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Olivier LISEIN Chargé de recherche, LENTIC - HEC-Ecole de ...

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ENJEUX DES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ : UNE RÉPONSEPAR LE DÉVELOPPEMENT DE PRATIQUES DE GOUVERNANCEAPPROPRIÉES<strong>Olivier</strong> <strong>LISEIN</strong>Chargé <strong>de</strong> <strong>recherche</strong>, <strong>LENTIC</strong> - <strong>HEC</strong>-<strong>Ecole</strong> <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> LiègeChargé <strong>de</strong> cours adjoint, <strong>HEC</strong>-<strong>Ecole</strong> <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> LiègeVisiting Scholar, McCallum Graduate School of Business, Bentley University<strong>LENTIC</strong> - <strong>HEC</strong>-<strong>Ecole</strong> <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> LiègeBoulevard du Rectorat, 19, Bât. B.51, B-4000 Liège (campus Sart Tilman)Tél. : +32 43 66 30 70 - Fax : +32 43 29 47 - Mail : O.Lisein@ulg.ac.beGiseline RONDEAUXChargée <strong>de</strong> <strong>recherche</strong>, <strong>LENTIC</strong> - <strong>HEC</strong>-<strong>Ecole</strong> <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong>Liège<strong>LENTIC</strong> - <strong>HEC</strong>-<strong>Ecole</strong> <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> LiègeBoulevard du Rectorat, 19, Bât. B.51, B-4000 Liège (campus Sart Tilman)Tél. : +32 43 66 30 70 - Fax : +32 43 29 47 - Mail : G.Ron<strong>de</strong>aux@ulg.ac.be7ème Congrès <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> L’Entrepreneuriat et <strong>de</strong> l’InnovationParis, 12-15 octobre 2011


ENJEUX DES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ : UNE RÉPONSEPAR LE DÉVELOPPEMENT DE PRATIQUES DE GOUVERNANCEAPPROPRIÉESRésuméLes réseaux d’innovation, pôles <strong>de</strong> compétitivité et autres clusters d’entreprises constituent unterrain <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> particulièrement prisé ces <strong>de</strong>rniers temps, dans le prolongementnotamment <strong>de</strong>s nombreuses initiatives politiques visant à encourager ces formes <strong>de</strong>regroupements territorialisés d’organisations pour soutenir l’entrepreneuriat, l’innovation et ledéveloppement économique local. Entre autres thématiques d'étu<strong>de</strong>s, la question <strong>de</strong>spratiques <strong>de</strong> gouvernance à mettre en œuvre au sein <strong>de</strong> ces structures réticulaires constitue unenjeu central, qui appelle le développement <strong>de</strong> travaux analytiques dédiés et l'apport <strong>de</strong>recommandations managériales appropriées. La réalisation d'une <strong>recherche</strong> exploratoire axéesur la compréhension <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivitépromus en Belgique dans le cadre du Plan Marshall – initiative mise en œuvre par lespouvoirs politiques pour accentuer le développement économique <strong>de</strong> la Région Wallonie-Bruxelles – s'inscrit dans ce cadre. Elle nous permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce plusieurspratiques clés en matière <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité. Nous les articulonsautour <strong>de</strong> six axes, qui constituent autant <strong>de</strong> défis majeurs <strong>de</strong> la gestion et du pilotage <strong>de</strong> cetteforme <strong>de</strong> groupement territorialisé d'organisations : (1) composer le partenariat <strong>de</strong> sorte àconstituer un réel réseau d’innovation ; (2) développer un objectif commun partagé à traversune fédération <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s parties prenantes ; (3) favoriser l’implication et la collaborationeffectives <strong>de</strong>s différentes catégories d’acteurs ; (4) adopter un modèle <strong>de</strong> coordination évolutifet partagé par les parties ; (5) assurer le monitoring du réseau ; (6) pérenniser le réseau au <strong>de</strong>là<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s couvertes par les financements publics initiaux. Sans pour autant être <strong>de</strong>s « keysucces factors » immuables, les pratiques <strong>de</strong> gouvernance que nous mettons en exergue autravers <strong>de</strong> ces six axes offrent différents éléments <strong>de</strong> réflexion utiles aux gestionnaires <strong>de</strong>projets amenés à coordonner tout ou partie <strong>de</strong>s activités d’un pôle <strong>de</strong> compétitivité, tout enproposant par ailleurs <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réponses aux appels <strong>de</strong> la communauté scientifiquesoucieuse <strong>de</strong> voir se développer les <strong>recherche</strong>s permettant d’appréhen<strong>de</strong>r plus finement lespratiques <strong>de</strong> gouvernance à l’œuvre au sein <strong>de</strong>s réseaux d'innovation.Mots clés : innovation, pôles <strong>de</strong> compétitivité, réseau, enjeux, gouvernance, pratiques


IntroductionLa médiatisation croissante <strong>de</strong>s réseaux d’innovation, pôles <strong>de</strong> compétitivité et autres clusters,renforcée notamment par <strong>de</strong>s initiatives politiques encourageant les entreprises à collaborerentre elles pour accroître leur capacité d’innovation et soutenir le développement économiquelocal, conduit les chercheurs et praticiens à s’intéresser davantage à ces nouvelles formesd’organisation et aux enjeux divers qu’elles soulèvent, aussi bien sur les plans géographique,économique, stratégique et structurel que politique, juridique et sociétal pour n’en citer queles principaux. En effet, <strong>de</strong>puis les travaux <strong>de</strong> Porter (1998), qui ont remis au goût du jour lespréconisations <strong>de</strong> Marshall (1890) sur la nécessaire concentration géographique d’activitésindustrielles spécialisées en vue <strong>de</strong> favoriser la prospérité économique <strong>de</strong>s états et <strong>de</strong>s régionset l’engouement croissant que portent désormais les pouvoirs publics à cette forme <strong>de</strong>structuration <strong>de</strong> l’entrepreneuriat, on assiste à une réelle montée en puissance <strong>de</strong>s <strong>recherche</strong>sthéoriques et empiriques sur les clusters d’entreprises et les réseaux d’innovation, menéesaussi bien au travers <strong>de</strong>s prismes <strong>de</strong> la géographie économique que <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> gestion.Au sein <strong>de</strong> cette multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> perspectives <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> que soulèvent actuellement lesgroupements territorialisés d’organisations (Wolfe et Gertler, 2004 ; Carluer, 2005 ; Ehlingeret al., 2007 ; Retour, 2009 ; Weil et al., 2010), quelle que soit leur forme effective, notreintérêt se concentre essentiellement sur la question <strong>de</strong> la gouvernance <strong>de</strong> tels réseaux. Ces<strong>de</strong>rniers font en effet l’objet <strong>de</strong> nombreux enjeux qui appellent le développement et la mise enœuvre <strong>de</strong> solutions adaptées en matière <strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> pilotage (Keast et Hampson,2007 ; Ehlinger et al., 2007 ; Provan et Kenis, 2008 ; Bocquet et Mothe, 2009 ; Gomez, 2009),notamment en ce qui concerne la mise en place d’une dynamique stratégique propre auréseau, le développement <strong>de</strong> pratiques coopératives entre partenaires, la régulation <strong>de</strong>stensions et <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force à même <strong>de</strong> naître au sein du partenariat, le transfert potentiel<strong>de</strong> connaissances entre parties prenantes ou encore l’encouragement <strong>de</strong> la (co-)générationd’idées innovantes, par ailleurs rentables économiquement.C’est dans ce contexte général que s’insère notre communication. Au cours <strong>de</strong> celle-ci, nouscherchons plus particulièrement à i<strong>de</strong>ntifier les pratiques <strong>de</strong> gouvernance qu’il est souhaitable<strong>de</strong> mettre en œuvre pour rencontrer les objectifs avoués <strong>de</strong>s groupements territorialisésd'organisations, répondre aux enjeux et aux risques inhérents qu’ils soulèvent et anticiper lestensions susceptibles d’y prendre forme. Sans pour autant nous insérer dans une logiquenormative ni poursuivre un processus d’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> « best practices » <strong>de</strong> la gouvernance<strong>de</strong>s réseaux d’innovation – et plus particulièrement <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité, cœur <strong>de</strong> notreréflexion –, notre propos entend offrir <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réponses aux appels <strong>de</strong>s académiques,professionnels et praticiens qui estiment nécessaire <strong>de</strong> cerner plus en avant les modèles etdispositifs <strong>de</strong> gouvernance envisageables pour supporter le développement <strong>de</strong>s réseauxterritorialisés d'organisations, maximiser les chances <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong>s partenariats collaboratifs1


ainsi constitués et favoriser l’atteinte <strong>de</strong> leurs objectifs intrinsèques (voir entre autres Ehlingeret al., 2007 ; Gomez, 2009 ; Retour, 2009 ; Weil, 2009 ; Weil et al., 2010).Pour ce faire, nous structurons notre réflexion <strong>de</strong> la façon suivante. Après avoir positionnénotre propos dans le contexte actuel <strong>de</strong> promulgation <strong>de</strong>s réseaux d’innovation, noussoulevons la question <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gouvernance à mettre en œuvre pour favoriser larégénération <strong>de</strong> l’entrepreneuriat et l’émergence d’innovations viables économiquement viales pôles <strong>de</strong> compétitivité. Questionnements auxquels nous tentons d’apporter différentséléments <strong>de</strong> réponses dans la suite <strong>de</strong> notre réflexion, à travers la mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> bonnespratiques <strong>de</strong> gestion détectées au cours d’une <strong>recherche</strong> exploratoire axée sur lacompréhension <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité promusen Belgique dans le cadre du Plan Marshall, initiative politique mise en œuvre pour accentuerle développement économique <strong>de</strong> la Région Wallonie-Bruxelles (Belgique).1. Les pôles <strong>de</strong> compétitivité, une vision renouvelée <strong>de</strong>s réseaux d’innovationDerrière les concepts <strong>de</strong> clusters et <strong>de</strong> pôles <strong>de</strong> compétitivité – pour reprendre les vocables lesplus fréquemment cités dans la littérature spécialisée, la presse économique et les discourspolitiques – se cache une nouvelle façon <strong>de</strong> considérer les pratiques <strong>de</strong> collaboration interorganisationnelleà travers la formation <strong>de</strong> « réseaux d’innovation » (Ahuja, 2000 ; Knight etPye, 2005 ; Jacquet et Darmon, 2005 ; Harryson et al., 2008). Sans être un phénomènenovateur dans sa logique constitutive, l’approche par clusters et par pôles est particulièrementappréciée et encouragée ces <strong>de</strong>rniers temps par les pouvoirs publics (Benneworth et al., 2003 ;Aliouat, 2010), qui y voient l’opportunité <strong>de</strong> renouveler les approches traditionnelles <strong>de</strong>l’entrepreneuriat ainsi que <strong>de</strong> renforcer les capacités concurrentielles <strong>de</strong>s entreprises et <strong>de</strong>srégions territoriales dans un environnement économique sans cesse plus compétitif (Bidan etDherment-Fevere, 2009 ; Weil et al., 2010). Nombreuses sont ainsi les initiatives etpolitiques incitatives mises en place ces <strong>de</strong>rnières années par les pouvoirs publics pourstimuler les partenariats d’affaires et les pratiques collaboratives et ce, dans le prolongement<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s montrant comment la constitution <strong>de</strong> tels clusters contribue à la générationd’innovations et à l’expansion économique d’une région ou d’une nation (Porter, 1998, 2000).Néanmoins, <strong>de</strong>rrière cet empressement <strong>de</strong>s acteurs politiques et professionnels pour lesstimulants stratégiques et économiques qu’est censé procurer le développement <strong>de</strong> pôlesd’expertises, il apparaît que les regroupements territorialisés d’organisations ne s’opèrent pasnécessairement sous <strong>de</strong>s optiques homogènes. Au contraire, la littérature spécialisée soulignecombien ces réseaux d’innovation peuvent prendre <strong>de</strong>s formes diverses – qui ten<strong>de</strong>nt parailleurs à engendrer certaines confusions dans les écrits sur le sujet (Benneworth et Henry,2004). Si toutes se rejoignent sur l’idée <strong>de</strong> mise en interaction – ou <strong>de</strong> mise en réseaux –2


