Proposition de modélisation des variables d'influence du ... - cergam

Proposition de modélisation des variables d'influence du ... - cergam Proposition de modélisation des variables d'influence du ... - cergam

une faible connaissance <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it par les consommateurs. La croissance rapi<strong>de</strong> apparaîtaprès le seuil <strong>de</strong> diffusion (le décollage) et reflète l’adoption <strong>de</strong>s imitateurs. Ces imitateursadoptent simultanément le pro<strong>du</strong>it dévoilant un effet locomotif (Bandwagon effect). Ainsi, pourlui, <strong>de</strong>s changements continus dans l’environnement causent souvent <strong>de</strong>s changementsdiscontinus dans un système. De cette façon, le changement spontané <strong>du</strong> comportement <strong>de</strong>sconsommateurs imitateurs crée le décollage <strong>de</strong>s ventes.Rogers (1995) argumente dans ce sens. Pour l’auteur, le processus <strong>de</strong> diffusion commencequand un ensemble <strong>de</strong> consommateurs dit « innovateurs » adoptent le nouveau pro<strong>du</strong>it. Il affirmeque la réussite commerciale <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it n’apparaît que lorsque les consommateursdits« imitateurs » se mettent à leur tour à l’adopter. Ainsi, un nouveau pro<strong>du</strong>it décolle quand ilpasse <strong>de</strong> la phase d’intro<strong>du</strong>ction à la phase <strong>de</strong> croissance <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> vie (Gol<strong>de</strong>r & Tellis, 1997),c’est à dire, lorsque le premier point d’inflection sur la courbe d’adoption non-cumulative estatteint (Bass, 1969). Ceci suggère à Montaguti, Kuester et Robertson (1998) qu’une massecritique <strong>de</strong> consommateurs doit être atteinte pour accentuer le processus <strong>de</strong> contagion etencourager le décollage. En effet, les imitateurs ne peuvent plus ignorer le progrès et doivent sejoindre rapi<strong>de</strong>ment à cette masse critique (Herbig, 1991). A partir <strong>de</strong> cette masse critique, lesventes s’accélèrent, l’adoption passe <strong>de</strong> 10 % à 25 % en moyenne <strong>du</strong> marché potentiel (Rogers1983), et prennent la forme d’un processus dit « <strong>de</strong> boule <strong>de</strong> neige » ou « en chaîne » (Coleman,Katz et Mensel, 1957)Le premier, à notre connaissance, à proposer une <strong>de</strong>scription <strong>du</strong> phénomène <strong>de</strong> décollageest Tellis (1994). Il suggère d’observer un décollage en fonction <strong>de</strong> quatre critères : il fautregar<strong>de</strong>r (1) la pério<strong>de</strong> avec le plus grand pourcentage <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong>s ventes, (2) le premierdoublement <strong>de</strong>s ventes, (3) la plus large croissance absolue <strong>de</strong>s ventes, et (4) la plus fortecroissance visuellement observable. Avant lui, Qualls, Olshavsky & Michaels (1981)considéraient le décollage comme le début <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> croissance <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> vie et retenaientcomme élément d’observation la première <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux années où le taux d’augmentation estsupérieur ou égal à 5% <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché. Bien enten<strong>du</strong>, ces observations ne peuvent êtrefaites qu’à posteriori, ce qui en minimise l’intérêt.Il faut attendre Gol<strong>de</strong>r & Tellis (1997) et Montaguti, Kuester & Robertson (1998) pourtrouver un essai <strong>de</strong> définition <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes. Les premiers in<strong>du</strong>isent queconceptuellement il s’agit « <strong>du</strong> point <strong>de</strong> transition <strong>de</strong> la phase d’intro<strong>du</strong>ction à la phase <strong>de</strong>croissance <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> vie <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it, marquant la première importante et soudaine augmentation<strong>de</strong>s ventes ». Dans leur étu<strong>de</strong>, ils décrivent le décollage comme un seuil, déterminé par lecroisement d’une dimension « base <strong>de</strong>s ventes » et d’une dimension « pourcentaged’augmentation <strong>de</strong>s ventes ». Ainsi, plus la base <strong>de</strong>s ventes est faible et plus l’augmentation <strong>de</strong>sventes doit être élevée pour signifier un décollage. Pour les seconds, qui étudient les technologiesémergentes, le décollage est « le seuil qui détermine un changement <strong>de</strong> régime en terme <strong>de</strong>probabilité <strong>de</strong> diffusion. A ce seuil, le risque que représente l’incertitu<strong>de</strong> vis-à-vis <strong>du</strong> marchédiminue, tout comme le risque <strong>de</strong> s’être engagé dans une technologie non viable. Montaguti, et al.en concluent que le décollage représente le niveau <strong>de</strong> pénétration qui doit être atteintnécessairement pour initier la possibilité d’un effet <strong>de</strong> contagion, et pour observer une courbe <strong>de</strong>diffusion logistique classique.Le décollage n’est pas seulement un point sur la courbe <strong>de</strong>s ventes mais aussi une vitesse6


<strong>de</strong> pénétration. Pour Fisher & Pry (1971) et Van <strong>de</strong>n Bulte (2000), la vitesse est la <strong>du</strong>rée qu’a misun pro<strong>du</strong>it pour passer d’un niveau <strong>de</strong> pénétration à un autre. Ce facteur doit être pris en compteafin <strong>de</strong> bien comprendre les spécificités <strong>du</strong> décollage et les problèmes qu’il pose. Lacaractéristique <strong>du</strong> point <strong>de</strong> décollage est justement <strong>de</strong> faire la jonction entre une phase où lesventes augmentent faiblement et lentement, à une phase où elles croissent <strong>de</strong> façon exponentielleet très rapi<strong>de</strong>ment. C’est en fait ce changement <strong>de</strong> vitesse, cette accélération <strong>de</strong>s ventes quimarque une discontinuité sur la courbe <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> vie.Ainsi, nous pouvons considérer que le point <strong>de</strong> décollage est (1) la frontière entre unniveau <strong>de</strong> pénétration à un autre plus élevé marquant, <strong>de</strong> ce fait, une discontinuité sur la courbe<strong>de</strong>s ventes, (2) une accélération <strong>de</strong>s ventes apparaissant à la fin <strong>de</strong> la phase d’intro<strong>du</strong>ction et audébut <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> croissance <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> vie d’un pro<strong>du</strong>it et (3) un point à partir <strong>du</strong>quell’incertitu<strong>de</strong> quant à la réussite commerciale <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it et l’acceptation par la masse <strong>de</strong>sconsommateurs s’estompe.Cadre d’analyseL’étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> point <strong>de</strong> décollage est confrontée aux même limites que celle <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> viepuisqu’il est un point particulier <strong>de</strong> cette courbe. En effet, selon Dhalla et Yuspeh (1976) leconcept <strong>de</strong> cycle <strong>de</strong> vie n’est pas généralisable à l’ensemble <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its, catégories et marquesétant donné qu’ils peuvent présenter <strong>de</strong>s différences nettes tant au niveau <strong>de</strong> la forme <strong>de</strong> leurcourbe, que <strong>de</strong> leur <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> vie. Dans ce sens, Cox (1967) révèle plusieurs formes <strong>de</strong> courbes <strong>de</strong>vie. Ainsi, comme le souligne Bayus (1998) la cohérence <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong> la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> viedépendra <strong>du</strong> niveau d’analyse. C’est pourquoi, Vandaele (1988) préconise <strong>de</strong> définir précisémentle cadre d’analyse et la méthodologie suivie afin d’adapter le concept à tous les cas <strong>de</strong> figure. Parconséquent, il nous faut définir les trois notions centrales formant le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> : les notions<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables, <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré d’agrégation et <strong>de</strong> nouveauté.• Pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rableIl nous faut spécifier ce que nous entendons par pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable. Plusieurs définitions ontdéjà été avancées. Ainsi, un pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable est un bien ou un service dont la consommation estéten<strong>du</strong>e sur une longue pério<strong>de</strong>, qui ne peut être fractionnée et représente une part conséquente<strong>du</strong> budget <strong>de</strong>s ménages (Hauser & Urban, 1982). C’est un pro<strong>du</strong>it qui possè<strong>de</strong> un cycle <strong>de</strong> réachat relativement long (Bayus, 1992), rend un niveau <strong>de</strong> service consécutif à son caractèrepro<strong>du</strong>ctif pendant une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps (Pickering 1981). Rare, il ne peut être détruit aucours <strong>de</strong> sa consommation (<strong>de</strong> façon naturelle) mais <strong>de</strong>vient au fur et à mesure obsolète, dû à <strong>de</strong>schangements <strong>de</strong> style ou <strong>de</strong>s améliorations <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s nouveaux modèles. Enfin, il peut êtreven<strong>du</strong> sur un marché <strong>de</strong> l’occasion (Merunka 1996).• Degré d’agrégation :Plusieurs niveaux d’analyse peuvent être envisagés pour l’étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> décollage d’unnouveau pro<strong>du</strong>it. Bayus (1998) en recense six : l’in<strong>du</strong>strie, la catégorie <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it, la forme <strong>du</strong>pro<strong>du</strong>it, la technologie, le modèle et la marque. Le niveau in<strong>du</strong>striel est véritablement trop vaste7


