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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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nier, dans le journal Liberté, que notre collègue M. Musmeauxconnaît bien, on pouvait lire ce qui 6uit:« L'échelle mobile <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires: le projet du socialiste <strong>de</strong>droite Cou<strong>la</strong>nt, tentative pour briser l'unité <strong>de</strong>s travailleurs,secours au patronat pour augmenter l'exploitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sseouvrière... ».Kl. Arthur Musmeaux. El alors ?M. René Camphin. Nous ne retirons pas un mot <strong>de</strong> ce qui a étéécrit dans le journal Liberté.M. Arthur Musmeaux. Vous avez abandonné votre projet,monsieur le rapporteur, vous avez renié votre propre enfant.M. Marius Patinaud. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> parole.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Patinaud.M. Marius Patinaud. Puisqu'une question m'a été posée, je"veux y répondre, bien que je l'aie déjà fait au moins troisou quatre lois au cours <strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nts débats.M. Francis Leenhardt. Ce<strong>la</strong> ne suffira pas.M. Marius Patinaud. Notre position sur l'échelle mobile estsimple.Nous voulons, en premier lieu, l'échelle mobile intégrale <strong>de</strong>ssa<strong>la</strong>ires, c'est-à-dire que toute augmentation <strong>de</strong>s prix se répercuteintégralement et immédiatement sur tous les sa<strong>la</strong>ires.Nous avons été seuls dans cette enceinte à soutenir une tellethèse, et notre projet n'a recueilli que 101 voix. Nous considéronsque le projet que vous aviez présenté ne donnait passatisfaction à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière puisqu'il ne prévoyait quel'échelle mobile du sa<strong>la</strong>ire minimum interprofessionnel garanti.Mais ce projet, tel qu'il est, représentait malgré tout, parrapport au néant, un progrès et c'est pourquoi nous l'avonsVoté.Je rappelle que celte échelle mobile intégrale, les socialistesl'avaient votée à <strong>la</strong> commission du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale avant les élections du 17 juin. Contrairement à ceque prétend M. Leenhardt — que notre collègue se reporte aurapport n° 12800 que j'ai déposé au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission dutravail — il s'agissait <strong>de</strong> l'échelle mobile intégrale <strong>de</strong>ssa<strong>la</strong>ires.M. Francis Leenhardt. Votre projet était si insuffisant queyous l'avez retiré pour copier le nôtre, ce que chacun sait.M. Marius Patinaud. Toute variation <strong>de</strong> 5 p. 100 du coût <strong>de</strong><strong>la</strong> vie <strong>de</strong>vait être immédiatement répercutée.Ainsi, après avoir refusé <strong>de</strong> voter l'échelle mobile intégrale,après avoir voté l'échelle mobile du sa<strong>la</strong>ire minimum, vousabandonnez cette <strong>de</strong>rnière proposition pour un projet donttoutes les organisations syndicales ouvrières — il ne s'agit passeulement <strong>de</strong> <strong>la</strong> position du parti communiste — disent qu'ilest une caricature <strong>de</strong> l'échelle mobile.M. Germain Rincent. Vous vous contentez, vous, <strong>de</strong> reprendreles projets <strong>de</strong>s autres.M. Marius Patinaud. L'objectif que vous poursuivez, c'est <strong>de</strong><strong>la</strong>isser croire à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière qu'avec un tel projet sesdroits seront défendus.Or, nous avons montré qu'avec un tel projet, en aucun cas,<strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière ne pourra obtenir une augmentation <strong>de</strong> sonsa<strong>la</strong>ire minimum. C'est donc un trompe-l'œil et M. Leenhardtl'a c<strong>la</strong>irement indiqué en disant que ce qui le préoccupait enfaisant voter ce texte, c'était d'empêcher l'expression aumécontentement <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière.M. Francis Leenhardt. Quand ai-je dit ce<strong>la</strong> ? Ce que vousaffirmez est un mensonge grossier. Voyez le Journal officiel.M. Marius Patinaud. Vous avez dit ce<strong>la</strong> au cours <strong>de</strong> votre<strong>de</strong>rnière intervention.M. Francis Leenhardt. Je n'ai jamais dit ce<strong>la</strong>, vous le savezbien. Mais je vous prédis que les organisations ouvrières vousobligeront à voter ce texte plutôt que d'échouer dans <strong>la</strong> lutteque'nous menons en vue d'obtenir <strong>de</strong>s dispositions efficacesquant à l'échelle mobile. Ces organisations condamneront fina»lement le texte du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République. S'il était voté pail'Assemblée en <strong>de</strong>uxième lecture, elles ne vous le pardonne :raient pas.M. Marcel Camphin. Force ouvrière vous a déjà condamnés.M. Marius Patinaud. Les organisations syndicales ouvrièresnous approuvent.M. Francis Leenhardt. Atten<strong>de</strong>z <strong>la</strong> fin.M. Marius Patinaud. Quant a.u texte du Conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> République,s'il est ce qu'il est, c'est grâce à une loi Jules Moch-Giacobbi qui a fait élire un Sénat réactionnaire. (App<strong>la</strong>udissementsà l'extrême