d’organisations ancrées sur un même territoire autour d’un objectif commun, elles n’enprésentent pas moins certaines nuances quant à leur constitution et finalités exactes. Sansrevenir ici sur les travaux fondateurs <strong>de</strong> Porter (1998) et sur les critiques qu’ils ont reçuesquant au caractère particulièrement générique et vague <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> cluster qui y estproposée (Martin et Sunley, 2003 ; Benneworth et al., 2003 ; Benneworth et Henry, 2004) nisur les différentes propositions <strong>de</strong> typologies qui ont ensuite émergé pour tenter <strong>de</strong>caractériser plus en avant les différentes formes <strong>de</strong> réseaux d’innovation (voir entre autresMoulaert et Sekia (2003), Carluer (2005), Salvador et Chorincas (2006), Calmé et Chabaud(2007) ainsi que Defélix et al. (2008)), il nous semble toutefois utile <strong>de</strong> lever certainesambiguïtés conceptuelles autour <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> clusters et <strong>de</strong> pôles <strong>de</strong> compétitivité.La matrice analytique <strong>de</strong>s différentes formes <strong>de</strong> collaborations inter-organisationnellesproposée par Defélix et al (2008) permet à ce titre <strong>de</strong> caractériser plus en avant les réseauxd’innovation et autres groupements territorialisés d’organisations et ce, à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux axes :un premier où les auteurs qualifient le <strong>de</strong>gré d’homogénéité – ou d’hétérogénéité – <strong>de</strong>sorganisations constitutives du partenariat ; un second qui renvoie à la reconnaissance et àl’appui ou non du réseau par les pouvoirs publics. Le croisement <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux axes amèneDefélix et al. (2008) à proposer le tableau synthétique suivant, où ils reprennentrespectivement les concepts <strong>de</strong> districts industriels, <strong>de</strong> clusters, <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> productionslocaux et <strong>de</strong> pôles <strong>de</strong> compétitivité :La collaboration est d’abordvoulue par les acteurs eux-mêmesLa collaboration est reconnue etrenforcée par les pouvoirs publicsLes partenaires sonttous <strong>de</strong>s entreprisesLes partenaires sont <strong>de</strong>sorganisations variées :entreprises, universités, etc.Districts industrielsClustersSystèmes productifs locauxPôles <strong>de</strong> compétitivitéFigure 1 – Typologie <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> regroupements territorialisés d’organisations(source : adapté <strong>de</strong> Defélix et al., 2008)Dans cette classification en quatre temps proposée par Defélix et al. (2008), les clusters et lespôles <strong>de</strong> compétitivité se différencient <strong>de</strong>s autres formes <strong>de</strong> groupements territorialisésd’organisations par l’approche globale qui sous-tend leur logique constitutive, laquelle vise àassocier tous les acteurs concernés – entreprises, centres <strong>de</strong> <strong>recherche</strong>, centres <strong>de</strong>compétences, pouvoirs publics, etc. – par une thématique industrielle commune dans unedémarche conjointe autour d’un projet fédérateur. On notera en outre, à la lumière <strong>de</strong>sprécisions apportées par Defélix et al. (2008), Retour (2009) ainsi que Men<strong>de</strong>z et Bar<strong>de</strong>t(2009), que, contrairement aux clusters où l’initiative <strong>de</strong> constitution d’un réseau d’innovationrepose davantage sur les acteurs partenaires eux-mêmes, les pôles <strong>de</strong> compétitivité ne3


ésultent pas d’une forme spontanée <strong>de</strong> regroupement d’organisations mais sont généralementle fruit d’une politique volontariste <strong>de</strong> soutien à l’innovation impulsée par les autoritéspubliques et politiques.Dans la définition qu’il donne d’un pôle <strong>de</strong> compétitivité, Retour (2009) insiste lui aussi sur laforte hétérogénéité <strong>de</strong>s organisations parties prenantes <strong>de</strong> cette forme <strong>de</strong> réseau d’innovation –qu’il assimile à « une combinaison, sur un espace géographique donné, d’entreprises, <strong>de</strong>centres <strong>de</strong> formation et d’unités <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> publiques et privées, qui s’engagent à travaillerensemble au sein d’une même structure, afin <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s synergies autour <strong>de</strong> projetscommuns à caractère innovant » (Retour, 2009, p.93) – et <strong>de</strong>s enjeux que cette situationsoulève en termes <strong>de</strong> collaborations effectives <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s partenaires. Pour lui, les pôles <strong>de</strong>compétitivité ne « seront véritablement une réussite [que] si les différents acteurs qui lescomposent parviennent réellement à coopérer entre eux en transcendant d’une manière oud’une autre les objectifs spécifiques que chacun poursuit, les différences culturelles qui lescaractérisent » (Retour, 2009, p.98).On le comprendra aisément à la lecture <strong>de</strong> ces propos : tout l’enjeu <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivitéet la clé <strong>de</strong> leur succès rési<strong>de</strong>nt dans le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> gouvernance d’une tellestructure partenariale, composée d’acteurs multiples, multi-formes et mus par <strong>de</strong>s intérêts et<strong>de</strong>s logiques d’actions différenciés (Bocquet et Mothe, 2009 ; Men<strong>de</strong>z et Bar<strong>de</strong>t, 2009). Ledéveloppement d’une certaine proximité entre la pluralité d’acteurs qui composent le pôle,l’instauration <strong>de</strong> pratiques collaboratives effectives entre organisations partenaires,l’apprentissage intra- et inter-organisationnel au contact <strong>de</strong>s expertises propres à chaque partieprenante ainsi que l’exploitation judicieuse <strong>de</strong>s synergies rendues possibles par l’approche enpôles d’expertises apparaissent être autant d’éléments à construire et <strong>de</strong> pratiques àdévelopper au fur et à mesure <strong>de</strong> l’évolution du pôle pour rencontrer les objectifs d’innovationqui y sont assignés (Holmqvist, 2003 ; Knight et Pye, 2005 ; Men<strong>de</strong>z et Bar<strong>de</strong>t, 2009).Perspective qui appelle le développement et la mise en place <strong>de</strong> solutions adaptées en matière<strong>de</strong> gouvernance et <strong>de</strong> management (Ehlinger et al., 2007 ; Keast et Hampson, 2007), loin <strong>de</strong>spratiques usuelles habituellement développées et mises en place par les entreprises et/ou lespartenariats d’affaires plus classiques (Gomez, 2009 ; Retour, 2009).2. Quelles pratiques <strong>de</strong> gouvernance favoriser ?Entendue au travers <strong>de</strong> sa conception la plus large, à savoir les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong>srapports entre les différentes parties prenantes (Ehlinger et al., 2007) ou encore « theprocesses and systems by which an organization or society make <strong>de</strong>cisions about how it willoperate » (Keast et Hampson, 2007, p.365), la gouvernance <strong>de</strong>s réseaux d’expertise estreconnue comme étant centrale dans le succès <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers et dans les retombées positives4


qu’ils peuvent engendrer. Cette tendance est explicitement mise en avant par Gomez (2009)qui résume l’importance <strong>de</strong> la gouvernance d’un pôle <strong>de</strong> compétitivité au travers <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>uxprincipales finalités : créer <strong>de</strong>s externalités positives bénéficiant à tous les membres du réseauet générer un avantage concurrentiel aux organisations partenaires, qu’elles n’auraient puobtenir sans être parties prenantes du pôle.Renforcées par le fait que le fonctionnement et le succès <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité reposentsur une importante dimension collaborative (Semlinger, 2008), les pratiques <strong>de</strong> gouvernanceapparaissent essentielles dans la gestion <strong>de</strong>s enjeux et <strong>de</strong>s risques propres aux formesréticulaires d’organisations que sont les pôles <strong>de</strong> compétitivité. Men<strong>de</strong>z et Messeghem (2009,p.139) soulignent d’ailleurs dans ce cadre la nécessité <strong>de</strong> privilégier <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>gouvernance qui dépassent le simple « ensemble <strong>de</strong> processus <strong>de</strong> coordination entre lesacteurs lors <strong>de</strong> relations contractuelles », tant les enjeux <strong>de</strong>s dynamiques collaboratives àl’œuvre sont plus larges que la seule sphère économique. Tel est notamment le sens <strong>de</strong>spropos <strong>de</strong> Gilly et Wallet (2001 ; cités dans Men<strong>de</strong>z et Bar<strong>de</strong>t, 2009, p.127), qui voient dansles actions <strong>de</strong> gouvernance un « processus <strong>de</strong> confrontation et d’ajustement tout à la fois <strong>de</strong>systèmes <strong>de</strong> représentations et d’actions <strong>de</strong> groupes d’acteurs proches géographiquementmais pouvant être issus <strong>de</strong> champs organisationnels et institutionnels différents en vue <strong>de</strong> laréalisation d’un projet local <strong>de</strong> développement ». Les pratiques <strong>de</strong> gouvernance se doiventpar conséquent d’intégrer <strong>de</strong>s composantes multiples, qui influent inévitablement surl’organisation et la gestion du pôle : le contexte territorial, l’hétérogénéité <strong>de</strong>s organisationsimpliquées et <strong>de</strong> leurs objectifs, l’historique <strong>de</strong> relations antérieures entre acteurs du pôle,l’évolution du réseau, etc. Autant d’éléments qui conduisent Ehlinger et al. (2007, p.158) àconsidérer la gouvernance d’un pôle <strong>de</strong> compétitivité comme « une forme hybri<strong>de</strong> <strong>de</strong>relations marchan<strong>de</strong>s et non marchan<strong>de</strong>s visant à adapter, coordonner et contrôler leséchanges entre <strong>de</strong>s entités autonomes et hétérogènes par <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> régulationcomplexes <strong>de</strong> nature transactionnelle et relationnelle, économique et sociale ».Ce n’est qu’à travers une telle perspective multiple <strong>de</strong> la gouvernance que les acteurs <strong>de</strong>spôles <strong>de</strong> compétitivité <strong>de</strong>vraient parvenir à rencontrer leurs objectifs et à satisfaire leursintérêts. Il n’en <strong>de</strong>meure toutefois pas moins vrai que si les finalités <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>gouvernance sont connues et clairement formulées dans les divers écrits sur le sujet, lesmodalités effectives <strong>de</strong> leur mise en œuvre restent par contre sujettes à <strong>de</strong> nombreusesinterrogations. Parmi les nombreux auteurs (voir entre autres Ehlinger et al., 2007 ; Provan etKenis, 2008 ; Gomez, 2009 ; Retour, 2009 ; Weil, 2009 ; Weil et al., 2010) qui confortent ceconstat – et appellent la réalisation <strong>de</strong> <strong>recherche</strong>s complémentaires permettant <strong>de</strong> mieuxcerner la façon <strong>de</strong> gérer dans les faits les pôles <strong>de</strong> compétitivité pour soutenir leurdéveloppement –, Ehlinger et al. (2007, p.161) affirment explicitement que l’expansion <strong>de</strong>sréseaux d’innovation soulève <strong>de</strong> façon critique le besoin « d’interroger plus en profon<strong>de</strong>ur lesmodèles <strong>de</strong> gouvernance envisageables et d’i<strong>de</strong>ntifier un cadre théorique susceptible d’ai<strong>de</strong>r5


