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Faire travailler les finances - Social Watch

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SOCIAL WATCHR A P P O R T 2 0 0 9<strong>Faire</strong> <strong>travailler</strong> <strong>les</strong> <strong>finances</strong>D’ABORD LES GENSVersionabrégéePLUS DE SOIXANTE RAPPORTS DE LA SOCIÉTÉ CIVILEDU MONDE ENTIER DÉMONTRENT QUE LA SEULE ISSUEÀ L’ACTUELLE CRISE ÉCOLOGIQUE ET ECONOMIQUEEST D’INVESTIR DANS LES GENS.UN RAPPORT CITOYEN SUR LES PROGRÈS POUR ÉRADIQUERLA PAUVRÉTÉ ET PARVENIR À <strong>Social</strong> L’ÉQUITÉ <strong>Watch</strong> / 1 DE GENRE DANS LE MONDE


La version complète du Rapport <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 2009 comprend :Des voix qui marquent la différenceRoberto BissioD’abord <strong>les</strong> gensRoberto BissioRapports thématiquesUne réponse à la crise financière et économique envisagée sousl’angle des droits de l’hommeAldo Caliari, Center of ConcernL’égalité de genre et la crise financièreNancy Baroni, Canadian Feminist Alliance for International Action;Mirjana Dokmanovic, Association Technology and Society,Serbia and Women in Development Europe (WIDE);Genoveva Tisheva, Bulgarian Gender Research Foundationand Bulgarian-European Partnership Association;Emily Sikazwe, Women for ChangeLa crise mondiale et le prix des alimentsSophia Murphy, Institute for Agriculture and Trade Policy (institut pourl’Agriculture et la Politique Commerciale)Justice pour refroidir la planèteIsagani Serrano, PRRM, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> FilipinasDéfis énergétiques pour l’EuropeElena Triffonova, Bulgarien-European Partnership AssociationLes obligations des entreprises transnationa<strong>les</strong> envers <strong>les</strong> droitshumains et le rôle de la société civileJana Silverman, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>;Álvaro Orsatti, Confédération syndicale desTravailleurs et Travailleuses des AmériquesLE PROGRÈS VERS LES OBJECTIFS TRACÉSSécurité alimentaireScénario fragmentéÉducationLes écarts se creusentInformation, sciences et technologieL’écart le plus accéléréAide au développementToujours plus loin des engagements prisEau et assainissementLe fossé se creuseSantéAmélioration inégaleSanté reproductiveUne question de vie ou de mortRatifications des conventions fondamenta<strong>les</strong> de l’OITRatifications des traités internationauxsur <strong>les</strong> droits de l’hommeComment lire <strong>les</strong> tableaux de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> ?Notes méthodologiques : tableaux thématiquesLa crise économique mondiale et <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moins avancés :préoccupations des citoyensArjun Karki, LDC <strong>Watch</strong>La crise mondiale multiplie <strong>les</strong> défis du dévéloppement :choix de politiques dans la région arabeKinda Mohamadieh, Arab NGO Network for Development;Oliver Pearce, Christian AidRéponse européenne à la crise économiqueet financière mondialeMirjam van Reisen, Conseillers en politique extérieure européenne (EEPA,Europe External Policy Advisors) ;Simon Stocker et Louisa Vogiazides, EurostepEt <strong>les</strong> rapports nationaux :Algérie, Allemagne, Argentine, Bahreïn, Bangladesh, Belgique, Bénin, Birmanie/Myanmar, Bolivie, Brésil, Bulgarie, Cambodge, Canada, Chili, Chypre,Costa Rica, Égypte, El Salvador, Érythrée, Espagne, États-Unis D’amérique, France, Ghana, Guatemala, Honduras, Hongrie, Inde, Iraq, Italie, Kenya,Liban, Malaisie, Malte, Maroc, Mexique, Mozambique, Népal, Nicaragua, Nigéria, Ouganda, Pa<strong>les</strong>tine, Paraguay, Pérou, Philippines, Pologne,Portugal, République Centrafricaine, République de Moldavie, République Tchèque, République-Unie de Tanzanie, Roumanie, Sénégal, Serbie,Slovaquie, Slovénie, Somalie, Thaïlande, Venezuela, Viet Nam, Yémen et Zambie.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 1


Des voix qui marquent la différenceCe rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> entre sous presse en septembre2009, un an après que le Gouvernement des États-Unis aitéchoué dans sa tentative de sauver Lehman Brothers de labanqueroute. L’effondrement de cette banque d’investissementglobal a marqué le point culminant d’une crise qui a débuté àl’épicentre des <strong>finances</strong> globalisées de Wall Street pour s’étendrerapidement aux économies de la plupart des pays du monde.« La crise » ayant été le mot-clé de l’année, la question poséepar <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> à son réseau d’organisations nationa<strong>les</strong> de basepour composer leurs rapports nationaux était assez évidente :Quel est l’impact social et environnemental de la crise ? Que faitle Gouvernement à ce sujet ? Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> propositions de lasociété civile ?Chaque coalition nationale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a identifié enanalysant la situation de son propre pays différentes façons deressentir <strong>les</strong> effets de la crise. Ces conclusions forment le noyaude ce rapport et nous offrent la perspective des personnes quitravaillent avec ou dans <strong>les</strong> bases.Le présent rapport n’a pas été effectué sur commande.Chaque coalition nationale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> est formée par desorganisations et des mouvements qui, tout au long de l’année,travaillent au développement social. Leurs conclusions neprétendent pas s’épuiser dans la recherche ; el<strong>les</strong> servent à attirerl’attention des autorités sur <strong>les</strong> problèmes et aident à l’élaborationde politiques plus équitab<strong>les</strong>, sensib<strong>les</strong> aux problèmes relatifs augenre et apportant des bénéfices aux pauvres.Les groupes nationaux de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> ont choisi decommenter la crise en fonction des priorités spécifiques à chacunet de son ampleur, mais aussi selon leur propre définition desrépercutions de la crise actuelle. Pour mener à bien ce rapport,chaque coalition nationale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a recueilli sespropres fonds et a défini ses propres méthodes de consultationdepuis ses bases pour pouvoir justifier, preuves à l’appui, sesconclusions. Ils n’ont pas hésité à critiquer si cela s’avéraitnécessaire <strong>les</strong> autorités, <strong>les</strong> politiques, <strong>les</strong> élites ou <strong>les</strong> systèmesde gouvernance nationaux. L’expression d’opinions critiquesaide à consolider <strong>les</strong> transitions démocratiques. Mais si cesrapports indiquent que bien des choses peuvent (et doivent) êtreaméliorées depuis l’intérieur de chaque pays, ces conclusionssignalent aussi <strong>les</strong> limitations internationa<strong>les</strong>, impossib<strong>les</strong> àrésoudre au niveau national.La prise de décisions à l’échelon international est peudémocratique, à l’égard de la société civile comme de nombreuxgouvernements. Les organisations de la société civile ne peuventmême pas participer, en qualité d’observateur, à la plupart desforums internationaux-clés, aux prises de décisions et dansbien des cas cette situation s’étend aux gouvernements despays en développement, particulièrement <strong>les</strong> moins avancés. LaBanque mondiale et le Fonds monétaire international, <strong>les</strong> deuxprincipaux piliers de la gouvernance financière mondiale, sontcontrôlés par sept pays et <strong>les</strong> États-Unis ont le droit de veto dansces deux institutions (de même que l’Union européenne si sespays membre adoptent une position commune). En ce sens, laconvocation des chefs d’État et de gouvernement du « G-20 »,réunion informelle des 22 économies du nord et du sud ditesd’une « importance systémique », est une avancée louablevers la reconnaissance d’une nouvelle réalité de l’économiemondiale. Ceci dit, cela reste nettement insuffisant pour deuxmotifs principaux : premièrement, parce que 170 pays environsont exclus, comme ce fut le cas lors des sommets du G-20 àWashington (novembre 2008), Londres (avril 2009) et Pittsburgh(septembre 2009). Deuxièmement, parce que le G-20 n’a aucunpoids institutionnel, aucun statut légal, aucune responsabilité,aucun secrétariat responsable d’assurer le suivi de ses résolutionset des règ<strong>les</strong> occultes permettant de prendre une décision si <strong>les</strong>négociations à huis clos n’aboutissent pas à un accord.Cependant, on a allégué que le G-20 a l’avantage de ne réunirqu’un petit nombre de dirigeants au sommet et d’être de ce faitcapable d’obtenir des résultats significatifs, alors qu’une largeassemblée, menée en toute transparence, ne conduirait qu’à desdiscours enflammés à usage politique et à aucun accord notoire.Or, au cours de ces douze derniers mois, l’Assemblée Généralede l’ONU, réunie à Doha en décembre 2008 et à New York en juin2009, a réussi à obtenir un consensus du « G-192 » (nombre totaldes membres de l’ONU) analysant la crise plus profondément quetout autre document issu d’un accord international.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a participé activement à toutes <strong>les</strong> assembléesconvoquées par le père Miguel D’Escoto, président de la 63eSession de l’Assemblée Générale de l’ONU, et a remis sesrecommandations à la commission d’experts sous la présidencede l’économiste Joseph Stiglitz chargé de conseiller l’organismeinternational suprême dans ses délibérations sur la crise et sesimpacts sur le développement. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a organisé, avecdes douzaines d’organisations loca<strong>les</strong> et internationa<strong>les</strong> de lasociété civile, « l’Assemblée populaire sur la crise », événementqui a eu lieu à New York et réunissant <strong>les</strong> victimes loca<strong>les</strong> de lacrise et <strong>les</strong> activistes et chercheurs du monde entier. Notre réseaua également participé activement aux tab<strong>les</strong> rondes organiséespendant la « Conférence au Sommet » de juin dernier et, mêmesi seulement certaines de nos recommandations figurentdans le document final, nous avons eu l’occasion de féliciterpubliquement <strong>les</strong> négociateurs des gouvernements pour leurobtention d’un consensus qui semblait impossible.Le moment est venu de mettre en pratique ces accords, dejoindre l’action à la parole.Le lecteur découvrira pourquoi et comment mener à bienl’entreprise dans ce Rapport 2009 de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. nRoberto BissioSecrétariat International de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong><strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 1


D’abord <strong>les</strong> gensRoberto BissioSecrétariat International de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>La déclaration de faillite de la banque d’investissementsLehman Brothers en septembre 2008 estperçue par beaucoup comme le moment du déclenchementdans le système bancaire d’une série deralentissements qui se sont propagés comme unfeu de forêt dans <strong>les</strong> bourses et sur <strong>les</strong> marchés financiersdes économies <strong>les</strong> plus riches du monde.Le mot « crise » a été depuis lors au cœur de toutes<strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> et de tous <strong>les</strong> discours politiques. LaGrande Dépression qui a secoué le monde au débutdes années 30 est fréquemment citée commeseul précédent connu et l’historien Eric Hobsbawna comparé le krach de Wall Street à la chute du murde Berlin. Suivant l’opinion de celui qui est considérécomme étant le plus grand historien du XXe siècle,« l’économie capitaliste de libre-échange dépourvuede toute espèce de restrictions ou de contrô<strong>les</strong> (…)qui a fasciné le monde et ses gouvernements depuisl’époque de Margaret Thatcher et du président Reagan(…) est en train de s’effondrer sous nos yeux »de la même façon que l’ont fait <strong>les</strong> économies planifiéescentralement depuis l’état du modèle soviétiqueil y a 20 ans 1 .La tempête déchaînée ne s’est pas encorecalmée et alors que <strong>les</strong> banques d’investissementsétroitement liées au système politique des États-Unis, tels que la Goldman Sachs, ont déjà recommencéà faire des bénéfices et à récompenser leursdirecteurs par des primes multimillionnaires endollars, le chômage continue à augmenter dans laplupart des économies dites « avancées » et c’estseulement maintenant, un an après le cataclysme quia secoué le cœur même des <strong>finances</strong> globa<strong>les</strong>, que lavague du tsunami atteint <strong>les</strong> rives <strong>les</strong> plus éloignées.En Bolivie, par exemple, la coalition locale de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> décrit dans sa contribution au rapport que« Le pays a vu passer un cycle de croissance globalemais a été incapable d’en tirer profit pour établir sonpropre rythme de développement. Maintenant quela crise globale s’aggrave, l’économie bolivienne aressenti à peine <strong>les</strong> effets de cette croissance et laregarde déjà s’éloigner ».Dans ce rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> se trouventincluses <strong>les</strong> conclusions des organisations de la sociétécivile dans plus de 60 pays. Il s’agit du premierrapport informel global effectué par <strong>les</strong> bases sur <strong>les</strong>impacts sociaux de la crise. Les agences de l’ONU etd’autres institutions ont fourni des estimations pré-1 Voir: “<strong>Social</strong>ism has failed. Now capitalism is bankrupt. Sowhat comes next?” [Le socialisme a échoué. Aujourd’hui,c’est le capitalisme qui est en banqueroute. Quoi d’autreaprès ?] par Eric Hobsbawn in The Guardian, 10 avril 2009.Disponible sur le site cieuses sur <strong>les</strong> millions d’emplois qui disparaîtrontdans le monde entier, sur la pauvreté croissante etmême sur la progression de la mortalité infantileimputab<strong>les</strong> à l’incapacité des marchés à résoudre <strong>les</strong>problèmes qu’eux-mêmes ont créé (contrairementau credo généralisé jusqu’à l’année dernière). Maisces estimations sont des inférences effectuées àpartir d’agrégats globaux, et non pas le résultat del’observation directe sur le terrain. L’accumulationdes conclusions de pays riches et pauvres de tous <strong>les</strong>continents met en relief des similitudes frappantesainsi qu’une variété de situations qui élargit le panoramadont on disposait jusqu’à présent et le révèleplus dramatique encore, et elle presse <strong>les</strong> décideursde mettre en œuvre des politiques mettant <strong>les</strong> individusau premier plan. Il ne s’agit pas là seulement dejustice sociale mais aussi d’une politique économiquesolide, comme il ressort de la brève descriptiondes rapports nationaux suivants.Des victimes innocentesDans <strong>les</strong> <strong>finances</strong> capitalistes, comme au casino,plus <strong>les</strong> paris sont risqués plus <strong>les</strong> gains sontimportants. Mais <strong>les</strong> paris risqués signifient aussides pertes fréquentes. Selon cette logique, ce qui estscandaleux ce n’est pas la banqueroute de LehmanBrothers, mais la décision du président des États-Unis George W. Bush et de son Secrétaire au TrésorHank Paulson de dépenser des billions de dollars surl’argent des contribuab<strong>les</strong> pour sauver des banqueset des compagnies d’assurances en faillite, comme laGoldman Sachs, dont Paulson était directeur exécutifavant de faire partie du Gouvernement. Lorsque YayiBoni, président du Bénin, élu pour sa solide réputationde banquier, a eu vent de cette décision, il a remispubliquement en question l’origine des billions dedollars des fonds de renflouement et a conclu que finalementce sont <strong>les</strong> pauvres qui devront payer pourla crise. Le rapport de la Belgique coïncide : quand <strong>les</strong>actions des banques et des principa<strong>les</strong> entreprisesdu pays se sont effondrées, le gouvernement estvenu à la rescousse des banques et a apporté desgaranties de dépôt. La crise ne fait qu’augmenter lechômage, tandis que le coût du renflouement bancairese ressent dans l’augmentation sidérale de la dettepublique, entraînant de graves répercussions pour laprovision de la sécurité sociale. Au Bénin même, lavibrante coalition locale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a découvertque, dans ses efforts pour relancer l’économie, l’Étatentre en concurrence avec <strong>les</strong> pauvres pour <strong>les</strong> raresmatériaux de construction, et <strong>les</strong> organisations debase se mobilisent contre l’augmentation du coûtde la vie.De nombreux rapports nationaux de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> apportent des données sur la façon dont <strong>les</strong>femmes ont tendance à subir tout particulièrement<strong>les</strong> effets de la crise. Selon <strong>les</strong> termes de la coalitionpolonaise, « la baisse des revenus familiaux » a unerépercussion plus significative « chez <strong>les</strong> femmes,ce sont el<strong>les</strong> qui, par tradition, ont la plus grosseresponsabilité quant au bien-être familial (ceci estvrai en particulier dans <strong>les</strong> groupes aux revenus <strong>les</strong>plus faib<strong>les</strong> (…) la crise amplifie le secteur « gris »(informel) de l’économie polonaise à mesure quede nombreux chefs d’entreprise, en particulier <strong>les</strong>petits, tentent de minimiser <strong>les</strong> coûts salariaux etévitent la fiscalité et autres coûts liés au travail légal.(…) le développement de l’économie grise affectedavantage <strong>les</strong> femmes que <strong>les</strong> hommes, ce sont el<strong>les</strong>qui sont embauchées pour <strong>les</strong> emplois faiblementrémunérateurs, en particulier dans le secteur desservices privés (par exemple la vente au détail) ».En France, la crise mondiale a eu un impact directsur la population, comme dans tous <strong>les</strong> paysdéveloppés – car c’est là que la crise a commencé.Les effets <strong>les</strong> plus visib<strong>les</strong> sont l’augmentation duchômage et l’exclusion sociale, « voire <strong>les</strong> problèmesd’alimentation touchant <strong>les</strong> secteurs de la sociétéqui jouissait, il n’y a pas longtemps, d’une situationaisée » selon le rapport français de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.De même, la stratégie de gestion de la crise du Gouvernementallemand ne comprend pas d’objectifssociaux ou même écologiques. Ses séries de programmesde relance et de réduction d’impôts sontsocialement injustes; <strong>les</strong> licenciements et le nombrecroissant de travailleurs à mi-temps dévoilent lemauvais côté de la dérégulation. La pauvreté devient« massive » tant en Europe orientale qu’en Europeoccidentale, informent <strong>les</strong> coalitions de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>du Portugal et de Moldavie.Dans la République tchèque, « la crise économiquemondiale, qui commence maintenant à toucherle pays, est en train de diminuer encore plus le niveaude vie » à cause notamment de la hausse du chômage.La coalition tchèque de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> remeten question le chiffre officiel de chômage, parce qu’ilomet <strong>les</strong> 178.000 personnes considérées commechercheuses d’emploi non actives; si l’on ajoutait cegroupe, le taux de chômage serait supérieur à 50 %.Les travailleurs étrangers, spécialement <strong>les</strong> asiatiques,sont ceux qui pâtissent le plus de la crise dansla République tchèque, mais <strong>les</strong> coalitions de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> à Malte, en Slovaquie et à Chypre dénoncentel<strong>les</strong> aussi <strong>les</strong> difficultés croissantes vis-à-vis desétrangers ainsi que des cas de xénophobie.A l’autre extrémité, depuis <strong>les</strong> Philippines, leMaroc, le Mexique, le Nicaragua et bien d’autrescoins du monde parviennent des informations sur<strong>les</strong> difficultés provenant de la diminution des devisesenvoyées par <strong>les</strong> travailleurs à l’étranger. Dans lecas de l’Égypte « la diminution des envois de fondsde l’étranger et le retour des expatriés menacent unmarché du travail incapable pour l’instant de <strong>les</strong> intégrer». Au Salvador, « plus de 300.000 famil<strong>les</strong> sontréceptrices d’argent depuis l’étranger, 26,7 % de lapopulation ayant à charge des frais d’alimentation,<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 2


