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Français - Bruno Manser Fonds

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Avril 2003Bulletin d’information sur les forêtsvierges, les peuples autochtones etle commerce du bois<strong>Bruno</strong>-<strong>Manser</strong>-<strong>Fonds</strong>


Sarawak-MalaisieLa privatisation des forêtsjk – Lors de la campagne électorale de 1981, qui aporté Abdul Taib Mahmud au poste de «Chief Minister»,les deux candidats (lui et son oncle) se sont traînésdans la boue, s’accusant mutuellement de corruption.Des documents remis aux médias prouvèrent que chacuns’était enrichi de manière illégitime. A l’époquedéjà, la forêt représentait le self-service le plus lucratif.Les concessions et licences d’exploitation offertessans scrupules aux parents et amis sont à la base del’immense richesse de l’élite du Sarawak. Or, la complicitéde celle-ci a permis à Taib Mahmud de maintenirjusqu’à aujourd’hui sa domination et son contrôlesur l’ensemble de l’économie du Sarawak, de laconstruction et de l’agriculture (huile de palme)jusqu’aux services et aux médias.En 2001, Taib Mahmud a obtenu un cinquième mandatde cinq ans en tant que Chief Minister. A cette occasion,il a laissé entendre qu’il ne restait que 10% deforêt vierge intacte au Sarawak. L’enrichissement àbon compte appartient donc au passé. Dans cecontexte, le gouvernement a remis la main sur unplan du début des années 1990, qui visait à privatiserl’ensemble du département des forêts.Aujourd’hui, près de 2000 de ses employés ont reçuune offre d’emploi dans un autre département ou unenouvelle firme. A l’avenir, le respect des dispositionslégales sera assuré par moins d’une douzaine de fonctionnaires.Cette réforme radicale, menée en grandepartie à l’insu du public, doit entrer en vigueur le1 er avril 2003. Ainsi, le gouvernement se dégagepratiquement de toute responsabilité!Développement durable au Sarawak: «Alors qu’il n’ya pas assez de jeunes plants …»Seul le parti d’opposition DAP (Democratic ActionParty) a combattu cette réforme: «Les forêts du Sarawak,son environnement et ses ressources naturellesappartiennent à tous les citoyens. Ils ne peuvent doncêtre privatisés, mais doivent être administrés par legouvernement dans l’intérêt de tous. Vouloir privatiserun département d’une telle importance constitue unepolitique irresponsable et à courte vue.»Par le passé, de nombreux exemples ont montréqu’une telle privatisation – effectuée le plus souventsans mise au concours publique – profite uniquementà une élite corrompue. Afin de combattre la corruption,le DAP exige en outre une plus grande transparence etune plus grande crédibilité lors de l’adjudication deprojets gouvernementaux. «Même s’il peut être utilede déléguer certaines tâches (mais non le département),le DAP maintient son point de vue que legouvernement doit prendre en considération d’autresalternatives pour l’amélioration de l’économie forestière,par exemple la certification.»Source: www.dapsarawak.com, 12.12.2002… «… et parce que les peuples autochtones occupent illégalement les territoires, notre programme dereboisement ne fonctionne pas», a dit Datuk Leo Chai, chef de la Samling Co. à l’occasion de l’assembléegénérale annuelle de l’Association Bois de Sarawak (Sarawak Timber Association), le 18 mars 2003.3 Tong Tana Avril 2003


Sarawak-Malaisie4 Tong Tana Avril 2003Pourvu que les arbres continuent à pousser jusqu’auciel – aussi pour les Penan. Arbre géant dansle Ulu Limbang, Juin 2002Plainte en justice contrele gouvernement et la Samling Co.jk – Dans le cadre de la procédure judiciaire engagéepar des Penan de Kelasau Naan contre la Samling etle gouvernement, une audition des avocats des troisparties a eu lieu le 4 janvier 2003. La séance traitaitde la requête visant à permettre à deux groupes deKenyah voisins des Penan de témoigner contre lesrevendications territoriales des quatre villages penans(voir Tong Tana, déc. 2002). Au moment de mettresous presse, nous n’avons pas encore connaissancede la décision correspondante de la cour de justice,mais la requête de la Samling étant