à la construction d’un système <strong>de</strong> gouvernance pour les réseaux territorialisés ». Deman<strong>de</strong>que confirme Retour (2009, p.97), pour qui « la nouvelle configuration organisationnelle quereprésentent les pôles <strong>de</strong> compétitivité appelle clairement <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue aussi <strong>de</strong>sréponses originales et qui restent en partie à construire ». C’est dans cette optique ques’inscrit la suite <strong>de</strong> notre réflexion, axée sur l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> pratiques clés <strong>de</strong> gouvernance<strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité <strong>de</strong>vant conduire leurs parties prenantes à agir en tant qu’acteursd’un réseau collaboratif et, ce faisant, à rencontrer leurs aspirations, en termes notammentd’apprentissage et d’échanges cognitifs, <strong>de</strong> synergies effectives ainsi que <strong>de</strong> (co-)générationd’innovations rentables économiquement.3. MéthodologiePour rencontrer ces objectifs, nous avons étudié les logiques <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité promus dans le cadre du Plan Marshall, plan <strong>de</strong> développement économique <strong>de</strong>la Région Wallonie-Bruxelles (Belgique). Rencontrant parfaitement les définitions théoriquesque nous en donnons ci-<strong>de</strong>ssus, ces pôles 1 associent <strong>de</strong>s entreprises privées, <strong>de</strong>s laboratoires<strong>de</strong> <strong>recherche</strong> ainsi que <strong>de</strong>s établissements d’enseignement et/ou <strong>de</strong> formation continueconcernés par un même domaine d’activités. Lancés en 2006, ils constituent un terrain <strong>de</strong><strong>recherche</strong> particulièrement pertinent et intéressant pour mener à bien notre réflexionexploratoire, permettant à la fois <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> données actuelles, <strong>de</strong> suivre un projetexpérimental quasiment <strong>de</strong>puis son initialisation et <strong>de</strong> comprendre les dynamiques qui semettent en œuvre dans <strong>de</strong>s réseaux nouvellement créés en vue <strong>de</strong> la génération d’innovations.Sans entrer dans une logique évaluative <strong>de</strong>s actions qui y sont menées, nous nous sommesintéressés aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement et <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong> ces pôles au travers <strong>de</strong>s projetspartenariaux qui s’y sont progressivement développés. Pour cerner au mieux ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>fonctionnement et disposer d’un recul suffisant en la matière, nous avons procédé à un suivilongitudinal <strong>de</strong> ces pôles pendant trois années consécutives, optique qui permet en outre <strong>de</strong>bien comprendre la façon dont les dynamiques en la matière se sont progressivementconcrétisées et ont évolué au cours du temps.Concrètement, nos objectifs <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> nous ont incités à privilégier une démarche <strong>de</strong>collecte <strong>de</strong> données basée sur plusieurs sources et approches complémentaires. La principaled’entre elles a consisté en une immersion complète dans la vie <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivitéétudiés, au travers <strong>de</strong>s techniques d’observation et <strong>de</strong> participation aux projets clés <strong>de</strong>sréseaux étudiés ainsi que via la réalisation d’entretiens avec <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> référence <strong>de</strong>s pôles1 Cinq pôles d’expertise ont plus particulièrement vus le jour en Région Wallonie-Bruxelles au travers du PlanMarshall visant le renforcement <strong>de</strong> la compétitivité <strong>de</strong>s entreprises locales : aéronautique et spatial, transport etlogistique, génie mécanique, agro-industrie, sciences du vivant. Pôles au sein <strong>de</strong>squels les membres sont invités– dans le cadre d’appels dédiés – à soumettre <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> projets collaboratifs dans l’optique <strong>de</strong> bénéficier d’unsoutien financier <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s pouvoirs publics pour en faciliter la concrétisation.6


en question. Ces techniques participatives ont conduit plusieurs chercheurs <strong>de</strong> notre équipe àassister aux réunions <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong> projets mis en œuvre dans le cadre <strong>de</strong> ces pôles <strong>de</strong>compétitivité ainsi qu’aux réunions <strong>de</strong>s comités <strong>de</strong> pilotage pour y récolter les informationsnécessaires à la compréhension <strong>de</strong>s dynamiques à l’œuvre, à la définition <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong>gouvernance <strong>de</strong> telles collaborations, au repérage <strong>de</strong>s tensions structurelles et collaborativesque génèrent inévitablement ce type <strong>de</strong> projet en réseau et à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s solutionsmises en place pour les résoudre. Des entretiens semi-directifs avec <strong>de</strong>s acteurs clés <strong>de</strong>sprojets et <strong>de</strong>s pôles en question – coordinateurs, chefs <strong>de</strong> projets, partenaires business etscientifiques, etc. –, complétés par <strong>de</strong>s interviews d’acteurs tiers néanmoins concernésdirectement par les projets <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité suivis – représentants <strong>de</strong>s pouvoirspublics, délégués du Gouvernement pour le Plan Marshall, interlocuteurs <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong>sEntreprises, directeurs <strong>de</strong>s Agences <strong>de</strong> Stimulation Economique et Technologique, expertsacadémiques, etc. – ont également été réalisés à différentes reprises au cours <strong>de</strong> notreprocessus <strong>de</strong> <strong>recherche</strong>. Ces observations participantes et interviews ont par ailleurs étécomplétées par une analyse approfondie <strong>de</strong>s documents médiatisés dans le cadre <strong>de</strong> cesprojets : procès-verbaux <strong>de</strong> réunions, chartes <strong>de</strong> bonnes conduites entre partenaires, contrats<strong>de</strong> collaborations, comptes-rendus <strong>de</strong> l’avancement <strong>de</strong>s projets collaboratifs, etc. ont constituéautant <strong>de</strong> supports qui nous ont permis à la fois <strong>de</strong> visualiser la vie effective <strong>de</strong>s projets et <strong>de</strong>spôles <strong>de</strong> compétitivité étudiés ainsi que <strong>de</strong> comprendre les enjeux qui y sont soulevés enmatière <strong>de</strong> pratiques <strong>de</strong> gouvernance 2 .Par <strong>de</strong>là ces démarches <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong> données, <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> travail participatives ontégalement été organisées avec les partenaires <strong>de</strong>s différents projets suivis. Concrètement, cesréunions ont dans un premier temps pris la forme <strong>de</strong> restitution du contenu <strong>de</strong> nosobservations dans le but notamment d’informer et <strong>de</strong> sensibiliser les acteurs à nos outputs <strong>de</strong><strong>recherche</strong>. Si ces réunions avaient également pour objectif sous-jacent <strong>de</strong> justifier notreprésence et <strong>de</strong> renforcer notre légitimité aux yeux <strong>de</strong>s partenaires, elles ont aussi permis <strong>de</strong>présenter un premier relevé <strong>de</strong> bonnes pratiques <strong>de</strong> gouvernance détectées dans les différentsprojets, lesquelles ont servi <strong>de</strong> point <strong>de</strong> départ à un travail réflexif et constructif mené avec lesdifférentes personnes ressources impliquées dans les différents projets. Cette secon<strong>de</strong> forme<strong>de</strong> réunions <strong>de</strong> travail, que nous pourrions qualifier <strong>de</strong> séances <strong>de</strong> co-construction <strong>de</strong>connaissances réciproques, visaient à compléter notre relevé <strong>de</strong> bonnes pratiques et à2 Ce <strong>de</strong>scriptif méthodologique ne doit toutefois pas laisser croire que notre investigation empirique <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité a été exempte <strong>de</strong> toute difficulté. Notre accès au terrain a dans certains cas été limité par <strong>de</strong>saccords <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité signés entre partenaires – liés au caractère innovant et stratégique <strong>de</strong>s projetsdéveloppés –, ce qui n’a pas toujours permis aux membres <strong>de</strong> notre équipe d’assister à l’ensemble <strong>de</strong>s réunionsauxquelles nous aurions souhaiter prendre part. De même, la démarche longitudinale mise en œuvre dans lecadre <strong>de</strong> notre projet <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> s’est inévitablement avérée consommatrice <strong>de</strong> temps pour nos interlocuteurs<strong>de</strong> référence, qui faisaient par ailleurs l’objet <strong>de</strong> nombreuses autres sollicitations – autres équipes <strong>de</strong> <strong>recherche</strong>,consultants, pouvoirs publics, auditeurs <strong>de</strong>s projets, presse – étant donné le caractère innovant, expérimental etpolitique <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité mis en place dans le cadre du Plan Marshall. Limites qui nous ont parfoisamenés à ajuster notre dispositif <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong> données en conséquence, sans que cela n’engendre toutefois <strong>de</strong>problèmes majeurs au niveau <strong>de</strong> notre démarche <strong>de</strong> <strong>recherche</strong>.7


l’enrichir au travers <strong>de</strong> débats avec les acteurs <strong>de</strong> terrain.Ces réunions <strong>de</strong> travail ontégalement permis d’affiner notre compréhension <strong>de</strong>s pratiques mises en place, <strong>de</strong> cerner leursconditions d’émergence et <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong> leur transférabilité éventuelle à d’autres contextes,moyennant adaptations et ajustements à différents facteurs <strong>de</strong> contingence susceptibles d’enaccentuer ou, au contraire, d’en modérer la portée.Cette question <strong>de</strong> l’influence contextuelle a d’ailleurs fait l’objet d’un ciblage précis : outreune comparaison inter-pôles <strong>de</strong>s dynamiques à l’œuvre en matière <strong>de</strong> gouvernance, elle étaitau centre <strong>de</strong> diverses rencontres menées avec <strong>de</strong>s experts internationaux dans les domaines<strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité, <strong>de</strong>s réseaux d’innovation et <strong>de</strong>s clusters, experts issus aussi biendu mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise que <strong>de</strong> la sphère académique. Ces entretiens ont permis d’élargirnos horizons d’analyse et <strong>de</strong> confronter nos enseignements aux résultats empiriques <strong>de</strong><strong>recherche</strong>s comparables menées dans d’autres contextes. En ce sens, ils nous ont autorisés àmettre en perspective les tendances ressortant <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s projets et <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité belges par <strong>de</strong>s bonnes pratiques mises en œuvre dans d’autres contextes –nationaux, politiques, économiques, technologiques, etc. – ainsi qu’à compléter les résultats<strong>de</strong> notre démarche <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> par différents acquis internationaux.4. Pratiques clés en matière <strong>de</strong> gouvernance d’un pôle <strong>de</strong> compétitivitéL’examen du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement et <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivitéau sein <strong>de</strong>squels nous avons eu l’occasion <strong>de</strong> nous immerger nous permet <strong>de</strong> mettre enévi<strong>de</strong>nce différentes recommandations qui sont autant <strong>de</strong> réponses aux risques et aux enjeuxque soulèvent ces pôles en termes <strong>de</strong> coopération entre parties prenantes et <strong>de</strong> gestion d’unréseau d’innovation composé d’organisations fortement hétérogènes. Ces recommandationssont le fruit d’une analyse approfondie 3 <strong>de</strong> la logique constitutive <strong>de</strong>s pôles susmentionnés et<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion en vigueur au sein <strong>de</strong> ces structures partenariales, analyse que nousavons eu l’occasion d’amen<strong>de</strong>r et d’enrichir à plusieurs reprises au cours <strong>de</strong>s trois ans <strong>de</strong>notre <strong>recherche</strong> et <strong>de</strong>s évolutions concomitantes <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gestion étudiées. Caractèrelongitudinal <strong>de</strong> notre démarche que nous avons par ailleurs mis à profit pour privilégier uneapproche <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> principalement abductive, faite d’allers-retours constants entrelittérature scientifique et terrain d’étu<strong>de</strong> (Dubois et Gad<strong>de</strong>, 2002), nous permettant <strong>de</strong>confronter <strong>de</strong> façon régulière les enseignements tirés <strong>de</strong> nos terrains <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> avec lespréconisations <strong>de</strong> la littérature ainsi qu’avec les tendances émanant d’expériencesinternationales similaires relatées dans les revues scientifiques spécialisées.3 Cette analyse approfondie <strong>de</strong> nos données empiriques, que nous ne pouvons décemment détailler ici parmanque <strong>de</strong> place, a fait l’objet <strong>de</strong> différents rapports <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> dédiés, remis sur base annuelle auxcommanditaires <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>, et <strong>de</strong> communications à différents colloques scientifiques centrés sur lesquestions d’innovation territoriale et <strong>de</strong> pôles <strong>de</strong> compétitivité.8