de vêtements et de services de base ». Les flux dedevises n’ont presque pas augmenté en 2008 et onestime qu’ils commenceront à diminuer en 2009.La vitesse à laquelle <strong>les</strong> pays sont affectés parle tsunami de la crise n’est pas en rapport avec leurdistance physique de Wall Street, bien entendu, maisavec la façon dont leur économie est liée aux économiesde l’épicentre. Par exemple, au Mozambique,qui est un des pays <strong>les</strong> plus pauvres du monde, laBanque internationale du Mozambique (MillenniumBim) a publié un rapport dans lequel elle prévoit unralentissement de l’économie nationale lié au faitque <strong>les</strong> pays donneurs qui financent plus de la moitiédu budget national, ainsi que ceux qui effectuentdes investissements étrangers directs, auront unecroissance économique négative. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Mozambiquesignale la chute des prix de l’aluminium,du tabac, du sucre, du thé, des châtaignes et descrevettes. Les recettes des exportations s’en ressentiront,ce qui entraînera à son tour un affaiblissementdes activités encourageant la relance économiqueet la diminution de la promotion du tourisme. LaTanzanie, dont 42 % du budget est financé par l’Aide,se trouve dans une situation analogue. Le rapportfrançais de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> montre que, en raison de lacrise et de l’incapacité du pays à créer de nouvel<strong>les</strong>ressources pour l’Aide Officielle au Développement,cette aide a été rigoureusement réduite, de sorte quela France ne tiendra pas ses engagements dans cedomaine. Par contre, l’Espagne a réaffirmé son engagementde canaliser 0,7 % de son revenu nationalvers l’AOD pour 2012. Mais même si tous <strong>les</strong> paysdonateurs tenaient leurs engagements, <strong>les</strong> objectifss’expriment en pourcentages de l’économie et, parconséquent, <strong>les</strong> budgets de l’AOD auront tendance àdiminuer en période de récession.Dans <strong>les</strong> pays en développement, plus le lienavec l’économie globalisée est fort, plus grand estl’impact et plus il est rapide. Par exemple, l’impacta été immédiat au Mexique et au Chili, deux payslatino-américains étroitement liés à l’économie desÉtats-unis au travers d’accords de libre-échange etd’investissements. Le prix du cuivre, exportation principaledu Chili, a culminé à plus de 4 USD la livre aumilieu de l’année 2008, mais a chuté à 1,4 USD enfin d’année. Cependant, l’impact le plus notable dela crise, selon le rapport chilien de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, aété la chute subie par <strong>les</strong> fonds de pension, dont <strong>les</strong>ressources sont placées en actifs financiers au Chiliet à l’étranger. Fin 2008, la valeur des épargnes prévisionnel<strong>les</strong>a essuyé une perte de 27 milliards d’USD,plus de 26 % des fonds totaux. De ce fait, le Chili est lepays latino-américain où s’est produite la plus grandeperte de richesse des ménages. Malgré <strong>les</strong> nombreusesprotestations des victimes, cel<strong>les</strong>-ci n’ont pas eula même chance que <strong>les</strong> actionnaires des grandesbanques mondia<strong>les</strong>, personne n’est venu <strong>les</strong> secouriret rien n’a été entrepris pour <strong>les</strong> dédommager.La chute des prix des matières premières aétendu la crise à beaucoup de pays. En Ougandala coalition locale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> estime que lacrise pourrait annuler <strong>les</strong> récents progrès sociaux etrendre impossible l’accomplissement des Objectifsdu Millénaire pour le Développement. La Zambieressent encore plus cruellement que le Chili la chutedes prix du cuivre, dont le pays est très dépendant. Lacontribution zambienne au rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>souligne avec raison que « contrairement aux États-Unis et à d’autres pays qui ont fait face à la débâclede l’économie en destinant de nouveaux fonds auxbanques et aux principa<strong>les</strong> industries en faillite afinde garantir leur survie, le président Rupiah Banda n’aaucune ressource à distribuer ».Le rapport du Ghana commente le même problème: « la question fondamentale pour <strong>les</strong> citoyensest de décider si le pays doit se reposer sur l’aidede la communauté internationale pour lutter contrela chute de l’économie, ou s’il doit introduire desmesures fisca<strong>les</strong> et monétaires fortes ».Comme l’écrit l’expert financier brésilien FernandoCardim dans son analyse élaborée pour le rapportde <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> local: « en augmentant ainsi <strong>les</strong>recettes publiques. (…) c’est précisément ce que leprésident Obama tente de faire aux États-Unis. C’estaussi ce que Dominique Strauss-Kahn, Directeur duFonds Monétaire International (FMI) a défendu à plusieursreprises depuis 2007 ». Cependant, le Fondslui-même s’est résisté à adopter ce point de vue, ainsique le démontrent <strong>les</strong> conditions imposées aux paysde l’Europe centrale secourus par le FMI.Dans le cas de la Roumanie, le rapport nationalde <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> remarque que « le prêt du FMIsemble avoir été contracté sous des pressions externes,principalement pour sauver <strong>les</strong> intérêts descompagnies étrangères basées en Roumanie. Il neservira pas à rembourser la dette externe du paysmais à couvrir <strong>les</strong> dettes des succursa<strong>les</strong> loca<strong>les</strong>des banques étrangères. On utilisera donc des fondspublics pour réparer <strong>les</strong> dégâts occasionnés par lecapital privé ».Au lieu de réagir aux besoins locaux, le FMI estallé en Roumanie à la suite des « réclamations désespéréesdu Gouvernement autrichien pour que leFMI et l’Union Européenne interviennent et sauventleurs banques en Europe de l’est ». Les banquesautrichiennes avaient prêté à la région une sommeéquivalente à 70 % du PIB de l’Autriche. Toutefois,« le remboursement d’un prêt représentant 40 % dubudget annuel de la Roumanie ne sera possible dans<strong>les</strong> prochaines années qu’en diminuant le niveau devie de la population ».En Hongrie, un renflouement du FMI s’estavéré nécessaire pour éviter l’effondrement totalde l’économie et cela a conduit à une dévaluation,à des augmentations d’impôt et à d’autres mesuresimpopulaires et procycliques, telle que la réductiondes coûts. Le premier ministre Ferenc Gyucsany aété obligé de présenter sa démission en mars 2009.Le nouveau gouvernement envisage de réduire <strong>les</strong>retraites, <strong>les</strong> bonifications du secteur public et <strong>les</strong>allocations de maternité, d’hypothéquer l’énergieet <strong>les</strong> allocations de transport, et d’élever l’âge dela retraite.De même, en Serbie la pression du FMI pourréduire le déficit de l’État a poussé le Gouvernement àannoncer en mars 2009 « l’incorporation d’un salaireprovisoire “solidaire” ainsi que d’un impôt de 6 % sur<strong>les</strong> retraites supérieures à 170 USD. (...) Cependant,la mesure – provenant de la pression du FMI pourdiminuer le déficit public – a entraîné un mécontentementchez <strong>les</strong> travailleurs et <strong>les</strong> retraités, et <strong>les</strong> syndicatsont annoncé des manifestations. Ceux-ci ontaffirmé que l’impôt de solidarité frapperait <strong>les</strong> pluspauvres, entraînerait une réduction des salaires, uneaugmentation du chômage et du secteur informel,tandis que <strong>les</strong> riches ne seraient pas affectés. Du jourau lendemain, le Gouvernement a révoqué la totalitédu plan d’épargne. ». Selon la coalition serbe de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong>, le Gouvernement « se trouvait coincéentre la crainte des troub<strong>les</strong> sociaux et la pressiondu FMI; <strong>les</strong> semaines suivantes ont été marquées pardes opinions discordantes des hommes politiquesqui, l’après-midi annonçaient de nouveaux ensemb<strong>les</strong>de mesures d’épargne et <strong>les</strong> révoquaient le lendemainmatin». Le menu des nouvel<strong>les</strong> idées proposaitde réduire le nombre de ministres, d’augmenter<strong>les</strong> impôts sur le patrimoine, d’introduire un impôtsur <strong>les</strong> factures de téléphonie mobile, sur l’achat devoitures neuves et de voitures de luxe, d’interdirel’embauche de nouveaux employés dans le secteurpublic, de limiter <strong>les</strong> voyages d’affaires à l’étranger etde réduire <strong>les</strong> heures de travail. Or, <strong>les</strong> <strong>Watch</strong>ers serbessoulignaient que, si la Loi, récemment adoptée,de Confiscation des Biens Frauduleusement Acquisétait appliquée efficacement, « l’État pourrait obtenirun recouvrement de 2.640 millions USD en un an, cequi correspond exactement au montant que la Serbiedemande au FMI ».En Bulgarie, <strong>les</strong> ONG et <strong>les</strong> syndicats contestentl’idée que la réduction des coûts sociaux soit acceptableen temps de crise. « Une autre réduction pourraitruiner la paix sociale » du pays, avertit la coalitionnationale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. Bien que <strong>les</strong> experts desONG soutiennent l’augmentation du pourcentage del’investissement destiné à l’infrastructure du transport,ils critiquent sévèrement le Gouvernement dene pas avoir utilisé <strong>les</strong> fonds structurels de l’Unioneuropéenne assignés à la Bulgarie <strong>les</strong> deux premièresannées de son entrée comme membre de pleindroit. « Fin 2008, seulement 0,6 % des 2,2 milliardsd’EUR avait été dépensé. Le manque de capacitéfinancière, une bureaucratie excessive et des procédurespeu transparentes ont empêché <strong>les</strong> fondsd’arriver jusqu’à leurs destinataires ».<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 3


Le ralentissement peut être dramatiqueAu commencement de la crise financière, certainséconomistes ont avancé l’hypothèse de la « déconnexion», selon laquelle <strong>les</strong> économies émergentesne seraient pratiquement pas touchées par la crisefinancière mondiale grâce à leurs réserves substantiel<strong>les</strong>de devises, à la stabilité des bilans desentreprises et à l’assainissement relatif des secteursbancaires. Pourtant el<strong>les</strong> ont ressenti l’impact dela même façon. Selon <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Inde, « il estclair que <strong>les</strong> pronostics initiaux du Gouvernementsur l’immunité du pays face à la crise ont péché deprévoyance » et la croissance s’est fortement ralentie– passant d’un solide 9,3 % en 2007 à 7,3 % en2008. Pour 2009 le FMI prévoit une croissance de4,5 %. Des chutes analogues se sont produites auVietnam, au Pérou et au Cambodge, qui sont passésd’un pourcentage de croissance à deux chiffres àcelui de 5 %.Une croissance de 5% peut rendre jaloux <strong>les</strong>ministres des Finances des pays de l’OCDE, puisquela plupart cherchent à sortir de la croissance négative(c’est-à-dire de la récession), mais il ne faudrait pasen ignorer l’origine. La croissance annuelle de 5%dans <strong>les</strong> pays de bas revenus signifie une hausse demoins de dix centimes par jour pour une personneordinaire. Mais ces quelques centimes supposentune différence énorme si l’on est pauvre. D’aprèsl’exemple présenté par <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Cambodge, laréduction de moitié du taux de croissance signifieque « <strong>les</strong> personnes qui habitent autour du TonleSap, le plus grand lac du pays, sont spécialementvulnérab<strong>les</strong> parce qu’el<strong>les</strong> s’étaient déjà endettéespour arriver à joindre <strong>les</strong> deux bouts. En 2008 ilsont dû vendre leurs actifs de production et retirer <strong>les</strong>enfants de l’école pour <strong>les</strong> faire <strong>travailler</strong> ».Crise permanenteLe mot « crise » fait référence à un moment décisif,à une époque instable, mais pour beaucoup de coalitionsde <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> qui ont remis leur rapportnational, la crise que subissent leurs pays remonteà plusieurs décennies et elle a commencé avantl’effondrement des marchés financiers. En RépubliqueCentrafricaine, la pauvreté augmente au lieude diminuer depuis 1990, de même que l’instabilitépolitique et la violence à laquelle ne peut que nuireune économie déjà faible en soi.L’Erythrée « était déjà plongée dans un profondchaos économique, social et politique bien avant quela crise mondiale ne s’accentue, alors qu’au Nigéria laplupart des habitants « ont vécu pendant longtempsdans une situation d’effondrement économique. Lacorruption est généralisée, il y a pénurie d’électricitédans tout le pays, l’éducation et la santé se trouventdans des conditions déplorab<strong>les</strong> et la lutte arméepour le contrôle des ressources pétrolières est toujoursintense ».Au Yémen, le rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> local voitdans l’absence de droits l’origine des crises successivesdepuis 1990, avec 42 % de la population vivantau-dessous du seuil de pauvreté et une situation pireencore pour <strong>les</strong> femmes. En Birmanie on vit une « criseperpétuelle, qu’elle soit économique, politique, alimentaireou environnementale », avec un Gouvernementqui s’est montré incapable d’apporter de l’aideà ses concitoyens après le cyclone mais qui dépensepresque la moitié de son budget dans l’armée.Au Népal on s’attend à ce que la crise arrive d’icipeu et que ses effets s’ajoutent à « d’autres crises,liées à l’environnement, à l’alimentation, à l’énergie,aux <strong>finances</strong> et à la politique qui frappent la sociétédepuis un long moment déjà ».Au Bangladesh, le cyclone Sidr, en plus de deuxinondations consécutives, montre l’extrême vulnérabilitédes millions de personnes menacées par lechangement climatique. Un manque total d’autoritégouvernementale est à la base des problèmes de laSomalie, cependant que l’occupation étrangère estle souci principal en Pa<strong>les</strong>tine. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Iraq,offrant aussi son apport provenant d’une situationde conflit critique, a décidé cette année de faire porterson analyse sur la situation des femmes. Sesconclusions, cependant, ont une valeur universelle :l’autonomisation de la femme requiert l’existence« d’une culture de l’égalité des chances ».PolarisationEn mars 2009, au beau milieu de la crise et du débatpolitique en Serbie sur la façon de réduire <strong>les</strong> coûts,se tenait à Belgrade le Salon de l’Automobile. Tous<strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus chers se sont vendus le premierjour pour une somme totale dépassant 2,6 millionsd’USD !La crise a exacerbé la polarisation un peu partout.Le rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> de Bahreïn affirmeque « la quantité de milliardaires augmente, la classemoyenne se rétrécit et <strong>les</strong> couches populaires s’appauvrissent». La sensation d’injustice, davantageque la pauvreté absolue, a mené à des confrontationset des tensions « entre <strong>les</strong> groupes appauvris et <strong>les</strong>forces de l’ordre », particulièrement dans <strong>les</strong> villages.A la suite de quoi, « la Banque Mondiale a descenduBahreïn de son rang dans le classement de stabilitépolitique ».Au Vietnam, souvent cité comme étant un modèleexemplaire de développement qui a sorti dela misère des millions de personnes, « la consommationde 20 % des personnes <strong>les</strong> plus riches de lapopulation représente 43,3 % des dépenses tota<strong>les</strong>du pays, tandis que <strong>les</strong> 80 % restants sont plus modestesdans leurs dépenses ».Une polarisation analogue est décrite dansle rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> du Honduras, où laconfrontation entre riches et pauvres est clairementà l’origine du coup d’état qui a destitué le présidentManuel Zelaya en juin 2009, ravivant une pratiquede « changement de régime » que l’Amérique Latinesemblait avoir abandonnée en faveur de méthodesdémocratiques depuis deux décennies.Au Costa Rica, pays voisin qui pendant longtempsa été une oasis de paix et de stabilité constitutionnelleen Amérique centrale, <strong>les</strong> <strong>Watch</strong>ers locauxpréviennent que si <strong>les</strong> défis de la crise ne sont pasrelevés « sur <strong>les</strong> bases du dialogue social (...) lapersistance des solutions traditionnel<strong>les</strong> (assistancialismeet diminution des dépenses publiques, etdiminution des droits) se traduiront certainementpar une plus grande inégalité et pauvreté, et par lerisque, que nous avons déjà souligné, de transformerla pauvreté conjoncturelle en raison de perte derevenus, en pauvreté structurelle, ainsi que par uneaugmentation de la violence contre <strong>les</strong> femmes, <strong>les</strong>enfants et <strong>les</strong> personnes âgées ».Le jeu de l’autrucheSelon <strong>les</strong> <strong>Watch</strong>ers kényans, « au Kenya le Gouvernementrefuse de voir la réalité et fait l’autruche quise met la tête dans le sable. L’élite gouvernante affirmeque la crise est circonstancielle et que l’économienationale est suffisamment protégée en raison de lafaib<strong>les</strong>se de ses liens avec le capital international ».De nombreux pays vivent des situations analogues.En Moldavie, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> signale qu’avant<strong>les</strong> élections d’avril 2009 le Gouvernement avait niéfarouchement que la crise puisse affecter le pays etqu’il avait essayé de maintenir artificiellement la situationéconomique. La Banque Mondiale n’a pas étési optimiste et a inclus la Moldavie parmi <strong>les</strong> pays endéveloppement <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>. Après <strong>les</strong> élections,cependant, le président Voronin a déclaré, lorsd’une réunion avec des entrepreneurs, des membresdu gouvernement intérimaire, des parlementaires etdes politiques, que « la crise est un incendie, unecatastrophe. Les fonctionnaires du gouvernementont expliqué que l’importance de la crise avant <strong>les</strong>élections avait été minimisée dans le but d’éviter lapanique ».Dans d’autres situations, non seulement <strong>les</strong>hommes politiques en fonction ont minimisé l’importancede la crise, mais certains leaders d’organisationssocia<strong>les</strong> en ont aussi fait leur stratégie, craignantque la peur d’une catastrophe puisse mener <strong>les</strong>fonctionnaires décideurs à accepter des demandesopportunistes des privilégiés. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Bolivierapporte que <strong>les</strong> entrepreneurs boliviens s’inscriventdans cette tendance: la réaction de l’entreprenariatest connu pour encourager des « négociations inéga<strong>les</strong>» qui font peser tout le poids de la crise sur ledos des travailleurs et qui ont pour but de réduireleurs bénéfices et leurs salaires et d’augmenter lenombre des licenciements.En Slovénie, <strong>les</strong> <strong>Watch</strong>ers locaux dénoncentaussi des employeurs qui abusent de la peur de la<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 4


