dialogique : E1 en le concédant à e1 le lui attribue. Le tour concessif réalisé dans notr<strong>et</strong>exte a une forme peu canonique :(l.35-40) Il n’y a qu’une façon <strong>et</strong> une seule de r<strong>et</strong>rouver c<strong>et</strong>te crédibilité : le respect. (…)Certes, les candidats à la présidence <strong>du</strong> mouvement tiennent tous peu ou prou celangage ; il n’est pas question de m<strong>et</strong>tre en doute leur bonne foi. Il se trouve que celuiqui a voulu <strong>et</strong> su incarner ces différentes formes de respect s’est fait flinguer comme unevulgaire pipe de foireOn distingue bien l’ argument w (« Il n’y a qu’une façon <strong>et</strong> une seule de r<strong>et</strong>rouver c<strong>et</strong>tecrédibilité : le respect. (…) »), suivi de certes x (« Certes, les candidats à la présidence <strong>du</strong>mouvement tiennent tous peu ou prou ce langage ») : l’énonciateur E1 concède (certes)l’argument x que le lecteur pourrait opposer à w. C’est le troisième élément, la réorientationargumentative, qui n’apparaît pas avec évidence : point de mais pour l’initier, mais un énoncénégatif dont, à première lecture, on a <strong>du</strong> mal à voir la pertinence dans l’enchaînementargumentatif : « il n’est pas question de m<strong>et</strong>tre en doute leur bonne foi ». C<strong>et</strong> énoncé négatif[E] présuppose dialogiquement un énoncé [e] <strong>du</strong> type [quelqu’un m<strong>et</strong> en doute leur bonnefoi], dont la réalisation peut correspondre aussi bien à [je m<strong>et</strong>s en doute leur bonne foi] qu’àl’accusation, formulée à l’égard de E1, par un autre énonciateur : [vous m<strong>et</strong>tez en doute leurbonne foi]. Soit le possible enchaînement, si on adopte l’hypothèse que l’actant énonçant lamise en doute est implicitement je :w : Il n’y a qu’une façon <strong>et</strong> une seule de r<strong>et</strong>rouver c<strong>et</strong>te crédibilité : le respect. (…)certes x : Certes, les candidats à la présidence <strong>du</strong> mouvement tiennent tous peu ou prouce langagemais y : mais je m<strong>et</strong>s en doute leur bonne foi .Ce n’est pas ce qui est effectivement réalisé. L’opposition intro<strong>du</strong>ite par mais serait dans cestermes particulièrement agonale. Nous pouvons faire l’hypothèse que l’énoncé négatif estautodialogique (cf. infra) : E1 repousse (« il n’est pas question ») une rectification possiblemais très lourde de sens (accusation de mensonge adressée aux candidats à la présidence),qu’il aurait pu lui-même actualiser ; <strong>et</strong> la remplace par le constat d’un fait : « il se trouveque », bien moins polémique. Notre <strong>analyse</strong>, si elle est juste, saisit dans ce travail debémolisation à partir de la trace de la négation, la stratégie de ménagement dans ce dialogueinterne avec l’autre convoqué.(ii) Le renchérissement. Ce type de tour est dialogique en ce que, à partird’un thème, E1 m<strong>et</strong> en relation deux rhèmes x <strong>et</strong> y pour déclarer que lapertinence <strong>du</strong> premier attribué implicitement à e1 doit se compléter de laprise en compte <strong>du</strong> second qu'il s'attribue. Le texte soumis à étude enactualise la variante [x sans doute, mais surtout y], qui croise concession<strong>et</strong> renchérissement :(l. 14) Le mouvement y aurait gagné en image, sans doute, mais surtout enefficacitéSans doute pose (i) que l’énoncé [le mouvement y aurait gagné en image] est à imputerà un énonciateur e1, qui <strong>du</strong> point de vue de la cohérence textuelle, peut correspondre aulecteur, <strong>et</strong> (ii) que l’énonciateur E1 s’y rallie (au moins provisoirement), la seconde partiede la phrase « mais surtout en efficacité » proposant un élément y, à imputer à E1, quivient non en correction substitutive de l’élément x (« en image »), - ce qui serait le cassi au lieu <strong>du</strong> renchérissement on avait une négation : « le mouvement y aurait gagné
