>de</strong> l’autre », « L’enfant <strong>de</strong> Noé »,j’ai eu l’impression immédiate d’avoir déjà joué ce rôle. Dans uneautre vie. En vrai. J’avais été Otto <strong>Frank</strong>. Ce papa bouleversé, cejuif traqué, ce rescapé <strong>de</strong>s camps, cet homme brisé et qui, toute savie, fera preuve d’une dignité exemplaire et d’une humanitétolérante refusant la haine et la vengeance.Je suis juif, j’ai <strong>de</strong>ux filles, je suis né au moment où est né le journal d’Anne <strong>Frank</strong>, Otto<strong>Frank</strong> était le sosie <strong>de</strong> mon père, et bien entendu les nazis ont gazé une partie <strong>de</strong> ma famille àAuschwitz.Mais se voir soi-même dans le rôle en le lisant ne suffit pas. Il faut que le public lui-même ycroie.La reconnaissance que je porte à ceux qui ont fait aboutir ce projet est totale, pour mespartenaires, toute l’équipe du théâtre, pour le public et pour les héros <strong>de</strong> cette tragique etmagnifique pièce, je vais, soyez-en sûrs, répéter, et jouer <strong>de</strong> toute mon âme ce si beau rôle : lepapa d’Anne <strong>Frank</strong>.Francis Huster

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