être celle qu’il souhaite, qu’il entend comme une question de l’interlocuteur : Pouvezvouspréciser ?, à laquelle il répond dialogiquement. Ce que l’on pourrait représenterdialogalement de la sorte :A1 – (…) un principe simple : le président de la République cohabiteB2 – pouvez-vous préciser ?A3 – c’est-à-dire respecte la ConstitutionL’orientation dialogique vers l’énonciataire semble donc se marquer au niveau <strong>des</strong> énoncés,non seulement, comme pour l’orientation dialogique vers les <strong>discours</strong> antérieurs, par ledialogisme citatif, mais également par un fonctionnement spécifique : le dialogisme responsif.Par le premier, l’énonciateur « dialogue » avec les arguments imaginés comme pro<strong>du</strong>its parl’énonciataire dans le cours <strong>du</strong> texte, en réponse aux arguments qu’il avance ; par le second,l’énonciateur anticipe sur la compréhension responsive de l’énonciataire, « dialogue » avecses éventuelles difficultés. Façon également de ménager son lecteur, façon surtout <strong>des</strong>’assurer de sa compréhension, au-delà de son adhésion.2. 4. AutodialogismeLe scripteur n’interagit pas seulement avec les <strong>discours</strong> sur le mêmeobj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> avec le <strong>discours</strong>-réponse qu’il impute à son lecteur, il le faitégalement avec son propre <strong>discours</strong>. Il s’agit là certainement de ladimension la plus délicate <strong>et</strong> la plus difficile à décrire. Plus qu’ailleurs,notre propos sera une simple intro<strong>du</strong>ction. Comment se manifeste ledialogue que l’énonciateur principal E1 noue avec un énonciateur e1,lorsque E1 <strong>et</strong> e1 sont coréférentiels ? La question recoupe le champ <strong>du</strong>fonctionnement métadiscursif, mais ne s’y résume cependant pas. Nouspointerons quelques pistes à partir <strong>du</strong> texte que nous analysons.L’autodialogisme est à m<strong>et</strong>tre en rapport avec la dimension textuelle <strong>du</strong><strong>discours</strong>, notamment avec le rapport titre / corps de l’article, <strong>et</strong> avec lephénomène de la progression textuelle.2.4. 1. Le rapport dialogique entre titre <strong>et</strong> incipitNous avons analysé l’incipit :(l. 1) le RPR connaît sans doute la crise la plus grave de son histoirecomme un énoncé dialogique, dans la mesure où l’énonciateur E1 confirme, par lalocution adverbiale sans doute, l’énoncé [e], « le RPR connaît la crise la plus grave <strong>des</strong>on histoire ». Nous avons identifié l’énonciateur e1 de c<strong>et</strong> énoncé comme pouvant être« tout un chacun ». Il convient d’ajouter que ce « tout un chacun » correspondnotamment au scripteur lui-même, dans la mesure où c<strong>et</strong> énoncé [e] peut être considérécomme la reprise <strong>du</strong> titre de l’article Le malaise <strong>du</strong> RPR.2.4. 2. La progression textuelle
Plus généralement, le scripteur prend appui sur ce qu’il a dit pour avancer dans son<strong>discours</strong>. Après avoir posé un énoncé, le scripteur a besoin de le reprendre en tant queprésupposé dont il se sert comme d’un socle discursif pour développer sonargumentation. Analysons seulement un énoncé où apparaît clairement cefonctionnement autodialogique :(l. 19) Mais – seconde raison de notre scepticisme –, même si le RPR s’était situé sur l<strong>et</strong>errain <strong>des</strong> idées, <strong>et</strong> même à supposer que l’élection de son président soit une premièreétape vers un début de renaissance formelle ( ?), comment peut-il redevenir crédible auxyeux <strong>des</strong> électeurs ?On relève les deux marqueurs dialogiques de l’hypothèse oppositive (même si) <strong>et</strong> del’interrogation partielle :- l’hypothèse même si x, présuppose un énoncé[e] correspondant à [le RPR s’est / seserait situé sur le terrain <strong>des</strong> idées], que l’énonciateur E1 reprend pour, à l’aide de mêmesi, renforcer l’expression de la conséquence. Or l’énonciateur e1 de c<strong>et</strong> énoncé noussemble coréférer avec E1, dans la mesure où, antérieurement dans le texte, le scripteura dit : l. 25 : « dès la rentrée de septembre, il aurait fallu situer la sortie de la crise sur l<strong>et</strong>errain <strong>des</strong> idées ».