11.07.2015 Views

Conférence G Johnson 2010 - Causses Aigoual Cévennes

Conférence G Johnson 2010 - Causses Aigoual Cévennes

Conférence G Johnson 2010 - Causses Aigoual Cévennes

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Kosztorys ofertowy - bud. SA-27-05/10, Zał. nr 17O P I SR O B Ó TLpNakład rzeczowyKNR 401 T0508/02ObmiarElement robót: 1350,000Cenajedn.DachWartośćnettozłPodatekVAT%Wartośćbruttozł1Rozbiórka pokrycia z dachówkikarpiówki - podwójnie[m 2 ]KNR 401 T0535/0822,3282345678910111213Rozebranie obróbek blacharskichmurów ogniowych, okapów itp.z blachy nie nadającej siędo uŜytkuKNR 401 T0535/06Rozebranie rur spustowychz blachy nie nadającej siędo uŜytkuKNR 401 T0535/04Rozebranie rynien z blachynie nadającej się do uŜytkuKNR 401 T0414/09Wymiana łacenia dachów poddachówkęKNRK 5 T0102/01Mocowanie folii dachowejwysokoparoprzepuszczalnejTZKNB 6 T0101/09Krycie dachów dachówką karpiówkąpodwójnąKNRK 5 T0209/07MontaŜ wyłazu dachowego- z kołnierzem uniwersalnymKNRAT 9 T0104/06Akcesoria do pokrycia dachowych -płotek przeciwśniegowyKNRK 5 T0208/02MontaŜ elementów komunikacji podachu - ławeczka kominiarskaKNR 202 T0507/01RóŜne obróbki i elementy zblachy cynk-tytan przyszerokościw rozwinięciu do 25 cmKNR 202 T0509/03Rynny dachowe z blachy cynktytanpółokrągłe o średnicy 12cmKNR 202 T0511/02Rury spustowe z blachy cynktytanokrągłe o średnicy 10 cm[m 2 ]33,800[m]84,110[m]350,000[m 2 ]350,000[m 2 ]350,000[m 2 ]1,000[kpl]30,000[m]2,000[szt]22,328[m 2 ]84,110[m]33,800[m]


3PREMIER TABLEAULA NAISSANCE D’UN CENTRE RELIGIEUX HOSPITALIERC’est au moment où le chapitre Notre Dame de Bonheur va disparaître, par décisionroyale pour être rattaché au diocèse d’Alès, en 1785, que sont inscrites les plus belles pages surnotre Saint Bernard Cévenol.Elles furent rédigées, en accord avec le Sieur Jean-Maurice de FAVENTINES, seigneurde ROQUEFEUIL, par les consuls de la ville du Vigan, qui protestent au sujet de cettesuppression qu’ils jugent :- contraire au bien de l’église ;- contraire à la liberté s de religion ;- contraire aussi à l’intérêt public.****« Il y a sur la montagne de l’Espérou un hôpital ou couvent ou oratoire avec une églisechampêtre et solitaire au milieu de bois….Que ce couvent, composé de six religieux, y fut fondé dans le Xième ou XIième sièclepar les auteurs du Cardinal de Mandagout et par les barons de Roquefeuil.Que depuis ceux-ci ont fait divers établissements pieux et n’ont cessé d’en augmenter lesrevenus par différentes largesses,Que l’intention des fondateurs fut de se procurer les intercessions auprès de Dieu, etd’assurer aux voyageurs et aux pauvres un asile et des secours sur ces montagnes,Que ce fut dans cet objet qu’Henri de Roquefeuil dans un de ses titres primordiaux de lafondation établit une grande cloche et qu’il soumit les religieux non seulement à la faire sonnerdans les jours nébuleux et dans les temps de pluies, de grêles et de neiges pour avertir et dirigerceux qui traversent ces montagnes, mais encore donner l’hospitalité pendant la durée du mauvaistemps.Que ces religieux rempliront les vues de leurs fondateurs jusques aux temps de la guerrecivile qui désole toute cette province ».****Il serait peut-être séduisant de résumer la longue vie de Bonheur par ce beau raccourcimais l’aventure de cette terre vallerauguoise est plus complexe et doit s’inscrire dans une largevision de l’histoire de nos <strong>Cévennes</strong>.****