pour être pris en compte et concerne plus les analyses stratégiques que les analyses marketing. Ilcomprend tous les pro<strong>du</strong>its, marques, modèles et technologies d’un domaine in<strong>du</strong>striel. Demême, le cycle <strong>de</strong> vie d’une catégorie <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its est rarement observable, à cause <strong>de</strong> la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong>vie souvent trop éten<strong>du</strong>e (Dhalla & Yuspeh, 1976). Ainsi certaines catégories <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its existent<strong>de</strong>puis plusieurs siècles telle que la catégorie <strong>de</strong>s whiskys. Une catégorie satisfait en général unbesoin <strong>de</strong> base, profite <strong>de</strong>s cycles <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> et <strong>de</strong> rupture technologique pour connaîtrerégulièrement <strong>de</strong>s accélérations <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Par contre, Kotler & Dubois (1997, p. 360)estiment que l’étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> vie <strong>du</strong> type ou forme <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it est sans doute le meilleur niveaud’analyse. Selon eux, le type <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it présenterait un cycle <strong>de</strong> vie plus proche <strong>de</strong> la courbeclassique <strong>de</strong> Dean (1950). Le type <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it est un sous ensemble <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its dans unecatégorie. Dans la catégorie <strong>de</strong>s lecteurs vidéo, nous pouvons inclure les lecteurs vidéo <strong>de</strong> type« magnétoscope » ou <strong>de</strong> type « lecteurs DVD ou encore lecteurs <strong>de</strong> « Laser Disc », …Pour ce quiest <strong>de</strong>s autres niveaux, il s’agit <strong>de</strong> questions d’analyse trop étroites, réservées à l’appréciation <strong>de</strong>chaque firme <strong>du</strong> secteur choisi. C’est la raison pour laquelle nous choisissons <strong>de</strong> porter notreattention sur le type <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it comme niveau d’analyse.In<strong>du</strong>striecatégorieMicroinformatiqueOrdinateurpersonnelType <strong>de</strong>pro<strong>du</strong>itPC <strong>de</strong> bureautechnologie16-bit CPUmodèle286 CPU chipmarqueIBM PC XT• Degré <strong>de</strong> nouveauté :Schéma 1 : Hiérarchie <strong>de</strong>s niveaux d’agrégation,Bayus (1998)Le <strong>de</strong>rnier problème tient au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> nouveauté. En d’autre terme : qu’est ce qu’un pro<strong>du</strong>itnouveau ? Plusieurs chercheurs ont tenté <strong>de</strong> répondre à cette question. Robertson (1971) stipulequ’il existe plusieurs niveaux <strong>de</strong> nouveauté dépendant <strong>du</strong> type d’innovation. S’agit–il d’uneinnovation continue ou discontinue ? Dans le même ordre d’idée, Choffray & Dorey (1983, p. 9)avancent que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> nouveauté dépend <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dimensions : le concept et la technologie.Pour eux, un pro<strong>du</strong>it qualifié <strong>de</strong> réellement nouveau est celui qui fait appel à un nouveau conceptet à une nouvelle technologie. Il s’agit là d’une innovation <strong>de</strong> rupture, qui engendre un pro<strong>du</strong>it« original » et provient, dans <strong>de</strong> nombreux cas, <strong>de</strong> la recherche fondamentale (Lambin 1994, p.345). Enfin, Samli & Weber (2000) considèrent qu’un pro<strong>du</strong>it nouveau est un pro<strong>du</strong>itrévolutionnaire, c’est-à-dire, un pro<strong>du</strong>it qui n’a pas <strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nt sur le marché, pour lequel on nedispose pas <strong>de</strong> base <strong>de</strong> comparaison, qui, par son adoption, change la vie <strong>du</strong> consommateur etétend ou redéfinit la catégorie <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it à laquelle il appartient. Néanmoins, examineruniquement les pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> ruptures, originaux ou révolutionnaires dans une étu<strong>de</strong>, reste8


fortement limitatif étant donné le peu <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its remplissant toutes les conditions relevées.Ainsi, nous retenons <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its qui sont considérés comme nouveaux sur au moins une <strong>de</strong>sdimensions (technologique ou conceptuelle). L’évolution technologique doit être un véritablesaut. L’amélioration technologique ou physique d’un pro<strong>du</strong>it ne constitue pas une réelleinnovation, car le pro<strong>du</strong>it modifié n’est pas foncièrement différent <strong>de</strong> l’ancien (Von Braun 1990).Le saut technologique doit pouvoir représenter un nouveau standard. Par exemple, le lecteur <strong>de</strong>« Compact Disc » peut être envisagé comme un nouveau pro<strong>du</strong>it puisqu’il utilise une nouvelletechnologie par rapport à l’électrophone ou à la platine vinyles et représente un véritable sauttechnologique qui s’est instauré comme standard, a changé les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s consommateurs et àéten<strong>du</strong> la catégorie <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong>s appareils <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> supports sons. Un repositionnementpeut tout aussi bien présenter une réelle innovation lorsqu’un concept ancien pénètre un marchédifférent <strong>de</strong> son marché d’origine, même si l’évolution technologique est faible. Dans ce cas, leconcept est nouveau sur le marché qu’il vise. Ainsi, un nouveau pro<strong>du</strong>it est un pro<strong>du</strong>it quiincorpore un noyau technologique substantiellement différent et apporte <strong>de</strong>s bénéfices auxconsommateurs substantiellement supérieurs par rapport au pro<strong>du</strong>it qui le précè<strong>de</strong> dans lacatégorie ou l’in<strong>du</strong>strie (Chandy & Tellis 2000).Ainsi, après avoir exposé ces trois éléments nous choisissons <strong>de</strong> conceptualiser ledécollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux types <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables. Ce qui nous amène à définir lemodèle conceptuel <strong>de</strong> notre recherche.Modèle conceptuel et hypothèses <strong>de</strong> rechercheLa définition <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes et le contexte étant maintenantproposés, nous avançons dans cette partie un essai <strong>de</strong> modélisation décrivant les liensd’influences qui unissent le décollage <strong>de</strong>s ventes (variable dépendante) à <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> d’actions(<strong>variables</strong> indépendantes). Pour cela, la conceptualisation se décompose en <strong>de</strong>ux parties. Dans lapremière nous présentons, le modèle mathématique qui nous apparaît le plus approprié pourexpliquer le décollage <strong>de</strong>s ventes et, dans la secon<strong>de</strong>, nous proposons une modélisation basée surune revue <strong>de</strong>s différents modèles présentés dans la littérature afin d’appuyer notre réflexion surune base théorique existante.. Les modèles mathématiquesLe principe <strong>de</strong> décollage est assez répan<strong>du</strong> au sein <strong>du</strong> domaine <strong>du</strong> managementtechnologique (Foster 1986, Utterback 1994). Représentant une discontinuité dans la croissance<strong>de</strong>s ventes et marquant une augmentation massive <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à un moment donné, ilcorrespond à un événement dépendant <strong>du</strong> temps. La dynamique <strong>de</strong>s <strong>du</strong>rées revient à analyser laprobabilité d’occurrence d’un phénomène en fonction <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> temps écoulé avant sasurvenue (Crié 1999). La modélisation <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes nécessite la prise en compte <strong>de</strong>plusieurs caractéristiques. Tout d’abord, il s’agit d’étudier la dynamique <strong>du</strong> temps s’écoulantentre le lancement et le décollage <strong>de</strong>s ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it. Ensuite, il faut analyser leseffets <strong>de</strong>s co<strong>variables</strong> sur le phénomène et sur la dynamique <strong>du</strong> temps. En règle générale,l’emploi d’un modèle <strong>de</strong> régression est suffisant mais tout dépend <strong>de</strong>s données que nous sommes9


susceptibles <strong>de</strong> recueillir. Pour parvenir à répondre à notre objectif, nous avons besoin <strong>de</strong>données longitudinales dites « historiques » puisqu’il s’agit <strong>de</strong> données décrivant chaque pro<strong>du</strong>itretenu sur une certaine pério<strong>de</strong>, qui sont le plus souvent censurées, c’est à dire incomplètes. Cesinformations sont imparfaites car certains pro<strong>du</strong>its sont intro<strong>du</strong>its sur le marché et décollent aucours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> d’observation, alors que d’autres sont intro<strong>du</strong>its pendant la pério<strong>de</strong>d’observation mais n’ont pas encore décollé à la fin <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> –on dit que les données sontcensurées à droite- ou alors, les pro<strong>du</strong>its ont bien décollé pendant la phase d’observation mais onne sait pas à quel moment ils ont été intro<strong>du</strong>its –on dit alors que les données sont censurées àgauche-. Or, pour ce type <strong>de</strong> données, les modèles les mieux adaptés sont les modèles <strong>de</strong> survie.(Helsen & Schmittlein 1993)L’analyse <strong>de</strong> survie s’articule autour <strong>de</strong> la modélisation <strong>de</strong>s <strong>du</strong>rées séparant <strong>de</strong>uxévénements. Dans notre cas, il s’agit <strong>de</strong>s <strong>du</strong>rées qui s’écoulent entre le lancement et le décollage<strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it. En fait ce qui nous intéresse correspond à la probabilité conditionnelle que lephénomène <strong>de</strong> décollage se pro<strong>du</strong>ise au temps t sachant qu’il ne s’est pas pro<strong>du</strong>it dans l’intervalle[0,t[. Cette fonction est communément appelée fonction <strong>de</strong> risque h(t) :h(t) = f(t)/1-F(t)Avec f(t) comme fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> probabilité et F(t) comme fonction <strong>de</strong> répartition,cette fonction renseigne sur la dynamique <strong>de</strong>s <strong>du</strong>rées. Ainsi, pour Crié (1999), s’il n’existeaucune dynamique, les événements se pro<strong>du</strong>isent <strong>de</strong> façon aléatoire dans le temps, <strong>de</strong> sorte que laprobabilité d’occurrence <strong>du</strong> décollage E au temps t, ne dépend pas <strong>du</strong> temps d’observation ou h(t)est constante au cours <strong>du</strong> temps (dh(t)/dt=0). Dans ce cas, le phénomène est « sans mémoire »,caractéristique <strong>de</strong> la fonction exponentielle. Par contre, quand la fonction <strong>de</strong> risque est croissanteavec le temps, telle qu’elle est observée dans les phénomènes d’adoption <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its(Schmittlein & Mahajan 1982), on se trouve face à un effet dit <strong>de</strong> « boule <strong>de</strong> neige », effetconstaté par Colman et al. (1966). A l’inverse, lorsque la fonction est décroissante, donc admetune dépendance négative <strong>de</strong> la <strong>du</strong>rée, nous sommes dans le cas d’un phénomène d’« inertie ».Enfin, une augmentation (ou diminution) <strong>de</strong> h(t) aura un effet <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ction (ou d’augmentation)dans la moyenne et la médiane <strong>de</strong>s <strong>du</strong>rées <strong>de</strong> survie.Notre objectif est prédictif, c’est à dire que nous cherchons à expliquer le décollage par<strong>de</strong>s <strong>variables</strong> indépendantes. Pour cela, nous nous référons au modèle <strong>de</strong> Cox (1972). En effet,parmi l’ensemble <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> survie, ce modèle a la particularité <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r un pouvoirexplicatif grâce à l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> co<strong>variables</strong> dans sa formulation (Crié, 1999). Ainsi, à partir <strong>de</strong>l’examen <strong>de</strong>s effets transversaux <strong>de</strong> co<strong>variables</strong> ou longitudinaux <strong>du</strong> temps qui passe, nouspouvons prévoir une <strong>du</strong>rée, connaissant le profil <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its observés Ce modèle prend encompte, et c’est là tout sont intérêt, l’hétérogénéité <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’échantillon.La fonction <strong>du</strong> quotient instantané proportionnel ou fonction <strong>de</strong> risque, qui étudie laprobabilité <strong>de</strong> performance d’un type <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its, est basée sur les recherches <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong>temps en statistique (Kalbfleisch & Prentice, 1980). En fait, il s’agit <strong>de</strong> faire intervenir ladimension temporelle et plus précisément, le temps nécessaire à un pro<strong>du</strong>it pour décoller. Cemodèle est composé <strong>de</strong> trois paramètres : la fonction <strong>de</strong> base <strong>du</strong> quotient instantané h 0 (t), unfacteur incorporant les co<strong>variables</strong> ψ(X) qui influencent la probabilité <strong>de</strong> décollage et un terme10