crise et restreignent <strong>les</strong> droits des travailleurs. AuGuatémala, , seul un groupe d’importateurs a pubénéficier des mécanismes destinés à pallier la crise,tels que <strong>les</strong> quotas d’importation au tarif douanierzéro, pas <strong>les</strong> consommateurs.Au Paraguay, la coalition locale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>informe que <strong>les</strong> premiers secteurs à exiger davantaged’appui « ont été ceux ayant bénéficié jusqu’àprésent des politiques néolibéra<strong>les</strong> et d’intégrationdes marchés : <strong>les</strong> agro-exportateurs, <strong>les</strong> industriels,<strong>les</strong> importateurs, <strong>les</strong> publicitaires ». Les producteursde soja, par exemple, prétendent non seulement quele gouvernement essuie leurs « pertes mais égalementqu’il conserve le même niveau d’activité et deprofits par le biais de la subvention publique ». Ilsont obtenu des gains extraordinaires le cycle précédent,grâce en partie à la spéculation sur le marchéà terme de produits marchands agrico<strong>les</strong> associéeà la promotion de biocombustib<strong>les</strong> dans beaucoupde pays.En Pologne la population « pense que <strong>les</strong> banquesmanipulent le taux de change au détriment desclients. A l’heure actuelle, la différence entre <strong>les</strong> valeursd’achat et de vente peut atteindre 12 %; et pasmême l’Agence de la Concurrence et de la Protectiondes Consommateurs ne peut imposer de restrictionssur le taux de change. Des groupes de consommateursse réunissent via Internet afin de se procurerdes devises étrangères en grosses quantités dansl’espoir de négocier le montant du spread et mêmeparfois de renégocier <strong>les</strong> conditions de leurs contratsde crédit ».Après avoir assisté à un séminaire organisé parla Red del Tercer Mundo (Réseau du Tiers Monde)sur <strong>les</strong> réponses asiatiques à la crise, la coordinatricedu plaidoyer de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Natalia Cardona a écritqu’il semble exister « une atmosphère de défensiveparmi <strong>les</strong> gouvernements de la région. Face au changementdu système financier international, au lieude prendre une orientation énergique et nouvelle, ilsfont confiance aux vieil<strong>les</strong> politiques pour résoudre<strong>les</strong> nouveaux et graves problèmes économiques ».<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Argentine trouve que son gouvernementest également mal préparé devant l’ampleurdes défis lancés par la crise, et la coalition brésiliennepense que ses dirigeants confondent « l’incapacitéd’agir avec la prudence financière et fiscale ». Entemps de récession, « <strong>les</strong> revenus fiscaux se réduisent,et parallèlement <strong>les</strong> dépenses de la sécuritésociale augmentent. En conséquence, le déficit fiscals’accroît, justement en raison de l’inaction desgouvernements, qui n’ont pas eu assez d’audacepour agir contre la réduction de l’économie. Il est paradoxalqu’en essayant de se montrer prudents, <strong>les</strong>pays se placent dans une situation fiscale pire encorede ce qu’elle serait si leurs gouvernements avaientagi avec décision pour soutenir la demande ».Soutien aux privilégiésDe plus, <strong>les</strong> tentatives pour relancer l’économie nesont pas toutes pertinentes ni justes. Les <strong>Watch</strong>erscanadiens pensent que le « plan de relance économiqueà court terme [du gouvernement] pour répondreaux besoins des milliers de citoyens qui supportent<strong>les</strong> pires effets de la crise » est insuffisant. « Les emploiscréés grâce à l’investissement public sont destinésaux hommes alors que <strong>les</strong> femmes se contententdes emplois précaires ou à temps partiel et sontfréquemment <strong>les</strong> premières à être licenciées ».On retrouve pratiquement <strong>les</strong> mêmes motsdans le rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> thaïlandais: « La remiseunique de 2.000 THB (57 USD) en espèces auxemployés publics et privés dont le revenu mensue<strong>les</strong>t inférieur à 14.000 THB (397 USD) a été l’une desmesures <strong>les</strong> plus polémiques. Les bénéficiaires de lamesure eux-mêmes l’ont critiquée en la qualifiant depopulisme éhonté, sans la considérer comme une relancesignificative. Par exemple, la plus grande partiedes travailleurs qui se trouvent dans cette catégorieappartient au secteur informel et n’a donc pas le droitde toucher cette somme. Ceci pose le problème de ladiscrimination de genre puisque ce sont <strong>les</strong> femmesqui composent la majeure partie du secteur des travailleursinformels ».Pendant que <strong>les</strong> économies occidenta<strong>les</strong> injectentde nouveaux fonds de soutien massifs dansleurs institutions financières, et dans certains casnationalisent à nouveau leurs banques, le parlementkényan légifère sur la privatisation des rares actifssociaux stratégiques qui subsistent afin de fournirà titre exceptionnel une injection de revenus au gouvernement,dénonce la coalition kényane de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong>. Parmi <strong>les</strong> organisations faisant partie de laliste des privatisations se trouvent : la Compagniede Génération d’Électricité du Kenya (KENGEN), laKenya Pipeline Company, <strong>les</strong> entreprises sucrièresde l’État, des hôtels, des banques et autres.Au Liban, aussi bien le premier ministre que leministre des Finances ont admis <strong>les</strong> impacts négatifsque l’on attendait de la crise mondiale et la nécessitéde protéger l’économie nationale. Cependant, l’analysede <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> local conclut que <strong>les</strong> mesuresappliquées accélèrent <strong>les</strong> démarches nécessairespour que le pays adhère à l’Organisation Mondialedu Commerce (OMC), ce qui se traduirait par la libéralisationdes services et des secteurs productifsde l’économie.De la même manière, en Thaïlande « pourcompléter son plan de relance de l’économie, leGouvernement travaille aussi sur une importanterestructuration de la régulation des marchés financiers.Cependant, contrairement à beaucoup de paysqui ont établi plus de garanties pour protéger <strong>les</strong>consommateurs et leurs économies, la Thaïlandemarche vers une forte dérégulation et libéralisationdu marché des capitaux pour augmenter son rôledans le développement de l’économie. ». Les <strong>Watch</strong>ersthaïlandais craignent que « cette initiative, dontnombre de personnes qui ont participé à la crise de1997 recherchant exclusivement des profits à courtterme sont à l’origine, ouvre la voie à une nouvellecrise à peine le pays remis sur pied ».Les <strong>Watch</strong>ers de Malaisie informent que le pays,dont la croissance économique dépend en grandepartie de ses exportations et qui importe la plupart deses denrées alimentaires, « devra se préparer pouraffronter des années de difficultés économiques. Ilexiste une forte chute de la production industrielle,le chômage est au plus haut et <strong>les</strong> analystes prévoientque la récession pourrait être pire que cellede 1997. Le Gouvernement a été critiqué parce qu’ila réagi tardivement et qu’il s’est consacré au sauvetagedes entreprises. Les organisations de la sociétécivile manifestent et font des débats publics pourconscientiser le public sur <strong>les</strong> répercussions négativesde cette crise, spécialement par rapport auxsecteurs vulnérab<strong>les</strong> de la société ».C’est tout le contraire qui se passe au Venezuela,où la réduction de la misère est un objectif essentieldu gouvernement qui dépense de grandes sommesd’argent à cette fin ; <strong>les</strong> politiques ne sont cependantpas aussi transparentes que le souhaiteraient <strong>les</strong><strong>Watch</strong>ers locaux.L’Algérie, d’un autre côté, semble avoir tiré desleçons de la crise. En septembre 2008 Sid Saïd, dirigeantde l’Union Générale des Travailleurs Algériens,a annoncé que le Gouvernement se rétractait de sapolitique du « tout est susceptible d’être privatisé ».Le rapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> local estime qu’environ220 entreprises publiques, « en attente de privatisationaprès la mise en application des mesuresrèglementaires ont finalement été effacées de la listede sociétés destinées à la vente ». De plus, le Gouvernement« a demandé à un groupe de travail interministérielde prendre en charge la supervision et <strong>les</strong>uivi de l’industrie des <strong>finances</strong> et de la promotiondes investissements dans des petites et moyennesentreprises ».Investir dans <strong>les</strong> gensDe nombreux citoyens du monde entier peuvent partagerla conclusion des <strong>Watch</strong>ers péruviens: « entemps de prospérité, on demande aux travailleursd’attendre patiemment <strong>les</strong> bénéfices de la croissance,alors que, pendant la crise ils n’ont qu’à se serrerla ceinture ». Mais ce n’est pas juste et, d’après ceque pensent à présent <strong>les</strong> experts, cela ne marchemême pas. Les séries de programmes de relance reposantsur <strong>les</strong> réductions d’impôts appliquées aux richeset sur la subvention des grandes banques et descorporations n’ont pas produit <strong>les</strong> effets escomptés.En prévision d’une récession prolongée, <strong>les</strong> riches et<strong>les</strong> classes moyennes tendent à épargner tout argentsupplémentaire au lieu de le dépenser, alors que <strong>les</strong><strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 5


anques, au lieu de prêter l’argent de la relance, l’utilisentpour reconstruire leurs actifs.Mais quand <strong>les</strong> fonds sont canalisés vers <strong>les</strong>pauvres, ils sont immédiatement dépensés. Nonpas qu’ils aient davantage conscience du rôle qu’ilsjouent dans la récupération de l’économie globale,mais simplement parce qu’ils n’ont pas le choix.Partout dans le monde, <strong>les</strong> organisations dela société civile exigent des choses similaires, chacuneà leur façon. Au Maroc, comme le rapportela coalition de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> locale, « diverses actionscollectives ont été amorcées, notamment desgrèves sectoriel<strong>les</strong> (éducation, santé, collectivitésloca<strong>les</strong>, etc.), ainsi qu’une grève générale. Parmid’autres mouvements sociaux particulièrementdynamiques, il faut mentionner <strong>les</strong> diverses luttespromues par <strong>les</strong> Associations coordonnées contrel’augmentation du coût de la vie, ainsi que par <strong>les</strong>Associations nationa<strong>les</strong> de professionnels au chômage.Plusieurs stratégies d’action collective ont étédéployées : grèves des bras croisés, manifestationspopulaires spontanées, journées de mobilisationnationale contre la pauvreté, etc. Les revendicationsconcernent le blocage de l’augmentation des prix, lemaintien de la Caisse des Compensations, la mise enplace de l’échelle mobile des salaires, la rénovationdes services publics et la fin des privatisations descontrô<strong>les</strong> de distribution d’eau et d’électricité, le droità <strong>travailler</strong> dans le secteur public ».Aux États-Unis, là où la crise a commencé, etoù le nombre de chômeurs est monté à 13,1 millions(5,6 millions de plus qu’au début de la récession),le Parti Républicain a été “ pénalisé” par l’électorat,qui a élu Barack Obama et sa plateforme d’espoirs etde changements. Maintenant, selon le rapport des<strong>Watch</strong>ers des États-Unis, « <strong>les</strong> mouvements pour<strong>les</strong> Droits de l’Homme, <strong>les</strong> emplois écologiques, lecommerce équitable, <strong>les</strong> soins de santé et le logement,présentent des propositions et exigent deschangements réels et structurels. Les États-Unis nepeuvent pas laisser passer l’occasion d’effectuer unréel changement ».Au Ghana, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> exige que, pour « impulserl’agriculture et contribuer à la création d’emplois,à la croissance économique et au bien-êtregénéral de la population, <strong>les</strong> agriculteurs ont besoind’un soutien pour investir en produits agrico<strong>les</strong>, enfertilisants, en formation et accès aux marchés ».Une demande analogue provient du Sénégal, le paysd’Afrique occidentale qui dépend le plus de l’importationdes denrées alimentaires, où la société civile« préconise un retour à l’agriculture traditionnelle,correctement encouragée et soutenue par l’État ».« Cette stimulation devrait être une augmentationréelle des salaires », c’est en résumé ce que<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> propose en Bulgarie. Et aux Philippinesdéfinitivement, la création d’un « ensemble de mesuresde relance mais, à la différence de ce qui a étéproposé par le gouvernement, il devrait être basé surune stratégie nationale claire, soumise au droit, enfaveur des pauvres et durable, et destinée à renforcerla demande nationale surtout dans le climat économiqueactuel, hostile aux exportations. Il faudrait donnerla priorité à la sécurité alimentaire, à la créationd’emplois tout en renforçant <strong>les</strong> entreprises loca<strong>les</strong>afin que <strong>les</strong> travailleurs et travailleuses puissent enbénéficier, ainsi qu’à l’investissement dans des projetsd’infrastructures écologiques et en faveur despauvres (par exemple, la construction d’un réseaude système d’irrigation, l’électrification de villagesisolés et le développement d’une énergie propre),ainsi que le développement de la sécurité sociale etéconomique des pauvres et des chômeurs (...) Il fautfinalement penser sérieusement à la renégociation dela dette publique de sorte qu’une grande partie desrevenus du pays soit destinée à couvrir <strong>les</strong> besoinsélémentaires et de première nécessité des personnesau lieu d’être affectée à la dette ».En Thaïlande, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a agi en faveurd’une large alliance similaire à celle qui a conduit àla « Constitution Populaire » de 1997, après la crisefinancière du sud-est asiatique.Au Pérou, <strong>les</strong> <strong>Watch</strong>ers mettent l’accent sur le faitque « pour affronter <strong>les</strong> conséquences nocives de lacrise, il est donc indispensable de renforcer la demandeinterne, c’est-à-dire augmenter la consommation destravailleurs et protéger la production nationale, ainsique d’annuler <strong>les</strong> Traités de Libre Commerce (TLC)qui se soldent par une ouverture inutile du marchépéruvien alors que <strong>les</strong> marchés internationaux sont enpleine contraction ». La coalition mexicaine de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> demande également une révision de l’Accordde libre-échange: le Mouvement pour la souverainetéalimentaire et énergétique, pour <strong>les</strong> droits humainsdes travailleurs et <strong>les</strong> libertés démocratiques – dansune lettre du 16 avril 2009 adressée à Barack Obama– propose d’engager « le dialogue au plus haut niveaupour aborder <strong>les</strong> questions incluses dans l’agendavisant à renégocier de manière urgente <strong>les</strong> termes duTLCAN et sauvegarder <strong>les</strong> droits du travail, sociaux ethumains des citoyens de notre région. Il s’agirait decréer un Fonds de Compensation Asymétrique pourl’Amérique du Nord, de négocier un accord binationalsur la question migratoire et de signer un accord pourencourager le Traité pour le développement économiqueet social de l’Amérique du Nord ».Les <strong>Watch</strong>ers italiens expliquent que « en réponseà la crise, <strong>les</strong> propriétaires de comptes bancairesen Italie font de plus en plus incursion dansle monde de la finance éthique. Le client qui soutientla finance éthique s’intéresse à la manière d’utiliserl’argent et au fait que sa banque ne fasse pas faillite.C’est ainsi que beaucoup de banques redoublentaujourd’hui leurs efforts pour améliorer leur image.Le retour à la mission originelle du système bancairede soutenir l’économie réelle doit être un point deréférence constant dans la recherche d’issues à lacrise ». Leur conclusion est valable pour la planèteentière : <strong>les</strong> mots-clés devraient être « lutter contre lapauvreté et redistribuer <strong>les</strong> ressources ». n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 6


Assemblée populaire sur la crise *Exposé sur <strong>les</strong> droits des peup<strong>les</strong> autochtones.Le 20 juin 2009, à l’église de la Sainte Trinité à New York, sous l’initiative del’Assemblée populaire sur la crise, des activistes de plus de trente organisationsappartenant à la société civile, aux syndicats et aux groupes de base au niveaulocal, national et international se sont réunis dans le but d’analyser <strong>les</strong> conséquencessocia<strong>les</strong> et environnementa<strong>les</strong> de la crise financière et économique sur lapopulation, hommes et femmes, travailleurs ou chômeurs, dans le monde entier.Lors de la rencontre, des activistes en faveur des droits sociaux et économiques,de l’égalité entre <strong>les</strong> sexes, du travail et de l’environnement ont présenté des témoignagesmontrant la manière dont la crise a frappé <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong>,depuis le Soudan jusqu’au Salvador et le sud du Bronx.Ce forum a aussi été l’occasion pour que <strong>les</strong> leaders de la société civile partagentleurs idées et leurs expériences sur la manière de construire un mouvementmondial, aux racines loca<strong>les</strong>, pouvant influencer la création d’un nouveau systèmeéconomique basé sur <strong>les</strong> droits de l’homme et sur l’environnement durable.L’Assemblée populaire sur la crise s’est tenue dans le contexte de la Conférencedes Nations Unies sur la crise économique et financière mondiale et sonincidence sur le développement, lors du premier forum véritablement multilatéralayant été convoqué pour traiter des impacts sociaux découlant de la crisefinancière actuelle. Le principal orateur de l’Assemblée populaire, le père MiguelD’Escoto Brockmann, président de la 63ème session de l’Assemblée généralede l’ONU, a remercié la société civile de son soutien aux solutions à la crise néesau sein de l’ONU, et il a invoqué pour tous <strong>les</strong> participants « un nouvel esprit desagesse et de solidarité humaine » pour aider <strong>les</strong> gens qui sont atteints par <strong>les</strong>effets de la crise de manière disproportionnée. La rencontre a fini par un appeldu Coordinateur de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, M. Roberto Bissio, en faveur d’une réforme àl’architecture de la crise financière actuelle qui pourrait aider à éloigner <strong>les</strong> gens dela pauvreté, au lieu de renforcer <strong>les</strong> inégalités économiques et socia<strong>les</strong> existantesau niveau national et international.Ci-dessous, vous pourrez lire <strong>les</strong> interventions clé des participants à cetterencontre ainsi que quelques témoignages relevant de l’impact de la crise sur<strong>les</strong> citoyens ordinaires ayant été identifié par le réseau de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> dans <strong>les</strong>pays du Sud. nMiguel D´Escoto Brockmann dans l’Assemblée populaire sur la crise.* Organisations membres de l’Assemblée populaire sur la crise : <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, Eurostep, LDC<strong>Watch</strong>, Institute for Policy Studies, Global Policy Forum, Center of Concern, Red-DESC, Institutefor Agriculture and Trade Policy, Global-Local Links Project, Jubilee USA Network, JubileeSouth, GCAP Feminist Task Force, Alliance for Responsible Trade, Women’s Environmentand Development Organization, Consejo Internacional de Educación de Personas Adultas,Servicio de Enlace de Naciones Unidas con Organizaciones No Gubernamenta<strong>les</strong>, Global Actionon Aging, Latindadd, US Human Rights Network, CONGO <strong>Social</strong> Development Committee,Sub-Committee on the Eradication of Poverty, Hemispheric <strong>Social</strong> Alliance, Women’s WorkingGroup on Financing for Development, Medical Mission Sisters International, World Federation ofUnited Nations Associations, International Youth and Student Movement for the United Nations,Enlazando Alternativas, Transnational Institute, Our World Is Not For Sale Network.Vidéos de l’Assemblée populaire sur la crise disponib<strong>les</strong> sur le canal de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> à YouTube:.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 7


«La crise économique a manifestement frappé le Bénin.Aujourd’hui de nombreuses famil<strong>les</strong> ne peuvent se permettrequ’un repas par jour. Les mariages forcés ont augmenté car<strong>les</strong> famil<strong>les</strong> vendent leurs fil<strong>les</strong> pour faire face à la crise. Lesprogrès réalisés pour éliminer la violence envers <strong>les</strong> femmesen sont réduits à néant. Les impacts de la crise creusent <strong>les</strong>écarts entre <strong>les</strong> sexes, par exemple, l’inscription scolaire desfil<strong>les</strong> baisse, de même que la présence de la femme sur lemarché du travail formel. Les femmes sont <strong>les</strong> premières àperdre leur emploi, et doivent généralement s’occuper de leurfamille sans aucune aide sociale» .Sonon Blanche (<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Benín)«Au Soudan, 69 % de la population vit sous le seuil de lapauvreté, en particulier <strong>les</strong> femmes travaillant dans le secteuragricole. Ces dernières années <strong>les</strong> services de la santé sesont améliorés, mais <strong>les</strong> pauvres pâtissent encore à cause dela flambée des prix des aliments. La société civile soudanaiseréclame plus de financement pour le développement, maisdans une optique multidimensionnelle et pas seulementéconomique, qui permette d’améliorer vraiment la qualité devie. Le développement doit être stratégique et compter sur laparticipation des femmes à la base» .Niemat Kuku (Gender Research and Training Center, Sudán)«Le Gouvernement bulgare a admis récemment que le pays aété touché par la crise en février de cette année. Jusqu’à cettedate, 44.000 personnes, dont 96 % sont des femmes, ontperdu leur emploi à cause de la crise. Beaucoup d’industriesaffectées – tel<strong>les</strong> que l’habillement, la chaussure, la restaurationet l’administration publique –emploient essentiellementdes femmes. La crise a aussi un impact sur la violence envers<strong>les</strong> femmes. Normalement, dans ma ville, de 17 à 19 caspar an en moyenne sont saisis par <strong>les</strong> tribunaux ; depuis ledébut de l’année, 42 ont déjà été saisis. Dans bien des cas <strong>les</strong>hommes abandonnent leurs femmes et enfants quand cel<strong>les</strong>-ciperdent leur travail ; ces famil<strong>les</strong> doivent donc survivreavec <strong>les</strong> 50 EUR ou moins des allocations chômage. Parmi<strong>les</strong> femmes interrogées beaucoup avaient été harcelées autravail et avaient des difficultés à se faire embaucher dans <strong>les</strong>ecteur formel» .Milena Kadieva (Gender Research Foundation, Bulgarie)«Les afro-américains et <strong>les</strong> indigènes partagent un passéd’exploitation et de conquête et ils subissent à l’extrême <strong>les</strong>effets de la crise. Notre empire américain s’est forgé sur lefameux rêve américain, mais on voit qu’on a utilisé des terresusurpées et du travail volé pour construire ce pays, le pays leplus riche qu’on ait jamais vu dans le monde. Depuis le début,<strong>les</strong> institutions financières ont employé tous <strong>les</strong> moyenspossib<strong>les</strong> et imaginab<strong>les</strong> pour aider et encourager <strong>les</strong> spéculateursqui essayaient de bâtir l’empire. Nous devons rejeterla théologie néolibérale et édifier des théories théologiquesplus progressistes» .Jean Rice (Picture the Home<strong>les</strong>s, New York)«Au Pérou, nous ne pouvons pas parler de droits lorsque quelquechose d’aussi épouvantable vient d’avoir lieu en Amazonie.De quels droits parlons-nous dès que le gouvernement duPérou vient d’enfreindre <strong>les</strong> traités signés ? Les peup<strong>les</strong> autochtonessavent bien comment <strong>travailler</strong> avec la forêt vierge, et s’ilsla protègent, c’est parce qu’ils la valorisent ; ces principes sonttransmis de génération en génération. Ceci est bouleversé lorsque<strong>les</strong> sociétés transnationa<strong>les</strong> viennent exploiter et détruirecet équilibre précaire, et qu’el<strong>les</strong> transforment la forêt viergedans du béton armé. L’Amazonie a été déclarée récemment lepoumon du monde. Que se passerait-il si l’on construisait pleinde gratte-ciels? Lorsque l’on dit non aux sociétés transnationa<strong>les</strong>,il en résulte une dispute. Cette bataille qui, aujourd’hui, a lieuau Pérou, demain peut débarquer en Afrique et en Asie» .Washington Bolívar (leader indigène péruvien)<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 8


