Yourcenar M., 1978, Nouvelles Orientales. Paris, Gallimard.Yourcenar M., 1988, Opowiesci Wschodnie. Warszawa, PIW.Yourcenar M., 1985, Oriental Tales. London, Aidan Ellis Publishing.Yourcenar M., 2000, Vostocnyie Novelly. Sankt-P<strong>et</strong>erburg, Amfora.Le MondeMidi Libre2006, in Perrin L. (éd.), Le sens <strong>et</strong> ses voix, Recherches linguistiques 28, M<strong>et</strong>z :Université de M<strong>et</strong>z, 21-48.Jacques Bres, Aleksandra NowakowskaPraxiling, ICAR, UMR 5191 CNRS -Montpellier IIIjacques.bres@univ-montp3.fraleksandra.nowakowska@univ-montp3.frLa réification complète mènerait inévitablement à unedisparition de ce qui est sans fin <strong>et</strong> sans fond dans le sens(Bakhtine 1952/1979/1984b : 385)Dialogisme : <strong>du</strong> principe à la matérialité discursiveNous développons depuis maintenant plusieurs années, dans le cadre de la linguistiquepraxématique (Détrie <strong>et</strong> al. 2002), qui s’attache à la <strong>des</strong>cription de la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> sens en<strong>discours</strong>, un travail sur le dialogisme. C<strong>et</strong>te recherche nous a con<strong>du</strong>it à étudier c<strong>et</strong>te notion danscertains de ses fonctionnements sémantico-discursifs (Bres 1997, Siblot 2001 , Dufour 2004,Laurent 2004, Lecler 2004), syntaxiques (Bres 1998, 1999, 2005a, Bres <strong>et</strong> Nowakowska 2004,Nowakowska 2004 a <strong>et</strong> b), énonciatifs (Barbéris 2005, Verine 2005), à la m<strong>et</strong>tre à l’épreuve del’<strong>analyse</strong> <strong>du</strong> texte littéraire (Barbéris <strong>et</strong> Bres 2002, Verine <strong>et</strong> Détrie 2003) ou de l’<strong>analyse</strong> <strong>du</strong><strong>discours</strong> (Bres <strong>et</strong> Nowakowska 2005), à expliciter le cadre méthodologique dans lequel nous lafaisions travailler (Bres <strong>et</strong> Verine 2003, Bres 2005b), en prenant appui, autant que faire se peut,sur le texte russe de Bakhtine (Nowakowska 2005). Nous entendons, aujourd’hui que l’occasionnous est donnée, de prendre un peu de hauteur par rapport à c<strong>et</strong> ensemble de travaux divers, (i)présenter la notion de dialogisme telle que nous la faisons travailler à partir <strong>du</strong> texte de Bakhtine;(ii) proposer <strong>des</strong> éléments de réponse à deux questions qui se posent à nous actuellement :l’articulation <strong>des</strong> deux notions de dialogal <strong>et</strong> de dialogique ; la mise en place, à côté <strong>du</strong> typeclassique de dialogisme, que nous appellerons citatif, d’un autre type de dialogisme : ledialogisme responsif. Nous illustrerons notre démarche par <strong>des</strong> exemples r<strong>et</strong>enus pour leursimplicité.1. Du dialogismeTout un chacun s’accorde pour attribuer la paternité de la notion de dialogisme aux écrits <strong>du</strong>Cercle de Bakhtine. Nous nous attacherons à proposer une définition de c<strong>et</strong>te notion (1.1.) ; nousprésenterons ensuite les différentes dimensions <strong>du</strong> dialogisme (1.2.) ainsi que les niveauxtextuels de son <strong>analyse</strong> (1.3.) ; nous proposerons une <strong>des</strong>cription de la structure de l’énoncédialogique (1.4.), avant d’évoquer les niveaux de la grammaire qu’il concerne (1.5.).1.1. Définition
La notion de dialogisme a été tirée à hue <strong>et</strong> à dia pour différentes raisons (Nowakowska 2004c).Si l’on revient au texte russe, il apparaît que Bakhtine forge la problématique <strong>du</strong> dialogismeprincipalement à partir <strong>du</strong> réseau <strong>des</strong> six termes suivants dérivés de dialog’ (‘dialogue’) : lesquatre adjectifs existants dans la langue russe : dialogicheskij, dialogichen (dialogique),dialogizuvujuchij (dialogisant), dialogizovanyj (‘dialogisé’) ; les deux noms qu’il crée :dialogichnost’ (‘dialogisme’), dialogizatzija (‘dialogisation’). Les quatre adjectifs pro<strong>du</strong>isent enlangue russe l’acception de ‘sous forme dialoguée’, nous dirions aujourd’hui dialogal ; <strong>et</strong> c’estparfois dans ce sens que Bakhtine les utilise, notamment pour les distinguer de monologicheskij,‘sous