Delacroix : portrait de l'artiste en jeune homme - Art Absolument

Théodore Géricault.Cheval attaqué par un lion.Huile sur toile, 54 x 65 cm. Paris, musée du Louvre, département des Peintures.dans le monde, mais ruiné, qui embrasse la carrièreartistique. Avec l’obligation, très vite, d’en tirer sasubsistance. Et avec une ambition et une faim degloire non dissimulées. Sa correspondance juvénile,son Journal commencé en 1822, en témoignent. “Priele ciel pour que je sois un grand homme”, écrit-il à sonami Piron en décembre 1815. Ils témoignent aussid’un culte de l’amitié qui s’exprime alors avec uneardeur passionnée, et qui ne se démentira pas, tout aulong de son existence. Les amis les plus proches sontd’abord les condisciples du Lycée impérial : FélixGuillemardet, dont le père, ami et collègue de CharlesDelacroix, fut portraituré par Goya alors qu’il étaitambassadeur à Madrid (c’est par les Guillemardetque Delacroix, très tôt, eut connaissance des gravuresde Goya) ; Achille Piron, qui deviendra employé desPostes et sera, après la mort du peintre, son exécuteurtestamentaire et son premier biographe ; Jean-BaptistePierret, quant à lui, devait faire toute sa carrière auministère de l’Intérieur.Les amis avaient l’habitude de se réunir le soir de laSaint-Sylvestre. C’était le rendez-vous sacré del’amitié. Dans l’album sur lequel ils jetaient derapides dessins en souvenir de ces fêtes, un lavis deDelacroix recrée merveilleusement l’ambiance : lefeu flambe dans la cheminée, donnant à la scène unaspect fantasmagorique, les verres sont pleins depunch, on joue de la guitare (le peintre avait appris àjouer de cet instrument), et sans doute parle-t-onpage 70 (artabsolument) • no 23 • hiver 2007/08