«Les lois du travail aux États-Unis ne sont pas à la hauteurdes normes de l’OIT. Nous devons récupérer, dans ce pays, lacapacité d’organisation des travailleurs et il nous faut l’approbationde lois démocratiques au niveau du Congrès pour quele mouvement des travailleurs récupère son pouvoir. Du faitde la crise financière, <strong>les</strong> gens achètent de moins en moinset ils payent de moins en moins d’impôts sur <strong>les</strong> ventes. Parconséquent il y a eu des réductions de travail aussi bien dansle secteur public que privé. Beaucoup de syndicats ont ouvertleurs contrats et sont en train de mener des négociationsafin de réduire <strong>les</strong> salaires. Par exemple, <strong>les</strong> United AutoWorkers ont ouvert leurs contrats et ont remboursé beaucoupd’argent mais, cependant, il existe toujours beaucoupde licenciements. Les décisions concernant l’économie nedevraient pas être prises d’après <strong>les</strong> intérêts d’un groupeprivilégié de propriétaires mais compte tenu des besoins destravailleurs» .Jose Schiffino (NYC Labor Council for Latin American Advancement)«Le droit fondamental d’accès à l’éducation a aussi été atteintpar <strong>les</strong> conséquences de la crise ; il a frappé notamment <strong>les</strong>jeunes fil<strong>les</strong> qui, suite à la crise, ne sont plus envoyées àl’école. Il est important de rappeler que l’accès à l’éducationest un droit fondamental, n’étant limité ni par des raisond’âge ni de sexe, et que tout le monde a le droit d’y accéder.Les états doivent mener des actions affirmatives et positivespour surmonter l’inégalité au niveau de l’éducation. Les statistiquesmontrent qu’il y a encore des milliers de personnesillettrées, deux tiers desquel<strong>les</strong> sont des femmes. Commentse fait-il que nous puissions avoir des technologies de l’informationet des ordinateurs, alors qu’il y a encore des illettrés? L’éducation est un droit fondamental et, du point devue économique, l’investissement en éducation contribueà la croissance économique. Les conditionnements du FMIexigent aux différents pays de congeler leur investissementen éducation ; ceci devrait être mis en question. Les DESC,notamment l’éducation, devraient être le noyau de tout paradigmeen développement» .Marcela Ballara (Conseil Internationald’Éducation pour Adultes, Chili)«En Colombie, il existe près de 84 tribus indigènes bien différenciéesqui vivent dans <strong>les</strong> régions frontalières de la Colombie,du Pérou et du Brésil, précisément là où se trouvent<strong>les</strong> réserves de ressources naturel<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus convoitées.Nous luttons pour défendre notre territoire et préserver notreculture. En raison de cette lutte, plus de 1.400 de nos leadersont été assassinés depuis <strong>les</strong> années 70. Actuellement, denombreuses régions indigènes sont militarisées et cel<strong>les</strong>qui ne le sont pas ont des forces paramilitaires sur place.Le Gouvernement essaie de déplacer nos communautéspour pouvoir négocier avec des compagnies transnationa<strong>les</strong>l’exploitation dans ces zones des ressources naturel<strong>les</strong>, tel<strong>les</strong>que le bois ou le pétrole. Les peup<strong>les</strong> indigènes de Colombies’opposent aux accords de libre échange parce que ces traitésprovoquent un déplacement plus important de nos communautéset, au lieu d’ouvrir <strong>les</strong> marchés, ils augmententjuste la frange de pouvoir des États-Unis» .Jesús Avirama (Conseil Régional Indigène du Cauca, Colombie)«La crise actuelle est globale, par conséquent <strong>les</strong> politiquesélaborées pour en venir à bout doivent être globa<strong>les</strong> mais aussireliées aux mouvements locaux. Nous pensons qu’il faudraitinvestir <strong>les</strong> séries de programmes de relance dans des chosescomme une infrastructure écologique et sociale qui permette lacréation de travail écologique, une reconnaissance des impactsdisproportionnés de la crise sur <strong>les</strong> travailleuses et la reprise del’économie du soin. Ce genre de politiques vient en détail dansle Pacte mondial pour l’emploi de l’OIT. L’ONU est le seul endroitoù <strong>les</strong> pays qui supportent le plus grand poids de la crise peuventavoir une voix représentative. Le mouvement ouvrier travailledans le cadre de l’ONU à diffuser l’Agenda du travail décent et desemplois écologiques. Il ne s’agit pas seulement d’accroître l’aideau développement et d’être un petit peu plus généreux, commevoudraient le prétendre certains pays industrialisés. La transformationsociale s’impose. Les institutions multilatéra<strong>les</strong> doiventêtre réformées de façon systématique et des mécanismes spécifiquessont nécessaires pour être sûrs d’avoir des solutionsdurab<strong>les</strong> à la crise économique et financière» .Gemma Adaba (Confédération Syndicale Internationale)<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 9


«Au Kenya nous avons commencé à voir <strong>les</strong> impacts de lacrise fin 2008 : le tourisme a baissé, puis le chômage a augmenté.De plus, de nombreux kényans dépendent des envoisde fonds des migrants établis aux États-Unis. À cause de lacrise, le nombre de famil<strong>les</strong> qui ne peuvent envoyer leurs enfantsà l’école augmente. Les investisseurs étrangers retirentleurs projets du pays. Beaucoup de terres ne sont pas cultivéeset l’eau a manqué l’année dernière. Tous ces facteurs,associés à la grande inégalité des revenus et à la corruptionpréexistantes, ont crée la recette idéale pour la catastrophedont souffrent l’économie et la population du Kenya» .«Trois millions de personnes à New York sont exposées à l’insécuritéalimentaire et depuis le début de la crise financière en2008 la consommation d’aliments bon marché et insalubresaugmente. Dans de nombreux quartiers de Brooklyn et duBronx peu de magasins ont des aliments frais. Une solution àce problème c’est l’agriculture soutenue par la communauté,qui met en contact direct <strong>les</strong> consommateurs et <strong>les</strong> fermesfamilia<strong>les</strong> productrices d’aliments organiques, donnant ainsiaux habitants des vil<strong>les</strong> l’accès aux aliments sains» .Nadia Johnson (WEDO et Just Food, New York)Edward Oyugi (SODNET, Kenia)«Nous voyons la manière dont <strong>les</strong> travailleurs âgés continuentà <strong>travailler</strong>, même s’ils ont mal aux jambes ou de l’arthrite,parce qu’ils ne peuvent pas se permettre le luxe de partir à laretraite. Pas mal d’entre eux ont hypothéqué leurs maisons etils sont en train de <strong>les</strong> perdre du fait des exécutions, parce qu’ilsne peuvent pas payer des taux d’intérêt aussi élevés. D’autres,aident leurs enfants adultes ou leurs petits enfants au chômage.L’attaque aux pensions est un phénomène global. Pour ytrouver une solution, l’ONU doit commencer à <strong>travailler</strong> rapidementà une convention des droits de l’homme traitant desbesoins des adultes majeurs pour que, dans l’avenir, <strong>les</strong> gensn’aient plus peur de la vieil<strong>les</strong>se» .Suzanne Paul (Global Action on Aging, Nueva York)«Les impacts de la crise se manifestent par des licenciementsmassifs dans <strong>les</strong> banques étrangères, tel<strong>les</strong> que la BBVA, labanque Santander et la HSBC. Nos droits en tant que travailleursnous ont été retirés. Les personnes endettées ontaussi senti <strong>les</strong> impacts et le sentent encore. On leur retireleur logement quand ils sont incapab<strong>les</strong> de payer. On emploiepour cela <strong>les</strong> forces militaires de l’État dont le rôle estd’assurer la sécurité, pas celui de jeter à la rue une pauvre ethumble famille qui possède un toit mais qui n’a pas de quoipayer» .Janio Romero (Leader syndical de l’Union Nationaledes Employés de Banque, Colombie)«Cette crise n’est pas seulement financière, mais aussi systémique.La réponse doit se baser sur <strong>les</strong> droits de l’homme etla solidarité ; voilà ce que nous essayons de promouvoir enBolivie. Nous devons retourner à la Terre – nommée Pachamamapar nos communautés autochtones – afin de renouvelernotre société. Pour contribuer à cette rénovation, la Bolivieet l’Équateur travaillent dans la construction d’une nouvellearchitecture financière. Ces pays ne participent déjà plus destribunaux de solution des disputes internationa<strong>les</strong> tels que leCentre International des litiges en matière d’investissementsutilisé par <strong>les</strong> pays riches pour punir <strong>les</strong> plus pauvres» .Elysabeth Peredo (Alianza <strong>Social</strong> Hemisférica yFundación Solon, Bolivia)«Nous devons former une coalition de vigilance internationalepour contrôler ce qu’il advient des séries de programmes derelance et être capab<strong>les</strong> de réagir rapidement si <strong>les</strong> gouvernementsn’utilisent pas à bon escient cet argent. Pour enfinir avec la crise, nous devons concevoir des approchescommercia<strong>les</strong> et financières basées sur <strong>les</strong> droits, surtoutpour mettre en place des réseaux de sécurité dans le Nordet le Sud. Nous ne voulons pas simplement “retoucher” lemodèle économique pour l’améliorer, mais le rebâtir complètement.Pour y arriver, nous devons profiter des événementspolitiques, comme la Conférence de l’ONU ou le Forum socialmondial, pour réunir <strong>les</strong> personnes et <strong>les</strong> mouvements sociauxau moment critique» .Tanya Dawkins (Global-Local Links Project, Miami)<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 10


«Au Salvador, ça fait des années que nous sommes confrontésaux impacts du changement climatique : inondations, sécheresses,ouragans, rivières principa<strong>les</strong> à sec et abattementmoral des communautés. Chaque année <strong>les</strong> coûts matérielssont élevés, la perte de vies humaines et l’émigration de nosgens aussi, surtout chez <strong>les</strong> jeunes. Nous devons oeuvrerpour une ère nouvelle où la jauge du développement sera lebien-être de l’humanité et la Terre mère, et pas seulement <strong>les</strong>richesses matériel<strong>les</strong>» .Marta Benavides (Groupe de Travail Feminista GCAP, Le Salvador)«Quand on observe <strong>les</strong> systèmes de bien-être et de protectionsociale, la capacité des États membres de l’UE pour aborderla demande croissante de sécurité sociale varie considérablement.Dans certains cas, nous avons une augmentationdes allocations de chômage, une extension des droits à l’assistancechômage, de même que des bénéfices sociaux, desréductions ou des exonérations d’impôts pour des groupesspécifiques, dont <strong>les</strong> retraités. Par ailleurs, d’autres Étatsabaissent <strong>les</strong> allocations. La Hongrie a diminué <strong>les</strong> subventions,<strong>les</strong> salaires du secteur privé et a annulé <strong>les</strong> plans de dépensesde retraite ; la Finlande s’attend aussi à une réductiondes dépenses des services sociaux. Pour enrayer <strong>les</strong> retombéessur le marché du travail, certains pays essaient aussid’instaurer des politiques d’emploi actives en conservant <strong>les</strong>employés grâce aux horaires flexib<strong>les</strong>, mais malgré tous cesefforts, <strong>les</strong> effets restent très draconiens» .Verena Winkler (Eurostep, Belgique)«Alors que <strong>les</strong> pays industrialisés du Nord sont <strong>les</strong> principauxresponsab<strong>les</strong> (quant au calcul per capita surtout) desémissions à effet de serre qui provoquent le changementclimatique ; <strong>les</strong> pays du Sud, et en particulier <strong>les</strong> pauvres et<strong>les</strong> femmes, sont ceux qui accusent plus fortement <strong>les</strong> effetsdu changement climatique et ses impacts socio-économiques.On compte parmi ces effets le déplacement des populationsqui vivent dans <strong>les</strong> zones côtières basses ; la pertedes moyens de vie ; l’insécurité alimentaire et un moindreaccès à l’eau. Du point de vue de la dette écologique, <strong>les</strong> paysriches et industrialisés ont non seulement la responsabilitéde réduire radicalement <strong>les</strong> émissions de gaz à effet de serre,mais aussi l’obligation éthique et morale d’offrir un financementcompensatoire et réparateur aux pays en développementpour que ceux-ci puissent assurer <strong>les</strong> coûts des effortsd’adaptation et de mitigation du changement climatique» .Athena Peralta (Conseil mondial des Églises)«J’ai commencé à <strong>travailler</strong> dans une grande compagnie deproduction cinématographique et de publicité, qui a ouvert unefiliale ici en Argentine en 2007. Quand la crise a éclaté, tout acommencé à se compliquer. Le travail a beaucoup diminué eton a même passé un mois sans rien filmer. En janvier, ils m’ontprévenu qu’ils allaient me licencier. J’ai reçu l’indemnisationcorrespondante et je me suis mise à chercher du travail. Depuisce temps je n’ai rien trouvé de correct. Le peu qu’il y a, c’estpratiquement du travail d’esclave de 8 ou 9 heures pour unsalaire dérisoire. Mes économies fondent et je vis seule dans unappartement en location, je dois donc trouver quelque chose auplus vite. Que devenir sinon ?»Jeune travailleuse de Buenos Aires, Argentine<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 11


Rapport nationaux


AlgérieHors du système mais, à l’abri de la crise ?L’aspect le plus vulnérable de l’économie algérienne découle de sa forte dépendance de la productionet de l’exportation d’hydrocarbures, un secteur très développé en Algérie. Le secteur financier, poursa part, a montré un retard remarquable ainsi qu’une déconnexion vis-à-vis des <strong>finances</strong> globa<strong>les</strong>.Paradoxalement, ce retard a évité que le système bancaire soit atteint par la crise financière internationale.Mais la crise se répandra quand même dans le pays à travers l’importation de biens et services.Association pour le Développement <strong>Social</strong> EL-AmelÉquipe de recherche dirigé par Selouha KamelLes difficultés ayant frappé <strong>les</strong> marchés financiersdes États-Unis pendant l’été 2007 se sont transforméesen une véritable crise financière mondialeen automne 2008. Les marchés de crédit se sontréduits, <strong>les</strong> bourses ont chuté et l’insolvabilité a menacél’ensemble du système financier international.Les pays du monde entier, y compris l’Algérie, en ontressenti l’impact de manière directe ou indirecte.Le Président Algérien attribue la responsabilitépartielle de la crise à l’absence de règlementations età l’affaiblissement des efforts consacrés à l’assainissementde l’environnement économique, livré auxlois du marché.La crise financière mondiale, en ayant mis enévidence <strong>les</strong> pièges économiques et financiers à éviter,devrait servir de leçon à l’Algérie. Les directivesdu gouvernement, soit par prévision, soit établiessur la base d’autres paramètres, ont protégé l’intérêtnational et ont limité l’exposition de l’économiealgérienne aux dangereux déséquilibres du systèmefinancier mondial découlant des contraintes du néolibéralisme.Cette décision provient, partiellement, de la richessepétrolière du pays, soutien principal de sonéconomie. D’après le ministre de l’Énergie et des Mines– actuel président en exercice de l’Organisationdes Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) – ChakibKhelil, le marché pétrolier a connu une évolutionspectaculaire, dont la volatilité est une donnée structurellequi s’explique par l’activité des spéculateurs 1 .Le prix du baril de pétrole dépassant à peine 140USD en juillet 2008 s’est effondré pour atteindre leniveau actuel de 59 USD. La moyenne annuelle toléréejusqu’au 4 novembre a été de 103,56 USD contre65 USD en 2007. Le prix du baril algérien pour 2008 aatteint 108,28 USD contre 71,13 USD en 2007.Tel qu’il est indiqué dans le tableau ci-dessous,l’économie algérienne est bien positionnée pour faireface à la crise économique et financière globale, dumoins pendant <strong>les</strong> deux prochaines années. Ceci, dufait de sa faible exposition sur <strong>les</strong> marchés financiersinternationaux, de sa prudente gestion des réservesde change (le pourcentage du rendement a atteint4,6 % en 2007), de l’épargne d’une partie des ajouts1 Chakib Khelil, ministre de l’Énergie et des Mines, président del’OPEP, dans le forum du journal El-Moudjahid, 3 mars 2009.Indice des Capacités de Base (ICB)100ICB = 96 96IEG = 53Enfants atteignantla cinquième annéed’école0Indice d’Equité de Genre (IEG)Empowerment95 963999100 100100 100100Accouchements assurés par dupersonnel médical spécialiséSurvivance jusqu’àl’âge de 5 ans Activité économique97ÉducationBCI of Argelia = 95,7IEG of Algeria = 52,7budgétaires (20 % du PIB en moyenne annuelle pour Renouveau ruralla période 2005-2007) et de la priorité octroyée au Grâce à la croissance naturelle moyenne de la populationayant atteint 1,62 % annuel (notamment supé-financement interne de l’économie (en dinars algériens)du fait du surplus structurel de liquidité. rieur à celui de 2000, considéré élevé, de 1,48 %) lenombre d’habitants du pays a augmenté de 4,6 millionsentre juillet 1998 et 100juillet 2007. On estime que,Le besoin de réformes100Les efforts pour transférer <strong>les</strong> opérations du Crédit vers fin 2010, la population atteindra 35,7 millions.Populaire et de la Banque de Développement Local Pour nourrir cette population jeune et croissante,59à des établissements financiers étrangers – américainsou français – ont été abandonnés du fait que, Les eaux algériennes contiennent une biomas-l’Algérie a besoin de plus d’aliments.après un court débat « intergouvernemental », <strong>les</strong> se de 600.000 tonnes, ce qui 11permettrait de pêcher00autorités ont décidé que l’Algérie n’était pas prête 220.000 tonnes par an. Cependant, en raison duà céder le contrôle à des entités étrangères. Dans la manque de moyens matériels, la pêche atteint à83mesure où l’économie 54 n’a été ni libéralisée ni privatisée,<strong>les</strong> bénéfices qui avaient été anticipés ne se sont La balance commerciale agricole de l’Algériepeine 170.000 tonnes 3 . 56100 100100 70100pas matérialisés 2 .est négative et le pays occupe l’un des dix premiersEn septembre 2008 Sid Saïd, secrétaire général rangs parmi <strong>les</strong> importateurs d’aliments au niveauBCI of República Centroafricana = 65,2 IEG of Central African Republic = 45,8de l’Union Générale des Travailleurs Algériens, a annoncéque le Gouvernement revenait en arrière sur le quart du total des importations du pays. Les troismondial. La valeur de ces importations dépasse <strong>les</strong>ujet de la politique du « tout est susceptible d’être principaux groupes de produits sont <strong>les</strong> suivants :privatisé ». Les 220 entreprises publiques en attente céréa<strong>les</strong> et dérivés (40 % de la valeur totale desde privatisation après la mise en application des mesuresrèglementaires ont finalement été effacées de (14,3 %), hui<strong>les</strong> et graisses (10,5 %) 4 .importations agrico<strong>les</strong>), lait et produits laitiers100100la liste de sociétés destinées à la vente.L’Algérie a importé des céréa<strong>les</strong> et leurs dérivés,83De plus, le conseil interministériel du Gouvernement,appliqué en janvier 2008 et relatif au traitement un montant de 2.600 millions 54d’USD au premier se-des médicaments, du lait et des produits laitiers pourdes crédits bancaires et de l’assainissement financier mestre 2008, et un peu plus de 2.000 millions d’USDdes organismes économiques publics, a décidé de en 2007. La moyenne de l’inflation a été de 4,9 % auremettre <strong>les</strong> dettes des sociétés 0 viab<strong>les</strong>. Le gouvernementa demandé à un groupe de travail interministériel l’augmentation de 9,2 % du prix des denrées alimen-premier semestre 2008, 0notamment en raison dede prendre en charge la supervision et le suivi 97 de l’industriedes <strong>finances</strong> et de la promotion des investissetaires,situant l’inflation 54 annuelle, entre juin 2007 et100 67100100 10099ments dans des petites et moyennes entreprises.BCI of Honduras = 82,42 Voir : Mohamed Gacem. « Crise financière mondiale : Vers unrecadrage des réformes ». Disponible sur : .10003 Voir : . IEG of Honduras = 68,94 Conférence de haut niveau sur l’eau pour l’agriculture etl’énergie en Afrique : <strong>les</strong> défis du changement climatique. Lecas algérien. Syrte – Lybie, 15-17 décembre 2008.22100100100100Rapports nationaux II <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>10095100