sur plusieurspoints contradictoire, on peut penser qu’elle sera écartée.Entre-temps, quelque Kenyah se sont ravisés,conscients qu’ils sont souvent logés à la mêmeenseigne que les Penan et qu’ils ont peu d’intérêts encommun avec la Samling. Ils se demandent sérieusementsi au lieu d’agir contre leurs voisins (avec lesquelsils n’ont jamais eu de problèmes), ils n’auraientpas avantage à faire reconnaître leurs propres droitsterritoriaux par le gouvernement et la Samling!Une réserve forestière pourles Penan nomades?jk – C’est sur place, en décembre 2002, que le BMF aappris la réaction positive, en juillet 2002, du Départementdes forêts à la requête des nomades vivantdans la région des rivières Bareh et Magoh. Une réserveforestière de 5000 hectares a été accordée auxtrois groupes de nomades menés par Guman Megut,Bujan Lawai et Tebaran Agus. Cette annonce auraitmérité une fête, mais elle n’est intervenue que débutdécembre dans le bureau de la Sahabat Alam Malaysiaà Marudi, lorsque les Penan nomades s’y sont renduspour se plaindre de l’intrusion massive de sociétésd’exploitation (notamment la Samling …) dansleurs forêts et pour demander de l’aide. L’espoir d’unetournure positive des événements a fondu quandles nomades ont vu la carte qu’on leur présentait:dessinée à la main par les services du Départementdes forêts, cette réserve forestière visiblement troppetite avait une forme si vague qu’il était difficile de luireconnaître un caractère officiel, légal et contraignant– encore moins d’y déceler un périmètre forestierinexploitable. D’ailleurs, un tiers de la «réserve» avaitdéjà fait l’objet d’une exploitation «sélective» l’annéeprécédente et un autre tiers la subit actuellement. Unegrande partie des territoires penans attenants (où lachasse et la cueillette sont soumis au droit coutumier)ont également souffert du pillage des bois précieux.Dans la région des sources du Bareh et du Magoh – lapartie centrale de l’habitat des Penan amis de <strong>Bruno</strong>– une trentaine de ménages penans (plus de 150 personnes)s’efforcent encore de vivre de manière traditionnelle.Par la voix de son département des forêts, legouvernement du Sarawak a donc une fois de plus livréde fausses promesses. Il mise sur le temps qui passe:avides de profit, les responsables pensent que leproblème des Penan sera résolu le jour où la forêtn’existera plus. Avec la privatisation du département,le plan de la «réserve forestière» finira d’ailleurs dansla corbeille à papier …Le BMF a soutenu financièrement le combat des troisgroupes de nomades. Dans le cadre du projet decartographie (en grande partie financé par la fondation«Kunst für den Tropenwald»), il prévoit de réunir cetteannée encore les documents établissant la légitimitéde leurs droits territoriaux et coutumiers. Le but est depouvoir soumettre aux tribunaux le plus rapidementpossible les revendications d’au moins deux groupesde nomades.Projet de cartographiejk – Pour me rendre compte de l’état d’avancement duprojet et discuter du plan annuel 2003, j’ai passé 10jours au Sarawak au mois de décembre. Dans troisvilles suffocantes, j’ai rencontré tous les partenairesdu projet. J’ai eu une impression très positive dutravail accompli, de l’engagement et de la dispositiondes participants à coopérer entre eux. Ce n’est pasune mince affaire de mener un aussi vaste projetdans des conditions locales aussi difficiles (savoirfaire/personnel,technique/infrastructure, moyens financiers,etc.). Pour pouvoir garantir, à l’avenir aussi,le soutien financier du projet, nous sommes tenusd’obtenir des résultats. Mais au Sarawak, les faiblessesénumérées ci-dessus et le mode de vie et depensée local (pas encore partout habitué au travail àlong terme), c’est un véritable casse-tête. De plus,l’économie de subsistance traditionnelle (chasse etcueillette, ensemencement/récolte du riz) et les conditionsmétéorologiques (saison des pluies) poussentconstamment les Penan à se fixer d’autres priorités.Le projet de cartographie sur trois ans est néanmoinssur la bonne voie et la première phase sera achevéecomme prévu au milieu de l’année.


