majoritaire, mais qui doit en même temps, dans une certaine mesure, composer avec ce<strong>discours</strong>, pour ne pas encourir un jugement d’anathème, surtout lorsqu’elle porte ledifférend sur la place publique d’un journal…3. Les deux <strong>discours</strong> <strong>du</strong> RPR convoquésOn pourrait s’étonner de ce que le texte use fort peu (l. 9, 33) de la forme prototypique<strong>du</strong> dialogisme, à savoir le <strong>discours</strong> rapporté. Revenons sur l’<strong>analyse</strong> de la secondeoccurrence :(l. 33) Après avoir affirmé <strong>et</strong> écrit que la nation était la première <strong>des</strong> valeurs gaullistes ona donné le sentiment fâcheux de vouloir la dissoudre dans la nébuleuse fédéraliste.Le scripteur rapporte, de manière indirecte, le <strong>discours</strong> <strong>du</strong> RPR, <strong>et</strong> semble ici non pass’opposer à lui, mais indirectement le partager. C’est que ce <strong>discours</strong> rapporté lui perm<strong>et</strong>de disqualifier le comportement de la majorité <strong>du</strong> RPR, qui n’en a pas tenu compte.Plus précisément, il apparaît que ce texte « dialogue » non pas avec un mais avec deux<strong>discours</strong> <strong>du</strong> RPR, qu’il convient de distinguer : le <strong>discours</strong> de la direction <strong>et</strong> de la majoritéactuelle <strong>du</strong> RPR auquel le scripteur s’oppose, nous l’avons vu ; <strong>et</strong> le <strong>discours</strong> antérieur <strong>du</strong>parti, qu’il oppose à ce <strong>discours</strong> <strong>et</strong> auquel il se rallie, comme le signale indirectementl’occurrence de <strong>discours</strong> rapporté que nous venons d’<strong>analyse</strong>r, ainsi que la mention, enmodalisation autonymique, de textes <strong>du</strong> RPR : le « manifeste pour nos valeurs », (l. 19),la « charte de l’élu » (l. 20), le « proj<strong>et</strong> pour la France » (l. 21), évalués trèspositivement (l. 18, « trois excellents textes »). M<strong>et</strong>tons en rapport c<strong>et</strong>te orientationdialogique avec la position idéologique de la contestation interne : la dissidence consisteà s’opposer non au <strong>discours</strong> <strong>du</strong> parti, mais à un <strong>discours</strong> majoritaire dénoncé comme sefourvoyant, <strong>et</strong> à se déclarer le vrai défenseur <strong>du</strong> vrai <strong>discours</strong> <strong>du</strong> parti. Querelle delégitimité…L’étude <strong>des</strong> marqueurs <strong>du</strong> dialogisme interdiscursif nous a permis de dégager les<strong>discours</strong> avec lesquels le texte étudié interagit, ainsi que le mode sur lequel il établit cesinteractions : le texte « dialogue » très latéralement avec le <strong>discours</strong> ambiant pourconfirmer son propos selon lequel le RPR traverse une crise ; ainsi qu’avec le <strong>discours</strong> del’adversaire politique, la majorité de gauche, pour lui donner un p<strong>et</strong>it coup de griffe. Ildialogue principalement avec le <strong>discours</strong> de la direction actuelle <strong>du</strong> RPR, pour s’opposerà lui, <strong>et</strong>, secondairement, lui opposer le <strong>discours</strong> antérieur <strong>du</strong> RPR, avec lequel ils’accorde.Si nous reprenons la figure 1, nous pouvons la compléter en explicitant les <strong>discours</strong>antérieurs avec lesquels le texte dialogue interdiscursivement :Structure dialogique <strong>du</strong> texte monologal analysé- (tour 1 : ((i) <strong>discours</strong> ambiant ; (ii) <strong>discours</strong> socialiste ; (iii) <strong>discours</strong> de la directionactuelle <strong>du</strong> RPR / <strong>discours</strong> antérieur <strong>du</strong> RPR)- tour 2 : texte Le malaise <strong>du</strong> RPR- (tour 3 : texte(s) ultérieur(s))Figure 22. 3. Dialogisme interlocutifLe dialogisme interlocutif (« dialogue » avec le <strong>discours</strong> ultérieur <strong>du</strong> lecteur) est-il lesymétrique <strong>du</strong> dialogisme interdiscursif (« dialogue » avec les <strong>discours</strong> antérieurs),comme nous invite à le penser la figure 2 ? Oui, dans sa généralité, mais non dans sondétail textuel. Le <strong>discours</strong> que le scripteur prête à son lecteur n’est pas, à la différence<strong>des</strong> <strong>discours</strong> précédemment explicités, posé comme déjà réalisé : au fur <strong>et</strong> à mesure de