Les pratiques et recommandations que nous proposons ci-<strong>de</strong>ssous s’appuient par conséquentsur une double fondation, à la fois empirique et théorique. Si elles s’inspirent <strong>de</strong> principesreconnus dans la littérature scientifique et <strong>de</strong> solutions effectives d’acteurs confrontésconcrètement aux enjeux managériaux que soulève au quotidien la gestion <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité, ces recommandations et pistes <strong>de</strong> réflexion n’ont toutefois pas d’ambitionsprescriptive et normative. Les modalités <strong>de</strong> leur éventuelle mise en œuvre sont en outre àréfléchir et à définir par les acteurs eux-mêmes, dans le cadre <strong>de</strong> choix concertés entre lesparties et positionnés dans leur contexte spécifique. Ce faisant, nous nous inscrivons dans lalignée du rapport Algoë (2009, p.9) qui émet plusieurs précautions à respecter quant à latransposition <strong>de</strong> « bonnes pratiques » en matière <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité,pratiques qui « n’ont pas pour objet d’être dupliquées telles quelles (…) mais (…) [qui]constituent autant <strong>de</strong> retours d’expériences et d’illustrations <strong>de</strong>s champs du possible ».4.1. Composer le partenariat et constituer un réseau d’innovation per sePremier élément <strong>de</strong> réflexion, en termes chronologiques, la question <strong>de</strong> la composition dupartenariat constitue un enjeu crucial et un point essentiel – d’ailleurs souvent sous-estimé –dans le bon fonctionnement et la réussite – que nous appréhendons ici en termes notamment<strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> connaissances, d’apprentissage organisationnel <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s parties prenanteset <strong>de</strong> (co-)génération d’idées innovantes – d’un pôle <strong>de</strong> compétitivité. Il s’agit d’anticipercertains risques en la matière et <strong>de</strong> répondre à différentes préoccupations clés et ce, dès laconstitution du réseau, parfois même dès avant le lancement effectif <strong>de</strong>s projets collaboratifslancés dans le cadre du pôle. Le partenariat rassemble-t-il les compétences adéquates etnécessaires ? Quel est le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> la collaboration inter-organisationnellesouhaitable ? La culture partenariale <strong>de</strong>s parties prenantes se rejoint-elle pour favoriserl’émergence d’une dynamique collaborative ? Quel <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> confiance caractérise lesrelations entre les parties ? Autant d’exemples <strong>de</strong> questions à se poser, qui sont par ailleurssusceptibles <strong>de</strong> ressurgir <strong>de</strong> façon récurrente au fur et à mesure <strong>de</strong> l’évolution du pôle et <strong>de</strong>l’ajustement <strong>de</strong>s orientations qui y sont privilégiées. Est-il possible <strong>de</strong> s’adjoindre <strong>de</strong>nouveaux partenaires « en cours <strong>de</strong> route », selon les besoins du pôle et <strong>de</strong>s projets qui y sontdéveloppés ? Ou, au contraire, est-il concevable <strong>de</strong> se séparer <strong>de</strong> ceux dont la présence neserait plus nécessairement pertinente ?4.1.1. Plusieurs cas <strong>de</strong> figure envisageables…Plusieurs cas <strong>de</strong> figure sont envisageables pour répondre à ces diverses préoccupations. Lepremier d’entre eux consiste à faire reposer les pôles sur <strong>de</strong>s réseaux pré-existants et àmobiliser <strong>de</strong>s organisations partenaires ayant l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> collaborer entre elles. Si une telleapproche permet certes une réduction <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> coordination et évite sans doute <strong>de</strong>9


présenter un risque d’opportunisme ex-ante trop élevé, ce choix présente au contraire lesinconvénients d’une possible routinisation <strong>de</strong>s pratiques ainsi que d’une moindre découverte<strong>de</strong> nouveaux talents et nouvelles compétences à mettre au service du pôle. Pour contrer cesinconvénients, il peut être intéressant <strong>de</strong> mettre en œuvre <strong>de</strong>s actions permettant au réseau <strong>de</strong>rester ouvert sur l’extérieur et d’y introduire du « sang neuf » – dès l’entame du projet ou aucours <strong>de</strong> son évolution – afin <strong>de</strong> maintenir un certain <strong>de</strong>gré d’exploration dans le partenariat.Porter (2000) rappelle ainsi sur ce point que la capacité d’innovation d’un réseau estétroitement liée à la diversité <strong>de</strong> ses membres. Constat que reprennent notamment Men<strong>de</strong>z etBar<strong>de</strong>t (2009) en insistant sur la nécessité <strong>de</strong> mobiliser <strong>de</strong>s compétences complémentairesdans le processus <strong>de</strong> création <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> conserver pour ce faire une certainedifférenciation entre les acteurs.Ainsi, constituer un « nouveau » partenariat, sans mobiliser <strong>de</strong>s structures réticulairespréexistantes, présente l’avantage d’ouvrir potentiellement le réseau à davantage d’apportsinédits, <strong>de</strong> structurer <strong>de</strong> nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement et <strong>de</strong> combiner <strong>de</strong> nouvellescompétences. Evitant la mobilisation d’un partenariat d’opportunité, ce <strong>de</strong>uxième cas <strong>de</strong>figure n’en présente pas moins certaines contraintes. La principale d’entre elles est sans nuldoute celle d’un délai d’apprentissage mutuel plus long entre organisations partenaires, prérequisnécessaire à l’émergence d’un taux <strong>de</strong> confiance réciproque suffisant à l’ouverture <strong>de</strong>sparties au partage d’expériences (Men<strong>de</strong>z et Bar<strong>de</strong>t, 2009). Un autre risque, dû au manque <strong>de</strong>connaissance préalable <strong>de</strong>s partenaires, rési<strong>de</strong> dans la possible « déception » sur les apportsmutuels et les collaborations envisageables. Pallier ces potentielles difficultés n’en <strong>de</strong>meurepas moins possible : la mise en place d’actions managériales <strong>de</strong>stinées à renforcer lacollaboration inter-organisationnelle, à développer progressivement une i<strong>de</strong>ntité collective età instaurer une culture commune au réseau, ainsi que l’i<strong>de</strong>ntification d’objectifs communs etpartagés par les partenaires (voir infra) en constituent <strong>de</strong>s exemples parmi d’autres.Une formule mixant les <strong>de</strong>ux alternatives susmentionnées constitue peut-être la solution laplus intéressante au vu <strong>de</strong>s retours d’expériences qui ressortent <strong>de</strong>s pôles que nous avonsétudiés. Cette configuration mixte présente l’avantage <strong>de</strong> permettre à un « noyau dur » <strong>de</strong>partenaires initiaux, habitués à collaborer et ancrés dans une confiance relationnelle déjàéprouvée, d’élargir leur réseau et <strong>de</strong> s’adjoindre <strong>de</strong> nouvelles organisations partenaires, enfonction notamment <strong>de</strong>s compétences spécifiques recherchées ou sur base <strong>de</strong>s relationshistoriques entretenues par ailleurs avec certains d’entre eux. Cette adjonction permet ainsi<strong>de</strong> renforcer le réseau, d’y introduire <strong>de</strong> nouvelles collaborations potentielles et <strong>de</strong> garantir lemaintien d’une certaine approche exploratoire non routinisée. Il s’avère toutefoisindispensable <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> la « comptabilité collaborative » <strong>de</strong>s partenaires, a fortiorientre anciens membres du réseau et nouveaux entrants, pour que cet élargissement du réseauporte ses fruits. Cette question est d’autant plus importante que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> la10


collaboration inter-organisationnelle, soit l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> travailler en partenariats, est déjàprononcée au sein du réseau préexistant.4.1.2. … <strong>de</strong>vant idéalement conduire à l’ambi<strong>de</strong>xtrie du réseauCes propos font inévitablement référence au principe du « matching idéal » <strong>de</strong>s partiesprenantes, qui constitue une dimension clé dans le succès d’un pôle <strong>de</strong> compétitivité. Outreles avantages et inconvénients respectifs <strong>de</strong>s différents cas <strong>de</strong> figure susmentionnés, l’enjeupremier dans le choix <strong>de</strong>s partenaires consiste à arriver à une certaine ambi<strong>de</strong>xtrie du réseauainsi constitué, c’est-à-dire parvenir à combiner au mieux exploration 4 et exploitation 5 auniveau du pôle (March, 1991 ; Holmqvist, 2003 ; O’Reilly et Tushman, 2004 ; Lavie etRosenkopf, 2006 ; Filiou et Windrum, 2008). Si certains réseaux ten<strong>de</strong>nt, par la dynamique<strong>de</strong>s acteurs qui les composent, à se positionner davantage sur les pans exploratoire ouexploitatif, la poursuite d’une certaine ambi<strong>de</strong>xtrie nous apparaît néanmoins <strong>de</strong>voir constituerun objectif <strong>de</strong>s parties prenantes, dans la mesure où cette configuration spécifique présentedifférents avantages en termes d’apprentissage organisationnel, d’entrepreneuriat etd’innovation (Porter, 2000 ; O’Reilly et Tushman, 2004 ; Lavie et Rosenkopf, 2006). Ainsi,dans les projets que nous avons eu l’occasion d’observer, l’ambi<strong>de</strong>xtrie permet auxpartenaires du réseau <strong>de</strong> baser leurs activités sur <strong>de</strong>s compétences issues du cœur <strong>de</strong> leursmétiers respectifs – ce qui contribue par essence à la parfaite maîtrise technique <strong>de</strong>s outputs –,<strong>de</strong> développer <strong>de</strong> nouvelles voies <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> ainsi que <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> l’innovation qui <strong>de</strong>vra àterme procurer un avantage concurrentiel pour les différents acteurs concernés.Dans sa constitution idéale, un pôle doit faire en sorte que chaque partenaire soit choisi etactivement impliqué dans <strong>de</strong>s tâches qui font sens pour lui – et pour les autres –, mobilisantson core business, mettant en œuvre ses savoirs, savoir-faire, méthodologies et/ou procédésdont il a la parfaite maîtrise. C’est cette mise en commun <strong>de</strong>s expertises <strong>de</strong> chaque partenaireau profit <strong>de</strong> la collectivité qui permettra aux parties d’élargir ensemble leur zone <strong>de</strong>compétences initiales et d’explorer conjointement <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> qu’elles n’auraientpas empruntées seules (Bidan et Dherment-Fevere, 2009 : Boquet et Mothe, 2009). En cesens, la logique constitutive qui sous-tend la création <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité 6 ainsi que lesconditions <strong>de</strong>s politiques incitatives promulguées par les pouvoirs publics garantissent pardéfaut une certaine ambi<strong>de</strong>xtrie <strong>de</strong>s partenariats mis sur pied. La composition <strong>de</strong>s pôles sebase en effet, d’une part, sur une combinaison inédite d’expertises complémentaires –4 Recherche d’opportunités radicalement nouvelles ; investigation <strong>de</strong> nouveaux champs d'action au travers <strong>de</strong>processus d’innovation et <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> risque (Levinthal et March, 1993 ; Holmqvist, 2003).5Processus au cours duquel les organisations apprennent à raffiner leurs aptitu<strong>de</strong>s, à exploiter leursconnaissances existantes et à focaliser leurs savoirs sur certains domaines d’activités, dans une optique <strong>de</strong>valorisation économique (March, 1991 ; Holmqvist, 2003).6 Voir pour rappel la définition et la caractérisation que nous en donnons ci-<strong>de</strong>ssus, axées sur la mise en réseaud’entreprises, <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> formation et d’acteurs issus du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>recherche</strong>.11