Sarawak-MalaisieSoutien courageux de Robin Wood pour les indigènes Malaisiens le 13 février à Hamburg.5 Tong Tana Avril 2003Hambourg veut reconnaître le labelmalaisien des bois tropicauxjk – Le Sénat de Hambourg a décidé en 1996 den’utiliser pour ses bâtiments publics que des boistropicaux certifiés FSC (www.fscoax.org). En tant quemembre de l’Alliance internationale pour le climat(www.klimabuendnis.org), la ville s’est en outre engagéeà contribuer à la protection des forêts pluviales etdes droits des autochtones. Mais le 11 décembre2002, les responsables hambourgeois de l’économieont invité Robin Wood, Greenpeace et le WWF, ainsique le syndicat IG B.A.U., à une «table ronde» sur cettequestion. Les ONG ont alors été confrontées à unprojet déjà très avancé, visant à accepter aussi – àl’essai pour deux ans – le certificat d’État malaisien.Argument présenté: «La Malaisie paraît décidée àrevenir à la gestion durable des forêts après desdécennies d’exploitation sauvage (de pillage desressources)» (citation de Folkhard Spangenberg, duSénat de Hambourg). Qu’une telle déformation de laréalité puisse être partagée par l’Association faîtièredu commerce du bois allemand n’a rien d’étonnant.Les organisations de défense de l’environnement etles organisations ouvrières avaient déjà rejeté ce projetlors d’une première réunion, en se fondant sur desrapports des principales organisations de défense del’environnement et des autochtones de Malaisie et duSarawak, qui s’étaient retirées en 2001 du processusde certification malaisien, toutes leurs objections(notamment quant aux droits fonciers et coutumiersdes indigènes, voir www.rengah.c2o.org) ayant étébalayées. Ignorant ces objections, les responsablesde l’économie s’en sont tenus à leur idée et ontsimplement convoqué une autre «table ronde». Enprocédant de la même manière, la Malaisie prétenddepuis des années que tous les partenaires importantsparticipent au processus de certification …La référence aux rencontres informelles qui ont eu lieuentre le Conseil de certification malaisien MTCC (relevantde l’économie d’État) et le Forest StewardshipCouncil FSC a été à plusieurs reprises abusivementutilisée par le MTCC (en dépit des protestations)comme «preuve» que le FSC reconnaît le processusmalaisien de certification. Mais tel n’est pas le cas,car dans le système FSC, les droits des groupes depopulation locaux (anciens) sont placés au-dessus desintérêts de l’industrie du bois, un pas que la Malaisien’est pas prête de franchir. A cela, il faut ajouter quece système de certification – pratiquement aux mainsde l’industrie – ne veut pas se laisser contrôler par desorganes indépendants (ce qui est obligatoire avec lacertification FSC). Les ONG ont donc renoncé à lapseudo-participation à la table ronde du 13 février2003, tandis que des militants de Robin Wood installaientune banderole sur le toit du bâtiment («Hamburgauf dem (Ab)Holzweg»).Par leur protestation, les organisations de protectionde l’environnement ont réussi à empêcher une adoptionrapide du projet. Les astucieuses autorités économiquesse disent maintenant prêtes à accepter despropositions de normes minimales, sans toutefois renoncerà reconnaître le MTCC à terme. Les dés ne sontpas encore jetés, car Hambourg abrite des organisationsde protection de l’environnement et de la forêtpluviale qui comptent parmi les plus actives. Mais laprotestation doit venir aussi de l’extérieur, afin que leSénat comprenne que les organisations environnementalesn’accepteront pas – ni ici ni ailleurs – unecertification de bois tropicaux pour les bâtimentspublics qui ne soutienne pas sans réserve les droitsterritoriaux des peuples forestiers.Participez à l’action online de «Rettet denRegenwald»: http://www.regenwald.org/new/aktuelles/hamburg/protmail.htm!


International6 Tong Tana Avril 2003Le FSC sous la loupejrd – Le Forest Stewardship Council (Conseil de gestionforestière FSC) octroie son label à des entreprisesd’exploitation, de façonnage et de commercialisationdu bois en garantissant que ce produit provient d’uneéconomie forestière durable, qui assume ses responsabilitésen matière écologique et sociale. Dans unrapport récemment publié*, la Rainforest Foundation(GB) démontre, à l’aide de neuf exemples tirés dumonde entier, que ses affirmations sont souventfausses et que des réformes approfondies sont nécessairespour que le FSC soit conforme à ses propresexigences et aux attentes du public.Les images négatives (on se souvient par exemple del’affaire de la plantation de teck d’une firme indonésienne,voir Tong Tana, août 2001, p. 6/7) sont préjudiciablesà la réputation du FSC.De l’avis de la Rainforest Foundation, les pointssuivants sapent la crédibilité du FSC:– Le contrat d’accréditation (à usage interne) joue unrôle capital au sein de l’organisation. Il règle lesrelations entre le FSC et les sociétés chargées dela certification (par ex. SCS, Smart Wood). Cellescieffectuent la surveillance sur le terrain, contrôlentles filières commerciales et octroient le labelaprès évaluation. En raison de leur importanceéconomique, elles ne sont guère surveillées par lesecrétariat FSC, et encore moins sanctionnées encas d’infraction aux principes et critères du FSC.