8Question : serions-nous au bas du clocher des tempêtes…d’où les religieux tiraient lescordes de la cloche salvatrice ?Or cette cloche nous la retrouvons dans un texte de 1703.Je cite : « les camisards saccagent et incendient les lieux, se retirent en emportantla précieuse cloche qui sonnait à l’intention des voyageurs égarés ».Mais revenons à l’An 1000.Nous savons que dans ces lieux déshérités de la région et dangereux à lamauvaise saison, il était parfois très difficile de circuler. Nous savons aussi que toutprès ou même à l’intérieur des maisons étaient construits…et existent même encore cesCLOCHERS DE TOURMENTES.Nous savons aussi que, à défaut d’un vrai édifice cultuel, d’une église ou d’unechapelle, certaines demeures privées possédaient, en ce Haut Moyen Age, un lieu enquelque sorte « sacré » où étaient officiés des services religieux.Le temps des « blanches » églises n’était pas encore venu, mais la ferveur étaitintense et s’exprimait simplement.Alors, au Bonheur,- une cloche des tempêtes ?Certainement !- une pièce réservée au culte ?Deuxième mystère…****Nous allons étudier plus précisément la grande pièce voûtée qui conduisait àcette tour des tempêtes…Bien sûr, cette maison que nous appelons claustrale avait été agencée dés le19 ième siècle en maison de fermiers qui ne l’ont quitté qu’en 1930.Elle avait été souvent remaniée au cours des siècles…après avoir subi maintes blessuresou destructions.Si on ne pouvait ces dernières décennies du 20 ième siècle qu’être en admiration devantces portes sculptées et ses voûtes encore intactes, on pouvait aussi réaliser que ces lieuxavaient été pillés, dégradés, abattus, restaurés, repensés, puis enfin définitivementabandonnés…Tant qu’il était encore possible, nos mesures nous ont amenés à constater que lagrande pièce voûtée et dallée qui conduisait au « clocher des tempêtes » devait, àl’origine, occuper toute la partie nord de la maison…Au cours de temps elle avait étaitpartagée par une cloison rustique, percée d’une porte aux pierres simplement ajustées.


11été taillées ses pierres témoignait d’un haut degré de civilisation. C’était, de toute évidence, unhéritage de Rome ».C’est bien ce qui frappe lorsque l’on est devant ces murs, ces arcades de Bonheur :élégance des lignes de l’appareillage, rectitude, équilibre, harmonie, pureté.Tout est simple, austère, rehaussé par l’absence de décor intérieur…Pas de chapiteauxouvragés, pas de colonnes, pas de fresques gravées…rien ! …L’abside en cul de jour, la nef qui fut un berceau n’ont eu, pour tout ornement, qu’un bandeauqui court à la naissance des voûtes…Encore est-il plus utile que décoratif !Le seul élément sculpté, on devrait dire gravé est le tympan.Ce tympan a été retrouvé par les jeunes des chantiers Rempart le 17 juillet 1996, lors dela 3 ième année de notre programme de recherches de 5 ans qui avait pour objectif de retrouverjusqu’au sol primitif les structures de base de l’édifice. Structures ensevelies sous les gravats etdécombres de 2 à 3 mètres de haut.De nombreux articles de presse ont été consacrés à ce tympan, pièce rare de quelques600 kg, sans qu’aucun spécialiste ne puisse en préciser l’époque de sa création ni en rattacher lesymbolisme de son remarquable graphisme : la création du monde lune, soleil, étoile, ondes,bras et main bénissante à une quelconque famille.Seule précision : ce tympan, primitivement au-dessus de la porte du sanctuaire étaitenseveli dans une couche de gravats, cendres, bois brûlés, tuiles, venant de la destruction de lanef et de la façade, certainement après les raids de destruction du milieu du 16 ième siècle, relatésdans les documents.