expliquant l’hétérogénéité non-observée dans la population ϕ(θ):h(t\X,(θ)=h 0 (t). ψ(X). ϕ(θ)L’idée <strong>de</strong> base <strong>du</strong> modèle <strong>de</strong> mesure <strong>du</strong> risque, tout comme la mesure <strong>de</strong>s autres modèles<strong>de</strong> survie, est <strong>de</strong> subdiviser la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps en intervalles plus petits. Pour chaque intervalle,tous les indivi<strong>du</strong>s observés, au moins sur cette <strong>du</strong>rée, sont utilisés dans le calcul <strong>de</strong> la probabilité<strong>de</strong> l’événement final qui se pro<strong>du</strong>it au cours <strong>de</strong> cet intervalle. Les probabilités estimées surchaque intervalle sont ensuite utilisées pour estimer la probabilité globale <strong>de</strong> l’événement sepro<strong>du</strong>isant à différentes dates.Le modèle <strong>de</strong> Cox bénéficie <strong>de</strong> plusieurs avantages. Premièrement, il est une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>modélisation <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la <strong>du</strong>rée à l’événement avec <strong>de</strong>s observations censurées, qui permetd’ajouter <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> indépendantes (co<strong>variables</strong>) explicatives <strong>de</strong> l’événement, c’est à dire, ici,<strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its. Deuxièmement, ce modèle est considéré commecapable <strong>de</strong> gérer correctement les observations censurées et <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s estimations <strong>de</strong>coefficient pour chacune <strong>de</strong>s co<strong>variables</strong>, ce qui permet d’évaluer leur impact sur le phénomènedans le même modèle (Roberts & Lattin, 2000). Troisièmement, il n’est pas contraint <strong>de</strong> suivreune distribution particulière. Ainsi, pour notre modélisation <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its<strong>du</strong>rables nous utilisons la fonction <strong>de</strong> risque ou « hazard mo<strong>de</strong>l » qui s’exprime <strong>de</strong> la sorte :h i (t) =h(t ;z it ) = h 0 (t)e (zitβ)Où h 0 (t) est un quotient instantané non spécifié, z it est le vecteur <strong>de</strong>s <strong>variables</strong>indépendantes pour le type i <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it et β est le vecteur <strong>de</strong>s paramètres inconnus. β est le mêmepour chaque type <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it. Une <strong>de</strong>s interprétations <strong>de</strong> cette équation est que le quotientinstantané <strong>de</strong> base est ajusté par <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> indépendantes inhérentes à chaque indivi<strong>du</strong> d’unecatégorie pour chaque pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps. De cette façon, un coefficient positif augmente laprobabilité <strong>de</strong> décollage alors qu’un coefficient négatif la diminue.Les différentes tentatives <strong>de</strong> modélisationTrès peu d’étu<strong>de</strong>s ont été réalisées sur le sujet. Quelques-unes unes ont abordé la questiondirectement, avec plus ou moins <strong>de</strong> réussite, d’autres se sont contentées <strong>de</strong> poser laproblématique <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its, d’autres encore se sont centréessur la vitesse <strong>de</strong> diffusion qui comme nous l’avons vu plus haut peut nous être utile pour cetteconceptualisation, enfin d’autres se sont consacrées à révéler les facteurs clés <strong>de</strong> succès <strong>de</strong>snouveaux pro<strong>du</strong>its. Une sélection <strong>de</strong> ces travaux est présentée ici, afin <strong>de</strong> servir <strong>de</strong> base à notreréflexion. Dans cette partie, nous décrivons les démarches <strong>de</strong> Montaguti & al. (1998), <strong>de</strong> Gol<strong>de</strong>r& Tellis (1997) sur lesquels nous nous appuierons volontiers, sur Van <strong>de</strong>n Bulte (2000) qui nousoffre une conception récente <strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> Calantone & al. (1996) qui nousapportent <strong>de</strong>s connaissances non négligeables quant à la performance <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its.Dans leur manuscrit, Montaguti, Kuester & Robertson (1998) retiennent quatre stratégiessusceptibles d’accélérer et d’augmenter la probabilité <strong>de</strong> décollage : les stratégies <strong>de</strong> pénétration,11


la compatibilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it, la préannonce <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it et les alliances marketing (schéma1).Caractéristiques technologiques• Externalités <strong>de</strong> réseau• Facilité <strong>de</strong> copiageActions stratégiques :• Stratégie <strong>de</strong>pénétration• Compatibilité• Pré-annonce• AlliancesmarketingComportementd’adoptionTempspourdécollerCaractéristiques <strong>de</strong>l’in<strong>du</strong>strie• Concentration <strong>de</strong>l’in<strong>du</strong>strie• Niveau of incumbencyCaractéristiques <strong>de</strong> la firme• Réputation• Ordre d’entréeSchéma 1 : modèle conceptuel <strong>du</strong> temps <strong>de</strong> décollage, Montaguti, Kuester & Robertson (1998)- Les stratégies <strong>de</strong> pénétration consistent à faire accepter rapi<strong>de</strong>ment le pro<strong>du</strong>itpar le marché et à stimuler la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à travers un effet <strong>de</strong> diffusion (Kalish1988). Elles se composent <strong>de</strong> politiques <strong>de</strong> prix, <strong>de</strong> communication, <strong>de</strong> ventes et<strong>de</strong> promotions agressives. Ainsi, il s’agit d’engager <strong>de</strong>s ressources élevées pourcommuniquer et d’avoir une politique <strong>de</strong> prix bas. A ce propos, Gol<strong>de</strong>r & Tellis(1997) ont démontré que chaque baisse <strong>de</strong> prix entraîne systématiquement uneaugmentation <strong>de</strong> la probabilité <strong>de</strong> décollage. De ce fait, allier à une politique <strong>de</strong>baisse <strong>de</strong> prix régulière, une politique <strong>de</strong> communication –publicité etpromotion- doit certainement accentuer l’effet <strong>du</strong> prix sur le décollage <strong>du</strong>nouveau pro<strong>du</strong>it.- La compatibilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it s’articule autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux axes : la compatibilité avecle système déjà en place -standard- (Robertson 1993) et la compatibilité avec lesvaleurs <strong>de</strong>s consommateurs (Rogers 1983). En d’autres termes, l’adoption <strong>du</strong>nouveau pro<strong>du</strong>it sera d’autant plus rapi<strong>de</strong>, qu’il correspond au standard existant-ce qui évite <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transfert-, et que le nouveau pro<strong>du</strong>it correspond auxattentes (souvent latentes) <strong>de</strong>s consommateurs. Mais lorsque qu’il s’agit d’unnouveau pro<strong>du</strong>it, cela fait appelle, la plupart <strong>du</strong> temps, à <strong>de</strong> nouveaux standardstechnologiques ce qui en fait tout son intérêt. Seule la recherche <strong>de</strong> lacompatibilité avec les attentes et valeurs <strong>de</strong>s consommateurs est à considérerdans le cas <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables. Par exemple, sortir aujourd’hui unpro<strong>du</strong>it qui pourrait avoir <strong>de</strong>s répercutions désastreuses sur l’environnementserait voué à l'échec.- La préannonce permet, quant à elle, d’accélérer le décollage dès le lancement <strong>du</strong>nouveau pro<strong>du</strong>it (Robertson 1993). Elle limite le risque perçu pour lesconsommateurs et rend le pro<strong>du</strong>it plus familier, grâce à l’information diffusée.12


(Eliashberg & Robertson 1988 ; Manceau 1996). Cette notion <strong>de</strong> pré-annonceest sans aucun doute une influence prédominante au niveau <strong>du</strong> décollage d’unetechnologie, mais lorsque l’on parle <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it réellement nouveau, elle n’a pas<strong>de</strong> raison d’être pris en compte. En effet, comme nous l’avons précisé plus haut,un nouveau pro<strong>du</strong>it n’a pas <strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nt ce qui rend la stratégie <strong>de</strong> pré-annoncebeaucoup moins efficiente. De plus, d’après Gol<strong>de</strong>r & Tellis (1997), <strong>de</strong>puis la<strong>de</strong>uxième guerre mondiale le décollage <strong>de</strong>s ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rableapparaît en moyenne 6 ans après son intro<strong>du</strong>ction, ce qui limite fortementl’impact <strong>de</strong> la pré-annonce au bout <strong>de</strong> tant d’années.- Enfin, les alliances stratégiques permettent <strong>de</strong> diminuer les coûts par unerépartition <strong>de</strong>s charges sur l’ensemble <strong>de</strong>s partenaires, d’assurer la présence d’unstandard commun, <strong>de</strong> créer une chaîne <strong>de</strong> valeur… (Robertson 1993). Ellespeuvent exister entre <strong>de</strong>s fournisseurs et <strong>de</strong>s distributeurs, mais aussi avec <strong>de</strong>sfournisseurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its ou services complémentaires. L’exemple le plusfrappant est sans doute l’alliance <strong>de</strong>s fournisseurs <strong>de</strong> service <strong>de</strong> téléphoniemobile avec les fabricants <strong>de</strong> téléphones cellulaires. Ainsi, le cumul <strong>de</strong>scompétences <strong>de</strong> différentes firmes <strong>de</strong>vrait avoir la probabilité d’accélérerl’adoption, les ventes et le décollage <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it selon Montaguti,Kuster et Robertson.Gol<strong>de</strong>r & Tellis (1997), quant à eux, ont observé l’impact <strong>de</strong> trois <strong>variables</strong> primaires surle décollage (schéma 2). Ainsi, ils ont retenu le prix, plus particulièrement l’effet d’une baisse <strong>de</strong>prix sur la probabilité <strong>de</strong> décollage, l’année d’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it, sous hypothèse que ledécollage apparaît plus rapi<strong>de</strong>ment après qu’avant la <strong>de</strong>uxième guerre mondiale, et enfin, leniveau <strong>de</strong> pénétration avant le décollage, en affirmant que la probabilité <strong>de</strong> décollage est <strong>du</strong>e auniveau <strong>de</strong> pénétration atteint. Dans leur étu<strong>de</strong>, le prix apparaît comme significativement relié audécollage. Ainsi, pour chaque baisse <strong>de</strong> prix <strong>de</strong> 1%, la probabilité <strong>de</strong> décollage augmente <strong>de</strong>4,2%. Ils observent également que la probabilité <strong>de</strong> décollage est influencée par <strong>de</strong>s seuils <strong>de</strong>prix. En effet, à chaque pro<strong>du</strong>it correspond un seuil <strong>de</strong> prix au-<strong>de</strong>là <strong>du</strong>quel les consommateurs nel’achètent pas. Le niveau <strong>de</strong> pénétration est également un bon prédicteur, même si les résultatsobtenus ne sont pas significatifs à 5%. Néanmoins, le score est intéressant puisque chaqueaugmentation <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché présente une élévation <strong>de</strong> la probabilité <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>24%. Par contre, rien ne permet <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r l’hypothèse selon laquelle l’année d’intro<strong>du</strong>ction joueun rôle dans l’accélération <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its, ce qui rejoint les commentaires<strong>de</strong> Bayus (1992) qui remet en cause cette hypothèse testée sur la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>spro<strong>du</strong>its.13