– Les recettes des sociétés «indépendantes» chargéesde la certification sont d’autant plus grandesqu’il y a davantage de surfaces à certifier, ce quipeut conduire à un conflit d’intérêts avec lesstrictes exigences du FSC. Les sociétés énumèrentcertes des conditions qui doivent être rempliesaprès un certain temps, mais elles n’ont évidemmentaucun intérêt à rejeter une demande decertification. Au mieux, leur attitude attentisteconduira à une amélioration future de l’exploitationdu bois. Mais les produits peuvent être vendus dèsle début avec le label FSC!– Les sociétés habilitées à certifier se distinguentles unes des autres par leur interprétation et leurapplication des principes et critères FSC. Parailleurs, les experts qu’elles engagent pour surveillerl’entreprise sur place n’ont aucun moyen defaire appliquer leurs recommandations (ils sonttenus au secret); la direction de la société est doncseule à décider.– Du fait de la concurrence d’autres systèmes decertification (en général lancés par l’industrie), leFSC cherche à s’étendre rapidement sur denouvelles surfaces. Cette stratégie conduit à desimpasses, à l’adoption de critères moins rigoureux(comme la clause du pourcentage) ou à l’admissionde promesses (au lieu d’améliorations réellesde la gestion). De manière générale, elle conduit àmettre l’accent sur la quantité et non sur la qualité.Le FSC est la plus sévère des certifications au plandes exigences; obtenir son label reste donc difficileet plutôt onéreux. Il ne peut donc en aucun cass’imposer quantitativement face à des labelsmoins exigeants.– Créés notamment par le WWF, les groupes etréseaux de commerçants («Wood Groups») quis’engagent à ne vendre que des produits en boisFSC engendrent une demande qui ne peut guèreêtre satisfaite par la production actuelle. Lessurfaces certifiées FSC doivent donc absoluments’accroître, afin que la livraison de bois FSC correspondeà la demande.– Dans le système des principes et critères, ilmanque une définition claire des manquements(aussi bien au niveau de l’exploitation qu’au niveaudes conditions-cadre de l’État) qui entraînent unrefus/un retrait de la certification.L’intérêt initial pour les certifications a été suscité parles appels au boycott des bois tropicaux ou desproduits en bois provenant du pillage de forêts primaires:les fournisseurs, les services de l’État et lesdétaillants voulaient pouvoir proposer un vaste assortimentde produits en bois sans être constammentconfrontés à des actions de protestation et des mouvementsd’opposition. Mais aujourd’hui, la certificationdu bois et des produits en bois ne laisse qu’unefaible marge, si bien que les entreprises cherchent unlabel plus avantageux ou des sociétés de certificationmoins sévères. Parfois aussi, elles les opposent lesunes aux autres.Les auteurs du rapport arrivent à la conclusion que cesdernières années, le FSC a changé: d’une organisationdestinée à améliorer la gestion forestière, il est devenuun instrument pour une meilleure commercialisationdes produits en bois. Ils proposent donc d’importantesréformes, par exemple l’octroi du label par lesecrétariat FSC lui-même (s’appuyant sur des groupesde travail nationaux), sans intermédiaires. Les différentesmesures proposées devraient amener davantagede transparence et conduire à des décisions plusdémocratiques.De plus, les auteurs recommandent au FSC d’occuperune niche qualitative au lieu de viser une croissancesans frein, autrement dit de n’accorder le labelqu’à des entreprises constituant vraiment de bonsexemples du point de vue de l’application de ses principestrès stricts.* S. Counsell & K.T. Loraas (2002): Trading in Credibility – The mythand reality of the Forest Stewardship Council. 159 p.Liens:www.rainforestfoundationuk.org/FSC/RFA4REPORTfull.pdf ouwww.rainforestfoundationuk.org/FSC/FSCReport.htmlwww.fscoax.org


InternationalLa réponse du FSCjrd – Récemment, le secrétariat du FSC a répondu àces critiques. Il constate d’emblée que les problèmestraités dans le rapport sont connus depuis longtemps,et qu’ils ne représentent pas un défaut insurmontablede la certification. Mais dans sa réponse**, il reconnaîtque de nombreuses améliorations sont nécessaires.Le FSC recourt à des organisations accréditées parsouci d’efficacité. S’il procédait lui-même aux certifications,les résultats ne seraient guère meilleurs. Uncontrôle plus actif de ces organisations est cependantsouhaitable. Le FSC souligne que ses propres investigationsn’ont fourni aucune preuve de complicité entredes entreprises et les organisations chargées deprocéder à leur certification. Il réfute le reproche selonlequel son propre personnel serait incompétent et pasassez motivé pour imposer les règles du FSC et encontrôler la mise en œuvre.Les «Wood Groups» et leur importante demande enbois FSC constituent un soutien déterminant pour lesuccès jamais démenti du système de certification.Plutôt que de chercher à établir quels seraient les«manquements manifestes» incompatibles avec la certification,le secrétariat préfère aider les acteurs àmieux appliquer les règles du FSC.L’analyse du secrétariat s’avère soigneuse et souventtrès détaillée. De nombreuses erreurs y sont admises.On est pourtant étonné de lire combien d’améliorationsont été récemment apportées au système, et lenombre de perfectionnements précisément à l’étudeen ce moment (en collaboration avec les commissionsles plus diverses)!