sieste, ce n’est pas contre le soleil, c’est contre elles en (11) peuvent aisément êtr<strong>et</strong>ransformée en phrases clivées complexes 1 :(10a)’ ce n’est pas la maladie que l’on doit soigner mais sa cause(11a)’ Ce n’est pas contre le soleil que les paysans barricadent les portes de leursmaisons avant de s’allonger pour la sieste, c’est / mais contre elles.Les deux tours réalisent une rhématisation fortement dialogique de l’élément y (sa causeen (10), contre elles en (11)), explicitement opposé <strong>du</strong> fait de la négation à l’élément x(la maladie en (10), contre le soleil en (11)) ; ils laissent tous deux entendre un autreénoncé [e], auquel ils s’opposent dialogiquement, <strong>et</strong> qu’il est possible de reconstruire :(10) [e] on doit soigner la maladie(11) [e] les paysans barricadent les portes de leurs maisons avant de s’allongerpour la sieste contre le soleil.Mais ils proposent un traitement syntaxiquement différent de l’élément thématique z (l’on doitsoigner quelque chose, les paysans barricadent les portes de leurs maisons contre quelquechose avant de s’allonger pour la sieste) :- dans le clivage, z est intégré à la relative thématique que z (que l’on doit soigner, queles paysans barricadent […]) <strong>et</strong> ne peut que suivre c’est y, dans la mesure où y fonctionnecomme l’antécédent <strong>du</strong> « relateur omnifonctionnel » que (Le Goffic 1993 : 223) ;- dans le tour si z, c’est non x mais y, l’élément thématique z est enchâssé dans unesubordonnée circonstancielle d’hypothèse (si l’on doit soigner quelque chose, si les paysansbarricadent […]), en tant que telle mobile, mais qui de fait ne se présente guère qu’enposition initiale.La relation d’équivalence entre les deux tours est identique lorsque l’élément contratifnon x n’est pas explicité :(12) (interaction orale : une p<strong>et</strong>ite fille (A) vient de tomber <strong>et</strong> pleurniche, sonfrère (B) la console)A – je fais que tomberB – pleure pas / regarde il y a tes jou<strong>et</strong>s qui traînent partout / si tu tombes, c’està cause de tes jou<strong>et</strong>s il faut ranger un peu(13) (interaction orale entre une mère (A) <strong>et</strong> son fils (B))A – viens pas te plaindre aprèsB – ah ! je me plains moi ! s’il y en a un qui se plaint, c’est bien toiOn peut remplacer sans problème si z, c’est y (si tu tombes, c’est à cause de tes jou<strong>et</strong>s ;s’il y en a un qui se plaint, c’est bien toi) par une clivée simple 2 :(12’) c’est à cause de tes jou<strong>et</strong>s que tu tombes(13’) c’est toi qui te plainsComme précédemment, le clivage comme le tour si z, c’est y laissent entendre un énoncé [e]auquel ils s’opposent implicitement, <strong>et</strong> que l’on peut reconstruire comme :(12) [e] tu tombes à cause de x1 Je ne développe pas ici les restrictions, d’ordre syntaxique, qui dans quelques cas s’opposent à c<strong>et</strong>teéquivalence.2 Comme pour le clivage complexe (note précédente), l’équivalence entre les deux tours, dans quelques cas, nepeut être établie, pour <strong>des</strong> raisons syntaxiques.