technique, scientifique et managériale –, qui confère théoriquement aux parties prenantes duréseau la capacité d’explorer <strong>de</strong>s opportunités radicalement nouvelles (ce qui le place plutôtdans l’exploration), ainsi que, d’autre part, sur un agencement <strong>de</strong> compétences et d’expertisesqui offre aux partenaires la possibilité d’optimiser <strong>de</strong>s connaissances existantes et d’enaméliorer l’efficience (ce qui renvoie à la logique d’exploitation).Notons toutefois que l’ambi<strong>de</strong>xtrie peut se traduire dans les faits par <strong>de</strong>s formes différentes <strong>de</strong>collaboration réticulaire. Là où dans certains réseaux que nous avons suivis, les activitésd’exploration et d’exploitation sont clairement séparées et déléguées à <strong>de</strong>s partenairesdistincts, d’autres pôles ont privilégié une approche partagée <strong>de</strong>s activités d’exploration etd’exploitation, celles-ci étant assurées par les partenaires <strong>de</strong> façon conjointe. De même,l’ambi<strong>de</strong>xtrie peut revêtir une certaine dimension temporelle, les pério<strong>de</strong>s d’exploration etd’exploitation peuvent être envisagées alternativement au cours du temps. Ici aussi, lesformes d’alternance peuvent varier suivant les pôles, les partenariats mis en place consacrantgénéralement plus <strong>de</strong> temps à une activité qu’à l’autre : certains réseaux semblent ainsi plusexploitatifs que d’autres – suite notamment à une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> maturation antérieure – etajustent leurs résultats par <strong>de</strong> brefs retours exploratoires alors que d’autres privilégientd’abord l’exploration <strong>de</strong> différentes pistes et choisissent ensuite <strong>de</strong> passer à l’exploitation surune orientation particulière, décidée <strong>de</strong> commun accord.4.2. Développer un objectif commun partagé à travers une fédération <strong>de</strong>s intérêtsCe choix <strong>de</strong>s orientations stratégiques à privilégier au niveau du réseau et <strong>de</strong>s objectifs àatteindre par le partenariat constitue lui aussi un défi majeur posé aux pôles <strong>de</strong> compétitivité.Si ces considérations stratégiques font généralement l’objet d’une définition préalable, renduenotamment nécessaire lors du montage <strong>de</strong>s dossiers en vue <strong>de</strong> l’octroi <strong>de</strong> soutiens financiers<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s pouvoirs publics, leur affinement, leur priorisation, leur développement et leurconcrétisation effective se révèlent bien souvent complexes. La nature même <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité, caractérisée par la très forte hétérogénéité <strong>de</strong>s organisations qui les composent,engendre <strong>de</strong>s logiques d’acteurs très diverses, les intérêts <strong>de</strong>s uns ne convergeant pasnécessairement toujours avec les préoccupations <strong>de</strong>s autres. Les objectifs <strong>de</strong>s différentesorganisations partenaires peuvent par ailleurs également s’opposer, voire diverger dans unecertaine mesure <strong>de</strong>s intérêts collectifs du réseau. L’articulation <strong>de</strong> cette diversité d’intérêts etla conciliation <strong>de</strong>s divergences d’opinion constituent inévitablement un challenge en soi, àrelever au niveau <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> tout pôle <strong>de</strong> compétitivité.Il s’agira ainsi, pour les partenaires, <strong>de</strong> veiller à assurer un alignement <strong>de</strong> leurs stratégies etcomportements individuels avec la stratégie collective du réseau et ce, dès la constitution dupartenariat et tout au long du déroulement <strong>de</strong>s projets qui y seront mis en œuvre. Une tellecohérence <strong>de</strong>s orientations du pôle <strong>de</strong> compétitivité et <strong>de</strong>s préoccupations stratégiques <strong>de</strong>s12


acteurs qui le composent aura plus que probablement le mérite d’assurer une certainecompatibilité entre les résultats produits par le partenariat et les attentes <strong>de</strong>s parties. L’enjeuprincipal consiste dès lors à se pencher sur les modalités <strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong>scomportements relationnels entre acteurs hétérogènes, l’intention étant <strong>de</strong> combiner <strong>de</strong>sactivités stratégiques propres à chaque partenaire (<strong>recherche</strong>, tests, réalisation <strong>de</strong> prototypes,commercialisation, etc.) avec celles du pôle. En aménageant la possibilité <strong>de</strong> combiner <strong>de</strong>sobjectifs communs avec les objectifs organisationnels propres aux parties prenantes, <strong>de</strong>sespaces <strong>de</strong> liberté seront inévitablement créés pour les acteurs qui pourront tirer profit <strong>de</strong>ssynergies à l’œuvre.Il est en outre impératif, dès les prémisses du projet, <strong>de</strong> s’assurer d’une interprétationcollégiale <strong>de</strong>s objectifs du réseau, spécifiquement entre universités et entreprises dont leslogiques d’actions sont par définition intrinsèquement différentes 7 . Le réseau d’innovation<strong>de</strong>vra ainsi se doter d’un objectif commun, qui soit compris et approprié par tous. En cours <strong>de</strong>projet, l’organisation d’événements fédérateurs ou <strong>de</strong> moments <strong>de</strong> réflexivité ai<strong>de</strong>ront àrappeler l’interprétation commune du projet. L’un <strong>de</strong>s messages clés retirés <strong>de</strong>s projets quenous avons suivis repose sur cette idée : il est essentiel <strong>de</strong> rassembler les acteurs du réseaud’innovation, <strong>de</strong> formuler une image claire <strong>de</strong> ce qu’est le réseau auquel ils prennent part, <strong>de</strong>cerner les défis auxquels ils font face – individuellement et collégialement –, et <strong>de</strong> définir unevision commune <strong>de</strong> l’avenir qu’ils envisagent pour le réseau (Lisein, 2010).C’est d’ailleurs sans doute davantage au travers d’une stratégie bottom-up (Pichault, 2009)que via la logique volontariste top-down qui caractérise la constitution <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité qu’une telle définition et appropriation <strong>de</strong> la stratégie globale du réseau seraeffective au niveau <strong>de</strong> ses membres. Ainsi, le renforcement <strong>de</strong> la connaissance mutuelle <strong>de</strong>spartenaires aura notamment pour effet <strong>de</strong> donner une vision intégrée <strong>de</strong>s apports <strong>de</strong> chacun et,ce faisant, <strong>de</strong> décloisonner l’image du pôle. Une clarification <strong>de</strong>s rôles, <strong>de</strong>s tâches, <strong>de</strong>sattentes et <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>s partenaires apparaît dans ce cadre foncièrement nécessaire dès lelancement du réseau et tout au long <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> celui-ci, a fortiori lorsque <strong>de</strong> nouveauxpartenaires sont conviés à rejoindre le processus collaboratif. Il importe en outre pour lespartenaires <strong>de</strong> veiller à se co-construire une i<strong>de</strong>ntité et une culture propres au réseau qui lesunit, dans une optique notamment <strong>de</strong> fédération, <strong>de</strong> consolidation et <strong>de</strong> transparence dupartenariat.L’élaboration collégiale <strong>de</strong> critères communs <strong>de</strong> décision (avancée scientifique, proof ofconcept, calcul coût-bénéfice, etc.) par rapport aux objectifs poursuivis est un autre élément7 Pour les partenaires universitaires, l’implication dans un pôle <strong>de</strong> compétitivité apparaît souvent motivée par lesouci <strong>de</strong> conjuguer les activités <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> et les activités <strong>de</strong> services aux entreprises (tests, caractérisations).Activités <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> qui ne sont pas nécessairement considérées comme prioritaires par certaines entreprises,davantage préoccupées par la rentabilité économique <strong>de</strong> leur investissement – financier, humain, matériel,temporel – dans les activités du réseau.13


qui peut contribuer à dépasser les différentes logiques sous-jacentes <strong>de</strong>s organisationspartenaires et à faire évoluer le partenariat dans la même direction. Sur ce point, certainsacteurs <strong>de</strong> terrain mettent en évi<strong>de</strong>nce la nécessité <strong>de</strong> « traduire » le sens <strong>de</strong>s mots dans les<strong>de</strong>ux sphères partenaires <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité – <strong>recherche</strong> et industrie – tant leurspréoccupations sont distinctes et peuvent conduire à <strong>de</strong>s interprétations différentes <strong>de</strong>s mêmestermes. Un même vocable permettra, par une meilleure perception et une compréhensioncommune <strong>de</strong>s choses entre les partenaires, <strong>de</strong> favoriser les échanges et les apprentissagesréciproques au sein du réseau. De même, plusieurs acteurs <strong>de</strong> terrain soulignent la nécessitéd’inclure explicitement les finalités économiques <strong>de</strong>s projets entrepris dans l’objectif commundu réseau, condition essentielle <strong>de</strong> la viabilité <strong>de</strong> l’innovation poursuivie et du return surinvestissement <strong>de</strong>s parties prenantes. Barnes et al. (2002, p.282) voient dans cette logique <strong>de</strong>« business-driven partnership » l’une <strong>de</strong>s conditions même <strong>de</strong> la mobilisation <strong>de</strong>s acteursindustriels dans un réseau d’innovation : pour eux, « the mo<strong>de</strong>l needs to inclu<strong>de</strong> factors whichmaintain the interest and commitment of the industrial partners. These inclu<strong>de</strong> ensuring thata<strong>de</strong>quate proprietary benefit is achieved, and by planning the realisation of tangibleoutcomes early in the project, and then at stages throughout its duration ».Ces différentes recommandations, qui recoupent à plusieurs reprises l’enjeu <strong>de</strong> lacombinaison pertinente <strong>de</strong>s activités d’exploration et d’exploitation ainsi que la conciliation<strong>de</strong>s intérêts divergents portés par les différentes parties prenantes <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité,soulignent <strong>de</strong> façon sous-jacente la nécessité <strong>de</strong> viser, au travers <strong>de</strong> la constitution d’un réseaud’innovation, la création d’une véritable communauté apprenante faite d’acteurs aux profils,savoirs et expertises complémentaires. Et Felix et al. (2008) <strong>de</strong> rappeler à cet égard qu’unecommunauté se construit à partir <strong>de</strong> trois déterminants essentiels : le partage d'un même butcommun, d’une même volonté ; une participation, un investissement opérationnel et affectifminimal à la vie du groupe ; l’existence d’une solidarité entre les membres du groupe. Cesvecteurs, combinés à la capacité <strong>de</strong>s partenaires à s’engager dans un processusd’apprentissage collaboratif et à concilier <strong>de</strong> façon équilibrée les <strong>de</strong>ux faces <strong>de</strong> l’innovationque sont la génération <strong>de</strong> nouvelles connaissances et leur exploitation effective (Karlsson,2009), forment les conditions du succès à long terme <strong>de</strong>s réseaux d’innovation et <strong>de</strong> larentabilité <strong>de</strong>s investissements – financiers, humains, temporels, techniques, etc. – consentis.4.3. Favoriser l’implication et la collaboration effectives <strong>de</strong>s différents acteursUn autre enjeu sous-jacent aux pôles <strong>de</strong> compétitivité et à la composition hétérogène <strong>de</strong> ceuxcia trait à la question <strong>de</strong> l’équilibre du réseau, en termes <strong>de</strong> relations <strong>de</strong> pouvoir etd’interdépendance entre partenaires d’affaires. Le partenariat ne se révèlera en effetmutuellement satisfaisant pour les différentes parties impliquées que si chacune d’ellesparvient à « trouver sa place » au sein du réseau. L’expérience <strong>de</strong> terrain montre sur ce pointle rôle <strong>de</strong> « locomotives » que ten<strong>de</strong>nt fréquemment à prendre les gran<strong>de</strong>s entreprises –14