** H. Liedeker (2003): An FSC Analysis of the Rainforest Foundationreport, «Trading in Credibility». 26 p.Coupé mais pas par lui! Ulu Limbang, 1999.Encore peut-il vivre dans la forêt. Ulu Limbang,août 2002.7 Tong Tana Avril 2003La position du BMFLe BMF a toujours jugé d’un œil critique une certification présentée comme le (seul) moyen de protéger la forêtvierge. Il n’est d’ailleurs pas membre du FSC. Un aspect problématique de ce système de certificationforestière, c’est qu’il n’exclut pas clairement l’exploitation commerciale des forêts primaires. De plus, lesplantations substituées à la forêt peuvent également être certifiées. Certes, il n’est pas déraisonnable, pourtenir compte des besoins de la population locale, de certifier des reboisements d’aspect naturel (faits aumoyen d’essences indigènes, sans monocultures, sur des terrains qui n’ont pas été déboisés spécialementdans ce but), mais ces zones devraient recevoir un nouveau label, bien distinct.Nous reconnaissons que de tous les labels du bois, celui du FSC est le meilleur. Mais nous pensons qu’ildevrait être attribué de manière beaucoup plus restrictive et conséquente. Le rapport évoqué ici nous confortedans une attitude prudente. Nous soutenons plusieurs des mesures fondamentales proposées pour réformerle système FSC. Mais même un excellent label ne rend pas superflues les mesures de l’État telles que ladéclaration obligatoire du bois et des produits en bois (essence et provenance), la lutte contre l’exploitationillégale et les contributions directes pour la protection des dernières forêts vierges et de leurs habitants.Pour nous, rien n’a changé: nous devons toujours accorder la préférence à du bois suisse ou de pays voisins,ne serait-ce que pour raccourcir les distances de transport. Si ces produits portent un label FSC, tant mieux.Dans nos contrées, les exigences du FSC conduisent à une gestion des forêts qui va au-delà des prescriptionslégales (par ex. en laissant quelques arbres morts sur pied pour accroître la biodiversité).


InternationalPulung Tau – une nouvelle réservetransfrontalière au SarawakEn novembre 2002, j’ai participé à la 21 e session duConseil international des bois tropicaux (CIBT) à Yokohama(Japon). J’y ai appris que le Chief Minister duSarawak avait demandé le soutien de l’Organisationinternationale des bois tropicaux (OIBT) pour la créationde la réserve de Pulung Tau, qui jouxtera le parcnational indonésien de Kayan-Mentarang. Durant plusde 20 ans, le projet de protection de cette zone a butésur sa mise en œuvre, comme 20 autres projets deréserves. Après plus de 10 ans d’une exploitationforestière intensive des territoires traditionnels desKelabit et des Penan, cette démarche est particulièrementbienvenue.Les aires de protection transfrontalières (TransboundaryConservation Areas TBCA) font partie d’un programmede l’OIBT pour la préservation de la biodiversitédans des régions d’une grande valeur biologique,situées à cheval sur deux ou trois. En Afrique du Sud,les réserves de ce type sont dénommées «Parques dela Paix» en raison de leur rôle pacificateur dans lesconflits frontaliers.Le programme a été mis en œuvre pour la premièrefois en 1994 avec le jumelage des aires protégées deLanjak Entimau (Sarawak) et de Betung Kerihun (Kalimantan),dont le but est de protéger le dernier refugede l’orang-outan. Avec ses 1915 km 2 , la réserve deLanjak Entimau est la plus vaste du Sarawak et sera àson tour candidate au statut de Site du patrimoinemondial (de l’UNESCO).Au Sarawak, les projets de ce genre sont toujours misen œuvre de «haut en bas»: le gouvernement délimiteune surface destinée à être protégée, puis négociedes paiements compensatoires avec les peuples privésde droits ou de biens légitimes. Malheureusement,l’ensemble du processus manque de transparence.De plus, les populations locales ne sont pasassociées durablement aux efforts de protection.Or, les communes concernées ne perdent pas seulementdes ressources, mais aussi tout ou partie de leurL’ombre du Batu Lawi démontre le territoire d’AlongSega – et les routes de l’entreprise Samling;juin 2002.patrimoine historique et culturel. Elles ont intérêt àoccuper – aujourd’hui et demain – un espace vitalsûr et sain. Qu’une grande diversité d’espèces existeprécisément encore sur leur territoire n’a rien defortuit: le modèle d’exploitation qu’elles ont appliquédurant d’innombrables générations garantit unegestion durable des ressources naturelles – donc leurprotection. Les responsables confrontés à ce genre deproblèmes devraient s’en inspirer.Au lieu d’être reconnue utile à la conservation desressources, la