(13) [e] x se plaintPareillement, l’élément z, à savoir tu tombes en (12), <strong>et</strong> x se plaint en (13), en secondeposition dans le clivage ([…] que tu tombes, […] qui te plains) est en tête de phrase dans l<strong>et</strong>our si z, c’est y : si tu tombes, c’est […]. Soulignons que dans (12) <strong>et</strong> (13), la thématicité del’élément z est, <strong>du</strong> fait que l’exemple est emprunté à l’oral, explicite : (si) tu tombes est unereprise par le locuteur B de je fais que tomber, <strong>du</strong> locuteur A ; s’il y en a un qui se plaint estune reprise de l’énoncé-écho je me plains !, qui lui-même reprenait dialogiquement viens paste plaindre après <strong>du</strong> locuteur A.Ajoutons que si la subordonnée d’hypothèse si z se présente dans ces quatre occurrences (<strong>et</strong>d’ailleurs dans toutes les occurrences de notre corpus) en tête de phrase, sa postposition, plusque difficile pour (10) <strong>et</strong> (13) 1 , semble possible en (11) <strong>et</strong> (12) 2 :(10’’) ? On en aurait besoin uniquement pour étudier les maladies en tant que phénomènes naturels, <strong>et</strong>non pour les soigner. Ce n'est pas la maladie mais sa cause, si l’on doit soigner quelque chose.(11’’) ce n’est pas contre le soleil, c’est contre elles, si les paysans barricadent les portes de leursmaisons avant de s’allonger pour la sieste.(12’’) c’est à cause de tes jou<strong>et</strong>s si tu tombes(13’’) ? ah ! je me plains moi ! c’est bien toi, s’il y en a un qui se plaint 3Cependant il convient de noter que la postposition, même dans les énoncés où elle est possiblecomme en (11’’) <strong>et</strong> (12’’), apparaît comme bien moins naturelle que l’antéposition ((11),(12)). Ce dont il nous faut maintenant rendre compte.3.2. Les raisons de l’antéposition de si z dans si z, (c’est non x), c’est yPourquoi si z tend-il très fortement à être en position initiale dans le tour si z, c’est y, alors quela subordonnée d’hypothèse, en général, dispose d’un placement plus libre, dans la mesure où,si elle est fréquemment antéposée (si P, Q : si j’avais les yeux verts, je ressemblerais àVittorio Gassman), elle peut être facilement postposée (Q, si P : je ressemblerais à VittorioGassman, si j’avais les yeux verts) ? J’évoquerai trois explications : l’ordre thème / rhème,l’identification, le dialogisme.1. Ordre thème / rhème. On peut m<strong>et</strong>tre en relation la place frontale de si z avec le caractèr<strong>et</strong>hématique de l’élément z : z étant le thème de l’énoncé si z, c’est y, la subordonnée si ztendrait à être antéposée pour recon<strong>du</strong>ire l’ordre préférentiel thème / rhème. De ce point devue, on pourrait rapprocher le tour si z, c’est y <strong>du</strong> pseudo-clivage (ce que z, c’est y), avec1 Difficulté qui tient à ce que dans ce cas, l’extraction porte sur un actant de la valence <strong>du</strong> verbe, qui oblige alorsà dégager une case indéfinie (quelque chose, un).2 Le Goffic note que l’énoncé si nous sommes réunis ici, ce n’est pas le fait <strong>du</strong> hasard, peut se présenter selonl’ordre inverse : ce n’est pas le fait <strong>du</strong> hasard si nous sommes réunis ici (1993 : 409).3 Différence de comportement que corrobore le test suivant : les énoncés (10’’) <strong>et</strong> (13’’) dans lesquels lapostposition de si z fait problème, deviennent acceptables si l’on fait suivre c’est y de que z :(10’’’) Ce n'est pas la maladie mais sa cause que l’on doit soigner, si l’on doit soigner quelque chose.(13’’’) ah ! je me plains moi ! c’est bien toi qui te plains, s’il y en a un qui se plaint.C<strong>et</strong> ajout de que z est impossible pour (11’’) <strong>et</strong> (12’’) :(11’’’) ?? ce n’est pas contre le soleil, c’est contre elles, que les paysans barricadent les portes de leursmaisons, si les paysans barricadent les portes de leurs maisons avant de s’allonger pour la sieste.(12’’) ??c’est à cause de tes jou<strong>et</strong>s que tu tombes, si tu tombes.
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non image, mais en efficacité » -
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