Baisse <strong>de</strong> prixCaractéristiques économiques• Sentiment <strong>de</strong>sconsommateurs• PNB• Nombres <strong>de</strong> ménagesAnnéed’intro<strong>du</strong>ctionDécollage <strong>de</strong>spro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rablesréellementnouveauxNiveau <strong>de</strong>pénétration• Caractéristiques <strong>de</strong> lacatégorie <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its• Besoin en pro<strong>du</strong>itscomplémentairesSchéma 2 : modélisation <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables selon Gol<strong>de</strong>r & Tellis (1997)En ce qui concerne le principe d’accélération, Van <strong>de</strong>n Bulte (2000) montre qu’il estfonction <strong>de</strong> forces économiques, démographiques et <strong>de</strong> changement dans la nature <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>itétudié. Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong> pénétration, un pro<strong>du</strong>it doit non seulement s’imposer commestandard et possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s infrastructures contingentes pour se diffuser rapi<strong>de</strong>ment, mais aussi, êtrelancé pendant une pério<strong>de</strong> économique propice où le taux <strong>de</strong> chômage est assez bas. Enfin, il faitremarquer que l’augmentation <strong>du</strong> revenu disponible <strong>de</strong>s ménages et l’augmentation <strong>du</strong> nombre<strong>de</strong>s ménages pendant la pério<strong>de</strong> d’observation contribue fortement à l’accélération <strong>de</strong> l’adoption<strong>de</strong> nouveaux pro<strong>du</strong>its.Enfin, pour la notion <strong>de</strong> succès, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Calantone, Schmidt & Song, (1996) révèleque la performance d’un nouveau pro<strong>du</strong>it est relative à quatre catégories <strong>de</strong> facteurs : le marché,le pro<strong>du</strong>it, le processus <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its et l’organisation. Ainsi, leniveau <strong>de</strong> succès <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it dépend <strong>de</strong> la performance <strong>de</strong>s activités techniques et <strong>de</strong> laperformance <strong>de</strong>s actions marketing <strong>de</strong>s entreprises <strong>du</strong> secteur d’activité, mais aussi <strong>de</strong> la qualité<strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it, cette <strong>de</strong>rnière variable étant dépendante <strong>de</strong> la performance technique.Force <strong>de</strong>s activitésmarketingQualité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>itNiveau <strong>de</strong> succès <strong>du</strong>nouveau pro<strong>du</strong>itForces <strong>de</strong>s activitéstechniquesSchéma 3 : modèle <strong>de</strong> la performance <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its, adapté <strong>de</strong> Calantone & al. (1996 2 )2 La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> ce modèle nous apparaît important <strong>du</strong> fait que nous considérons le décollage comme une marque<strong>de</strong> succès commercial <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its. Dans le choix <strong>de</strong> nos <strong>variables</strong>, il serait judicieux <strong>de</strong> prendre encompte les activités techniques et marketing comme facteurs d’influences <strong>du</strong> décollage.14


A la lecture <strong>de</strong> ces différentes recherches, certaines <strong>variables</strong> semblent se démarquer en seretrouvant dans plusieurs modèles : les actions marketing et en particulier le prix, la pénétration<strong>de</strong> marché et l’externalité <strong>de</strong> réseau, la technologie et enfin <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> <strong>de</strong> contrôleenvironnemental comme l’économie et la démographie. Elles <strong>de</strong>vraient nous permettre <strong>de</strong>concevoir pour la suite <strong>de</strong> ce travail, un modèle cohérent avec notre objectif <strong>de</strong> conceptualisation<strong>du</strong> phénomène <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables.<strong>Proposition</strong> <strong>de</strong> modélisation <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its<strong>du</strong>rablesNous souhaitons, à travers cette modélisation, montrer que certaines <strong>variables</strong> d’action ontun effet sur le décollage <strong>de</strong>s ventes, sa vitesse d’apparition et par conséquent sur le succèscommercial <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables. Si tels est le cas, les managers disposeront d’un outild’observation <strong>du</strong> marché <strong>de</strong>s plus utile, car capable –à priori- <strong>de</strong> prévoir l’apparition <strong>du</strong>phénomène au fil <strong>du</strong> temps.Pour cette modélisation, plusieurs principes sont à envisager et en particulier celui <strong>de</strong>Rogers (1983). D’après cet auteur, la vitesse d’adoption et la volonté d’adopté <strong>de</strong>sconsommateurs dépend <strong>de</strong> certaines caractéristiques <strong>de</strong> l’innovation :- l’avantage relatif <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it par rapport aux pro<strong>du</strong>its substitutsdisponibles sur le marché ;- la compatibilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it avec les besoins et les valeurs <strong>de</strong> la cible ;- la complexité à comprendre et à utiliser le pro<strong>du</strong>it ;- l’essayabilité ;- et son niveau d’observabilité.A la lumière <strong>de</strong> la revue <strong>de</strong> la littérature, nous retenons plusieurs facteurs pouvant avoir uneinfluence sur le décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables et convenant auxcaractéristiques <strong>de</strong> Rogers. Nous examinons <strong>de</strong>ux classes <strong>de</strong> <strong>variables</strong> indépendantes.Premièrement, nous sélectionnons <strong>de</strong>ux catégories <strong>de</strong> <strong>variables</strong> primaires : les <strong>variables</strong> <strong>du</strong>Marketing-Mix et l’effet <strong>de</strong> la masse critique. Deuxièmement, nous retenons un ensemble <strong>de</strong><strong>variables</strong> <strong>de</strong> contrôle qui caractérisent l’état <strong>de</strong> l’économie et <strong>de</strong> la démographie et affecte ledécollage <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it.Les facteurs primairesComme <strong>variables</strong> primaires nous considérons que <strong>de</strong>s actions <strong>du</strong> marketing mix (Bass, Jain &Krishnan, 2000) spécifiques vont influencer le phénomène <strong>de</strong> décollage, l’effet <strong>de</strong> la massecritique <strong>de</strong> consommateurs ou <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its diffusés. Nous commençons par décrire l’effet <strong>de</strong>masse critique car il s’agit certainement <strong>du</strong> facteur ayant le plus d’impact sur le décollage, et nouspoursuivons par les <strong>variables</strong> <strong>du</strong> Mix qui accroissent la performance commerciale <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>itsnouveaux sur le marché (Gatignon, 1993). Etant donné que nous ne pouvons isoler le phénomène<strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> la réalité, nous retenons <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> <strong>de</strong> contrôle telles quel’économie et la démographie suggérées par Van <strong>de</strong>n Bulte (2000). En effet, Il est probable que<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s économiques et que l’évolution <strong>de</strong> la population minimise ou maximise les efforts15


<strong>de</strong>s entreprises. Dans le schéma 4, nous présentons notre proposition <strong>de</strong> modélisation <strong>du</strong>décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables.Effet <strong>de</strong> massecritique :-pénétration <strong>de</strong> marchéUtilité <strong>du</strong> nouveaupro<strong>du</strong>it- technologie- externalité <strong>de</strong>réseaux- pro<strong>du</strong>itscontingentsVariables <strong>du</strong> Mix :- Prix- Dépenses publipromotionnelles- nombre <strong>de</strong>distributeursDécollage <strong>de</strong>sventes <strong>de</strong>snouveaux pro<strong>du</strong>its<strong>du</strong>rablesSchéma 4 :Modèle représentant les facteurs primaires d’influence <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables.L’effet <strong>de</strong> masse critique :Sur une courbe représentant le cycle <strong>de</strong> vie d’un pro<strong>du</strong>it, le décollage signale, par un pointsitué entre les phases d’intro<strong>du</strong>ction et <strong>de</strong> croissance, une augmentation sensible <strong>de</strong>s ventes.Avant l’occurrence <strong>de</strong> ce point, un certain nombre <strong>de</strong> consommateurs possè<strong>de</strong>nt déjà le pro<strong>du</strong>it.Ce cumul <strong>de</strong> consommateurs, au moment <strong>du</strong> décollage, correspond à ce que Lou, Luo & Strong(2000) ont défini sous l’expression « masse critique » Oliver & al. (1985) définissent une massecritique comme étant un seuil <strong>de</strong> participants ou d’actions qui ont été réunis avant qu’unmouvement social apparaisse. La masse critique est, alors, la base <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction d’actionscollectives. Ainsi, lorsque <strong>de</strong>s consommateurs potentiels perçoivent une masse critique <strong>de</strong>consommateurs ou d’utilisateurs, ils ressentent un risque moindre dans l’achat d’un pro<strong>du</strong>itnouveau. Donc nous pouvons admettre que le décollage <strong>de</strong>s ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it apparaîtlorsque le nombre <strong>de</strong>s premiers adopteurs atteint une masse critique correspondant à un niveau <strong>de</strong>pénétration <strong>de</strong> marché.En effet, selon Rogers (1983), autour <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché le taux d’adoptionaugmente brutalement pouvant atteindre 25% <strong>du</strong> marché potentiel. Pour Bass (1969) l’adoptionen masse intervient autour <strong>de</strong> 2,5% <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché. Pour lui, ce niveau <strong>de</strong> pénétrationcorrespond à l’adoption <strong>de</strong>s innovateurs. Ces <strong>de</strong>rniers ont pour rôle d’influencer à travers lebouche à oreilles et <strong>de</strong> la communication inter-personnelle les consommateurs imitateurs. Uneméta-analyse sur les modèles <strong>de</strong> diffusion con<strong>du</strong>ite par Sultan, Farley & Lehmann (1990)confirme ces résultats. Dans cette étu<strong>de</strong> le coefficient d’innovation est <strong>de</strong> 0,03 et démontre qu’àpartir <strong>de</strong> 3% <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché les imitateurs commencent à adopter le nouveau pro<strong>du</strong>it.Selon Gol<strong>de</strong>r et Tellis, ce seuil <strong>de</strong> 3% coïnci<strong>de</strong> avec le point <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes ou <strong>de</strong>l’adoption. Ainsi, nous pouvons penser que le point <strong>de</strong> décollage correspond à un certain niveau<strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché situé autour <strong>de</strong> 3% <strong>du</strong> marché potentiel représentant une masse critique16