population locale est considérée icicomme une menace. Or, elle ne le devient qu’aumoment où elle est privée de son espace vital naturel,par exemple par de grands projets de développementou par l’industrie du bois.La mise en œuvre du projet Pulung Tau dans le cadredu programme TBCA pourrait être annoncée officiellementlors de la prochaine session de l’CIBT à Yokohama.La région de Pulung Tau s’étend sur la zonesourcière de trois importants cours d’eau du Sarawak(Baram, Limbang et Lawas). Le massif de Batu Lawi setrouve dans la même région. Avec ses extraordinairestours calcaires et ses nombreuses formes de vie endémiques,il joue un grand rôle dans la vie culturelledes habitants. Malheureusement, le Batu Lawi n’estpas compris dans le projet, la Samling Co étant déjàen passe de le déboiser. Il faut espérer que les droitsdes Penan nomades, dont le territoire touche auxlimites du TBCA dans la région de l’Adang, seront cettefois reconnus – comme demandé par les conventionsinternationales.Du 15 au 21 février, j’ai aussi pris part en Thaïlande àune séance de travail commune de l’UICN et de l’OIBT.Environ 80 experts se sont efforcés de rendre plusefficace la protection des TBCA. Ils ont établi que leséléments-clés d’une mise en œuvre fructueuse desmesures sont d’une part la volonté politique et d’autrepart des composantes sociales, notamment la participationdes parties concernées. Dans le cas de PulungTau, il existe un fort soutien local, mais on ignore dansquelle mesure les peuples touchés par le projet seronteffectivement associés au processus de mise enœuvre. En tant que Kelabit, je fais partie d’un grouped’intérêt touché par le projet. Or, jusqu’à présent, jen’ai pu ni l’étudier, ni me prononcer à son sujet. Lemanque de transparence et une participation insuffisantedes groupes concernés ont des effets trèsnégatifs: telle était la conclusion des experts réunis enThaïlande.En langue kelabit, Pulung Tau signifie «La forêt de notrecommunauté». Nous espérons que l’esprit communautaireauquel se réfère ce nom pourra réellements’imposer, contrairement à ce qui se passe avecl’industrie du bois, dont les activités destructrices neprofitent toujours qu’à un petit nombre de personneshaut placées.Anderson Mutang Urud-Blanchet


Suisse10 Tong Tana Avril 2003Pas seulement pour les marchants de bois, maiségalement pour ceux touchés par le déboisement, …… la OIBT porte des responsabilités. Les peuplesindigènes doivent être écoutés …L’Organisation internationaledes bois tropicaux OIBTjk – Au printemps 2001, le BMF et GfbV Suisse(Société pour les peuples menacés) ont lancé unepétition demandant que la Suisse se retire de l’OIBT,simple organisation commerciale destinée à promouvoirle commerce international des bois tropicaux.Durant des années, l’affiliation de notre pays à l’OIBTlui a servi de politique officielle en la matière. Tant leConseil fédéral que le Parlement ont refusé d’admettrequ’ils ont aussi une responsabilité envers la sociétécivile, et que leur politique ne doit pas seulement viserà offrir un profit maximum à l’industrie privée.L’unique but à incidence sociale de l’OIBT – uncommerce limité dès l’an 2000 au bois produit dansdes forêts à gestion durable – n’ayant de loin pas étéatteint, nous avons donc demandé le retrait de laSuisse de cette organisation-alibi; ou pour le moinsque soit créé un fonds en faveur des peuples concernés(pas seulement ceux des forêts pluviales) alimentéchaque année par une somme équivalant auxpaiements annuels de la Suisse à l’OIBT. En outre,nous demandons qu’au sein de l’OIBT, la Suisses’engage pour l’introduction d’un étiquetage completdes produits (essences et pays d’origine), l’interdictiondu commerce des bois illégaux et la promotiond’une certification crédible, selon les critères del’exploitation durable. Par la suite, des interventionsciblées ont été faites dans ce sens au Conseil national,mais elles n’ont pas encore été traitées.En novembre 2002, la convention qui est à la base del’OIBT, l’International Tropical Timber Agreement ITTA,a été prorogée une dernière fois pour trois ans. Lesnouvelles négociations ont commencé avec le processusde ratification des pays membres, et le BMF a étéinvité à exposer son point de vue sur l’OIBT et l’ITTAlors du Forum de discussion du 18 mars 2003. Nousavons saisi cette possibilité pour demander, avec laGfbV, que l’OIBT institue un organe de recours permanentpour les peuples touchés par l’exploitation commercialedu bois ainsi que pour les organisations dedéfense de l’environnement. Car on ne voit pas pourquoil’OIBT – en fait une organisation de lobbying de lafilière du bois – accepte les recours de l’industrie dubois (par ex. quand elle s’oppose à l’introduction parla Suisse d’une déclaration obligatoire), mais refused’écouter ceux qui se plaignent des conséquencessociales et écologiques des activités de cette industrie.Si ces initiatives étaient acceptées, l’OIBT deviendraitun élément complémentaire, judicieux, d’une vraiepolitique suisse des forêts pluviales!… comme ici à Porto Alegre lors du Forum SocialMondial.