notamment dans un rôle actif <strong>de</strong> coordination du pôle ou <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>r sur certaines tâches qui ysont menées –, ce qui peut dans certains cas avoir pour effet <strong>de</strong> laisser dans l’ombre les pluspetites structures ou les acteurs académiques.Il n’est en outre pas inutile <strong>de</strong> rappeler que les négociations au sein d’un réseau d’innovationne ten<strong>de</strong>nt généralement pas à prendre par défaut la forme <strong>de</strong> relations d’égal à égal entrepairs d’un même poids, a fortiori lorsque <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> taille importante entraînent leur(s)sous-traitant(s) dans leur sillage, sans que ces <strong>de</strong>rniers ne soient nécessairement en position <strong>de</strong>force pour tenir un rôle propre et autonome dans le projet. A ce déterminant <strong>de</strong> tailles’ajoutent également d’autres éléments qui définissent l’équilibre <strong>de</strong>s forces au sein duréseau : les ressources respectives <strong>de</strong>s partenaires, l’importance stratégique <strong>de</strong> la relationinter-organisationnelle pour chaque partenaire (le réseau représente-t-il une part importante <strong>de</strong>leur portefeuille d’activités ?), l’urgence <strong>de</strong> la coopération (selon que l’on est en début <strong>de</strong>projet ou que le terme <strong>de</strong> celui-ci approche) ou encore les comportements plus ou moinsimprévisibles que peuvent avoir certains partenaires. Messner et Meyer-Stamer (2000, p.9)soulignent ainsi que « positions of power are not necessarily <strong>de</strong>termined by organization sizeor financial clout. Even smaller, financially more weak organizations or actors with strategicresources (e.g. scientists with specific know-how of groups with blocka<strong>de</strong> or veto power) canplay a significant role in networks ».Les parties prenantes <strong>de</strong>vront dès lors veiller à garantir un certain équilibre au sein dupartenariat ainsi que s’assurer <strong>de</strong> l’implication et <strong>de</strong> la collaboration effectives <strong>de</strong> tout unchacun dans les projets du réseau et les décisions afférentes à ceux-ci. D’une manièregénérale, il semble essentiel que l’ensemble <strong>de</strong>s stakehol<strong>de</strong>rs comprennent le rôle qu’ilsjouent au sein du pôle et voient la contribution spécifique qu’ils apportent au schéma <strong>de</strong>création <strong>de</strong> valeur <strong>de</strong> celui-ci. Un partenaire aura en effet d’autant plus tendance às’impliquer dans le réseau et dans les projets qui y sont développés s’il a l’impression que ladynamique partenariale mise en place peut lui être bénéfique en termes <strong>de</strong> retombéesscientifiques, économiques et/ou managériales. Dans cette perspective, il peut être intéressantd’envisager la mobilisation d’une instance ou d’un acteur qui endosse le rôle <strong>de</strong> « traducteur »(Callon, 1986, 1991, 1992 ; Latour, 2006, 2007 ; Akrich et al., 2006 ; Pichault, 2009), dontl’objectif sera <strong>de</strong> réfléchir au référentiel logique utilisé par les différentes catégories d’acteurset aux intérêts spécifiques <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers en vue <strong>de</strong> les amener progressivement à adopter unmo<strong>de</strong> <strong>de</strong> pensée axé et structuré en termes <strong>de</strong> collaboration et <strong>de</strong> dynamique partenariale.Un tel processus d’implication, d’ouverture aux autres et <strong>de</strong> partage d’expertises ne seconcrétisera toutefois que lorsque les partenaires auront appris à se connaître et qu’unecertaine légitimité se sera construite autour du réseau. En ce sens, il importe <strong>de</strong> veiller àoptimaliser les connaissances mutuelles qu’ont les parties prenantes <strong>de</strong> chacune d’elles, <strong>de</strong>leurs compétences respectives, <strong>de</strong> leurs apports potentiels au réseau, <strong>de</strong> leurs rôles effectifs15


dans les projets, etc. Différentes techniques peuvent être mises en place afin <strong>de</strong> favoriser cesconnaissances réciproques et les décloisonnements au niveau du réseau, propices à davantage<strong>de</strong> collaborations : brainstormings collectifs, réunions tournantes dans les locaux <strong>de</strong>sdifférents partenaires, partage <strong>de</strong> matériel ou d’infrastructures, mises à disposition <strong>de</strong>personnel, vulgarisation <strong>de</strong>s expertises propres à chaque partenaire, etc. constituent autantd’exemples que nous avons détectés au cours <strong>de</strong> notre investigation empirique. Il n’en<strong>de</strong>meure toutefois pas moins vrai que le clivage entre « collaborer » et « ne pas trop en diresur ses expertises » nous apparaît difficilement gérable. Si cette problématique peut êtreanticipée, elle ne nous semble en effet guère avoir d’issue univoque : même au traversl’élaboration <strong>de</strong> conventions <strong>de</strong> collaborations et <strong>de</strong> contrats relatifs à la propriétéintellectuelle, il nous apparaît illusoire, voire naïf <strong>de</strong> prôner et <strong>de</strong> croire en une collaborationtotale et pleinement transparente entre les parties prenantes <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité.4.4. Adopter un modèle <strong>de</strong> coordination évolutif et partagéLes précé<strong>de</strong>ntes réflexions amènent naturellement à se pencher sur la question <strong>de</strong> lacoordination <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité ainsi que <strong>de</strong>s différents rôles et fonctions s’exerçantdans ce cadre. L’un <strong>de</strong>s premiers constats que l’on peut mettre en évi<strong>de</strong>nce à ce niveau estque l’élaboration même <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong> coordination constitue un apprentissage en soi pourles parties prenantes ainsi qu’une innovation sur le plan managérial, la gouvernance <strong>de</strong>sréseaux d’innovation étant reconnue comme spécifique et nullement similaire à cellesd’entreprises privées (Ehlinger et al., 2007 ; Retour, 2009). Le suivi empirique <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité et <strong>de</strong>s projets qui en font partie nous a à cet égard enseigné que la coordination<strong>de</strong> ces réseaux est bien souvent le fruit d’expériences ancrées dans l’action, d’essais et erreurs,d’apprentissages respectifs, <strong>de</strong> tentatives d’organiser un ensemble hétérogène et complexe,évoluant et se réajustant au fil du temps.Ces constats empiriques nous incitent à formuler <strong>de</strong>ux observations complémentaires. D’unepart, l’activité <strong>de</strong> coordination, bien que formellement assumée par un acteur – ou un grouped’acteurs –, apparaît en pratique être le fait <strong>de</strong> tous les membres du réseau, ceci dans lamesure où les partenaires ne se soumettent pas passivement à <strong>de</strong>s règles d’organisation maisprennent part, dans une certaine mesure, à leur élaboration, à leur appropriation, à leurévolution ainsi que, parfois, à leur détournement – implicite ou explicite. D’autre part, laquestion <strong>de</strong> la coordination d’un réseau d’innovation ne peut être assimilée et résumée à unensemble d’outils et <strong>de</strong> principes figés, généralisables et aisément transposables tels quelsd’un contexte à l’autre : l’émergence et la construction progressive <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>collaboration sont au contraire ancrées dans l’action, et fortement dépendantes du contextespécifique dans lequel elles prennent forme, ce qui rejette par conséquent l’hypothèse d’unetransférabilité sine die <strong>de</strong> « bonnes pratiques » <strong>de</strong> coordination et <strong>de</strong> gouvernance d’un pôle àl’autre.16


Barnes et al. (2002, p.282) insistent sur ce point, en mettant l’accent sur la nécessité d’adopterun mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion du réseau et <strong>de</strong> projets qui soit suffisamment flexible pour, d’une part,s’adapter aux évolutions <strong>de</strong> l’environnement dans lequel s’insère le réseau d’innovation –« management processes need to be flexible enough to react to changes in the externalenvironment. This inclu<strong>de</strong>s the ability to manage corporate change (within industrialpartners) and changes in strategy or project direction » – et, d’autre part, intégrer les besoinsexprimés par les parties au cours du temps. Car les principes et mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pilotage d’unréseau d’innovation apparaissent également évoluer <strong>de</strong> façon concomitante au développementdu partenariat et <strong>de</strong>s enjeux managériaux qui s’y posent. Cette succession <strong>de</strong> différentsmoments critiques dans la conduite d’un projet inter-organisationnel est ainsi mise enévi<strong>de</strong>nce par Defélix et al. (2008) : alors qu’au démarrage du pôle, le pilotage reposeessentiellement sur une dynamique émergente <strong>de</strong> coopération – engagement volontaire dansle projet, action conjointe caractérise par <strong>de</strong>s ajustements mutuels encore peu structurés,communication informelle, etc. –, la coordination du réseau tend par la suite à évoluer versune structuration plus prononcée <strong>de</strong>s activités qui y sont menées – pilotage <strong>de</strong> nature plushiérarchique, marqué par l’émergence progressive <strong>de</strong> procédures, formalisation <strong>de</strong> principes<strong>de</strong> reporting, etc. – dans une logique <strong>de</strong> « professionnalisation » <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gestion.Notons en outre que l’objet même <strong>de</strong> la coordination semble lui aussi influer sur les solutionsqui seront trouvées par les partenaires pour faire face à un enjeu ou résoudre une difficulté àun moment donné du cycle <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s projets développés dans le cadre du pôle. De façon plusgénérale, différentes dispositions <strong>de</strong>vront être arrêtées en termes <strong>de</strong> coordination du pôle et<strong>de</strong>s activités qui y sont menées. Elles se regroupent généralement en <strong>de</strong>ux catégories : lesdispositions qui assurent la régulation <strong>de</strong> l’échange (<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> formalisme et développement <strong>de</strong>la confiance au sein du réseau) d’une part, et les dispositifs d’incitation et <strong>de</strong> sanction (règlesdéfinissant notamment la question du partage <strong>de</strong>s résultats au sein du réseau, garantiesprémunissant <strong>de</strong>s éventuels comportements opportunistes <strong>de</strong>s partenaires, mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> résolution<strong>de</strong> conflits, etc.), d’autre part. Ces exemples <strong>de</strong> solutions ne sont ni mutuellement exclusifs,ni indépendants les unes <strong>de</strong>s autres. Un même outil pourra en outre rencontrer <strong>de</strong>s besoinsdifférents ou être à la base d’usages variés d’un projet à l’autre. C’est avant tout lacomplexité <strong>de</strong>s interactions entre les membres du réseau qui les conduira à développer et àmettre en œuvre une combinaison spécifique <strong>de</strong> dispositifs <strong>de</strong> coordination, opérations quiseront idéalement construites <strong>de</strong> façon collective au cours du processus d’organisation duréseau.A cet égard, il importe que les processus d’élaboration et <strong>de</strong> mise en place <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong>coordination veillent à impliquer l’ensemble <strong>de</strong>s catégories acteurs – en particulier les pluspetites structures, fréquemment reléguées au second plan dans les actions <strong>de</strong> gouvernance(Potter et Mirranda, 2009 ; Men<strong>de</strong>z et Bar<strong>de</strong>t, 2009) – et soient partagés par celles-ci17