Indice des capacités de base (icb) etindice d’équité de genre (ieg)ICBL’indice des Capacités de Base est un indice-résumé,développé par <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 1 , qui compare et répertorie<strong>les</strong> pays en fonction de leur progrès en matière dedéveloppement social. Il a été conçu comme un outilpratique de contrôle de l’évolution des indicateurs fondamentauxet dans le but d’établir des comparaisonsà l’intérieur et entre <strong>les</strong> pays. L’ICB évalue la situationdans laquelle se trouvent <strong>les</strong> sociétés nationa<strong>les</strong> parrapport à certaines capacités fondamenta<strong>les</strong> minima<strong>les</strong>qui offrent des conditions de démarrage indispensab<strong>les</strong>pour garantir aux personnes une qualité de vieadéquate.L’indice identifie des situations de pauvreté à partirde trois variab<strong>les</strong> : la survie jusqu’à l’âge de cinq ans, lepourcentage d’enfants qui terminent leurs études primaireset le pourcentage d’accouchements assistés pardes professionnels de la santé qualifiés. Ces indicateursfont état de différentes dimensions abordées par <strong>les</strong> objectifsde développement convenus internationalement(éducation, santé des enfants et santé sexuelle).D’autre part, contrairement à d’autres indicateursde pauvreté, comme ceux utilisés par la BanqueMondiale – qui prennent en compte le nombre de personnesvivant avec moins d’un ou deux dollars parjour – ou le classement développé par le PNUD baséesur l’Indice du Développement Humain – qui combinedes chiffres de revenus et des indicateurs de santé etd’éducation –, l’ ICB, basé sur la dernière informationdisponible pour chaque pays, est plus facile à élaboreret il peut être appliqué au niveau régional et municipalsans qu’il soit besoin d’entreprendre des enquêtesdélicates dans <strong>les</strong> ménages comme c’est le cas pour<strong>les</strong> variab<strong>les</strong> basées sur <strong>les</strong> revenus.En n’utilisant pas le revenu comme un indicateur,l’ICB – suite à une définition de pauvreté baséesur le niveau de développement des capacités de lapersonne et sur la possibilité plus ou moins grandede l’exercice et de la jouissance personnelle des droitsde l’Homme – a montré son étroite corrélation avecla mesure d’autres capacités humaines relatives audéveloppement social des pays.Grâce à cet indicateur on peut assigner une valeurà chaque pays et, ensuite, le comparer aux autres ouévaluer sa propre évolution dans le temps. Les indicateursde l’ICB atteignent leur valeur maximale quandtoutes <strong>les</strong> femmes reçoivent lors de l’accouchementl’assistance de professionnels de la santé qualifiés,quand aucun enfant, garçon ou fille, n’abandonnel’école avant la fin du primaire et quand la mortalité desenfants se réduit au minimum possible, soit cinq mortsde moins de cinq ans sur mille enfants nés vivants.Ces indicateurs s’associent étroitement aux capacitésque <strong>les</strong> intégrants d’une société doivent avoir et quise consolident mutuellement pour permettre un plusgrand développement individuel et collectif. Ils se réfèrenten particulier aux capacités qui réussissent àintégrer <strong>les</strong> plus jeunes de leurs membres, renforçantainsi le futur développement des pays.Il convient de préciser qu’une valeur de l’ICB prochede 100 n’implique pas nécessairement un niveauélevé de développement social. Il signifie tout justeque le pays a atteint la couverture universelle quantaux exigences essentiel<strong>les</strong> minimum requises pourpouvoir avancer vers un bien-être plus large. Il s’agitlà d’un point de départ et non pas d’arrivée.IEG<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a développé l’Indice d’Équité de Genre dansle but de rendre visib<strong>les</strong> et mesurab<strong>les</strong> <strong>les</strong> situationsd’inégalité entre <strong>les</strong> sexes, ainsi que leur évolution dansle temps pour <strong>les</strong> différents pays. L’IEG se base sur l’informationdisponible et comparable au niveau internationalet permet de positionner et de répertorier des pays enfonction d’une sélection d’indicateurs relatifs à l’inégalitéentre <strong>les</strong> sexes dans <strong>les</strong> domaines de l’éducation, de laparticipation économique et de l’autonomisation.L’IEG permet de comparer facilement <strong>les</strong> paysentre eux, à partir d’une lecture directe et déductive.Pour assurer <strong>les</strong> moyens de mesure, des rapportsde proportionnalité, ou des résultats liés au sexe quipermettent de déduire la structure des chances ayanttrait à l’inégalité entre <strong>les</strong> sexes ont été établis.L’indice mesure le fossé creusé entre <strong>les</strong> femmeset <strong>les</strong> hommes, pas leur bien-être. Ainsi, par exemple,un pays dans lequel <strong>les</strong> jeunes des deux sexes ont pareillementaccès aux études universitaires reçoit unevaleur 100 dans cette variable, et un pays dans lequelaussi bien <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> que <strong>les</strong> garçons se retrouvent dansl’impossibilité de terminer leurs études primaires atteindraitaussi la valeur 100. Ceci n’implique pas que laqualité de l’enseignement soit adéquate, juste que <strong>les</strong>fil<strong>les</strong> ne souffrent pas d’inégalité de participation.Cette méthode de calcul répond au besoin de reflétertoute situation défavorable pour la femme. Pourcela, face à la présence d’un rapport proportionnel quidésavantage la femme vis-à-vis de l’homme, l’IEG estincapable d’atteindre sa valeur maximum (100 points).De sorte que la valeur finale atteinte dépend du degréd’inégalité négative pour <strong>les</strong> femmes dans un pays ouune région déterminée (en la reflétant de manière inversementproportionnelle : plus l’inégalité est grande,plus faible est la valeur, et vice-versa).Indépendamment du fait qu’il existe des inégalitéspositives pour <strong>les</strong> femmes, aucun indicateur nepeut dépasser <strong>les</strong> 100 points (égalité parfaite dans laparticipation) 2 . Cette caractéristique asymétrique faiten sorte que l’IEG ne peut et ne doit être lu commeun pourcentage de participation de la population entermes de rapports entre <strong>les</strong> sexes, puisque la participationproportionnelle peut être finalement trèsdifférente si dans un des indicateurs elle est favorableaux femmes. n1 L’ICB est né à partir de l’Indice de la Qualité de la Vie développépar l’organisation non gouvernementale Action for EconomicReforms-Philippines, dérivé de la Mesure de Pauvretédes Capacités proposée par le professeur Amartya Sen etpopularisée par l’Indice du Développement Humain du PNUD.2 On divise la participation relative des femmes dans unesituation sociale déterminée (par exemple « professionnelsuniversitaires », dimension Autonomisation) par laparticipation relative des hommes. Le résultat obtenu estmultiplié par 100. Si la valeur obtenue est supérieure à100 – quand la participation féminine est supérieure à lamasculine – on prend 100 comme valeur pour éviter quedes participations relatives favorab<strong>les</strong> aux femmes dans dessituations particulières ne cachent, dans la valeur finale del’indice, des participations négatives dans d’autres situations.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>IV


Une architecture financière qui a échoué…et comment en construire une nouvelle<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 12


La finance est fréquemmentexpliquée par des métaphoresliquides: « flux » d’argent« ruissellement » vers <strong>les</strong> pauvres desbénéfices de la croissance, « fuite » ducapital vers <strong>les</strong> paradis fiscaux.… Aupremier regard sur cette construction,la plupart des gens y verront unecascade, de la même manière que laplupart des résidents des pays richespense qu’un énorme flux de leurscontributions fisca<strong>les</strong> est dirigé vers<strong>les</strong> pays pauvres, sous forme d’aides,prêts, bénéfices commerciaux etannulations de dette. Mais l’eau dela cascade ne parvient même pasaux pauvres… En revanche, elle estdétournée et – contre toute logique –elle coule d’aval en amont.En 2006, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a utilisécette illustration, inspirée par la célèbregravure « Cascade » de MC Escher,comme une métaphore de l’architecturefinancière internationale. Cettestructure offre une place importanteaux institutions de Bretton Woods (laBanque Mondiale et le Fonds MonétaireInternational – FMI), malgré leuréchec pour atteindre <strong>les</strong> objectifs pour<strong>les</strong>quels el<strong>les</strong> ont été créées: assurer lastabilité financière, le plein emploi et ledéveloppement. Nous avons soutenualors qu’un mécanisme mobilisantle capital de peu de ressources (pour<strong>les</strong> pays à revenu faible ou moyen) sedirigeant là où le capital est abondant est« impossible aussi bien en raison de sonmanque de sens pratique que de sonaspect intolérable » et que l’architecturefinancière internationale « doit êtrereconçue de manière urgente ».Deux ans plus tard, le systèmefinancier international s’est effondré,<strong>les</strong> sources de crédit se sont épuiséeset la récession s’est développée commeune pandémie des économies <strong>les</strong> plusriches aux plus pauvres.Le besoin d’une réformesubstantielle est maintenant largementreconnue, mais il faut encore parvenir àune compréhension commune sur <strong>les</strong>éléments ayant causé cet échec, avantde décider d’un plan d’action pour unenouvelle architecture financière.Par ailleurs, il existe un consensuscroissant sur la nécessité immédiate decompenser l’activité décroissante dusecteur privé et des marchés déficientsavec des « packages » de relanceéconomique. Plus de 10 billions d’USDont été dépensés dans le monde ensubventions ou réductions fisca<strong>les</strong>profitant à des corporations, à desbanques et aux riches, mais ceci n’a passuffit à renouveler le crédit ni à stimuler<strong>les</strong> frais contre-cycliques. Les banquessont réticentes pour prêter de l’argentà des entreprises à l’avenir incertain,tandis que <strong>les</strong> consommateurspréfèrent économiser au lieu dedépenser. Mais <strong>les</strong> gens qui vivent dansla pauvreté, dans <strong>les</strong> pays riches ou endéveloppement, dépenseront chaquecentime reçu. Étant donné que <strong>les</strong> gensqui vivent dans la pauvreté n’ont pas lapossibilité de différer la consommation,le meilleur plan de relance face à la criseéconomique mondiale est d’investiren eux. Ceci n’est pas simplement unprincipe de base de justice. Il s’agitaussi de bon sens économique.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 13


1231LA SPÉCULATION SUR LES PRODUITSDE BASE 1L’explosion des prix des produits de base entre 2002et la première moitié de 2008 a été la plus marquéedepuis des décennies. La diminution des prix depuisla deuxième moitié de 2008 est remarquable de nettetéet de par le nombre de produits de base touchés. Lahausse des prix pour une série de produits de base imposeune lourde charge sur beaucoup de pays en développementqui dépendent des importations d’alimentset d’énergie et a contribué à la crise alimentaire dansde nombreux pays pendant <strong>les</strong> années 2007-2008. Demême, la chute des prix dans le deuxième semestre2008 a été une des principa<strong>les</strong> voies par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong>la décélération radicale de l’activité économique etfinancière dans <strong>les</strong> principaux pays industrialisés a ététransmise au monde en développement.La forte augmentation soutenue des prix desproduits de base entre 2002 et la première moitiéde 2008 a été accompagnée par une croissanteprésence d’investisseurs financiers. Ce « financement» des marchés d’artic<strong>les</strong> de consommation asuscité des préoccupations du fait que beaucoupd’évolutions récentes de plusieurs prix de produitsde base – et spécialement l’augmentation excessiveen 2007-2008 suivi du sévère recul ultérieur – aientété fondamentalement stimulées par la gestion menéepar <strong>les</strong> financiers d’investissement sur <strong>les</strong> biensde consommation en forme d’actif.1 (Extrait du Rapport de la CNUCED La Crise ÉconomiqueMondiale, 2009)2LES FONDS DE COMPENSATION ET« L’ÉCONOMIE DE CASINO »Le bon sens et <strong>les</strong> mathématiques de base disentqu’on ne peut pas gagner de l’argent de manièredurable au casino. De même, il n’existe pas de marchélà où tout le monde peut gagner au-dessus dela moyenne des bénéfices, et aucun investissementfinancier ne peut payer à long terme plus que <strong>les</strong>activités économiques réel<strong>les</strong> sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il sebase. Toutefois, comme <strong>les</strong> investisseurs continuentà croire qu’ils peuvent défier <strong>les</strong> lois de la gravité, denombreuses économies ont été attirées par <strong>les</strong> fondsde compensation et d’autres « instruments financiersinnovateurs », approuvés par d’irresponsab<strong>les</strong>qualifications de crédit triple-A. Pendant quelquetemps, <strong>les</strong> meilleurs rendements atteints par <strong>les</strong>fonds de compensation se sont produits au prix d’unrisque accru. Ce risque accru est produit par l’effetde levier, – le degré auquel un investisseur utilise del’argent prêté –, souvent à plusieurs niveaux. Dans cesens, <strong>les</strong> investisseurs pourraient s’endetter pour investirdans des fonds de fonds, <strong>les</strong>quels, à leur tour,demandent des prêts pour investir dans des fonds decompensation qui, de nouveau, utilisent des dérivéspour opérer l’effet de levier sur eux-mêmes. Toutecette pyramide, pas très différente des frauduleux« schémas de Ponzi » de Bernard Madoff, est tombéecomme un château de cartes en septembre 2008et, avec elle, la croyance établie que la libéralisationnon régulée et le non-interventionnisme des Étatsapporterait la prospérité.3AGENCES DE QUALIFICATION DECRÉDITFinch, Moody’s et Standard et Poor’s, entre autres,sont des entreprises qui assignent des qualificationsd’obligations et autres titres de créance de dette, émispar de grandes entreprises ou des gouvernements etcommercialisés sur le marché. Les « documents » àrisque payent des intérêts plus élevés, alors que <strong>les</strong>obligations qualifiées AAA payent moins, mais el<strong>les</strong>sont censées être sûres. Les investisseurs à longterme, comme <strong>les</strong> fonds de pensions, sont fréquemmentobligés par la loi d’acheter exclusivement despapiers-valeur qualifiés AAA.Les agences de qualification de crédit ont complètementéchoué, comme la crise financière des hypothèquessurprimes l’a démontré aux États-Unis, etbeaucoup d’investissements supposés sûrs se sontavérés de fait n’avoir aucune valeur. Avec la chute deWall Street en septembre 2008, on estime que 50billions d’USD de richesse « ont été détruits » dansla mesure où des économies dans des actions, fondsd’investissement et autres obligations ont radicalementperdu leur valeur. La Commission de la Boursede Commerce du Gouvernement des États-Unis faitactuellement une enquête sur <strong>les</strong> pratiques anticoncurrentiel<strong>les</strong>de ces trois agences de qualification decrédit et sur <strong>les</strong> conflits d’intérêts, puisqu’el<strong>les</strong> qualifiaientla dette de ces mêmes entreprises, sourced’une grande partie de leurs revenus.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 14


4 6544 LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONALET LA BANQUE MONDIALE 2Le sommet de Londres du G20 (un groupe ad hoc des22 pays <strong>les</strong> plus puissants économiquement) a promisde redresser l’économie mondiale en prenant des mesuresdans des secteurs cruciaux comme le rétablissementde la croissance, l’emploi, la confiance et <strong>les</strong> prêts,le renforcement du règlement financier, le financementet la réforme des institutions financières internationa<strong>les</strong>(IFI), rejetant le protectionnisme et à la recherche derécupération grâce à une économie verte.Cependant, le seul compromis financier notoirea consisté à annoncer l’injection, par des différentesvoies, de 1.1 billions d’USD dans le FMI, la BanqueMondiale (BM) et dans <strong>les</strong> banques régiona<strong>les</strong> dedéveloppement. Étant donné l’évident manque deconsensus politique entre <strong>les</strong> principaux membresdu G20, le seul accord conclu sur une action immédiatea consisté à augmenter <strong>les</strong> ressources desinstitutions financières internationa<strong>les</strong>, dont <strong>les</strong> décisions,depuis leur création, ont été contrôlées par<strong>les</strong> États-Unis et <strong>les</strong> pays européens.Toutefois, <strong>les</strong> bénéfices de cette importante augmentationdu financement − particulièrement pour leFMI, qui sera doté d’un extra de 750.000 millionsd’USD − ne peuvent pas être comparés aux répercussionspositives potentiel<strong>les</strong> d’une relance budgétairecoordonnée. Ainsi que <strong>les</strong> experts en économie l’ontsignalé, <strong>les</strong> fonds du FMI procurent de l’aide aux économiesmondia<strong>les</strong> si <strong>les</strong> pays obtiennent des prêtsdu Fonds, alors que <strong>les</strong> efforts de relance budgétairerenforcent la demande totale globale.2 (Extrait d’une analyse de Bhumika Muchhala)La décision du G20 de canaliser des fonds principalementpar le biais du FMI, au lieu de proposerune assignation de fonds plus diverse, favorise <strong>les</strong>mécanismes pour imposer aux pays en développementle même type de politiques pro-cycliques et decontraction qui ont contribué à créer la crise.Le renouvellement, aussi bien du capital du FMIque de la BM, s’est effectué sans aucune réformepréalable des conditions concernant <strong>les</strong> institutions.En revanche, <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> réformes clés décrites impliquentde mettre fin au monopole Europe-États Unisdans la direction des deux institutions et <strong>les</strong> réformesde la gouvernance pour augmenter <strong>les</strong> quotes-partset la participation des pays en développement qui,cependant, ne seront pas étudiées ni appliquées,jusqu’en 2011 (pour le FMI) et 2010 (pour la BM).Alors qu’ils parviennent à leurs fins sans approfondir<strong>les</strong> conditions de réforme, le Fonds et laBanque exigent presque toujours des réformes despolitiques de leurs pays membres emprunteurs pourla concession de prêts.5 BANQUE DE PAIEMENTSINTERNATIONAUX (BIS)Avec son siège à Bâle, Suisse, la BIS est en généralignorée du grand public, bien qu’elle soit la premièreorganisation financière internationale, crééeen 1930, et soit actuellement un pilier fondamentalde l’architecture financière internationale. En tantque banque, la BIS fournit des services uniquementà ses membres, <strong>les</strong> banques centra<strong>les</strong> de 55 paysdéveloppés et de recettes moyennes. En tant que« forum » informel, il est la clé pour décider des règlementationsbancaires, qui sont élaborées par leComité de Bâle sur le Contrôle Bancaire et du Forumde Stabilité Financière (FSF, sigle en Anglais). LeSommet du G20 a élevé la catégorie du FSF à celled’Assemblée de Stabilité Financière (FSB, sigle enAnglais), étendu son adhésion à tous <strong>les</strong> pays duG20 et l’a chargé du contrôle de la stabilité financièremondiale et de la promotion d’une réforme à moyenterme. Quelques critiques manifestent la crainte quecette tâche viole la souveraineté nationale, tandis qued’autres soutiennent que le FSB manque de pouvoirpour obtenir quoi que ce soit. Dans un passé récent,le BIS et ses Comités de Bâle ont été responsab<strong>les</strong>de la rédaction des règlementations et des codesfinanciers et monétaires qui ont entièrement échouépour garantir la stabilité financière.6 ORGANISATION MONDIALE DUCOMMERCE (OMC) 3L’actuelle Ronde de négociations commercia<strong>les</strong> deDoha inclut <strong>les</strong> services financiers. Les pays développéset leurs institutions financières pressionnentun groupe de pays en développement pour qu’ilsouvrent leurs marchés financiers, en permettant, parexemple, l’établissement de banques étrangères eten libérant <strong>les</strong> flux financiers et <strong>les</strong> services transfrontaliers.Si <strong>les</strong> négociations se terminent avec<strong>les</strong> lignes directrices proposées, <strong>les</strong> pays en développementdevront adopter le type de libéralisationfinancière qui <strong>les</strong> rendra plus vulnérab<strong>les</strong>.Cela signifierait aussi que <strong>les</strong> pays qui souhaitentobserver <strong>les</strong> politiques proposées par laCommission Stiglitz pour réguler <strong>les</strong> flux financiers,institutions et instruments, pourraient être en trainde violer leurs nouveaux compromis avec l’OMC.3 (Extrait d’une analyse de: Réseau du Tiers Monde)<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 15


