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Syntaxe et analyse du discours - Atelier des Sciences du Langage ...

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déterminé en même temps par la réplique non encore dite, mais sollicitée <strong>et</strong> déjà prévue »(1934/1978 : 103).Après avoir affirmé la différence de nature de ces deux 1 dialogisations, Bakhtine ajoutequ'elles « peuvent néanmoins s'entrelacer très étroitement, devenant difficiles à distinguerl'une de l'autre » (1934/1978 : 105) : c'est que la première tient à la rencontre <strong>des</strong> <strong>discours</strong>d'autrui, la seconde à la rencontre d'autrui comme <strong>discours</strong>. Rencontres de <strong>discours</strong>, c'est-àdiredialogue, fût-il interne :Toute énonciation, même sous forme écrite figée, est une réponse à quelque chose <strong>et</strong> estcontruite comme telle. Elle n'est qu'un maillon de la chaîne <strong>des</strong> actes de parole. Touteinscription prolonge celles qui l'ont précédée, engage une polémique avec elles, s'attendà <strong>des</strong> réactions actives de compréhension, anticipe sur celles-ci, <strong>et</strong>c. (Bakhtine1929/1977 : 105).Toute énonciation, quelque signifiante <strong>et</strong> concrète qu'elle soit par elle-même, neconstitue qu'une fraction d'un courant de communication verbale ininterrompu(ibid. : 136).Le fonctionnement de l'énoncé monologal est rapporté à celui <strong>du</strong> tour de paroledialogal : comme lui, il répond à <strong>des</strong> énoncés qui l'ont précédé <strong>et</strong> suscité <strong>et</strong> anticipe sur <strong>des</strong>énoncés ultérieurs qu'il suscite. Relevons dans les citations les termes de maillon <strong>et</strong> defraction : tout énoncé apparaît dans sa joyeuse incomplétude qui fait signe vers d'autresénoncés <strong>et</strong> invite à le replacer dans les dialogues internes (<strong>et</strong>, pour les genres dialogaux,externes) qui présidèrent à sa pro<strong>du</strong>ction, <strong>et</strong> peuvent seuls rendre compte de sa structure.L'autre en <strong>discours</strong> prend la forme de <strong>discours</strong> autres dont le <strong>discours</strong> procède, avec lesquels ilinteragit jusqu'à informer sa substance même. Ce qui con<strong>du</strong>it Authier-Revuz à poser que, dansla perspective dialogique bakhtinienne, l'autre « n'est ni le double d'un face à face, ni même le"différent", mais un autre qui traverse constitutivement l'un » (1982 : 103).Bakhtine prend soin de distinguer le dialogisme de la polyphonie : la polyphonie consisteen l'utilisation romanesque <strong>du</strong> dialogisme de l'énoncé quotidien 2 , utilisation dans laquelle lavoix <strong>du</strong> héros « résonne aux côtés de la parole de l'auteur <strong>et</strong> se combine d'une façonparticulière avec elle ainsi qu'avec les voix moins qualifiées <strong>des</strong> autres héros » (1961 : 11). Enconformité avec le champ musical auquel il est emprunté par métaphore, le terme depolyphonie pose ces différentes voix à égalité. Au contraire de l'énoncé quotidien qui (saufpeut-être dans le <strong>discours</strong> de l'aliéné), feuill<strong>et</strong>é par le dialogisme, présente les différentesinstances énonciatrices hiérarchiquement.2. Cadres de l'<strong>analyse</strong>La praxématique a radicalisé la remarque pédagogique de Tesnière selon qui « le nœudverbal […] exprime tout un p<strong>et</strong>it drame » 3 . La spectacularisation de la réalité peut être depremier degré :(1) les manifestants posent <strong>des</strong> questions sans apporter de réponses.1 Bakhtine pose un troisième type de dialogisme : « les rapports de dialogue entre lesuj<strong>et</strong> parlant <strong>et</strong> sa propre parole » (Bakhtine 1963/1970 : 212). Je ne traiterai pas dec<strong>et</strong>te dimension autodialogique.2C'est pourtant à partir <strong>du</strong> concept de polyphonie <strong>et</strong> non de celui de dialogisme que Ducrot1984 construit sa « théorie polyphonique de l'énonciation », en procédant à « une extension(très libre) à la linguistique <strong>des</strong> recherches de Bakhtine sur le littéraire » (p.173).3 Tesnière L., 1959/1982, Eléments de syntaxe structurale, Paris : Klincksieck, p. 102.

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