12TROISIEME TABLEAUNOTRE DAME DE BONHEUR, SAINT BERNARD CEVENOLDés le 14 ième siècle commencent de lo,ngues périodes tragiques.La GUERRE DE CENT ANS (1337-1459) entre le Roi de France et le Roi d’Angleterredont les limites de son royaume d’Aquitaine vont jusqu’au Rouergue, très proche de Bonheur.Les raids des GRANDES COMPAGNIES et de leurs soudards libérés à chaque trêves etrôdant dans ces parages perdus… Précision : on considère que la durée de ces trêves fut d’unetrentaine d’années !Or Notre Dame de Bonheur a été une proie facile, proche des grandes routes et sansdéfense dans son isolement.Puis, après un silence relatif les <strong>Cévennes</strong> vivent l’horreur des guerres fratricidesappelées guerres de religion… A nouveau destructions, ravages, saccages, incendies. Mais noussavons par les LIVRES DE COMPTESque, au Bonheur, au moment les plus terriblessuccédaient des périodes de reconstruction et que toujours a perduré le DEVOIR d’apporterRECONFORT et ASILE, même des plus précaire.****Nous allons, tout d’abord, revivre l’histoire des DEUX CLOCHES duBONHEUR…Celle de l’EGLISE et surtout celle du CLOCHER des TEMPETES.Il y avait une cloche à l’église pour les heures et les offices religieux. Le passage de lacorde est encore visible dans la voûte à l’entrée du transept sud.Aurait-elle été détruite ou emportée au cours des troubles fratricides de 1703 et 1705 ?Ce qui est certain c’est qu’en 1724 il n’y a plus de cloche à l’église. En effet, il est notéque lors de la prise de possession d’un nouveau syndicat il ne peut y avoir, selon l’usage, desonnerie de cloche car celle-ci a disparu.En 1763 nous assistons au baptême de la nouvelle cloche qui s’appellera Jean et Anne,ses parrains étant Jean CAUSSE et Anne BATAILE.Qu’est-il advenu de cette cloche ? On ne sait.Aux environs de 1870 Germer DURAND la vit brisée sur le sol de Bonheur.


13La CLOCHES des TEMPETES, elle, connaîtra un autre sort…Voici donc son histoire.A la Révolution Française, l’église restera bien national. Elle est toujours, d’ailleurs,propriété de la commune de Valleraugue…La cloche des tempêtes, elle, sera dans les bâtiments agricoles vendus à Monsieur deLAPIERRE.Cette dernière a dû, elle aussi connaître bien des malheurs et des destructions car certains textesrapportent que lorsqu’on ne pouvait faire sonner la ou les cloches, les voyageurs égarésentendaient le son d’une corne…Revenons à l’histoire de la cloche des tempêtes.En 1793, le nouveau propriétaire de la maison claustrale devenue maison de fermierest le républicain Monsieur de LAPIERRE, de Valleraugue, qui vient d’acquérir aux enchères auVigan : bâtiments, maison, pailler, deux moulins à scie et à blé, pâturages et bois.Ces dernières années, Madame de LAPIERRE de Meyrueis nous a aimablementcommuniqué les archives de sa famille concernant le Bonheur et nous y avons retrouvé unehistoire de cloche que je vais vous conter.En 1793, Monsieur de LAPIERRE relisant son acte d’achat s’aperçoit qu’il estpropriétaire d’un bâtiment sur lequel et fixé une cloche qu’il a payé 80 francs...Et pourtant il n’aacheté que des terrains et des bâtiments agricoles avec une maison d’habitation.Monsieur de LAPIERRE en conclut qu’il est aussi propriétaire de l’église avec sa cloche et ilrevendique sur cette raison, la possession de l’ancien sanctuaire.L’administration centrale de Nîmes réagit vivement et, dans sa réponse, en 1796, il estdit très clairement qu’une cloche des tempêtes est installée dans l’ancienne maison claustrale.« La petite cloche qui se trouve à l’un des bâtiments estimés y avait été placée originairementpour appeler les voyageurs qui dan s le temps de neige pouvaient être égarés dans les bois…etqu’il convenait de la conserver et de la vendre à l’acquéreur de ce bâtiment ».Mais, pour nous, il est curieux de constater que la fonction de cette cloche de charité chrétienne,devenue républicaine ne doit pas se perdre car ce rapport administratif le précise : « considérantque pour remplir l’objet auquel l’humanité l’a consacrée il faut que le propriétaire du bâtimentsoit tenu de la faire sonner toutes les fois qu’il en sera requis par l’autorité compétente pour cetobjet. Ca a été là sa véritable destination et elle n’est point employée à annoncer aucun servicereligieux ».Monsieur de LAPIERRE réagit violemment à cette injonction et il réplique par unelongue pétition.« Quoique le pétitionnaire soit animé du même sentiment d’humanité, il ne lui est pointpossible de l’exercer, soit parce qu’il habite à une distance de plus e 3 lieux (12 kilomètres), soitparce qu’il n’a pas le droit d’imposer cette servitude à son fermier » fin de citation.Voici la réponse administrative : « aux termes de la loi du 6 floréal an 4, les biensdoivent être vendus avec leurs servitudes actives et passives. La servitude de faire sonner cettepetite cloche ne peut être rétractée » fin de citation.Et, pour clore toute contestation il est indiqué : « que l’église n’est pas comprise dans la vente ».