forme monologuée’ (nous dirions aujourd’hui monologal). Mais le plus souvent, ils luiservent à pro<strong>du</strong>ire le sens nouveau de dialogique, qu’il est en train de construire à l’aidenotamment <strong>des</strong> deux néologismes de dialogichnost’ (‘dialogisme’) <strong>et</strong> dialogizatzija (‘dialogisation’)(Nowakowska 2005).Bakhtine ne propose pas de définition <strong>du</strong> dialogisme. En appui sur ses textes, il nous semblepossible de l’appréhender par les phénomènes d’ouverture à, de mise en relation avec, parlesquels il se manifeste. Bakhtine qualifie fréquemment par l’adjectif dialogique les termes derapport, de relation, de contact. C<strong>et</strong>te interaction est posée au principe de la notion de sens :Le sens assimilable à une réponse. […] Le sens ne s’actualise pas tout seul, il procède de deuxsens qui se rencontrent <strong>et</strong> entrent en contact. Il n’y a pas un « sens en soi ». Le sens n’existe quepour un autre sens, avec lequel il existe conjointement. Le sens n’existe pas seul. (Bakhtine1952/1979/1984b : 366)La mise en relation par laquelle se manifeste le dialogisme est également posée au principe <strong>du</strong>fonctionnement de l’ « énoncé » (tra<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> russe vyskazyvanie, formé par nominalisation surle verbe vyskazat’/skazat’, dire, soit donc littéralement : ‘ce qui est dit’. « Enoncé » coiffe donc lesnotions de texte, de <strong>discours</strong>, de tour de parole, voire d’énoncé dans son acception de ‘phraseactualisée’) :Il ne saurait y avoir d’énoncé isolé. Un énoncé présuppose toujours <strong>des</strong> énoncés qui l’ont précédé<strong>et</strong> qui lui succèderont ; il n’est jamais le premier, jamais le dernier. (Bakhtine 1952/1979/1984b :355)Ce fonctionnement interactif tient au dialogisme de tout <strong>discours</strong>, que nous définissons commeson orientation, (dialogicheskaja orientatzija slova, ‘l’orientation dialogique <strong>du</strong> <strong>discours</strong>’1934/1975/1978 : 99) constitutive <strong>et</strong> au principe de sa pro<strong>du</strong>ction comme de son interprétation,vers d’autres <strong>discours</strong>. C<strong>et</strong>te orientation se manifeste sous forme d’échos, de résonances,d’harmoniques, qui font signe vers d’autres <strong>discours</strong> ; sous forme de voix, qui intro<strong>du</strong>isent del’autre dans l’un, pour paraphraser librement Authier 1995 : l’un – le suj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> ce qui accompagneconstamment sa pro<strong>du</strong>ction, à savoir son <strong>discours</strong> - n’existe, ne fait sens que dans son rapport àl’autre.Au nombre <strong>des</strong> difficultés qui rendent difficile la compréhension de la notion de dialogisme chezBakhtine, il convient de mentionner le fait que, dans son ouvrage Problèmes de la poétique deDostoïevski qui, pour diverses raisons, a été le premier de ses écrits à être tra<strong>du</strong>it en français(1970), le sémioticien a pro<strong>du</strong>it une autre notion, celle de polyphonie (en russe polifonija, oumnogogolose), ni tout à fait identique à celle de dialogisme, ni tout à fait différente d’elle, qui aeu, au moins dans les recherches linguistiques francophones, le succès que l’on sait. Comme l’amontré Nowakowska 2005, Bakhtine n’emploie le terme de polyphonie que dans c<strong>et</strong> ouvrage 1 , enl’associant systématiquement au domaine de l’écriture romanesque de Dostoievski, <strong>et</strong> sansl’articuler explicitement à la notion de dialogisme, dont il use par ailleurs dans ce même texte.L’étude fait apparaître que les deux notions reposent fortement sur l'idée d'un dialogue, d'une interaction entre deuxou plusieurs <strong>discours</strong>, voix ou énoncés ; que le dialogisme est un principe qui gouverne toute pratique langagière, <strong>et</strong> au-delàtoute pratique humaine, alors que la polyphonie consiste en l'utilisation littéraire artistique <strong>du</strong> dialogisme de l'énoncéquotidien.1 Contrairement à ce que l’on pourrait dé<strong>du</strong>ire <strong>des</strong> tra<strong>du</strong>ctions françaises.
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