Suisse11 Tong Tana Avril 2003FSC-Bois tropical pour les communesamies des forêts anciennesjk – Il y a quelques mois, un menuisier a demandé auBMF s’il était permis à une commune amie des forêtsanciennes d’utiliser du bois de Jatoba issu d’une entreprisesylvicole certifiée par le FSC. Attendu que lenuméro de certificat communiqué correspondait effectivementà l’essence susmentionnée mais que le BMFn’était guère au fait du fonctionnement du FSC, nousavions orienté l’auteur de la demande vers le WWF,moteur du FSC. Après confirmation par le WWF de laconformité de l’utilisation évoquée, nous avionsinformé l’architecte que le certificat était conforme.Rapidement, une firme suisse de certification s’estmanifestée pour nous reprocher d’abuser du labelFSC. Il n’est bien entendu pas à exclure de voir effectivementgaspillé du Jatoba FSC. Toutefois, une garantieréelle ne pourrait découler que d’une certificationFSC complète de l’ensemble de la chaîne de distribution,soit depuis l’exploitation sylvicole sud-américainejusqu’à l’utilisateur final, c’est-à-dire notre poseur deparquet. Dès lors que, dans le cas qui nous occupe, nil’intermédiaire ni l’utilisateur final ne bénéficient d’uncertificat FSC, il faut hélas partir du principe que leJatoba posé découle d’une exploitation abusive de laforêt tropicale.Seule la certification intégrale de la chaîne de transformationet de distribution permet un contrôle completde toutes les entreprises impliquées. Si un intermédiairen’est pas disposé à solliciter la certification,il est impossible de s’assurer qu’il ne mélange du boisFSC avec du bois tropical d’une exploitation abusive.En clair, le BMF et le WWF ont été trop prompts àdonner leur accord. Car, lorsque nous avons remarquél’erreur commise, le revêtement avait déjà été posé. Sila commune donneuse d’ordre ne peut qu’être félicitéede sa volonté de respecter son engagement enfaveur des forêts anciennes, cet épisode édifiant nousamène à la conclusion suivante: plus la demande enbois tropical FSC augmente, plus il nous faut fairepreuve d’attention.Communes et cantons suisses amisdes forêts anciennesjrd – Le 6 janvier 2003, la commune de Sissach (BL)s’est engagée à renoncer au bois des forêts primaireset à choisir de préférence du papier recyclé. Dans lecadre d’une conférence de presse (le 18 mars, à lamaison de commune de Sissach), Greenpeace Suisseet le BMF ont saisi cette occasion pour faire le pointsur l’action «Communes amies des forêts anciennes».John Künzli a cité <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>: «De quel droitconsommons-nous des biens qui ne sont pas de noscontrées? Nous ne tolérons pas de pratiques destructriceschez nous, mais nous continuons d’importerdes biens dont la production entraîne la destruction deforêts vierges – c’est inadmissible.»Puis Annemarie Spinnler (collaboratrice du servicecantonal BL de protection de l’environnement) expliquales incidences de notre consommation de papiersur la protection des dernières forêts vierges.Elisabeth Alter (responsable des constructions de lacommune d’Aesch/BL) parla ensuite des constructionsen bois indigène et du bâtiment MINERGIE «Phoenix»,parfait exemple d’une nouvelle maison de jeunesse respectueusede l’environnement (voir www.phoen-x.net/).Kuno Roth (Greenpeace) et John Künzli remirent alorsl’attestation aux délégués de neuf communes amiesdes forêts anciennes des cantons de Bâle-Campagneet de Bâle-Ville. Au nom des communes concernéesdes deux Bâle, Petra Schmidt (maire de Sissach)remercia les deux organisations.Par la suite, la conseillère nationale Maya Graf (originairede Sissach) évoqua ses initiatives parlementairesvisant