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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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Voile armée hitlérienne, elle entraînerait aussi <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>tout ce qui s'élève sur notre sol, que, n'oublions pas, lesAméricains sont en train <strong>de</strong> transformer en base atomique.; Dans un cas comme dans l'autre, le territoire français, inéluctablementutilisé comme champ <strong>de</strong> bataille, serait rasé.Il est évi<strong>de</strong>nt qu'une telle perspective ne peut être envisagéeïroi<strong>de</strong>ment que par <strong>de</strong>s étrangers (Interruptions), et par <strong>de</strong>sétrangers assez dépourvus d'humanité pour dire, comme les(Américains: La France est un pays vieux et fatigué; lini pourIHni, qu'il meure en servant nos projets!Les néo-hitlériens tiennent en Allemagne le même raisonnefcaent,avec cette idée supplémentaire que si l'Est se révèletrop dur pour satisfaire leurs désirs <strong>de</strong> revanche, l'Ouest serabeaucoup plus accessible. La dispersion et <strong>la</strong> désagrégation <strong>de</strong>l'armée française leur donnent en eiïet beaucoup pius <strong>de</strong> facilitésque n'en eut Hitler.Dans tous les cas, dans toutes les hypothèses, le réarmement<strong>de</strong> l'Allemagne se révèle comme un crime contre <strong>la</strong> France.{App<strong>la</strong>udissements à l'extrême gauche.)Comment est-il possible que <strong>de</strong>s députés français acceptentce<strong>la</strong> V Comment même est-il possible qu'ils en discutent ?i On leur a dit qu'il fal<strong>la</strong>it réarmer l'Allemagne parce quel'Union soviétique voudrait attaquer notre pays. Des millions<strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs ont été dépensés pour tenter <strong>de</strong> convaincre notrepopu<strong>la</strong>tion. Mais les peines <strong>de</strong> M. Jean-Paul David et les dol<strong>la</strong>rs<strong>de</strong> ses patrons n'ont pas obtenu le résultat escompté; lesbraves gens <strong>de</strong> chez nous se ren<strong>de</strong>nt compte chaque jour unpeu mieux que l'Union soviétique veut <strong>la</strong> paix et défend <strong>la</strong>paix (Interruptions à gauche), comme en témoignent <strong>la</strong> calmeattitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> son gouvernement, les immenses travaux pacifiquesu'elle a entrepris, l'amélioration constante du niveau <strong>de</strong> viee ses citoyens, ses multiples propositions et concessions enfaveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix à l'Assemblée <strong>de</strong>s Nations Unies, son désirBans cesse affirmé d'entretenir avec tous les pays, sans exception,<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions commerciales avantageuses pour tous,s Les Français constatent aussi que le péril bolchevique estl'épouvantail qu'on a brandi chaque fois qu'il s'agissait <strong>de</strong> lesmener aux pires aventures. On l'a sorti après 1918 pour <strong>de</strong>sopérations <strong>de</strong> politique intérieure ; on l'a utilisé après 1939pour préparer <strong>la</strong> défaite. C'est contre le péril bolcheviquequ'Hitler mobilisait <strong>la</strong> L. V. F. pour faire l'Europe nouvelle,iflisait-il.F M. Gaston Palewski. Auparavant, il avait fait son pacte avecStaline.i IX. Alfred Malleret-Joinville. C'est au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contrele péril bolchevique qu'il vidait <strong>de</strong> sa substance <strong>la</strong> France(occupée. De nos jours, c'est encore au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte antibolcheviqueque les Américains conquièrent le Maroc, s'insïallentà <strong>de</strong>meure dans toute l'Afrique et étranglent nos industries.C'est en agitant <strong>de</strong> nouveau le vieil épouvantail qu'on veutntraîner notre pays dans une aventure qui, cette l'ois, seraitknortelle pour lui.Mais on a beau faire, <strong>la</strong> foi n'y est plus, on s'est trop servii<strong>de</strong> ce faux prétexte.; A <strong>la</strong> vérité, le Gouvernement n'a engagé cette discussion,blors que l'opinion <strong>de</strong>s Français lui est connue, que parce qu'illest lié, que parce qu'il est entièrement dépendant du gouvernement<strong>de</strong>s Etats-Unis. Washington exige que nous acceptionsle réarmement allemand, dont les Américains ont besoin pour(déclencher leur guerre dite préventive, leur guerre d'agres-Bion.I Mais il n'est pas vrai, comme on le <strong>la</strong>isse entendre, que51. Truman puisse le faire contre notre volonté. Les soldatsa.lematids qui ont passé plusieurs hivers sur le front soviétique,les millions <strong>de</strong> veuves et d'orphelins en Allemagne,les ouvriers allemands ne veulent pas recommencer l'aventurehitlérienne. Si nous les encourageons dans leur volonté <strong>de</strong>jpaix, il n'y aura pas <strong>de</strong> réarmement allemand, il n'y aura(pas <strong>de</strong> troisième guerre mondiale.Quand le Gouvernement actuel nous propose <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> <strong>la</strong>guerre, ce n'est donc pas parce qu'il n'existe pas d'autresolution; c'est parce qu'il ne veut pas secouer le Joug américain,parce qu'il l'accepte, au contraire, par esprit <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse,toar haine <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse. Il aurait peur, l'occupation américaine(cessant, <strong>de</strong> se trouver en tête à tête avec un peuple qui(aspire à <strong>la</strong> pajx et au progrès social; il a repris à son compte<strong>la</strong> <strong>de</strong>vise <strong>de</strong> ceux qui proc<strong>la</strong>maient bien avant 1939 : « PlutôtHitler que le front popu<strong>la</strong>ire ». Il