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no 81 a rayons ouverts - Bibliothèque et Archives nationales du ...

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Malgré ces visites, l’après-guerre marque une rupture, alors que certains éditeurs connaissent des difficultésfinancières. Pourquoi le vent tourne-t-il si rapidement ?Le vent a tourné après l’adoption <strong>du</strong> plan Marshall. L’investissement de millions de dollarsaméricains en Europe à partir de 1947 a permis aux éco<strong>no</strong>mies des pays dévastés de serelever rapidement <strong>et</strong> aux entreprises de reprendre leurs activités commerciales. Dans uneentrevue de 1974, BernardValiqu<strong>et</strong>te indiquait cinq grands facteurs qui ont provoqué la crisede l’édition québécoise après la guerre : 1) le r<strong>et</strong>our rapide <strong>et</strong> inatten<strong>du</strong> des livres françaissur les marchés internationaux (une des r<strong>et</strong>ombées <strong>du</strong> plan Marshall) ; 2) la dévaluation<strong>du</strong> franc, qui a ren<strong>du</strong> les ouvrages publiés en France plus compétitifs ; 3) l’augmentationdes coûts d’impression, qui a fait augmenter le prix des livres canadiens ; 4) la difficulté pourles ach<strong>et</strong>eurs étrangers de se procurer des biens en dollars américains, qui étaient alorsla seule devise acceptée dans les transactions financières ; 5) <strong>et</strong> finalement une baissedes achats de livres au Canada. La crise engendrée par tous ces facteurs combinés étaitdevenue tellement grave que les maisons d’édition étaient obligées de supporter descrédits très élevés. Ainsi,en quelques mois, plusieurs maisons furent balayées de la carte<strong>et</strong> certaines d’entre elles acculées à la faillite.Comment la période 1940-1948 est-elle ou n’est-elle pas liée à la deuxième moitié <strong>du</strong> XX e siècle ?Laisse-t-elle un héritage au milieu <strong>du</strong> livre québécois ?Les éditeurs de la guerre ont légué à leurs successeurs un bel héritage. D’abord, ils ont étéles premiers à développer des réseaux de distribution <strong>et</strong> de diffusion <strong>du</strong> livre québécoispartout en Amérique <strong>du</strong> Nord <strong>et</strong> à faire connaître la littérature québécoise dans le monde.Ensuite, plusieurs éditeurs qui ont appris leur métier sur le tas ont continué à être très actifsdans l’édition <strong>et</strong> la librairie au cours des décennies suivantes. Je pense <strong>no</strong>tamment à AndréDussault, à Claude Hurtubise <strong>et</strong> au père Paul-Aimé Martin. C<strong>et</strong>te <strong>no</strong>uvelle générationd’éditeurs a servi de modèle aux <strong>no</strong>uveaux venus des années 1950, comme Pierre Tisseyre(Cercle <strong>du</strong> livre de France) <strong>et</strong> Paul Michaud (Institut littéraire <strong>du</strong> Québec). Enfin, on peut direqu’ils ont donné naissance à l’édition moderne québécoise en sortant le Québec <strong>du</strong> folklorelittéraire où il était confiné depuis le milieu <strong>du</strong> XIX e siècle <strong>et</strong> en favorisant l’essor d’une littératurequébécoise exportable <strong>et</strong> universellement reconnue dans sa spécificité. C’est le pointde vue défen<strong>du</strong> avec force par Robert Charbonneau dans La France <strong>et</strong> <strong>no</strong>us, publié en 1947.À <strong>rayons</strong><strong>ouverts</strong> Automne 2009 N o <strong>81</strong>Sur une <strong>no</strong>te plus personnelle, comment le littéraire que vous êtes s’est-il mesuré à un proj<strong>et</strong> d’exposition<strong>et</strong> comment c<strong>et</strong>te expérience diffère-t-elle de vos accomplissements antérieurs ?Concevoir, préparer <strong>et</strong> superviser une exposition de c<strong>et</strong>te envergure, c’est tout un défi pourun chercheur d’abord habitué au circuit restreint des salles de cours, des colloques, des directionsde thèses <strong>et</strong> de publications destinées à un public spécialisé. Il s’agissait donc de dépasserce cercle étroit pour atteindre un plus grand public. Il fallait faire un effort de vulgarisationsans banaliser une matière riche <strong>et</strong> complexe, scénariser c<strong>et</strong>te histoire de manière dynamiqueafin de restituer toute la complexité <strong>et</strong> la richesse de l’expérience éditoriale.Heureusement, j’ai pu bénéficier de l’expertise <strong>et</strong> <strong>du</strong> savoir-faire des membres <strong>du</strong> personnelde Bibliothèque <strong>et</strong> <strong>Archives</strong> <strong>nationales</strong> <strong>du</strong> Québec, qui, sous la direction de ChristineBouchard <strong>et</strong> de Geneviève Murray, ont aplani bien des obstacles sur ma route. Nous avonsdû faire des choix qui se sont avérés parfois difficiles <strong>et</strong> même r<strong>et</strong>irer certaines piècesd’archives qui, pour des raisons techniques, ne pouvaient être exposées ou repro<strong>du</strong>ites dansle catalogue.Toutefois, avec plus de 200 artéfacts, mis en scène par tranches chro<strong>no</strong>logiques,le visiteur peut certainement se faire une bonne idée de c<strong>et</strong>te aventure éditoriale qui aconstitué un jalon important dans l’évolution des métiers <strong>du</strong> livre <strong>et</strong> dans l’histoire intellectuelle<strong>du</strong> Québec contemporain. ❚8

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