14Nous ne connaissons pas exactement le devenir des cloches du Bonheur tant il est plusfacile de déchiffrer le passé le plus lointain que de connaître les évènements les plus proches.De cette anecdote, fort mal goûtée par Monsieur de LAPIERRE retenons l’idée tenace,devenue une institution : la cloche salvatrice de note St Bernard cévenol et, en conséquence,l’intérêt de futures fouilles dans la maison claustrale selon notre découverte des bases d’unetour.


15QUATRIEME TABLEAUDECADENCE ET AGONIEVint le 19 ième siècleLa ferme de Bonheur est une grande et riche exploitation, dont les propriétairessuccessifs sont grandement imposés, selon les archives de la mairie de Valleraugue.Mais la commune de Valleraugue a oublié sa propriété, l’église…Celle-ci a été accaparée par lefermier…ou du moins ce qu’il en reste, transept et chœur…Le sanctuaire est devenu, sans lamoindre réaction, une étable…La nef n’existe plus…Seulement une grande dépression rectangulaire comblée de déchargessemble indiquer la limite d’anciens murs…Vint le 20 ième siècleA la belle saison, quelques visites de personnes curieuses, cultivées se fontimmortaliser par des clichés photographiques, illustration des plus précieuses de l’état deslieux…de l’arc de voûte de la nef barrant le chœur… par exemple…Quelques témoins :André CHAMSON dresse le tableau suivant : « j’ai toujours subi l’envoûtement de ceslieux. J’ai toujours été attiré par ce petit st Bernard Cévenol. Quand je l’ai vu pour la premièrefois, vers 1912, sa chapelle était restée intacte. Il n’y avait que la première partie de la nef quis’était déjà écroulée. L ‘abside romane était encore debout et la façon dont avaient été tailléesses pierres témoignait d’un haut degré de civilisation. C’était, de toute évidence, un héritage deRome. C’était ce qui m’enchantait dans cette petite chapelle de montagne. Elle me semblaitindestructible et faite pour résister à tous les accidents du temps, autant que la terre elle-même.J’ai pourtant vu, dans les premières années de ma vie s’effondrer la nef toute entière et plus dela moitié de l’abside ».Rappelons qu’André CHAMSON est né en l’an 1900.Autre témoignage, celui de Germer DURAND : « En 1894 la voûte de l’abside étaitencore en place. C’est en 19410 que la neige effondra la voûte en son milieu ».