<strong>de</strong> consommateurs ou <strong>de</strong> ventes <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its.Cette variable semble avoir un impact majeur sur le décollage <strong>de</strong>s ventes, et semble mêmeêtre la variable principale dont dépen<strong>de</strong>nt les autres. En effet, Gol<strong>de</strong>r & Tellis (1997) démontrentque chaque augmentation <strong>de</strong> 1% <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché augmente la probabilité <strong>de</strong> décollage<strong>de</strong> 24%. Malheureusement, il serait trop simpliste <strong>de</strong> penser que la pénétration <strong>de</strong> marché est uneinfluence linéaire. Dans la réalité, à partir d’un certain niveau <strong>de</strong> pénétration, la courbe <strong>de</strong>s ventesprend une forme discontinue, marquant par là même, le décollage <strong>de</strong>s ventes et l’adoptionsoudaine et brutale <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it par les consommateurs « imitateurs ». C’est d’ailleurs, àce point que les managers lancent <strong>de</strong>s opérations marketing d’envergure pour stimuler les venteset amorcer la phase <strong>de</strong> croissance. Ainsi nous en arrivons à la proposition suivante :<strong>Proposition</strong> 1 : un effet <strong>de</strong> masse critique, correspondant à 3% <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché,provoque le décollage <strong>de</strong>s ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable. Il s’agit <strong>de</strong> la variable principaled’influence <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes.Variables marketing :Selon, Dhalla & Yuspeh (1976), le cycle <strong>de</strong> vie <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it est une variable dépendanted’actions marketing. Ainsi, puisque que les actions marketing et stratégiques <strong>de</strong>s firmes altèrentla forme et la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> la courbe <strong>de</strong> vie ou <strong>de</strong> diffusion (Gatignon & Robertson 1985, Karshenas& Stoneman 1993) nous postulons qu’elles font partie <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> d’action qui influencent ledécollage <strong>de</strong>s ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it. En particulier, nous spécifions que certainesstratégies marketing accélèrent l’adoption et augmentent la probabilité <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes etpar conséquent la performance <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its.L’effet <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> <strong>du</strong> Mix sur la vitesse <strong>de</strong> diffusion a d’ailleurs été synthétisé parGatignon et Robertson (1991). Ils proposent d’analyser le processus d’adoption à travers troisdimensions: la connaissance <strong>de</strong> l’innovation, la volonté <strong>de</strong> payer le prix <strong>du</strong> marché et ladisponibilité <strong>de</strong> l’innovation. Il est probable que la communication influence le premier élément,que le prix influence le second et la distribution le troisième. C’est pourquoi <strong>de</strong> nombreusesétu<strong>de</strong>s ont tenté <strong>de</strong> modéliser la diffusion <strong>de</strong>s innovations subissant l’influence <strong>de</strong> <strong>variables</strong>marketing exogènes. Mais ce sont surtout le prix et la communication qui ont retenu le plusl’attention <strong>de</strong>s chercheurs (Midgley 1976, Dodson & Muller 1978, Kalish 1985, Horsky 1990).C’est pourquoi, nous commençons par leur <strong>de</strong>scription et abordons la distribution par la suite. Enfinal, nous étudions la possibilité d’inclure la notion d’utilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it comme facteurd’influence <strong>du</strong> décollage. En effet, nous émettons l’hypothèse que la vitesse et la probabilitéd‘apparition <strong>du</strong> décollage dépen<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> niveau d’utilité <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it.• Le prixLe prix est sans doute, parmi les <strong>variables</strong> <strong>du</strong> mix, la plus importante dans la détermination <strong>du</strong>décollage <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables. L’effet <strong>du</strong> prix dans la diffusion augmente avec letemps, tout comme la sensibilité <strong>de</strong>s consommateurs au prix (Tellis 1988). La relation causaleentre le prix et l’achat est centrale dans la théorie économique. Dans le cas où une firmebaisserait très sensiblement le prix d’un <strong>de</strong> ses pro<strong>du</strong>its, ses ventes augmentent souventconsidérablement (Gol<strong>de</strong>r & Tellis 1997).17


Les nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables sont généralement intro<strong>du</strong>its à un prix élevé. Ce prix entravel’acceptation immédiate <strong>du</strong> marché (Tellis & Gol<strong>de</strong>r 1996). Ainsi, le téléviseur couleur fut ven<strong>du</strong>à un prix avoisinant les 3000$ au moment <strong>de</strong> son intro<strong>du</strong>ction, empêchant son adoption en masse.Son prix baissa régulièrement jusqu’à un point critique. A ce point, les ventes décolèrentsoudainement.Ceci intro<strong>du</strong>it <strong>de</strong>ux hypothèses. La première admet que chaque baisse <strong>de</strong> prix augmente laprobabilité <strong>de</strong> décollage. Cette <strong>de</strong>rnière a été validée par Gol<strong>de</strong>r & Tellis (1997) qui ont établique chaque baisse <strong>de</strong> 1% <strong>du</strong> prix <strong>de</strong> ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable augmente <strong>de</strong> 4,2 % laprobabilité <strong>de</strong> décollage. Ainsi, le prix au décollage est égal à 70 % <strong>du</strong> prix à l’intro<strong>du</strong>ction. Lasecon<strong>de</strong> considère que les indivi<strong>du</strong>s fixent un seuil au-<strong>de</strong>là <strong>du</strong>quel le prix n’est pas acceptable(Jeuland 1981). Il s’agit <strong>du</strong> prix maximum que la masse <strong>de</strong>s consommateurs sont prêts à payerpour un pro<strong>du</strong>it donné. Cette notion est persistante pour certains types <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> sorte que letéléviseur a longtemps été ven<strong>du</strong> en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s 500$ (Gol<strong>de</strong>r & Tellis 1997). Nous pouvonsdonc penser que la baisse <strong>de</strong> prix a une influence très marquée sur le décollage <strong>de</strong>s ventes à partir<strong>du</strong> seuil maximum d’acceptabilité, <strong>de</strong> sorte que le décollage apparaît autour d’un prix spécifique.<strong>Proposition</strong> 2a: plus le prix baisse et plus la probabilité <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>sventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable est élevée.<strong>Proposition</strong> 2b: l’effet <strong>de</strong> la baisse <strong>du</strong> prix sur la probabilité <strong>de</strong> décollageaugmente très sensiblement à partir d’un seuil <strong>de</strong> prix spécifique.• La politique <strong>de</strong> communication publi-promotionnelleTout comme le prix, la communication est un facteur d’influence essentiel <strong>du</strong> décollage<strong>de</strong>s ventes. La théorie <strong>de</strong> la diffusion représente l’adoption d’un nouveau pro<strong>du</strong>it à partir <strong>de</strong> ladiffusion <strong>de</strong> l’information. Deux types d’informations sont représentés d’après Bass (1969) :l’information dans les médias <strong>de</strong> masse et le bouche à oreilles. Ces <strong>de</strong>ux types d’informationslimitent l’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s consommateurs associée au nouveau pro<strong>du</strong>it. Le bouche à oreilles nepouvant être contrôlé et ne représentant pas une variable d’action pour les firmes, nous nousintéressons uniquement à la politique publi-promotionnelle. De plus, la représentation <strong>du</strong>bouche à oreille et <strong>de</strong> la communication impersonnelle est liée à la notion <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong>marché déjà abordée plus haut. Aussi, nous pensons que chaque augmentation <strong>de</strong> pénétration<strong>de</strong> marché augmente l’effet <strong>du</strong> bouche à oreille.Les actions publi-promotionnelle apportent une certaine visibilité au pro<strong>du</strong>it et informentles consommateurs sur le nouveau pro<strong>du</strong>it. En effet, la publicité dans les médias <strong>de</strong> masse(télévision, affichage, ….) permet une visibilité importante et touche la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> lacible. Elle permet <strong>de</strong> dévoiler les attributs objectifs <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it nouveau comme la couleur, lepoids, la taille, la puissance… (Kalish 1985). Ainsi, l’ensemble <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> communicationa un effet accélérateur <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes.<strong>Proposition</strong> 3: la probabilité <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>itaugmente proportionnellement à l’augmentation <strong>de</strong>s dépenses publipromotionnelles.18


• La distributionSi la communication et le prix ont été largement étudiée dans le domaine <strong>de</strong> la diffusion<strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>it, la distribution n’a trouvé que peut d’échos dans la recherche. Certainschercheurs ont assez récemment définit le rôle <strong>de</strong> la distribution sur la diffusion (Jones et Mason1990, Jones et Ritz 1991, Gatignon et An<strong>de</strong>rson 1998). Ces auteurs reconnaissent que l’adoptiond’une innovation est conditionnelle aux nombres et à la nature <strong>de</strong>s distributeurs vendant lepro<strong>du</strong>it.Rogers (1983) stipule qu’une innovation doit être visible pour être adoptée rapi<strong>de</strong>ment.Mais plus encore, il faut que celle-ci soit disponible, et accessible. C’est le rôle <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>distribution. La politique <strong>de</strong> distribution doit passer d’une distribution sélective, fréquentependant la phase d’intro<strong>du</strong>ction, à une distribution <strong>de</strong> masse. En fait, une véritable alliancestratégique doit s’opérer entre les fabricants et les professionnels <strong>de</strong> la distribution pour que lenouveau pro<strong>du</strong>it s’impose auprès <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong>s consommateurs. Un pro<strong>du</strong>it qui n’est passuffisamment disponible à la vente ne pourra pas décoller. Il est remarquable que le marché <strong>de</strong> lamicro-informatique ait véritablement explosé dès que <strong>de</strong>s distributeurs, comme Carrefour ouAuchan, ont décidé <strong>de</strong> la commercialiser. Il en est <strong>de</strong> même pour d’autres pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables telsque les lecteurs DVD ou lecteurs <strong>de</strong> disques lasers. Cette affirmation n’est peut être passystématique mais est évi<strong>de</strong>nte dans le cas <strong>de</strong> certains biens. L‘adoption est donc fonction <strong>de</strong> lanature <strong>de</strong> cette distribution et <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> distributeurs diffusant le pro<strong>du</strong>it.<strong>Proposition</strong> 4a: la probabilité <strong>de</strong> décollage d’un nouveau pro<strong>du</strong>it augmenteen fonction <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> distributeurs qui le diffusent.<strong>Proposition</strong> 4b : Les ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it décollent lorsque lepro<strong>du</strong>it passe d’une distribution sélective, représentée par <strong>de</strong>s commerçants hyperspécialisés, à une distribution <strong>de</strong> masse, représentée par la gran<strong>de</strong> distributionqu’elle soit spécialisée et/ou généraliste.• L’utilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>itLa technologie :Robertson (1993) signale que l’intro<strong>du</strong>ction d’une nouvelle technologie peut ralentir lapénétration <strong>de</strong> marché d’un nouveau pro<strong>du</strong>it, donc le décollage <strong>de</strong>s ventes, puisque le cycle <strong>de</strong>vie <strong>de</strong> l’ancienne technologie a été raccourci et à l’inverse celle <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it est rallongée. Mais siles consommateurs pensent que la nouvelle technologie est une technologie qui va <strong>du</strong>rer, ils sehâteront d’acheter le pro<strong>du</strong>it et d’amortir leur investissement sur une longue pério<strong>de</strong> (Le Nagard& Steyer 1995). Pour continuer dans cette réflexion, Foster (1986) et Utterbach (1994) stipulentqu’un pro<strong>du</strong>it est intro<strong>du</strong>it en vagues technologiques et que c’est à partir d’une certaine vague ouplus simplement à partir d’un certain niveau d’amélioration technologique que les ventes <strong>du</strong>nouveau pro<strong>du</strong>it décollent. En fait, avant le décollage la qualité perçue <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it n’est passuffisante pour initialiser une adoption en masse <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it (Kholi, Lehmann & Pae 1999), carl’amélioration <strong>de</strong> la technologie continue tout au long <strong>de</strong> la phase d’intro<strong>du</strong>ction, augmentant19