98107C’est un paradoxe que <strong>les</strong> chefs du G20 fassent appelen même temps à une meilleure règlementation dufinancement mondial et au « succès de la Ronde deDoha », entraînant précisément le contraire.7 FUITE DES CAPITAUX 4Chaque année <strong>les</strong> pays en développement perdentjusqu’à 124.000 millions d’USD dans des recettesprovenant d’actifs extraterritoriaux qui sont retenuesdans des paradis fiscaux. Au moins 6.2 billions dela richesse des pays en développement est retenueoffshore par des individus, ce qui prive <strong>les</strong> pays endéveloppement d’entre 64.000 millions d’USD et124.000 millions d’USD de recettes fisca<strong>les</strong>.Si l’argent transféré par <strong>les</strong> entreprises à l’étrangerétait inclus, ce chiffre serait bien supérieur. Lespertes dépassent <strong>les</strong> 120.000 millions d’USD dansdes aides à l’étranger que <strong>les</strong> pays en développementont reçu en 2008. Et la fuite de capitaux est un problèmecroissant : De 200.000 millions d’USD à 300.000millions d’USD supplémentaires sont chaque annéetransférés à l’étranger.8 LE CRIME PAIELa circulation transfrontalière du profit global provenantdes activités criminel<strong>les</strong> de corruption et d’évasionfiscale atteint 1-1,6 billions d’USD par an, la4 (Extrait d’Oxfam International, « Tax haven crackdown coulddeliver USD 120 billion a year to fight poverty »)moitié provenant des économies en développementet en transition.Antonio Maria Costa, directeur exécutif du Bureaude l’ONU contre la Drogue et l’Infraction, a prouvéque « dans de nombreux cas, l’argent de la drogueest le seul capital liquide d’investissement » et, parconséquent, l’argent produit par le commerce illicitede drogues a été utilisé pour maintenir <strong>les</strong> banques àflot pendant la crise financière mondiale.9 LE DÉFICIT DÉMOCRATIQUEMoins d’un tiers des pays du monde intègrent <strong>les</strong>institutions de Bâle, mais leurs décisions se transformenten règlementations financières internationa<strong>les</strong>de facto qui sont appliquées partout. La majorité sontdes pays membres des institutions de Bretton Woods,mais <strong>les</strong> votes sont assignés par des quotes-parts baséesprincipalement sur le pouvoir économique relatifdont ils jouissaient il y a des décennies. Les États-Unis, avec 16 % des votes, a pouvoir de véto, puisque<strong>les</strong> décisions exigent 85 % des votes. A l’OMC chaquepays a une voix, mais <strong>les</strong> décisions clés sont prisespar un « consensus » automatique qui donne un réelpouvoir de négociation aux principa<strong>les</strong> puissancescommercia<strong>les</strong> et laisse <strong>les</strong> petits pays impuissants.Voici <strong>les</strong> mots d’Amartya Sen : « la question centraleen conflit n’est pas la globalisation elle-même, ni le marchécomme institution, mais l’inégalité dans le bilan généraldes ajustements institutionnels, provoquant une distributiontrès inégale des avantages de la globalisation ».10PARADIS FISCAUXL’impôt, qui est la base d’un bon gouvernement, estla clé de la richesse ou de la pauvreté des nations.Mais <strong>les</strong> paradis fiscaux, qui offrent le secret, des impôtsfaib<strong>les</strong> ou inexistants, et des règlements laxistes(ou un mélange des trois) permettent aux grandesentreprises et aux individus riches de profiter dansleurs pays de résidence de bénéfices fiscaux – commeune bonne infrastructure, l’éducation et un état dedroit – alors qu’ils utilisent le monde offshore pourfuir leurs responsabilités de paiement, pendant que lereste du monde en porte le poids sur ses épau<strong>les</strong>. Descalculs effectués par le Réseau Justice Fiscale suggèrentqu’environ 11.5 billions d’USD de la richesseprivée « des Individus avec un pouvoir d’achat élevé »est retenu dans des paradis fiscaux, non déclarés engrande partie, et, par conséquent, probablement dégrevés– dans leurs pays de résidence. Les bénéficesobtenus en grevant seulement cette richesse individuelle– sans parler de sommes sans aucun doute plusgrandes perdues en raison des fraudes et des évasionsfisca<strong>les</strong> des corporations – dépasseraient largementtoute augmentation réaliste dans <strong>les</strong> budgets d’assistanceau développement. La recette mondiale annuellequi provient de ces actifs non déclarés arrive probablementaux environs de 860.000 millions d’USD. Grevercette recette à un taux modéré de 30 % produiraitautour de 255.000 millions d’USD annuels, suffisantspour financer <strong>les</strong> Objectifs de Développement du Mil-<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 16


11121413lénaire (ODM) dans sa totalité. Dit de manière simple,si seulement <strong>les</strong> très riches payaient dûment leursimpôts, on pourrait financer des mesures pour réduirela pauvreté mondiale de moitié.11 REMISESDepuis 1995, <strong>les</strong> envois de fonds contribuent avec plusd’argent que tous <strong>les</strong> programmes officiels d’assistanceau développement dans leur ensemble. Au Mexique, <strong>les</strong>envois de fonds effectués par <strong>les</strong> émigrants sont devenusindispensab<strong>les</strong> pour 21 % des famil<strong>les</strong>. Les envoisde fonds au Mexique ont été réduits de presque 6 %en janvier 2009, suite à la récession de l’économie desÉtats-Unis et de la politique contre <strong>les</strong> immigrants.12 L’AIDE AUX PAUVRES ARRIVE AUCOMPTE-GOUTTES 5Il y a presque 40 ans, <strong>les</strong> pays riches ont décidé devenir en aide aux pays pauvres avec une assistanceau développement en prélevant 0,7 % de leur PIB.La moyenne de l’aide distribuée chaque année n’ajamais dépassé 0,4 % et le déficit s’est accumulé àplus de 3,6 billions d’USD, tandis que le total de l’aidedistribuée dans cette période a atteint 2,7 billions5 Sources : OCDE (avril 2009) et La réalité de l’aide 2008.d’USD. D’autre part, <strong>les</strong> chiffres officiels d’AssistanceOfficielle pour le Développement (AOD) tendent àinclure une diminution de la dette et du soutien auxétudiants et aux réfugiés dans <strong>les</strong> pays donneurs,dénaturant ainsi la valeur réelle de l’aide sollicitée:l’exercice d’AOD, excluant la diminution de la dettedu soutien aux étudiants et aux réfugiés, est restéinchangé à 0,22 % du PIB en 2005, 2006 et 2007.13 LES FEMMES ET LES PAUVRES SONTLES PLUS TOUCHÉSLes pauvres dans le monde ont été affectés par unecrise dont ils ne sont pas responsab<strong>les</strong>.Selon des estimations, en 2009, 53 millions depersonnes tombent dans l’extrême pauvreté et de200.000 à 400.000 bébés meurent à cause de la chutede la croissance. Les femmes sont touchées de façondisproportionnée. El<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> premières à perdreleurs postes de travail et <strong>les</strong> dernières à <strong>les</strong> récupérer,on leur impose de compenser la réduction des servicesde santé et d’éducation prêtés par <strong>les</strong> gouvernementset el<strong>les</strong> subissent l’augmentation de la violencedomestique proportionnelle à celle du chômage.Les pays à faib<strong>les</strong> revenus font face à un déficitfinancier de 270.000 à 700.000 millions d’USD en2009. Toutefois, alors que l’on a trouvé plus de 2 billionsd’USD pour relancer <strong>les</strong> économies du Nord et <strong>les</strong> marchésémergents, <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus riches ont assignéun peu plus de 5 % du financement supplémentaire audéveloppement, nécessaire à la compensation des paysà faib<strong>les</strong> revenus. Les pays africains feront face seuls àune diminution réelle des revenus de 49.000 millionsd’USD entre début 2007 et fin 2009. Déjà durementfrappés par la hausse des prix des aliments et de l’énergiequi ont causé la hausse de l’inflation, ainsi que la pénuried’aliments et la faim généralisée, <strong>les</strong> pays pauvresvoient de quelle façon la demande de leurs exportationsdiminue au même titre que l’envoi de fonds de leursfamil<strong>les</strong> travaillant dans <strong>les</strong> pays industrialisés.14 LE PLUS GRAND POIDS RETOMBE SURLES PETITS CONTRIBUANTS DES PAYSPAUVRESSi <strong>les</strong> pays à faib<strong>les</strong> revenus contrôlaient leurs impôts,renforçaient leurs administrations financièreset supprimaient <strong>les</strong> exonérations fisca<strong>les</strong> pour <strong>les</strong>investisseurs transnationaux − afin que la proportiondes recettes publiques du produit interne brut (quiétait de 12 % en 2003) − s’élève au niveau moyendes pays riches (26 % en 2003), <strong>les</strong> recettes de leursgouvernements augmenteraient approximativementde 140.000 millions d’USD par an. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 17


Rapports thématiques. SommairesUne réponse à la crise financière et économique envisagéesous l’angle des droits de l’hommeAldo CaliariCenter of Concern (COC)L’ampleur de la crise dévoile un aspect tout à faitnouveau sur <strong>les</strong> conséquences de l’approche traditionnelledes droits de l’homme et de la régulationde la finance. Ce modèle impose aux défenseurs desdroits de l’homme la vision que <strong>les</strong> questions derégulation financière sont strictement techniqueset doivent rester entre <strong>les</strong> mains des experts, et que<strong>les</strong> politiques et <strong>les</strong> inquiétudes liées aux droits del’homme doivent être envisagées indépendamentdes questions de régulation financière ou simplementréduites au point de vue des experts de la <strong>finances</strong>ur ce sujet.De même, il n’est pas difficile de trouver dusoutien pour l’idée que, partout dans le monde, lacrise aura un effet considérable sur <strong>les</strong> droits del’homme. Il est prévu que la pauvreté augmentede 53 millions de personnes dans le monde. Maismême ce chiffre semble être optimiste, puisqu’i<strong>les</strong>t fondé sur la définition de pauvreté de la Banquemondiale que beaucoup mettent en doute, et quisous-estime probablement la quantité réelle depauvres. La dégradation de l’état nutritionnel etde santé des enfants qui ont une consommationinsuffisante d’aliments (soit en moindre quantité,soit en pire qualité) peut se révéler irréversible.Les évaluations suggèrent que la crise alimentairea déjà augmenté de 44 millions le nombre de personnesqui souffrent de dénutrition.En raison de tous ces effets et en accord avecle consensus concernant l’origine de la crise, il fautconclure que <strong>les</strong> décisions prises concernant larégulation financière ont des conséquences tangib<strong>les</strong>pour la jouissance des droits. Une réponse àla récession financière et économique qui se centresur <strong>les</strong> droits de l’homme n’est pas seulement unequestion de justice, mais elle permettra aussi que<strong>les</strong> réformes du système financier et économiquesoient plus durab<strong>les</strong> et résistent mieux aux crisesfutures.Les principes fondamentaux en matière dedroits de l’homme incluent la participation sociale,la transparence, l’accès à l’information, la protectionjuridique et la responsabilité publique. L’ONU,en tant que gardien du cadre légal international, estle forum le plus adéquat et légitime pour débattre<strong>les</strong> réformes nécessaires à la restructuration dusystème économique et financier international surla base des droits de l’homme.On devrait s’attendre à un sombre héritagelaissé par cette crise financière, beaucoup plussombre que celui laissé par n’importe quelle autrecrise que cette génération ait connue. Mais cecis’accompagne d’un héritage d’idées importantesqui ne peuvent plus être négligées et qui devraientêtre le centre de la restructuration du système économiquemondial. nL’égalité de genre et la crise financièreNancy BaroniCanadian Feminist Alliance for International ActionMirjana Dokmanovic, PhDAssociation Technology and Society, Serbiay Women in Development Europe (WIDE)Genoveva TishevaBulgarian Gender Research Foundation yBulgarian-European Partnership AssociationEmily SikazweWomen for ChangeLes femmes des pays en développement sont <strong>les</strong>plus touchées par la crise financière. Leur contrô<strong>les</strong>ur la propriété et <strong>les</strong> ressources est plus faible,el<strong>les</strong> sont majoritaires dans <strong>les</strong> travaux <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>ou au forfait, el<strong>les</strong> gagnent moins et leurprotection sociale est plus faible ; c’est pourquoi <strong>les</strong>femmes, et leurs enfants, sont <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong>face à la crise.Les approches gouvernementa<strong>les</strong> pour luttercontre la crise économique et financière ne sont engénéral pas fondées sur <strong>les</strong> principes d’égalité oudes droits humains.Les réactions face à la crise économique supposentla réduction du financement pour <strong>les</strong> mécanismesd’égalité de genre et la mise en pratiquedes lois sur la matière, ce qui mettra en danger <strong>les</strong>réussites obtenues et renforcera inévitablement <strong>les</strong>stéréotypes existants.Lors de la conférence de haut niveau de l’ONUsur la crise financière et économique mondiale etson incidence sur le développement (24-26 juin2009), le Groupe de travail des femmes a rappeléaux états membres de l’ONU que <strong>les</strong> femmes nepeuvent plus attendre et que c’est le moment d’agirsur la réforme fondamentale de l’architecture financièremondiale. En dépit de l’appel à l’actionunanime des organisations de la société civile, ledocument final de la conférence n’a pas comblé<strong>les</strong> attentes.Les organisations de la société civile, y compris<strong>les</strong> organisations et <strong>les</strong> réseaux de femmes,demandent une approche du développement fondéesur <strong>les</strong> droits. Une révision de la mise en œuvrede cette approche par <strong>les</strong> agences de l’ONU montrequ’elle pourrait être efficace pour l’éradication de lapauvreté, le développement de la démocratie et desdroits humains et le soutien aux groupes <strong>les</strong> plusvulnérab<strong>les</strong>, en particulier <strong>les</strong> femmes, pour qu’el<strong>les</strong>participent dans <strong>les</strong> prises de décisions.Cependant il est nécessaire d’améliorer cetteapproche afin d’aborder efficacement <strong>les</strong> besoinsdes femmes et d’améliorer <strong>les</strong> rapports d’égalitéde genre. Il existe plusieurs défauts dérivés de lagénéralisation excessive, des faib<strong>les</strong> mécanismesde mise en oeuvre et de l’application insuffisante duconcept des droits humains.Une étude de genre montre que cette approchesuppose l’élaboration d’instruments d’analyseappropriés pour comprendre <strong>les</strong> inégalités inhérentesaussi bien à l’économie de marché néolibéralequ’aux rapports de genre. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 18


La crise mondiale et le prix des alimentsSophia MurphyConsultante principale, Trade and Global Governance Programme(Programme sur le Commerce et la GouvernanceMondiale)Institute for Agriculture and Trade Policy (Institut pourl’Agriculture et la Politique Commerciale)Avec une hausse commencée en 2005 et atteignantson point maximal en juillet 2008, <strong>les</strong> prix des produitsagrico<strong>les</strong> ont atteint leur plus haut niveau depuis <strong>les</strong>trentedernières années sur <strong>les</strong> marchés mondiaux.Les personnes pauvres dépensent plus de 50 %de leurs revenus en alimentation, alors que <strong>les</strong> pluspauvres en dépensent 80 % ou plus.La diminution de l’offre est fréquente dans <strong>les</strong>ecteur agricole. Généralement, un déficit de l’offreprovoque une augmentation de la production ; ceci,dans le but d’obtenir des prix plus élevés (<strong>les</strong> agriculteurstendent à semer en fonction d’une récoltepouvant être vendue au prix fort).Eau. L’agriculture irriguée représente presque70 % de l’utilisation mondiale d’eau. Elle produit40 % des aliments au niveau mondial sur 20 % desterres agrico<strong>les</strong> de la planète.Réserves. Les réserves mondia<strong>les</strong> d’alimentsse sont réduites de moitié depuis 2002. On estimeque, de nos jours, le monde possède des réservespour deux mois environ, ce qui représente le quotaminimal recommandé par la FAO au cas où l’approvisionnementserait interrompu.Coûts de production. Le prix des engrais, du pétrole,des pesticides et des semences ont augmentéabruptement lors de la période 2007/2008.Sécheresse. A présent, la sécheresse est deplus en plus fréquente et bien plus répandue qu’àtout autre moment de l’histoire récente ; ceci, dufait de la désertification et de la déforestation, d’uneplanification urbaine déficiente et de l’utilisation excessivedes réserves d’eau souterraine.Changement climatique. Le changement climatiqueaffecte <strong>les</strong> précipitations et <strong>les</strong> températures, toutes<strong>les</strong> deux essentiel<strong>les</strong> pour la productivité agricole.Population. Chaque année, la population mondialetotale augmente de 78 millions d’habitants.Habitudes alimentaires. Encore plus important :<strong>les</strong> habitudes alimentaires changent en permanence.Chaque année, il y a plus de personnes qui mangentà la manière des occidentaux riches.Biocarburants. Les biocarburants (aussi dénommésagrocarburants) sont des carburantsliquides, fabriqués à partir de matières végéta<strong>les</strong>.Actuellement, la plupart des biocarburants végétauxsont fabriqués à partir de la canne à sucre, du maïs,du colza, de l’huile de palme et du soja.Spéculation. La plupart des produits agrico<strong>les</strong>sont négociés dans <strong>les</strong> bourses du monde entier.Investissement. Les gouvernements, dans lemonde entier, ont libéralisé considérablement <strong>les</strong>lois sur <strong>les</strong> investissements depuis l’apparitiondes programmes d’ajustement structurel et de laprolifération des traités commerciaux bilatéraux etrégionaux.Commerce. Les traités commerciaux au niveaurégional et international ont changé la relation desprix mondiaux sur <strong>les</strong> marchés alimentaires internes.L’échec de l’éradication de la faim est le résultatde choix politiques. Nous savons comment mettreen œuvre une agriculture plus durable. Nous savonscomment mieux réglementer <strong>les</strong> marchés. Nous savonsque la sécurité alimentaire doit être construite àpartir d’une forte base locale. nJustice pour refroidir la planètePRRM/<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> FilipinasIsagani R. SerranoDans <strong>les</strong> années 1880, dès que nous avons commencéà utiliser des combustib<strong>les</strong> fossi<strong>les</strong> et que nous avonsinstallé la société industrielle actuelle, la concentrationde dioxyde de carbone (CO 2) dans l’atmosphère étaitéquivalente à 280 parties par millions (ppm). Pendant<strong>les</strong> années 1950 elle avait atteint 315 ppm. Lorsqu’à lafin des années 80, le scientifique de la NASA James Hansena donné l’alerte pour la première fois à propos deschangements climatiques, il a fixé à 350 ppm le niveaumaximal « si l’humanité désire préserver une planète quiressemble à celle où se sont développées <strong>les</strong> civilisationset à celle à laquelle est adaptée la vie sur la Terre ».Dans le même temps, il y a de plus en plus d’indicesindiquant que le pire des scénarios possib<strong>les</strong> pourrait seproduire plus tôt qu’on ne se l’imaginait. Les phénomènesextrêmes tels que <strong>les</strong> orages, <strong>les</strong> inondations et la sécheresseont des conséquences dévastatrices sur <strong>les</strong> ressourceshydriques, la sécurité alimentaire, l’agriculture,<strong>les</strong> écosystèmes, la biodiversité et la santé humaine.Un monde plus équitable a de meilleures possibilitésde survie et d’adaptation aux changements climatiques.Le monde serait plus résistant si l’on fixait deslimites à la croissance (même si <strong>les</strong> limites redoutées ontdéjà été dépassées) et si l’on établissait l’équité entre et ausein des pays et des communautés, entre <strong>les</strong> hommes et<strong>les</strong> femmes, entre <strong>les</strong> générations actuel<strong>les</strong> et futures.Les changements climatiques n’épargnent ni <strong>les</strong>riches, ni <strong>les</strong> pauvres, mais ils ont des conséquences néfastesprincipalement sur <strong>les</strong> populations pauvres, bienque, dans ce cas, leur responsabilité soit moindre.La solution pour éviter la catastrophe est claire etévidente : <strong>les</strong> riches des pays riches et des pays pauvresdoivent céder davantage pour que <strong>les</strong> pauvres et noustous, puissions vivre de manière durable.Les pays à fortes émissions doivent s’engager àréduire leurs émissions de GES de manière radicale,profonde et contraignante, par rapport aux niveaux de1990, et à assister <strong>les</strong> pays en voie de développementavec de l’argent « flexible » et de la technologie propre.La contraction exigée est énorme quel que soit le scénariode stabilisation d’émissions convenu. Il est prévuune variation entre 25 % et 50 % de réduction ou plusentre 2020 et 2050. La réduction comprend <strong>les</strong> six gazinclus au Protocole de Kyoto : CO 2, méthane (CH 4), oxyded’azote (N 2O), hydrofluorocarbones (HFC), perfluorocarbones(PFC) et hexafluorure de soufre (SF 6) – traduits entonnes de CO 2équivalent (t CO 2e) sur <strong>les</strong> inventaires deGES de chaque pays.L’agriculture et la pêche durable, le reboisementet la gestion durable des bassins hydrographiques et lagestion écologique des ressources constituent des voiesd’adaptation pouvant aider à refroidir la planète. La sécuritéalimentaire exige un changement radical au niveaude l’agriculture, une position soutenue depuis longtempspar <strong>les</strong> mouvements de producteurs agrico<strong>les</strong> dans lemonde entier.Paradoxalement, si cette récession est durable etprofonde, ce sera peut-être mieux pour tous. Moins decroissance implique moins d’émissions de gaz et moinsde pression sur l’environnement. Une production pluspropre et la réduction universelle de la consommationpar habitant impliquent une diminution de l’empreinte decarbone et – pourquoi pas–un mode de vie plus sain. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 19