- l’interrogation partielle, comment peut-il redevenir crédible aux yeux <strong>des</strong> électeurs ?,est dialogique en ce qu’elle présuppose l’énoncé e [il (doit) redevenir crédible aux yeux<strong>des</strong> électeurs] d’un énonciateur e1. Or c<strong>et</strong> énoncé reprend un dit antérieur <strong>du</strong> scripteur :l. 15 « r<strong>et</strong>rouver une crédibilité politique », l. 17 « tenter de r<strong>et</strong>rouver rapidement c<strong>et</strong>tecrédibilité défunte ».Le scripteur dialogue avec son propre <strong>discours</strong> antérieur pour développer son <strong>discours</strong>actuel 1 .Le texte monologal étudié apparaît bien, dans le détail de son expression, commestructuré autour de « micro-dialogues » que balisent les différents marqueurs dialogiquessyntaxiques : sa pro<strong>du</strong>ction en tant que <strong>discours</strong> passe par l’interaction avec d’autres<strong>discours</strong>, avec le <strong>discours</strong> de l’énonciataire <strong>et</strong> avec soi-même comme <strong>discours</strong>.ConclusionAu terme de c<strong>et</strong>te <strong>analyse</strong>, la notion de dialogisme nous semble être d’un rendementcertain en <strong>analyse</strong> <strong>du</strong> <strong>discours</strong>, <strong>et</strong> ce pour plusieurs raisons :- elle perm<strong>et</strong> de travailler au ras de la matérialité discursive, sur <strong>des</strong> unités qui sont àl’interface <strong>du</strong> linguistique <strong>et</strong> <strong>du</strong> discursif ; <strong>et</strong> plus précisément encore, sur <strong>des</strong> énoncés –les énoncés dialogiques – qui articulent discursif <strong>et</strong> interdiscursif ;- en appui sur les lieux syntaxiques de dialogisation interne repérés en surfac<strong>et</strong>extuelle, l’<strong>analyse</strong> peut expliciter les <strong>discours</strong> avec lesquels le texte soumis à étude« dialogue », <strong>et</strong> le type de relation qu’il établit avec eux ; <strong>et</strong> à partir de là, caractériserprécisément le positionnement idéologique de tel ou tel <strong>discours</strong>. Nous avons parlé p.ex., pour le texte que nous avons passé aux rayons dialogiques, de contestation interne.Dis-moi avec qui tu « dialogues », je te dirai qui tu es…- à partir de ces résultats, fort mo<strong>des</strong>tes, il serait intéressant de voir, sur un corpuscontrastif, si la posture de contestation interne use <strong>du</strong> même arsenal de tours dialogiquesselonle parti politique ; si variation il y a en fonction de la nature <strong>du</strong> groupe : parti, syndicat,chapelle, groupe de recherche, <strong>et</strong>c. Il serait intéressant également de comparer lefonctionnement interdiscursif <strong>du</strong> <strong>discours</strong> de la contestation interne avec celui de ladirection <strong>du</strong> groupe, <strong>et</strong> de l’opposition audit groupe.1 On pourrait <strong>analyse</strong>r de semblable façon le clivage de la l. 45, ou les occurrences de dialogisme responsif (l.48-51, c’est-à-dire) précédemment étudiées dans le cadre <strong>du</strong> dialogisme interlocutif.
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3. Dialogisme. On peut considérer
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