progressivement la valeur perçue <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it.Plusieurs modèles ont été initiés pour décrire et prédire l’adoption <strong>de</strong>s différentesgénérations technologiques d’un nouveau pro<strong>du</strong>it. Norton et Bass (1987) tout comme Mahajan &Muller (1996) ont proposé une extension <strong>du</strong> modèle <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> Bass pour capturersimultanément les effets <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> substitution <strong>de</strong> chaque génération technologiquesuccessive sur l’adoption. Jun & Park (1999) y ont inclus les effets <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> marketing. Ces<strong>de</strong>rniers insistent sur le fait que l’adoption augmente avec l’utilité perçue <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it parles consommateurs, qui sont influencés par les <strong>variables</strong> <strong>du</strong> Mix marketing. Ainsi, lesconsommateurs déci<strong>de</strong>nt d’adopter un pro<strong>du</strong>it à la génération ou vague technologique quimaximise leur utilité comparée à leur ressource financière. L’utilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it dépend <strong>du</strong> prix <strong>de</strong>ventes – elle augmente en fonction <strong>de</strong>s baisses <strong>de</strong> prix (Speece & MacLachlan, 1995) -, <strong>de</strong> latechnologie si elle s’impose comme standard (Robertson 1993) et <strong>du</strong> niveau <strong>de</strong> qualité –augmentation <strong>de</strong>s applications possibles et <strong>de</strong>s attributs <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it (Norton et Bass, 1987) - .<strong>Proposition</strong> 5.1 : la probabilité <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes augmentesignificativement après chaque intro<strong>du</strong>ction d’une nouvelle générationtechnologique -qui correspond à une croissance <strong>de</strong> l’utilité <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it-.<strong>Proposition</strong> 5.2. : Les ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable décollent àpartir d’un seuil d’amélioration technologique, -seuil maximisant l’utilité <strong>du</strong>pro<strong>du</strong>it-.• Les externalités <strong>de</strong> réseauL’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s externalités <strong>de</strong> réseaux remontent aux années 70 avec les travaux réalisés parles économistes <strong>de</strong>s télécommunications 3 . C’est Katz et Shapiro (1985) qui importent cette notionau domaine <strong>du</strong> marketing. Pour ces auteurs, l’utilité d’un pro<strong>du</strong>it est fonction <strong>du</strong> nombre d’agentsconsommant le pro<strong>du</strong>it. Ainsi, plus il y a d’utilisateurs <strong>du</strong> nouveau pro<strong>du</strong>it, et plus son utilité seraélevée. L’utilité ainsi dégagée provient, selon eux, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sources :- une source directe : l’externalité est générée à travers un effet physique direct <strong>du</strong>nombre d’acheteurs sur l’utilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it. L’externalité directe est spécifiqueaux pro<strong>du</strong>its ayant pour fonction <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> la communication et <strong>de</strong>l’information. L’utilité <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its est directement dépendante <strong>du</strong>nombre <strong>de</strong> personnes équipées d’un même bien ou d’un pro<strong>du</strong>it compatible, ausens où il permet <strong>de</strong> se connecter au même réseau ( Le Nagard-Assayag1999).Le bénéfice que le nouvel abonné retire <strong>de</strong> sa connexion croît avec lenombre <strong>de</strong>s indivi<strong>du</strong>s déjà raccordés au réseau (Curien et Gensollen, 1987).C’est le cas <strong>du</strong> téléphone, Minitel, Fax, Network Computer,….Il est évi<strong>de</strong>nt quele téléphone s’il est possédé par une seule personne ne présente que peud’intérêt.- une source indirecte : l’externalité est générée par <strong>de</strong>s effets indirects. Il s’agit <strong>du</strong>paradigme « Hardware/Software », où l’utilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it principal dépend <strong>du</strong>nombre <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its contingents déjà en circulation et <strong>de</strong> l’externalité <strong>de</strong> réseau3 Cf. Curien et Gensollen (1987) sur les théories <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> raccor<strong>de</strong>ment téléphonique.20


que ces pro<strong>du</strong>its contingents créent. Dans le cas <strong>du</strong> téléphone, il faut qu’unréseau <strong>de</strong> télécommunication soit présent, c’est-à-dire une infrastructure ( Van<strong>de</strong>n Bulte 1999) sur lequel le consommateur peut connecter son appareil. Van<strong>de</strong>n Bulte (1999) stipule à ce sujet qu’à partir <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> marché,les ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it ne peuvent décoller que si le bien dispose <strong>de</strong>pro<strong>du</strong>its et d’infrastructures permettant un accroissement <strong>de</strong> son utilité. Ainsi,l’utilité <strong>de</strong>s consommateurs est d’autant plus gran<strong>de</strong> que le nombre, la variété etla qualité <strong>de</strong> ces biens ou infrastructures complémentaires ou contingentes sontimportantes (Le Nagard 1999). L’existence <strong>de</strong> biens complémentaires dans unsystème, selon Economi<strong>de</strong>s (1989) ou Matutes et Régibeau (1988), suffit àpro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> l’externalité <strong>de</strong> réseau. Un pro<strong>du</strong>it complémentaire doit permettrel’échange, être accompagné d’un service d’information ou d’assistance, avoirune bonne présence géographique, être très diversifié et s’appuyer sur unstandard.Selon Le Nagard et Steyer (1995), l’externalité <strong>de</strong> réseau doit être prise en compte dans lamodélisation <strong>de</strong> la diffusion parce qu’elle conditionne l’intérêt pour un consommateur d’adopterun nouveau pro<strong>du</strong>it. Aussi, chaque augmentation <strong>du</strong> niveau d’externalité <strong>de</strong> réseau correspond-telleà une augmentation <strong>de</strong> la probabilité <strong>de</strong> décollage d’un pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable nouveau. Attention,bien évi<strong>de</strong>mment, certains pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables tels que le four à micro-on<strong>de</strong> ne peuvent prétendrebénéficier <strong>de</strong> cette influence. L’ensemble <strong>de</strong> ces dires nous amène à poser trois propositions :<strong>Proposition</strong> 6a : plus l’externalité <strong>de</strong> réseau directe augmente, plus leniveau d’utilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it est élevé et plus la probabilité <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s ventesd’un nouveau pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable augmente.<strong>Proposition</strong> 6b : plus le niveau d’externalité indirecte créé par <strong>de</strong>s biens ouinfrastructures contingentes augmente et plus la probabilité <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>sventes sera élevée<strong>Proposition</strong> 6c : plus le nombre (diversité) <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its contingentsaugmentent, plus l’utilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> base augmente et plus sa probabilité <strong>de</strong>décollage.sera élevée• Les modèles <strong>du</strong> Mix et le décollageLes propositions que nous émettons montres les relations directes <strong>de</strong> chaque variablemarketing prises une à une. Mais, il faut considérer la combinaison <strong>de</strong> chaque action. En effet,c’est le marketing Mix qui déterminent, d’après Gatignon (1993), la performance <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its ou<strong>de</strong>s marques sur le marché. De la sorte, les <strong>variables</strong> prix, communication et distribution ont unimpact sur la réussite d’un pro<strong>du</strong>it. Mais si chaque variable <strong>du</strong> Mix influence la performance –pouvant être exprimée en unité <strong>de</strong> vente- c’est l’influence <strong>de</strong> toutes les <strong>variables</strong> réunies qui ladéterminent au mieux. Alors le modèle général <strong>de</strong> réponse <strong>du</strong> marché peut être exprimé <strong>de</strong> lasorte :21


OùY= f 1 (X,Z ; β,γ,ε)Y = une mesure <strong>de</strong> la performance <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it sur le marché (comme levolume <strong>de</strong>s ventes) ;X = un ensemble <strong>de</strong> <strong>variables</strong> marketing susceptibles d’influencer Y ;Z = un ensemble <strong>de</strong> <strong>variables</strong> environnementales ;β = le paramètre <strong>de</strong> réponse <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> <strong>du</strong> mix ;γ = le paramètre <strong>de</strong> réponse <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> environnementales ;ε = terme d’erreur.Ce modèle ainsi dégagé peut être inclus au modèle <strong>de</strong> Cox et représenter l’influence <strong>de</strong>sco<strong>variables</strong> ψ(X). Dans ce cas, nous choisissons d’exclure le paramètre correspondant aux<strong>variables</strong> d’environnement et représentons l’influence <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> <strong>du</strong> Mix sur lephénomène <strong>de</strong> décollage <strong>de</strong>s ventes.Y = β 0 + β 1 X 1 +β 2 X 2 + β 3 X 3 +β 4 X 4 +ε<strong>Proposition</strong> 7 : L’ensemble <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> <strong>du</strong> Marketing Mix influencepositivement le décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables.Effet accélérateur <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> masse critique sur le Mix marketing.Comme nous l’avons annoncé plus haut, les actions marketing sont influencées par l’effet<strong>de</strong> la masse critique, <strong>de</strong> telle manière que ces actions ont un impact significativement plus élevélorsqu’une masse critique <strong>de</strong> consommateurs ou <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its ven<strong>du</strong>s est atteinte. Avant ce seuil,les actions marketing influencent uniquement les consommateurs innovateurs et ne peuventdéclencher à elles seules le décollage <strong>de</strong>s ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it. De plus nous pensons quela masse critique a un effet Multiplicateur sur les <strong>variables</strong> <strong>du</strong> Mix.<strong>Proposition</strong> 8a : l’effet <strong>de</strong> masse critique augmente l’impact <strong>de</strong>s actionsmarketing sur le décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables. Les actions marketingaugmentent la probabilité <strong>de</strong> décollage sensiblement plus fortement lorsque la pénétration <strong>du</strong>marché à atteint la masse critique <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its ven<strong>du</strong>s.<strong>Proposition</strong> 8b : La masse critique a un effet multiplicateur sur les<strong>variables</strong> <strong>du</strong> Marketing Mix.Les <strong>variables</strong> <strong>de</strong> contrôleAlors que nous pensons que l’effet <strong>de</strong> la masse critique et certaines actions marketing sontcorrélées avec le décollage, d’autres <strong>variables</strong> affectent le décollage et ont besoin d’êtrecontrôlées. Ces <strong>variables</strong> <strong>de</strong> contrôles correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s éléments environnementaux que nousne pouvons pas isoler dans notre étu<strong>de</strong>. Comme le montre Van <strong>de</strong>n Bulte (2000), certaines<strong>variables</strong> économiques et démographiques permettent d’accélérer ou <strong>de</strong> ralentir la vitesse <strong>de</strong>diffusion <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its. Tout comme cet auteur nous proposons <strong>de</strong> retenir comme22