(Bocquet et Mothe, 2009). Une gestion <strong>de</strong> projet portée collectivement par plusieurs acteursreprésentatifs du partenariat apparaît dans ce cadre une piste <strong>de</strong> réflexion intéressante àcreuser en termes d’implication, <strong>de</strong> mobilisation et <strong>de</strong> collaboration effectives <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>sparties prenantes. Si les modalités concrètes <strong>de</strong> sa mise en œuvre doivent faire l’objet <strong>de</strong>décisions adaptées au contexte et aux spécificités <strong>de</strong> chaque réseau, l’idée selon laquelle unnoyau stratégique composé d’acteurs clés, influents, représentatifs et qui portent dès lesprémisses du projet la vision et la stratégie du pôle nous apparaît une dynamique intéressante ;elle rejoint par ailleurs nos considérations précé<strong>de</strong>ntes sur le nécessaire caractère collectif etéquilibré <strong>de</strong> la coordination du partenariat, à défaut duquel <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> désimplication et <strong>de</strong>démotivation pourraient se faire ressentir. Cette piste d’action nous semble en outre propice àfavoriser la prise en compte <strong>de</strong>s différentes logiques d’acteurs que l’on s’efforcera <strong>de</strong> faireconverger vers un objectif partagé, dans la lignée <strong>de</strong>s propos que nous défendons ci-<strong>de</strong>ssus.4.5. Assurer le monitoring du réseauCes différentes considérations soulèvent par ailleurs la question du suivi du réseau, aussi bienen ce qui concerne l’adaptabilité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coordination mis en œuvre, le <strong>de</strong>gréd’implication et <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong>s acteurs, le développement <strong>de</strong>s échanges d’expériences envue <strong>de</strong> favoriser l’apprentissage organisationnel <strong>de</strong>s parties ou encore l’évolution du contextedans lequel s’insère le pôle. Mettre en œuvre <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> monitoring du partenariat et <strong>de</strong>sprojets qui y sont développés apparaît à cet égard une pratique clé en matière <strong>de</strong> gouvernance<strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité, comme le soulignent explicitement Barnes et al. (2002, p.282)pour qui « a method of partner evaluation is nee<strong>de</strong>d to ensure that, among other issues,partners are genuinely interested and committed to the inten<strong>de</strong>d line of research and are ableto support it in terms of a<strong>de</strong>quate resource. The extent to which industrial partners will beexpected to actively contribute to the work should also be clear from the outset ».Cette démarche <strong>de</strong> suivi et <strong>de</strong> monitoring, que l’on peut assimiler à la mise en place d’une« veille stratégique » centrée aussi bien sur <strong>de</strong>s éléments externes qu’internes, doit ai<strong>de</strong>r lespartenaires à détecter les facteurs sur lesquels une vigilance accrue doit être portée à unmoment ou à un autre <strong>de</strong> l’évolution du réseau et à y apporter les actions correctrices quiseraient nécessaires. Une telle démarche peut, dans les faits, prendre différentes formes.Outre le développement d’un outillage spécifique <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> projet permettant <strong>de</strong> visualiserla progression et le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> concrétisation <strong>de</strong>s initiatives développées dans le cadre du pôleainsi que la formalisation d’un « historique » du réseau – reprenant notamment les comptesrendus<strong>de</strong> réunions, les choix réalisés et leurs justifications, les options écartées au fur et àmesure <strong>de</strong> l’avancement <strong>de</strong>s projets ainsi que les raisons <strong>de</strong> leur abandon, etc. –, la mise enplace d’un comité scientifique chargé d’assurer une évaluation régulière et structurelle, ledéveloppement d’indicateurs <strong>de</strong> suivi admis par toutes les parties prenantes – servant <strong>de</strong> baseà l’évaluation du travail et <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong>s partenaires dans la vie du réseau – ou encore18


l’intervention d’acteurs-experts externes à qui il serait <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une évaluation– ponctuelle ou régulière – du partenariat constituent autant d’exemples <strong>de</strong> pratiques pouvantêtre mises en œuvre pour assurer un suivi du réseau et <strong>de</strong>s projets qui y sont mis en place.Quelles que soient les formes <strong>de</strong> monitoring effectivement retenues par les parties, il importeégalement que les partenaires s’accor<strong>de</strong>nt – au besoin par un conventionnement dédié – surles enjeux <strong>de</strong>s évaluations ainsi réalisées, sur les modalités <strong>de</strong> leur suivi (changements àapporter dans le fonctionnement du réseau et/ou <strong>de</strong>s projets, sanctions éventuelles <strong>de</strong> certainspartenaires, recommandations à mettre en œuvre, etc.) ainsi que sur le caractère plus ou moinscontraignant <strong>de</strong> ces actions.4.6. Pérenniser le réseauEnfin, le <strong>de</strong>rnier enjeu qui nous apparaît clé en matière <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité est celui <strong>de</strong> la pérennisation <strong>de</strong>s réseaux. Il s’agit ici pour les partis prenantes<strong>de</strong> réfléchir proactivement – est-il nécessaire <strong>de</strong> rappeler que les actions <strong>de</strong> pérennisation <strong>de</strong>spôles et <strong>de</strong>s projets qui y sont développés s’anticipent et se mettent en œuvre dès quepossible, parfois même dès les prémisses <strong>de</strong>s partenariats et la constitution effective <strong>de</strong>saccords <strong>de</strong> collaboration ? – aux actions à mettre en place en prévision du terme <strong>de</strong>s projets et<strong>de</strong>s financements alloués par les pouvoirs publics. Si la réflexion sur le sujet tendgénéralement à s’abor<strong>de</strong>r sous l’angle financier, au travers la nécessité <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>nouvelles ressources pour éventuellement continuer les collaborations entreprises, la question<strong>de</strong> la pérennisation du réseau soulève également d’autres enjeux, tels que les possibilités <strong>de</strong>développement <strong>de</strong> nouvelles synergies ainsi que le souci <strong>de</strong> l’articulation entre innovationtechnologique et rentabilité économique.La notion <strong>de</strong> retour sur investissement apparaît ainsi cruciale lorsque les questions <strong>de</strong>pérennisation du réseau sont soulevées. Les partenaires, et plus encore les entreprises privéesque les autres parties prenantes, aspirent en effet à rentabiliser le risque économique consentiau lancement <strong>de</strong>s pôles, soit par une valorisation commerciale <strong>de</strong>s outputs <strong>de</strong>s projets, soit parun prolongement <strong>de</strong>s activités du réseau – moyennant éventuellement reconfiguration <strong>de</strong>celui-ci – au travers <strong>de</strong> nouvelles collaborations et pistes <strong>de</strong> développement. Ce faisant, laquestion <strong>de</strong> la pérennisation <strong>de</strong>s réseaux et <strong>de</strong>s projets nous semble pouvoir s’appréhen<strong>de</strong>r autravers <strong>de</strong> quatre formes distinctes 8 suivant que les partenaires déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> capitaliser ou nonles résultats du consortium et/ou qu’ils envisagent <strong>de</strong> poursuivre ou non leur collaboration,possibilités que nous schématisons au travers <strong>de</strong> la matrice ci-<strong>de</strong>ssous.8 Il est à noter que les catégories que nous proposons dans ce tableau constituent <strong>de</strong>s formes pures et arbitraires,qui doivent être nuancées au regard <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong>s projets et <strong>de</strong>s contextes inhérents à chaque pôle <strong>de</strong>compétitivité.19


+Capitalisation(poursuite ouvalorisation)<strong>de</strong> la collaborationinterorganisationnelle« nouveaux objets <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> »(prolongement <strong>de</strong> la collaboration,autour d’un nouveau projet, dans lecadre d’un partenariat +/- similaire)« fin <strong>de</strong> parcours »(non capitalisation <strong>de</strong>s acquis dupôle pour <strong>de</strong>s raisons budgétaires,technologiques, partenariales ou autres)« continuité du pôle »(mise en place d’un « projet 2 »,suite du « projet 1 »)« capitalisation personnelle »(intégration <strong>de</strong>s résultats du pôledans le business et/ou les routinesorganisationnelles, « en solo »)- Capitalisation <strong>de</strong>s résultats<strong>de</strong> la collaboration inter-organisationnelle+Figure 2 – Logiques <strong>de</strong> pérennisation <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivitéQuatre scénarios peuvent ainsi être envisagés en termes <strong>de</strong> pérennisation <strong>de</strong>s pôles et <strong>de</strong>sprojets qui y ont été initiés :une non-capitalisation <strong>de</strong>s acquis du pôle, tant au niveau <strong>de</strong>s collaborations initiées que<strong>de</strong>s projets développés : le réseau « prend fin » pour <strong>de</strong>s raisons diverses qui vont <strong>de</strong>difficultés relationnelles entre partenaires, absence ou faiblesse <strong>de</strong>s résultats et <strong>de</strong>s pistes<strong>de</strong> prolongement ou encore manque <strong>de</strong> budget pour supporter <strong>de</strong> nouvelles activités ;une capitalisation « personnelle » par les partenaires <strong>de</strong>s résultats du projet – on rejoint iciles enjeux <strong>de</strong> la phase d’internalisation évoquée plus haut – sans que ne soit envisagée unepoursuite <strong>de</strong>s collaborations et <strong>de</strong>s relations inter-organisationnelles au niveau du réseau ;un prolongement <strong>de</strong> la collaboration entre les parties prenantes du consortium initial – ouune partie <strong>de</strong> celles-ci, autour d’un nouvel objet <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> : les partenaires déci<strong>de</strong>ntdans ce cas <strong>de</strong> figure <strong>de</strong> lancer une nouvelle phase exploratoire distincte <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes,sans que ne soit par ailleurs envisagée une exploitation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s projets initiaux ;une continuité du pôle au niveau <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variables susmentionnées, à savoir la poursuite<strong>de</strong>s collaborations entre les organisations partenaires dans la continuité <strong>de</strong>sdéveloppements entrepris et le désir <strong>de</strong> capitaliser ensemble les résultats déjà acquis par leconsortium.Ces scénarios nécessitent bien entendu d’être contextualisés sur base <strong>de</strong> différentes variablestelles que, par exemples, le type d’innovation, les spécificités du partenariat – taille,composition, etc. –, le secteur dans le cadre duquel le pôle est actif – habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>20


