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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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d'instabilité politique et <strong>de</strong> confusion <strong>de</strong>s fonctions égalé frem.U faut, à notre avis, substituer à ces échelles désordonnées <strong>de</strong>ssa<strong>la</strong>ires, une échelle ordonnée qui mette l'Etat en face <strong>de</strong> sesresponsabilités ».Dans oette brochure encore je trouve, à l'encontre <strong>de</strong> certainesaffirmations données ce soir même, comme déjà au mois<strong>de</strong> septembre <strong>de</strong>rnier, sur le fonctionnement <strong>de</strong> l'échelle mobile-à l'élranger, <strong>de</strong>s indications utiles que, du reste, on retrouveégalement à <strong>la</strong> page ouvrière do Rassemblement, et où il estquestion <strong>de</strong> l'application <strong>de</strong> l'échelle mobile après-guerre enBelgique, en Gran<strong>de</strong>-Bretagne, aux Etats-Unis, en Italie.A propos <strong>de</strong> l'Italie, on peut lire :« L'Italie avait déjà fait l'expérience <strong>de</strong> l'échelle mobile à<strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> première guerre mondiale. Elle l'a reprise en1915.« En décembre 1950, les conventions collectives ont été refaiteset ont prévu l'application <strong>de</strong> l'échelle mobile en cas d'augmentation<strong>de</strong> 10 p. 100 du coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Cette éventualité nes'étant pas réalisée, aucune augmentation <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ire n'est intervenue<strong>de</strong>puis lors ».A propos <strong>de</strong>s Etats-Unis, je trouve dans les <strong>de</strong>ux articles lesindications suivantes:« La c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> l'échelle mobile a été mise en pratique auxEtats-Unis au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong> première guerre mondiale età <strong>la</strong> veille" <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, c'est-à-dire lorsqu'on assista à unehausse rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s prix..« Le nombre <strong>de</strong>s travailleurs liés par une convention collectivecontenant une c<strong>la</strong>use d'échelle mobile est passé <strong>de</strong> 500.000en juin 1950 à 800.000 en septembre 1950 et à 2.700.000 en mars1951.« Le Gouvernement a accepté l'application <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>usesd'échelle mobile, tant en fonction du coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie que <strong>de</strong> <strong>la</strong>productivité, dans <strong>la</strong> limite d'un relèvement <strong>de</strong> 10 p. 100 <strong>de</strong>ssa<strong>la</strong>ires par rapport à janvier 1950 ».Il est vrai qu'on nous a parlé ce soir également <strong>de</strong> l'Allemagneet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pologne mais, encore une fols, en Allemagne, aumoment <strong>de</strong> l'occupation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ruhr, ce fut d'abord l'inf<strong>la</strong>tionet ensuite seulement s'éleva <strong>la</strong> revendication ouvrière tendantà obtenir l'échelle mobile. Il en fut <strong>de</strong> même en Pologne.Nous sommes dans une situation analogue. Elle n'est peutêtrepas aussi cruciale que celle <strong>de</strong> l'anéantissemet complet <strong>de</strong><strong>la</strong> monnaie polonaise ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> monnaie alleman<strong>de</strong>, intervenuil y a trente ans. Cependant, il y a trois ou quatre ans, personne,dans le mon<strong>de</strong> ouvrier, même pas sur les bancs communistes,n'a <strong>de</strong>mandé l'établissement <strong>de</strong> l'échelle mobile. C'estseulement lorsque l'inf<strong>la</strong>tion avec toutes ses conséquencescruelles s'est produite, que les ouvriers l'ont <strong>de</strong>mandée endisant: « Donnez-nous un frein. Si nous avons l'échelle mobile,peut-être fera-t-on une politique plus raisonnable. Peut-êtreagira-t-an autrement pour éviter <strong>la</strong> course à <strong>la</strong> hausse ».Voilà <strong>la</strong> vérité sur <strong>la</strong> genèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> revendication ouvrièreen ce qui concerne l'échelle mobile.Pour dire toute <strong>la</strong> vérité, on a parlé d'inf<strong>la</strong>tion ce soir. Maisqui est responsable <strong>de</strong> l'inf<strong>la</strong>tion ? La mauvaise politique !V Faites une bonne politique, vous aurez <strong>de</strong> bonnes finances »,disait déjà le baron Louis, il y a 130 ans. Ce mot est encoreune vérité <strong>de</strong> La Palice aujourd'hui.En France, nous sommes frappés par le fléau <strong>de</strong> l'inf<strong>la</strong>tion'<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> quarante ans. Mais il y a eu une pério<strong>de</strong> oùnous ne l'avions pas, c'est celle où <strong>la</strong> politique Paincaré d'équilibrestrict du budget et <strong>de</strong> <strong>la</strong> stabilité monétaire a prédominé,<strong>de</strong> 1926 à 1936, et où le franc français, lui aussi, a tenubon avec vingt centimes or, sans aucun fléchissement, sansaucune hausse <strong>de</strong>s prix.Il faut y revenir. Il ne faut pas renverser les gouvernementsà chaque instant par les elforts conjoints <strong>de</strong>s extrêmes <strong>de</strong> droiteet <strong>de</strong> gauche.Il ne faut pas saboter, il ne faut pas faire péricliter les projetsfinanciers qui ten<strong>de</strong>nt à consoli<strong>de</strong>r les finances <strong>de</strong> l'Etatet à établir l'équilibre du budget. Voilà <strong>la</strong> seule base possiblepour donner au pays une stabilité et pour éviter l'inf<strong>la</strong>tion.Ce n'est pas l'échelle mobile, ni ceux qui prêchent en safaveur, ni ceux qui y sont opposés, qui nous amèneront l'inf<strong>la</strong>tion.Celle-ci est engendrée par <strong>la</strong> mauvaise politique, parles chutes <strong>de</strong> gouvernements.Regar<strong>de</strong>z les indices <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années et vous verrezque les pério<strong>de</strong>s où se sont produites <strong>de</strong>s casca<strong>de</strong>s <strong>de</strong> chutesgouvernementales, grâce aux oppositions que vous connaissez,ont coïncidé avec <strong>de</strong>s hausses du coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s'd'inf<strong>la</strong>tion.M. Pierre <strong>de</strong> Gaulle, youlez-vous me permettre <strong>de</strong> vous interrompre?M. Henri Meck. Volontiers.K. Pierre <strong>de</strong> Gaulle. Au cours <strong>de</strong> ces cinq <strong>de</strong>rnières années,nous avons assisté à beaucoup <strong>de</strong> chutes <strong>de</strong> gouvernements.Combien d'entre elles ont été provoquées par une coalition <strong>de</strong>soppositions ?Les gouvernements sont toujours tombés par le fait <strong>de</strong>s querellesintérieures <strong>de</strong>s partis qui composaient leurs majorités, iJe ne vois pas pourquoi vous accablez l'opposition d'une responsabilitéqui n'est pas <strong>la</strong> sienne. C'est <strong>la</strong> vôtre simplement.Ne détournez pas les responsabilités, s'il vous p<strong>la</strong>ît! (App<strong>la</strong>udissementsà l'extrême droite.) •M. Henri Meck. Il y a eu, c'est vrai, <strong>de</strong>s dissensions intérieuresau sein <strong>de</strong>s majorités gouvernementales. Je n'en disconvienspas, mais j'ai cité cet après-midi encore le cas du gouvernement<strong>de</strong> M. Robert Schuman qui, en juillet 1948, a été renversé parceque les gaullistes avaient voté avec les communistes et lessocialistes un amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> M. Cap<strong>de</strong>ville tendant à diminuer,<strong>de</strong> trois milliards les crédits militaires.J'ai dit cet après-midi que jamais, <strong>de</strong>puis 80 ans, <strong>de</strong>s nationalistesn'avaient voté <strong>de</strong> diminution <strong>de</strong>s crédits militaires. I<strong>la</strong>ppartint aux gaullistes, en 1948, <strong>de</strong> renverser le gouvernementgehuman sur celte queslion. ;Vous avez renversé d'autres gouvernements. En tout cas, vousn'avez jamais rien fait pour calmer les dissentiments entre lespartis <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité gouvernementale.A l'extrême droite. Ce