<strong>variables</strong> <strong>de</strong> contrôle le niveau <strong>de</strong> revenu disponible <strong>de</strong>s ménages et le niveau <strong>de</strong> chômage.Prendre en compte ces <strong>de</strong>ux <strong>variables</strong> est essentiel lorsqu’on étudie les pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables. Eneffet, étant donné que l’achat <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables représente généralement un fort investissementpour les ménages, tant que le niveau <strong>du</strong> revenu n’est pas suffisamment élevé, les effortsmarketing entrepris n’aurons pas l’effet recherché maximum sur le décollage.Le rôle <strong>du</strong> revenu sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est relativement bien expliqué par la théorieéconomique, alors que cette relation est rarement considérée dans les modèles marketing. Bonus(1973) et Horsky (1990) montrent, pourtant, que <strong>de</strong>s hauts revenus sont reliés à <strong>de</strong> fortesdépenses en biens <strong>du</strong>rables. De plus, la croissance <strong>de</strong>s ventes d’un nouveau pro<strong>du</strong>it peut s’écoulersur une longue pério<strong>de</strong>, au cours <strong>de</strong> laquelle le revenu moyen <strong>de</strong>s ménages change (Gol<strong>de</strong>r &Tellis, 1998). Etant donné la <strong>du</strong>rée que peut mettre un pro<strong>du</strong>it à décoller, considérer la variableindépendante « revenu » paraît être justifié. En effet, tout comme le prix, mais en sens inverse, lerevenu influence directement les ventes. Ainsi, chaque augmentation <strong>du</strong> revenu moyen <strong>de</strong> lapopulation observée provoquera une augmentation <strong>de</strong> la probabilité <strong>de</strong> décollage <strong>du</strong> nouveaupro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable.Le taux <strong>de</strong> chômage quant à lui n’a pas seulement un impact économique sur lesconsommateurs, mais aussi un impact psychologique. En effet, plus le taux <strong>de</strong> chômage est élevéet plus le moral <strong>de</strong>s consommateurs est bas. Ainsi, ils limitent leurs achats au strict nécessaire,retar<strong>de</strong> leurs achats en biens <strong>du</strong>rables et épargne davantage. C’est pourquoi nous pensons que laprobabilité qu’un nouveau pro<strong>du</strong>it décolle pendant une pério<strong>de</strong> à fort taux <strong>de</strong> chômage est plusfaible que pendant un taux faible <strong>de</strong> chômage. Une baisse <strong>du</strong>rable <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> chômage estégalement très positive pour l’augmentation <strong>de</strong> la probabilité et l’accélération <strong>du</strong> décollage <strong>de</strong>sventes.23


ConclusionSi l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ventes et <strong>de</strong> l’adoption <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables a donné naissance àbon nombre <strong>de</strong> recherches <strong>de</strong>puis les années 50, le décollage à l’inverse reste une notion obscureet peu observée. Ce désintérêt est lié à la volonté <strong>de</strong>s chercheurs à modéliser <strong>de</strong> façon globale lavie <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its. Pourtant l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> certains points fondamentaux pourrait apporter bon nombre<strong>de</strong> réponses aux questions <strong>de</strong>s managers. Un <strong>de</strong> ces points est le décollage <strong>de</strong>s ventes. C’estpourquoi sa conceptualisation présente un intérêt majeur au niveau académique. Le modèle quenous suggérons doit permettre une meilleure compréhension <strong>du</strong> phénomène et apporter <strong>de</strong>sconnaissances supplémentaires sur les théories <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> la diffusion et plusgénéralement sur le lancement <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its.Pour ce faire nous proposons dans un premier temps <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r les résultats <strong>de</strong> Gol<strong>de</strong>r etTellis et dans un <strong>de</strong>uxième temps <strong>de</strong> compléter le modèle en ajoutant <strong>de</strong>s <strong>variables</strong> d’influencesmajeures dans l’occurrence <strong>du</strong> phénomène <strong>de</strong> décollage. Ainsi, nous considérons que le décollage<strong>de</strong>s ventes est dû à trois facteurs primaires : l’utilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it nouveau, l’effet <strong>de</strong> masse critiqueet les actions marketing. Les actions marketing influencent directement le décollage mais cetimpact est encore plus fort lorsque le pro<strong>du</strong>it à atteint un certain niveau d’utilité et qu’une massecritique <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its ven<strong>du</strong>s apparaît.Cette conceptualisation doit permettre aux managers d’anticiper la réaction <strong>du</strong> marchéconcerné et d’adapter les différentes stratégies marketing selon les objectifs et la situationenvironnementale. L’emploi <strong>de</strong> ces stratégies est susceptible d’encourager les clients à adopterplus rapi<strong>de</strong>ment le nouveau pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong>rable. Ainsi; la baisse régulière <strong>du</strong> prix <strong>de</strong> ventes, unecommunication publi-promotionnelle et une distribution intensive doivent contribuer audécollage <strong>de</strong>s ventes. Les managers doivent également prendre en compte les particularités <strong>de</strong>leur pro<strong>du</strong>it, puisqu’un pro<strong>du</strong>it qui présente <strong>de</strong> l’externalité <strong>de</strong> réseau et/ou qui a atteint un bonniveau technologique aura une probabilité <strong>de</strong> décollage relativement élevée. De même, ilsdoivent se préoccuper <strong>de</strong> la situation économique car les chances qu’un nouveau pro<strong>du</strong>it décolleest fonction <strong>de</strong>s disponibilités financières <strong>de</strong>s ménages. Cette <strong>de</strong>rnière affirmation est d’autantplus vrai au niveau <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables qu’ils réclament généralement une forte participationfinancière pour leur achat.Il est remarquable que le décollage subit <strong>de</strong>s influences qui ne sont pas recensées ici.L’humeur et l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s consommateurs, l’influence sociale, les incitations étatiquescontribuent à leur manière au décollage <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s nouveaux pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables. Ceci vient <strong>du</strong>fait que nous avons le souci <strong>de</strong> dégager les actions sur lesquelles l’entreprise peut agir et lescaractéristiques donnant la possibilité d’adaptation progressive. Une autre limite provient <strong>du</strong>modèle <strong>de</strong> survie <strong>de</strong> Cox puisqu’il nécessite l’emploi <strong>de</strong> données historiques (ou d’archives)parfois indisponibles sur lesquelles les managers doivent s’appuyer à <strong>de</strong>s fins prédictives. Mais iln’en <strong>de</strong>meure pas moins le modèle mathématique idéal pour mesurer l’impact <strong>de</strong> <strong>variables</strong>indépendantes et <strong>du</strong> temps sur le décollage lorsque l’on dispose <strong>de</strong> données censurées.24


Bibliographie :Bass Frank M. (1969), “A New Growth Mo<strong>de</strong>l for Consumer Durables”, Management Science,15, 5, pp.215-227.Bass Frank M., Jain Dipak. et Trichy. Krishnan, (2000), “Mo<strong>de</strong>ling the Marketing-Mix Influencein New-Pro<strong>du</strong>ct Diffusion” New-Pro<strong>du</strong>ct Diffusion Mo<strong>de</strong>ls, Eds. Mahajan, Muller et Wind,International Series in Quantitative Marketing, pp. 99-122.Bayus Barry. L. (1992), “Have Diffusion Rates been Accelerating Over Time?”, MarketingLetter,15, January, p. 42-51.Bayus Barry. L. (1998),“An Analysis of Pro<strong>du</strong>ct Lifetimes in a Technologically DynamicIn<strong>du</strong>stry”, Management Science, Vol. 44, N°6, June, pp. 763-775.Calantone Roger J., Schmidt Jeffrey B. et Michael X. Song, (1996), “Controllable Factors ofNew Pro<strong>du</strong>ct Success : A Cross-National Comparison”, Management Science, Vol. 15, N°4, pp.341-358.Chandy Rajesh et Gerard J. Tellis ( 2000), “The Incumbent’s Curse ? Incumbency, Size, andRadical Pro<strong>du</strong>ct Innovation”, Journal of Marketing, Vol. 64, July, pp. 1-12.Choffrey Jean-.Marie. et Florence Dorey (1983), Développement et gestion <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>itsnouveaux, Paris, McGraw-Hill.Coleman James S., Katz Elihu et Herbert Mensel (1957), “The Diffusion of Innovation AmongPhysicians”, Sociometry 20, pp. 253-270.Cooper R.C. (1979), “The dimensions of In<strong>du</strong>strial New Pro<strong>du</strong>cts Success and Failure”, Journalof Marketing, Vol. 43, Summer, pp. 93-103.Cooper D.G. (1981), “The Myth of the Better Mousetrap : What Makes a New Pro<strong>du</strong>ct aSuccess?”, Business Quarterly, Spring, pp. 69-81.Cooper R.G. (1993), Winning at New Pro<strong>du</strong>cts, Reading, Mass.: Addison Wesley PublishingCompany, Second Edition.Cox D. R. (1972), “Regression Mo<strong>de</strong>ls and Life-Tables”, Journal of the Royal Statistical SocietyB, 34, p.187-200.Crié Dominique. (1999), thèse <strong>de</strong> doctorat, IAE Lille, Lille 1.Dean Joel (1950), “Pricing Policies for New Pro<strong>du</strong>cts”, Harvard Business Review, November-December, PP.28-36.25


