- d’une façon plus large, il est peut-être possible de définir les types de <strong>discours</strong> <strong>et</strong>les genre <strong>du</strong> <strong>discours</strong> en fonction de l’usage qu’ils font <strong>du</strong> dialogisme : il y a fort à parierque le bull<strong>et</strong>in météo ou la notice de montage donnent moins dans l’énoncé dialogiqueque la réponse à un acte d’accusation ou la thèse de doctorat…- Plus textuellement, <strong>et</strong> si l’on ne se limite pas à la dimension interdiscursive,mais que l’on travaille également les dimensions interlocutive <strong>et</strong> autodialogique, l’étudede la dialogisation interne perm<strong>et</strong> de décrire précisément la matérialité <strong>du</strong> texte,notamment dans sa progression : comment le texte assure son avancée à la fois enrépondant par avance au <strong>discours</strong> que pourrait lui opposer son énonciataire, <strong>et</strong> en seconsolidant de ce qu’il a déjà dit.Ajoutons, pour mieux mesurer encore l’importance de c<strong>et</strong>te notion :- que nous n’avons traité qu’un aspect <strong>du</strong> dialogisme : sa dimension syntaxique.Bakhtine, dans la citation proposée en incipit, envisage également les aspectssémantique 1 <strong>et</strong> compositionnel. De la sorte, c’est l’ensemble de la matérialité linguistique<strong>et</strong> textuelle qui entre dans le champ d’action de ladite notion ;- que nous ne nous sommes penchés que sur les « harmoniques dialogiques » (Bakhtine1978/1979/1984 : 301) linguistiquement marquées. Au-delà, c’est tout élément qui peutêtre considéré comme orienté vers un autre <strong>discours</strong> <strong>et</strong> résonnant d’une autre voix…De sorte que ce qui fait la force de la notion de dialogisme, fait peut-être également safaiblesse. Puissante, trop puissante : à tout pouvoir expliquer, ne court-elle pas le risquede ne plus expliquer grand chose, de devenir un hoch<strong>et</strong> ou un sésame qui n’ouvre quesur <strong>des</strong> évidences ? Vaste question, qui va bien au-delà <strong>des</strong> objectifs limités de c<strong>et</strong>ravail, <strong>et</strong> à laquelle, pour l’heure, nous ne saurions répondre.Références bibliographiquesAuthier-Revuz (J.), 1995, Ces mots qui ne vont pas de soi, Paris : Larousse.Bakhtine, (M.), 1929/1977, Le marxisme <strong>et</strong> la philosophie <strong>du</strong> langage, Paris : Minuit.Bakhtine (M.), 1934/1975/1978, « Du <strong>discours</strong> romanesque », in Esthétique <strong>et</strong> théorie<strong>du</strong> roman, Paris : Gallimard, Tel, 83-233.Bakhtine (M.), 1952/1979/1984, « Les genres <strong>du</strong> <strong>discours</strong> », in Esthétique de la créationverbale, Paris : Gallimard, 265-308.Bakhtine (M.), 1963/1970, Problèmes de la poétique de Dostoïevski, Lausanne : L'âged'homme.Bally (C.), 1934/1965, Linguistique générale <strong>et</strong> linguistique française, Berne : Francke.Bres, (J.), 1998, « Entendre <strong>des</strong> voix : de quelques marqueurs dialogiques en français »,in Bres J., Legrand R., Madray F. <strong>et</strong> P. Siblot (éd.), L'autre en <strong>discours</strong>, Montpellier III,Praxiling, 191-212.Bres (J.), 1999, « Vous les entendez ? De quelques marqueurs dialogiques », Modèleslinguistiques, XX, 2, 71-86.Bres (J.), 2004, « Sous la surface textuelle, la profondeur énonciative. Ebauche de<strong>des</strong>cription <strong>des</strong> façons dont se signifie le dialogisme de l’énoncé » in P. Haill<strong>et</strong> (éd.),Actualité de Bakhtine (à paraître).Bres (J.), 2005, « Savoir de quoi on parle : dialogal, dialogique, polyphonique », in BresJ., Haill<strong>et</strong> P., Mell<strong>et</strong> S., Nølke H., Rosier L. (éd.), Dialogisme, polyphonie : approcheslinguistiques, Actes <strong>du</strong> colloque de Cerisy, sept 2004, (à paraître).Bres (J.) <strong>et</strong> Nowakowska (A.), 2004, « Mémoire de voix sans paroles : restriction,extraction… », in Lopez Munoz J.-M., Marn<strong>et</strong>te S., Rosier L. (éd.), Le <strong>discours</strong> rapportédans tous ses états, Paris : L’Harmattan, 75-80.1 Ce que P. Siblot, dans les cadres de la praxématique, développe sous l’appellation de dialogisme de lanomination (Détrie, Siblot <strong>et</strong> Verine (éd.) 2001 : 86).
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Jacques Bres Le 1er septembre 2008B
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1. Dialogisme syntaxique, clivage1.
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