16Il n’en reste plus, en haut des pans de mur, qu’une sculpture, ligne pure et arrondie,cordon courant tout au long de la voûte…Le seul élément de décor architectural.****La négligence de l’homme fut aidée par la nature, autre élément destructeur.En effet, à mi-hauteur du versant, au nord, au-dessus des bâtiments court la faille duBonheur, énorme fracture orientée est-ouest qui peut être suivie de Valleraugue jusqu’auCausse Noir, sur une trentaine de kilomètres.Cette faille est responsable de glissements de terrain et des éboulis qui ont progressivementcomblé le côté nord de l’église, jusqu’à plus de 3 mètres de hauteur la grande partie de cesmurs… Ces comblements ont été dégagés au cours des chantiers remparts de 1997.Et les hommes ?Dans les années après la dernière guerre, Notre Dame de Bonheur ruinée, abandonnéeétait devenue une carrière de belles pierres taillées, dépecée, éventrée, en toute impunité.On disait « des ruines qui se ruinent ».Abandonnée, elle était rentrée dans l’oubli collectif, reconvertie en cheminées, barbecues, portesouvragées, murs de clôture de villas.


17CINQUIEME TABLEAUL’ESPOIRPremier cri d’alarmeRendons hommage à Adrienne DURAND-TULLOU grande dame cévenole, éruditeincontournable.Nous la citons : « maintes fois dans les années 1971-80, j’ai subi un attrait irrésistible pour cettemasse architecturale encombrée de ronces, d’arbustes, voire de grands arbres qui la masquaient,l’envahissaient.Quelle merveille que cet agencement de blocs méticuleusement taillés et agencés.Vint un jour où je constatais que la partie la plus accessible s’amenuisait en mêmetemps que des traces de va-et-vient s’accentuait.Le doute n’était plus possible, Bonahuc (Notre Dame de Bonheur en cévenol) devenait unecarrière d’une valeur exceptionnelle : pas question de pierre de qualité à l’état brut, mais biend’un matériau prêt à l’emploi.Avec l’aide d’un ami des alentours une petite enquête fur menée ; Le résultat me plongea dansun mélange de tristesse et de révolte. Il fallait que cela cesse, mais de quelle manière ?D’abord montrer que ce pillage constituait un sacrilège, une atteinte inadmissible aupatrimoine ancestral de ce coin de montagne. Ensuite trouver une solution pour sauver ce quien subsistait.Une voix intérieure me soufflait : « lances-toi, tu verras bien ».Ce n’était pas la première fois que je tentais un sauvetage. J’en avais même réussis quidevaient déclencher surprise, railleries, embûches, et pour finir une certaine considérationprudente…Bonahuc c’était tout autre chose : à bonne distance, dans un milieu moins familier – etsurtout c’était ce qu’on appellerait « un gros morceau …La voix continuait de me harceler. Je me décidais…Bref, en 1983, les Editions <strong>Cévennes</strong> Magazine publiaient :BONAHUC,AU CŒUR DES CEVENNESJe commençais à respirer. Bonahuc n’était plus un clapas où tout un chacun pouvaitpuiser sans vergogne – mais un monument qui appelait au secours ».Continuons la lecture de ce texte, écrit en 1996.


18« L’appel avait été perçu avant même d’être lancé et ce par une femme venue envacances un peu plus bas dans la montagne où elle devait décider de vivre une partie del’année.En présence des ruines , elle avait subit un choc, perçu le message, accepté la mission ».C’est ainsi qu’Adrienne DURAND-TULLOU, mon amie, me fait entrer dans un univers positifpour Notre Dame de Bonheur.****En fait, cela faisait très longtemps que j’avais été attirée par ces remarquables vestiges.Exactement depuis une soixantaine d’années !C’était d’abord avec un crayon, un pinceau et de l’encre de chine que j’avais essayé dereprendre pierre à pierre ces murs, ces arcades, ces voûtes…Parfois une teinted’aquarelle….Difficile aventure, en solitaire !Puis, avec l’aide d’Adrienne, documents, témoignages, archives…dont le rarissime cartulairem’ont ouvert les clefs de la vie au Bonheur…Enfin commença la grande aventure.Pendant 6 ans des jeunes volontaires de Remparts, venus parfois de lointainescontrées : île de la Réunion, Afrique, Tchétchénie, Suède, Islande, Allemagne, Angleterre,Irlande, Portugal, Espagne, Paris et régions de France, ont animé les étés au Bonheur.Avec leur volonté d’œuvrer pour un patrimoine français, leur enthousiasme , leurdisponibilité à toute épreuve, dans des conditions très dures et très rustiques, ils sont venus,bénévoles, essayer de sauver ce que les hommes avaient abandonné.Redonner vie à Notre Dame de Bonheur, la réveiller de sa mortelle torpeur.En vérité nous devons les remercier grandement. Ils ont remis à jour les bases del’édifice, seau après seau, ils ont déblayé la pente dangereuse de la montagne, et surtout ils ontredonné vie au Bonheur…Leur récompense ? De grandes, de très grandes découvertes :- le tympan enseveli sous les ruines de la façade ;- deux stèles discoïdales ;- des monnaies couvrant curieusement chaque siècle, de 12 ième au 17 ièmesiècle, apportant la preuve de 6 siècles d’existence.Grâce à eux Notre Dame de Bonheur a retrouvé vie parmi nous.Et l’on ne saurait penser à ces jeunes bénévoles, courageux et intelligents, pleins de vie etheureux de sacrifier leurs vacances pour de dures corvées…De penser à eux sans émotion etgrande reconnaissance.