Les obligations des entreprises transnationa<strong>les</strong> envers<strong>les</strong> droits humains et le rôle de la société civileJana Silverman<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Alvaro OrsattiConfédération syndicale des Travailleurset Travailleuses des AmériquesEn règle générale, <strong>les</strong> entreprises – en particulier <strong>les</strong> compagniestransnationa<strong>les</strong> – sont des entités privées nongouvernementa<strong>les</strong>, soumises uniquement aux lois nationa<strong>les</strong>du pays dans lequel se trouve leur siège central ou àcel<strong>les</strong> qui régissent <strong>les</strong> pays dans <strong>les</strong>quel el<strong>les</strong> ont effectuédes investissements. Même si ces compagnies ont parfoisune présence significative dans de nombreux pays,techniquement el<strong>les</strong> ne sont pas considérées commedes personnes mora<strong>les</strong> sur le plan international – statutqui se limite aux Etats et à quelques organisations intergouvernementa<strong>les</strong>comme l’Union européenne ou l’ONU.Cela signifie globalement que <strong>les</strong> entreprises ne sont pasassujetties aux droits et obligations de la loi internationale,y compris la loi internationale sur <strong>les</strong> droits humains.Cependant, dans la pratique, on revient progressivementsur cette interprétation. Des universitairescontemporains plaident pour concéder aux entreprisestransnationa<strong>les</strong> des droits néo-féodaux ou corporatifs.Aujourd’hui, <strong>les</strong> obligations se référant à la promotionet la protection des droits humains commencent àêtre effective, tant dans la théorie que dans la pratique,plus explicites pour <strong>les</strong> acteurs non publics – comme <strong>les</strong>entreprises commercia<strong>les</strong>.De plus, un nombre croissant de compagniesconçoivent et mettent en pratique des politiques spécifiquessur <strong>les</strong> droits humains. Plus de 240 entreprisesont stipulé leurs propres directives et plus de 5200 compagniesfont partie des membres actifs du Pacte mondialde l’ONU, une initiative multisectorielle qui engage <strong>les</strong>entreprises à respecter <strong>les</strong> principes universels relatifsaux droits humains, environnementaux et du travail, ainsiqu’aux pratiques d’anticorruption.La modification de la relation entre entreprises etdroits de l’homme est étroitement liée à l’apparition de laRSE, définie par la Commission européenne comme un« concept dans lequel <strong>les</strong> entreprises intègrent <strong>les</strong> préoccupationssocia<strong>les</strong>, environnementa<strong>les</strong> et économiquesdans leurs activités commercia<strong>les</strong> et dans leurs interactionsavec d’autres agents intéressés, sur une base volontaire ».Bien que depuis au moins <strong>les</strong> années 1950, certaines compagniesaient mis en pratique des programmes philanthropiquesau profit de leurs employés, des communautésloca<strong>les</strong> et de la société en général, le concept actuel estdifférent. Il encourage l’incorporation des droits humains,sociaux et environnementaux comme partie intégrante desstratégies des entreprises, non dans le but de répondre àun impératif moral ou éthique sinon tout simplement entant que bonne pratique d’entreprise pouvant minimiser <strong>les</strong>risques et améliorer <strong>les</strong> performances de la compagnie.L’expérience des syndicats dans l’utilisation d’instrumentsde RSE provient d’une stratégie définie par laConfédération syndicale internationale (CSI) dans le domaineinternational. Selon cette stratégie, <strong>les</strong> compagniesont « une responsabilité interne » envers leurs employésqui devrait être réglementée et de caractère obligatoire. Lesmécanismes de mise en œuvre comprennent la Déclarationtripartite de l’OIT, <strong>les</strong> lignes directrices de l’OCDE sur <strong>les</strong>multinationa<strong>les</strong> et <strong>les</strong> accords-cadres internationaux (ACI)issus des négociations entre <strong>les</strong> Fédérations syndica<strong>les</strong>internationa<strong>les</strong> et <strong>les</strong> entreprises multinationa<strong>les</strong>. nLa crise économique mondiale et <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moinsavancés : préoccupations des citoyensArjun KarkiLDC <strong>Watch</strong>Quarante-neuf pays sont actuellement désignés par <strong>les</strong>Nations-Unies comme étant « <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moins avancés» (PMA), dont la population totale s’élève à environ750 millions de personnes.La crise économique mondiale actuelle n’a pas ébranléuniquement <strong>les</strong> fondations des économies <strong>les</strong> plus puissantes,<strong>les</strong> marchés boursiers et <strong>les</strong> institutions financières<strong>les</strong> plus influentes du monde ; elle a également misen danger <strong>les</strong> petites économies des PMA déjà si fragi<strong>les</strong>,et a entraîné des millions de femmes, d’hommes et d’enfantsdans la pauvreté et <strong>les</strong> privations accrues.La crise alimentaire sans précédent provoquée par l’impressionnantehausse des prix a engendré des «émeutesde la faim» qui ont ébranlé plus de 30 PMA dans <strong>les</strong>quels<strong>les</strong> travailleurs et <strong>les</strong> habitants des campagnes ne peuventplus acheter <strong>les</strong> aliments de base pour survivre.On citera notamment <strong>les</strong> mouvements de protestationpour le prix des céréa<strong>les</strong> au Cameroun, en Côte d’Ivoire,en Ethiopie, à Haïti, à Madagascar, en Mauritanie, auMozambique, au Sénégal et dans d’autres pays d’Afrique,ainsi que <strong>les</strong> marches d’enfants affamés au Yemen.Etant donné que dans <strong>les</strong> PMA, la plupart des personnespauvres dépensent de 70 à 80 % de leurs revenus enalimentation, la hausse radicale du prix des aliments debase a eu de très graves conséquences.La préoccupation des PMA pour <strong>les</strong> denrées alimentaires,l’eau et la sécurité énergétique s’intensifie en raisonde la crise climatique qui met en péril <strong>les</strong> objectifs decroissance économique inclusive et durable du point devue environnemental.Il est également prévu une réduction des flux de l’aidepublique au développement (APD) vers <strong>les</strong> PMA car <strong>les</strong>gouvernements des pays développés détournent <strong>les</strong>fonds alloués à l’APD pour relancer leurs propres économieset continuer à renflouer <strong>les</strong> institutions financièresqui ont été au cœur de la crise économique.Les envois de fonds vers <strong>les</strong> PMA de la part de ceux quitravaillent dans d’autres pays sont également en diminution,<strong>les</strong> travailleurs migrants ayant perdu leurs emploisen raison de la récession économique dans <strong>les</strong> pays oùils résident. Le FMI prévoit une chute d’entre 4 et 8 %pour 2009.Cette situation qui appauvrit et rend encore plus vulnérab<strong>les</strong>des millions de personnes des PMA exige desactions immédiates et urgentes. Pour surmonter la criseéconomique mondiale et créer un environnement propiceau développement dans <strong>les</strong> PMA, il s’avère essentielque la communauté internationale et <strong>les</strong> gouvernementsdes PMA se mettent d’accord pour combattre ensemble<strong>les</strong> impacts de la crise économique dans ces pays.Cela ne sera possible qu’avec une transformation fondamentalede l’architecture financière mondiale.Si nousprétendons atteindre <strong>les</strong> objectifs auxquels nous proclamonsaspirer, nous devons nous assurer que ce que nousfaisons pour remédier aux conséquences dévastatricesde la crise économique mondiale actuelle serve égalementà obtenir une véritable transformation du systèmemondial, et que tous <strong>les</strong> habitants de la planète puissentmener une vie pleine de sens et en toute sécurité. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 20


Les défis liés au développement sont de plus en plus nombreux enraison de la crise mondiale : choix de politiques dans la région arabeKinda MohamadiehArab NGO Network for DevelopmentOliver PearceChristian AidLa crise économique et financière mondiale arrive àun moment où <strong>les</strong> pays et citoyens de la région arabetentent de s’adapter aux prix incontrôlés des alimentset des combustib<strong>les</strong>.Les crises économiques du passé ont eu desimpacts disproportionnés sur <strong>les</strong> pauvres et, dans cesens, la crise actuelle n’est pas différente. Ceci se traduitpar un stress plus important pour <strong>les</strong> communautésqui subissent déjà le changement climatique et <strong>les</strong>fluctuations des prix de l’énergie et de l’alimentation.La région arabe a expérimenté une sensible diminutiondes niveaux de pauvreté depuis <strong>les</strong> années1980 jusqu’au début des années 1990. Au milieu decette décennie néanmoins, le pourcentage de personnesqui vivaient dans la pauvreté – en considérant <strong>les</strong>seuils de pauvreté <strong>les</strong> plus basiques d’1 USD et 2 USDpar jour – a augmenté et, de façon générale, il a stagnélors du passage au XXIème siècle, pour connaître undéclin très progressif.De plus, si on élève légèrement le seuil de pauvreté– pour passer, par exemple, d’1 USD à 2 USD parjour ou de 2 USD à 3 ou 4 USD par jour – <strong>les</strong> chiffresaugmentent considérablement.Les mesures liées aux seuils de pauvreté trèsélevés sont particulièrement importantes maintenantque <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> de la région ont dû faire face auxcoûts très élevés des biens élémentaires, comprenantl’alimentation et le carburant qui représente une partimportante de leurs dépenses. A l’ONU on affirmequ’en raison de la crise, ce sont environ 31 millionsde personnes dans <strong>les</strong> pays arabes qui souffrent de lafaim (environ 10 % de la population totale).Le niveau élevé d’inégalités entre <strong>les</strong> pays, ainsique <strong>les</strong> inégalités persistantes dans nombre de cespays est un autre caractère notable de la région à prendreen compte.Une des raisons de la forte proportion de pauvretédans la région est le chômage chronique. Eneffet, même lors des années de croissance économiqueet où <strong>les</strong> revenus personnels affichaient aussi unetendance à la hausse, le chômage était élevé et allaiten augmentant.La crise a exposé la nature fluctuante de l’aide etdes envois de fonds mais aussi des avantages limitésde la libéralisation commerciale. Ces choix politiquesne peuvent être considérés comme des facteurs stab<strong>les</strong>sur <strong>les</strong>quels on peut bâtir une politique de croissancedurable à long terme.En élargissant <strong>les</strong> traités commerciaux régionauxet bilatéraux , <strong>les</strong> tarifs commerciaux se sont considérablementréduits dans pratiquement tous <strong>les</strong> pays dela région : La majorité des barrières non-tarifaires ontété éliminées ou réduites significativement.Il est évident que <strong>les</strong> gouvernements arabesdoivent donner la priorité aux changements structurelsà long terme et aborder <strong>les</strong> besoins à courtstermes à la lumière de la crise. nRéponse européenne à la crise économiqueet financière mondialeMirjam van ReisenConseillers en politique extérieure européenne(EEPA, Europe External Policy Advisors)Simon Stocker, Louisa VogiazidesEurostepLes dirigeants européens reconnaissent facilement<strong>les</strong> fail<strong>les</strong> du système financier mondial. Il semble cependantque <strong>les</strong> mesures prévues pour combattre cesfail<strong>les</strong> soient bien loin d’apporter une transformationradicale du système.Il est à peu près certain que l’UE s’engagera à renforcerla supervision et la réglementation financière,avec divers niveaux de soutien envers l’améliorationdu suivi des agences d’évaluation du crédit, la miseen place de standards réglementaires mettant unterme aux paradis fiscaux et au secret bancaire, lebesoin de nouvel<strong>les</strong> normes de comptabilité plaçant<strong>les</strong> obligations sous la supervision de contrôleursdes <strong>finances</strong>.Ces dernières années, la croissance de la dérégulationfinancière et <strong>les</strong> privatisations ont mis en dangerle Modèle social européen. Dans ce nouveau paradigme,le bien-être des citoyens dépend de plus en plusdu marché, d’où une rétrocession progressive de l’Etatdans diverses sphères socia<strong>les</strong> et économiques.La récession économique due à la crise menaceencore plus l’approche européenne de bien-être social.De quelle façon l’Europe répond-elle à la crise ?Depuis le début, la Commission européenne et <strong>les</strong>Etats membres ont pris un train de mesures afin decontrecarrer <strong>les</strong> effets du déclin économique, principalementdes plans de récupération et un ensemblede mesures de sauvetage, destinées pour la plupart ausecteur financier.La croissance de la crise de l’emploi suggère que<strong>les</strong> impacts sociaux de la crise exigent d’être abordésplus énergiquement. Il s’avère nécessaire de prendredes mesures qui intègrent <strong>les</strong> exclus du marché dutravail, investir dans <strong>les</strong> services sociaux et de santé, etaméliorer <strong>les</strong> systèmes de protection sociale.L’UE réclame également un rôle protagoniste pouralléger <strong>les</strong> conséquences socia<strong>les</strong> de la crise dans <strong>les</strong>pays en développement. Selon le président de la CE M.Barroso, « l’Europe a assumé être le chef de file garantissantque le G-20 étaye <strong>les</strong> bases d’une récupérationjuste et durable pour tous, y compris pour <strong>les</strong> pays endéveloppement ».Un autre impact de la crise sur la relation entrel’Europe et <strong>les</strong> pays en développement semble être lamise en place de mesures controversées comme l’aidebudgétaire et la signature des Accords de partenariatéconomique (APE).Malgré ces préoccupations, la CE affirme qu’avecla crise actuelle, <strong>les</strong> APE contribueront à encouragerla croissance économique et le développement dans<strong>les</strong> pays partenaires. João Aguiar Machado, l’un desprincipaux négociateurs de la CE pour <strong>les</strong> APE, expliqueque <strong>les</strong> accords viendront en aide au développement encréant un environnement commercial propice qui à sontour encouragera <strong>les</strong> investissements et permettra lacréation d’emplois. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 21


<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> : Promouvoir la responsabilité<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, un réseau qui compte aujourd’hui des membres dans plus de 60 pays dans le monde entier, a été créé en1995 comme « un point de rencontre d’organisations non-gouvernementa<strong>les</strong> préoccupées par le développement social et ladiscrimination de genre », qui répond au besoin de promouvoir la volonté politique nécessaire pour concrétiser <strong>les</strong> promessesdes Nations Unies. Depuis lors ce réseau qui s’accroît continuellement tant du point de vue qualitatif que quantitatif, a publié 14rapports annuels sur <strong>les</strong> avancements et reculs de la lutte contre la pauvreté et pour l’égalité de genre, qui ont été utilisés commedes outils d’incidence aux niveaux local, régional et international.Depuis le numéro 0 publié en 1996, jusqu’à la présenteédition, numéro 14, le rapport du <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>a réuni plus de 600 rapports d’organisations de lasociété civile, qui partagent tous, le but de rappeleraux gouvernements <strong>les</strong> engagements pris et d’ensuivre de façon indépendante la mise en œuvre danschaque pays et sur le plan international.Cette édition-ci, qui contient des travaux de 61organisations nationa<strong>les</strong>, garde la flamme allumée lorsdu baptême du réseau en 1995 : le besoin de concevoirdes outils et des stratégies corrigeant l’absence demécanismes de responsabilisation et assurant la réalisationdes engagements internationaux au regard despolitiques socia<strong>les</strong> et <strong>les</strong> objectifs de développement.Une série de conférences de haut niveau auxNations Unies – qui a commencé par le Sommet desEnfants en 1990 et a fini par le Sommet du Millénaireen 2000 – a recomposé l’agenda international au coursde la décennie au cours de laquelle <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a étécréée. En 1995 le Sommet <strong>Social</strong> (à Copenhague) et laConférence sur <strong>les</strong> Femmes (à Beijin) ont défini pour lapremière fois l’élimination de la pauvreté et l’égalité desgenres avec des objectifs universels communs et descalendriers concrets ont été créés afin d’atteindre lebut formulé mollement par la Charte de l’ONU en 1964comme « de la dignité pour tous ». <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a étécréé par un groupe d’organisations de la société civile,comme «un point de rencontre d’organisations nongouvernementa<strong>les</strong>préoccupées par le développementsocial et la discrimination de genre » (<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Nº0, 1996), afin de susciter la volonté politique nécessairepour arriver à ce que <strong>les</strong> promesses deviennent réalité.Le Rapport du <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> s’est donc ainsi formulécomme un outil puissant pour la présentation del’information statistique disponible internationalement,qui rend compte en même temps du volet qualitatif desproblèmes abordés par le biais de l’analyse réalisée pardes organisations socia<strong>les</strong> travaillant directement surplusieurs problèmes nationaux. Depuis lors, <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> a publié des rapports annuels sur <strong>les</strong> avancementset <strong>les</strong> reculs du combat contre la pauvreté etpour l’égalité de genre. Il s’agit en grande partie de deuxobjectifs superposés, puisque la majorité absolue despersonnes vivant dans la pauvreté sont des femmes.Les rapports annuels du <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> sont devenusla première initiative durable de suivi au niveaunational, consacrée au développement et à l’égalitéde genre, et la première à rassembler <strong>les</strong> deux pointsde vue dans une perspective nationale, et ajoutanten même temps une dimension internationale auxefforts et aux campagnes loca<strong>les</strong>.Mémorandum d’Entente entre <strong>les</strong> groupesnationaux et le réseau <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>1. Les coalitions doivent être basées dans un pays et participer activement à la résolution desquestions socia<strong>les</strong> de développement dans ce pays (non pas exclusivement en tant que universitairesou consultants).2. L’engagement fondamental de chaque coalition vis-à-vis du réseau international est de suivrede près et de préparer un rapport sur <strong>les</strong> engagements et obligations ayant trait à la justicesociale et à l’égalité entre <strong>les</strong> genres, reconnus au niveau international, selon <strong>les</strong> priorités dechacune et en tirant ses propres conclusions. A son tour, le réseau international s’engage àdiffuser largement ces rapports, en <strong>les</strong> incorporant dans le Rapport annuel de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>,sur son site web et par d’autres moyens dont il dispose.3. Les coalitions nationa<strong>les</strong> doivent utiliser leurs rapports nationaux et <strong>les</strong> rapports mondiauxaux fins des activités de plaidoyer et de lobby et d’autres formes d’action publique au niveaunational. El<strong>les</strong> doivent aussi informer <strong>les</strong> autres membres du réseau de leurs activités liées àcel<strong>les</strong> de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, dans le but d’échanger des expériences et de tirer des leçons du succès,des défis et même des échecs et difficultés des autres membres.4. El<strong>les</strong> ne doivent exclure aucune organisation ; doivent <strong>travailler</strong> activement pour élargir laprise de conscience de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> et encourager la participation d’autres organisations auxactivités de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> et leur intégration dans la coalition.5. El<strong>les</strong> sont chargées de réunir <strong>les</strong> fonds pour l’exécution de leurs activités. Les coalitions nationa<strong>les</strong>ne comptent pas sur <strong>les</strong> fonds mis à disposition par le Secrétariat ; el<strong>les</strong> ne répondent nonplus financièrement devant le Secrétariat ou toute autre entité internationale de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.6. Chaque coalition détermine sa propre structure d’organisation. Elle désigne un membre/uneorganisation participante comme point focal en vue de faciliter la communication avec leSecrétariat International et <strong>les</strong> autres organes du réseau.7. Participer à une coalition de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> et exercer des fonctions gouvernementa<strong>les</strong> sontabsolument incompatib<strong>les</strong>. Seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> organisations à but non lucratif peuvent appartenir auréseau de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>.8. La coopération avec d’autres plateformes nationa<strong>les</strong> sera encouragée aux niveaux sous-régional,régional et mondial.9. En cas de conflit entre <strong>les</strong> membres/<strong>les</strong> organisations participantes d’une coalition sur desquestions liées à <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> (par exemple, désignation d’un point focal, contribution auRapport de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, désignation de délégués qui prendront part à l’Assemblée de <strong>Social</strong><strong>Watch</strong>), toutes <strong>les</strong> parties concernées doivent faire preuve de bonne volonté pour résoudre <strong>les</strong>problèmes au niveau national. Si, dans des cas exceptionnels, <strong>les</strong> parties ne parviennent pas àune entente, le Comité de coordination peut prendre la décision qui s’impose.10. Pour manifester leur affiliation au réseau, toutes <strong>les</strong> coalitions sont encouragées à utiliser lelogo de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> quand il s’agit des activités directement liées aux buts et objectifs de<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. El<strong>les</strong> sont invitées à informer le Secrétariat International de ces activités. Dansd’autres cas, el<strong>les</strong> doivent demander d’avance la permission auprès du Secrétariat Internationalou du Comité de Coordination pour l’utilisation du nom et du logo de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Le Mémorandum d’Entente a été adopté lors de la première Assamblée Générale de Rome, en 2000. Il a été ratifié et misà jour pendant l’Assamblée de Accra en 2009. Disponible sur : <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 22


