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Syntaxe et analyse du discours - Atelier des Sciences du Langage ...

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sur l’argument x [la réaffirmation forte <strong>et</strong> claire <strong>des</strong> idées <strong>du</strong> mouvement], implicitement attribué à un autreénonciateur, que nous désignerons comme 1, <strong>et</strong> qui, textuellement <strong>et</strong> discursivement, est co-référent avec E1.2. Posture d’affrontementLes précédents tours dialogiques, même s’ils relevaient d’une relation dissensuelle,faisaient une place au <strong>discours</strong> de l’autre, le prenaient en compte, en tout cas ne ledisqualifiaient pas frontalement. Ce qui est le cas dans les deux tours relativementrécurrents que nous allons maintenant <strong>analyse</strong>r : (i) le clivage (l. 2, 11, 50), (ii) lanégation restrictive (l. 26, 35, 43, 50).Nous avons proposé (Bres <strong>et</strong> Nowakowska 2004) de rapprocher, par delà leursdifférences syntaxiques, le clivage <strong>et</strong> la restriction, pour leur gestion commune <strong>et</strong>spécifique de l’énoncé enchâssé [e]. En eff<strong>et</strong> ces deux tours dialogiques - les marqueursde restriction ne… que 1 , <strong>et</strong> de clivage c’est… que/qui sont les traces de ce que l’énoncé[E] est en "dialogue" avec un autre énoncé [e] - se réalisent sur fond de négation de c<strong>et</strong>énoncé [e]. Mais alors que la plupart <strong>des</strong> autres tours dialogiques présentent en surfaceun élément x en tant que trace de l’énoncé présupposé [e], dans ces deux tours,l’élément y, imputable à E1, s’est totalement substitué à l’élément x, qui n’apparaît pas àla surface textuelle (mais qui peut être explicité cotextuellement).Le texte présente différentes occurrences de clivage <strong>et</strong> de restriction, dans lesquelles lescripteur efface, en lui substituant son propre <strong>discours</strong>, le <strong>discours</strong> d’autrui, que l’on peutidentifier contextuellement comme étant notamment celui de la direction <strong>du</strong> RPR(i)occurrences de clivage(l. 2) C’est parce qu’il y avait crise que Philippe Seguin est parti, <strong>et</strong> non l’inverse 2 .(l. 11) Or nous sommes un certain nombre à penser que c’est sur ce dernier point qu’il yavait urgence.(l. 50) C’est pourtant à c<strong>et</strong>te seule condition que le RPR peut espérer commencer àrecouvrer un peu de crédibilité politique, c’est-à-dire un avenir.(ii) occurrences de restriction(l. 26) Malheureusement, jusqu’à ce jour, le RPR n’existe dans les médias que par le jeu<strong>des</strong> pronostics sur l’issue de son élection interne (…).(l. 35) Il nous semble qu’il n’y a qu’une façon <strong>et</strong> une seule de r<strong>et</strong>rouver c<strong>et</strong>te crédibilité :le respect.(l. 43) Toutes les bonnes intentions exprimées ne resteront alors que verbiage.(l. 50) C’est pourtant à c<strong>et</strong>te seule condition que le RPR peut espérer commencer àrecouvrer un peu de crédibilité politique, c’est-à-dire un avenir.Analysons seulement l’occurrence l.50, qui combine clivage (c’est… que) <strong>et</strong> restriction(seule) 3 : l’élément clivé <strong>et</strong> excepté c<strong>et</strong>te condition, qui renvoie anaphoriquement au« principe simple » que le scripteur vient de développer longuement, vient ensubstitution <strong>et</strong> gommage de tout autre « solution », envisagée ou envisageable dans lecadre d’un autre <strong>discours</strong>, que l’on peut identifier comme visant notamment le <strong>discours</strong>majoritaire <strong>du</strong> RPR, qui se voit de la sorte à la fois convoqué <strong>et</strong> effacé.Le scripteur fait donc alterner, pour dialoguer de manière dissensuelle avec le <strong>discours</strong>majoritaire <strong>du</strong> RPR, les tours dialogiques qui lui accordent une place <strong>et</strong> le prennent encompte, <strong>et</strong> ceux qui lui refusent toute place, le rej<strong>et</strong>tent en le convoquant afin de mieuxl’exclure. Il est tentant de m<strong>et</strong>tre en relation c<strong>et</strong>te ambivalence dialogique avec laposition politique <strong>du</strong> scripteur : la contestation interne, faite de rej<strong>et</strong> <strong>du</strong> <strong>discours</strong>1 La restriction peut également se réaliser par seul, seulement : il ne boit que <strong>du</strong> vin / il boit seulement <strong>du</strong> vin.2 Nous avons ici une occurrence où le clivage se complète d’un tour négatif (« <strong>et</strong> non l’inverse »), qui faitapparaître l’élément x (il y a crise parce que Philipe Seguin est parti) auquel s’est substitué l’élément y par leclivage : « c’est parce qu’il y avait crise que Philippe Seguin est parti ».3 « c’est pourtant à c<strong>et</strong>te seule condition que (…) » = « ce n’est qu’à c<strong>et</strong>te condition que (…)

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