non image, mais en efficacité » - mais en ajout. Façon d’épouser le <strong>discours</strong> de l’autrepour le dépasser.(iii) Clivage <strong>et</strong> restriction. Le scripteur peut s’opposer au <strong>discours</strong> qu’il prête au lecteur enlui faisant une place, comme avec la concession <strong>et</strong> le renchérissement ; ou en ne luiaccordant pas de place, comme dans l’énoncé clivé restrictif analysé supra dans le cadre<strong>du</strong> dialogisme interdiscursif :(l. 50) C’est pourtant à c<strong>et</strong>te seule condition que le RPR peut espérer commencer àrecouvrer un peu de crédibilité politique, c’est-à-dire un avenir.Par le clivage restrictif, le scripteur substitue son propre <strong>discours</strong> au <strong>discours</strong> <strong>du</strong> lecteur,tout autant qu’à celui <strong>du</strong> RPR.Soulignons ce point : un seul <strong>et</strong> même énoncé peut parfois être susceptible d’une <strong>analyse</strong>en termes de dialogisme interdiscursif <strong>et</strong> de dialogisme interlocutif, à savoir qu’il peutfaire entendre la voix d’un <strong>discours</strong> tiers <strong>et</strong> celle de l’énonciataire. Ce que Bakhtine noussemble avoir entrevu lorsqu’il remarquait :La relation dialogique à la parole d’autrui dans l’obj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> à la parole d’autrui dans laréponse anticipée de l’interlocuteur, étant par essence différentes <strong>et</strong> engendrant <strong>des</strong>eff<strong>et</strong>s stylistiques distinct dans le <strong>discours</strong>, peuvent néanmoins s’entrelacer trèsétroitement, devenant difficiles à distinguer l’une de l’autre pour l’<strong>analyse</strong> stylistique(1934-1935 / 1975 / 1978 : 105)Rien d’étonnant à cela dans la mesure où ce sont les mêmes tours qui sont employés pour lesdeux types de dialogisme.Pour autant, n’y a-t-il vraiment aucune spécificité – au niveau linguistique -dialogisme interlocutif ? Un récent travail de l’un d’entre nous (Nowakowska 2004) nousengage à esquisser une réponse positive, à partir de la distinction dialogisme citatif /dialogisme responsif sur laquelle nous sommes en train de travailler. Plus qu’ailleurs, nospropositions seront donc exploratoires.Jusqu’à présent, dans c<strong>et</strong> article, un énoncé [E] nous est apparu comme dialogique parce qu’ilétait fait de la conjonction de deux éléments : (i) un énoncé [e] (posé, présupposé ou supposé)d’un autre énonciateur enchâssé dans l’énoncé [E] ; (ii) un élément marquant la réaction de E1à l’énoncé [e].Nous proposons de parler de dialogisme citatif dans la mesure où l’énoncé [E]« rapporte » un énoncé [e].Mais peut-on envisager qu’il y ait dialogisme sans l’élément (i) ? Sans discuter ici laquestion théoriquement, on avancera que certains énoncés se présentent avec unmarqueur qui ne s’explique que par – ou s’explique mieux si – on suppose un énoncé [e]prêté à l’énonciataire, auquel il répond – nous proposons de parler de dialogismeresponsif –, sans le reprendre. Ledit marqueur joue le même rôle que l’élément (ii) <strong>du</strong>dialogisme citatif. Au nombre de ces marqueurs, pour l’instant peu étudiés, mentionnonscertaines occurrences de clivage (Nowakowska 2004), les parenthèses <strong>et</strong> les appositionsexplicatives (notamment celles intro<strong>du</strong>ites par à savoir, en clair, en d’autres termes, i<strong>des</strong>t, c’est-à-dire). Le texte réalise ce dernier tour à trois reprises :(l. 48) (…) un principe simple : le président de la République cohabite, c’est-à-direrespecte la Constitution, mais le RPR s’oppose fermement <strong>et</strong> propose librement <strong>et</strong>clairement, c’est-à-dire respecte la volonté de ses militants <strong>et</strong> de ses électeurs.C’est pourtant à c<strong>et</strong>te seule condition que le RPR peut espérer commencer à recouvrer unpeu de crédibilité politique, c’est-à-dire un avenir.C’est-à-dire, comme les autres locutions conjonctives, « annonce une équivalence <strong>des</strong>ens ou une définition, une tra<strong>du</strong>ction » dit le Robert. Certes. On peut <strong>analyse</strong>r, dansune perspective dialogique, que par c<strong>et</strong> outil, le scripteur « s’oriente vers lacompréhension de l’autre », à savoir p. ex., si l’on prend la première occurrence <strong>du</strong>fragment cité, qu’il trouve que sa formulation « le président de la République cohabite »manque de clarté pour son lecteur, que la compréhension qu’il en fera risque de ne pas<strong>du</strong>
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