Dhalla Nariman K. et Sonia Yuspeh (1976), “Forget the Pro<strong>du</strong>ct Life Cycle Concept”, HarvardBusiness Review, 54, January-February, pp. 102-112Fisher et Pry (1971)Dodson Joe A. et Eitan Muller (1978), Mo<strong>de</strong>ls of New-Pro<strong>du</strong>ct Diffusion Through Advertisingand Word-of-Mouth” Management Science, Vol. 24, November, pp. 1568-1578.Economi<strong>de</strong>s Nicholas (1989), “Desirability of Compatibility in the Absence of NetworkExternality”, American Economic Review, Vol. 79, December, pp. 1165-1181.Eliashberg Jehoshua. et Thomas S. Robertson (1988), “New Pro<strong>du</strong>ct Preannouncing Behavior :A Market Signaling Study”, Journal of Marketing Research, 25, p. 282-292.Foster Richard. (1986), Innovation : The Attacker’s Advantage, New York : Summit Books.Gatignon Hubert (1993), “Marketing-Mix Mo<strong>de</strong>ls”, Handbooks in Operations Research andManagement Science, Vol. 5, Eds Eliashberg and Lilien, Elsevier Science Publihers, pp. 697-732.Gatignon Hubert et Thomas S. Robertson (1985), “A <strong>Proposition</strong>al Inventory for New DiffusionResearch”, Journal of Consumer Research, 11, March, p. 849-867.Gatignon Hubert et Erin An<strong>de</strong>rson (1998), “Inter-Channel Competition and New-Pro<strong>du</strong>ct”Diffusion, Working Paper, INSEAD.Gol<strong>de</strong>r Peter et Gerad J Tellis. (1997), “Will It Ever Fly ? Mo<strong>de</strong>ling the Takroff of Really NewConsumer Durables”, Marketing Science, 16,3, pp. 256-270.Hauser John R et G.L. Urban (1982), “Prelaunch Forecasting of New Durables : Idreas on aConsumer Value – Priority Mo<strong>de</strong>l”, MIT Working Paper, p1270-1282, cité par Merunka D.(1992).Helsen Kristiaan et David C Schmittlein (1993), “Analysing Duration Times in Marketing”,Marketing Science, Vol. 12, Fall, pp. 395-414.Herbig Paul A. (1991), “A Cusp Catastrophe Mo<strong>de</strong>l of the Adoption of an In<strong>du</strong>strial Innovation”,Journal of Pro<strong>du</strong>ct Innovation Management, Vol. 8, pp. 127-137.Horsky Dan (1990), “A Diffusion Mo<strong>de</strong>l Incorporating Pro<strong>du</strong>cts Benefits, Price, Income andInformation”, Marketing Science, Vol. 9, Fall, pp. 342-365.Jeuland Abel P. (1981b), “Parsimonious Mo<strong>de</strong>ls of Diffusion of Innovations, Incorporating theVariable of Price”, University of Chicago, Gra<strong>du</strong>ate School of Business.Jones J. Morgan et Charlotte H. Mason (1990), “The Role of Distribution in the diffusion ofNew Durable Consumer Pro<strong>du</strong>cts”, Marketing Science Institut Report pp.90-110.26


Jones J. Morgan et Christopher J. Rirz (1991),”Incorporating Distribution into New-Pro<strong>du</strong>ctDiffusion Mo<strong>de</strong>ls”, International journal of Research in Marketing, Vol. 8, June, pp. 91-112.Kalbfleisch J. et R. Prentice, (1980), The Statistical Analysis of Failure Time Data, New York :Wiley.Kalish Shlomo (1985), A New Pro<strong>du</strong>ct Adoption Mo<strong>de</strong>l with Price, Advertising, andUncertainty, Management Science, 31, 12, P. 1569 –1585.Karshenas Massoud. et Paul L. Stoneman (1993), “Rank, Stock, Or<strong>de</strong>r, and Epi<strong>de</strong>mic Effects inthe Diffusion of New Process Technologies : An Frequently Purchased Consumer Goods”,Marketing Science, 11 (Summer), 235-250.Katz Michael L. et Carl Shapiro (1985), “Network Externalities, Competition and Compatibility”,American Economic Review, Vol. 75, June, pp. 424-440.Kholi Rajeev, Lehmann Donald R.et Jae Pae (1999), “Extend and Impact of Incubation Time inNew Pro<strong>du</strong>ct Diffusion”, Journal of Pro<strong>du</strong>ct Innovation Management, Vol. 16, pp. 134-144.Lambin Jean-Jacques. (1994), Le marketing Stratégique : Une perspective européenne,Ediscience International.Le Nagard-Assayag Emmanuelle (1999), « Le concept d’externalité <strong>de</strong> réseau et ses apports aumarketing », Recherche et Application en Marketing, Vol. 14, n°3, pp. 59-78.Le Nagard Emmanuelle & A. Steyer (1995), “Diffusion of Complementary Pro<strong>du</strong>cts : the Case ofthe CD Audio Market”, Marketing Science Seminar, Sydney.Lou H. , Luo W. and Strong D. (2000), “Perceived critical mass effect on groupwareacceptance”, European Journal of Informations systems, vol. 9, pp. 91-103.Mahajan Vijay. et Eitan. Muller (1998), “When Is It Worthwhile Targeting The Majority Insteadof the Innovators in a New-Pro<strong>du</strong>ct Launch ?”, Journal of Marketing Research, Vol. 35,November, pp. 488- 495.Mahajan Vijay et Eitan Muller (1996), Timing, Diffusion and Substitution Of SuccessiveGenerations of Technological Innovations : The IBM Mainframe Case, TechnologicalForecasting and Social Change, Vol. 51, February, pp. 109-132.Mahajan,Vijay., Muller Eitan et Frank M Bass. (1990), “New Pro<strong>du</strong>ct Diffusion mo<strong>de</strong>ls inMaketing : A review and Directions for Research”, Journal of marketing, 54, january, pp. 1-26.Manceau Delphine. (1996), “Les Effets <strong>de</strong>s Annonces Préalables <strong>de</strong> Nouveaux Pro<strong>du</strong>its sur leMarché : Etat <strong>de</strong>s Connaissances et <strong>Proposition</strong>s Théoriques”, Recherche et Applications enMarketing, 11, 3, p. 40- 54.Marketing Science Institute (1995), Research Priorities, Boston, MA : Marketing ScienceInstitute.27


Matutes Carmen et Pierre Regibeau (1988), “‘Mix and Match’ : Pro<strong>du</strong>ct Compatibility WithoutNetwork Externalities”, Rand Journal of Economics, Vol. 19, Summer, pp. 221-234.Merunka Dwight. (1992), “Pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables : un essai <strong>de</strong> clarification <strong>du</strong> concept”, Recherche etApplication Marketing, Vol 7, N°4, p. 105-113.Merunka Dwight. (1996), “Marketing <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong>rables”, Encyclopédie <strong>de</strong> Gestion, art. 103,p.1919-1936.Midgley David F. (1976), “A Simple Mathematical Theory of Innovative Behavior”, Journal inConsumer Research, Vol. 3, June, pp. 31-41.Montaguti Elisa, Kuester Sabine et Thomas S. Robertson (1998), “Determinants of “take-offtime” for Emerging Technologies : A Conceptual Mo<strong>de</strong>l and <strong>Proposition</strong>nal Inventory”, DR98007 Essec, Mars.Moore Goffrey.A. (1991),Crossing the Chasm, New York : Harper Business.Norton John A. et Frank M. Bass (1987), A Diffusion Theory Mo<strong>de</strong>l of Adoption and Subtitutionfor Successive Generations of High Technological Pro<strong>du</strong>ct, Management Science, Vol. 33,September, pp.1069-1086.Oliver Pamela , Maxwell Gerard et Ruy Texeira (1985), “A Theory of Critical Mass :Inter<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nce, Group Heterogeneity and the Pro<strong>du</strong>ction of Collective Action”, AmericanSociological Journal, Vol. 91, November, pp. 522-556.Pickering J. (1981), “A Behavioral Mo<strong>de</strong>l of the Demand for Consumer Durables”, Journal ofEconomic Psychology, 5, p. 341-352.Robert.. et G. Urban (1988), “Mo<strong>de</strong>ling Multiattribute Utility, Risk, and Belief Dynamics forNew Consumer Durable Brand Choice”, Management Science, 34, 2, p. 167-174.Roberts John H et James M. Lattin , (2000), “Disaggregate-Level Diffusion Mo<strong>de</strong>ls”, in New-Pro<strong>du</strong>ct Diffusion Mo<strong>de</strong>ls, Eds. Mahajan, Muller et Wind, International Series in QuantitativeMarketing, pp. 207-236.Robertson Thomas S., (1971), Innovative Behavior and Communication, New York : Free Press.Robertson Thomas S. (1993), “How to Re<strong>du</strong>ce Market Penetration Cycle Time”, SloanManagement Review, Fall.Rogers Evrett. M. (1983), Diffusion of Innovation, 3 th ed., New York : MacMillan.___________(1995), Diffusion of Innovation, 4 th ed., New York : The Free Press.28


Samli Coskun A et Julie Ann E. Weber (2000), “A Theory of successful Pro<strong>du</strong>ct BreakthroughManagement : Learning From Success”, Journal of Pro<strong>du</strong>ct and Brand Management, Vol. 9,N°1, pp. 35-55.Schmittlein David.C. et Vilay Mahajan (1982), “Maximum Likelihood Estimation for anInnovation Diffusion Mo<strong>de</strong>l of New pro<strong>du</strong>ct Acceptance”, Marketing Science, 2, 1, winter, p. 57-78.Speece M. et D. MacLachlan (1995), Application of a Multi-Generation Diffusion Mo<strong>de</strong>l to MilkContainer Technology, Techological Forecasting And Social Change, Vol. 49, July, pp. 281-295.Sultan Fareena, Farley John U. & Donald R Lehmann (1990), “A Meta-Analysis of Applicationsof Diffusion Mo<strong>de</strong>ls”, Journal of Marketing Research, Vol. 27, February, pp. 70-77.Tellis Gerard J. (1988), The Price Elasticity of Selective Demand: A Meta-Analyse ofEconometric Mo<strong>de</strong>ls of Sales, Journal of Marketing Research, Vol. 25, November, pp. 331-341.Tellis Gerard J. (1994), “Forecasting Market Opportunities : Predicting the Take-off of NewDurables“ in And Now for Something Completely Different : “Really” New Pro<strong>du</strong>cts, AdamsMarjorie and Joseph la Cugna, eds. Marketing Science Institute report Conference Summary n°94-124, (December).Tellis Gerard J &Peter N.Gol<strong>de</strong>r (1996), “First to Market, First to Fail? Real Cause of En<strong>du</strong>ringMarket Lea<strong>de</strong>rship”, Sloan Management Review, Winter, pp. 65-75.Urban Glen L., Weinberg et Hauser (1996), “Premarket Forecasting of Really-New Pro<strong>du</strong>cts”,Journal of Marketing, Vol.60, January, p.47-60.Utterback James (1994) , Mastering Dynamic of Innovation, Cambridge, MA :HBS PressVandaele Michel. (1988), “Le cycle <strong>de</strong> vie <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it: concepts, modèles et évaluation”,Recherche et Application Marketing, 2 , p. 75-87.Van <strong>de</strong>n Bulte Christophe (2000), New Pro<strong>du</strong>ct Diffusion Acceleration : Measurement andAnalysis, Marketing Science, Vol. 19, N°4, Fall, pp. 366-380.29

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!