l’avancée de son propre <strong>discours</strong>, le scripteur imagine les réactions discursives de sonlecteur, <strong>et</strong> interagit dialogiquement avec elles. Prenons un exemple :(L. 12) Le RPR aurait pu s’accommoder parfaitement, pendant quelque temps encore,d’une direction collégiale provisoire, ou, s’il y avait exigence statutaire, c<strong>et</strong>te électionaurait pu être organisée plus tôt ou plus tard, mais, en tout cas, avec une campagnebeaucoup plus courte. Le mouvement y aurait gagné en image, sans doute, mais surtouten efficacité.Analysons seulement le tour dialogique si [e] : E1, en disant si [e], reprend l’énoncé [e](dans le cas présent : « il y avait exigence statutaire ») qu’il impute à un énonciateur e1<strong>et</strong> en suspend la modalisation assertive (recul de la thèse à l’hypothèse). Or lapro<strong>du</strong>ction de l’énoncé [e] ne s’explique que comme réaction, prêtée au lecteur, àl’énoncé précédent <strong>du</strong> scripteur : « le RPR aurait pu s’accommoder parfaitement d’unedirection collégiale provisoire ». Soit, en donnant un équivalent dialogal de c<strong>et</strong>teséquence :A1 - Le RPR aurait pu s’accommoder parfaitement, pendant quelque temps encore,d’une direction collégiale provisoireB2 - ah non, il y avait exigence statutaire de procéder à l’élection <strong>du</strong> présidentA3 – (s’il y avait exigence statutaire,) c<strong>et</strong>te élection aurait pu être organisée plustôt ou plus tard, mais, en tout cas, avec une campagne beaucoup plus courte.Il apparaît clairement, dans ce texte dialogal imaginé, que B2 répond à A1 ; <strong>et</strong> que donc,dans le texte monologal, l’énoncé [e] « il y avait exigence statutaire » est la reprise, parle scripteur, d’une objection qu’il prête à son lecteur, en « réponse » à son proposprécédent.De sorte que, contrairement à ce qu’indique la figure 2, il convient de se représenter le textemonologal non seulement comme un tour de parole, articulé à <strong>des</strong> <strong>discours</strong> antérieurs <strong>et</strong> à <strong>des</strong><strong>discours</strong> ultérieurs, mais également comme structuré de façon interne à la façon d’uneinteraction dialogale composées de plusieurs tours de paroles, faisant alterner les réactions (inabsentia) prêtées à l’énonciataire aux propos de l’énonciateur E1, <strong>et</strong> les réponses (inpraesentia) de l’énonciateur E1 à ces réactions :- (tour 1 : ((i) <strong>discours</strong> ambiant ; (ii) <strong>discours</strong> socialiste) ; (iii) <strong>discours</strong> de la directionactuelle <strong>du</strong> RPR / <strong>discours</strong> antérieur <strong>du</strong> RPR)- tour 2 : texte Le malaise <strong>du</strong> RPR tour a (tour b : réaction de l’énonciataire) tour c : réponse de l’énonciateur (tour d : réaction de l’énonciataire) tour e : réponse de l’énonciataire- (tour 3 : texte(s) ultérieur(s))Figure 3Quelle relation au <strong>discours</strong> <strong>du</strong> lecteur, si tant est que l’on puisse distinguer celui-ci <strong>des</strong>autres <strong>discours</strong> étudiés (cf. infra), le scripteur développe-t-il ? Semble-t-il, la mêmeposture dissensuelle faite de ménagement ((i) concession, (ii) renchérissement) <strong>et</strong>d’affrontement ((iii) clivage <strong>et</strong> restriction).(i) La concession. Soit la structure prototypique [w, certes x mais y].Argumentativement, E1 avance w, s'accorde temporairement avec l'assertion de ximputée à e1 qui pourrait venir en contradiction argumentative de w, pour neutraliser paravance la conclusion qui pourrait être tirée de x en lui opposant (mais) y. L'énoncé x est
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