Le numéro 0 du rapport, publié en 1996, comprenait<strong>les</strong> contributions de 13 organisations. Depuislors le réseau s’est constamment accru. À l’heureactuelle <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a des membres (« watchers »)dans plus de 60 pays dans le monde entier, et leurnombre s’accroît chaque année.Un réseau flexibleLe « point de rencontre » s’est accru et a transforméplusieurs de ses volets, mais en gardant toujours <strong>les</strong>idées et <strong>les</strong> objectifs qui ont accompagné sa naissance.Les organisations de la société civile ont adoptédes formes ad hoc flexib<strong>les</strong> pour s’organiser en réseaupendant le processus de préparation du Sommet<strong>Social</strong> à Copenhague. On n’a pas créé de structuresformel<strong>les</strong> ni établi de comité de direction ni de groupecoordinateur permanent. Les organisations non gouvernementa<strong>les</strong>(ONG) ont préféré coordonner leursactions dans des espaces horizontaux et ouverts, cequi d’après certains analystes a établi un précédentpour le format organisationnel que le Forum <strong>Social</strong>Mondial adopterait plus tard. Plusieurs de ces organisationsont formé et forment encore la colonne vertébraledu <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>, ce qui fait que tant la structureque le fonctionnement du réseau gardent en grandemesure la flexibilité et l’ouverture d’origine.La structure du réseau a trois composantes centra<strong>les</strong>: l’Assemblée Générale, le Comité Coordinateuret le Secrétariat International, en plus des coalitionsnationa<strong>les</strong>. Dernièrement on a établi également desstructures de coordination régionale et sous-régiona<strong>les</strong>en tant qu’espace de coordination, mais pasnécessairement en tant qu’instance intermédiairepour rapprocher le local du mondial.Le réseau <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> n‘est pas une organisationjouissant de personnalité juridique et son pointde départ n’a pas été la rédaction de statuts de fonctionnement.On a créé par contre un Mémorandumd’Entente essentiel entre <strong>les</strong> coalitions nationa<strong>les</strong> et leréseau, qui fonctionne en tant que cadre dans lequelon établit <strong>les</strong> attentes pour le travail d’ensemble touten respectant l’autonomie des membres et la prisede décisions démocratique et horizontale. L’un desprincipes fondamentaux qui différencie <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>d’autres réseaux internationaux de la société civileest constitué par le fait qu’il n’y ait pas de structurecentrale pourvoyant de fonds à ses membres. Cettelogique dans le fonctionnement évite non seulement<strong>les</strong> tensions associées au lien qui unit le donnant aurécepteur à l’intérieur du réseau, mais aussi la perted’énergie dans des discussions sur des fonds, budgets,rapports et procédés, renforçant le sentimentd’appartenance de ses membres.Chaque Coalition Nationale décide de quellemanière elle s’organise selon <strong>les</strong> conditions de chaquepays. Les membres du <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> sont trèsdiverses. Ce sont des instituts ou des centres derecherche, des organisations non gouvernementa<strong>les</strong>,des organisations de base, des syndicats, desgroupements de femmes, des organisations rura<strong>les</strong>,entre autres. Étant donné que le rapport internationaldu <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> ne peut consacrer que quelquespages à chaque pays, et qu’il n’est disponible qu’enespagnol, en anglais et – depuis la présente édition– en français, <strong>les</strong> coalitions nationa<strong>les</strong> publient desrapports nationaux plus étendus et en langues nationa<strong>les</strong>en Allemagne, au Bénin, au Brésil, aux Philippines,en Inde, en Italie, en Pologne, en RépubliqueTchèque, et dans la région arabe.L’Assemblée GénéraleL’Assemblée Générale est l’organe principal de directiondu réseau. La discussion politique et la planificationstratégique à long terme ou à moyen terme se réaliséedans cet espace qui sert de forum pour la prise de décisionsmais aussi comme un espace pour renforcerle sentiment d’appartenance et renforcer l’identité etl’unité du réseau. Cet évènement a lieu tous <strong>les</strong> troisans et elle s’est réalisée trois fois jusqu’à présent : àRome en 2000, à Beyrouth en 2003 et à Sofia en 2006 1 .L’Assemblée choisit <strong>les</strong> membres du Comité Coordinateurauprès desquels on délègue la coordination et leleadership politique entre une assemblée et la suivante ;elle fixe également <strong>les</strong> priorités pour le long terme et lemoyen terme et identifie <strong>les</strong> alliances potentiel<strong>les</strong> pourla conception de la stratégie du plaidoyer.Le Comité CoordinateurLe Comité Coordinateur (CC) est l’organisme politiquecentral du travail « quotidien » du réseau. Il a unestructure qui nécessite une communication aisée etqui travaille principalement avec une liste de courriels,en plus des réunions réel<strong>les</strong> réalisées deux foispar an et des conférences téléphoniques régulièrespour aborder des sujets spécifiques.Étant donné que le CC a pour tâche d’ « assurerla visibilité politique et la participation du réseau dansdes espaces et dans des processus remarquab<strong>les</strong>» 2 ,son intégration vise la représentation géographiqueet l’équilibre de genre mais elle considère égale-1 Les rapports finaux, <strong>les</strong> documents de base et autresdocuments de ces trois Assemblées sont disponib<strong>les</strong> surwww.socialwatch.org.2 Le document décrivant la nature et le mandat du ComitéCoordinateur a été agréé dans la II Assemblée Générale deBeyrouth en 2003. Voir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 23


ment l’apport d’expérience et de capacités que leursmembres peuvent apporter à l’ensemble du réseau.En général <strong>les</strong> décisions du CC ont été prises parconsensus, et el<strong>les</strong> sont opportunément transmisesaux watchers. La participation permanente de deuxmembres du Secrétariat en tant que membres ad hocdu CC assure la coordination entre <strong>les</strong> deux organismes.C’est au Secrétariat de soutenir et de mener àbien <strong>les</strong> décisions prises dans cet espace.Le Secrétariat InternationalLe Secrétariat est l’organisme exécutif principal du<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. La première évaluation externe du réseau(1995 – 2000) remarquait déjà que « Parmi <strong>les</strong>plusieurs rô<strong>les</strong> existant à l’intérieur du réseau, c’estcelui du Secrétariat qui a le plus changé » (Hessini etNayar, 2000). Tout au début le Secrétariat se limitaità garantir la production du Rapport, mais bien évidemmentil a ajouté une série de nouvel<strong>les</strong> fonctionsdérivées de la croissance du réseau, y compris desactivités de recherche, de formation, de promotionde campagnes et de représentation du réseau lors dedivers forums internationaux.Le local, le mondial et le rapportChaque année <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> analyse en profondeurun sujet différent à travers le rapport. En général ils’agit d’un sujet concernant <strong>les</strong> sujets en discussiondans l’agenda international et qui peut s’aborder d’unpoint de vue local. Des experts d’origines et de matièresdifférentes apportent des visions alternativesaux problèmes à travers <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> thématiques.Cette perspective internationale est complétée parl’élaboration des rapports nationaux et régionauxdans <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> organisations faisant partie du réseauapportent leur vision locale, en informant surl’état des choses dans leurs pays à propos du sujetspécifique traité chaque année.D’autre part, <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> produit des tab<strong>les</strong>des matières et des statistiques contenant des informationscomparab<strong>les</strong> sur le plan international,qui présentent une macro perspective de l’état deschoses de certaines dimensions du développement,mais qui rendent possible en même temps la lectureau niveau national. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a développé des indicateursalternatifs pour mesurer <strong>les</strong> avancementset <strong>les</strong> reculs concernant l’égalité de genre et la satisfactiondes capacités humaines essentiel<strong>les</strong>, utilisésactuellement comme référence aussi bien par la sociétécivile que par des institutions internationa<strong>les</strong>.Bien que <strong>les</strong> membres se servent du rapportafin de plaider dans de différents milieux, l’un desmoments clés pour la diffusion est le lancement, quia lieu non seulement dans des espaces significatifsdu débat national, mais aussi dans chaque pays,dont une grande partie de l’attention se centre sur <strong>les</strong>résultats du chapitre national. Cette année quelquesdécouvertes préliminaires du rapport 2009 ont étésoulignées dans la publication Who Pays? The GlobalCrisis and What Needs to Be Done 3 , qui a été présentéeen juin à New York à la Conférence de l’ONUsur la Crise Financière et Économique et ses Impactssur le Développement, ainsi que lors de l’Assembléepopulaire sur la crise, un événement qui a réuni plusde 100 militants de la société civile mondiale.On a publié <strong>les</strong> Cahiers Occasionnels, notammenten vue de la formation des coalitions membres 4 . Ona réalisé plusieurs ateliers de formation pour <strong>les</strong> ré-3 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> (2009) Who Pays? The Global Crisis andWhat Needs to Be Done. Voir : . La version française, Une architecture financièrequi a échoué ... et comment en construire une nouvelle, estaussi disponible sur le site internet de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> : 4 Le premier Cahier Occasionnel de Myrjam Van Reisen Losdientes del león aborde le contexte politique qui a donnélieu à la naissance de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. Le deuxième, d’Ana Ma.Arteaga, Control ciudadano desde la base analyse l’expériencede démocratisation des instruments internationaux desDroits de l’homme au Chili en 1997. La troisième publication,compilée par Patricia Garcé et Roberto Bissio, porte surl’expérience de surveillance des buts de Copenhague à traversl’exemple concret de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. Les Cahiers numéros 4et 5, coordonnés par l’équipe de Recherche de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>,portent sur la pauvreté et l’inégalité en Amérique Latine et <strong>les</strong>liens entre la pauvreté et <strong>les</strong> Droits de l’homme. Les CahiersOccasionnels sont disponib<strong>les</strong> sur .gions et produit plusieurs documents de référence.Par exemple cette année <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> a formulé desrecommandations sur des sujets concernant l’architecturefinancière et son impact sur le développement,qui ont été présentées devant la Commission d’Expertsdu président de l’Assemblée Générale de l’ONU sur <strong>les</strong>Réformes du Système Monétaire et Financier International.On a également rédigé et distribué la publicationÉtude des expériences réussies. Résumé de l’analysede quatre études de cas des coalitions nationa<strong>les</strong> de<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>5. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> se sert aussi d’outils multimédiasur son site web, son blog et de par sa présencesur des réseaux virtuels, afin de publier des informationssur des sujets liés au genre, au droit et aux Droitsde l’homme, d’encourager des échanges d’idées entredes membres de la société civile et de transmettre desidées à des politiciens et des journalistes. Des porteparo<strong>les</strong>du <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> ont parlé à plusieurs reprisesdevant l’Assemblée Générale de l’ONU et d’autres organismesintergouvernementaux au nom du réseau ou desecteurs plus étendus de la société civile. nRéférencesFriedlander, E. y Adams, B. (2006). Informe de evaluaciónexterna 2001-2005. Voir : .Hessini, L. y Nayar, A. (2000). Un Movimiento hacia la Justicia<strong>Social</strong>. Informe de Evaluación. Análisis Estratégicos parala Equidad de Género (SAGE). Nueva York. Voir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> No. 0 (1996). Punto de partida. Instituto del TercerMundo. Montevideo. Voir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> (2006). Estrategia y Marco de Actividades 2007-2009. Voir : .Van Reisen, M (2001). Los dientes del león. La prehistoria du<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>. Instituto del Tercer Mundo. Montevideo.Voir : .5 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> (2009) Learning from Successful Experiences:Summary of the Analysis of Four Case Studies from the<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> National Coalitions. Pour la version françaisevoir : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 24


<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> dans le mondeCoalitions Nationa<strong>les</strong>de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>SOCIAL WATCHCOMITÉ DE COORDINATIONEmily Joy Sikazwe (Zambie), co-président. Nancy Baroni (Canada), Tanya Dawkins (États-Unis d’Amérique), Yao Graham (Ghana), Yasmin Ismail (Égypte),Allam Jarrar (Pa<strong>les</strong>tine), Himanshu Jha (Inde), Gustavo Luna (Bolivie), Edward Oyugi (Kenya), Norayda Arabella Ponce Sosa (Guatemala), Maria Victoria Raquiza (Philippines),Genoveva Tisheva (Bulgarie), Mirjam van Reinsen (Union européenne) and Roberto Bissio (Uruguay, ex officio).Le secrétariat international de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> est basé à Montevideo-Uruguay, dans <strong>les</strong> locaux de Third World Institute (ITeM).Directeur de la rédactionRoberto BissioRédacteur en chefAmir HamedProductionAna ZeballosCorrection de style en françaisChantal PittardAssistants d’éditionGustavo Alzugaray et Enrique BuchichioCorrectionAlejandra Trel<strong>les</strong> et Denise PomièsEquipe de recherche en Sciences Socia<strong>les</strong> duDépartement de Sociologie de la Facultad de CienciasSocia<strong>les</strong> de la Universidad de la República, UruguayGabriel Errandonea (Coordinateur)Gabriel Gómez, Daniel Umpiérrez, Ruy BlancoCoordinateur de plaidoyerNatalia CardonaCampagnes et communicationsJana Silverman (Coordinatrice)Agustín FernándezTraductionOlga Acosta, Claire Avellan, Gévy Baudry, AliciaBermolen, Julia Bucci, Laura García Bouvier, VeroniqueLe Ny, María Noel Lluch, Roberto Olalde, MargaritaPolo, Álvaro Sahonero, Silvina Taranco, AlejandraTrel<strong>les</strong>, Victoria Whitelaw.Appui techniqueArturo GonzálezDesign et développement de sites webAndrea Antelo, Ximena Pucciarelli, Ernesto Rapetti© Copyright 2009INSTITUTO DEL TERCER MUNDO18 de Julio 1077/903, Montevideo 11100, Uruguayitem@item.org.uyFax: +598 (2) 902 0490 int. 113Cette publication est financée par l’Union européenneet Oxfam Novib.Le Secrétariat international de <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> reçoitégalement un financement et le soutien de la FordFoundation et de la Coalition des Flamands Nord SudMouvement 11.11.11.Le contenu de la présente publication relève de la seuleresponsabilité des ses auteurs et du réseau <strong>Social</strong><strong>Watch</strong> et ne peut en aucun cas être considéré commele reflet de l’avis de l’Union européenne, Oxfam Novib,la Ford Foundation et 11.11.11.Conception maquette originale : MONOCROMOPrésentation graphique : FORMA ESTUDIOTéléphone : +598 (2) 916 3273www.formaestudio.comRedesign de l’infographie :www.icodemon.comImprimé par : Gráfica MoscaImprimé en UruguayEdition réalisée en vertu de l’Art. 70 de la Loi 13.349(Commission du Papier)DL :Pour faire des commandes et des demandes derenseignements, veuillez contacter :<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>Casilla de Correo 1539Montevideo 11000, Uruguaysocwatch@socialwatch.orgwww.socialwatch.orgTéléphone : +598 (2) 902 0490Fax : +598 (2) 902 0490 int.113Le contenu de cette publication peut être reproduit par des organisations non gouvernementa<strong>les</strong>, à des fins non lucratives, (prière d’envoyer une copie des textes en question).Toute autre forme de reproduction, de mise en mémoire ou de transmission électronique ou mécanique des données à des fins commercia<strong>les</strong> exige une autorisation préalable d’ITeM.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 1


S O C I A L W A T C H R A P P O R T 2 0 0 9Télécharger la versioncomplète de ce rapport ouacheter des exemplaires àl’adresse suivante :www.socialwatch.orgSÉNÉGAL : La crise environnementale issue duréchauffement de la planète entraîne une diminutionde la pêche ( ... ). La pêche constitue une importantesource de revenus pour le secteur primaire et un desprincipaux apports en protéines pour la population.PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT : Les pauvresdépensent plus de 50 % de leurs revenus enalimentation ; <strong>les</strong> plus pauvres dépensent 80 % ouplus. La hausse des prix des aliments a provoquél’augmentation, non seulement de la pauvreté, maisaussi de la faim.AFRIQUE SUBSAHARIENNE : ... <strong>les</strong> femmes continuentà être <strong>les</strong> premières au chômage et sont chaquefois plus restreintes aux activités informel<strong>les</strong> devente de légumes à petite échelle comme moyende subsistance.CHANGEMENT CLIMATIQUE : Les pays moinsdéveloppés (PMD), qui ont moins contribuéà la pollution, seront ceux qui en souffrirontdavantage. De nombreux petits pays insulaires envoie de développement pourraient tout simplementdisparaître de la planète.PAYS LES MOINS AVANCÉS : La crise alimentaire sansprécédent provoquée par l’impressionnante haussedes prix a engendré des « émeutes de la faim » qui ontébranlé plus de 30 PMA dans <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> travailleurset <strong>les</strong> habitants des campagnes ne peuvent plusacheter <strong>les</strong> aliments de base pour survivre.RÉGION ARABE : ... qu’en raison de la crise, ce sontenviron 31 millions de personnes dans <strong>les</strong> paysarabes qui souffrent de la faim (environ 10 % de lapopulation totale).BÉNIN : ... hausse généralisée du prix (...) du maïs,le produit le plus consommé, est grimpé à 220 %.CAMBODGE : Plus de 90 % des travailleurs licenciéssont des femmes provenant des communautésrura<strong>les</strong> ...CANADA : ... que <strong>les</strong> femmes se contentent desemplois précaires ou à temps partiel et sontfréquemment <strong>les</strong> premières à être licenciées.GHANA : Parmi <strong>les</strong> premiers affectés, la réduction desexportations et des transferts de fonds de l’étrangerainsi qu’une dévaluation soutenue.INDE : ... la croissance en prêts personnels, en prêts àla consommation et à la production a été freinée.MALAISIE : ... que la récession pourrait être pire quecelle de 1997.NICARAGUA : ... plus de 400.000 enfants pourraientmourir pour des causes qui sont évitab<strong>les</strong>.PÉROU : ... perte de 200.000 postes de travail et uneffondrement du pouvoir d’achat du salaire et del’épargne des péruviens.ÉTATS-UNIS : ... beaucoup de chanceux, propriétairesd’un logement, ont tout perdu ou grande partiede leur capital, ou sont pris au piège dans deshypothèques qui dépassent actuellement de loin lavaleur de leur maison.POLOGNE : ... que le développement de l’économie aunoir affecte davantage <strong>les</strong> femmes que <strong>les</strong> hommes,ce sont el<strong>les</strong> qui sont embauchées sur <strong>les</strong> emploisfaiblement rémunérateurs, en particulier dans <strong>les</strong>ecteur des services privés.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> est un réseau international d’organisations de citoyens qui luttent pour éliminer la pauvretéet <strong>les</strong> causes de la pauvreté ainsi que pour assurer une répartition équitable des richesses et le respectdes droits de l’homme. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> s’engage à assurer la justice sociale, économique et en matière degenre, et souligne le droit de toutes <strong>les</strong> populations à la richesse.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> exige des gouvernements, du système des Nations Unies et des organisations internationa<strong>les</strong>qu’ils soient responsab<strong>les</strong> de la réalisation des engagements nationaux, régionaux et internationaux envue de l’élimination de la pauvreté.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> / 1

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