19DERNIER TABLEAUL’AN 2000 – LE BILANNOTRE DAME DE BONHEUR, aux regards des randonneurs c’est une naturesplendide, encore protégée.Ce sont des ruines impressionnantes, un espace clos encore délimité par des mursécroulés, un porche qui a dû être monumental, une église dont on peut encore admirer unearcade et une partie du transept…Un bâtiment, couvert de tôle, longue étable barrant le fondde la cour et, en façade une sorte de maison caussenarde…en ruines…Oui, ce sont des ruines dangereuses…Belles, peut-être, attachantes, certainement,suggestives, sans nul doute…Notre Dame de Bonheur est retournée dans son silence après ce bel élan qui n’a duréque quelques années.Ce soir, nous avons essayé de sortir Notre Dame de Bonheur de son dangereux silence…Et nous devons, comme Adrienne DURAND-TULLOU, lancer un S.O.S. : il faut sauver NotreDame de Bonheur parce que c’est notre patrimoine, le témoin qui nous parle des générationsqui nous ont précédé.Elle en est aussi l’exemple parfait car elle conjugue encore le bonheur, les richesses denoter culture cévenole et les richesses d’une nature encore vivante et protégée.De plus, par son Cartulaire, ses livres de comptes, ses registres paroissiaux, elle nous apporteun plus certain :- celui de la vie du 12 ième siècle au 18 ième siècle ;- celui de la belle histoire de notre coin cévenol.Par ses découvertes sous la gangue des siècles, son tympan, ses pierres remarquables,ses monnaies, elle nous convie à revivre avec elle des siècles d’histoire.****Comme toute vie humaine elle a eu ses moments de gloire, puissante et riche ; elle futblessée dans des périodes sanglantes et fratricides, puis agonisante dans un monde devenuindifférent. Mais elle fut toujours compatissante auprès des hommes, puis réconfortée,régénérée par des jeunes idéalistes venus du monde entier.Maintenant, elle a retrouvé sa place dans nos mémoires…Cela est très positif…Mais nous devons continuer à penser à elle, à parler d’elle….