n'est pas notre rôle !M. Henri Meck. Au contraire, par votre surenchère en matièrefiscale, en matière <strong>de</strong> politique économique, vous avez faitl'impossible afin d'accroître les difficultés qui se dressaientcontre les gouvernements.M. Pierre July. Où en serions-nous si nous n'avions pas élélà pour vous freiner ? ,M. Henri Meck. Pour en revenir à mon sujet, je vous airappelé que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission du travail présente,le texte que vous connaissez.La revendication <strong>de</strong> l'échelle mobile appliquée au sa<strong>la</strong>ire'minimum national interprofessionnel garanti est, dans notreesprit, une nécessité qui s'inscrit simplement dans <strong>la</strong> constatation<strong>de</strong>s faits et qui a pour base un minimum d'équité àréaliser. ,En fait, si l'on considère que tandis que les sa<strong>la</strong>ires, entre<strong>de</strong> rares et insuffisantes augmentations, <strong>de</strong>meurent fixes, onconstate d'autre part que les (prix ne cessent <strong>de</strong> monter audétriment <strong>de</strong>s consommateurs dont l'immense masse est constituéepar les sa<strong>la</strong>riés.'Chaque fois qu'une hausse <strong>de</strong> prix plus ou moins justifiéese fait sentir, il en résulte une diminution réelle du pouvoird'achat <strong>de</strong> ceux qui jouissent d'un revenu fixe, travailleursou vieux travailleurs qui, eux, n'ont aucune possibilité <strong>de</strong> socouvrir <strong>de</strong> IV éfation <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées essentielles et quivoient chaque fois leur situation s'amenuiser et se rapprocher;d'un état <strong>de</strong> misère absolument injustifié.En réc<strong>la</strong>mant l'échelle mobile, les travailleurs ne préten<strong>de</strong>ntpas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le bénéfice d'un régime d'exception, car en fait— et il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour s'en rendre compte —l'échelle mobile est pratiquée pour tout le mon<strong>de</strong>, exceptionfaite pour ceux qui subissent impitoyablement toutes leshausses: les sa<strong>la</strong>riés et les vieux travailleurs.Les commerçants, les industriels, les intermédiaires n'atten<strong>de</strong>ntmême pas toujours l'effet complet <strong>de</strong>s hausses sur certaines<strong>de</strong>nrées ou sur certaines matières premières pour secouvrir par une augmentation <strong>de</strong> prix. Quelquefois même, unetrès faible majoration est appliquée <strong>de</strong>ux fois, d'abord lorsqu'onen iparle, puis quand elle est effective, et ce<strong>la</strong> jouemême sur <strong>de</strong>s stocks acquis pourtant à <strong>de</strong>s prix plus bas.Mais quand le travailleur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> — ce qui est <strong>de</strong> strictejustice — que son sa<strong>la</strong>ire lui donne un pouvoir d'achatsuffisant et qu'au moyen <strong>de</strong> l'échelle mobile il soit ajusté àl'étiage <strong>de</strong>s prix, on le traite <strong>de</strong> fauteur d'inf<strong>la</strong>tion et onl'accable <strong>de</strong> tous les reproches concernant <strong>la</strong> situation économique,dont il est le premier, pourtant, à subir les conséquenceset les inégalités.D'ailleurs, aucun <strong>de</strong> ceux qui ont étudié sérieusement le problème<strong>de</strong> l'inf<strong>la</strong>tion ne voit dans l'échelle mobile un fa<strong>de</strong>urd'mf<strong>la</strong>tion.Dans une étu<strong>de</strong> d'ensemble faite par l'Institut national <strong>de</strong><strong>la</strong> statistique et <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s économiques sur l'inf<strong>la</strong>tion enFrance, cet organisme a analysé un grand nombre <strong>de</strong> facteursinf<strong>la</strong>tionnistes mais, à aucun moment, n'a mentionné l'échellemobile <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires. En revanche, quoi qu'en disent certains,le pouvoir d'achat <strong>de</strong>s masses <strong>la</strong>borieuses va en se dégradant,atteignant parfois 30 à 40 p. 100 <strong>de</strong> ce qu'il était avantguerre.

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