continue ainsi <strong>la</strong> traditionS<strong>de</strong> Thiers s'acoquinant avec Bismarck, <strong>de</strong> Pétain se soumettant& Hitler.La trahison nationale est maintenant <strong>de</strong>venue un caractèrepermanent <strong>de</strong> votre politique.M. Gaston Palewski. Vous vous y connaissez!M. Alfred tftaileret-Joinvil'e. Il n'est pas surprenant que, parmiceux qui s'en font les champions, se trouvent au premierrang les ministres <strong>de</strong> Pétain.Vous savez bien que l'ensemble <strong>de</strong> notre peuple, <strong>de</strong> notrearmée, est opposée au réarmement <strong>de</strong> l'Allemagne revanchar<strong>de</strong>.H. le prési<strong>de</strong>nt. Je vous rappelle que vous ne disposez que<strong>de</strong> cinq minutes, monsieur Malleret-Joinville.M. Alfred Malleret-Joinville. Vous avez permis à d'autres orateurs<strong>de</strong> parier plus <strong>de</strong> cinq minutes, monsieur le prési<strong>de</strong>nt.Votre seule préoccupation est <strong>de</strong> déterminer quels sophismes,quels mots vous allez employer pour travestir ce que vousfaites, comment vous allez accepter le réarmement alleman<strong>de</strong>n faisant croire qu'il se déci<strong>de</strong> malgré vous.Tel est le but unique du maquignonnage <strong>de</strong> ces jours <strong>de</strong>rniersentre MM. Guy Mollet, Schuman et Edgar Faure. 'Comment faire pour mieux tromper un peuple qui s'inquiète,qui s'unit et qui se lève contre votre politique ?Vous parlez <strong>de</strong> réserves, <strong>de</strong> conditions, <strong>de</strong> garanties. Vosréserves sont illusoires, vous savez fort bien que le renvoi<strong>de</strong> l'exécution <strong>de</strong> ce que vous acceptez, après <strong>la</strong> ratificationn'empêchera nullement les Américains <strong>de</strong> recruter sous <strong>de</strong>fausses enseignes tous les contingents allemands qu'ils voudront.Vous savez aussi que <strong>la</strong> non admission <strong>de</strong> l'Allemagne dansle pacte <strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique est une c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> style ridicule quandle chef <strong>de</strong> votre armée européenne est celui qui comman<strong>de</strong>l'armée at<strong>la</strong>ntique.En fait <strong>de</strong> conditions, c'est A<strong>de</strong>nauer qui pose les siennes.Ce sont les conditions d'A<strong>de</strong>nauer que vous discutez. U<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, non plus l'égalité <strong>de</strong>s droits en matière militaire —vous <strong>la</strong> lui avez accordé — mais <strong>la</strong> libération <strong>de</strong>s criminels<strong>de</strong> guerre, et vous êtes, sur ce point, prêts à accepter iuncompromis. Ii est vrai que les petits enfants brûlés vifs dansl'église d'Oradour-sur-G<strong>la</strong>ne ne sont plus là pour s'y opposer.Pour ce qui concerne les garanties, tout ce que vous pouvezespérer — je ne dis pas obtenir — ce sont d'aimablesparoles, comme celles que les gouvernements ang<strong>la</strong>is et américainont prodiguées au gouvernement français après 1918,comme celles que les mêmes gouvernements vous ont prodiguéesquant aux réparations alleman<strong>de</strong>s.Pourtant, ces précé<strong>de</strong>nts auraient dû vous apprendre que <strong>la</strong>véritable, <strong>la</strong> seule garantie dans les circonstances actuelles,c'est le refus <strong>de</strong> réarmer l'Allemagne revanchar<strong>de</strong>.Réserves, conditions et garanties, ces paravents <strong>de</strong> papiereux-mêmes crèvent à chaque instant. Vous êtes obligés <strong>de</strong>mentir crûment.François Billoux a <strong>de</strong>mandé à M. Schuman si, oui ou non,A<strong>de</strong>nauer était invité à <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Londres. M. Schumana nié, mais, cinq minutes plus tard, <strong>la</strong> lecture d'unedépêche d'agence l'obligeait implicitement à avouer qu'il avaitmenti. (Interruptions sur divers bancs.)Quand on en arrive là,, quand les sophismes ne trompentplus et que les mensonges sont aussitôt éventés, il ne resteplus qu'un moyen, <strong>la</strong> force. Contre les Français qui repoussentvotre politique, vous voulez employer <strong>la</strong> force. Vous créez lesconditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> venue au pouvoir du fascisme.Vous savez que <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière, aujourd'hui comme hier,est au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance nationale. Aussi est-ce contre elleque vous voulez porter votre premier coup. Vous avez préparéce<strong>la</strong> le 10 février, en interdisant une manifestation commémorant<strong>la</strong> victoire ouvrière <strong>de</strong> février 1934 sur le fascisme.(Interruptions à droite. — App<strong>la</strong>udissements • à l'extrêmegauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. Monsieur Malleret-Joinville, votre temps <strong>de</strong>parole est épuisé. Je vous prie <strong>de</strong> conclure.M. Alfred Malleret-Joinville. Je vais conclure, monsieur le préisi<strong>de</strong>nt.Vous espériez une épreuve <strong>de</strong> force qui ouvrirait <strong>la</strong> voie Svotre criminelle politique. Vous pensiez imiter le gouvernement<strong>de</strong> Pétain, qui a été le seul, en <strong>de</strong>hors du vôtre, à s'opposer àcette manifestation, traditionnelle <strong>de</strong>puis 1935.Mais les ouvriers français, les ouvriers parisiens ont une certaineexpérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte. Déjà, ils avaient rappelé à votreBaylot qu'il n'est pas si facile <strong>de</strong> les mater, "même en procédantaux mobilisations policières les plus importantes que leg.

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