20C’est ainsi qu’est née l’association :PRIEURE NOTRE DAME DE BONHEURen 1993.Son rôle est ainsi défini : « - faire connaître, protéger et sauvegarder Notre Dame deBonheur et son environnement ;- obtenir le classement de l’ensemble architectural de NotreDame de Bonheur ;- engager toute opération de sauvegarder et de recherchehistorique sur Notre Dame de Bonheur ».****C’est en 1993 que notre action a commencé. Nous avons tenté de faire ce qui paraissait il y apresque vingt ans encore impossible.Nous vous devons de faire, ce jour, 18 septembre <strong>2010</strong>, un bilan vrai, réaliste.La SITUATION ACTUELLE DE NOTRE DAME DE BONHEUR est la suivante :D’abord celle de l’EGLISE : elle demande tragiquement des travaux d’urgence :- urgence pour le transept nord : c’est la seule partie encore voûtée, avec unecouverture encore conservée qui avait été sauvée provisoirement par les jeunes des chantiersRemparts.Or, depuis deux ans, les neiges hivernales sont attendues avec grande crainte car ily a menace d’écroulement…Des travaux d’urgence, avant la mauvaise saison par une entreprisespécialisée s’imposent…- Travaux aussi à réaliser d’urgence sur le transept sud dont l’arcade en pleincintre, reconstituée et consolidée par les jeunes de Rempart, montre des bases dangereusementérodées.Enfin, pour l’ensemble de l’édifice, lors de la remise au sol, les jeunes de Rempart ont, pourtoute pierre – hors murs, établi un inventaire, voire un dessin avec mesures…Ce travail a servi de base à deux campagnes d’études scientifiques en 206 et 32008 sousla responsabilité de Madame VAN DE VOORDE, ingénieur belge, spécialisée dans larestauration des monuments et sites…aidée par des bénévoles adultes dont certains sont danscette salle….1126 pierres ont été ainsi mesurées, répertoriées.Cette étude a fait l’objet de deux importants rapports qui attendent d’être traités eninformatique en vue d’une virtuelle possible reconstruction de leur place dans l’édifice.Ceci est donc une affaire technique très pointue – de techniques et de crédits.Quant à la maison claustrale, bien qu’elle soit une propriété privée ainsi que murd’enceinte, cour et bâtiment d’étable, force est de constater que ces toutes dernières années


21d’abandon total ont vu, derrière sa façade échancrée de ferme caussenarde du 19 ième siècle,l’aggravation, la destruction de ses structures intérieures, le vol il y a quelques année d’unegrande quantité de pierres et leur écroulement, transformant l’ensemble en ruines trèsdangereuses.****Nous avons essayé, au cours de cet exposé, de vous décrire toute l’importance de cetteancienne résidence des chanoines :- tour des tempêtes certaine,- première chapelle ?C’est là que furent écrites les pages du Cartulaire, que furent rédigées les actes des registresparoissiaux de 1696 à 1792…Tout est ruines dangereuses…Il y a des décennies, l’on pouvait encore pénétrer à l’intérieur et monter par l’escalierde longues pierres taillées jusqu’au premier étage , et admirer les pièces résidentielles deschanoines avec leurs remarquables cheminées et leurs portes sculptées…après avoir admiré lespièces voûtées du rez-de-chaussée.Ne pourrait-on prévoir un programme de fouilles scientifiques qui permettraient peutêtrede percer quelques mystères de Notre Dame de Bonheur ?S’il n’est pas encore trop tard !


22EN CONCLUSIONNous pensons encore plus fort maintenant que faire revivre Notre Dame de Bonheur etla sauver du criminel oubli, c’est peut-être accomplir le devoir de redonner vie à ce :- rare ensemble architectural- rare témoin de la vie dans nos <strong>Cévennes</strong> du Haut Moyen Age à nos jours.Notre devoir c’est de laisser aux générations futures ce joyau architectural dans sanature aussi remarquable.Notre devoir c’est de transmettre ce qui a rythmé pendant des siècles la vie de ceshautes montagnes.Notre Dame de Bonheur a sans doute encore beaucoup de secrets à nous livrer.Alors, assisterons-nous, ou plutôt serons-nous responsables de l’effondrement de sesvoûtes et arcades ?Laisserons-nous s’écrouler ces témoins d’un passé où les hommes par leur aspirationau meilleur ont édifié, dans une nature ingrate, un œuvre avec leur esprit, leurs mains, leurchair, dans un temps où le travail était seulement réglé par la carté des jours.Car de ce monde disparu qui nourrit encore tous nos rêves, car il n’a pas encore livré tous sessecrets, ce monde qui nous rappelle que nous appartenons à la famille de ces créateurs, de cesrêveurs d’une société idéale, oeuvrant pour accéder à la beauté, nous ne sommes que lespassagers dans des temps indéfinis.Mais des passagers qui doivent être conscients et responsables de la survie des créations dupassé.Notre devoir c’est de les protéger pour les transmettre.Longue vie à Notre Dame de Bonheur.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!