collaboration, intensité concurrentielle, etc. Le choix d’un scénario plutôt que d’un autreapparaît en outre être le fruit <strong>de</strong> négociations et <strong>de</strong> compromis entre les partenaires du réseau,suivant les dimensions qu’ils enten<strong>de</strong>nt prioriser lors <strong>de</strong> la poursuite ou non <strong>de</strong> leurscollaborations : innovation scientifique, développement <strong>de</strong> la production, rentabilitééconomique, synergies collaboratives et partenariales, etc. Notons également que par <strong>de</strong>là cespropositions les parties prenantes peuvent aussi déci<strong>de</strong>r d’ouvrir le réseau à <strong>de</strong> nouveauxpartenaires, notamment étrangers et ce, dans une perspective <strong>de</strong> consolidation et <strong>de</strong>pérennisation <strong>de</strong>s développements à travers l’ajout d’expertises complémentaires à celles enprésence. De même, le développement <strong>de</strong> collaborations inter-pôles – y compris sur le planinternational – apparaît dans ce cadre constituer une opportunité intéressante <strong>de</strong> renouveler lesdynamiques collaboratives, tout en assurant une certaine transversalité entre réseauxd’innovation ainsi qu’en autorisant une mutualisation <strong>de</strong>s moyens et <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong>s partiesen faveur d’un entrepreneuriat plus prononcé (Porter et Miranda, 2009).ConclusionL’analyse que nous proposons <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité et <strong>de</strong>sdynamiques à l’œuvre en la matière nous permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce différentsenseignements clés en matière <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s réseaux d’innovation. Appuyées par un examen<strong>de</strong> la littérature spécialisée sur le sujet et par une immersion longitudinale <strong>de</strong> trois ans dans lescinq pôles <strong>de</strong> compétitivité promus en Région Wallonie-Bruxelles, nos recommandationsenten<strong>de</strong>nt contribuer au bon fonctionnement <strong>de</strong>s partenariats inter-organisationnels et audéveloppement <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion qui leur sont adaptés. Ainsi, à travers la mise enévi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> six gran<strong>de</strong>s étapes critiques – composition du partenariat, développement d’unobjectif commun fédérateur, implication et collaboration <strong>de</strong>s parties prenantes, adoption d’unmo<strong>de</strong> <strong>de</strong> coordination ad hoc, mise en place d’actions <strong>de</strong> monitoring et réflexion anticipativesur la pérennisation du réseau –, qui soulèvent autant d’enjeux cruciaux en matière <strong>de</strong>gouvernance, nous développons différentes « bonnes pratiques » supposées ai<strong>de</strong>r les acteurs<strong>de</strong> terrain dans la gestion <strong>de</strong>s défis auxquels ils font face.De façon transversale, les « pratiques clés » que nous proposons se rejoignent toutes sur <strong>de</strong>sconstantes similaires, foncièrement inter-reliées : parvenir à la satisfaction <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>sdifférentes parties prenantes <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité ainsi que favoriser la collaborationeffective entre différentes catégories d’acteurs issus <strong>de</strong> « mon<strong>de</strong>s » différents – au sens <strong>de</strong>Boltanski et Thévenot (1991) – et, à ce titre, porteurs d’enjeux et <strong>de</strong> stratégies <strong>de</strong> natureparfois diamétralement opposées. La mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> nos recommandations ne doittoutefois pas occulter le fait que chaque pôle <strong>de</strong> compétitivité présente inévitablementcertaines spécificités et est ancré dans <strong>de</strong>s réalités qui lui sont propres (Benneworth et Henry,2004 ; Bocquet et Mothe, 2009). S’il apparaît que les étapes critiques que nous avons21


i<strong>de</strong>ntifiées, les enjeux qu’elles soulèvent et les réponses qui peuvent y être apportéesrecoupent les enseignements tirés d’autres étu<strong>de</strong>s menées dans <strong>de</strong>s contextes institutionnels,organisationnels, géographiques ou politiques diversifiés, nous nous gardons <strong>de</strong> les qualifier<strong>de</strong> « best practices » et <strong>de</strong> « key success factors » au sens strict du terme. Si elles peuventplus que certainement être bénéfiques à la gouvernance <strong>de</strong> nombreux réseaux d’innovation,nos recommandations n’en constituent pas pour autant une recette à appliquer telle quelle àtous les pôles <strong>de</strong> compétitivité. De nombreux facteurs contextuels et structurels – secteurd’activités, taille et composition du partenariat, objet <strong>de</strong> l’innovation, antécé<strong>de</strong>nt et intensité<strong>de</strong>s dynamiques collaboratives, etc. – interfèrent fortement avec les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement<strong>de</strong>s différents projets ainsi qu’avec les contraintes et enjeux auxquels font face les partiesprenantes <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité. Ces <strong>de</strong>rniers évoluent en outre au cours du temps autravers <strong>de</strong>s interactions entre acteurs, du développement <strong>de</strong>s projets d’innovation ou encore<strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> périmètres d’actions. Autant d’éléments qui requièrent inévitablement unajustement en conséquence <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong>s pôles et <strong>de</strong> pilotage <strong>de</strong>s projets quiy sont menés.Notre propos n’a en outre pas pour vocation <strong>de</strong> considérer les différentes pratiquesrecommandées comme la clé du succès et la garantie d’une performance accrue <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité, thématique que nous ne questionnons et n'évaluons d’ailleurs pas dans notreréflexion. Tant la littérature scientifique consacrée aux réseaux d’innovation – qu’il s’agisse<strong>de</strong> clusters, <strong>de</strong> pôles <strong>de</strong> compétitivité ou d’autres formes <strong>de</strong> partenariats inter-organisationnels– que les nombreuses évaluations <strong>de</strong> terrain nous amènent en effet à dresser le constat d’uneabsence <strong>de</strong> règles claires conduisant à un modèle <strong>de</strong> performance en termes <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>gouvernance <strong>de</strong>s réseaux d’innovation. Les facteurs <strong>de</strong> succès s’y combinent en effetdifféremment. Les spécificités locales <strong>de</strong> chaque district ou cluster – ressources, acteurs,objectifs, spécificités du territoire, modalités <strong>de</strong> coordination, ou encore orientationsstratégiques, etc. – font <strong>de</strong> chaque expérience un modèle unique, non exportable en l’état,mais susceptible néanmoins d’alimenter la réflexion sur les dynamiques et mécanismes àl’œuvre (Men<strong>de</strong>z, 2005 ; Bocquet et Mothe, 2009, Aliouat, 2010).Nos recommandations sont ainsi à considérer davantage comme <strong>de</strong>s sources d’inspiration, <strong>de</strong>sconseils émanant du champ du possible plutôt que comme un recueil <strong>de</strong> bonnes pratiquesirrévocables ou une marche à suivre indéniable vers le succès. Ce faisant, elles répon<strong>de</strong>nt enpartie aux appels <strong>de</strong>s chercheurs et professionnels estimant nécessaire d’étudier davantage et<strong>de</strong> mieux comprendre les enjeux et mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong>s pôles. Elles ouvrent égalementla voie vers <strong>de</strong>s <strong>recherche</strong>s ultérieures sur le sujet, <strong>recherche</strong>s qui pourraient par exemple êtrefocalisées sur <strong>de</strong>s thématiques particulières parmi les enjeux et pratiques susmentionnés dansnotre étu<strong>de</strong>, ou encore compléter notre propos et nos propositions par <strong>de</strong>s éléments que nousn’avons que peu abordés au cours <strong>de</strong> notre réflexion.22


Ainsi, par exemple, la question <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources humaines apparaît <strong>de</strong>plus en plus constituer un enjeu particulièrement prégnant <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité. Dans leprolongement <strong>de</strong>s réflexions initiées sur le sujet par Defélix et al. (2006 ; 2008) ainsi que parColle et al. (2009), il y a en la matière <strong>de</strong> nombreux champs à explorer : les questions <strong>de</strong>mutualisation <strong>de</strong>s ressources, <strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> compétences ou encore <strong>de</strong>knowledge management constituent autant <strong>de</strong> challenges d’importance pour le développementfutur <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité et l’accentuation <strong>de</strong>s pratiques collaboratives entre les acteursqui les composent. De même, la question <strong>de</strong> la propriété intellectuelle, que nous évoquonstrès brièvement dans notre réflexion, appelle elle aussi <strong>de</strong>s réponses probantes, tant sur le planjuridique qu’au niveau managérial où il importe <strong>de</strong> concilier au mieux les points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>sparties prenantes sur ce sujet crucial et d’importance clé pour le développement <strong>de</strong>scollaborations et la valorisation effective <strong>de</strong> celles-ci (Gomez, 2009). A cet égard, la doublequestion <strong>de</strong> la confiance <strong>de</strong>s acteurs et <strong>de</strong> ses effets en termes d’implication dans les réseaux,d’appréhension <strong>de</strong>s partages d’expertises et <strong>de</strong> dynamiques collaboratives constitue un enjeuparticulièrement prégnant. Si <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s sur la confiance inter-organisationnelleont déjà été menées (Mayer et al., 1995 ; Zaheer et al., 1998 ; Newell et Swan, 2000 ;Brousseau, 2001 ; Delerue et Bérard, 2007 ; Donada et Nogatchewsky, 2007), le terrain <strong>de</strong>spôles <strong>de</strong> compétitivité offre une opportunité intéressante <strong>de</strong> renouveler et <strong>de</strong> compléter lesconnaissances sur cette problématique centrale pour le succès <strong>de</strong>s réseaux d’innovation. Ilpeut en outre être particulièrement intéressant <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r plus en avant le rôle et l’influenceque tient le coordinateur <strong>de</strong> projet dans la stimulation <strong>de</strong> cette confiance <strong>de</strong>s partenairesenvers le réseau ainsi que, d’une façon plus large, dans l’implication et la collaborationeffectives <strong>de</strong>s parties à la vie du partenariat et à la réussite <strong>de</strong>s projets qui y sont entrepris(Lisein, 2011). Enfin, un <strong>de</strong>rnier point mérite selon nous une attention particulière dans ledéveloppement <strong>de</strong> travaux futurs sur les enjeux <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité : alors que ces<strong>de</strong>rniers semblent aujourd’hui principalement centrés sur <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> R&D, <strong>de</strong>production et <strong>de</strong> développements technologiques, l’ouverture à <strong>de</strong>s échanges d’expériences etd’expertises sur <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> nature davantage managériale, telles que par exemple lamaîtrise <strong>de</strong>s canaux <strong>de</strong> vente, le développement d’actions marketing ou encore lacompréhension du marché, est-elle envisageable dans un court ou moyen terme ? Autant <strong>de</strong>problématiques qui illustrent combien le développement <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong>spôles <strong>de</strong> compétitivité <strong>de</strong>meure une question <strong>de</strong> <strong>recherche</strong> encore insuffisamment étudiée,appelant la réalisation <strong>de</strong> travaux théoriques et empiriques ciblés.BibliographieAHUJA, G. (2000), “Collaboration networks, structural holes, and innovation: a longitudinal study”,Administrative Science Quarterly, vol.45, pp.425-455.AKRICH, M. ; CALLON, M. ; LATOUR, B. (1988), « A quoi tient le succès <strong>de</strong>s innovations.Deuxième épiso<strong>de</strong> : l’art <strong>de</strong> choisir les bons porte-paroles », Annales <strong>de</strong>s Mines, Gérer et comprendre,vol.1988/12, pp. 4-29.23


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