gauche.)De même, s'il existe actuellement au sein <strong>de</strong> l'Assemblée unemajorité hostile à l'échelle mobile, vous êtes quelques-uns àen porter <strong>la</strong> responsabilité, en raison du truquage-électoral et<strong>de</strong>s apparentements avec les adversaires <strong>de</strong> l'échelle mobile,(App<strong>la</strong>udissements sur les mêmes bancs.)Ce ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière ne nous fait doncpas peur. Toutes les organisations syndicales nous donnentraison, appuient notre position et condamnent <strong>la</strong> votre. (App<strong>la</strong>urdissements à l'extrême gauche.)M. Francis Leenhardt. Attendons <strong>la</strong> fin.M. le prési<strong>de</strong>nt. La paroZe est à M. Titeux. (App<strong>la</strong>udissementsà gauche.)M, Camille Titeux. Mesdames, messieurs, lorsque notre groupea déposé une proposition <strong>de</strong> loi ayant trait à l'échelle mobile,nous pensions bien qu'elle rencontrerait <strong>de</strong>s adversaires danscette enceinte, mais je dois avouer, au risque <strong>de</strong> paraître quelquepeu naïf, tout l'étonnement que je ressens en constatant l'acharnementavec lequel les adversaires <strong>de</strong> cette proposition viennentdéfendre leurs vues avec <strong>de</strong>s arguments qui me semblent relever,dans ma simplicité d'ouvrier, exclusivement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mauvaisefoi.Il n'est peut-être pas inutile <strong>de</strong> rappeler que le projet er. discussionn'est que <strong>la</strong> conséquence logique et inéluctable <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique économique imposée par <strong>la</strong> majorité libérale <strong>de</strong> l'Assemblée.(Protestations à l'extrême droite et à droite. — App<strong>la</strong>urdissemerit à gauche.)M. Pierre Guérard. Et <strong>la</strong> vôtre ?M. Camille Titeux. Depuis plusieurs années, nous n'avonscessé d'appeler votre attention sur les dangers <strong>de</strong> l'inf<strong>la</strong>tionconsciemment organisée...M. Joseph Pinvidïc. Par vous !M. Camille Titeux. ...par le jeu <strong>de</strong>s ententes professionnellespréoccupées uniquement <strong>de</strong> leurs profits.D'aucuns ont rappelé avec p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations et <strong>de</strong>sécrits <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> nos amis lorsqu'ils dénonçaient les dangersd'une telle politique.Il est exact — nous avions malheureusement raison — quenous avons dénoncé avec force les dangers <strong>de</strong> <strong>la</strong> course entreles prix et les sa<strong>la</strong>ires.M Pierre Guérard. U ne suffit pas <strong>de</strong> dénoncer. Vous avezagi en sens contraire lorsque vous étiez au Gouvernement.M. Camille Titeux. Personne ne peut dire que nous n'ayonsjamais dénoncé cette situation.M. Jean Pupat, Vous avez gouverné pendant cinq ans.M. Gamille Titeux. Nous n'avons pas gouverné. Nous avonsparticipé à <strong>de</strong>s gouvernements à majorité libérale (Exc<strong>la</strong>ma-, tions à droite el à l'extrême droite) au sein <strong>de</strong>squels, vous lesavez, vous avez toujours empêché l'adoption <strong>de</strong> solutions socialistes.(Très bien! très bien! à gauche.)M. Pierre Garet. N'exagérez pas !M. Camille Titeux, Lorsque nous affirmons que l'échelle mobilene mettra peut-être pas lin à l'inf<strong>la</strong>tion, nous espérons cependantque cette mesure obligera à prendre certaines précautionset à s orienter vers <strong>la</strong> stabilisation <strong>de</strong>s prix que nous préconisons.(App<strong>la</strong>udissements à gauche.)M. Pierre Garet. C'est ce<strong>la</strong> qu'il faut rechercher.M". Camille Titeux. Des mesures <strong>de</strong>vraient être prises. Vousles connaissez et vous savez, contrairement aux affirmations quiont été produites à cette tribune, qu'elles pourraient être efficaces.Notre opinion n'a pas varié à ce sujet, malgré les insinuations<strong>de</strong> certains qui tentent <strong>de</strong> justifier leur hostilité au projet.Nous avons si peu varié que nous sommes tout prêts à renoncerau projet d'échelle mobile...M. Pierre Garet. Bravo!M. Camille Titeux. ...si ses adversaires veulent s'engager publiquementà voter les mesures proposées par notre groupe et quiassureraient <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong>s prix. (App<strong>la</strong>udissements à gauche etsur quelques bancs au centre.)Mais je ne me fais aucune illusion à ce sujet, car <strong>de</strong> tellesmesures qui limiteraient les profits rencontreraient les mêmesadversaires que ceux qui combattent le projet actuel.C'est donc <strong>de</strong>vant une situation voulue par <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>l'Assemblée, d'ailleurs souvent aidée par le parti communistepour saboter l'embryon <strong>de</strong> contrôle économique issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libération,que nous nous trouvons aujourd'hui p<strong>la</strong>cés.Cette situation nous oblige à prendre une assurance. Si,comme toutes les assurances, celle-ci n'a pas le pouvoir d'éviterle sinistre, elle, a tout <strong>de</strong> même le mérite <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r le.

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