à amener la Confédération à se montrer plusamicale envers les forêts anciennes (priorité au papierrecyclé, pas de bois issu d’exploitations illicites).Enfin, Kuno Roth termina en soulignant qu’il n’est pasdifficile de contribuer à ménager les forêts vierges: «Le12 mars, le BMF et Greenpeace ont écrit à tous lescantons de Suisse pour les inviter à s’associer à cetteaction.» Les volumes d’achat des administrationscantonales sont considérables. Par un choix judicieux,les cantons peuvent donc influencer positivement lavente de produits écologiques.Depuis décembre 2002, plusieurs communes ont prisl’engagement de respecter les forêts anciennes:Krummenau et Oberhelfenschwil (SG), Igis (GR),Sissach et Zunzgen (BL), Laupen, Längenbühl etRüegsau (BE), Bischofszell (TG), Plan-les-Ouates (GE).Ces communes, ainsi que les 327 précédentes, ontdonc reçu leur attestation.Les communes et corporations qui s’intéressent ànotre action, ainsi que les personnes qui souhaitentque leur commune s’y associe peuvent demandernotre documentation au BMF (tél. 061 261 94 74) oula télécharger sur Internet (www.foretsanciennes.net).Des communes de Bâle-Campagne et Bâle-Villeaiment la forêt vierge – félicitations!


Nouvelles du BMFDisparu depuis 3 ans: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>, philanthrope et écologiste.12 Tong Tana Avril 2003Nouveau: Tong Tana – Le ParadisPerdu (film vidéo)Dix ans après le premier «Tong Tana», un nouveau documentairea été tourné en 1999/2000 à Bornéo:Tong Tana – Le Paradis Perdu. Par de belles images, ilmontre la plus ancienne forêt pluviale au monde, ainsique les Penan visités par <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>. Mais ilprésente aussi un aperçu des destructions entraînéespar l’exploitation commerciale du bois. Grâce à l’amabilitéde la Télévision Suisse Romande TSR, le film(VHS ou Secam) est maintenant disponible en françaisau BMF, au prix de CHF 45.—, €/$ 29.50 (+ fraisd’envoi).Exposition du BMF auprintemps 2003bmf – Dans le Toggenburg (Probstei de St. Peterzell)se déroulera le 30 mai à 18.00 heures le vernissagede l’exposition «Les carnets de notes de<strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>». Celle-ci sera ouverte durant unmois et présentera à nouveau une hutte penan (quisera probablement édifiée durant la semaine saintedéjà). Les personnes qui n’ont pas encore vu cetteexposition devraient absolument saisir cettechance!ImpressumTong Tana – Journal du <strong>Bruno</strong>-<strong>Manser</strong>-<strong>Fonds</strong> (BMF)Association pour les peuples de la forêt pluvialeHeuberg 25, CH-4051 Bâle, SuisseTéléphone 061 261 94 74Téléfax 061 261 94 73E-Mail: info@bmf.chInternet: http://www.bmf.chRédaction: John Künzli, J. Rudolf DietrichAuteurs: J. Künzli (jk), J.R. Dietrich (jrd), Thomas Kesselring (tk)Anderson Mutang UrudPhotos: BMF, Robin Wood, Olaf Wündrich, Erich + <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong>,T. KesselringDessin du frontispice: <strong>Bruno</strong> <strong>Manser</strong> (Figuier au Sarawak)Traductions: Robert Gogel (français); Nicole Widmer, Tradoc(anglais)Tirage: 6300 (4200 en allemand, 1500 en français,600 en anglais)Paraît trois fois par annéesComposition et impression: Gremper AG, BâleEt n’oubliez pas: Nous avons un urgent besoin de votre soutienfinancier. Merci de tout cœur!Pour les dons:Suisse: La Poste Suisse, Bâle CCP n° 40-5899-8Coop-Bank, 4002 Bâle, compte 421329.29.0000-5France: La Poste, Strasbourg, CCP n° 2.604.59TAllemagne: Deutsche Bank, Lörrach (BLZ 683 700 24)compte 1678556 ou IBAN = DE85 6837 0024 0167855600

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